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01 septembre 2013

RDC : Des "concertations" sans opposition

Les principaux partis d'opposition congolais, sauf le MLC, ont annoncé qu'ils ne participeraient pas aux concertations nationales qui doivent débuter à Kinshasa le 7 septembre prochain. Un coup dur pour la majorité présidentielle qui espérait réaliser "l'union sacrée" autour de Joseph Kabila, affaibli politiquement depuis les élections contestées de novembre 2001.

Kabila Katanga.jpgJoseph Kabila sera privé d'opposition lors des concertations nationales qui s'ouvriront le 7 septembre 2013. L'UDPS d'Etienne Tshisekedi et l'UNC de Vital Kamerhe boycotteront les assises nationales organisées par Joseph Kabila. Seule surprise : le MLC de Jean-Pierre Bemba sera autour de la table. Le président congolais avait pourtant tout fait pour réussir son opération séduction à destination de la communauté internationale : réunir autour d'une même table majorité et opposition pour un "dialogue" censé "consolider la cohésion nationale et renforcer l'autorité de l'Etat". Objectif moins avouable pour Joseph Kabila : retrouver un peu de sa légitimité perdue après les élections contestées de 2011, élargir sa majorité avec de nouveaux alliés et préparer sa possible candidature pour 2016.

Le piège

L'opposition a donc décidé de ne pas entrer dans le subtil jeu politique du chef de l'Etat, "un piège" pour certains, censé "cautionné un président illégitime". Après de longs atermoiements et la promesse (alléchante) de la création d'un gouvernement d'union nationale à l'issu des concertations, les principaux opposants ont donc décidé de pratiquer la politique de la chaise vide. Selon l'opposition, ces concertations ne respectent pas les préalables indispensables d'un dialogue équitable. Les opposants congolais demandaient de pouvoir revenir sur le contentieux électoral de 2011 et donc sur la légitimité même du président Kabila, "mal élu" après une fraude massive constatée par les principaux observateurs internationaux. L'opposition exigeait également "la libération des prisonniers politiques comme Diomi Ndongala". "Hélas, tout de cela n’a pas été pris en compte" dans le règlement intérieur des concertations, a regretté Bernard Biando de l’Union des démocrates mobutistes (Udemo) sur Radio Okapi.

Un dialogue pour rien ?

Dans ce contexte, l'absence de l'opposition donne-t-elle encore un sens à ces concertations ? Plus vraiment. Seule la société civile et quelques "micros partis" peu représentatifs se retrouveront autour de la table, avec en face, une majorité présidentielle sûre de son hégémonie politique. Comme le soulignait un membre de l'opposition, les concertations se transformerons alors en "congrès de la majorité", sans aucune légitimité. L'image de "rassembleur" que voulait donner le président Kabila à cette occasion s'en trouve sérieusement écornée. Le boycott de l'opposition constitue donc un échec pour le chef de l'Etat. Un revers qui tombe au plus mauvais moment. Alors que les forces gouvernementales reprennent l'avantage militaire face aux rebelles du M23 dans l'Est du pays, les concertations nationales pouvaient apparaître comme un geste de réconciliation nationale fort du président Kabila à l'égard de l'opposition. Il n'en sera rien. De l'idée même de ces assises, ne restera que la volonté de "partage du pouvoir" du président Kabila, pressé de reconfigurer sa majorité en pratiquant de subtils débauchages en vue de briguer un nouveau mandat… bien loin de la recherche d'un hypothétique cohésion nationale.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Une affiche de campagne du président Joseph Kabila à Lubumbashi © Ch. Rigaud www.afrikarabia

30 août 2013

RDC : "Le spectre d'une guerre régionale est planté" selon Roger Lumbala

L'ancien député d'opposition congolais, Roger Lumbala, désormais membre de la rébellion du M23, s'inquiète des risques d'extension du conflit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Roger Lumbala estime que l'ONU a commis l'erreur en "transformant une mission de paix en mission de guerre" et redoute "un bain de sang" dans les Kivus. Dans l'interview qu'il a accordé à Afrikarabia, Roger Lumbala se déclare également "candidat à la prochaine présidentielle de 2016" si Etienne Tshisekedi ne se présente pas.

