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01 novembre 2010

RDC : L'offensive de Clément Kanku

Dans un véritable réquisitoire contre le pouvoir congolais, le leader de l'Union pour la Nation (UN) dresse un triste bilan du quinquennat de Joseph Kabila. Pour Kanku, "le Congo se porte plus mal qu’il y a 5 ans et beaucoup plus mal qu’il y a 15 ans".

Logo Elections 2011.jpgLa presse congolaise le qualifie de "très peiné et fâché", Clément Kanku a présenté récemment une analyse très critique de l'état de la RD Congo. Dans son bilan, le responsable de l'UN parle d'un "climat des affaires délétère alors que la situation politique est incertaine et les droits de l’homme bafoués. Le Congo navigue à vue tel un bateau sans gouvernail" selon Clément Kanku. L'Union pour la Nation lance par la même un appel, pour "que la communauté internationale soit exigeante vis-à-vis de ce gouvernement afin d’assurer une transparence dans la gestion des finances publiques. Autrement, les contribuables des pays donateurs ne comprendront pas que leur argent serve à entretenir des pouvoirs corrompus, comme ce fut le cas sous la triste et célèbre 2ème République".

Clément Kanku en appelle enfin à la "bonne gouvernance, au respect des droits de l’homme et des libertés tant individuelles que collectives et au bien-être des populations".

Il y a plusieurs mois, Jean-Pierre Bemba avait choisi de faire renaître l'Union pour la Nation (UN), sa machine de guerre électorale de 2006 et placait à sa tête un nouvel homme : Clément Kanku. Objectif : réactiver les troupes bembistes en vue des prochaines élections de 2011 en RD Congo. La campagne électorale est donc bel et bien commencée dans le camp Bemba. Reste une question : quel candidat soutiendra l'UN de Kanku si Bemba n'est pas en mesure de se présenter ? Mwamba ? Kamerhe ? Tshisekedi ? ou Kanku lui-même ? Une indication peut-être, révélée par le journaliste de La Prospérité :  Albert Moleka, le Porte-parole et Représentant d'Etienne Tshisekedi, assistait à la conférence de presse de Clément Kanku.

Christophe Rigaud

30 octobre 2010

RDC : Le Bundu Dia Kongo contre des "élections mascarades"

Revoici le Bundu Dia Kongo (BDK) ! A l'approche des prochaines élections de 2011, le mouvement politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi, rebaptisé Bundu Dia Mayala (BDM), est de plus en plus offensif sur le terrain. Afrikarabia a pu se procurer les tracts distribués par le BDK en République démocratique du Congo. Dans ces textes, le mouvement séparatiste du Bas-Congo y dénonce les fraudes à la carte d'identité, les mécanismes d'une tricherie généralisée, ainsi que l'interdiction du BDK en 2008 par le gouvernement congolais après les violences de 2007. Voici les dernières prises de position de Ne Mwanda Nsemi sur le prochain scrutin de 2011.

Capture d’écran 2010-10-30 à 15.19.26.pngInterdit depuis 2008, le BDK est accusé par le gouvernement de Kinshasa d'avoir mis à feu et à sang la province du Bas-Congo dans des affrontements très violents avec la police. Le BDK affirme avoir été victime d'une répression féroce des autorités congolaises : au moins cent personnes sont mortes durant ces violences. Il faut dire que le BDK fait peur à Kinshasa. Le parti politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi prône en effet la restauration de l'ex-royaume Kongo qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.

Après les insurrections de 2007 et 2008 au Bas-Congo, le BDK a été radié de la liste des partis politiques agréés par la République démocratique du Congo (RDC). Depuis, une nouvelle structure a vu le jour : le Bundu Dia Mayala (BDM). Ce parti représente l'aile politique du BDK de Ne Muanda Nsemi, toujours membre du Parlement national congolais.  Au Bas-Congo, les réunions du BDM sont interdites par le gouverneur de la province et le non-agrément du BDK par Kinshasa, place de fait les adeptes du mouvement dans une semi-clandestinité.  Depuis cet été, de nombreux tracts du mouvement circulent au Bas-Congo et à Kinshasa. Un membre du BDK en France, Ernest Diangenda Mayonga a fait parvenir à Afrikarabia les dernières publications de Ne Muanda Nsemi. 

Les "mécanismes de la tricherie"

Dans les derniers numéros de "Kongo dieto", le journal du BDM, Ne Muanda Nsemi note qu'il est important, "avant les prochaines élections en RDC d'organiser un recensement méticuleux de la population. Il est impossible d'organiser des élections crédibles et valables sans l'identification des nationaux et des étrangers. Avant les élections de 2006, Bundu Dia Kongo et l'UDPS avaient exigé ce recensement de la population, mais Monsieur Louis Michel de l'Union européenne avait catégoriquement refusé car il tenait coûte que coûte d'installer l'actuel régime au pouvoir au Congo." Ne Muanda Nsemi dénonce ensuite les "mécanismes de tricherie" mis en place par le pouvoir en place :

- l'utilisation de l'argent du Trésor public de l'Etat congolais dans l'implantation de leurs partis et dans leurs propagandes électorales,

- l'utilisation à leur service exclusif de la chaîne de télévision nationale, la RTNC, au service de la propagande des tenants du pouvoir et à l'exclusion des vrais opposants congolais,

- la violation de la Constitution et des lois du pays au sujet de la libre concurrence dans le multipartisme, du recensement de la population et de l'identification des étrangers avant les élections,

- l'appel à des milliers de non-Congolais qu'on enrôle frauduleusement pour qu'il viennent participer aux élections afin de faire basculer les résultats en faveur des fraudeurs,

- la mise sur pied de certains mécanismes discriminatoires et d'exclusion de certains groupements. Alors que le régime en place interdit au parti politique BDM de Ne Muanda Nsemi et à d'autres partis politiques de l'opposition à se réunir dans leurs sections respectives, soit disant  que le temps de la campagne électorale n'a pas commencé : le PPRD et tous ses partis alimentaires ont déjà commencé leurs campagnes électorales pour les élections de 2011,

- l'armée, la police et l'ANR (services de renseignements congolais, ndlr) qui sont sensées être au service de tous les partis politiques travaillent uniquement au service du parti des tenants du pouvoir et cela, contre les partis de vrais opposants,


Et Ne Muanda Nsemi de conclure : "sans un concours sincère de la communauté internationale, les élections prévues pour 2011 ne seront pas de vraies élections, mais simplement une mascarade qui risque d'attiser le mécontentement qui replongerait ce pays dans une instabilité chronique."

Enfin, comme un dernier clin d'oeil, Ne Muanda Nsemi évoque les "grandes personnalités, populaires et aimées" des Congolais. Dans cette liste dressée par le "grand maître" du BDK, Ne Muanda Nsemi s'y donne une place de choix aux côtés d'Etienne Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe… tous trois probables futurs candidats aux élections de 2011 en RD Congo. Reste une question en suspend : Ne Muanda Nsemi complètera-t-il la liste des prochains candidats à la présidentielle ? ou apportera-t-il son soutien à l'une de ces trois personnalités ? Pas de réponse pour l'instant.

Christophe Rigaud

Photo : militant du BDK à Paris en 2010 (c) www.afrikarabia.com

04 juillet 2010

RDC : Auguste Mampuya prépare le RADER aux élections de 2011

Auguste Mampuya peaufine actuellement le projet politique porté par son tout jeune parti : le RADER. Le Rassemblement des Démocrates pour la Rupture et le Renouveau (RADER) a déjà présenté 75 propositions pour changer la République démocratique du Congo (RDC). Auguste Mampuya regrette le manque de projet des partis politiques congolais et stagmatise le mode de gouvernance de l'actuel pouvoir en place à Kinshasa. Auguste Mampuya annonce également que des membres du RADER seront candidats aux prochaines élections générales de 2011. De passage à Paris, le président du RADER a accepté de répondre aux questions d'afrikarabia.com.

Capture d’écran 2010-07-04 à 23.31.11.pngAfrikarabia : Pour quelles raisons avoir créé le RADER ? N’est-ce pas un parti politique de plus en RDC ?

