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14 mai 2010

Affaire Nkunda : Kabarebe juge et partie ?

Le maintien de l'ex-général congolais Laurent Nkunda en prison au Rwanda tourne à l'imbroglio judiciaire. Selon la cour Suprême rwandaise, seul le Tribunal militaire est compétent pour examiner la détention du rebelle tutsi et juger James Kabarebe, à l'origine de l'arrestation de Nkunda. Depuis, James Kabarebe a été nommé par Paul Kagame, Ministre de la Défense de son pays. Pour les avocats de Laurent Nkunda, il y a conflit d'intérêt : le Tribunal militaire est sous l'autorité directe de James Kabarebe ! L'examen de remise en liberté de Laurent  Nkunda est repoussé pour l'instant au 11 juin.

Afrikarabia logo.pngMardi 11 mai avait lieu la première audience relative la détention de Laurent Nkunda devant le Tribunal militaire, déclaré compétent pour juger le Général James Kabarebe. James Kabarebe, désormais Ministre de la défense du Rwanda, ne s'est pas présenté à l'audience et était représenté par deux avocats. Pour la défense de Laurent Nkunda, le refus de s'expliquer de James Kabarebe constitue déjà un aveu : "croyez-vous que s’il n’avait rien à cacher, James Kabarebe hésiterait le moindrement à se présenter ? estime son avocat Me Stéphane Bourgon. Malgré les propos tenus récemment par le Président Kagamé qui a dit que ‘la justice est là [pour décider de son sort], il est tout simplement inconcevable dans un État qui se dit gouverné par la règle de droit, que Laurent Nkunda soit détenu depuis plus de 15 mois sans avoir été présenté devant un juge, sans qu’un représentant du Gouvernement ne daigne venir s’expliquer devant la justice et sans que le Président, un de ses ministres ou un de ses représentants ne communique avec moi suite aux multiples lettres que je leur ai fait parvenir par huissier". L'avocat de Nkunda rappelle également que James Kabarebe risuqe une peine allant jusqu'à 20 années de prison, "si son rôle dans l'affaire Nkunda est établi".

Au cours de cette première audience, le Tribunal militaire a reporté d'un mois l'examen prévu le mardi 11 mai d'une demande de remise en liberté de l'ancien leader tutsi congolais.Raison invoquée ? un problème de traduction. Pour la défense de Laurent Nkunda, il s'agit d'un subterfuge : "les avocats parlant au nom de James Kabarebe sans autorisation ont d’abord exigé que les procédures soient menées entièrement en Kinyarwanda, ce qui est étonnant dans la mesure ou une très grande partie du travail judiciaire de ce pays se fait en français ou en anglais". L'audience a donc été reporté de 30 jours.

Dernier problème évoqué par l'avocat de Laurent Nkunda : l'indépendance du Tribunal militaire. Dans l'affaire Nkunda impliquant le Général James Kabarebe, actuellement Ministre de la défense nationale, Stéphane Bourgon note que c'est "le Ministre de la défense qui propose les nominations des juges et qui propose aussi le renvoi d’un juge pour cause d’incompétence, il est permis d’en douter !" estime l'avocat de Laurent Nkunda.

Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier (le Rwanda et la RDC) n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.

Christophe Rigaud

06 mai 2010

RDC : Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ?

L'ex-rebelle congolais Laurent Nkunda, détenu depuis plus d'un an au Rwanda, doit être fixé sur son sort le 11 mai prochain. Le Tribunal militaire de Kigali doit en effet examiner une demande de remise en liberté de l'ex-chef tutsi. Au coeur d'une bataille juridique complexe, l'avenir de Laurent Nkunda est suspendu aux difficiles relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Seul fait nouveau : l'ancien chef d'Etat-major rwandais, James Kabarebe est maintenant ministre de la défense de son pays. Il a lui-même arrêté l'ex-général Nkunda après un brusque renversement d'alliance en janvier 2009.

