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17 novembre 2011

RDC : Un responsable du PPRD assassiné en Espagne

En pleine campagne électorale pour l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), un responsable du parti du président Joseph Kabila (PRRD) vient d'être assassiné  en Espagne. Le PPRD accuse l'UDPS. Le parti d'Etienne Tshisekedi dément catégoriquement.

logo afkrb.pngA Kinshasa, le secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Evariste Boshab, n'a pas eu de mots assez durs pour qualifier cet assassinat. Dans Le Potentiel, il a accusé « ceux qui tiennent des discours incendiaires (et) exportent la violence » d’être les « auteurs intellectuels » de la disparition du « camarade »... une allusion à peine masqué aux propos du leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, à "casser" des prisons pour libérer des militants et à "terroriser" militaires et policiers. Selon Evariste Boshab, Paul Bimba, responsable du PPRD en Espagne, est décédé à Barcelone, il y a une semaine, d’une « hémorragie cérébrale » causée par des coups reçus dans un « guet-apens des combattants ». Sur RFI, l'UDPS ne cache pas sa colère et dément  : « la barbarie, la violence... ce n’est pas nous ! Quel est le parti politique au Congo qui a des milices ? Nous n’avons rien à voir avec ce qui s’est passé en Espagne.» Une enquête a été ouverte par la police espagnol.

Christophe RIGAUD

16 novembre 2011

RDC : Kamerhe à la recherche des voix de Bemba

Vital Kamerhe, candidat de l'UNC à l'élection présidentielle de République démocratique du Congo (RDC), est actuellement en tournée électorale en Equateur. Cette province reste le bastion du MLC de Jean-Pierre Bemba, détenu actuellement par la Cour pénale internationale (CPI) et donc grand absent du scrutin présidentiel. Les voix du MLC sont donc très convoitées et Vital Kamerhe espère bien en profiter.

Image 2.pngPour sa visite en l'Equateur, dans l'ouest de la RDC, Vital Kamerhe ne s'est pas trompé : le patron, ici, s'appelle toujours Jean-Pierre Bemba. Ses premières paroles à l'aéroport, rapportées par RFI, vont donc tout naturellement à l'ancien vice-président congolais : « malgré le peu de jours qui restent dans la campagne électorale, il me fallait arriver à Gemena, le fief de mon frère, Jean-Pierre Bemba.»

Depuis 2008, le leader du MLC est détenu par la Cour pénale internationale de La Haye, accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003. Bemba est donc le grand absent du scrutin, mais ses 42% au second tour de 2006, face à Joseph Kabila, suscitent toutes les convoitises. Tshisekedi, Kamerhe, Kengo, Kashala ont tous fait le déplacement à la prison de La Haye pour y rencontrer le "chairman"... et obtenir son soutien. Pour l'instant, aucune déclaration claire de Jean-Pierre Bemba n'a filtré sur son éventuel soutien. Kamerhe a donc décidé de prendre les devants et de rencontrer le plus important... ses électeurs.

L'opération séduction a donc été menée tambour battant à Gemena, avec pour principale cible : le président sortant Joseph Kabila et ses "5 chantiers". « A Gemena, les cinq chantiers égalent combien ? » lance le candidat Kamerhe à la foule qui hurle sa réponse : « Zéro ! », rapporte le site de RFI.

Une dernière question tout de même : que représente aujourd'hui l'électorat de Jean-Pierre Bemba, alors que le MLC n'est plus l'ombre que de lui-même ? (on compte plusieurs démissions fracassantes de cadres du parti). Personne ne peut vraiment le dire. On sait juste que les électeurs de l'UDPS s'étaient fortement reportés sur Jean-Pierre Bemba à la résidentielle de 2006, Tshisekedi étant absent du scrutin. Cette année, c'est Bemba qui est absent... les électeurs retourneront-ils vers Tshisekedi ? Réponse le 28 novembre, date le l'élection présidentielle congolaise.

Christophe RIGAUD

15 novembre 2011

RDC-Elections : Djoli fait machine arrière sur un possible report

Hier, l'AFP rapportait les propos du n°2 de la Commission électorale congolaise (CENI) en visite à Bruxelles. Jacques Djoli évoquait un possible report de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Faux rétorque aujourd'hui Jacques Djoli, "ces propos m’ont été faussement attribués", a-t-il déclaré à Radio Okapi. Il faut dire que le sujet est sensible à 13 jours du scrutin.

Logo CENI.pngExercice de rétro-pédalage pour le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Jacques Djoli. Alors que les retards s'accumulent dans l'organisation des élections prévues le 28 novembre prochain, les nombreux observateurs internationaux présents à Kinshasa estiment qu'il sera difficile de respecter le calendrier. Les kits électoraux ne sont pas tous en place et les bulletins de vote arrivent encore via l'Afrique du Sud. Le challenge consiste ensuite à répartir ces tonnes de matériels sur un territoire immense, grand comme 5 fois la France… par avion uniquement. Depuis plusieurs mois, ONG, diplomates, observateurs tirent la sonnette d'alarme : un casse-logistique impossible à résoudre en si peu de temps.

Pour l'instant, la CENI reste droit dans ses bottes et affirme que les délais seront tenus. C'est du reste la position que Jacques Djoli a défendu à Bruxelles : "nous avons atteint plus de 90% des objectifs" a-t-il affirmé. Mais une dépêche de l'AFP sème ensuite le trouble : Jacques Djoli y évoque le report du scrutin au 2 ou 5 décembre, avec une période de transition. Des propos qui n'étonnent personne dans les milieux politiques de Kinshasa. Djoli semble en effet dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : l'organisation du scrutin a pris trop de retard pour se dérouler dans de bonnes conditions le 28 novembre.

Sur Radio Okapi, aujourd'hui, Jacques Djoli revient donc sur ses déclarations : «des propos qui m’ont été faussement attribués par un média auquel je ne me suis pas adressé » et assure qu’«à ce jour, [le déploiement] des isoloirs a pratiquement atteint le niveau de 80% et nous avons atteint le même chiffre à ce qui concerne les kits électoraux. En ce qui concerne les urnes, sur les 16 rotations prévues, nous avons déjà 10 rotations et dans les deux jours, nous allons avoir les quelques rotations qui restent». Mais personne n'est dupe… l'horloge tourne et l'opération de déploiement  des urnes doit être terminée le 25 novembre prochain. Nous saurons donc dans 10 jours si le pari insensé de la CENI sera tenu.

Christophe RIGAUD

14 novembre 2011

RDC-Elections : Vers un report début décembre ?

A 14 jours des élections présidentielle et législatives en République démocratique (RDC), les retards continuent de s'accumuler dans l'organisation du scrutin. Pour la première fois, le vice-président de la Commission électorale (CENI), Jacques Djoli parle d'un possible report des élections. Le scrutin est prévu le 28 novembre prochain.

logo afkrb.pngEn visite à Bruxelles, le N°2 de la CENI, donne les premières indications de la possibilité d'un report de quelques jours des élections générales en RDC . Devant le retard accumulé sur le déploiement des kits électoraux, Jacques Djoli reste optimiste pour la date du 28 novembre, mais évoque le report du scrutin au 4 ou 5 décembre; avec une période de transition, la fin du mandat de Joseph Kabila se termine en effet le 6 décembre. Une annonce qui tombe mal pour Kinshasa, qui fait face à une période de troubles et d'affrontements en marge de la campagne électorale. Une question se pose : comment régira l'opposition ?

Christophe RIGAUD

RDC-Elections : Peut-on croire les sondages ?

A moins de 15 jours de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), de nombreux sondages circulent dans la presse congolaise et sur internet. Le dernier en date donne le président Joseph Kabila gagnant avec 32,8%. Ces sondages sont-ils fiables ? Sont-ils influents ? Eléments de réponse avec Marie-Soleil Frère, chercheur et professeur de journalisme à Bruxelles et Frédéric Panda, directeur général de l'Institut "Les Points" à Kinshasa.