Roger Lumbala filtre 222.jpg- Afrikarabia : Selon vous, pour quelles raisons les combats ont repris entre l'armée congolaise et le M23 à la mi-juillet 2013 ?

- Roger Lumbala : Comme Kinshasa avait obtenu la résolution 2098,  ils attendaient le déploiement de la Brigade d'intervention de l'ONU (FIB). C’est ainsi que dans son double jeu, le gouvernement a attaqué les positions du M23 pour pousser la Brigade à s’engager au combat. Sachant que les FARDC ne sont pas en mesure militairement de déloger les éléments du M23 de leurs positions. En fait, Joseph Kabila veut s’attirer la sympathie des Congolais naïfs et se rapprocher de certains pays qui ont des relations difficiles avec le Rwanda. Après s’être imposé à la tête de la RDC, il veut sortir de son isolement diplomatique et faire oublier sa gestion calamiteuse de la chose publique.

- Afrikarabia : Depuis la reprise des affrontements avez-vous encore un espoir d'une solution politique aux négociations de Kampala que l'on dit au point mort ?
 
- Roger Lumbala : Bien sûr que oui ! Malgré les affrontements, la diplomatie fonctionne. Les émissaires discutent les uns avec les autres. Il y a même Monsieur Martin Kobler (représentant de l'ONU en RDC) qui fait office de président de la RD Congo. Il visite les blessés de guerre, il enterre les morts, il fait de la diplomatie... Il y a  l'espoir d’une solution politique. Il vient de demander au M23 de se replier sur ses positions initiales prévues dans le cadre de la CIRGL. Le M23, comme bon élève, vient d’accepter cette demande. C’est la voie proposée par le Secrétaire général des Nations-unies, par Madame Mary Robinson, ainsi que dernièrement par Monsieur Martin Kobler lui-même. Pour celui qui ne connait pas l’Est de la RDC, il peut vite tomber dans "l’option militariste" mais je crois que c’est évidemment la solution politique qu’il faut privilégier. Dans le cas contraire les conséquences seront incommensurables. Nous tendrons vers une guerre régionale qui va se solder par un nouveau génocide. Qui en seront les responsables? Il y a certains pays qui soufflent sur les braises. Les "pêcheurs en eaux troubles" profitent de la position de faiblesse de Joseph Kabila pour exploiter en désordre les matières premières de notre pays. Je pense qu’ils ont tord.

- Afrikarabia : La participation de casques bleus aux combats, aux côtés de l'armée congolaise contre la rébellion du M23 est une première dans l'histoire de l'ONU. Qu'est-ce que cela change pour le M23 ?
 
- Roger Lumbala : L’engagement des casques bleus n’a rien changé à la détermination du M23 à revendiquer ses droits. Vous savez que la RDC a toujours servi de cobaye dans "les laboratoires du monde". Le pays, potentiellement riche, attire les convoitises de toutes les puissances. Et chacun pense y tirer un quelconque avantage dans cette période de crise financière mondiale. Je crois que c’est une erreur de transformer une mission de la paix en mission de guerre. La situation en RDC est-elle pire que celle de l'Afghanistan, de l‘Irak, de la Syrie, de la Libye ? Les casques bleus deviennent par la résolution 2098 des "casques rouges", donc des ennemis d’une partie de la population congolaise qui revendique leurs droits. Pourquoi existe-il tant de groupes armés en RDC ? Sont-ils tous l’émanation du Rwanda ? Sont-ils tous composés d'éléments rwandophones? Leurs revendications ne sont-elles pas légitimes ? Pourquoi Kabila n’écoutait-il pas les revendications légitimes exprimées pacifiquement par l’opposition politique? Pourquoi depuis plus de 10 années de règne de Joseph Kabila la situation sociale des citoyens ne s’améliore pas? Le problème du Congo c’est Joseph Kabila. Son incapacité a gérer le pays. Mais toutes les puissances reconnaissent que le Congo connait une crise de légitimité. Joseph Kabila n’a pas été élu. Il arrête des membres de l’opposition politique. Le Congo est le premier sur la liste des pays les plus corrompus.  Pour l’indice humain de développement le Congo est le dernier pays.
 
