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17 juin 2010

RDC : Les fauteurs de guerre

Depuis plus de 10 ans, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre de guerres à répétition. Au premier rang des responsables de ce conflit sans fin, de multiples mouvements rebelles soutenus par le Rwanda ou l'Ouganda ainsi que le pouvoir congolais incapable d'assurer la sécurité sur son territoire et coupable d'exactions sur les populations civiles. Voici le portrait des différents groupes armés impliqués dans cette guerre qui ne veut pas finir.

DSC03855 copie.jpgFDLR : Les Forces démocratiques de libération du Rwanda
Premier sur la liste des mouvements rebelles, les FDLR se composent d’anciens membres de l’armée du président Juvénal Habyarimana et de miliciens Interahamwe. Après avoir été mis en déroute par les soldats du président Paul Kagamé à la suite du génocide, ils s’étaient regroupés en RDC pour fomenter une reprise du pouvoir à Kigali, en formant un groupe armé qui a finalement donné naissance aux FDLR. L’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila a conclu une alliance avec les FDLR pour lutter contre l’influence de Kigali dans l’est du Congo après 1998 et certains membres ont intégré son armée. Mais Joseph Kabila, son fils, aujourd’hui à la tête de l’Etat congolais, a autorisé les troupes rwandaises à pénétrer en RDC en 2009 pour traquer les FDLR. Selon les estimations des sources du secteur onusien de la sécurité, les FDLR comptent aujourd’hui 3 000 hommes, contre 6 000 en 2009.

Le groupe a un bras armé, les FOCA (Forces combattantes Abacunguzi), actives dans le Sud-Kivu. Les FDLR se sont alliées à d’autres groupes, notamment aux Forces républicaines fédéralistes (FRF) de Michel Rukunda, une milice du Sud-Kivu qui déclare défendre les intérêts des Banyamulenges (Tutsis congolais), et à certains groupes Maï-Maï.

Les Maï-Maï
Leurs combattants, qui s’aspergent « d’eau magique pour se protéger des balles », sont pour la plupart membres de milices d’autodéfense ad hoc, formées par les leaders locaux, qui arment de jeunes hommes dans les villages, souvent en fonction des différences ethniques. Certaines grandes milices Maï-Maï sont plus connues, notamment les Patriotes résistants congolais (PARECO) ou l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui se sont jointes au processus de paix en mars 2009, en promettant de se convertir en partis politiques pacifiques.

Le 2 juin, 500 membres du groupe Maï-Maï Kifuafua ont de nouveau rejoint leurs positions, à Walikale, dans le Nord-Kivu, soutenant que leur intégration convenue au sein de l’armée avait trop tardé. La plupart des groupes Maï-Maï sont des forces locales portant le nom de leur chef. Le groupe Yakutumba, du nom du « major-général » qui le dirige, a enlevé huit travailleurs humanitaires au Sud-Kivu, en avril.

CNDP :
Le Congrès national pour la défense du peuple
Le CNDP a menacé d’envahir Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, en novembre 2008. Par la suite, le Rwanda a assigné à résidence Laurent Nkunda, son chef. Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), a remplacé Laurent Nkunda et accepté d’orienter le mouvement vers la paix. En mars 2009, le CNDP s’est converti en parti politique et 3 000 à 4 000 de ses combattants ont intégré l’armée congolaise. Environ 1 000 à 2 000 autres résistent à l’intégration.
Selon la plupart des experts, le CNDP a conservé ses chaînes de commandement au sein de l’armée. Le groupe, qui administre en grande partie le district de Masisi, se livre à diverses activités dans le Nord-Kivu, de l’exploitation minière artisanale au trafic de charbon, en passant par l’extorsion. Il est accusé d’avoir organisé le transfert de ses partisans rwandais à Masisi, ce qui a provoqué des frictions entre les Rwandais de RDC et les autres groupes ethniques.

FPLC :
Les Forces patriotiques pour la libération du Congo
Ce groupe, actif dans le Nord-Kivu, est dirigé par le général Gad Ngabo, qui a récemment franchi la frontière ougandaise pour pénétrer dans le territoire congolais de Rutshuru. Selon différentes sources, le général recruterait au sein de différentes ethnies, regroupant des forces pour disputer au CNDP le contrôle de certaines zones du Nord-Kivu. Ce groupe compterait quelques centaines de combattants.

