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23 juin 2011

RDC : L'impossible candidature de Jean-Pierre Bemba

Bemba candidat à la prochaine élection présidentielle ? Son propre parti, le MLC, laisse encore planer le doute d'un possible retour du "chairman" en République démocratique du Congo(RDC). Mais le procès fleuve de Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre pourrait durer encore une année. Selon l'avocat Hamuly Rety, ancien président des avocats de la défense au TPIR, une candidature Bemba à la présidentielle de novembre 2011 semble irréaliste.

Image 2.pngA 6 mois des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), le doute n'est plus permis sur l'absence de Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux du MLC à la présidentielle de 2006 face à Joseph Kabila. Jean-Pierre Bemba avait tout de même réalisé 42% au second tour et était même arrivé en tête à Kinshasa, en Equateur, au Bas-Congo et dans les deux Kasaï. Mais en 2007, la justice internationale le rattrape pour crimes de guerre et crime contre l'humanité pour des exactions commises par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003. Ses partisans dénoncent un procès politique pour éloigner Bemba de la scène politique congolaise. L'ancien président centrafricain, Ange-Félix Patassé, qui avait demandé l'aide des troupes de Bemba dans son pays, n'a jamais été inquiété par la CPI, preuve pour le MLC qu'il s'agit d'une "manoeuvre" pour éliminer Bemba des prochaines présidentielles.

Si le parti de Jean-Pierre Bemba entretient encore le suspens sur une éventuelle candidature du patron du MLC aux élections, de nombreux observateurs estiment cette possibilité irréaliste. On imagine mal comment du fond de sa cellule de La Haye, Jean-Pierre Bemba pourrait s'enregistrer sur les listes électorales et déposer sa candidature. Le MLC mise sur un jugement de la CPI  rendu en septembre qui innocenterait Bemba... mais ce calendrier paraît intenable par la Cour pénale. Seule la moitié des témoins ont été entendus et pour comparaison, le procès d'un autre Congolais, Thomas Lubanga, dure depuis plus de deux, sans aucun jugement, alors que le procès Bemba a commencé il y a  6 mois.

Afrikarabia a demandé à Hamuli Rety, ancien président des avocats de la défense au TPIR d'Arusha et spécialiste de la justice internationale son avis sur le cas Bemba. Pour Maître Rety, "on n'a jamais vu un homme aux mains de la justice internationale pouvoir se présenter à des élections". Regardez son interview :


Interview dHamuli Rety sur limpossible... par ChristopheRigaud

Christophe Rigaud

20 juin 2011

RDC : Des candidats sans programme ?

Qui connaît le programme électoral des candidats à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) ? Où sont les mesures concrètes pour améliorer la vie des Congolais ? Si Joseph Kabila s'abrite derrière ses "5 chantiers", l'opposition n'a d'autre programme que son "anti-kabilisme". Un peu court pour convaincre les électeurs.

filtre DSC02392(2).jpgIl y a plus de 400 partis politiques en République démocratique du Congo (RDC). La vie politique congolaise possède une particularité  : chaque parti représente un homme, plutôt que des idées. On se range derrière Kabila, Tshisekedi, Bemba ou Gizenga et non pas derrière un parti libéral, social-démocrate, socialiste ou nationaliste... A cela se rajoute un critère géographique : la province de l'Equateur soutient traditionnellement Jean-Pierre Bemba, le Kasaï Etienne Tshisekedi, le Kivu Vital Kamerhe ou le Katanga, Joseph Kabila... à chaque région sa personnalité politique. En dehors de ses caractéristiques, peu ou pas d'idéologie et surtout pas de programme ou de mesures concrètes. 

Si tous les candidats promettent un Etat fort, un Congo en paix, uni et prospère, l'accès à l'eau, à l'électricité, à la santé, à l'éducation ou de meilleures routes... aucun ne nous explique comment il va procéder. Avec un budget annuel de 6,7 milliards de dollar, un territoire grand comme 5 fois la France et 70 millions d'habitants... autant dire que la marge de manoeuvre est limitée pour l'Etat congolais. Le programme électoral des candidats à la prochaine élection présidentielle de novembre 2011 devrait donc être le principal enjeu de cette pré-campagne. Pour l'heure, cela est loin d'être le cas.