- Afrikarabia :  Kigali accuse Kinshasa d'avoir bombardé son territoire alors que l'ONU vient d'affirmer jeudi 29 août que les obus qui sont tombés provenaient des zones sous contrôle du M23. Le Rwanda peut-il être tenté d'entrer dans le conflit et de traverser la frontière congolaise ?
 
- Roger Lumbala : L’ONU est-elle encore impartiale dans ce conflit en choisissant le camp de l’oppresseur de notre peuple ? Chaque lecteur a sa réponse. A mon humble avis, avec tous les respects que je dois à cette institution, je vois que l’ONU est devenue juge et partie. Ses rapports ne sont plus objectifs. Il y a des bombes qui tombent à Gisenyi. Ces bombes sont  tirées à partir de la RDC. En plus, le monde entier connait les objectifs des FDLR. Nous avons tous établi la coopération entre des éléments FDLR, ADF-NALU et Maï-Maï avec le pouvoir de Kinshasa. Joseph Kabila les organise et les équipe. Ces groupes sont qualifiés de "forces négatives à neutraliser" par la Brigade d’intervention de l'ONU. Mais comment la Brigade fera-t-elle? Un rapport de la Monusco signale la présence de ces éléments aux côtés des FARDC ! Je crois que le spectre d'une guerre régionale est planté. La redistribution des cartes va se faire dans le bain de sang.
 
- Après avoir pris la ville de Goma en novembre 2012, la rébellion du M23 n'a visiblement pas capitalisé sa victoire militaire en victoire politique. Les Congolais sont toujours majoritairement très opposés au M23, qu'ils accusent d'être la marionnette de Kigali. Pour quelles raisons ?
 
- Roger Lumbala : Le M23 n’a pas besoin d’être aimé par tous Congolais, mais il est là pour donner son avis sur la gestion de la chose publique. Le M23 a transformé sa victoire militaire en victoire politique et diplomatique. Il est passé d’un "groupe terroriste", d’une "force négative", en une force avec laquelle il faut discuter et même  céder l’administration d'un territoire... rappelez-vous du retrait des FARDC du territoire de Rutshuru. Cette étape était d’une importance capitale. Dans toutes les réunions régionales la situation de la RDC est traitée en fonction du M23. Kabila organise les concertations nationales aujourd’hui avec l’opposition et les forces vives qu’il avait autrefois méprisées. C’est grâce à la lutte armée menée par le M23. Pour ce qui concerne mes frères Congolais, ils ne savent pas ce qu’ils veulent. La majorité soutient Etienne Tshisekedi. Ils organisent des manifestations pacifiques qui se butent à la répression sanglante des hommes de Kabila. Ils sont incapable de se mobiliser en masse dans la ville de Kinshasa pour chasser Joseph Kabila. Leur haine envers les rwandophones est pour moi inacceptable. Quand les rwandophones, militaires et civils, sont avec Kabila, ils sont Congolais mais quand ils s’opposent à lui, ils deviennent Rwandais. Je suis Luba et j’en sais quelque chose. Joseph Kabila distille à travers ces médias cette haine dans le mental collectif des Congolais. Les puissances occidentales observent, mais se taisent. J’espère que le peuple juif comprends ce danger. Par contre, moi, je serai candidat à la présidence de la République aux prochaines élections de 2016, dans le cas où le Président Etienne Tshisekedi ne se présente pas. Parce que la RDC mérite mieux. Je mettrai toutes mes forces pour réconcilier le peuple Congolais avec lui-même et aussi et surtout la RDC avec ses pays voisins de l’Est, relancer l’économie de notre pays et offrir le bien être social au peuple Congolais. La RDC reprendra alors sa place dans le concert des nations.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Roger Lumbala à Paris en novembre 2012 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC : Roger Lumbala candidat en 2016 ?

Dans une interview accordée à Afrikarabia, Roger Lumbala, ancien député national et membre de la rébellion du M23, affirme vouloir être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2016 "dans le cas où Etienne Tshisekedi ne se présente pas". Portrait d'un opposant, passé à la rébellion.

Lumbala photo verticale.jpgLà où on ne l'attend pas. Cela semble être devenu la devise de Roger Lumbala. Son parcours politique est loin d'être rectiligne… et ne manque pas de piment. Président de l'UDPS en France dans les années 90, le parti de Tshisekedi dont il est toujours fidèle, on retrouve Roger Lumbala à la tête d'un groupe rebelle, le RCD/N, pendant la première guerre du Congo. En janvier 2003, son groupe armé sera notamment accusé de crimes de guerre. Puis il devient ministre dans le gouvernement de transition et candidat à la présidentielle de 2006 (0,45% des voix). Il est élu député de la circonscription de Miabi, puis sénateur.

