27 octobre 2013
RDC : Le M23 lâché par Kigali ?
Après trois jours de combats, l'armée congolaise a repris ce dimanche deux bastions rebelles : Kiwanja et Rutshuru. Les rebelles du M23 ont annoncé un retrait "sans combattre". Le Rwanda a-t-il décidé de ne plus soutenir le M23 ?
Coup dur pour le M23. En moins de trois jours, la rébellion a opéré un net recule sur le front du Nord-Kivu. Un premier front a été ouvert vendredi 25 octobre autour de la ville de Kibumba, à 25 km au Nord de Goma. L'armée régulière (FARDC) avait annoncé la chute de la ville samedi, mais les rebelles ont démenti. L'ONU, présente dans le secteur affirme que les combats se poursuivent sur zone, le M23 résistant toujours dimanche soir. Le gouverneur provincial, Julien Paluku, présent aux côtés des FARDC à Kibumba a annoncé «l’existence de deux fosses communes» dans le secteur. Il a réclamé une «enquête internationale pour aller établir les responsabilités et le contenu avec des spécialistes».
Le deuxième front s'est ouvert plus au Nord, samedi, autour de Kiwanja, à 80 km au Nord de Goma. Dans un communiqué, le M23 a annoncé son retrait de Kiwanja «sans combat» et a demandé un «cessez le feu immédiat» en menaçant de quitter les négociations de paix de Kampala. Un casque bleu tanzanien a été tué pendant les combats à Kiwanja. Dimanche en fin d'après-midi, alors que les combats continuaient à Kiwanja, Radio Okapi, la radio onusienne a annoncé la prise de Rutshuru, une importante place forte rebelle. Dimanche soir, Rutshuru et Kiwanja étaient aux mains des FARDC.
Comment expliquer les récentes victoires militaires des FARDC, connues jusque-là pour leur inefficacité ? Première raison : le soutien actif de la Brigade d'intervention de l'ONU (FIB), qui, avec un mandat offensif a joué un rôle décisif dans les succès militaires congolais. Deuxième raison : l'attitude du Rwanda, parrain de la rébellion du M23. Les nombreux rapports successifs de l'ONU sur les guerres du Kivu, ont toujours pointé le soutien, l'aide logistique, en armes, en hommes, en argent, de Kigali aux différentes rébellions (RDC, CNDP ou M23). Le Rwanda a toujours démenti. Mais à Kinshasa, il se dit qu'il n'y a "pas de victoire militaire rebelle sans la main de Kigali". Le Rwanda a-t-il lâché les rebelles ce week-end ? Peut-être pas complètement, mais le Rwanda a désormais un agenda diplomatique peu compatible avec le soutien ouvert à une rébellion. Le Rwanda siège depuis peu au Conseil de sécurité de l'ONU et reste donc sous pression et sous le regard de la communauté internationale. Kigali se retrouve sous le feu des critiques et certains pays rechignent à honorer l'aide financière au pays des mille collines. Kigali fait donc profil bas, ce qui agace sérieusement les militaires du M23, qui souhaiteraient en découdre avec les FARDC. La rébellion a d'ailleurs annoncé hier qu'elle désirait voir revenir l'ex-général CNDP Laurent Nkunda au Nord-Kivu, alors qu'il est actuellement détenu par le Rwanda. Un appel du pied à peine déguisé à Kigali pour solliciter si ce n'est leur soutien… du moins leur feu vert pour une contre-offensive rebelle. Pour l'heure, le M23 encaisse les coups… jusqu'à quand ?
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
22:53 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (17)
RDC : "Kabila pourrait aller au-delà de 2016" selon Oscar Rashidi
Dans son discours devant le Congrès, le Joseph Kabila a déclaré vouloir respecter "l’esprit et la lettre de la Constitution" qui l'empêche de se représenter en 2016. Mais pour Oscar Rashidi, président de la Ligue contre la Corruption et la Fraude (LICOF), le Chef de l'Etat pourrait prolonger son mandat après 2016.