Afrikarabia logo.pngPour la défense de Laurent Nkunda l'ancien chef d'état-major des armées rwandaises, le général James Kabarebe, est responsable de l'arrestation et de la mise en détention illégales de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda, s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire. La RDC voisine, nouveau partenaire de Kigali, demande son extradition, mais le Rwanda n'a pas réellement intérêt à laisser partir son ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratrique du Congo. Laurent Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ? Certainement pas, les deux protagonistes n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa. Reste à trouver un tour de passe-passe juridique pour maintenir Nkunda au frais et résoudre l'imbroglio judiciaire qui entoure la légalité de sa détention.

Christophe Rigaud

28 février 2010

RDC : Kabarebe devrait s'expliquer sur l'arrestation de Laurent Nkunda

Selon les avocats de la famille de l'ex rebelle congolais, Laurent Nkunda, le général James Kabarebe, Chef d’Etat-major Général des Forces de Défense du Rwanda (RDF) doit comparaître devant la Cour Suprême du Rwanda lundi 1er mars 2010. Il doit répondre de la détention illégale de Laurent Nkunda, l'ancien leader du CNDP en République démocratique du Congo (RDC).

Afrikarabia logo.pngDans une requête du 30 Novembre 2009 au greffe de la plus haute juridiction du Rwanda, les avocats du général Nkunda avaient cité le général James Kabarebe comme auteur principal de la détention illégale de leur client. Dans un communiqué, les avocats de Laurent Nkunda indiquent "qu' au cours de la première audience convoquée par la Cour Suprême du Rwanda dans ce dossier le 13 janvier dernier, Madame la Présidente de cette haute juridiction avait accédé à la requête écrite du Général James KABAREBE sollicitant une remise d’audience au motif que les obligations de service empêcheraient sa disponibilité avant la date du 26 février 2010".

Une nouvelle audience a donc été convoquée lundi 1er mars 2010 au cours de laquelle, James Kabarebe devra se présenter accompagné de Laurent Nkunda.rapellons que Laurent Nkunda est détenu au Rwanda depuis le 22 janvier 2009. 400 jours d'emprisonnement, sans qu'on lui ai signifié les motifs de son arrestation, ni présenté devant une juridiction pour être entendu.

 

27 février 2010

Nicolas Sarkozy au Rwanda espère reprendre pied en Afrique centrale

La visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda vient mettre un terme à une brouille diplomatique qui empoisonnait les relations entre Paris et Kigali depuis le génocide de 1994. Le président français a reconnu des "erreurs" mais sans excuse. Des efforts qui s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de la France pour assurer sa présence dans la région des Grands Lacs. Le journaliste et écrivain Jean-François Dupaquier était à Kigali dans les pas de Nicolas Sarkozy... décryptage.

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« Ce qu'il s'est passé au Rwanda dans les années 1990 est une défaite pour l'humanité tout entière. Je l’ai constaté encore au Mémorial où tout est raconté de façon pudique et digne. Ce qu'il s'est passé ici a laissé une trace indélébile. (...) Ce qu'il s'est passé ici oblige la communauté internationale, dont la France, à réfléchir à ses erreurs qui l'ont empêchée de prévenir et d'arrêter ce crime épouvantable", a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 25 février, lors d'une conférence de presse commune avec le président du Rwanda, Paul Kagamé, à Kigali.
« Nous savons que pour le président Paul Kagame cette rencontre est un geste fort et qu’au Rwanda, ça pose question. Pour nous, venir ici est un geste fort qui fait débat aussi dans notre pays. Mais le devoir des chefs d’Etat, c’est de voir plus loin, pour organiser l’avenir », a poursuivi Nicolas Sarkozy devant quelque soixante-dix journalistes et techniciens des médias, dont une bonne moitié de Rwandais.`