Marie-Soleil Frère - conf survie.pngLe 31 octobre 2011, l'agence de presse internationale Belga relaie les résultats d'un sondage pour le journal kinois "La Prospérité". Ce sondage, réalisé par l'institut "Les Points", donne le président Kabila vainqueur avec 32,8% des intentions de vote, suivi par Vital Kamerhe (22,9%) et Etienne Tshisekedi (20,5%). L'agence de presse belge prend tout de même la peine d'avertir le lecteur à la fin de sa dépêche : "les sondages sont rares en RDC et leur précision laisse souvent à désirer". Quelques jours plus tard, sur internet, deux "instituts" donnent des résultats très différents : le Centre d'Etude Euro-Africain (CEEA) annonce la victoire de Vital Kamerhe avec 50,7%, tout comme l'Observatoire des Elections pour toute l'Afrique (OETA) avec 42,76%, loin devant Joseph Kabila. Le 5 novembre, un autre institut "Sondages/Bes" crédite le président Kabila de 52,2%. Qui croire ?

Si "Les Points" ou "Sondages/Bes" sont des instituts connus à Kinshasa, ayant pignon sur rue et travaillant pour de nombreux médias, les deux autres sont de parfaits inconnus : pas un seul référencement sur internet et aucune possibilité de les contacter. Les résultats donnant Vital Kamerhe gagnant (ce qui paraît peu probable au vue des rapports de force politique en RDC, ndlr) ressemblent plutôt à une de ces nombreuses opérations d'intoxication sur internet… une de plus.

Pour y voir plus clair, nous avons demandé à Marie-Soleil Frère, universitaire et auteur d'un ouvrage sur "Médias et conflits" en Afrique centrale (1). Pour ce professeur de journalisme à Bruxelles, il paraît difficile de faire confiance aux sondages congolais. "D'une manière générale, les sondages ne sont pas fiables en RDC", affirme Marie Soleil Frère. "La plupart des instituts sont très proches de certaines personnalités politiques. L'institut de sondages "Berci" est proche du ministre du plan, Olivier Kamitatu et l'institut "Les Points" est lié au député Tryphon Kin Kiey Mulumba, proche du président Joseph Kabila. Ensuite, le problème de ces sondages, c'est qu'ils font les gros titres de la presse congolaises sans que l'on sache la méthodologie utilisée. On ne sais jamais sur quel échantillon ce sondage a été réalisé ? à quelle période ? dans quelle région ?… Comment peut-on réaliser un sondage dans un pays où il n'y a pas de recensement valide de la population ? Comment peut-on constituer un échantillon pertinent ?", souligne cette spécialiste des médias en Afrique centrale.

Le directeur général de l'institut "Les Points", Frédéric Panda, reconnaît qu'il n'y a pas de données fiables sur la population congolaise. Mais cela n'empêche pas de faire des sondages, notamment sur les intentions de vote. Frédéric Panda affirme que le sondage "Les Points" donnant Kabila à 32,8% a été réalisé "sur un échantillon de 1.000 personnes dans tous les chefs-lieux de province, à travers la méthode des quotas (âge, sexe, tendance politique et tribu d'origine)". Le directeur de l'institut  indique que ses enquêteurs se sont basés sur les Congolais "possédant une carte d'électeur, en fonction du poids électoral de chaque province correspondant aux chiffres de la Commission électorale (CENI)". Quant à la proximité des instituts de sondages avec les politiques, Frédéric Panda balaie la critique : "nous n'avons pas d'amis, que se soit dans la majorité ou dans l'opposition. La preuve, j'ai reçu des menaces des deux bords."

Ces sondages influencent-ils les électeurs ? Pour Marie-Soleil Frère : impossible. "Je pense que cela n'a aucun impact sur les intentions de vote. Il faut d'ailleurs voir comment les Congolais s'informent. Les sondages dont vous parlez vont être repris par quelques journaux de Kinshasa qui tirent à 2.000 exemplaires et qui ne sont pas diffusés en dehors de la capitale… dans un pays de 80 millions d'habitants. La plupart des Congolais n'ont donc aucun contact avec les résultats de ces sondages. Et de toute façon personne n'y croit" affirme l'universitaire.

Ce que souligne également Marie-Soleil Frère, se sont les problèmes déontologiques qui entourent les médias congolais dans leur ensemble. Dans son ouvrage (1), cette spécialiste dénonce un "journalisme rétribué" (ce que les Congolais appellent le "coupage"). Un journaliste gagne entre 30 et 80$ par mois. Il devient donc très facile pour les politiques de payer pour "orienter" l'article. Dans le domaine des sondages, on retrouve ce genre de pratiques. "Dans les sondages médias de mesure d'audience, on sait que les patrons de journaux, de radios ou de télévisions essaient tous de "s'arranger" avec l'institut  pour que son média "monte" dans le sondage. Ce sont des pratiques très courantes que l'on m'a rapporté. D'ailleurs RFI ne confie jamais son sondage d'audience annuel à des instituts locaux", note Marie-Soleil Frère.

Frédéric Panda se défend : "nous sommes fiables. La preuve en 2006, une semaine avant le second tour, nous avions donné Kabila à 57% et Bemba à 40% d'intentions de vote. Nous étions à 1 ou 2% du score définitif !" (Kabila réalisera 58,05% et Bemba 41,95%, ndlr)

Pour sa part, Marie-Soleil Frère estime que ces sondages sont trop marqués politiquement pour être crédibles. Elle en veut pour preuve l'attitude de grands médias nationaux comme Radio Okapi, financée par l'ONU, qui est diffusée sur tout l'ensemble du territoire. Cette radio n'a jamais repris un seul de ces sondages.

Christophe RIGAUD

ERRATUM : Suite à cet article, Frédéric Panda a souhaité réagir aux propos tenus par Marie-Soleil Frère. Pour lire son droit de réponse, cliquez ici.

Photo : Marie-Soleil Frère à Paris en octobre 2011 © Ch. Rigaud

(1) Marie-Soleil Frère est l'auteur de "Afrique centrale. Médias et conflits. Vecteurs de guerre ou acteurs de paix". Ed. Complexe-Grip-Panos, Bruxelles, 2005, 320 pages, 19,90 euros.

13 novembre 2011

RDC : Inga s'invite dans la campagne électorale

Le vieux serpent de mer du barrage d'Inga refait surface. En pleine campagne pour sa réélection à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila signe avec l'Afrique du Sud un protocole d'accord pour la mise en valeur du potentiel hydro-électrique d'Inca sur le fleuve Congo. Une signature qui n'a rien du fruit du hasard.

Capture d’écran 2011-11-13 à 22.58.10.pngEn tournée électorale au Katanga, le président Kabila souhaite relancer le complexe d'Inga dans l'Ouest de la RDC. Ce barrage hydro-électrique géant sur le fleuve Congo tourne au ralenti depuis plusieurs années, faute de moyens financiers. Construits entre 1972 et 1982, Inga I et II ne permettent même pas d'alimenter convenablement en électricité la capitale, Kinshasa, en raison de l’ancienneté des installations et du manque de maintenance. Deux autres projets sont à l'étude depuis très longtemps : Inga III, également sur les chutes d'Inga et le Grand Inga en rive droite du fleuve.

Le protocole signé avec l'Afrique du Sud concernerait le site du Grand Inga. Une signature entre les présidents sud-africain Jacob Zuma et congolais Joseph Kabila qui tombe à pic. Joseph Kabila est en effet en pleine campagne électorale pour sa réélection et vante dans sa tournée ses "5 chantiers". Ce vaste programme de construction d'infrastructures (route, pont, voies ferrées…) prévoit également l'accès à l'eau et à l'électricité de la population congolaise… ce qui est loin d'être le cas. Cet accord arrive à point nommé.

Grand Inga est le plus important projet hydroélectrique dans le monde. Il pourrait produire jusqu'à 40.000 Mw d'électricité, soit deux fois plus d'énergie que le barrage des Trois Gorges en Chine, et plus du tiers de l'électricité totale actuellement produite sur tout le continent africain.