Auguste Mampuya : Le RADER n’est pas un parti politique de plus, un parti politique de trop ou un parti comme les autres. C’est vrai qu’il y a beaucoup de partis politiques inscrits sur les listes officielles, mais en fait, ils participent d’une même vision, d’un même système… aucun d’autres eux ne remet en cause ce système. Ces partis n’ont pas de véritable programme ou de véritable projet politique pour le pays. Les congolais ne sont pas tous incompétents ou malhonnêtes… alors d’où vient le mal ? Le problème vient du système. Pour nous il y a un problème de gouvernance dans ce pays… même pas un problème de bonne gouvernance, mais de simple gouvernance. Dans ce pays, on entre en politique pour s’enrichir, il faut que cela change.

Afrikarabia : Quelle est votre analyse de la situation en RDC ?

Auguste Mampuya : Il y a d’abord une recrudescence de l’insécurité depuis l’agression de notre pays par le Rwanda et l’Ouganda qui ont introduit une guerre étrangère qui déstabilise l’Est de la RDC. Il y a ensuite un marasme économique et une pauvreté récurrente que l’on n’arrive pas à maîtriser tout simplement parce qu’il n’y a pas de vision politique claire avec un projet de gouvernance économique et sociale véritable. Il n’y a pas de gouvernance dans notre pays capable de faire le bon diagnostic et de rechercher les solutions. Après les élections de 2006, les candidats et les partis politiques qui se sont retrouvés au sein de la majorité (AMP) n’ont même pas discuté du projet ou du programme… ils ont simplement parlé du partage des postes. Mais des postes pour quoi faire ?

Afrikarabia : Quel bilan dressez-vous du mandat de Joseph Kabila ?

Auguste Mampuya : Joseph Kabila a été élu sur le retour de la paix en RDC. Quand on pose la question aux populations du Kivu, elles ne disent pas qu’elles ne sont pas en paix. Il y a encore de nombreux groupes armés dans la région, des groupes locaux, mais aussi des groupes venant de l’étranger. On ne peut donc pas parler de paix. Sur ce plan là, on ne peut pas dire qu’il y a réussite. Sur le plan économique, quand certains rapports internationaux disent qu’il y a des progrès en RDC, cela ne traduit pas la réalité vécue par les Congolais. Depuis 4 ans, le niveau de vie des Congolais a été divisé par deux. L’espérance de vie stagne entre 42 et 46 ans, il y a aussi l’état des routes… rien n’est positif, sauf pour ceux qui profitent du système. On ne peut donc pas créditer le mandat de Joseph Kabila d’un bilan positif.

Afrikarabia : Quelle serait votre priorité pour le pays ?

Auguste Mampuya : On ne peut pas privilégier une priorité. Il y a des priorités politiques, économiques, sociales ou financières… on ne peut pas abandonner un secteur pour un autre. Pourtant, il faut arrêter la dérive dictatoriale du pouvoir et consolider la démocratie… c’est la priorité sur le plan politique. Pour le reste, nous avons publié 75 propositions dans les différents secteurs de la vie congolaise et nos équipes étudient maintenant les mesures politiques concrètes à mettre en place, avec des chiffres précis. Sur le plan social, je pense qu’il faudrait rétablir un pouvoir d’achat convenable qui permette aux Congolais de manger au moinsdeux fois par jour. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Certains quartiers n’ont pas l’eau ou l’électricité… il y a beaucoup à faire.

Afrikarabia : Est-ce qu’il y aura un candidat du RADER aux prochaines élections générales de 2011 ?

Auguste Mampuya : Le RADER ira aux élections… c’est clair, même si notre mouvement est encore jeune (le RADER a été créé en février 2010). Mais autour de notre programme, pourraient venir se greffer d’autres partis qui souhaitent le progrès et le changement. Nous avons la prétention d’aller aux élections avec nos propositions et en même temps, nous soumettons aussi ce projet aux autres organisations politiques et sociales qui veulent le changement. Nous souhaitons donc constituer une plateforme politique et électorale de manière à asseoir cette gouvernance. Nous irons peut-être seuls aux élections dans certaines régions et dans d’autres, nous irons avec cette dynamique collective.

Afrikarabia : Vous serez personnellement candidat à l’élection présidentielle ?

Auguste Mampuya : Dans notre parti nous n’avons pas cette stratégie là. Notre conception de la gestion de la gouvernance n’est pas fondée sur la puissance et la force des individus. Nous partons sur une base d’ouverture avec les autres partis de façon à mettre toutes les chances du côté des forces du changement. Si nous n’arrivons pas à rassembler les autres partis autour de notre projet, le RADER ira séparément aux élections et pourra présenter son propre candidat. De toute manière, nous serons présents aux élections générales. Nous sommes déjà présents dans 9 provinces… ce n’est déjà pas si mal pour un parti qui a démarré depuis février dernier.

Afrikarabia : Quelles sont les prochains rendez-vous pour le RADER ?

Auguste Mampuya : Nous voulons dynamiser nos sections à l’étranger. Nous allons également lutter pour que les Congolais de l’extérieur puissent voter dans la mesure où ils contribuent financièrement et socialement à la vie du Congo. Nous peaufinons notre projet de politique publique ainsi que la formation idéologique de nos cadres qui devrait débuter au mois d’août prochain.

Christophe Rigaud

22 juin 2010

RDC : John Numbi serait en prison

L'information n'est pas encore officielle, mais le général John Numbi, mis en cause dans le meurtre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, aurait été interpellé et placé en détention "dans une prison proche de la présidence", selon le site belge levif.be. Il s'agirait d'un tournant décisif dans l'affaire Chebeya, quelques jours avant son enterrement et à une semaine des festivités du cinquantenaire.

Afrikarabia logo.pngL'enquête piétine et les autorités de Kinshasa semblent redouter l'image désastreuse que pourrait donner la RDC à quelques jours de l'anniversaire de l'indépendance du pays.  Il fallait un acte fort... et c'est un proche de Joseph Kabila qui en fait les frais : John Numbi, le chef de la police congolaise, accusé d'avoir ordonné l'assassinat de Floribert Chebeya.

Le célèbre militant des droits de l'homme et son chauffeur ont disparu le 1er juin dernier alors qu'ils avaient rendez-vous à l’Inspection générale de la police, pour y rencontrer John Numbi. Après le tollé international provoqué par la mort de Chebeya, l'étau semble se resserrer autour du général Numbi.

MISE A JOUR : Depuis cette date, John Numbi a été suspendu de ses fonctions à titre conservatoire et placé en fait en résidence surveillée et non en détention.

Christophe Rigaud

20 juin 2010

RDC : Le photoblog d'Afrikarabia

DSC03882 copie2.jpgRetrouvez régulièrement les images d'Afrikarabia sur le photoblog du site.

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17 juin 2010

RDC : Les fauteurs de guerre

Depuis plus de 10 ans, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre de guerres à répétition. Au premier rang des responsables de ce conflit sans fin, de multiples mouvements rebelles soutenus par le Rwanda ou l'Ouganda ainsi que le pouvoir congolais incapable d'assurer la sécurité sur son territoire et coupable d'exactions sur les populations civiles. Voici le portrait des différents groupes armés impliqués dans cette guerre qui ne veut pas finir.

DSC03855 copie.jpgFDLR : Les Forces démocratiques de libération du Rwanda
Premier sur la liste des mouvements rebelles, les FDLR se composent d’anciens membres de l’armée du président Juvénal Habyarimana et de miliciens Interahamwe. Après avoir été mis en déroute par les soldats du président Paul Kagamé à la suite du génocide, ils s’étaient regroupés en RDC pour fomenter une reprise du pouvoir à Kigali, en formant un groupe armé qui a finalement donné naissance aux FDLR. L’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila a conclu une alliance avec les FDLR pour lutter contre l’influence de Kigali dans l’est du Congo après 1998 et certains membres ont intégré son armée. Mais Joseph Kabila, son fils, aujourd’hui à la tête de l’Etat congolais, a autorisé les troupes rwandaises à pénétrer en RDC en 2009 pour traquer les FDLR. Selon les estimations des sources du secteur onusien de la sécurité, les FDLR comptent aujourd’hui 3 000 hommes, contre 6 000 en 2009.