Auparavant, Nicolas Sarkozy s’était rendu au Mémorial du génocide à Kigali, à la fois un cimetière où sont déposés les restes de 240 000 victimes du génocide, et un musée  qui retrace l’histoire du Rwanda. Ce lieu très didactique expose la dérive du Rwanda sous mandat belge avec la mise en place de cartes d’identité ethniques dans les années 1930, qui allait aboutir à faire des deux communautés des entités politiques dressées à la méfiance et à l’incompréhension. Le rôle de la France de François Mitterrand et de son soutien militaire aveugle au régime de l’ancien président Juvénal Habyarimana, est souligné. Lorsque le guide du musée a évoqué "la responsabilité des Français", Nicolas Sarkozy est resté muet. Il s’est contenté de signer sur le livre d’or une formule compassionnelle plutôt convenue : « Au nom du peuple français, je m'incline devant les victimes du génocide des Tutsis en 1994 ».

Les Rwandais et leurs autorités attendent toujours un geste de repentance de la France officielle, à l’image des excuses présentées par la Belgique, par l’ONU et les Etats-Unis pour leur manque de réaction durant la tragédie de 1994 où quelque 800 000 Tutsi allaient être exterminés en cent jours. A une question posée par un journaliste sur ce geste, Nicolas Sarkozy a répondu « on en a parlé très franchement avec le président Kagame » qui « essaye d’amener toute la société rwandaise vers l’avenir, vers la réconciliation », mais que tout s’effectue « étape par étape, car chaque pays a son histoire ». Il n’a pas davantage commenté sa répugnance bien connue à toute « repentance historique ».

Le président américain Bill Clinton avait pour sa part déclaré en 1998 : "Nous n'avons pas agi assez vite après le début des massacres. Nous n'aurions pas du permettre que les camps de réfugiés deviennent des sanctuaires pour les tueurs. Nous n'avons pas immédiatement appelé ces crimes par leur nom correct : un génocide".


« Je ne suis pas ici pour faire un exercice de vocabulaire, mais pour réconcilier des nations, pour tourner une page », a ajouté le chef de l’Etat français. Il a annoncé que le Centre culturel français de Kigali, fermé depuis la rupture des relations diplomatiques en novembre 2006 rouvrirait ses portes au premier semestre de cette année, que l’école française Saint-Exupéry rouvrirait pour la rentrée scolaire 2010 et que l’antenne de RFI « reprendra ses émissions cette année après trois années d’interruption ». Il a ajouté : « C’est symbolique mais ça ne se limite pas à ça »

Interrogé sur l’enquête de l’ancien juge « antiterroriste » Jean-Louis Bruguière qui avait émis en novembre 2006 neuf mandats d’arrêt internationaux contre de hauts dignitaires du régime rwandais soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’attentat  contre l’avions du président Habyarimana le 6 avril 1994 (attentat qui devait servir de prétexte au déclenchement du génocide), Nicolas Sarkozy s’est borné à répondre que « comme l’a bien compris le président Kagame, en France la justice est indépendante. Même si j’ai mon avis sur la question, je respecte l’indépendance des juges et je n’en dirai pas plus » (Selon certaines indiscrétions, il aurait déclaré en aparté au président rwandais qu’il était en désaccord avec cette instruction).

Le président français a cependant ajouté qu’il voulait que les responsables du génocide soient retrouvés et punis où qu’ils se trouvent dans le monde. Concernant les suspects résidant en France, « c’est à la justice de dire leur responsabilité ». Il a ajouté que les autorités françaises venaient de refuser l’asile politique à « une des personnes concernées » (il s’agit vraisemblablement d’ Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président, donc le conseil d’Etat a confirmé récemment le refus d’asile politique, et qui est soupçonnée d’avoir joué un rôle important dans le génocide et aussi dans l’attentat qui a coûté la vie à son mari).

Enfin le président français a souhaité que, sur le génocide, les historiens fassent leur travail car lui même « n’est pas historien ».

