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31 mai 2010

Joseph Kabila boude le sommet Afrique-France

La République démocratique du Congo brillera par son absence au XXVe sommet Afrique-France de Nice. Le président Kabila sera une nouvelle fois absent d'un grand rendez-vous international. On sait que le président congolais n'apprécie guère ce genre d'événement... mais cette absence fera d'autant plus remarquée la présence du président rwandais Paul Kagame avec qui, Nicolas Sarkozy souhaite poursuivre son rapprochement diplomatique.

afrique.jpg38 dirigeants africains participeront à partir de lundi au XXVe sommet Afrique-France, qui se veut celui de la normalisation des relations entre le continent et l'ancienne puissance coloniale. Cette édition sera fortemment oritentée vers l'économie. Si les chefs d'Etat gardent la main sur les grandes questions abordées à huis clos (place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale, renforcement de la paix et sécurité, climat et développement), pour la première fois, la rencontre est ouverte à des acteurs non étatiques. Cinq ateliers rassembleront les représentants de 150 entreprises africaines et 80 françaises.

Joseph Kabila sera toutefois représenté durant ce sommet par son ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. L'absence du président Kabila met la France en difficulté pour ce sommet. Paris aurait souhaité pouvoir réunir autour d’une même table les dirigeants des pays des Grands Lacs (Burundi, Ouganda, RDC et Rwanda) et renforcer ainsi son influence dans la région... une occasion ratée pour Nicolas Sarkozy.

Christophe Rigaud

11:33 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (60) | Tags : rdc, rd congo, kabila, sarkozy, nice

02 mars 2010

Rwanda : Agathe Habyarimana arrêtée en France

Quelques jours seulement après la visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda, Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais Juvénal Habyarimana mort dans un attentat considéré comme le déclencheur du génocide de 1994, a été arrêtée ce matin à Courcouronnes (Essonne).

logo afkrb.pngMadame Habyarimana faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour "génocide" émis au Rwanda. Cette arrestation intervient quelques jours après la visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda où le président français a dit vouloir "tourner une page" et "réconcilier des nations" par le biais d'"une coopération économique, politique, culturelle" entre les deux pays.

Le Conseil d'Etat avait refusé à Agathe Habyarimana de se pourvoir en cassation contre le rejet de sa demande d'admission au statut de réfugié en France en octocre 2009.

Exfiltrée du Rwanda le 9 avril 1994 par les militaires français, elle a vécu ensuite au Zaïre et en France, sans véritable titre de séjour. En 1998, le Gabon lui a délivré, sous une fausse identité, un passeport diplomatique.

27 février 2010

Nicolas Sarkozy au Rwanda espère reprendre pied en Afrique centrale

La visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda vient mettre un terme à une brouille diplomatique qui empoisonnait les relations entre Paris et Kigali depuis le génocide de 1994. Le président français a reconnu des "erreurs" mais sans excuse. Des efforts qui s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de la France pour assurer sa présence dans la région des Grands Lacs. Le journaliste et écrivain Jean-François Dupaquier était à Kigali dans les pas de Nicolas Sarkozy... décryptage.

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« Ce qu'il s'est passé au Rwanda dans les années 1990 est une défaite pour l'humanité tout entière. Je l’ai constaté encore au Mémorial où tout est raconté de façon pudique et digne. Ce qu'il s'est passé ici a laissé une trace indélébile. (...) Ce qu'il s'est passé ici oblige la communauté internationale, dont la France, à réfléchir à ses erreurs qui l'ont empêchée de prévenir et d'arrêter ce crime épouvantable", a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 25 février, lors d'une conférence de presse commune avec le président du Rwanda, Paul Kagamé, à Kigali.
« Nous savons que pour le président Paul Kagame cette rencontre est un geste fort et qu’au Rwanda, ça pose question. Pour nous, venir ici est un geste fort qui fait débat aussi dans notre pays. Mais le devoir des chefs d’Etat, c’est de voir plus loin, pour organiser l’avenir », a poursuivi Nicolas Sarkozy devant quelque soixante-dix journalistes et techniciens des médias, dont une bonne moitié de Rwandais.`

Auparavant, Nicolas Sarkozy s’était rendu au Mémorial du génocide à Kigali, à la fois un cimetière où sont déposés les restes de 240 000 victimes du génocide, et un musée  qui retrace l’histoire du Rwanda. Ce lieu très didactique expose la dérive du Rwanda sous mandat belge avec la mise en place de cartes d’identité ethniques dans les années 1930, qui allait aboutir à faire des deux communautés des entités politiques dressées à la méfiance et à l’incompréhension. Le rôle de la France de François Mitterrand et de son soutien militaire aveugle au régime de l’ancien président Juvénal Habyarimana, est souligné. Lorsque le guide du musée a évoqué "la responsabilité des Français", Nicolas Sarkozy est resté muet. Il s’est contenté de signer sur le livre d’or une formule compassionnelle plutôt convenue : « Au nom du peuple français, je m'incline devant les victimes du génocide des Tutsis en 1994 ».

