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10 octobre 2013

RDC : Joseph Kabila dans le piège des Concertations nationales

Le président congolais peine à conclure les Concertations nationales, ouvertes le 7 septembre dernier. Joseph Kabila devait annoncer ce jeudi devant le Congrès "d'importantes décisions". La réunion a été reportée au 15 octobre prochain faute de solutions politiques.

Affiche Kabila 1.jpgLancées début septembre par le président Joseph Kabila, les Concertations nationales devaient déboucher sur une solution à la crise congolaise et créer la cohésion nationale autour du chef de l'Etat. Après 1 mois de forum, et en l'absence des grands partis d'opposition, les résultats sont maigres. Joseph Kabila avait promis lors de la clôture des Concertations, "des mesures importantes pour le pays" dans les plus brefs délais. Le Congrès (Assemblée nationale et Sénat) devait se réunir ce jeudi pour écouter les propositions du président congolais, mais la réunion a été reportée au 15 octobre.

Le président Kabila peine donc à trouver la porte de sortie qui lui permettrait d'engranger les bénéfices politiques de ces Concertations, taillées sur mesure pour "re-légitimer" son autorité et recomposer sa majorité présidentielle. Car l'objectif affiché de ce forum, la cohésion nationale, cache mal la volonté cachée du Chef de l'Etat de se représenter aux élections de 2016 en modifiant la Constitution avec l'aide d'une majorité élargie.

Mais les Concertations n'ont pas apporté les effets escomptés. Rien de neuf n'a été proposé dans ce "catalogue de bonnes intentions" qui ne fait que révéler la propre impuissance de Joseph Kabila à mener à bien ses réformes en RDC. En vrac, les propositions des forums thématiques se sont résumés dans la nécessité d'appliquer (enfin) la décentralisation, dans la possibilité de créer un gouvernement d'union nationale et dans le rapatriement de la dépouille de Mobutu, dont on se demande bien comment il pourrait aider la RDC à sortir de la crise politique et sécuritaire. 

La "réussite" des concertations va donc se focaliser autour de la création d'un gouvernement d'union national et d'un nouveau partage du pouvoir. Le président du Sénat, Kengo wa Dondo avait cru bon s'avancer en proposant l'idée et en s'imaginant déjà à la primature. Mais l'équation semble plus complexe et Joseph Kabila n'a pas encore décidé. Quel nouveau Premier ministre lui permettrait d'obtenir les plus belles prises dans l'opposition ? Si le remplacement de l'actuel Premier ministre Matata Ponyo semble pour l'instant acquis, le nom du remplaçant ne s'impose pas. Kengo a trop précipité sa candidature, Boshab ne représenterait pas l'ouverture promise... reste l'ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu, qui pourrait se fondre dans le costume de l'économiste-techno que Matata Ponyo avait avantageusement endossé.

Pris au piège de concertations sans consensus politique, Joseph Kabila paie avant tout ses multiples hésitations politiques et stratégiques. Le président a trop souvent joué la carte des rébellions, puis du Rwanda, avant se retourner contre eux. Les fragiles alliances à géométrie variable de la majorité présidentielle n'inspire plus confiance. Résultat : le président Kabila se retrouve coincé avec un spectre politique trop étroit.

Condamné à ouvrir sa majorité, Joseph Kabila cherche toujours la solution. Tentatives de la dernière chance : la visite d'un conseiller du président Kabila à "l'irréductible" opposant Etienne Tshisekedi, dont on doute de l'efficacité et le rapprochement avec le MLC, l'ennemi d'hier, qui cherche désespérément à préparer le retour de son chairman, Jean-Pierre Bemba, toujours en prison à La Haye. L'équation est délicate et visiblement, Joseph Kabila a encore besoin d'un peu de temps.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Campagne d'affichage à Lubumbashi © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com