Persona non grata

Début septembre 2012, l'opposant congolais est brièvement arrêté par les services de renseignements burundais à Bujumbura. Soupçonné de conspiration contre le régime de Joseph Kabila et de collaboration avec la rébellion du M23, Roger Lumbala échappe aux officiers de renseignements congolais venus le chercher par avion et réussit à se réfugier dans l'ambassade d'Afrique du Sud. Comme aucune charge ne pèse sur lui au Burundi, Lumbala  regagne finalement Paris le 16 septembre 2012, où il rejoint sa famille.

A la table du M23

Le 1er janvier 2013, leM23, annonce la présence de Roger Lumbala à Bunagana, le fief des rebelles. Son ralliement officiel à la rébellion tombe quelques semaines plus tard où il représente le M23 à la table des négociations de paix de Kampala entre rébellion et gouvernement congolais. Rapidement son immunité parlementaire est levée et son mandat de député national invalidé.

"Caution congolaise"

Roger Lumbala est le seul homme politique d'envergure a avoir rejoint le M23. On le présente souvent à Kinshasa comme la "caution congolaise" de la rébellion, que l'on accuse d'être manipulée et soutenue par le Rwanda voisin. Mais pour le moment la branche politique peine à se faire entendre. Les pourparlers de Kampala sont dans l'impasse et se sont les armes qui parlent aujourd'hui autour de Goma. Le M23 est encore aux mains de la branche militaire, commandée par Sultani Makenga. La mue politique du mouvement n'a pas encore commencé.

Candidat en 2016

Dans une interview accordée à Afrikarabia (à lire dans son intégralité ici), Roger Lumbala déclare vouloir être "candidat à la présidence de la République aux prochaines élections de 2016, dans le cas où le Président Etienne Tshisekedi ne se présente pas". L'ancien député congolais estime que la RDC "mérite mieux" et affirme pouvoir "réconcilier le peuple Congolais avec lui-même et aussi et surtout avec ses pays voisins de l’Est". Fidèle à l'opposant historique, Etienne Tshisekedi, Roger Lumbala dresse un portrait sévère du président Joseph Kabila. "Pourquoi Kabila n’écoutait-il pas les revendications légitimes exprimées pacifiquement par l’opposition politique ? Pourquoi depuis plus de 10 années de règne de Joseph Kabila la situation sociale des citoyens ne s’améliore pas ?", demande Roger Lumbala. "Le problème du Congo c’est Joseph Kabila et son incapacité a gérer le pays", conclut-il.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Roger Lumbala à Paris en novembre 2012 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

27 août 2013

RDC : Justine M'Poyo Kasa-Vubu "réceptive" aux concertations nationales

L'opposante congolaise Justine M'Poyo Kasa-Vubu, se déclare prête à participer aux concertations nationales qui doivent s'ouvrir le 4 septembre en République démocratique du Congo. La présidente du Mouvement des Démocrates (MD) souhaite que ce dialogue national soit "inclusif" et "ne fasse pas l'impasse sur le contentieux électoral de 2011". Enfin, la création d'un gouvernement d'union national à l'issu des concertations serait "logique", selon Justine M'Poyo Kasa-Vubu.

Justine Kasa Vubu filtre.jpg- Afrikarabia : Les concertations nationales doivent débuter le 4 septembre prochain à Kinshasa, êtes-vous favorable à cette initiative du Président Joseph Kabila ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : Je voudrais d'abord faire observer que c'est la pression populaire en RDC et dans la diaspora qui a pousser le pouvoir en place à se rendre compte qu'il y avait des problèmes : l'insécurité généralisée, la précarité de la population et enfin le contentieux électoral de 2011. Mais si je suis réceptive à cette initiative, moyennant une représentativité assez large, je crois que cela pose tout de même un problème : celui de la cohésion nationale. Et pour résoudre ce problème de cohésion nationale, je crois qu'on ne peut pas passer outre l'examen du contentieux électoral de la présidentielle de 2011. Dans quelques temps, on va de nouveau inviter la population aux urnes. Nous devons donc prendre nos responsabilités pour redéfinir dans quel cadre le Congo doit se développer et avec quel modèle politique ? Je crois qu'il est bon, à un moment,  que tout le monde puisse marquer une pause, mettre les préjugés de côté pour poser les vrais questions et apporter les bonnes solutions au pays. A condition bien sûr que ce dialogue soit inclusif.