Les Rwandais et leurs autorités attendent toujours un geste de repentance de la France officielle, à l’image des excuses présentées par la Belgique, par l’ONU et les Etats-Unis pour leur manque de réaction durant la tragédie de 1994 où quelque 800 000 Tutsi allaient être exterminés en cent jours. A une question posée par un journaliste sur ce geste, Nicolas Sarkozy a répondu « on en a parlé très franchement avec le président Kagame » qui « essaye d’amener toute la société rwandaise vers l’avenir, vers la réconciliation », mais que tout s’effectue « étape par étape, car chaque pays a son histoire ». Il n’a pas davantage commenté sa répugnance bien connue à toute « repentance historique ».

Le président américain Bill Clinton avait pour sa part déclaré en 1998 : "Nous n'avons pas agi assez vite après le début des massacres. Nous n'aurions pas du permettre que les camps de réfugiés deviennent des sanctuaires pour les tueurs. Nous n'avons pas immédiatement appelé ces crimes par leur nom correct : un génocide".


« Je ne suis pas ici pour faire un exercice de vocabulaire, mais pour réconcilier des nations, pour tourner une page », a ajouté le chef de l’Etat français. Il a annoncé que le Centre culturel français de Kigali, fermé depuis la rupture des relations diplomatiques en novembre 2006 rouvrirait ses portes au premier semestre de cette année, que l’école française Saint-Exupéry rouvrirait pour la rentrée scolaire 2010 et que l’antenne de RFI « reprendra ses émissions cette année après trois années d’interruption ». Il a ajouté : « C’est symbolique mais ça ne se limite pas à ça »

Interrogé sur l’enquête de l’ancien juge « antiterroriste » Jean-Louis Bruguière qui avait émis en novembre 2006 neuf mandats d’arrêt internationaux contre de hauts dignitaires du régime rwandais soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’attentat  contre l’avions du président Habyarimana le 6 avril 1994 (attentat qui devait servir de prétexte au déclenchement du génocide), Nicolas Sarkozy s’est borné à répondre que « comme l’a bien compris le président Kagame, en France la justice est indépendante. Même si j’ai mon avis sur la question, je respecte l’indépendance des juges et je n’en dirai pas plus » (Selon certaines indiscrétions, il aurait déclaré en aparté au président rwandais qu’il était en désaccord avec cette instruction).

Le président français a cependant ajouté qu’il voulait que les responsables du génocide soient retrouvés et punis où qu’ils se trouvent dans le monde. Concernant les suspects résidant en France, « c’est à la justice de dire leur responsabilité ». Il a ajouté que les autorités françaises venaient de refuser l’asile politique à « une des personnes concernées » (il s’agit vraisemblablement d’ Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président, donc le conseil d’Etat a confirmé récemment le refus d’asile politique, et qui est soupçonnée d’avoir joué un rôle important dans le génocide et aussi dans l’attentat qui a coûté la vie à son mari).

Enfin le président français a souhaité que, sur le génocide, les historiens fassent leur travail car lui même « n’est pas historien ».

Selon Colette Braeckman, l’une des meilleurs spécialistes du Rwanda, « Les blessures du génocide n’ont pas été cicatrisées par cette visite éclair, mais tel n’était pas le but de l’opération. Ce qui a prévalu, c’est le réalisme de la raison d’Etat, le fait que les deux pays aient décidé au plus haut niveau, que le temps de la guérilla, judiciaire, diplomatique, médiatique, était révolu et qu’il fallait désormais céder le pas à la justice, à l’aide au développement, aux échanges culturels…Même si elle n’est pas suffisante, cette étape est nécessaire à la guérison des esprits, car le négationnisme, dont la France fut souvent la chambre d’écho, ne cessait d’aviver les rancoeurs et les souffrances des uns, les espoirs de revanche des autres. Une page est tournée, un peu vite certes, mais elle représente un désaveu pour le clan des menteurs et un gage de paix pour toute la région des Grands Lacs… »

Une importante question était pendante entre les deux chefs d’Etat depuis que le Rwanda a été rattaché à sa demande au Commonwealth. Paul Kagame était invité à Nice pour le sommet entre l’Afrique et la France. Dans un geste de bonne volonté, le président rwandais venait d’annoncer à Nicolas Sarkozy qu’il  viendrait à Nice en juin prochain. « Ca n’efface pas toutes les douleurs, les erreurs, les difficultés, mais nous permet d’envisager l’avenir », a commenté le président français.