Le groupe a un bras armé, les FOCA (Forces combattantes Abacunguzi), actives dans le Sud-Kivu. Les FDLR se sont alliées à d’autres groupes, notamment aux Forces républicaines fédéralistes (FRF) de Michel Rukunda, une milice du Sud-Kivu qui déclare défendre les intérêts des Banyamulenges (Tutsis congolais), et à certains groupes Maï-Maï.

Les Maï-Maï
Leurs combattants, qui s’aspergent « d’eau magique pour se protéger des balles », sont pour la plupart membres de milices d’autodéfense ad hoc, formées par les leaders locaux, qui arment de jeunes hommes dans les villages, souvent en fonction des différences ethniques. Certaines grandes milices Maï-Maï sont plus connues, notamment les Patriotes résistants congolais (PARECO) ou l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui se sont jointes au processus de paix en mars 2009, en promettant de se convertir en partis politiques pacifiques.

Le 2 juin, 500 membres du groupe Maï-Maï Kifuafua ont de nouveau rejoint leurs positions, à Walikale, dans le Nord-Kivu, soutenant que leur intégration convenue au sein de l’armée avait trop tardé. La plupart des groupes Maï-Maï sont des forces locales portant le nom de leur chef. Le groupe Yakutumba, du nom du « major-général » qui le dirige, a enlevé huit travailleurs humanitaires au Sud-Kivu, en avril.

CNDP :
Le Congrès national pour la défense du peuple
Le CNDP a menacé d’envahir Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en novembre 2008. Par la suite, le Rwanda a assigné à résidence Laurent Nkunda, son chef. Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), a remplacé Laurent Nkunda et accepté d’orienter le mouvement vers la paix. En mars 2009, le CNDP s’est converti en parti politique et 3 000 à 4 000 de ses combattants ont intégré l’armée congolaise. Environ 1 000 à 2 000 autres résistent à l’intégration.
Selon la plupart des experts, le CNDP a conservé ses chaînes de commandement au sein de l’armée. Le groupe, qui administre en grande partie le district de Masisi, se livre à diverses activités dans le Nord-Kivu, de l’exploitation minière artisanale au trafic de charbon, en passant par l’extorsion. Il est accusé d’avoir organisé le transfert de ses partisans rwandais à Masisi, ce qui a provoqué des frictions entre les Rwandais de RDC et les autres groupes ethniques.

FPLC :
Les Forces patriotiques pour la libération du Congo
Ce groupe, actif dans le Nord-Kivu, est dirigé par le général Gad Ngabo, qui a récemment franchi la frontière ougandaise pour pénétrer dans le territoire congolais de Rutshuru. Selon différentes sources, le général recruterait au sein de différentes ethnies, regroupant des forces pour disputer au CNDP le contrôle de certaines zones du Nord-Kivu. Ce groupe compterait quelques centaines de combattants.

ADF/NALU : Les Forces démocratiques alliées/Armée nationale de libération de l'Ouganda
Quoique converti plusieurs fois à l’islam et au catholicisme, Jamil Mukulu, chef rebelle ougandais, a fondé un groupe militant musulman au début des années 1990. Sous la pression de l’armée ougandaise, il y a enrôlé des officiers du régime de l’ancien dictateur Amin Dada et l’a fusionné avec la NALU, autre mouvement rebelle ougandais qui abriterait les partisans de l’ancien président Milton Obote.
Depuis qu’elle a franchi la frontière pour pénétrer en RDC, au milieu des années 1990, cette milice est restée dans la zone de Beni, dans le Nord-Kivu. Selon les analystes, il s’agit d’un groupe « à l’état latent », comptant environ 1 300 hommes. Des pourparlers de paix entre l’ADF/NALU, l’Ouganda et la RDC ont été engagés en 2009, sous la médiation des Nations Unies, mais en avril, l’armée congolaise a attribué à une coalition entre les ADF/NALU et des combattants Maï-Maï locaux la responsabilité d’une attaque meurtrière perpétrée contre un centre d’entraînement militaire situé à Beni.

LRA :
L’Armée de résistance du Seigneur
Joseph Kony a fondé la « Holy Spirit Mobile Force 2 » (Deuxième Force mobile du Saint-Esprit) dans le nord de l’Ouganda en 1987, après la mise en déroute d’un groupe rebelle du même nom par le gouvernement du président Yoweri Museveni, auquel celui-ci tentait de s’opposer. En 1989, Joseph Kony a rebaptisé la milice l’Armée de résistance du Seigneur, déclarant avoir pour objectif d’instaurer en Ouganda une théocratie d’inspiration chrétienne.
La LRA s’est d’abord introduite au Sud-Soudan au milieu des années 1990, mais l’accord de paix soudanais de 2005 et l’inculpation de Joseph Kony par la CPI a forcé le groupe à se réfugier en RDC, dans le parc national de la Garamba. En décembre 2008, les armées ougandaise, sud-soudanaise et congolaise ont lancé une offensive collective à la Garamba, sans pourtant réussir à éliminer l’état-major de la LRA. Le groupe, divisé en petites unités, se déplace à pied dans les Uélés (districts situés dans le nord-est du Congo), dans l’est de la République centrafricaine (RCA) et dans certaines régions du Sud-Soudan.
Entre décembre 2007 et avril 2010, le groupe aurait tué 1 796 civils et en aurait enlevé 2 377 au Congo. Il est particulièrement connu pour recruter de force des enfants soldats, transformer de jeunes garçons en tueurs et utiliser des fillettes comme porteuses ou comme esclaves sexuelles. Les membres du groupe mutilent également les lèvres et les oreilles de leurs victimes pour terroriser la population.

FRPI/FPJC :
La Force de résistance patriotique en Ituri/Front populaire pour la justice au Congo
La FRPI et sa faction dissidente, le FPJC, sont actifs dans le sud de l’Ituri, où ils combattent les forces du gouvernement et les forces onusiennes de maintien de la paix. Germain Katanga, ancien commandant de la FRPI, comparaît actuellement devant la CPI aux côtés de deux autres chefs miliciens de l’Ituri pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; il est notamment accusé d’avoir recruté des enfants soldats, et de s’être rendu coupable de massacres de masse et de viols. Selon les analystes, ce groupe est « résiduel », mais ses répercussions humanitaires restent importantes.
En 2009, environ 5 000 personnes ont fui pour se réfugier dans la forêt de Mokato-Ngazi à la suite d’affrontements entre l’armée congolaise et les militants des FRPI/FPJC. Lorsque les forces gouvernementales et les organisations humanitaires sont parvenues à se rendre dans la zone, trois mois plus tard, un nombre indéterminé de ces déplacés étaient morts de faim. Jean-Claude Baraka, chef du FPJC, a récemment été arrêté. En revanche, le « Colonel Cobra » Matata, chef de la FRPI, qui avait accepté d’intégrer l’armée nationale, aurait déserté au début du mois pour rejoindre sa milice, en Ituri.

Enyele/Le Mouvement de libération indépendant et alliés (MILIA)
Des tensions ethniques datant de l’époque coloniale ont éclaté en novembre dernier dans la province d’Equateur, dans le nord-ouest du pays. Les membres du groupe Lobala, connu sous le nom « d’Enyele », du nom du village où les flambées de violence ont éclaté pour des questions de droits de pêche, ont d’abord attaqué la ville frontalière de Dongo, mettant en déroute les forces de police qui avaient été déployées pour les réprimer. Les civils ont fui de l’autre côté du fleuve, en République du Congo, et seuls 20 000 habitants sont revenus.
Adoptant l’acronyme MILIA, le groupe s’est déplacé vers le sud, à travers la jungle, prenant d’assaut Mbandaka, le chef-lieu de la province, le 4 avril. Il a également perturbé le ravitaillement des populations jusque dans la ville de Kisangani, à l’est.
Le 5 mai, la RDC a arrêté Ondjani Mangbama, le chef des insurgés Enyele, mais la situation de ce dernier reste incertaine. L’insurrection Enyele a commencé dans la province d’Equateur, province natale de l’ancien dirigeant congolais Mobutu Sese Seko, aujourd’hui devenue le bastion du MLC, parti d’opposition de Jean-Pierre Bemba.