- Afrikarabia : Cela veut dire que vous souhaitez participer à ces concertations ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : Si nous recevons une invitation, nous l'examinerons avec une bienveillance positive parce que nous voulons être constructif. Dans le même temps je comprends qu'il puisse y avoir des personnalités comme Etienne Tshisekedi (UDPS) qui ne souhaitent pas y participer. Le Président de l'UDPS a de bonnes raisons et de bons arguments, mais le pays va à la dérive. Je comprends que d'un côté il y a une insatisfaction mais d'un autre côté il faut de la responsabilité et de la conscience nationale pour baliser le terrain afin que demain soit meilleur qu'aujourd'hui.

- Afrikarabia : Les grands partis d'opposition comme l'UDPS, l'UNC ou le MLC  refusent pour le moment de participer à ces concertations. Ils pensent que c'est un piège tendu par le Président Kabila pour retrouver un semblant de légitimité après sa réélection contestée de 2011 ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : Vous savez ces élections étaient aussi un piège ! Et Joseph Kabila est toujours là malgré les constatations de fraudes électorales des Nations-unies. Les concertations sont-elles là pour légitimer Kabila ? Moi je pense que cela dépend de la volonté politique des Congolais. Est-ce que nous voulons légitimer Kabila ou voulons-nous mettre en place un pays qui fonctionne ? Le Congo souffre surtout d'une indifférence de la communauté internationale. Le Congo doit se reconstruire dans le respect de tous les Etats, accepter la coopération avec la communauté internationale, mais nous attendons aussi que cette communauté internationale puisse accepter que ce qui est valable en occident au nom du droit, de la démocratie et de la morale, doit pouvoir aussi être valable en République démocratique du Congo. Ce n'est pas le cas pour le moment.

- Afrikarabia : L'un des vice-présidents de ces concertations, Léon Kengo a laissé entendre qu'à l'issu de ce dialogue un gouvernement d'union national pourrait voir le jour. Est-ce une bonne idée ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : Cela atteste que le gouvernement actuel est démissionnaire ! Je crois que c'est la déduction que l'on peut en faire. A partir du moment où nous avons un gouvernement démissionnaire, il est bien clair que ce pays doit être gouverné malgré tout. Il faut donc s'attendre à une refonte générale de la direction du pays. C'est logique.

- Afrikarabia : Qu'est-ce que vous reprochez le plus au Président Joseph Kabila ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : D'abord son autisme. Et puis son refus de ce qu'il avait lui-même reconnu après les élections contestées de 2011. Joseph Kabila avait reconnu les irrégularités du scrutin, il y a même des enregistrements qui en témoignent. Il n'en a malheureusement pas tiré toutes les conséquences. Mais j'ai l'impression qu'il n'agissait qu'en sous-traitance et donc Il faudrait peut-être aller voir du côté de  Kigali les tenants et les aboutissants qui font qu'au Congo nous n'avons pas la gouvernance qu'il nous faut. Je crois donc qu'une réévaluation inter-africaine est absolument indispensable sur le sujet.

- Afrikarabia : En 2016, il y a aura de nouvelles élections présidentielles. Vous avez été candidate en 2006. En 2011 vous vous étiez présenté mais votre candidature avait été invalidée. Serez-vous de nouveau candidate lors de la prochaine présidentielle ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : J'attends que les prochaines échéances puissent avoir lieu, mais seulement après avoir obtenu des garanties de la communauté internationale sur la bonne organisation du scrutin…

- Afrikarabia : … avec Justine M'Poyo Kasa-Vubu comme candidate ?

- Justine M'Poyo Kasa-Vubu : Jacques Chirac disait qu'il refusait de faire de la politique-fiction. Moi aussi. Chaque chose en son temps.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Justine M'Poyo Kasa-Vubu à Paris le 27 août 2013 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com