Seulement voilà, le Ministre de l'énergie congolais, Gilbert Tshongo, n'a donné aucun détail sur la nature des travaux, le coût, et le financement du projet. Son ministère indique que toutes ces précisions seront connues "dans six mois" … bien après les élections.

Christophe RIGAUD

Photo : Inga I en 2005 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

11 novembre 2011

RDC : Tshisekedi se justifie à Kisangani

Etienne Tshisekedi entre enfin en campagne. L'opposant congolais est arrivé ce jeudi vers 22h à Kisangani, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Tshisekedi s'est défendu d'avoir appelé les Congolais à la violence et continue de dénoncer la répression, en expliquant vouloir «enlever la peur de la population vis-à-vis de la "dictature"».

Logo Elections 2011.jpgAprès une semaine d'atermoiement et de multiples rebondissements, l'avion du leader de l'UDPS, a enfin atterri vers 22h, ce jeudi, sur l'aéroport de Kisangani, dans l'Est de la RDC. Avec un peu de retard, la campagne du candidat n°11 à l'élection présidentielle est désormais lancée, depuis le chef lieu de la province orientale, avant un grand meeting à Kinshasa prévu dans les prochains jours.

A sa descente d'avion, la presse l'a évidemment questionné sur la polémique qu'il avait créé dimanche, en appelant ses partisans à «casser les portes des prisons» si les militants de son parti (l'UDPS) n'étaient pas libérés, et en se s'autoproclamant également «président de la République démocratique du Congo». Des propos diffusés sur RLTV depuis l'Afrique du Sud, qui avaient choqué le pouvoir en place à Kinshasa et inquiétés la communauté internationale. La Belgique, l'Union européenne, la France et l'ONU, notamment, avaient dénoncé ces "appels à la violence". Il faut dire que la campagne électorale en RDC se déroule dans un climat de fortes tensions, avec de nombreux affrontements violents entre les différents partis politiques et la police congolaise.

Le patron de l'UDPS a donc volontairement tenté de désamorcer les effets négatifs de sa déclaration. Etienne Thsisekedi a expliqué que c'était pour lui «une façon d'enlever la peur de la population vis-à-vis de la "dictature"». Et de poursuivre : «entre celui qui fait arbitrairement arrêter et tuer les Congolais et moi qui dit au peuple prenez votre responsabilité, aller libérer (vos) compatriotes qui sont en prison (...), qui viole la Constitution ?».

Pour le candidat de l'UDPS, «toute dictature est basée sur la peur. Demain avec l'Etat de droit, le Congolais doit abandonner la peur et avoir confiance en lui. Ma manière d'éduquer le peuple congolais c'est de lui enlever la peur dans (sa) tête en le mobilisant pour aller terroriser ceux qui nous ont longtemps terrorisé. Ce n'est pas un appel à la violence», s'est-il défendu.

Si Etienne Tshisekedi nie avoir appelé les Congolais à la violence, il justifie ses propos par l'implacable répression exercée par les autorités congolaises sur l'opposition depuis plusieurs mois. L'ASADHO, une ONG congolaise des Droits de l'homme a répertorié les multiples cas de violations des Droits de l'homme : «le 4 juillet 2011, la manifestation organisée par les militants de l’Opposition politique regroupés au sein de la «Dynamique Tshisekedi Président» a été réprimée. Une personne a été tuée, un policier brûlé, des dégâts matériels importants ont été causés aux biens des particuliers et six personnes ont été arrêtées. Le 26 juillet 2011, la manifestation des militants de l’UDPS avait été réprimée par la police et 5 militants ont été arrêtés. Le 29 septembre 2011, la manifestation de l’UDPS et alliés a été dispersée par la police et trois cadres de l’Opposition ont été arrêtés. Le 6 octobre 2011, la manifestation de l’UDPS et alliés a été brutalement réprimée par la police. Quatre personnes ont été blessées et 5 autres arrêtées. Le 28 octobre 2011, la manifestation organisée par les partis politiques de l’Opposition à Mbuji-Mayi, au Kasaï Oriental, a été encore réprimée par la Police. Le bilan de cette répression est de deux personnes tuées et plusieurs militants de l’Opposition arrêtés».

Violences policières, arrestations arbitraires, intimidations sur ses militants et ses candidats aux législatives, interdictions d'affichage…un constat qui explique, en partie, les propos très durs, voir excessifs du patron de l'UDPS envers le "régime Kabila". La stratégie de Tshisekedi a toujours été de maintenir une forte pression sur le président sortant : meetings populaires, manifestations devant la Commission électorale (CENI)… une pression qui a toujours fini par payer. Les déclarations tapageuses sur RLTV s'inscrivent donc dans cette stratégie de pression permanente. Une stratégie justifiée par le climat de violence actuel… mais une stratégie extrêmement dangereuse à 17 jours du scrutin.

Christophe RIGAUD

09 novembre 2011

La CPI place la RDC sous surveillance

Alors que les violences et les affrontements se multiplient à 3 semaines de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la Cour pénale internationale se dit "très inquiète". Le bureau du procureur "se réserve la possibilité d'envoyer des représentants à Kinshasa si la situation devait le justifier" a déclaré Pascal Turlan, conseiller en coopération de la Cour.

Capture d’écran 2011-11-09 à 21.04.28.pngDans un communiqué sans équivoque , la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye indique que "le bureau du procureur est très inquiet de ce qui est en train de se passer en RDC à l'approche des élections" et insiste sur le fait "qu'il ne saurait y avoir de violences lors d'un processus électoral". Selon la CPI, "le bureau du procureur se réserve la possibilité d'envoyer des représentants à Kinshasa si la situation devait le justifier".

La situation est donc suivie de près à La Haye. Un message on ne peut plus clair destiné aux responsables politiques congolais de tous bords tentés par l'utilisation de la violence.

Christophe RIGAUD

RDC : La France condamne les propos de Tshisekedi

Dans un point presse du Quai d'Orsay, le porte parole est revenu sur l'interview de l'opposant congolais Etienne Tshisekedi qui a appelé dimanche soir la population «à casser les portes des prisons» pour libérer ses militants arrêtés lors des manifestations. Des déclarations "inacceptables" pour le porte-parole du Ministère des Affaires étrangère français.

Capture d’écran 2011-11-09 à 21.05.16.pngDimanche dernier, au micro de Radio Lisanga Télévision (RLTV), une chaîne privée proche de l'opposition, Etienne Tshisekedi a appelé ses partisans à "corriger" désormais les militants des autres partis de la majorité présidentielle et invité les membres de son parti à "casser les portes des prisons pour en libérer les détenus de l’opposition". Le candidat de l'UDPS s’était également "autoproclamé Président de la République de RDC"… des propos qui ont beaucoup choqué à Kinshasa.

Le porte-parole du Ministère français des Affaires étrangère a estimé que ces propos étaient "inacceptables" et "nuisent au déroulement serein du processus électoral". La France a appelé les candidats à l'élection présidentielle à "proscrire tout appel à la violence. Chaque candidat doit être conscient que ses paroles et ses actes engagent sa crédibilité internationale et sa responsabilité".

Réagissant à l'interdiction d'émettre d'une semaine de la RLTV par le gouvernement congolais, la France a rappelé son "attachement à des élections libres, transparentes et pacifiques en RDC. à cet égard, la liberté de la presse est un élément essentiel d'un scrutin libre et transparent".

08 novembre 2011

RDC : Un blog suivra les élections en direct de Bukavu

Deux jeunes journalistes belges viennent de lancer "Local Voices", un blog qui vous fera vivre les prochaines élections en République démocratique du Congo (RDC), de l'intérieur, auprès des populations locales. François Van Lierde et Alexis Bouvy se sont installés, le temps des élections, à Bukavu, dans l'Est du pays, une région encore durement touchée par la guerre. Une initiative originale qui propose un autre regard sur les élections en RDC, du lancement de la campagne à l'annonce des résultats.