Interrogé enfin sur le développement, de l’anglais au Rwanda, Nicolas Sarkozy a expliqué que c’était bien normal pour un  pays au carrefour des mondes anglophone et francophone. Il a ironisé sur ceux qui voudraient que Paris s’oppose à Londres  en Afrique alors que les deux pays coopèrent quotidiennement dans l’Union européenne (une allusion transparente au « complexe de Fachoda » qui hantait François Mitterrand et avait conduit à l’intervention militaire française au Rwanda). Il a ajouté : « Regardez l’Afrique aujourd’hui : il n’y a plus de pré carré français et c’est très bien ainsi ».

Mais pratiquement rien n’a transpiré des propos échangés au cours du long déjeuner qui a précédé la conférence de presse en compagnie de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, et de son amie et homologue rwandaise Louise Mushikiwabo. On sait que Kigali est profondément agacé de l’impunité dont bénéficient en France les responsables des FDLR qui ont mis en coupe réglée le Nord Kivu, et que de son côté Paris compte sur Kigali pour reprendre pied dans cette partie du Congo aux immenses richesses minières.  Nicolas Sarkozy a seulement indiqué qu’il se félicitait des bonnes relations qui prévalent aujourd’hui entre le président Kabila à Kinshasa et le président Paul Kagame au Rwanda, « puisqu’ils se sont encore téléphoné la veille ».

A l’évidence, la diplomatie française s’affaire pour contribuer à améliorer les relations entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, et entend en tirer des dividendes politiques, économiques et culturels.

A Kigali,

Jean-François DUPAQUIER

25 février 2010

Sarkozy à Kigali, inquiétudes à Kinshasa

En RDC, la réconciliation annoncée entre la France et le Rwanda soulève de nombreuses interrogations. Les congolais se souviennent de la "nouvelle approche de paix" lancée par le président français en janvier 2009. Nicolas Sarokzy avait suggéré le "partage en commun de l’espace et des richesses minières" entre les deux voisins... une "balkanisation" qui redoute de nombreux congolais.

logo afkrb.pngSera-t-il question de la République démocratique du Congo (RDC) au cours de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Paul Kagame, le président du Rwanda ? Sans aucun doute. Le "plan Sarkozy", dénoncé en RDC, prévoyait un partage des richesses minières, dont regorge l'immense congo avec le "petit" Rwanda. Nicolas Sarkozy souhaitait ni plus ni moins mettre en place un "marché commun" pour favoriser les échanges économiques. Il n'en fallait pas plus pour les congolais d'y voir une "OPA" rawandaise sur le riche Kivu.

En visite officielle à Kinshasa, Nicolas Sarkozy s’était défendu de disposer d’un "plan". Selon lui, ses propos ont été "mal interprétés", et il avait réaffirmé son attachement à "l’intangibilité des frontières" de la République démocratique du Congo (RDC). "La première vérité, c’est que la souveraineté du Congo est inaliénable et la France sera toujours à vos côtés pour le respect de cette souveraineté", avait déclaré le président français à Kinshasa.

Pour rassurer tout le monde, l’ambassadeur de France en RDC, avait martelé que la "coopération régionale est un facteur de paix" et que "la balkanisation de la RDC n’a jamais été à l’ordre du jour en France". Quel discours tiendra Nicolas Sarkozy à Paul Kagame ?

Christophe Rigaud

16 février 2009

Sarkozy ne veut pas "démembrer" la RDC

Le Président français semble faire marche arrière dans la presse congolaise ce matin, devant le tollé qu'avait suscité ses récentes déclarations sur la situation au Nord-Kivu. La  France n'a aucune volonté de "démembrement" de la République démocratique du Congo (RDC), affirme le président français.

nicolas-sarkozy-president-photo-officielle.jpg"Mais pourquoi me parlez-vous de démembrement? Qui a dit cela? Ai-je jamais dit une telle chose, si contraire aux positions constantes de la France ?", indique Nicolas Sarkozy dans un entretien publié par plusieurs quotidiens congolais.  "La souveraineté de la RDC et l'intangibilité de ses frontières sont des principes sacrés. Si un pays continuera de se battre pour garantir leur plein respect, ce sera bien la France", lance-t-il. "La France a toujours été, et elle restera toujours un allié fidèle de la RDC. Les polémiques n'ont pas lieu d'être et les procès qui nous sont faits sont sans fondement", conclu-t-il.

Le 16 janvier, le chef de l'Etat français avait évoqué "la place, la question de l'avenir du Rwanda", pays "à la démographie dynamique et à la superficie petite" et "la question de la RDC, pays à la superficie immense et à l'organisation étrange des richesses frontalières". Ces propos avaient suscité une vive polémique en RDC, où l'on parlait de projet de "balkanisation" du pays, au centre de guerres régionalLe Président français doit effectuer prochainement une visite en RDC... d'où le désarmorçage de la polémique ce matin.  La date de cette visite n'a pas été annoncée officiellement mais elle devrait intervenir fin mars.