ADF/NALU : Les Forces démocratiques alliées/Armée nationale de libération de l'Ouganda
Quoique converti plusieurs fois à l’islam et au catholicisme, Jamil Mukulu, chef rebelle ougandais, a fondé un groupe militant musulman au début des années 1990. Sous la pression de l’armée ougandaise, il y a enrôlé des officiers du régime de l’ancien dictateur Amin Dada et l’a fusionné avec la NALU, autre mouvement rebelle ougandais qui abriterait les partisans de l’ancien président Milton Obote.
Depuis qu’elle a franchi la frontière pour pénétrer en RDC, au milieu des années 1990, cette milice est restée dans la zone de Beni, dans le Nord-Kivu. Selon les analystes, il s’agit d’un groupe « à l’état latent », comptant environ 1 300 hommes. Des pourparlers de paix entre l’ADF/NALU, l’Ouganda et la RDC ont été engagés en 2009, sous la médiation des Nations Unies, mais en avril, l’armée congolaise a attribué à une coalition entre les ADF/NALU et des combattants Maï-Maï locaux la responsabilité d’une attaque meurtrière perpétrée contre un centre d’entraînement militaire situé à Beni.

LRA :
L’Armée de résistance du Seigneur
Joseph Kony a fondé la « Holy Spirit Mobile Force 2 » (Deuxième Force mobile du Saint-Esprit) dans le nord de l’Ouganda en 1987, après la mise en déroute d’un groupe rebelle du même nom par le gouvernement du président Yoweri Museveni, auquel celui-ci tentait de s’opposer. En 1989, Joseph Kony a rebaptisé la milice l’Armée de résistance du Seigneur, déclarant avoir pour objectif d’instaurer en Ouganda une théocratie d’inspiration chrétienne.
La LRA s’est d’abord introduite au Sud-Soudan au milieu des années 1990, mais l’accord de paix soudanais de 2005 et l’inculpation de Joseph Kony par la CPI a forcé le groupe à se réfugier en RDC, dans le parc national de la Garamba. En décembre 2008, les armées ougandaise, sud-soudanaise et congolaise ont lancé une offensive collective à la Garamba, sans pourtant réussir à éliminer l’état-major de la LRA. Le groupe, divisé en petites unités, se déplace à pied dans les Uélés (districts situés dans le nord-est du Congo), dans l’est de la République centrafricaine (RCA) et dans certaines régions du Sud-Soudan.
Entre décembre 2007 et avril 2010, le groupe aurait tué 1 796 civils et en aurait enlevé 2 377 au Congo. Il est particulièrement connu pour recruter de force des enfants soldats, transformer de jeunes garçons en tueurs et utiliser des fillettes comme porteuses ou comme esclaves sexuelles. Les membres du groupe mutilent également les lèvres et les oreilles de leurs victimes pour terroriser la population.

FRPI/FPJC :
La Force de résistance patriotique en Ituri/Front populaire pour la justice au Congo
La FRPI et sa faction dissidente, le FPJC, sont actifs dans le sud de l’Ituri, où ils combattent les forces du gouvernement et les forces onusiennes de maintien de la paix. Germain Katanga, ancien commandant de la FRPI, comparaît actuellement devant la CPI aux côtés de deux autres chefs miliciens de l’Ituri pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; il est notamment accusé d’avoir recruté des enfants soldats, et de s’être rendu coupable de massacres de masse et de viols. Selon les analystes, ce groupe est « résiduel », mais ses répercussions humanitaires restent importantes.
En 2009, environ 5 000 personnes ont fui pour se réfugier dans la forêt de Mokato-Ngazi à la suite d’affrontements entre l’armée congolaise et les militants des FRPI/FPJC. Lorsque les forces gouvernementales et les organisations humanitaires sont parvenues à se rendre dans la zone, trois mois plus tard, un nombre indéterminé de ces déplacés étaient morts de faim. Jean-Claude Baraka, chef du FPJC, a récemment été arrêté. En revanche, le « Colonel Cobra » Matata, chef de la FRPI, qui avait accepté d’intégrer l’armée nationale, aurait déserté au début du mois pour rejoindre sa milice, en Ituri.