5 chantiers à la peine

Côté présidentiel, Joseph Kabila (candidat non déclaré) campe sur ces 5 chantiers. Son programme de 2006 est encore d'actualité... et c'est bien cela le problème. Après 4 années aux manettes de la République démocratique du Congo, les 5 chantiers du président Kabila sont loin d'être achevés. Quelques centaines de kilomètres de routes (2000 exactement, alors que 95% du réseau est encore impraticable), un boulevard-autoroute du 30 juin flambant neuf à Kinshasa, quelques raccordements à l'eau et le ramassage des ordures sur 9 des 24 communes de la capitale, un hôpital du cinquantenaire... voici très rapidement listé le court bilan des 5 chantiers. Trop peu pour satisfaire la majorité des Congolais qui n'en ont jamais vu la couleur. Il sera donc difficile à Joseph Kabila de trouver de nouvelles propositions pour l'élection 2011.

L'opposition a des "visions"

Côté opposition, le programme pourrait se résumer à "tout sauf Kabila". Kamerhe, Tshisekedi, Bemba et Muamba surfent tous sur le rejet du président sortant pour asseoir leur projet électoral. Si l'on regarde de près les sites internet des principaux partis d'opposition et les déclarations de leur candidat, aucun programme... tout juste des "visions" du pays. Une "vision" suffit-elle à faire un programme politique ?

Qui a déjà vu ou entendu parler du programme de l'UDPS ? A chaque déclaration, Tshisekedi se contente de généralités : "mettre l'homme au coeur de l'action politique", "assainir le climat des affaires", "lutter contre la corruption", "rétablir un état de droit" et instaurer une "meilleure gouvernance"… Quels moyens y parvenir ? Quelles seront les mesures prises par le leader de l'UDPS une fois au pouvoir ? Le sphinx de Limete n'en dit mot pour l'instant. Car pour Tshisekedi, tous les maux du pays ont pour seul responsable Joseph Kabila. Etre anti-Kabila lui suffira-t-il à remporter les élections ? Pas si sûr.

Chez Vital Kamerhe, même son de cloche : on soigne le sentiment anti-Kabila. Kamerhe milite pour que l'opposition "se mette d'accord sur un programme minimum pour battre Kabila". Côté "vision", l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise veut prendre exemple sur le Brésil de Lula. Les ressemblances sont grandes entre les deux pays : un immense territoire, un grand fleuve, une grande forêt, des ressources naturelles importantes.. Mais comme Tshisekedi, aucune information sur les moyens de devenir le nouveau Brésil d'Afrique. Pour Kamerhe, son programme électoral se résume à "faites moi confiance, je ferais mieux que les autres".

Pour le MLC, premier parti d'opposition institutionnel (64 députés, 17 sénateurs), le défi est double. Certes il faut trouver un programme (Bemba en avait-il en 2006 ?), mais il est surtout à la recherche... d'un candidat. Depuis l'incarcération de son "chairman" Jean-Pierre Bemba en 2007 à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, le MLC a explosé en plein vol. Son secrétaire général, François Muamba a été débarqué, pour être remplacé par Thomas Luhaka. Muamba ne l'entend pas de cette oreille et compte bien se défendre en justice. Sujet de la brouille, la possible (ou impossible) candidature de Bemba à la présidentielle de 2011. Du fond de sa cellule de La Haye, Jean-Pierre Bemba a peu de chance d'être libéré avant le scrutin de novembre prochain. Le psychodrame que vit actuellement le MLC éclipse donc l'absence de programme du MLC.

A moins de 6 mois des élections présidentielles et législatives prévues le 28 novembre prochain, difficile de connaître les intentions des différents candidats d'opposition. Rien d'original, rien d'innovant… une simple "course sportive" à la présidence dont le seul intérêt est de savoir qui franchira la ligne le premier. Dommage pour les électeurs Congolais qui souhaiteraient juste savoir comment leur avenir peut s'améliorer.