Les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC)
Il ne s'agit pas là d'un mouvement rebelles, mais de l'armée nationale. Mais les FARDC ont été accusées par les organisations de défense des droits humains de se livrer à des activités criminelles, ce que le gouvernement réfute. En 2009, leur 213e brigade a été citée comme responsable des pertes civiles subies à Lukweti, au Nord-Kivu, au cours de l’offensive Kimia 2, menée contre les FDLR avec le soutien des Nations Unies.

Sources : Afrikarabia/IRIN

Photos (c) Christophe Rigaud www.afrikarabia.com

15 juin 2010

RDC : "Une des pires crises humanitaires au monde"

Les Nations-Unis vivent « l’une des pires crises humanitaires au monde » en République démocratique du Congo (RDC). L'ONU ne pouvait être plus claire. La porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, Elisabeth Byrs, a expliqué que « travailler en RDC est devenu un véritable défi pour les humanitaires tant pour des raisons de sécurité que du manque de financement »... la sonnette d'alarme est également tirée par toutes les ONG présentent sur le terrain.

Preoccupation-de-l-OCHA_article_top.jpgDeux préoccupations sont avancées par l'ONU sur place : le manque de moyens (les programmes de ces agences ne sont financés qu’à hauteur de 30 %) et « si l’aide financière n’arrive pas, nous allons être obligés de réduire notre assistance à une population qui en a cruellement besoin » estime Elisabeth Byrs. Autre sujet de préoccupation : la violence subie par les populations « du fait des exactions de groupes armés, dont l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui ne cessent d’augmenter », d'après l'ONUs. Et les humanitaires sont autant visés que les civils par les combats et le banditisme.

Rappelons que depuis 2007, la LRA a tué 1796 civils, enlevés 2377 personnes dont 807 enfants. Et entre décembre 2009 et mars 2010, la LRA a tué 407 civils et enlevés 302 personnes dont 125 enfants. Dans les régions du Kivu et la province du Maniema, à l’Est de la RDC, les maltraitances sexuelles se multiplient. Rien qu’en 2009, « il y a eu 8 000 cas de viols rapportés dont la majorité ont été perpétrés par des hommes en armes », selon l'ONU.

L'Armée de la résistance du seigneur (LRA), groupe rebelle tristement célèbre pour ses exactions contre les civils, mène des attaques de plus en plus meurtrières en République démocratique du Congo (RDC) et continue d'enlever des enfants pour les utiliser comme soldats dans ses rangs. La LRA, qui combat le gouvernement en Ouganda depuis plus de 20 ans, a accru sa présence dans cette région reculée du nord-est de la RDC.

31 mai 2010

Joseph Kabila boude le sommet Afrique-France

La République démocratique du Congo brillera par son absence au XXVe sommet Afrique-France de Nice. Le président Kabila sera une nouvelle fois absent d'un grand rendez-vous international. On sait que le président congolais n'apprécie guère ce genre d'événement... mais cette absence fera d'autant plus remarquée la présence du président rwandais Paul Kagame avec qui, Nicolas Sarkozy souhaite poursuivre son rapprochement diplomatique.

afrique.jpg38 dirigeants africains participeront à partir de lundi au XXVe sommet Afrique-France, qui se veut celui de la normalisation des relations entre le continent et l'ancienne puissance coloniale. Cette édition sera fortemment oritentée vers l'économie. Si les chefs d'Etat gardent la main sur les grandes questions abordées à huis clos (place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale, renforcement de la paix et sécurité, climat et développement), pour la première fois, la rencontre est ouverte à des acteurs non étatiques. Cinq ateliers rassembleront les représentants de 150 entreprises africaines et 80 françaises.

Joseph Kabila sera toutefois représenté durant ce sommet par son ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. L'absence du président Kabila met la France en difficulté pour ce sommet. Paris aurait souhaité pouvoir réunir autour d’une même table les dirigeants des pays des Grands Lacs (Burundi, Ouganda, RDC et Rwanda) et renforcer ainsi son influence dans la région... une occasion ratée pour Nicolas Sarkozy.

Christophe Rigaud

11:33 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (60) | Tags : rdc, rd congo, kabila, sarkozy, nice

18 mai 2010

RDC : La motion qui peut faire tomber Muzito

126 députés de République démocratique du Congo ont décidé de faire tomber le gouvernement d'Adolphe Muzito. Dans le texte de la motion que nous publions, les signataire ont plusieurs griefs contre le Premier ministre congolais : insécurité généralisée, mal gouvernance et retard dans le découpage territorial.

Afrikarabia logo.pngMotion de censure contre le gouvernement

"Cette mise en cause de la responsabilité du Gouvernement est avant tout fondée sur l’absence de volonté, désormais avérée du Premier ministre, Chef du Gouvernement, à exercer la plénitude des prérogatives dévolues par la Constitution à cette éminente fonction, au profit d’une structure informelle communément appelée « Gouvernement parallèle». Ce qui entraine ipso facto, la violation de notre Constitution, de manière permanente. Cette initiative est également justifiée par l’incapacité notoire du Premier ministre à mettre en œuvre une politique générale conforme aux engagements qu’il avait pris devant cette illustre Assemblée en octobre 2008, de rencontrer les aspirations de nos populations. Point n’est besoin de rappeler que c’est sur la base de ces engagements que son Gouvernement avait été investi. Honorable Président, Distingués Membres du Bureau, Honorables Députés et très chers Collègues, Nous considérons, par conséquent, que le Premier ministre a trahi la confiance que lui avait accordée la Représentation Nationale. C’est pourquoi nous demandons à cette auguste Assemblée, de bien vouloir en prendre acte et de censurer son gouvernement. Honorable Président, Permettez-nous d’étayer notre propos par trois exemples saillants des objectifs du Programme du Gouvernement qui n’ont pas été atteints :

1. le Premier ministre et son Gouvernement avaient promis de ramener la paix et la sécurité, ainsi que de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. A ce jour, cet objectif n’a pas été atteint. En effet, malgré les accords signés avec les Gouvernements de l’Ouganda et du Rwanda, et les opérations militaires conjointes de notre armée appuyée par la MONUC, avec les armées de l’Ouganda et du Rwanda, la paix n’est pas revenue dans l’Est du pays. Comme chacun peut le vérifier, tant dans la Province Orientale (Haut-Uélé, Bas-Uélé ou en Ituri) que dans le Nord et Sud-Kivu, des tueries des populations civiles et des viols ou encore des affrontements entre groupes armés se poursuivent, provoquant encore et toujours des déplacements de populations par milliers. Pendant ce temps, l’exploitation illégale de nos ressources par les pays voisins se poursuit sans désemparer. L’insécurité a même atteint la Province de l’Equateur. En effet, au-delà des évènements malheureux et de l’humiliation subie par l’Etat le dimanche de Pâques à Mbandaka, il faut noter que plus de 140.000 de nos compatriotes sont toujours réfugiés au Congo Brazzaville.

2. Le Premier ministre et son Gouvernement avaient également préconisé la bonne gouvernance, pour assurer à notre pays une croissance forte génératrice d’emplois. Cet objectif est également un échec. En effet, en lieu et place de la bonne gouvernance, nous assistons plutôt à une politique du Gouvernement caractérisée par la mauvaise gestion des Finances publiques, la dilapidation des deniers de l’Etat et la corruption généralisée. Cette mauvaise gouvernance a conduit à l’aggravation de la misère de nos populations qui vivent aujourd’hui dans des conditions inhumaines. La majorité des habitants de notre pays n’a accès ni à l’eau potable, ni à l’électricité, ni aux soins médicaux, ni à une alimentation suffisante, ni à l’éducation et ni, encore moins, à l’emploi. Et cette énumération est loin d’être exhaustive.