Selon Colette Braeckman, l’une des meilleurs spécialistes du Rwanda, « Les blessures du génocide n’ont pas été cicatrisées par cette visite éclair, mais tel n’était pas le but de l’opération. Ce qui a prévalu, c’est le réalisme de la raison d’Etat, le fait que les deux pays aient décidé au plus haut niveau, que le temps de la guérilla, judiciaire, diplomatique, médiatique, était révolu et qu’il fallait désormais céder le pas à la justice, à l’aide au développement, aux échanges culturels…Même si elle n’est pas suffisante, cette étape est nécessaire à la guérison des esprits, car le négationnisme, dont la France fut souvent la chambre d’écho, ne cessait d’aviver les rancoeurs et les souffrances des uns, les espoirs de revanche des autres. Une page est tournée, un peu vite certes, mais elle représente un désaveu pour le clan des menteurs et un gage de paix pour toute la région des Grands Lacs… »

Une importante question était pendante entre les deux chefs d’Etat depuis que le Rwanda a été rattaché à sa demande au Commonwealth. Paul Kagame était invité à Nice pour le sommet entre l’Afrique et la France. Dans un geste de bonne volonté, le président rwandais venait d’annoncer à Nicolas Sarkozy qu’il  viendrait à Nice en juin prochain. « Ca n’efface pas toutes les douleurs, les erreurs, les difficultés, mais nous permet d’envisager l’avenir », a commenté le président français.

Interrogé enfin sur le développement, de l’anglais au Rwanda, Nicolas Sarkozy a expliqué que c’était bien normal pour un  pays au carrefour des mondes anglophone et francophone. Il a ironisé sur ceux qui voudraient que Paris s’oppose à Londres  en Afrique alors que les deux pays coopèrent quotidiennement dans l’Union européenne (une allusion transparente au « complexe de Fachoda » qui hantait François Mitterrand et avait conduit à l’intervention militaire française au Rwanda). Il a ajouté : « Regardez l’Afrique aujourd’hui : il n’y a plus de pré carré français et c’est très bien ainsi ».

Mais pratiquement rien n’a transpiré des propos échangés au cours du long déjeuner qui a précédé la conférence de presse en compagnie de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, et de son amie et homologue rwandaise Louise Mushikiwabo. On sait que Kigali est profondément agacé de l’impunité dont bénéficient en France les responsables des FDLR qui ont mis en coupe réglée le Nord Kivu, et que de son côté Paris compte sur Kigali pour reprendre pied dans cette partie du Congo aux immenses richesses minières.  Nicolas Sarkozy a seulement indiqué qu’il se félicitait des bonnes relations qui prévalent aujourd’hui entre le président Kabila à Kinshasa et le président Paul Kagame au Rwanda, « puisqu’ils se sont encore téléphoné la veille ».

A l’évidence, la diplomatie française s’affaire pour contribuer à améliorer les relations entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, et entend en tirer des dividendes politiques, économiques et culturels.

A Kigali,

Jean-François DUPAQUIER

25 février 2010

Sarkozy à Kigali, inquiétudes à Kinshasa

En RDC, la réconciliation annoncée entre la France et le Rwanda soulève de nombreuses interrogations. Les congolais se souviennent de la "nouvelle approche de paix" lancée par le président français en janvier 2009. Nicolas Sarokzy avait suggéré le "partage en commun de l’espace et des richesses minières" entre les deux voisins... une "balkanisation" qui redoute de nombreux congolais.

logo afkrb.pngSera-t-il question de la République démocratique du Congo (RDC) au cours de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Paul Kagame, le président du Rwanda ? Sans aucun doute. Le "plan Sarkozy", dénoncé en RDC, prévoyait un partage des richesses minières, dont regorge l'immense congo avec le "petit" Rwanda. Nicolas Sarkozy souhaitait ni plus ni moins mettre en place un "marché commun" pour favoriser les échanges économiques. Il n'en fallait pas plus pour les congolais d'y voir une "OPA" rawandaise sur le riche Kivu.

En visite officielle à Kinshasa, Nicolas Sarkozy s’était défendu de disposer d’un "plan". Selon lui, ses propos ont été "mal interprétés", et il avait réaffirmé son attachement à "l’intangibilité des frontières" de la République démocratique du Congo (RDC). "La première vérité, c’est que la souveraineté du Congo est inaliénable et la France sera toujours à vos côtés pour le respect de cette souveraineté", avait déclaré le président français à Kinshasa.