En conclusion des Concertations nationales qui se sont déroulées en République démocratique du Congo, le président Joseph Kabila a fait de nombreuses annonces dans un long discours face aux deux assemblées le 23 octobre dernier. Le Chef de l'Etat a promis la nomination rapide d'un gouvernement d'union nationale avec l'opposition, le rapatriement des dépouilles de Moïse Tshombe et Mobutu ou encore l'arrivée d'un conseiller spécial pour lutter contre la corruption. Mais pas un mot sur ce qu'il compte faire à la fin de son mandat en 2016. Normalement, la Constitution interdit à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, mais l'opposition craint que le président ne fasse modifier la Constitution. Dans son discours au Palais du peuple, Joseph Kabila a pourtant réaffirmé sa volonté de respecter la règle fixée par la Constitution : "Je suis pour le respect, par tous, de l’esprit et de la lettre de la Constitution" a-t-il déclaré . Pour certains, Joseph Kabila pourrait en fait prolonger son mandat après 2016 sans modifier la Constitution. Nous avons interrogé Oscar Rashidi, président de la Ligue contre la Corruption et la Fraude (LICOF) qui réagit également sur les autres annonces du Chef de l'Etat.
- Afrikarabia : La Constitution actuelle interdit au Président Kabila se briguer un troisième mandat en 2016. Mais l'opposition craint que Joseph Kabila ne cherche à se maintenir au pouvoir après 2016. Par quel autre moyen sans modifier la Constitution ?
- Oscar Rashidi : La prolongation du mandat de Joseph Kabila est possible si un consensus se dégage dans la classe politique. Le Président Kabila pourrait alors se maintenir au pouvoir par cette voie pacifique. Dans cette hypothèse, deux éléments sont à noter : le recensement de la population ainsi que l'organisation des élections locales qui semblent tarder. Le recensement pour réussir des élections réellement libres et transparentes à tous les échelons pourrait hypothéquer la stabilité institutionnelle. Car par deux fois déjà ces mêmes élections ont été organisées par la volonté du Chef de l’Etat.. autant dire que ce préalable (le recensement) n’a pas empêché le processus électoral. En voulant organiser les élections locales (municipales, provinciales, sénatoriales) devant aboutir au choix des nouveaux gouverneurs de provinces, on sait pertinemment que ceux qui sont en place ont déjà "débordé" de leurs mandats respectifs de deux ans. Le temps restant à courir laisse entrevoir déjà une prolongation de fait car les conditions matérielles de la tenue des élections ne sont réunies. A cela s’ajoutent de sempiternels écueils : l'état piteux des routes, la grandeur du territoire national et surtout l’insuffisance des moyens financiers pour prétendre procéder convenablement au recensement. Respecter ce calendrier me paraît une réelle gageure pour que des élections se tiennent en 2016. D'où la probabilité d'aller au-delà de 2016.
- Afrikarabia : Dans son discours face au Congrès, Joseph Kabila a également annoncé la désignation d'un conseiller spécial anti-corruption. Le programme "tolérance zéro" initié par le chef de l'Etat a-il montré son efficacité ?