3. le Premier ministre et son Gouvernement s’étaient engagés à finaliser la : décentralisation telle que stipulée dans la constitution. Cette promesse n’a pas non plus été tenue. En effet, aucune disposition constitutionnelle en matière de décentralisation n’est respectée Gouvernement. Non seulement les provinces ne jouissent pas effectivement des 40% de recettes à caractère national leur allouées par la constitution (article 175, alinéa 2) mais, de plus, la mise en place de nouvelles provinces (article 226, alinéa 1), a pris un retard tel, qu’à partir de ce mois de mai 2010, le pays entre dans une impasse constitutionnelle. Les élus de l’Ituri ont donné le ton. Serions-nous à la veille d’une «rébellion» des Districts? La responsabilité du Gouvernement dans cet imbroglio juridico-politique n’a d’égale que la désinvolture avec laquelle il considère ce sujet. Honorable Président, Distingués Membres du Bureau, Honorables Députés et très chers Collègues, Compte tenu de cette situation calamiteuse dans laquelle le Premier ministre et son Gouvernement ont plongé le pays, nous pouvons, ici et maintenant, mettre fin à cet état d’insécurité et de misère et redonner la dignité à notre peuple qui a droit à la paix, au travail, à une juste rémunération et à des conditions de vie décentes. Par conséquent, nous, signataires de la présente motion de censure, vous invitons à prendre ensemble nos responsabilités et à voter massivement en faveur de cette censure contre le Premier ministre et son Gouvernement. Honorable Président, nous avons dit et vous remercions.

Fait à Kinshasa, le jeudi 13 mai 2010 Pour les signataires Gilbert Kiakwama Pdt du Groupe CD Roger Lumbala Pdt du Groupe ODR François Muamba T Pdt du Groupe MLC"

15 mai 2010

RDC : Alain Lubamba rejoint le camp présidentiel

Ce n'est pas une surprise. Après son départ de l'UDEMO en mars dernier, Alain Lubamba se rapproche désormais de Joseph Kabila en adhérant au PPRD. A l'approche des prochaines élections générales de 2011, les grandes manoeuvres pré-électorales commencent...

Logo Elections 2011.jpgDans une conférence de presse, l’ex-Vice-Ministre du budget, considère le PPRD comme "un véritable fer de lance pour la conquête du pouvoir (...) il n’y a pas d’alternative crédible aux élections de 2011’’. Co-fondateur et Premier secrétaire de l’UDEMO, mais aussi directeur de campagne de Nzanga Mobutu aux élections de 2006, Lubamba est connu pour son ambition mais aussi pour être un fin stratège électorale. Il n'en fallait pas plus pour Alain Lubamba pour changer de camp et rejoindre le parti de Joseph Kabila... que rien ne semble arrêter pour sa réélelection en 2011.

Dans un discours flatteur pour le président congolais, Alain Lubamba donne les quatre raisons qui l'ont poussé à rejoindre le parti présidentiel (PPRD) :

"1. Le président Joseph KABILA manifeste une volonté politique absolue de moderniser et de reconstruire notre pays, à travers non seulement un ambitieux programme mais surtout par des actions concrètes ; 2. Il a la détermination de mobiliser autour de cette noble action de refondation du pays toutes les strates sociales de toutes les provinces du pays ; 3. Il a le dévouement pour la cause de la paix, et prends des mesures concrètes en faveur de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ; 4. Il s’est engagé à consolider les ressources intangibles du pouvoir, à savoir la culture démocratique et la stabilité des institutions. Homme de parole, le Président Joseph KABILA, avec sagesse, est le pilote de la République Démocratique du Congo qui veut et va réussir."

14 mai 2010

Affaire Nkunda : Kabarebe juge et partie ?

Le maintien de l'ex-général congolais Laurent Nkunda en prison au Rwanda tourne à l'imbroglio judiciaire. Selon la cour Suprême rwandaise, seul le Tribunal militaire est compétent pour examiner la détention du rebelle tutsi et juger James Kabarebe, à l'origine de l'arrestation de Nkunda. Depuis, James Kabarebe a été nommé par Paul Kagame, Ministre de la Défense de son pays. Pour les avocats de Laurent Nkunda, il y a conflit d'intérêt : le Tribunal militaire est sous l'autorité directe de James Kabarebe ! L'examen de remise en liberté de Laurent  Nkunda est repoussé pour l'instant au 11 juin.

Afrikarabia logo.pngMardi 11 mai avait lieu la première audience relative la détention de Laurent Nkunda devant le Tribunal militaire, déclaré compétent pour juger le Général James Kabarebe. James Kabarebe, désormais Ministre de la défense du Rwanda, ne s'est pas présenté à l'audience et était représenté par deux avocats. Pour la défense de Laurent Nkunda, le refus de s'expliquer de James Kabarebe constitue déjà un aveu : "croyez-vous que s’il n’avait rien à cacher, James Kabarebe hésiterait le moindrement à se présenter ? estime son avocat Me Stéphane Bourgon. Malgré les propos tenus récemment par le Président Kagamé qui a dit que ‘la justice est là [pour décider de son sort], il est tout simplement inconcevable dans un État qui se dit gouverné par la règle de droit, que Laurent Nkunda soit détenu depuis plus de 15 mois sans avoir été présenté devant un juge, sans qu’un représentant du Gouvernement ne daigne venir s’expliquer devant la justice et sans que le Président, un de ses ministres ou un de ses représentants ne communique avec moi suite aux multiples lettres que je leur ai fait parvenir par huissier". L'avocat de Nkunda rappelle également que James Kabarebe risuqe une peine allant jusqu'à 20 années de prison, "si son rôle dans l'affaire Nkunda est établi".

Au cours de cette première audience, le Tribunal militaire a reporté d'un mois l'examen prévu le mardi 11 mai d'une demande de remise en liberté de l'ancien leader tutsi congolais.Raison invoquée ? un problème de traduction. Pour la défense de Laurent Nkunda, il s'agit d'un subterfuge : "les avocats parlant au nom de James Kabarebe sans autorisation ont d’abord exigé que les procédures soient menées entièrement en Kinyarwanda, ce qui est étonnant dans la mesure ou une très grande partie du travail judiciaire de ce pays se fait en français ou en anglais". L'audience a donc été reporté de 30 jours.

Dernier problème évoqué par l'avocat de Laurent Nkunda : l'indépendance du Tribunal militaire. Dans l'affaire Nkunda impliquant le Général James Kabarebe, actuellement Ministre de la défense nationale, Stéphane Bourgon note que c'est "le Ministre de la défense qui propose les nominations des juges et qui propose aussi le renvoi d’un juge pour cause d’incompétence, il est permis d’en douter !" estime l'avocat de Laurent Nkunda.

Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier (le Rwanda et la RDC) n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.

Christophe Rigaud

11 mai 2010

RDC : L'UE apporte 6,9 millions d'aide humanitaire à l'Equateur

La Commission européenne apporte une aide humanitaire de 6,9 millions d’euros pour venir en aide aux réfugiés en République du Congo, aux déplacés internes dans la Province de l’Equateur en République Démocratique de Congo (RDC) et aux réfugiés congolais dans le sud-est de la République centrafricaine. Les fonds, qui proviennent du Fonds Européen de Développement (FED), sont acheminés par le Service d’aide humanitaire de la Commission (ECHO).

 

Image 1.pngVisitant les régions affectées en République démocratique du Congo et en République du Congo, Peter Zangl, le Directeur Général du Service d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a déclaré, depuis Brazzaville: “L’Afrique centrale doit actuellement affronter des crises humanitaires sur plusieurs fronts. En République Démocratique du Congo, le conflit qui secoue la Province de l’Equateur a contraint près de 200 000 personnes à quitter leur foyer pour se déplacer dans la Province ou se réfugier en République du Congo et en République centrafricaine.” Peter Zangl a ajouté: “Il est de notre devoir de répondre aux besoins humanitaires des populations déplacées, en veillant aussi à venir en aide aux populations hôtes dont les ressources et les services de santé sont fortement mis sous pression par ces afflux de populations.”

 

L’allocation va permettre de couvrir les besoins de base – soins de santé, eau potable, assistance alimentaire et médicale et à renforcer les abris temporaires en vue de l’arrivée imminente de la saison de pluie. En outre, des mesures accélérant la reprise d’activités économiques des réfugiés (distributions de semences et outils, d’espèces) seront mises en place.