Pour rassurer tout le monde, l’ambassadeur de France en RDC, avait martelé que la "coopération régionale est un facteur de paix" et que "la balkanisation de la RDC n’a jamais été à l’ordre du jour en France". Quel discours tiendra Nicolas Sarkozy à Paul Kagame ?

Christophe Rigaud

06 février 2010

RDC-RWANDA : Un rapprochement pour rien ?

Après plus de 10 ans de conflits, la nouvelle alliance entre Kinshasa et Kigali pouvait laisser croire un retour à la paix au Kivu. En janvier 2009, un retournement d'alliance avait permis de neutraliser la rébellion de Laurent Nkunda, ancien allié du Rwanda et auourd'hui détenu par Kigali. Mais plus d'un an après, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est toujours le théâtre de violents affrontements entre groupes armés. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, ce rapprochement est un échec.

Drapeau RDC 2.jpgDrapeau Rwanda.jpgDans un article publié par Alternatives Internationales (1), un chercheur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur l'année écoulée au Kivu depuis l'arrestation du rebelle Laurent Nkunda. Un brusque renversement de situation, où les ennemis d'hier sont devenus les alliés d'aujourd'hui... la RDC de Joseph Kabila s'est en effet rapprochée du Rwanda de Paul Kagame. Les deux pays se sont retrouvés sur des objectifs communs : la neutralisation de la rébellion de Nkunda et la traque aux rebelles hutus des FDLR au Kivu.

Thierry Vircoulon porte un jugement sévère sur le bilan de se rapprochement. Même si Laurent Nkunda a effectivement été arrêté et si des opérations conjointes de chasse aux FDLR ont été mis en place (Umoja Wetu et Kimia II), les résultats sont "loin d'être à la hauteur" pour le chercheur français. Selon Thierry Vircoulon, "la traque aux FDLR a tourné court (...) et cette échec militaire coïncide avec l'absence de progrès dans la très attendue normalisation politique". L'ancien mouvement de Laurent Nkunda, le CNDP, attend toujours son intégration dans l'appareil décisionnaire congolais et son entrée au gouvernement. L'incorporation des troupes rebelles au sein de l'armée congolaise (FARDC) est tout aussi virtuelle et le CNDP continue de faire la loi dans ses fiefs (Masisi et Rutshru).

Pour ce spécialiste de l'Afrique, "l'histoire bégaie dans les Kivus (...) le processus de paix s'apparente en définitive à une pièce de théâtre maintes fois rejouée dont ni l'intrigue ni les rôles n'ont changé".

Christophe Rigaud

(1) "RD Congo : l'histoire bégaie dans les Kivus". Thierry Vircoulon - Alternatives Internationales - Décembre 2009.

 

25 janvier 2009

Pourquoi le Rwanda a-t-il arrêté Laurent Nkunda ?

Que cache l'arrestation de rebelle congolais Laurent Nkunda arrêté par son ancien allié, le Rwanda ?  La nouvelle a été  révélé par un communiqué signé par l’inspecteur général de la police nationale congolaise, John Numbi. Nkunda était entré au Rwanda pour discuter avec les autorités lorsqu'il a été arrêté, à la suite d’une opération militaire conjointe des armées congolaise et rwandaise.

Afrikarabia logo.pngPour Ali Kalonga du site internet www.krig.org : "il apparait que cette action avait un autre but caché, celui d’écarter Nkunda, devenu «incontrôlable». Avec le trafic des minerais, le chef rebelle cherchait à s’autofinancer c’est-à-dire ne plus dépendre du Rwanda. En plus, «il aurait même refusé d’aider les FARDC pour combattre les FDLR» dans le cadre de l’accord entre Kinshasa et Kigali, selon un diplomate en poste dans la région. Les soldats rwandais sont donc entrés officiellement au Kivu même si le commandant en chef de l’armée congolaise, Didier Etumba, a affirmé ignorer leur déploiement".