Enyele/Le Mouvement de libération indépendant et alliés (MILIA)
Des tensions ethniques datant de l’époque coloniale ont éclaté en novembre dernier dans la province d’Equateur, dans le nord-ouest du pays. Les membres du groupe Lobala, connu sous le nom « d’Enyele », du nom du village où les flambées de violence ont éclaté pour des questions de droits de pêche, ont d’abord attaqué la ville frontalière de Dongo, mettant en déroute les forces de police qui avaient été déployées pour les réprimer. Les civils ont fui de l’autre côté du fleuve, en République du Congo, et seuls 20 000 habitants sont revenus.
Adoptant l’acronyme MILIA, le groupe s’est déplacé vers le sud, à travers la jungle, prenant d’assaut Mbandaka, le chef-lieu de la province, le 4 avril. Il a également perturbé le ravitaillement des populations jusque dans la ville de Kisangani, à l’est.
Le 5 mai, la RDC a arrêté Ondjani Mangbama, le chef des insurgés Enyele, mais la situation de ce dernier reste incertaine. L’insurrection Enyele a commencé dans la province d’Equateur, province natale de l’ancien dirigeant congolais Mobutu Sese Seko, aujourd’hui devenue le bastion du MLC, parti d’opposition de Jean-Pierre Bemba.

Les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC)
Il ne s'agit pas là d'un mouvement rebelles, mais de l'armée nationale. Mais les FARDC ont été accusées par les organisations de défense des droits humains de se livrer à des activités criminelles, ce que le gouvernement réfute. En 2009, leur 213e brigade a été citée comme responsable des pertes civiles subies à Lukweti, au Nord-Kivu, au cours de l’offensive Kimia 2, menée contre les FDLR avec le soutien des Nations Unies.

Sources : Afrikarabia/IRIN

Photos (c) Christophe Rigaud www.afrikarabia.com

15 juin 2010

RDC : "Une des pires crises humanitaires au monde"

Les Nations-Unis vivent « l’une des pires crises humanitaires au monde » en République démocratique du Congo (RDC). L'ONU ne pouvait être plus claire. La porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, Elisabeth Byrs, a expliqué que « travailler en RDC est devenu un véritable défi pour les humanitaires tant pour des raisons de sécurité que du manque de financement »... la sonnette d'alarme est également tirée par toutes les ONG présentent sur le terrain.

Preoccupation-de-l-OCHA_article_top.jpgDeux préoccupations sont avancées par l'ONU sur place : le manque de moyens (les programmes de ces agences ne sont financés qu’à hauteur de 30 %) et « si l’aide financière n’arrive pas, nous allons être obligés de réduire notre assistance à une population qui en a cruellement besoin » estime Elisabeth Byrs. Autre sujet de préoccupation : la violence subie par les populations « du fait des exactions de groupes armés, dont l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), qui ne cessent d’augmenter », d'après l'ONUs. Et les humanitaires sont autant visés que les civils par les combats et le banditisme.

Rappelons que depuis 2007, la LRA a tué 1796 civils, enlevés 2377 personnes dont 807 enfants. Et entre décembre 2009 et mars 2010, la LRA a tué 407 civils et enlevés 302 personnes dont 125 enfants. Dans les régions du Kivu et la province du Maniema, à l’Est de la RDC, les maltraitances sexuelles se multiplient. Rien qu’en 2009, « il y a eu 8 000 cas de viols rapportés dont la majorité ont été perpétrés par des hommes en armes », selon l'ONU.

L'Armée de la résistance du seigneur (LRA), groupe rebelle tristement célèbre pour ses exactions contre les civils, mène des attaques de plus en plus meurtrières en République démocratique du Congo (RDC) et continue d'enlever des enfants pour les utiliser comme soldats dans ses rangs. La LRA, qui combat le gouvernement en Ouganda depuis plus de 20 ans, a accru sa présence dans cette région reculée du nord-est de la RDC.

19 décembre 2009

RDC : 84 000 réfugiés ont fui Dongo

Le Haut Commissariat au Réfugiés de République démocratique du Congo (RDC) vient de publier ses premiers chiffres officiels concernant les réfugiés de Dongo. Ils sont à ce jour de 84 000 au Congo Brazzaville et de 7 500 en Centrafrique.

carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgLes réfugiés congolais de Dongo sont installés dans plusieurs villages du Congo Brazzavile, le long de la rivière Ubangi. Pour le HCR en République démocratique du Congo, "le plan de réponse humanitaire à cette situation est bien en marche avec quelques difficultés logistiques". Pourtant radiookapi.net note que sur le terrain, "certains réfugiés se plaignent de n’avoir pas reçu d’assistance depuis un mois et demi".

L'ONU communique également, que d’autres Congolais en provenance de Libenge, seraient en Centrafrique depuis le 15 décembre. La ville de Libenge est à 180 kilomètres au nord-ouest de Gemena, dans le district du Sud Ubangi. Ces réfugiés seraient au nombre de 7 500. La situation sécuritaire sur le terrain est encore confuse, alors que la MONUC et le gouvernement congolais affirment contrôler la zone.