09 mai 2010

RDC : La loi sur la commission électorale adoptée

Indispensable pour organiser les prochaines élections de 2011, l'Assemblée nationale congolaise a adopté la loi sur l'organisation et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Son bureau sera limité à 7 membres. Seule hic, il n'y aura pas de représentants de la société civile.

Logo CEI.gifPas de changement de cap pour les députés de République démocratique du Congo (RDC). La version de la loi adoptée en première lecture le 14 décembre dernier a donc été adopté "sans prendre en compte les propositions du Sénat congolais", selon le journal Le Potentiel.

Le bureau de la CENI sera finalement composé de 7 membres dont 4 provenant de la majorité et 4 de l'opposition, mais aucune place n'est laissée à des délégués de la société civile.

08 mai 2010

Dongo (RDC) : La capture d'Udjani ne résout pas tout

L'arrestation d'Udjani, le chef militaire des insurgés Enyeles de Dongo, peut-elle ramener le calme dans la province de l'Equateur, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) ? La région est le théâtre de nombreux affrontements depuis presque un an. Le conflit a obligé des centaines de milliers de personnes à se réfugier au Congo-Brazzaville. Le dernier coup d'éclat de la rébellion remonte au 4 avril, avec la prise de Mbandaka, la capitale régionale, pendant quelques heures. Pour l'opposition, la capture du chef des insurgés ne règle pourtant pas le problème.

carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgLe gouvernement affirme que le chef des insurgés, Udjani a été capturé par des éléments de son propre clan. Toujours d'après Kinshasa, le chef rebelle cherchait à faire de nouvelles recrues à Dongo. De même que l'arrestation d'Udjani n'a pu être confirmé par des sources indépendantes, il est difficile de donner des informations précises sur la capture du chef Enyele.

Udjani est soupçonné d’avoir déclenché les troubles ethniques qui touchent la région de l’Équateur, ancien fief de Jean-Pierre Bemba, depuis près d’un an. Sa tribu, les Enyeles, cherche notamment à protéger des étangs poissonneux, qu’elle considère comme siens, de la tribu des Muzayas. Ces affrontements avaient coûté la vie à au moins 270 personnes et des milliers de déplacés, selon les chiffres officiels. Jusque-là établi au Congo-Brazzaville, Udjani est considéré comme le descendant d’un ancien chef Enyele des années 1920. Ce sont ses hommes qui seraient responsables de la mort de quarante-sept membres des forces de sécurité congolaises, en octobre 2009.

En Equateur, dans le fief MLC du leader d'opposition Jean-Pierre Bemba, on pense que l'interpellation du chef des insurgés ne règle pas tout. Interrogé sur Radio Okapi, le sénateur MLC Jacques Djoli estime que "cette arrestation ne devrait pas occulter les vrais problèmes qui se posent à Dongo, en particulier et dans la province de l’Equateur en général. Ces problèmes sont d’ordre économique et politique et aucune source indépendante n’a  confirmé l’arrestation d’Udjani". Le sénateur pose ensuite cette question : "est-ce qu’il faut continuer de traiter l’Equateur en termes de sanctions ? Faut-il continuer d’entêter ceux qui cassent le bureau de l’assemblée provinciale pour être reçus par le gouvernement ? Faut-il favoriser la corruption, l’impunité dans la province ?".

Il estime également qu’au-delà des questions économiques et politiques de l’Equateur, le système de défense du pays en général  pose également problème. Toujours sur Radio Okapi, Arsène Mawaka, coordonnateur du Centre d’études politiques à l’Université de Kinshasa, pense comme Jacques Djoli que l’arrestation du leader des insurgés de Dongo ne pourra pas résoudre le problème de l’insécurité à l’Equateur : "tant qu’on ne se penche pas sur les vrais problèmes et tant qu’on balaie d’un revers de la main toutes les revendications sans les examiner et sans qu’on montre qu’il y a une sorte de réceptivité, le problème de l’Equateur reste entier".

07 mai 2010

RDC : Kabila a-t-il déjà gagné 2011 ?

Même si l’incertitude plane encore sur la tenue du prochain scrutin présidentiel en République démocratique du Congo (RDC), le président sortant, Joseph Kabila, semble assuré de sa réélection, faute de candidats sérieux. L’opposition manque de leadership et les principaux prétendants ne sont pas en mesure d’inquiéter l’actuel président. Revue d’effectifs des candidats d’opposition.

Image 3.pngLe candidat le plus dangereux pour Joseph Kabila en 2011 n’est autre que son ancien adversaire au second de la présidentielle de 2006 : Jean-Pierre Bemba. Mais l’ancien vice-président et patron du MLC semble hors jeu depuis sa détention depuis presque 2 ans par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Même si Bemba espère obtenir en juillet prochain une libération provisoire, ses déboires avec la CPI lui laisse peu de chance de pouvoir se représenter en 2011. Autre problème pour le MLC, la relève n’est pas encore installée et François Mwamba, le N°2 du parti n’a pas réussit à asseoir son leadership… l’ombre de Bemba plane toujours sur Kinshasa.

L’opposant historique, Etienne Tshisekedi et son parti, l’UDPS, compte bien revenir sur l’échiquier politique congolais après leur « boycott fatal » des élections en 2006. Le parti est plus affaibli et divisé que jamais et son leader, très malade n’a pas encore présenté de relève crédible.

Un petit nouveau a fait son apparition depuis le scrutin de 2006, il s’agit de l’ancien président de l’Assemblée nationale évincé par le clan présidentiel, Vital Kamerhe. Son leadership et son charisme ne sont plus à démontrer, mais certains estiment qu’il partage la responsabilité de la situation actuelle avec le pouvoir en place et que son départ n’est qu’un paravent de son propre parti, le PPRD.

Candidat déjà en 2006, le Dr Oscar Kashala avait su convaincre bon nombre de congolais de ses atouts. Oscar Kashala était tout de même arrivé en cinquième position au premier tour des dernières élections avec 3,46%. Mais pour 2011, faire campagne depuis les Etats-Unis sera très délicat et il lui faudra bénéficier d’importants réseaux pour mobiliser les électeurs et les moyens financiers nécessaires.

Notons enfin Guillaume Ngefa, avocat au Barreau de Kinshasa, actuellement fonctionnaire des Nations Unies et spécialiste des droits de l’homme. Fondateur et président honoraire de ASADHO, il a dénoncer la dictature sous Mobutu, puis sous l’AFDL. Selon certains observateurs, « discret, perspicace et convaincu pour ses idéaux, Guillaume Ngefa est un présidentiable à prendre au sérieux ».

Quand à Moïse Katumbi, le tonitruant gouverneur du Katanga et « challenger potentiel » du camp présidentiel, il certifie ne pas vouloir se présenter en 2011 et tout faire pour que Joseph Kabila rempile pour un second mandat. Le gouverneur semble vouloir passer son tour et attendre le scrutin suivant.

Aux dernières nouvelles, le gouvernement congolais se veut rassurant quand à la tenue des élections dans le calendrier prévu. Les projets de révisions constitutionnelles, notamment sur le statut du chef de l’Etat, font croire à de nombreux congolais que Joseph Kabila se prépare à toutes les éventualités (élections ou pas). Les élections prévues pour 2011 auront elles lieu ? Impossible pour l’heure de répondre avec certitude à cette question.

Christophe Rigaud

RDC : Les FDLR transférés peuvent-ils déstabiliser le Katanga ?

54 rebelles hutus des FDLR ont été transférés dimanche 2 mai de Goma vers Lubumbashi. Escortés par le pasteur Daniel Mulunda Ngoy, président du programme national pour la paix et la reconstruction (Parec), les miliciens et leurs familles se sont installés au Katanga, au Sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). De nombreuses associations se sont inquiétées de cette « délocalisation sauvage », réalisée sans aucune concertation et à la seule initiative du Parec. De nombreux observateurs voient dans l’arrivée de ces éléments armés au Katanga, un facteur de déstabilisation pour la région.

Image 1.pngL’initiative du Parec en a étonné plus d’un. Pour se justifier Daniel Mulunda Ngoy affirme que la délocalisation des rebelles hutus est conforme aux accords de Goma. Selon Radio Okapi, les 54 combattants des FDLR étaient accompagnés de 106 membres de leurs familles et l’arrivée des ex-miliciens FDLR a été accueillie avec une certaine inquiétude par les habitants de la région.