Christophe Rigaud

Photo : Kinshasa 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

18 juin 2011

RDC : Arrestation d'un candidat à la présidentielle

Le 3 juin dernier, le président du FLNC (Front de libération nationale du Congo), Elie Kapend Kanyimbu aurait été arrêté à Lufu, à la frontière angolaise. Le FLNC dénonce l'arrestation arbitraire de cet ex-général des Tigres Katangais, candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). 

Logo Elections 2011.jpgSelon un communiqué de la représentation européenne du FLNC, Elie Kapend Kanyimbu a été arrêté vendredi 3 juin alors qu'il voulait se rendre en Angola. Le président du Front de libération nationale du Congo devait assister au mariage de son fils aîné et avait prévenu, selon le FLNC à Bruxelles, les services de la DGM, de l'ANR (les renseignements congolais) et le conseiller sécurité du président Kabila, Pierre Lumbi. Le communiqué stipule qu'Elie Kapend Kanyimbu possédait un visa en cours de validité délivré par l'ambassade d'Angola à Kinshasa.

Selon, le site Le Climat Tempéré, Elie Kapend Kanyimbu a d'abord été transféré à Matadi (au Bas-Congo) avant d'être écroué dans les locaux de l'ANR à Kinshasa. Suite à cette arrestation, le siège du FLNC à Kinshasa "a été investi par près de 2000 militaires" le vendredi 10 juin. Le siège du parti et la résidence d'Elie Kapend Kanyimbu ont ensuite été perquisitionnés et trois cadres du FLNC ont été interpellés.

Cette arrestation, qui n'a pas encore été confirmée officiellement, intervient dans un climat de vive tension à l'approche des prochaines élections présidentielles et législatives, prévues en novembre prochain. L'opposition au président sortant, Joseph Kabila, dénonce de nombreuses pressions sur les candidats et militants.
Comme le Bundu dia Mulaya (originaire du Bas-Congo) et récemment interdit , le FLNC est une émanation des «Tigres du Katanga». Ce mouvement issu des célèbres "gendarmes katangais" s'était battu dans les années 1960 pour l'indépendance de la riche province du Katanga, avant de fuir en Angola. Les "Tigres" sont aujourd'hui connus sous le nom de Front de libération nationale du Congo (FLNC, le parti d'Elie Kapend Kanyimbu, redevenu très actif, au Bas-Congo, à la frontière de l'Angola, leur refuge depuis une quarantaine d'années.

Le représentant d'Elie Kapend Kanyimbu en Europe, Yves Nawezi, demande au ministre belge des Affaires étrangères, à l'Union européenne et aux différentes ONG internationales de "peser de tous leur poids pour obtenir la libération immédiate du président Kapend et de ses codétenus".

Christophe Rigaud

17 juin 2011

RDC : Grande marche Paris-Bruxelles contre les viols au Congo

14 jours de marche pour 14 années de silence. Chaque jour 1152 femmes sont violées en République démocratique du Congo (RDC) dans l'indifférence générale. Pour dénoncer ce féminicide oublié des médias, une grande marche de Paris à Bruxelles tentera de sensibiliser l'opinion publique au drame des femmes congolaises. Départ de Paris, le 30 juin 2011.

Image 3.png"Ni violées, ni persécutées", c'est le slogan des 300 km de marche qui relieront Paris à Bruxelles entre le 30 juin et le 14 juillet pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les viols de masse commis en toute impunité en République démocratique du Congo (RDC). Les marcheurs demandent aux gouvernement français et belge de reconnaître la gravité de ces crimes. A l'arrivée à Bruxelles, une plainte sera remise à la Cour pénale internationale (CPI) afin d'engager des poursuites contre "les génocidaires congolais".

Organisée par l'Action des Journalistes de l'Espace Schengen (AJES), en partenariat avec l'association Ni Putes Ni Soumises, cette marche mondiale des Congolaise pour la justice traversera 14 villes de France et de Belgique avec pour objectif : briser un silence de 14 ans sur sur les violences sexuelles en RDC. Pour l'organisatrice, Marie Inyongo, présidente de l'AJES, "il est temps de dire stop !"  Un récent rapport de The American Journal of Public Health, démontre une augmentation inquiétante des viols constatées en RDC, au rythme de 1152 femmes par jour, soit 48 femmes par heure en moyenne. Partenaire de cette marche, l'association Ni Putes Ni Soumises s'est fortement impliquée dans ce projet. Pour sa présidente, Sihem Habchi, "ces massacres sont en train de déshumaniser l'Afrique. Il est temps de se mobiliser pour ses femmes et de porter plainte en leur nom". Regardez les interviews de Marie Inyongo (AJES) et de Sihem Habchi (Ni Putes Ni Soumises) :