Nkunda, affaibli par une dissidence interne de Bosco Ntaganda, a été arrêté près de la ville de Ruhengeri. Il serait détenu dans un «endroit secret» selon un responsable de l’armée rwandaise sous couvert d’anonymat tandis qu’une source de la rébellion a affirmé que le «chairman serait en résidence surveillée à Gisenyi». Pour le chef des FDLR, Ignace Murwanashyaka, «cette arrestation ne change rien. Nkunda n’était qu’une marionnette entre les mains du Rwanda». Le limogeage de Nkunda de la tête du CNDP préfigure-t-il une nouvelle étape ? Celle qui conduirait à une occupation du Kivu par le Rwanda ? D’aucuns y voient le début de la balkanisation du Congo.

Christophe Rigaud

23 janvier 2009

Laurent Nkunda arrêté au Rwanda

Le général rebelle tutsi Laurent Nkunda a été arrêté au Rwanda après avoir tenté de résister aux forces rwandaises et congolaises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

L'arrestation de Nkunda est intervenue dans le cadre d'une mission conjointe de Kigali et Kinshasa contre les rebelles hutus rwandais retranchés en République démocratique du Congo. "Le commandement des opérations conjointes (...) informe le public que l'ex-général Laurent Nkunda a été arrêté jeudi 22 janvier à 22h30 alors qu'il fuyait en territoire rwandais après avoir résisté à nos troupes avec trois bataillons à Bunagana", ont déclaré les forces armées congolaises dans un communiqué.

Un contingent de 3500 soldats rwandais est entré mardi en RDC dans le cadre d'un accord avec le gouvernement de Kinshasa pour tenter de désarmer l'insurrection hutue des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). La semaine dernière, les chefs militaires du CNDP, emmenés par le général Bosco Ntaganda, ont annoncé un cessez-le-feu avec les forces gouvernementales après avoir rompu avec Nkunda.

20 janvier 2009

L'armée rwandaise est entrée en RDC

C'est bien officiel : depuis ce matin, des troupes rwandaises sont bien rentrées dans l'est de la République démocratique du Congo pour y traquer les rebelles hutus du FDLR (forces démocratiques de libération du Rwanda). Le déploiement d'environ 1 500 soldats a été confirmé par les Casques bleus de la Monuc, la présidence congolaise et depuis quelques heures par le gouvernement de Kigali.

Afrikarabia logo.pngLe 5 décembre, le Rwanda et la RDC avait annoncé leur décision d'en finir avec le FDLR, réfugié en RDC après le génocide rwandais de 1994. D'autre part, les rebelles tutsis de Laurent Nkunda ont annoncé, début janvier, un cessez-le-feu, ce qui laisse les mains libres aux troupes gouvernementales congolaises.

Sarkozy au chevet de la RDC

Autre élément à prendre en considération : les déclarations de Nicolas Sarkozy, la semaine dernière, sur une initiative de paix pour l'est de la RDC. Le président français a déclaré que la paix passait par "un partage de l'espace et des richesses", ce que des diplomates français traduisent par "exploitation commune des richesses du nord Kivu par la RDC et le Rwanda".  De nombreuses organisations s'étonne des solutions de sortie de crise proposées par Nicolas Sarkozy. L'Union du Congo relève notamment que "la France semble ignorer cyniquement la souveraineté de la République Démocratique du Congo. La France aurait-elle accepté, pour mettre un terme à la guerre entre 1940 et 1945, de partager quelques-unes de ses prérogatives avec l'occupant allemand ? D'autre part, Union du Congo refuse catégoriquement l'intégration économique du Kivu au Rwanda - l'intégrité territoriale de la République Démocratique du congé n'est nullement négociable. Union du Congo refuse donc que la République Démocratique du Congo soit transformée en libre-service minier au profit des intérêts anglo-saxons, ni en terre de repeuplement au profit du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda." L'inititaive de Nicolas Sarkozy pourrait se concrétiser en mars, lors de son voyage, en RDC.

Christophe RIGAUD