Lambert Mende, le ministre congolais de la Communication et des médias a déclaré «ce transfert fait partie d’un vaste programme du gouvernement congolais qui va aboutir au retour de ces FDLR dans leur pays d’origine. » Pour Lambert Mende : «il n’y a aucune menace pour la sécurité des populations. Ces trente personnes non armées passent par un centre de triage et de contrôle avant de pouvoir regagner leur pays natal. Je l’impression que il y a des discours alarmistes qui sont tenus par des gens qui n’ont pas intérêt à ce que la situation se stabilise et qui manipulent les populations. Je voudrais une fois de plus rassurer ces populations que le gouvernement ne peut pas initier un programme qui met en danger les populations civiles

Le Réseau d’Action Citoyenne pour la Démocratie (RACID), une coalition de soixante quinze ONG du Nord Kivu, ont exprimé une forte inquiétude face à l’opération de délocalisation des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda du Nord Kivu vers le Katanga. Le RACID estime qu’il fallait plutôt rapatrier les ex-combattants FDLR directement dans leur pays d’origine au lieu de les délocaliser à l’intérieur de la RDC… une simple question de bon sens.

Christophe Rigaud

06 mai 2010

RDC : Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ?

L'ex-rebelle congolais Laurent Nkunda, détenu depuis plus d'un an au Rwanda, doit être fixé sur son sort le 11 mai prochain. Le Tribunal militaire de Kigali doit en effet examiner une demande de remise en liberté de l'ex-chef tutsi. Au coeur d'une bataille juridique complexe, l'avenir de Laurent Nkunda est suspendu aux difficiles relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Seul fait nouveau : l'ancien chef d'Etat-major rwandais, James Kabarebe est maintenant ministre de la défense de son pays. Il a lui-même arrêté l'ex-général Nkunda après un brusque renversement d'alliance en janvier 2009.

Afrikarabia logo.pngPour la défense de Laurent Nkunda l'ancien chef d'état-major des armées rwandaises, le général James Kabarebe, est responsable de l'arrestation et de la mise en détention illégales de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda, s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire. La RDC voisine, nouveau partenaire de Kigali, demande son extradition, mais le Rwanda n'a pas réellement intérêt à laisser partir son ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratrique du Congo. Laurent Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ? Certainement pas, les deux protagonistes n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa. Reste à trouver un tour de passe-passe juridique pour maintenir Nkunda au frais et résoudre l'imbroglio judiciaire qui entoure la légalité de sa détention.

Christophe Rigaud

05 mai 2010

RDC : Fiasco de l'opération PAREC au Nord-Kivu

Les bonnes intentions ne sont pas toujours récompensées. Si l'opération PAREC a permis de recueillir quelques bombes, mortiers et une centaine d'armes à Goma, la collecte d'armes du pasteur Ngoy Mulunda, "Arme contre 50 $", a été un échec à Kitchanga selon lesafriques.com.

logo afkrb.pngDans la région de Kitchanga, zone d'insécurité et fief du CNDP, la récolte a été plutôt maigre : seules 48 armes ont été récupérées, malgré la présence sur place de Charles Mwando Simba, le ministre de la Défense nationale congolais. Toujours selon le site lesafriques.com : "la zone de Kitchanga est pourtant réputée pour abriter de nombreuses caches d'armes et être le berceau de l'insécurité pour les populations congolaises du Nord-Kivu. Dans cette zone, les Hunde n'ont pas d'armes, mais les Hutus en ont reçu d'Habyarimana, et les Tutsi de Kagame. L'arme y a la valeur d'une vache (300 $)". Plusieurs raisons expliquent le peu de succès de l'opération PAREC : la faible somme donnée en compensation, l'insécurité permanente dans l'Est de la RDC et la présence active de nombreuses milices au Nord-Kivu.

04 mai 2010

LRA : Menace sur la RDC ?

En février dernier, une centaine de personnes ont été tués par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans les districts du Haut Uélé et du Bas Uélé. Cette province orientale de République démocratique du Congo (RDC) est la proie des milices du rebelle Joseph Kony, en lutte contre le pouvoir de Kampala. Depuis maintenant plusieurs mois, la LRA est devenue un problème régional : Ouganda, RDC, RCA et Soudan sont désormais menacés par ce groupe que rien ne paraît arrêter. Même l'aide américaine semble impuissante.

Image 1.pngDernièrement, le secrétaire général adjoint de l’ONU, John Holmes, a fortement condamné la violence perpétrée par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République démocratique du Congo(RDC). Pour John Holmes, "la LRA ne cesse de commettre des atrocités abominables à l’encontre des habitants de ces deux districts qui sont maintenant déplacés sans espoir de rentrer chez eux dans un futur proche".

Populations menacées

Outre la RDC, la LRA a mené des attaques contre les civils au Sud-Soudan et en République Centrafricaine (RCA) après avoir été chassé du nord de l’Ouganda il y a quelques années. Selon l'ONU, sept entités des Nations Unies et 23 ONG mènent des activités humanitaires dans ces districts qui accueillent au moins 320.000 personnes déplacées par la violence exercée par la LRA. Les acteurs sont en mesure de fournir une aide à 65% de la population déplacée, mais ils rencontrent des obstacles au quotidien en raison de l’insécurité persistante et de l’inaccessibilité de nombreuses personnes déplacées, dans une ré gion où le réseau routier est quasiment inexistant.

Human Rights Watch a rapporté le mois dernier que la LRA avait tué 321 personnes en décembre, lors d'un massacre dans la région qui n'avait pas été signalé jusque-là. Le gouvernement congolais a initialement démenti l'existence de ce massacre, mais un fonctionnaire a depuis confirmé la tuerie tout en avançant un bilan moins élevé, de 188 morts. A Nyangara, John Holmes a rendu visite a une femme de 23 ans soignée après avoir eu les lèvres et les oreilles arrachées par les rebelles qui tentent de s'assurer le silence de populations en les terrorisant.

Les pays touchées par les violence de la LRA possèdent des forces de sécurité nationales trop faibles pour protéger leur populations, l’armée ougandaise, bénéficiant du soutien américain, est exclusivement orientée vers la traque de Joseph Kony, le chef de la LRA. En RDC, où l'armée congolaise doit faire face à plusieurs fronts, Kivu, Ituri, Equateur, est particulièrement inopérante face aux rebelles ougandais. Pour l'heure la rébellion ougandaise n'a pas encore trouvé "d'alliés congolais" sur le territoire... mais la menace plane.

25 avril 2010

RDC : Jean-Maurice Ripert remplacerait Alan Doss

Juin 2010 sonnera la fin du mandat d'Alan Doss à la tête de la Monuc en République démocratique du Congo (RDC). Le patron des casques bleus partira sur un bilan très contrasté. La situation au Kivu est encore extrêmement instable et l'on reproche au diplomate de l'ONU d'avoir trop fait confiance à l'armée congolaise. Human Rights Watch a même accusé la Monuc de complicité de crimes de guerre... Plusieurs noms circulent déjà dans les couloirs des Nations-Unies, celui de Jean-Maurice Ripert est le plus probable.

Logo ONU.jpgOn a d'abord parlé de Jean-Marie Guéhenno, ancien responsable du département des opérations de maintien de la paix aux Nations-Unies et fin connaisseur de la RDC où il s'est rendu plusieurs fois. Puis on a parlé du diplomate italien Aldo Ajello, ex-émissaire de l'Union européenne en Afrique centrale... mais depuis quelques semaines, Jean-Maurice Ripert semble tenir la corde. Jean-Maurice Ripert est actuellement émissaire de l'ONU au Pakistan depuis août 2009. Conseiller diplomatique de Michel Rocard, directeur de cabinet de Bernard Kouchner, ce diplomate de 57 ans est réputé proche de Joseph Kabila... un incontestable atout pour la fonction au moment où la RDC souhaite voir partir au plus vite les troupes de la MONUC.

Le poste est prestigieux, la MONUC constitue la principale opération de maintien de la paix de l'ONU dans le monde: 20 000 hommes, mais aussi 712 observateurs militaires et 1 216 policiers, pour un budget de 1,3 milliard de dollars.

