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10 avril 2010

RDC : Un député MLC arrêté à Mbandaka

Suite à l'attaque de Mbandaka par des insurgés la semaine dernière, le député d'opposition Oscar Molambo (MLC) a été arrêté pour son implication supposée dans l'insurrection qui avait fait une dizaine de victimes. La capitale provinciale de l'Equateur, au Nord-Ouest de la République démocratique du congo (RDC) reste toujours le fief du sénateur MLC, Jean-Pierre Bemba, actuellement incarcéré par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Le MLC dénonce une chasse aux opposants à Kinshasa dans cette province.

carte RDC Afrikarabia Mbandaka.jpgLe porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende vient d'indiquer que des députes de l’opposition étaient impliqués dans l’insurrection. Le ministre s'est bien gardé de livrer des noms, mais il a toutefois confirmé l’arrestation d’Oscar Molambo, député MLC de l'Equateur, fief du principal opposant au président Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba. L'ancien vice-président Bemba doit aujourd'hui répondre de crimes de guerre devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, pour des faits commis par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003. Seul concurrent capable de battre Joseph Kabila aux prochaines élections présidentielles de 2011, Jean-Pierre Bemba pourrait bien ne pas participer au scrutin si la CPI le retient en prison.

Le parti de Bemba, le MLC, dénonce une chasse à l'opposition et rejette toute participation du MLC aux combats de dimanche dernier. Francois Mwamba, secrétaire général du MLC regrette l’incapacité du gouvernement à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire mais ne se dit pas surpris par les événements de Mbandaka. Francois Mwamba  dénonce l’arrestation du parlementaire MLC et indique attendre des explications du premier ministre Adolphe Muzito.

Mbandaka (RDC) : Kinshasa en colère contre la Monuc

A quelques mois du départ des premiers casques bleus de RDC, la charge du gouvernement congolais contre la Monuc ressemble à un réglement de compte. Kinshasa accuse en effet l'ONU de n'avoir pas protégé les civils lors de l'attaque de Mbandaka, dans la province de l'Equateur. Pour autant, le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) ne souhaite pas retarder le retrait de la Monuc. Ces accusations interviennent au moment où Kinshasa voudrait voir les casques bleus quitter le pays à partir du mois de juin.

Logo ONU.jpgC'est le ministre de l'Information, Lambert Mende, qui est monté au créneau : il accuse les casques bleus de la Monuc d'être restés "confortablement dans leur cantonnement" alors que la première victime était "tuée sous leurs yeux". "Cela met sérieusement en question la méthodologie mise en place par la mission de l'Onu qui est de protéger les civils", d'après Lambert Mende.

La Monuc a bien entendu démenti la version des faits et a affirmé qu'il n'était pas certain que l'incident aurait un impact sur un possible plan de retrait... le bras de fer continue donc entre l'ONU et Kinshasa pour obtenir un retrait des troupes avant les festivités du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la RDC, en juin prochain.

08 avril 2010

RDC : 2010 sera une année charnière

Selon l'ONG Oxfam, 2010 sera décisive pour la République démocratique du Congo. Non seulement le pays célèbrera en juin le cinquantième anniversaire de son indépendance, mais le rôle de la MONUC et les conditions de son départ devront être définis avant le 31 mai et de nouvelles élections doivent être organisées. En outre, la France doit mener une mission du Conseil de Sécurité sur place en avril et a prévu d’organiser un Forum régional pour la coopération dans les Grands Lacs cette année.

DSC04125 copie.jpgPour cette ONG, ce calendrier chargé doit être l’occasion de s’attaquer enfin aux causes structurelles du conflit et mettre fin à l’insécurité, à la pauvreté, au pillage des ressources et à la corruption généralisée. C’est ce constat qui a poussé Oxfam France, le CCFD – Terre solidaire, le Secours catholique – Caritas France, le COSI Promouvoir et défendre les droits, le RéFAC – Réseau France Afrique Centrale ainsi que les organisations congolaises CNONGD, RODHECIC et la Commission épiscopale Justice et Paix, et le réseau d’ONG européennes Eurac à lancer une campagne intitulée «15 ans de guerre – tout un avenir à reconstruire » [1] pour mobiliser le grand public et interpeller les autorités françaises.