- Oscar Rashidi : Non, le slogan "tolérance zéro" n'était pas efficace et ne le sera jamais tant qu'il n’y aura pas de sérieux dans le comportement des acteurs publics et dans le choix des personnes devant animer ces institutions. Cela est resté au niveau du discours et classé par la suite. Aucun dossier n'a été traité efficacement et pas une seule personne n'a été arrêtée dans le cadre de l'opération dite "tolérance zéro". Par contre, cette opération a seulement enrichi les personnes chargées d’exécuter cette mission. Le cas de l'ancien ministre de la Justice Luzolo Bambi Lesa qui se plaisait d'arrêter les jeunes gens appelés "Kuluna" pour les envoyer à l'intérieur du pays soit disant en prison. Ces opérations ont coûté trop cher au Trésor de l'Etat congolais. A chaque fois, les factures des avions affrétés étaient "gonflées" au profit des autorités ayant la charge d'exécuter ces opérations. D'où la corruption, le vol et le détournement des deniers publics. Inefficace sans doute, l'opération "tolérance zéro" a dû être arrêtée. Pour beaucoup, c’étaient des discours pour amuser la galerie. Il y a d’ailleurs beaucoup d’autres exemples des promesses non tenues : "plus rien ne sera comme avant", "les portes des prisons seront ouvertes", "fini la récréation", "tolérance zéro", etc... L'application de tous ces slogans dans la réalité pose un sérieux problème au Congo du Président Kabila. Créer un poste de conseiller chargé de l'anti-corruption c'est bien, mais pour quel travail ? Or, il a déjà existé dans ce même pays d'autres structures semblables. On a entendu parler de conseiller chargé de "bonne gouvernance" et de "lutte contre la corruption", de "commission d'Ethique et lutte contre la Corruption (CELC)", de "Task force", "d’Observatoire du Code d'Ethique Professionnelle (OCEP)", etc... Une autre commission anti-corruption créée et attachée au ministère de la Justice et du Garde de seaux est restée sans bureau jusqu'à ce jour et certains de ses agents ont été révoqués sans qu'ils aient eu le temps de travailler ! Comme pour leur dire : "on ne veut pas de vous". Bref, nous espérons qu'avec l'installation du conseiller "anti-corruption", l’Etat va renforcer le programme "tolérance zéro" restée lettre morte.
- Afrikarabia : Le président Kabila souhaite que l'affairisme soit "banni de l'armée et de la police". Comment faire reculer efficacement la corruption en RDC ?
- Oscar Rashidi : Pour faire reculer la corruption, il faut sanctionner absolument les coupables. C'est l'impunité qui est à la base de la dérive actuelle.
- Afrikarabia : Joseph Kabila a annoncé la création d'un gouvernement d'union nationale avec des membres de la majorité, de l'opposition et de la société civile sans préciser si l'actuel Premier ministre, Matata Ponyo, restait en place. Que peut-on attendre d'un nouveau gouvernement ?
- Oscar Rashidi : Nous attendons plusieurs choses. Tout d'abord, la mise en application des recommandations issues des concertations nationales. Ensuite, calmer les tensions palpables au niveau de la classe politique nationale congolaise caractérisée depuis toujours par une médiocrité notoire consistant à gagner seulement le pouvoir pour le pouvoir. A l'Est du pays, un important défi sécuritaire est à relever. Les populations vivent des violations massives des droits humains et il faut améliorer un tant soi peu leur condition de vie. Deux autres défis enfin : améliorer la qualité de l'éducation nationale, de la santé publique et la consolider les efforts de reconstruction du pays. Le plus important est de former un gouvernement efficace capable de trouver des réponses à toutes ces préoccupations vitales. Le problème de la désignation ou pas d’un autre Premier Ministre n’est pas prioritaire. Monsieur Matata Ponyo pourrait bien rester poursuivre la mission lui assignée par le Chef de l’Etat.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Oscar Rashidi © DR
12:17 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
26 octobre 2013
RDC : Et revoilà Laurent Nkunda !
Alors que les armes ont recommencé à parler au Nord-Kivu entre le M23 et l'armée congolaise, la rébellion demande le cantonnement de ses troupes dans les zones de retour des réfugiés avec l'ex-général rebelle Laurent Nkunda. Une exigence qui remet en selle le leader du CNDP dont le M23 n'est que la continuité.
Dans une lettre publiée par Kivu One et destinée au président ougandais Yoweri Museveni, le leader politique du M23, Bertrand Bisimwa fait le point sur les exigences de la rébellion, dont les négociations avec le gouvernement congolais sont suspendues. Le président du M23 explique que la rébellion "n'est pas demandeur de l'intégration au sein des forces armées de la RDC". Bertrand Bisimwa précise ensuite que, concernant le cantonnement et "pour une meilleure sécurité des réfugiés retournés dans les zones actuellement sous contrôle de notre Mouvement", il exige que ses troupes "soient cantonnés dans les mêmes sites avec les retournés ainsi que le Général Laurent Nkunda Mihigo, retenu au Rwanda depuis le 22 janvier 2009, et qui devra être ramené au pays pour y vivre comme citoyen ordinaire".