Christophe Rigaud

RDC : RFI de retour sur les ondes

Après 9 mois de silence, la radio internationale RFI sera prochainement de retour en République démocratique du Congo (RDC). Une question de jours, peut-être de semaines a annoncé le ministre congolais chargé des médias. Une vraie bonne nouvelle pour la liberté d'expression et le pluralisme en RDC.

images.jpgEn juillet 2009, la diffusion de "la radio mondiale" avait été interrompue sur l'ensemble du territoire de République démocratique du Congo (RDC) par le gouvernement de Kinshasa. Les autorités congolaises accusaient RFI de développer une campagne systématique de "démoralisation des forces armées de la RDC (FARDC)". L'est et le nord-est de la RDC sont le théâtre d'affrontements entre groupes armés et de violences contre les civils depuis plus d'une décennie. Kinshasa tente de pacifier la région mais l'armée régulière peine à imposer son autorité.

Selon Satellifax, Lambert Mende, le ministre en charge du dossier, "il faut faire vraiment attention avec les opérations militaires, sur la façon de traiter ces opérations. Nous avons rappelé cela (à RFI)". Espérons que RFI n'en perdra pas sa liberté de ton sur le traitement de l'actualité en République démocratique du Congo... nous n'en doutons pas.

Christophe Rigaud

RDC : 120 députés demandent à la Belgique d'accueillir Bemba

L'initiative en revient à Clément Kanku, via sa plateforme d'opposition, Union pour la Nation. Le nouvel homme de confiance du sénateur Jean-Pierre Bemba demande à la Belgique d'accueillir le leader du MLC sur son territoire si ce dernier bénéciait d'une libération provisoire.

Image 8.pngLe député Clément Kanku a expliqué à Radio Okapi avoir remis "la pétition de plus de 120 parlementaires qui soutiennent la libération de Jean-Pierre Bemba Gombo et qui demandent à la Belgique de l'accueillir très rapidement parce qu'il sera très vite libéré". Le bras droit de l'ancien vice-président de République démocratique du Congo explique que "c'est la Belgique qui a arrêté Jean-Pierre Bemba, la même Belgique à qui nous nous demandons aujourd'hui de coopérer avec la CPI. Il n'est pas normal que la Belgique puisse jouer ce jeu des politiciens, des calculs politiciens qui tend toujours à éloigner Jean-Pierre Bemba de Kinshasa ou de le garder en prison".

Jean-Pierre Bemba avait été battu en 2006 au second tour de l'élection présidentielle en RDC face à l'actuel président, Joseph Kabila. Après des affrontements, il avait quitté la RDC pour le Portugal en avril 2007. Il avait été arrêté le 24 mai 2008 en Belgique, en vertu d'un mandat d'arrêt délivré par la CPI qui l'accuse de meurtre, viol et pillage notamment commis par sa milice en Centrafrique. Il est détenu à La Haye mais a déposé une demande de libération provisoire. L'opposition congolaise voit dans la détention de Jean-Pierre Bemba une manoeuvre politique de Kinshasa pour éloigner définitivement Jean-Pierre Bemba du prochain scrutin présidentiel de 2011.

Christophe Rigaud

RDC : Les casques bleus quittent l'Ituri

La MONUC décide de retirer ses soldats de l'Ituri dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). L'ONU estime que l'armée congolaise (FARDC) présente dans cette région est suffisante pour en assurer la sécurité. Les populations locales, victimes des attaques répétées des rebelles de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur) s'inquiètent de ce départ.

Logo ONU 2.jpgL'annonce a été faite à Bunia, chef-lieu du district, par le commandant des forces de la MONUC, le général Babacar Gaye, à l’issue d’une tournée d’inspection des troupes dans les localités de Fataki, Mahagi et Aru. Pour le général Gaye, cette mesure est justifiée par "l’existence d’un important déploiement des FARDC sur place", il estime également qu'il y a un grand progrès sur le plan sécuritaire en Ituri. La MONUC souhaite que l'armée congolaise prenne maintenant le relais des casques bleus.

Le commandant de la neuvième région militaire des FARDC, le général Jean-Claude Kifwa est conscient que l'image de ses soldats n'est pas bonne dans la population, mais souhaite que "la population ne doit pas avoir peur et doit faire confiance à son armée". Mais le départ des troupes de la MONUC alarme les civils congolais, notamment celle Dingila qui craint la présence des rebelles ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Dans un mémorandum remis à Babacar Gay, la société civile de Dingila réclame le maintien et le déploiement de la MONUC à Ango, Dakwa et Banda.

18 avril 2010

RDC : Le MLC toujours en quête de leadership

Alors que le "chairman" Jean-Pierre Bemba est encore en prison à La Haye, la "guerre des sous-chefs" fait toujours rage au MLC. Le plus important parti d'opposition en République démocratique du Congo (RDC) continue de se déchirer à moins d'un an des élections présidentielles. Au coeur de la discorde : le secrétaire général du mouvement, François Mawamba et le député Delly Sessanga Hipungu.

Image 2.pngDernier événement en date :  l'éviction de Delly Sessanga Hipungu de la Commission politique, administrative et judiciaire de l'Assemblée nationale congolaise. Cette commission revenait au MLC après un accord avec le président de l'Assemblée de l'époque. Le mouvement de Jean-Pierre Bemba a donc signifié à Delly Sessanga Hipungu qu'il ne pilotait plus la commission. Il faut dire que depuis plus de deux ans, rien ne va plus entre le député national et le secrétaire général du MLC, François Mwamba. Delly Sessanga Hipungu a toujours fortement contesté la légitimité de Mawamba, jusqu'à ne plus participé aux réunions du MLC. Puis il lance son propre mouvement, l'Envol, début 2010. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour François Mawamba qui l'accuse de "rouler" maintenant pour la majorité présidentielle.

Le risque de scission est donc toujours latent au sein du parti de Jean-Pierre Bemba. Pour le moment, Delly Sessanga Hipungu n'a pas encore franchi le rubicon et reste membre du MLC. François Mwamba semble encore tenir ses troupes, mais jusqu'à quand ? A moins d'un an des élections présidentielles, avec un leader toujours maintenu en détention par la CPI de La Haye, le MLC demeure plus que jamais affaibli. Joseph Kabila peut donc se frotter les mains devant l'absence d'une opposition capable de remporter le prochain scrutin.

Christophe Rigaud

Photo (c) afrikarabia.com

10 avril 2010

RDC : Un député MLC arrêté à Mbandaka

Suite à l'attaque de Mbandaka par des insurgés la semaine dernière, le député d'opposition Oscar Molambo (MLC) a été arrêté pour son implication supposée dans l'insurrection qui avait fait une dizaine de victimes. La capitale provinciale de l'Equateur, au Nord-Ouest de la République démocratique du congo (RDC) reste toujours le fief du sénateur MLC, Jean-Pierre Bemba, actuellement incarcéré par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Le MLC dénonce une chasse aux opposants à Kinshasa dans cette province.

carte RDC Afrikarabia Mbandaka.jpgLe porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende vient d'indiquer que des députes de l’opposition étaient impliqués dans l’insurrection. Le ministre s'est bien gardé de livrer des noms, mais il a toutefois confirmé l’arrestation d’Oscar Molambo, député MLC de l'Equateur, fief du principal opposant au président Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba. L'ancien vice-président Bemba doit aujourd'hui répondre de crimes de guerre devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, pour des faits commis par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003. Seul concurrent capable de battre Joseph Kabila aux prochaines élections présidentielles de 2011, Jean-Pierre Bemba pourrait bien ne pas participer au scrutin si la CPI le retient en prison.

Le parti de Bemba, le MLC, dénonce une chasse à l'opposition et rejette toute participation du MLC aux combats de dimanche dernier. Francois Mwamba, secrétaire général du MLC regrette l’incapacité du gouvernement à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire mais ne se dit pas surpris par les événements de Mbandaka. Francois Mwamba  dénonce l’arrestation du parlementaire MLC et indique attendre des explications du premier ministre Adolphe Muzito.