Depuis près de 15 ans, la RDC est le théâtre de combats entre divers groupes congolais et étrangers, ainsi qu’entre ces groupes et l’armée nationale. Ces conflits armés se traduisent par la mort de très nombreux civils, le déplacement de millions de personnes, la généralisation des violences sexuelles et l’effondrement des services sociaux de base. Les opérations de désarmement forcé de 2009 dans l’Est du pays ont entraîné le déplacement de plus de 900 000 personnes. Plus de 9 000 maisons ont été détruites, plus de 8 000 cas de viols rapportés et au moins 1 433 civils tués [2].

Pour les membres de la campagne « 15 ans de guerre – tout un avenir à reconstruire », la France, tant au sein de l’Union européenne que du Conseil de sécurité des Nations unies, peut jouer un rôle de premier plan en faveur d’une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs.

Oxfam demande à la France de :

- Protéger les populations civiles en apportant un appui cohérent et axé sur les droits de l’Homme à une réforme en profondeur de l’armée, de la police et de la justice, en veillant à la mise en œuvre effective du mandat actuel de la MONUC, dont toute perspective de retrait dépendra d’une amélioration tangible de la sécurité des populations, et en préférant le désarmement volontaire aux options essentiellement militaires ;

- Garantir l’accès aux services de base en mobilisant les ressources nécessaires à la mise en œuvre d’un ” plan Marshall ” pour la RDC, en permettant un suivi indépendant du budget et de l’aide par la société civile congolaise et en œuvrant en faveur d’une véritable réforme foncière ;

- Renforcer les processus démocratiques et citoyens en soutenant les élections locales, en poursuivant le processus de décentralisation et en appuyant davantage la participation de la société civile, notamment des femmes, à la construction de la paix et à la démocratisation ;

- Mettre fin à la militarisation de l’exploitation et du commerce des ressources naturelles en exigeant la ” diligence raisonnable “, en aidant à mettre en œuvre un dispositif multilatéral de certification et en demandant que tous ceux qui bénéficient du trafic illégal de ces ressources fassent l’objet de poursuites appropriées.

www.oxfamfrance.org

Photo (c) afrikarabia.com

 

28 mars 2010

RDC : Révision ou "tripatouillage" constitutionnel ?

Depuis le 15 mars dernier, une révision constitutionnelle est envisagée par l'Assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC). Portée par la moitié des 500 députés congolais, cette révision portera sur le processus de décentralisation, mais également sur le scrutin présidentiel et ce, un an seulement avant la prochaine élection. Une révision que personne ne juge indispensable et qui apparaît comme un simple calcul électoral.

DSC02393 copie.jpgLa révision proposée par les parlementaires souhaite d'abord supprimer le passage de 11 à 26 provinces prévu dans l'article 2 de la Constitution, de même que les 40% de recette que les provinces peuvent retenir à la source. Ces mesures visent clairement à stopper le processus de décentralisation de la RDC et à en réduire l'autonomie financière. De la taille d'un continent, la République démocratique du congo est un pays difficile à administrer et Kinshasa semble vouloir faire marche arrière et "re-concentrer" ainsi les pouvoirs.

Autre cheval de bataille de cette révision : le scrutin présidentiel. A quelques mois des prochaines élections, difficile de ne pas y voir un "tripatouillage" électoral de dernière minute. Aujourd'hui organisé en deux tours, le scrutin pourrait passer à un seul tour ou être maintenu à deux, mais en rallongeant la durée entre les deux tours (deux mois au lieu des deux semaines actuelles). De nombreux partis (dont le MLC) ou organisations politiques critiquent vivement cette révision. Union du Congo se demande si "la majorité présidentielle a peur de ne pas gagner l'élection avec le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, au point de vouloir modifier la Constitution au profit du mode de scrutin à un tour ? L'éventualité de l'allongement de l'intervalle entre les deux tours à deux mois, et non plus deux semaines, préfigure-t-elle l'intention de l'AMP de bloquer le processus électoral au second tour au cas où les données lui seraient défavorables ?" On peut effectivement se demander quelle urgence nécessite cette modification de dernière minute.

Une proposition de loi changerait également le mode de désignation des gouverneurs, qui ne seraient plus élus par les députes provinciaux mais désignés par le parti ou la coalition qui est majoritaire au sein de l'Assemblée provinciale. La dernière modification, qui fait aussi grincer des dents, concerne la composition du Conseil supérieur de la magistrature qui serait ouvert à des non magistrats et présidé par le chef de l'Etat. Pour être approuvée, cette révision constitutionnelle doit recueillir la majorité des 3/5èmes des membres de l'Assemblée natioale et du Sénat congolais

Christophe Rigaud

Photo (c) afrikarabia.com