Christophe Rigaud

29 novembre 2009

RDC : Controverse sur l'identité des réfugiés venus du Rwanda

Une déclaration du coordonnateur de la Commission nationale pour les réfugiés au Nord-Kivu (CNR) est venue jeter le trouble autour des réfugiés revenus en République démocratique du Congo (RDC) ces dernier mois, en provenance du Rwanda. 12 000 familles venues du Rwanda et se présentant comme réfugiés congolais sont entrées dans les territoires de Masisi et Rutshuru. Le coordinateur de la CNR a des doutes sur leur origine, faisant craindre une "infiltration d’étrangers". Un sujet qui ne devrait pas manquer de faire débat en République démocratique du Congo.

625.gifCongolais ou rwandais ? Laingulia Njewa, coordinateur de la CNR, a indiqué que ces réfugiés, entrent "plutôt clandestinement par la frontière à partir de Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, sur l’axe Rutshuru". Ils se sont ensuite installés dans des villages congolais et 80% de ces personnes se déclarent provenir des camps de réfugiés de Byumba et Kibuye au Rwanda, précise Laingulia Njewa à une radio locale.

Laingulia Njewa tente de rassurer les populations locales, les appelant au calme, indiquant que le gouvernement se penche sur la question, afin d’identifier ces "réfugiés douteux dont l’effectif n’est pas encore définitif". Pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ( HCR), il est difficile de dire avec exactitude si ces personnes sont réellement des réfugiés congolais, la majorité d'entre eux n’ayant pas de documents "attestant qu’ils étaient des réfugiés", selon le HCR. La Commission nationale pour les réfugiés au Nord-Kivu, promet d'apporter rapidement des informations précises sur la nature de ces réfugiés. Des informations qui seront les bienvenues, tant la tension est encore grande au Nord-Kivu... où les rumeurs vont bon train.

Christophe Rigaud


23 octobre 2009

RDC-ANGOLA : Vers une guerre du pétrole ?

Les incursions de l'armée angolaise en République démocratique du Congo (RDC) se suivent... et se ressemblent. Des soldats angolais occupent depuis quelques jours le territoire de Tshela, au Bas-Congo, à 200 km à l'ouest de Matadi. Des ONG locales demandent une réaction du gouvernement congolais... en vain pour le moment.

Image 1.pngLes villages de Mbata Yema et Kata Kangu ont été vidé de leurs habitants. La population a fui les incursions répétées de l’armée angolaise. Des militaires angolais patrouillent régulièrement dans cette zone, a indiqué une ONG locale. Selon l'Unapadec, "les villageois ne vont plus dans leurs champs depuis plus d’une semaine, par crainte de la présence des militaires angolais. Ces soldats ont installé leur campement précisément dans les forêts des villages Kata Kangu et Kikwango Mbemba". Ces incursions armées à répétition au Bas Congo affectent la production agricole. "Celle-ci a diminué et déjà la malnutrition s’installe", selon un responsable de l’Unapadec.

Vendredi, radiookapi.net essaie de joindre des hauts responsables du gouvernement congolais, qui affirment "n’avoir pas reçu de rapport sur une quelconque incursion des soldats angolais dans la province du Bas Congo, promettant toutefois de vérifier cette information". Ces responsables congolais veulent d'abord vérifier les faits sur le terrain, "il y a tellement des rumeurs qui circulent dans ce pays".

Depuis février 2007, les incursions angolais se suivent à rythme régulier. Le conflit frontalier qui oppose l'Angola à la RDC est abordée en octobre 2007, où des experts congolais, angolais, portugais et belges se retrouvent à Bruxelles pour traiter le dossier. En mars 2009, une autre incursion angolaise est signalée dans les villages de Sava Ina et Kuzi.

Les raisons du conflit sont à chercher dans l’exploitation du pétrole aux larges de l’océan Atlantique. L’Angola ne semble pas apprécier la délimitation des espaces maritimes de la RDC. Une mission permanente de l’Angola auprès des Nations unies l’a fait savoir : "le gouvernement angolais rejette la délimitation unilatérale de toutes les zones maritimes, y compris le plateau continental et demande l’application des règles du droit international, et l’application de la jurisprudence internationale en la matière ". Seule une vraie négociation bilatérale entre la RDC et l'Angola peut maintenant éviter le pire : l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest, entre la RDC et l’Angola.

Christophe Rigaud