Retour sans surprise
C'est la première fois que le nom de Laurent Nkunda, ex-leader du CNDP, est évoqué officiellement dans les tractations entre les autorités congolaises et la rébellion du M23. Mais ce n'est pas une surprise. Le M23, créé en avril 2012, n'est que le "copié-collé" d'un autre rébellion, le CNDP, qui a explosé en plein vol en janvier 2009 avec l'arrestation de son patron, Laurent Nkunda. L'actuel chef militaire du M23, Sultani Makenga, était le bras droit de Nkunda au CNDP et la plupart des responsables actuels de la rébellion sont des "nkundistes historiques". Pas étonnant donc de le voir revenir sur le devant de la scène. Pourtant, depuis son arrestation surprise par son allié rwandais, Nkunda était resté plutôt discret depuis sa "résidence surveillée". Pourquoi revient-il ?
Arrestation surprise
Retour en arrière. Pendant 4 ans, entre 2006 et 2009, ce général tutsi congolais, ouvertement soutenu par Kigali, avait fait trembler le régime de Joseph Kabila. Mais après avoir mis en déroute l'armée congolaise dans l'Est de la RDC, Laurent Nkunda a été arrêté en janvier 2009, en territoire rwandais, à la suite d'un renversement d'alliance surprise. En effet, son allié rwandais d'hier s'est brutalement rapproché du congolais Joseph Kabila. Ironie du sort, c'est le général rwandais Kabarebe, patron de la puissante armée de Kigali, qui l'a arrêté. Nkunda a d'abord été détenu en secret à la frontière entre la RDC et le Rwanda, puis il a été transféré au Rwanda fin mai 2009 de peur d'un coup de force de ses derniers fidèles, très puissants au Kivu. Depuis, la RDC demande son extradition pour qu'il puisse répondre de ses crimes devant un tribunal congolais. Mais Kigali refuse tant que la peine de mort est en cours dans le pays. Laurent Nkunda est alors devenu un personnage bien encombrant pour les deux pays : au Rwanda, où il possède de nombreux amis dans l'armée et en RDC, où bon nombre de ses compagnons d'armes occupent des places importantes dans les services de sécurité et dans l'armée et où il continue de faire peur.
M23 : Nkunda à la manoeuvre
En 2011, de nombreuses rumeurs circulent à Goma, sur Laurent Nkunda,. Selon le blog Congo Siasa, "ces dernières semaines, Laurent Nkunda aurait été vu, voyager librement à l'intérieur du Rwanda, venant même à des funérailles à Gisenyi". On parle même d'un possible retour en République démocratique du Congo (RDC). Après le déclenchement de la mutinerie du M23 en avril 2012, ce sont les experts de l'ONU qui retrouvent la trace de Nkunda à la manoeuvre avec la rébellion congolaise depuis le Rwanda. Selon le rapport de l'ONU : "l'ancien président du CNDP, le général Laurent Nkunda, officiellement en résidence surveillée par le gouvernement rwandais depuis janvier 2009, vient souvent de Kigali pour participer à ces réunions (entre l'armées rwandaise et le M23)".
Retour du chef militaire ?
Le retour de Laurent Nkunda en première ligne dans le conflit du Kivu n'est donc pas une surprise. Pourquoi cette demande aujourd'hui ? Difficile de répondre. Les négociations de Kampala sont bloquées et tout le monde craint le retour de la guerre. Depuis 48 heures, le M23 et les FARDC s'affrontent déjà autour de Kibumba et sur l'axe Mabenga-Kahunga, au Nord de Goma. Avec la reprise des combats et un possible embrasement général, le M23 est vraisemblablement en train de préparer l'opinion au retour du fils prodigue, Laurent Nkunda, sur le terrain militaire. Nkunda a toujours une bonne image au sein de la rébellion et ses qualités de chef militaire pourrait être très utile dans les semaines qui viennent. Une condition sera nécessaire à ce come-back : l'assentiment de Kigali.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
13:59 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (9)
23 octobre 2013
RDC : Ouverture politique en trompe l'oeil
Dans un discours devant les deux assemblées, le président Joseph Kabila a annoncé la création "imminente d'un gouvernement d'union nationale". Une ouverture politique à minima : l'actuel chef de gouvernement, Matata Ponyo, pourrait reste à son poste et Joseph Kabila... après 2016.