Image 4.pngLes premiers articles sont en ligne. Photos, témoignages sonores, récits... "Local Voices" constitue un véritable "plongeon, au coeur des élections congolaises". Les deux journalistes ont "humé" l'ambiance de la campagne électorale à Bukavu, puis se sont rendus dans les bureaux de la Commission électorale (CENI) et enfin au "poste d'Etat" de Bunyakiri, à 75 km de la capitale provinciale du Sud-Kivu. Ces premiers reportages donne le ton de ce que sera "Local Voices", un projet original de blog.

François Van Lierde et Alexis Bouvy entendent offrir "un témoignage brute, vivant et évolutif des élections en RDC telles que vécues par les communautés à la base, en milieu rural, dans la province du Sud-Kivu." Au fil des articles sur internet, "Local Voices" souhaite expliquer "toute la complexité de ce processus électoral ainsi que la diversité de ses acteurs (...) et entend rendre la parole à ceux qui vivent et font les élections, à savoir ces millions d’électeurs évoluant en milieu rural."

Un beau projet journalistique et citoyen qui tranche avec l'information "formatée" qui sera renvoyée par les médias internationaux à propos des élections congolaises. Un site à visiter de tout urgence :  www.localvoicescongo.com (*)

(*) Local Voices - Congolese Communties Speak About Elections est un projet mené en partenariat avec l’Action pour la Paix et la Concorde (APC), l’Association des Femmes et des Médias du Sud-Kivu (AFEM), Info Sud / La Maison de la Presse, et Division 41.

Christophe RIGAUD

RDC : Journée de soutien à Tshisekedi le 12 novembre à Paris

A moins de 3 semaines de la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), l'Union Socialiste Congolaise et plusieurs associations de la diaspora organisent une "Journée porte ouverte" pour soutenir la candidature d'Etienne Tshisekedi (UDPS). Cette journée se tiendra le samedi 12 novembre 2011 à Saint-Denis, en région parisienne.

Image 3.pngA l'initiative de l'Union Socialiste Congolaise (USC) de Christian Badibangi (qui soutien la candidature d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle), plusieurs associations de la diaspora de France organisent une journée de soutien au "candidat n°11" de l'UDPS. Cette journée porte ouverte est co-organisée par l'USC (Tshitshi Tshamala) en collaboration avec Avenir du Congo - Devoir de mémoire (Alain Ndongisila), Dynamique pour le Développement au Congo (DDC) et avec le soutien de Guy Gérard, Chelly Ya Wendo et Mongoli, de la Société Civile Congolaise.

Cette journée porte ouverte aura lieu le Samedi 12 novembre 2011 de 12h00 à 20h00, au 27 rue Charles-Michel à Saint-Denis. Les artistes invités seront : Boketshu 1er, Shoming, Mimy Mavatiku, Olivier Tshimanga, Zorobilel, Elpacha Docha, C-Yahman.

RDC : La campagne de l'UDPS déraille

Confusions et erreurs de communication entourent le démarrage de la campagne électorale d'Etienne Tshisekedi pour la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Si le leader de l'UDPS a réussi sa pré-campagne en imposant son tempo avec des meetings populaires, les explications hasardeuses sur son avion "bloqué" en Afrique du Sud et ses dernières déclarations tapageuses jettent le trouble sur sa future stratégie de campagne.

Image 2.pngEn moins 5 jours, le candidat d'opposition Etienne Tshisekedi (UDPS) vient de brouiller durablement son image présidentielle, après 12 mois d'une pré-campagne sans faute. Depuis son retour au pays en décembre 2010, le patron de l'UDPS avait enchaîné les réussites et gagné tous ses paris : meetings populaires à Kinshasa, tournée impressionnante au Katanga...  avaient fini de crédibiliser sa candidature jusqu'à en faire oublier le handicap de son âge (79 ans). Tshisekedi s'était ensuite livré à un bras de fer musclé avec la Commission électorale (CENI) afin d'obtenir un audit du fichier électorale et l'accès au serveur. Là encore ses manifestations de rues avaient payé et l'UDPS continuait d'imposer son rythme à la campagne en étant omniprésent dans les médias. Tout va bien jusqu'à la veille du lancement de sa tournée dans l'Est du pays, à Kisangani.

Le 2 novembre, la campagne déraille une première fois avec "l'affaire de l'avion". Pour faire simple : Tshisekedi doit atterrir à Kisangani en provenance d'Afrique du Sud, mais l'UDPS, à Kinshasa, annonce que son avion n'a pas l'autorisation de se poser en RDC. Démenti maladroit de l'aviation civile congolaise qui affirme que l'UDPS n'a pas déposé de demande et indique que rien n'empêche l'avion du laeder de l'UDPS de se poser à Kisangani. Moment de flottement à l'UDPS qui accuse "Joseph Kabila" de vouloir d'empêcher Tshisekedi de "battre campagne dans son pays". Puis tout se brouille... et plus personne ne comprend rien. Les différents protagonistes, faute de preuves, ne donnent aucune explications claires : l'UDPS ou la compagnie sud-africaine ont-ils déposé une autorisation d'atterrissage et quand ? Pour quel date ? Quel est le motif du refus ? Et l'aviation civile congolaise, en affirmant que "rien n'empêche" l'atterrissage de l'avion de Tshisekedi, ne dit pas si l'avion a obtenu la fameuse autorisation... et pour quand ?

Le flou ambiant n'est malheureusement pas dissipé par la déclaration (tardive) de l'intéressé lui-même, interrogé par RFI. Etienne Tshisekedi, plutôt confus, déclare que "rien ne l'empêche de quitter" l'Afrique du Sud ! La patron de l'UDPS indique qu'il est retenu par "des préparatifs" de campagne et que "son parti a réagi à de fausses informations, à des bobards". Les "explications" du "vieux" laissent septiques. Qui croire ? Qui raconte des "bobards" ? Pourquoi faire réagir Tshisekedi aussi tardivement ? Et pourquoi ne pas simplement, dès le 2 novembre, expliquer les raisons du retard dans la venue du candidat de l'UDPS à Kisangani. Toutes ces erreurs de communication font un peu désordre, alors que la campagne officielle vient à peine de commencer.

Depuis dimanche, d'autres déclarations d'Etienne Tshisekedi viennent semer le trouble, alors que le leader de l'UDPS est attendu mercredi 9 novembre à Kisangani. En cause, une interview sur Radio Lisanga Télévision (RLTV). Tshisekedi s'y autoproclame "président de la République démocratique du Congo" et appelle ses militants "à attaquer les prisons de la RDC pour libérer des militants de l’UDPS" si les autorités ne les libèrent pas ce mardi. Effet garanti ! Le ministre de la Communication et des Medias de RD Congo, Lambert Mende, a coupé le signal de RLTV et a indiqué à la BBC que "les propos du président de l’UDPS pourraient atteindre le niveau de la « haute trahison » et que les autorités sont « préoccupés au sujet de la santé mentale du leader de l'UDPS".

Si la campagne électorale a bien mal commencé en RDC, avec de nombreuses violences et de multiples affrontements entre majorité, opposition et police, les dernières déclarations d'Etienne Tshisekedi ne vont certainement pas calmer les tensions. Un récent communiqué de presse de l'UDPS dénonçait la violente répression contre l'opposition et la stratégie de la "terre brûlée" du président Joseph Kabila. Une chose est sûre, les propos d'Etienne Tshisekedi sur RLTV jette encore un peu d'huile sur les braises.

Christophe RIGAUD

06 novembre 2011

RDC : Risque d'embrasement à 3 semaines des élections

La tension monte aux quatre coins de la République démocratique du Congo (RDC) à 3 semaines des élections présidentielle et législatives. Les principales villes de RDC connaissent de violents affrontements. Plusieurs personnes ont été blessées ce samedi à Lubumbashi et des barricades ont été dressés à Goma ce dimanche. L'UDPS dénonce la "politique de la terre brûlée de Joseph Kabila".