Interview de Marie Inyongo et Sihem Habchi par ChristopheRigaud

L'ambassadeur de France chargé des droits de l'homme, François Zimeray est venu apporter son soutien à la marche "Ni violées, Ni persécutées". L'ambassadeur a effectué plusieurs voyages "bouleversants" en RD Congo, selon ses propres propos. Pour François Zimeray, "il n'y a aucun mot pour rendre compte de la violence et de la barbarie dont sont victimes les femmes congolaises." L'ambassadeur dénonce "l'obscurité médiatique" qui entoure ces crimes et "l'absence de réponse de la société civile". Regardez l'interview de François Zimeray, toujours très ému par ce qu'il a vu en RDC :


Interview de François Zimeray ambassadeur des... par ChristopheRigaud

La marche "Ni violées, Ni persécutées" partira de Paris le 30 juin (esplanade du Trocadéro) pour arriver le 14 juillet à Bruxelles. 14 villes seront traversées : Goussainville, Senlis, Compiègne, Noyon, Tergnier, St. Quentin, Bohain en Vermandois, Solesmes, Valenciennes, Boussu, Mons, Soignies, Hal et Bruxelles.

Christophe Rigaud

14 juin 2011

RDC : La loi électorale validée par le Sénat

Sans surprise le Sénat congolais a adopté la nouvelle loi électorale en République démocratique du Congo (RDC). En vue des prochaines élections présidentielles et législatives de novembre 2011, le Sénat valide une loi électorale sans grands changements par rapport au précédent scrutin de 2006.

Logo Elections 2011.jpgLes sénateurs (majorité et opposition réunis) ont approuvé, comme l'Assemblée nationale il y a quelques semaines, la nouvelle loi électorale qui régira les élections présidentielles et législatives de novembre prochain. Les deux assemblées congolaises ont rejeté les principales modifications proposées par le gouvernement : pas de seuil de 10% pour les députés (proportionnelle intégrale) et maintient des 4 circonscriptions pour la capitale, Kinshasa (contre les 24 proposées par le gouvernement). Après son approbation par l'Assemblée nationale et maintenant le Sénat, la loi électorale sera prochainement promulguée par le président Joseph Kabila.

Christophe Rigaud

RDC : Vers une force régionale d'intervention contre la LRA

La deuxième réunion des ministres de la Défense des pays victimes des exactions de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) vient de décider la création d'une Force Régionale d'Intervention (FRI) contre la rébellion ougandaise de Joseph Kony. L'Union africaine (UA) et la communauté internationale devront contribuer au financement et à la mise en place de cette force.

logo afkrb.pngDepuis plus de 25 ans, la LRA du rebelle ougandais Joseph Kony, terrorise les populations de République démocratique du Congo (RDC), de République Centrafricaine et du Sud-Soudan. D’après le HCR, depuis décembre 2008, la LRA  a tué 2000 personnes, en a enlevé plus de 2600 et a provoqué le déplacement de 400.000 habitants au Nord et à l'Est de la RDC. Depuis plusieurs mois, les ONG font pression sur l'Union africaine (UA) pour prendre enfin le problème au sérieux.

En octobre 2010, l'Union africain avait déjà convenu d'un plan sécuritaire et humanitaire de grande ampleur. Ce week-end à Addis-Abeba, la réunion des ministres de la Défense congolais, ougandais, centrafricain et du ministre de l'Intérieur du Gouvernement du Sud Soudan va plus loin en annonçant  la mise en place d'une Force d'Intervention Régionale (FRI), d'un centre des opérations (COC) et d'un mécanisme conjoint de coordination (MCC) afin lutter contre la LRA.   