L'ouverture oui, mais pas trop. Le discours de Joseph Kabila devant les deux chambres était très attendu et devait répondre aux recommandations des Concertations nationales. L'annonce phare du président Kabila : la nomination "imminente" d'un gouvernement d'union nationale. Une nouvelle équipe qui comprendra "aussi bien des représentants de la majorité, que de l'opposition et de la société civile". Pourtant, aucun nom n'a été avancé par le président pour le poste de Premier ministre . L'actuel chef du gouvernement, Matata Ponyo, un temps donné partant, pourrait bien rempiler à la Primature. L'ouverture s'effectuera donc "à petit pas", seulement avec l'arrivée de quelques figures politiques d'opposition ou le retour de "poids lourds" de l'échiquier congolais. Mais le maintien de Matata Ponyo, qui n'a toutefois pas démérité à la Primature, est difficilement compréhensible dans un contexte d'ouverture et de changement politique. Une ouverture limitée enfin, par l'absence des deux partis d'opposition, UDPS et UNC, qui ont boycotté l'ensemble du processus de concertations.
Bonnes intentions
Le reste des annonces est également en demie-teinte et sans grande surprise : libérations de prisonniers civils et militaires (sans en préciser les noms et le nombre), le retour des dépouilles de Moïse Tshombe et de Mobutu (dont on se demande en quoi cela va résoudre les problèmes de la RDC) ou encore la création de nouvelles provinces dont on attend la mise en place... depuis 2006 (déjà sous Joseph Kabila). Dans le catalogue des bonnes intentions annoncées par le président, la nomination d'un conseiller "anti-corruption", qui peine à faire oublier le succès mitigé du programme "tolérance zéro" ou encore cette incantation sur "l'affairisme" qui "doit être banni de l'armée et de la police". Bonnes intentions également dans le souhait de voir organiser "avec diligence les élections municipales, provinciales et sénatoriales", restées en souffrance depuis 7 ans. Des annonces qui cachent mal le manque de résultats des deux présidences Kabila.
Voeu pieux
Méthode Coué ensuite, dans le traitement du conflit du Kivu en demandant que les groupes armés "déposent les armes" et "se rendent". Un voeu pieux, lorsque l'on connait la faiblesse militaire de l'armée congolaise qui ne doit ses dernières avancée qu'au soutien des casques bleus de l'ONU. Grand écart enfin, lorsque le président congolais a souhaité le suivi de dossier des Congolais détenus à la Cour pénale internationale (CPI). Une allusion à peine voilée sur le sort de son opposant le plus farouche, Jean-Pierre Bemba, en prison depuis 5 ans à La Haye. Un appel du pied au chairman du MLC, dont le parti d'opposition été le seul à participer aux Concertations nationales souhaitées par Joseph Kabila.
Un compromis pour durer
Le discours du président Kabila face au Congrès, n'a donc rien du grand chambardement annoncé. Pas de partage du pouvoir, pas de 1+4 ou de 1+2, pas de révolution, mais une ouverture prudente qui devrait prendre son temps. La mise en place des annonces va donc s'étaler sur plusieurs mois et Joseph Kabila va vraisemblablement jouer du chronomètre. Un risque, selon l'opposition, qui parie sur un "rallongement" du mandat présidentiel au delà de 2016, ce qui éviterait à Joseph Kabila d'avoir à changer la Constitution pour rester au pouvoir. Si tel était le plan du président congolais, alors ces Concertations sont une réussite pour le régime de Joseph Kabila. Des Concertations qui réussissent un délicat compromis : ouvrir politiquement, sans rien concéder du pouvoir.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Palais du peuple Kinshasa © www.afrikarabia.com
22:38 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (16)