Logo Elections 2011.jpgAprès Kinshasa et Mbuji-Mayi, c'est au tour de Lubumbashi d'être le théâtre de violents affrontements, en pleine campagne pour l'élection présidentielle en RD Congo. Plusieurs personnes ont été blessées ce samedi dans des incidents entre partisans de l'UDPS (opposition) et de l'Unafec (pro-Kabila). Selon Radio Okapi, il y aurait plusieurs blessés et de nombreux dégâts. Les témoignages recueillis parlent d'affrontements au couteau, à la machette et au gourdin. L'UDPS accuse les militants de l'Unafec, proches du président sortant Joseph Kabila d'avoir attaqués leur caravane électorale. Bilan : plusieurs blessés graves et 3 véhicules incendiés (selon l'UDPS). L'Unafec affirme que les partisans d'Etienne Tshisekedi (UDPS) ont saccagé une permanence de leur parti.

Dans un communiqué de Raphaël Kapambu Katukonki, l'UDPS note que ces "incidents surviennent après ceux enregistrés à Mbuji Mayi, Kisangani, Kisantu, Kinshasa…" Pour le parti d'Etienne Tshisekedi, ces incidents "ne peuvent plus être considérés comme des simples bavures. Ils traduisent la volonté du candidat Kabila de provoquer des troubles pour perturber le déroulement du processus électoral."

Dimanche à Goma, une région encore sous la coupe de nombreux groupes rebelles, des jeunes ont dressé dans barricades et crié leur colère depuis la disparition du chanteur Fabrice Kifumu, un soutien d'un autre candidat d'opposition, Vital Kamerhe (UNC).

A Kinshasa, après les violences du mois de septembre, c'est un nouvelle fois le député d'opposition, Martin Fayulu (Ecidé), qui a été arrêté alors qu'il faisait campagne pour Etienne Tshisekedi. Le député provincial a ensuite été libéré.

La campagne électorale pour les élections du 28 novembre prochain, a donc bien mal débuté en RDC. Depuis plusieurs mois, les ONG présentes sur place, tirent la sonnette d'alarme et craignent une généralisation des violences. Dans ce pays encore très instable, le risque d'un scénario "à l'ivoirienne" plane sur ce scrutin, que majorité et opposition affirment être certains de remporter.

Christophe RIGAUD

RDC : Après Kabila, Muzito fait son bilan

Le Premier ministre congolais Adolphe Muzito a présenté vendredi le bilan de ses 3 années à la tête du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC). Sans surprise, Adolphe Muzito a dressé un bilan "positif" de son action, reconnaissant toutefois que "la pauvreté et le chômage n’ont pas suffisamment reculé". Un bilan qui pourrait tout de même le voir reconduire à la Primature en cas de réélection de Joseph Kabila.

Afrikarabia logo.pngL'exercice est toujours un peu convenu et sans grande surprise. Le Premier ministre Adolphe Muzito s'est donc plié au jeu en présentant son bilan de sa Primature. Un bilan "satisfaisant" selon le Premier ministre qui a livré à la presse une avalanche de chiffres. Car c'est avec sa casquette d'économiste qu'Adolphe Muzito s'est présenté au Grand Hôtel de Kinshasa. Le Premier ministre n'a pas hésité à mettre en avant ce qu'il considère comme ses réussites économiques : "une croissance à 6%, des investissements  étrangers de 2,5 milliards de dollars, un nombre d’entreprises qui est passé de 10.000 à plus de 15.000 en 5 ans et un revenu par habitant qui est passé de 90 USD en 2001 à 220 USD en 2011." Le cadre macroéconomique a en effet été maintenu en RDC sous la mandature Muzito, avec notamment l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE "qui a permis au pays de prétendre à une annulation de 90% de sa dette et de prétendre à l’obtention d’un crédit de 6 milliards de dollars de la part de ses partenaires chinois."

Mais contrairement au Président Kabila qui présentait un bilan sans aucune ombre au tableau, le 14 septembre dernier, Adolphe Muzito a tout de même reconnu les limites de son action politique. Si "les avancées obtenues dans le domaine social sont nombreuses", le Premier ministre congolais reconnaît que "les effets ne sont pas suffisamment perceptibles: la pauvreté et le chômage n’ont pas suffisamment reculé malgré la croissance économique". Un certain réalisme qui ne constitue pas un échec pour Adolphe Muzito, mais plutôt le désir de continuer son action :  "les réalisations du gouvernement, dont je présente le bilan aujourd’hui, doivent être perçues non pas comme celles de la montée en puissance de l’économie, mais plutôt comme de la mise en place des bases réelles de l’envol que va prendre le pays tout entier lors de la prochaine législature."

Il faut dire que le PALU est un allié fidèle de Joseph Kabila depuis 2006 et entend bien le rester. Le parti d'Antoine Gizenga a clairement appelé à la réélection du président sortant. Adolphe Muzito aussi, en déclarant : "voilà résumées, les raisons profondes pour reconduire à la tête du pays le président Joseph Kabila Kabange avec sa majorité". Car si le PALU réalise un bon score aux élections législatives (en assurant une majorité confortable à la Majorité présidentielle), il n'y a pas de raison pour que le prochain Premier ministre de Joseph Kabila soit un membre du parti lumumbiste… et pourquoi pas Adolphe Muzito lui-même. A condition que Joseph Kabila soit bien sûr réélu.

Christophe RIGAUD

04 novembre 2011

RDC : Le Rwanda restitue 81.365 tonnes de minerais

Le Rwanda a rétrocédé jeudi dernier 81.365 tonnes de minerais à la République démocratique du Congo (RDC) voisine. Il s'agit de minerais de contrebande composés de cassitérite, de coltan et de wolfram. Kigali est accusée par de nombreuses ONG d'être la plaque tournante du trafic de minerais congolais dans la région.

Image 2.pngLa remise de plus de 80.000 tonnes de minerais constitue un geste de bonne volonté de Kigali envers son voisin congolais, dont les relations diplomatiques se sont réchauffées depuis peu. Les autorités de Kinshasa dénoncent pourtant depuis de nombreuses années le "pillage" de ses ressources naturelles par ces voisins. Le Rwanda est la cible de plusieurs ONG, dont Global Witness, qui dénonce le trafic illicite de minerais de RDC vers Kigali.

Dans un récent rapport publié en décembre 2010, l’ONG britannique accusait le Rwanda de servir de plaque tournante à divers réseaux qui opèrent dans l'Est de la RDC, "fragilisant davantage toutes les initiatives prises par les autorités congolaises pour décourager toute forme de trafic illicite des minerais".

Toujours selon Global Witness, l'or, la cassitérite, le wolfram et le coltan (utilisé dans les téléphones portables), sont exploités "avec l'encadrement des hauts commandants de l'armée congolaise (FARDC) et de divers groupes rebelles armés". La majeure partie de ces minerais sont  ensuite exportée de manière illicite vers les pays voisins de la RDC et principalement au Rwanda, qui les réexporte comme étant des minerais "rwandais". Pour les deux pays, ce geste témoigne de "la volonté d'endiguer le trafic illicite des matières précieuses le long de leur frontière commune".

Photo : Polygone minier de la Miba en RDC - 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

 

03 novembre 2011

RDC : Polémique sur "l'avion" de Tshisekedi

Les autorités congolaises ont-elles interdit le candidat à la présidentielle, Etienne Tshisekedi d'atterrir sur l'aéroport de Kisangani, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? L'aviation civile dément s'être opposée à l'atterrissage de l'avion du leader de l'UDPS, alors que le secrétaire général du parti dénonçait des "tracasseries administratives". Difficile d'y voir clair.

Afrikarabia logo.pngMercredi, le patron de l'UDPS et candidat à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) devait arriver à Kisangani pour entamer une longue tournée électorale dans l'Est du pays. Mais l'avion d'Etienne Tshisekedi n'est jamais arrivé à Kisangani. Dans la journée, le secrétaire général de l'UDPS s'est fendu d'un communiqué dénonçant l'interdiction de l'aviation civile congolaise (AAC). Pour Jacquemain Shabani, l'aéroport de Kisangani a "empêché" l'atterrissage de l'avion du "sphinx de Limete" en provenance d'Afrique du Sud. Problème d'autorisation ? L'UDPS affirme ne pas comprendre, puisque la compagnie sud-africaine est "habituée à atterrir en RDC". Aujourd'hui, est tombée la version officielle de l'aviation civile congolaise (AAC), qui est formelle : "il n'y avait pas de demande de l'UDPS d'autorisation d'atterrissage en RDC". Qui dit vrai ? Jacquemain Shabani a accusé le chef de l'Etat, Joseph Kabila, de vouloir "décourager ses adversaires". Il faut dire que la tournée électorale du leader de l'opposition démarrait en plein fief "kabbaliste".