L'Union africaine devra mobiliser des ressources financières et logistiques pour constituer cette force. Les autres besoins de la mission seront à la charge des pays
contributeurs. Si cette réunion constitue un pas de plus vers une intervention armée contre la rébellion de Joseph Kony, le temps presse : ces cinq derniers jours, des localités de Bangadi, à 40 kilomètres de Dungu, ont été victimes d’une série d’attaques attribuées aux combattants de l’Armée de résistance du seigneur. Bilan : 4 morts et de nombreux pillages.

Christophe Rigaud

RDC : Le conflit oublié des médias

La République démocratique du Congo (RDC) est-elle maudite ? Depuis plus de 15 ans cet immense pays d'Afrique centrale cumule les conflits et les drames humanitaires... dans l'indifférence générale. Pourquoi les médias internationaux sont-ils plus prompts à couvrir la guerre en Libye, le conflit en Irak ou en Afghanistan, que la catastrophe humanitaire en cours en RDC ? Explications sur un pays plongé dans un "trou noir médiatique".

DSC04006.jpgTrop long, trop compliqué, trop loin, trop cher à couvrir pour les journalistes, le conflit oublié en République démocratique du Congo (RDC) ne mobilise pas les médias... et donc pas les opinions publiques. Pourtant ce vaste pays, grand comme 5 fois la France, en plein coeur de l'Afrique, est un concentré de catastrophes divers : plusieurs guerres à répétition, des millions de morts (2, 3 ou 4 millions ?), 1,7 million de réfugiés, le viol de masse utilisé comme arme de guerre, l'enrôlement de milliers d'enfants soldats, le pillage des ressources naturelles, un Etat défaillant dans le top 10 des pays les plus pauvres au monde... voici le rapide portrait de la situation en RDC. Pourtant, les médias ne semblent guère y prêter attention alors que 18.995 casques bleus de l'ONU sont sur place pour la plus importante opération de maintien de la paix au monde. Afrikarabia a demandé à Marcel Stoessel*, responsable de l'ONG Oxfam en RDC, de nous éclairer.

- Afrikarabia : Qu'est-ce qui explique l'absence de la RDC dans les médias malgré une situation humanitaire extrêmement préoccupante ?

- Marcel Stoessel : Tout d’abord, j’aimerais confirmer les deux affirmations que vous faites : une situation humanitaire préoccupante, et une certaine absence de la RDC dans les médias. Cette absence est assez choquante. Une recherche récente a montré qu’entre septembre 2006 et avril 2007, il y avait 1.327 articles référencés sur la RDC, 19.946 sur Israël et les territoires occupés, 29.987 sur l’Afghanistan, et 43.589 sur l’Iraq. Pour moi, il y a plusieurs raisons à cela :

Premièrement, la population qui souffre se trouve aujourd’hui, dans des zones très isolées du pays, comme en Haut Uélé, à Shabunda, ou à Fizi. Il est très difficile et coûteux pour les humanitaires ainsi que pour les médias d’y accéder. Les problèmes de sécurité et de logistique sont des barrières importantes. J’ai récemment visité un de nos projets humanitaires dans un village au Nord de Niangara, en Haut-Uélé (au Nord-Est de la RDC). Il nous a fallu plusieurs jours pour arriver à Niangara, et une fois sur place nous n’avons pas vu un seul véhicule de toute la journée. Souvent les journalistes n’ont pas les moyens financiers et le temps pour se déplacer dans ces zones reculées. Ils sont donc forcés de travailler dans les régions plus proches de Goma ou Bukavu (les principales villes de la région). Dans certaines zones il manque aussi de réseaux téléphoniques et il est donc difficile d’informer les journalistes sur la situation humanitaire.

Deuxièmement, les personnes déplacées vivent aujourd’hui principalement dans des familles d’accueil et non pas dans des camps de déplacés. En cas de crise, les familles congolaises accueillent très souvent leurs sœurs et frères réfugiés. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien entendu. Mais la souffrance des personnes vivant dans des familles d’accueil est visuellement moins impressionnante que lorsqu’il s’agit de grands camps de déplacés. Il est plus "spectaculaire" pour les journalistes de faire des photos ou de tourner des vidéos dans ces immenses camps. Aujourd’hui, les femmes, les enfants et les hommes souffrent loin des caméras, mais cela ne veut pas dire que leur souffrance soit moindre.