Bilan de l'incident : Tshisekedi est toujours cloué en Afrique du Sud et l'UDPS n'a toujours signé le code de bonne conduite électorale qu'elle devait ratifier aujourd'hui. L'UDPS conditionne toujours la signature du document à la libération des 17 militants du parti arrêtés et gardés au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa… et maintenant à la venue de leur président national à Kisangani pour démarrer sa campagne.

Christophe RIGAUD

RDC-Elections : La Voix des Sans Voix déploiera 400 observateurs

L'ONG congolaise pour les droits de l'homme, la Voix des Sans Voix (VSV), va envoyer 401 observateurs électoraux à Kinshasa et dans cinq provinces de la République démocratique du Congo (RDC). Objectif de l'ONG : crédibiliser le scrutin et éviter les fraudes.

Capture d’écran 2011-11-03 à 22.07.53.pngAu cours d'un conférence de presse, mercredi à Kinshasa, le directeur adjoint de la VSV, Rostin Manketa, a annoncé l'envoi d'observateurs électoraux dans la capitale congolaise et dans les provinces du Bandundu, du Bas-Congo, de l'Equateur et dans les deux Kasaï (Oriental et Occidental).

L'organisation des droits de l'homme indique vouloir assurer la crédibilité des élections et la transparence du processus électoral en RDC et espère "qu'aucun candidat présidentiable ou à la députation nationale ne sera tenté de recourir au tripatouillage électoral pour que seul le meilleur gagne dans la transparence".

La Voix des Sans Voix invite également les candidats "à respecter les valeurs et les vertus démocratiques dont la tolérance, l'acceptation mutuelle, la reconnaissance de l'autre et de son point de vue, avant de demander aux autorités provinciales d'assurer la protection de tous les candidats qui ont postulé dans leurs provinces respectives." L'ONG demande enfin à la Cour pénale internationale (CPI) d'observer le scrutin en RDC afin de prévenir tout dérapage des leaders politiques.

Il faut dire que la campagne électorale en cours en RDC, se déroule dans un climat de tension extrême. De nombreux incidents ont émaillé ce début de campagne : 1 morts et trois blessés à Mbujyi-Mayi, des affrontements multiples entre majorité et opposition, mais aussi au sein d'un même parti, comme à Kisangani, où deux "tendances" de l'UDPS se sont affrontées. Bilan : 4 blessés. La police congolaise réprime très lourdement tous ces débordements et l'opposition accuse le pouvoir de vouloir la museler.

 Christophe RIGAUD

02 novembre 2011

RDC : Tshisekedi interdit d'atterrir à Kisangani

Selon l'UDPS à Kinshasa, les autorités de l'aviation civile de République démocratique du Congo (RDC) empêcheraient à l'avion d'Etienne Tshisekedi d'atterrir à Kisangani. Le leader de l'UDPS devait entamer ce mercredi une importante tournée électorale dans l'Est du pays. Sur place, la tension monte.

Afrikarabia logo.pngPour l'instant aucune explication officielle n'a été donnée sur les raisons du refus de l'autorisation d'atterrir du Jet privé d'Etienne Tshisekedi sur l'aéroport de Kisangani.

Ce nouveau contre-temps n'est pas le premier dans l'organisation de la tournée électorale de Tshisekedi dans l'Est du Congo. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l'UDPS, Jacquemain Shabani accusait déjà les autorités congolaises "d'organiser la pénurie de carburant et de kérosène" à Kisangani, pour empêcher Tshisekedi de "battre campagne". L'UDPS dénonce également les multiples agressions dont ont été victimes certains militants du parti, depuis le lancement de la campagne officielle, le 28 octobre dernier.

"L'affaire" de Kisangani démontre une nouvelle fois le climat de tension qui règne entre majorité pro-Kabila et opposition, à seulement 1 mois du scrutin. Pour l'instant, le patron de l'UDPS est toujours en Afrique du Sud dans l'attente d'informations.

Christophe RIGAUD

RDC : Un candidat à la députation recherché pour viols de masse

Human Rights Watch (HRW) lance un appel aux autorités de République démocratique du Congo (RDC) afin "d'arrêter un leader de groupe armé se présentant à une fonction politique et qui est recherché pour crimes contre l’humanité". Ntabo Ntaberi Sheka est candidat aux élections législatives du 28 novembre prochain.

Capture d’écran 2011-11-02 à 21.32.00.pngDans un communiqué, HRW affirme qu'un "mandat d’arrêt congolais pour viols de masse émis contre Sheka le 6 janvier 2011 n’a toujours pas été exécuté." Selon l'ONG américaine, "les autorités congolaises devraient procéder à l’arrestation de Sheka pour viols de masse, qu’il soit candidat à un mandat ou pas", a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior au sein de la division Afrique à Human Rights Watch.  "Ne pas arrêter un homme qui est tranquillement en train de faire campagne pour gagner des voix envoie le message que même les crimes les plus insignes ne seront pas punis."

Voici l'intégralité de l'enquête d'Human Rights Watch : "Sheka est le leader d’une milice connue sous le nom de Maï Maï Sheka, qui opère dans le territoire reculé de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, à l’est du Congo. En juillet 2011, les Nations Unies ont publié un rapport détaillé décrivant les viols d’au moins 387 civils – 300 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons – perpétrés entre le 30 juillet et le 2 août 2010, dans 13 villages situés le long de la route reliant Kibua à Mpofi en territoire de Walikale. Le rapport de l’ONU indiquait que la milice Maï Maï Sheka faisait partie d’une coalition de trois groupes armés responsables de ces viols en masse et désignait nommément Sheka comme l’un des leaders qui portaient la responsabilité du commandement...

Pour lire la suite de l'enquête d'Human Rights Watch, cliquez ICI.

01 novembre 2011

RDC-Elections : Kabila dans la peau du favori

La campagne officielle à peine commencé, Joseph Kabila enchaîne déjà les meetings et les déplacements en province. Le président sortant compte sur une "campagne-éclair" et sur son omniprésence aux quatre coins du Congo pour assurer sa réélection. Avec 6 autres candidats d'opposition et une présidentielle à un seul tour, rien ne semble pouvoir arrêter Joseph Kabila.

Capture d’écran 2011-11-01 à 22.56.11.pngLe 28 novembre 2011, la République démocratique démocratique du Congo (RDC) élira son prochain chef de l'Etat pour cinq ans. Le sortant, Joseph Kabila, est candidat à sa propre succession. Depuis le lancement officiel de la campagne électorale, le 28 octobre, le "raïs", entame une "tournée-express" dans les provinces congolaises, en commençant par le Maniema. Cette région, réputée pro-Kabila (98% en 2006 !), est l'une des provinces clés de ce scrutin, avec les 2 Kivus, le Katanga et la province orientale. Très discret, pendant ses 5 années à la tête de la RDC, Joseph Kabila endosse sans état d'âme les habits du favori, avec un bilan à défendre… et des promesses à faire.

Si le président Kabila a reconnu que la Maniema est "encore en chantier", il n'a pas hésité à promettre de nouveaux projets : la construction d’un stade et d'une faculté de médecine, mais aussi la construction d’une centrale hydroélectrique (l'accès à l'électricité étant l'un des nombreux problèmes des Congolais).

Après Kindu, le "candidat n°3", comme l'appellent les médias locaux, s'est rendu à Kasongo, toujours au Maniema. Joseph Kabila a continué ses promesses : "reconstruction", "modernisation", "accès à l'eau et à l’électricité"… le président sortant à annoncé la construction, "dans un bref délai", de groupes thermiques, ainsi que la rénovation des écoles "pour une meilleure prise en charge de la jeunesse". En retour, le chef de l'Etat a demandé à la population de lui accorder 100% des voix.

Si dans le Maniema, les promesses peuvent encore s'entendre, dans les 2 Kivus (le Nord et le Sud), un sujet sera particulièrement attendu : le retour de la paix. Joseph Kabila avait en effet beaucoup promis en 2006. Cinq années plus tard, les nombreux groupes rebelles font encore la loi dans la région : massacres à répétition, vols, viols… 1,7 millions de réfugiés ne sont toujours retournés dans leur village d'origine. Cette semaine encore, une dizaine d'attaques ont été recensées par les Nations-Unies.

Malgré ce contexte, Joseph Kabila est plus confiant que jamais. Il s'est même déclaré "sûr" de l'emporter. Plusieurs circonstances lui sont favorables : une présidentielle à un seul tour, une opposition divisée… Mais aussi plusieurs atouts : un bilan à défendre, d'importants moyens financiers, une machine étatique à son service, un appareil sécuritaire et des médias publiques aux ordres.

Plusieurs signaux inquiètent pourtant les observateurs internationaux : le risque d'une fraude massive (de nombreuses irrégularités ont déjà été constatées), la crainte d'une contestation des résultats et d'une flambée de violence post-électorale. Dans les rues de Kinshasa, on parle même d'un "scénario à l'ivoirienne". On se souvient qu'en 2006, la victoire de Joseph Kabila et la défaite de son challenger, Jean-Pierre Bemba avaient provoqué d'importants combats à l'arme lourde, dans le centre-ville de Kinshasa. Bilan : une centaine de morts et l'exil forcé de Jean-Pierre Bemba. Le candidat malheureux aux élections de 2006 avait en effet échappé à une tentative d'élimination physique pour la garde présidentielle de Kabila, le contraignant à se réfugier dans les locaux de l'ambassade d'Afrique du Sud… Autant dire que le scrutin de 2011 sera déroulera, lui aussi, sous haute surveillance.

Christophe RIGAUD

Photo : Site officielle de la présidence - RDC

RDC-Elections : L'UDPS calme le jeu

Alors que les violences électorales se poursuivent entre majorité, opposition et forces de sécurités congolaises, le parti du candidat Etienne Tshisekedi joue l'apaisement en promettant de signer le code de bonne conduite de la Commission électorale congolaise (CENI), le 3 novembre prochain. L'élection présidentielle et les législatives doivent se tenir en République démocratique du Congo (RDC) le 28 novembre 2011.

Logo Elections 2011.jpgL'UDPS sera le dernier parti politique à signer le fameux code de bonne conduite de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Le parti d'opposition conditionnait  cette signature à la libération de ses 34 militants arrêtés lors des manifestations lourdement réprimés par la police congolaise. L'UDPS avait déjà annoncé la signature du document pour le jeudi 27 octobre avant de se rétracter. Il faut dire que depuis plusieurs mois, toutes les manifestations du parti d'Etienne Tshisekedi pour obtenir la transparence des élections, particulièrement l’accès des experts de l’opposition au serveur central, ont toutes été dispersées dans la violence. Un militant a même été tué par balle, d'autres blessés et plusieurs dizaines arrêtés, à Mbujyi-Mayi le jour du lancement officiel de la campagne.

Pour de nombreuses ONG, il y a donc urgence à "calmer le jeu" pour éviter un embrasement général. C'est dans cet état d'esprit que l'UDPS doit signer le 3 novembre le code de bonne conduite de la CENI. Ce texte énumère les obligations et les devoirs des candidats à la présidentielle pendant la campagne et après les élections. Jusqu'ici, 10 candidats sur les 11 retenus pour la présidentielle de novembre 2011 l'ont signé. En acceptant les règles du jeu, le parti d'Etienne Tshisekedi rentre dans le rang. Le parti d'opposition que se voit le plus souvent interdit de manifester, teste maintenant les "caravanes motorisées" pour contourner le "cadenassage" policier des centres urbains.

La balle est maintenant dans le camp des autorités congolaises : autoriseront-elles les prochaines manifestations de l'opposition ? la police congolaise (pourtant récemment formée au maintient de l'ordre) fera-t-elle preuve de retenue ? Les forces de sécurité agiront-elles avec discernement et utiliseront-elles des armes non-létales ? La légitimité du scrutin est à ce prix.

Christophe RIGAUD

30 octobre 2011

RDC : Thierry Vircoulon (ICG) préoccupé par les violences électorales

Au moment où démarre la campagne officielle pour les élections générales en République démocratique du Congo (RDC), l'association Survie invitait à Paris une série d'experts autour de la question : "Congo-Kinshasa : Quel avenir dans les urnes ?". Le spécialiste Thierry Vircoulon d'International Crisis Group (ICG) a fait part de ses inquiétudes de voir les violences électorales se généraliser à la veille du scrutin, prévu le 28 novembre prochain.

Thierry Vircoulon.jpgLe 28 octobre 2011, jour du lancement de la campagne électoral en RDC, l'association Survie organisait, dans le cadre du Collectif Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, une rencontre autour des prochaines élections présidentielle et législatives.

Thierry Vircoulon, directeur du programme "Afrique centrale" de l'ONG américaine Internationale Crisis Group, a décrypté les différents enjeux des élections de 2011 en RDC. Pour ce spécialiste de la région, "le processus électoral au Congo est bien mal parti. Depuis le début, ce processus est en retard". A seulement 1 mois du scrutin, de nombreuses incertitudes planent en effet sur ces élections. Le matériel électorale (bulletins de vote, urnes…) en provenance de Chine et d'Afrique du Sud n'est toujours pas arrivé et surtout son acheminement sur le terrain, dans des délais aussi serrés, est loin d'être garanti par les avions de mission de l'ONU en RD Congo (MONUSCO). Selon Thierry Vircoulon, outre les problèmes logistiques, plusieurs facteurs font de ces élections, un scrutin à haut risque :
- Le déséquilibre du rapport de force entre majorité et opposition. Les différentes formations politiques ne partent pas en campagne sur le même pied d'égalité. Il existe en effet de fortes distorsions sur le niveau de financement, l'organisation et la capacité de mobilisation entre les différents candidats.
- Le manque de transparence du scrutin. De nombreuses irrégularités ont été constatées lors de l'enregistrement des électeurs. Craignant une fraude massive, l'opposition réclame un audit du fichier électoral et l'accès au serveur de la Commission électoral (CENI).
- La sécurisation des élections. Les manifestations de l'opposition sont systématiquement réprimées.

Thierry Vircoulon, entrevoit donc deux risques principaux à ces élections : "tout d'abord la violence post-électorale avec un risque élevé de contestations des résultats". Le second risque, pour ce spécialiste, est de voir Joseph Kabila réélu avec une faible avance. Le parti présidentiel (PPRD) serait dans l'obligation de gouverner sans coalition, s'accaparant ainsi tous les pouvoirs. "Il peut donc y avoir des problèmes de stabilité à moyen terme" selon Thierry Vircoulon.

Ecoutez l'interview qu'a accordé Thierry Vircoulon à AFRIKARABIA à l'issue de cette conférence :


Thierry Vircoulon s'inquiète des violences... par ChristopheRigaud

A noter que trois autres experts étaient présents à Paris à l'invitation de l'association Survie. Said Abass Ahamed, est intervenu sur la transition démocratique en RDC. Il a notamment révélé que les élections congolaises étaient l'une des priorités du Département d'Etat américain en Afrique, avec le Sud-Soudan, le Nigeria et l'Ouganda. Il a souligné qu'au Nigeria et en Ouganda, les présidents sortants ont tous été "facilement réélus".

Alphonse Maindo a ensuite analysé les motivations des électeurs congolais au cours des élections de 2006 et 2011. Ce professeur en Sciences politiques à l'Université de Kisangani estime qu'en 2006, les Congolais voulaient "retrouver la paix", expliquant ainsi le vote en faveur de Joseph Kabila. En 2011, Alphonse Maindo pense que les électeurs veulent "retrouver la joie de vivre". En l'absence de toute amélioration dans la vie quotidienne des Congolais, ce professeur de Kisangani prévoit un "vote sanctionnant les principaux responsables" (à savoir Joseph Kabila).

Marie-Soleil Frère, professeur de journalisme à l'Université Libre de Bruxelles, est enfin intervenue sur "le rôle des médias en période électorale". Selon cette spécialiste, le paysage médiatique congolais n'a pas vraiment changé depuis les élections de 2006. Pour Marie-Soleil Frère, on retrouve les mêmes problèmes : un climat de tension extrême, une réglementation des médias non-clarifiée (malgré la nouvelle instance de régulation - CSAC), la télévision nationale (RTNC) toujours aux ordres du parti présidentiel, des médias très "partisans", un journalisme précaire et "rétribué" et des organes de presse vecteurs d'intolérance pouvant mener à une violence généralisée.  Marie-Soleil Frère relève enfin les nombreuses exactions  commises envers les journalistes (5 assassinats depuis 2006 et 17 emprisonnements en 2010), mais aussi à l'encontre des organes de presse (la chaîne de télévision CMCTV a été délogé le 25 octobre 2011 et la chaîne RLTV a été pillé le 6 septembre 2011).

Christophe RIGAUD

Photo : Thierry Vircoulon à Paris le 28 oct 2011 © Ch. Rigaud

RDC : Human Rights Watch plaide pour des élections "sans haine"

La République démocratique du Congo (RDC) vit actuellement au rythme des violences électorales. Selon Human Rights Watch (HRW), "les candidats ne devraient pas inciter à la violence et les services de sécurité devraient cesser leurs attaques contre les candidats politiques et les manifestants". Des élections présidentielle et législatives doivent se tenir le 28 novembre prochain.

Capture d’écran 2011-10-30 à 20.03.43.pngDepuis plusieurs mois, les manifestations de l'opposition congolaises sont systématiquement réprimées par les autorités de Kinshasa. La dernière manifestation à Mbujyi-Mayi s'est achevée sur le bilan d'1 mort et de 3 blessés. Dans ce contexte de vives tensions en RDC, l'ONG Human Rights Watch (HRW), estime que "les candidats politiques et leurs partisans en République démocratique du Congo ne devraient pas inciter à la violence et devraient s’abstenir d’employer des discours haineux durant la prochaine campagne électorale". Des élections présidentielle et législatives sont en effet prévues en RD Congo le 28 novembre 2011.

Depuis mars 2011, HRW a relevé "des dizaines de cas de discours haineux manifestement basés sur des critères ethniques, ainsi que d’incitation à la violence, de la part de candidats politiques et de leurs partisans. La police a par ailleurs employé une force inutile et excessive contre des manifestants politiques. Les agressions verbales et physiques, principalement contre des candidats de l’opposition et leurs partisans, ont créé un climat de peur dans certaines régions et soulevé des préoccupations relatives à la crédibilité des élections."

Selon Anneke Van Woudenberg, chercheuse à Human Rights Watch, "les candidats qui incitent à la violence risquent de provoquer une campagne électorale sanglante, et les autorités judiciaires doivent intervenir pour arrêter ce genre de comportement. Toute personne aspirant à une fonction gouvernementale devrait également reconnaître les graves dangers du recours à des discours haineux."

Pour lire la suite de l'enquête d'Human Rights Watch, cliquez ICI.

28 octobre 2011

RDC : L'UDPS mise sur les législatives

Alors que la campagne électorale officielle démarre aujourd'hui en République démocratique du Congo (RDC), le parti d'Etienne Tshisekedi se dit prêt à négocier un report des élections législatives. Prévues le 28 novembre prochain, le même jour que la présidentielle, les législatives accusent de sérieux retards dans l'organisation du scrutin.  Un "découplage" qui pourrait finalement faire l'affaire de l'UDPS.

Image 2.pngLongtemps opposée au "découplage" des élections présidentielle et législatives, prévues toutes les deux le 28 novembre 2011, l'UDPS change de stratégie et se déclare prête à négocier un report de ce scrutin. Deux raisons peuvent expliquées ce retournement.

Une raison pragmatique tout d'abord. La Commission électorale congolaise (CENI) éprouve depuis le début de l'organisation du scrutin d'énormes difficultés logistiques :  nombre de candidatures record, retards dans l'impression des bulletins de votes et dans l'acheminement du matériel électoral... L'UDPS reconnaît que la CENI n’est pas encore prête à organiser les élections. Pour l'instant, le président de la CENI, le pasteur Ngoy Mulunda persiste : "les deux scrutins auront bien lieu le 28 novembre prochain." Le problème, c'est que l'ensemble des observateurs (ONG, ambassades, société civile... ) estiment qu'il sera impossible d'organiser ces deux élections, le même jour, dans la sérénité. L'UDPS prend donc les devants en souhaitant maintenir la date du 28 novembre pour la présidentielle (avec un chef de l'Etat élu à la date prévue) mais en reportant les législatives, afin d'organiser ce scrutin "dans de bonnes conditions matérielles".

Derrière cette déclaration de l'UDPS, on peut également y voir une nouvelle stratégie électorale. Avec 6 candidats de l'opposition et une présidentielle à un seul tour, on voit mal comment le président Joseph Kabila peut ne pas être réélu à la tête de la RD Congo le 28 novembre. L'opposition congolaise n'a effectivement pas réussi à s'entendre sur une candidature unique face au président sortant. Le parti d'Etienne Tshisekedi estime avoir une chance de se rattraper aux législatives, où il sera ensuite plus facile de nouer des alliances avec d'autres députés d'opposition, à l'Assemblée nationale. Joseph Kabila pourrait ainsi se retrouver en situation de cohabitation... sans majorité solide à la chambre.

Un seul danger guette les partis d'opposition en cas de report des législatives : la longueur de la campagne pour la députation qui bénéficierait plutôt aux partis disposant de confortables moyens financiers... ce dont manque l'opposition.

Christophe RIGAUD

Photo : E. Tshisekedi à Bruxelles en 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC : "Viva Riva !" débarque à Kinshasa

Après son succès en Europe et aux Etats-Unis, le long métrage belgo-congolais "Viva Riva !" arrive en République démocratique du Congo (RDC). Des séances seront organisées à Goma, le 29 octobre et Kinshasa le 31 octobre dans le cadre du Festival Cinéma Européen. Une première pour ce film événement réalisé par un Congolais, Djo Tunda Wa Munga.

Image 5.png"Viva Riva !", le film congolais événement débarque enfin en République démocratique du Congo (RDC). Après une carrière internationale exceptionnelle jalonnée de nombreuses sélections dans  les festivals du monde entier, couronné par plusieurs prix prestigieux et des articles de presse élogieux, "Viva Rival !", le premier long métrage du jeune cinéaste congolais Djo  Tunda Wa Munga, revient au pays. Le film sera projeté dans le cadre de l'ouverture du Festival Cinéma Européen à Kinshasa le 31 octobre à 19h00 au Collège Boboto en présence du réalisateur et sera également à l'affiche du festival SKIFF (Salam Kivu International film Festival) à Goma ce samedi 29 octobre 2011. 

"Viva Riva !" est le premier film de l’histoire du Congo moderne. Le réalisateur, Djo Tunda Wa Munga, a en effet entièrement tourné à Kinshasa, en lingala, avec des comédiens et techniciens locaux. Depuis lors, le film a rencontré un succès critique et  populaire sans précédent et totalement inattendu pour un film africain, qui plus est congolais.

Après ce succès, la production du film (SUKA !) et le réalisateur se sont lancés un nouveau défi :  sortir le film sur grand écran en RD Congo.  La sortie s’étalera sur plusieurs mois et consistera en plusieurs projections dans différents lieux de la capitale pouvant  accueillir ce genre d’événements, ainsi que dans les villes principales du pays (Lubumbashi, Goma,  Bukavu, Kisangani, Matadi).

Christophe RIGAUD

Plus d'infos : www.vivariva.com