Troisièmement, les conflits en RDC sont compliqués. Il est plus facile d’expliquer un conflit binaire « A contre B » dans un contexte comme la Libye ou en Côte d’Ivoire que de parler de la pauvreté, de la mauvaise gouvernance, de dizaines de groupes armées, des ressources naturelles, des tensions intercommunautaires... Je pense aussi qu’il y a une certaine fatigue avec la RDC, parce que la situation ne semble pas s’améliorer significativement tout au long de ces années. Pourtant, ce n’est pas vraiment exact : il y a des solutions et la situation dans certaines zones s’est améliorée ces dix dernières années. Mais il faut une analyse approfondie et surtout, il faut de la patience.

- Afrikarabia : Que faudrait-il faire pour que ce conflit soit mieux couvert par les médias ? Faut-il adopter d'autres stratégies ?

- Marcel Stoessel :  Je pense qu'il faudrait sortir des statistiques et commencer par parler des êtres humains, derrière les chiffres. Il faudrait pouvoir montrer la famille qui a accueilli chez elle cinq autres familles déplacées suite à une attaque d’un groupe armé ;  la responsable d’une organisation locale qui a réussi à améliorer la sécurité du village en parlant avec le commandant local de l’armée ; le staff local d’Oxfam qui doit même réparer des pistes d’atterrissage et des ponts avant de pouvoir délivrer l’assistance, etc... Le célèbre photographe de mode Rankin est déjà venu deux fois en RDC pour raconter ces histoires très humaines, très concrètes... et nous devons continuer dans cette direction. Nous avons aussi un projet de « citoyen journaliste », qui devrait permettre à ces populations enclavées de raconter directement et sans censure leur quotidien. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ont un potentiel énorme pour mettre en contact des personnes des pays "développés" avec des Congolais. Il y a donc des solutions pour sortir du "trou noir médiatique". C’est notre devoir moral de continuer à tenter de le faire.

(*) Marcel Stoessel est le directeur d'Oxfam en République démocratique du Congo depuis 2 ans et demi. Cette ONG intervient dans l'humanitaire, mais aussi dans le développement durable et les plaidoyers auprès des décideurs politiques ou économiques. En RDC, Oxfam travaille sur l'accès à l'eau, l'assainissement, l'hygiène, la sécurité alimentaire, la protection des populations et l'éducation.

Propos recueillis par Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

11 juin 2011

RDC : Beltchika passe de l'UDPS au CDPS

Un seul petit changement de lettre et François-Xavier Beltchika se retrouve avec une toute nouvelle identité politique. Ancien leader de l'aile Righini de l'UDPS, le parti d'Etienne Tshisekedi, François-Xavier Beltchika lance le CDPS, le Congrès des Démocrates pour le Progrès Social. Un nouveau parti censé redonner vie à cette mouvance de l'UDPS, en délicatesse avec son leader Etienne Tshisekedi.

Afrikarabia logo.pngAprès plusieurs tentatives avortées pour prendre contrôle de l'UDPS, François-Xavier Beltchika créer son propre parti, le CDPS. En désaccord avec Etienne Tshisekedi depuis de nombreuses années, Beltchika finit donc par se résigner à quitter l'UDPS pour voler de ses propres ailes. Pour motiver sa décision, François-Xavier Beltchika exprime dans un article publié par Congo Tribune que "l'UDPS est devenue une imposture, se trouve en pleine déviation, condamnée au naufrage". Beltchika regrette ensuite "la léthargie et la paralysie totale du parti pendant au moins une décennie". A quelques mois des prochaines élections présidentielles de novembre prochain en République démocratique du Congo (RDC), le divorce consommé entre l'aile Beltchika et Tshisekedi démontre une certaine reprise en main de l'UDPS par son président historique.

Christophe Rigaud

10 juin 2011

RDC : Jean-Paul Moka renonce à revenir à Kinshasa

Candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), fixée le 28 novembre 2001, Jean-Paul Moka ne se rendra pas à Kinshasa comme il l'avait prévu. En exil en Belgique depuis 2004, le Pasteur Moka affirme avoir reçu des "intimidations du gouvernement congolais".

logo afkrb.pngDans un communiqué, Jean-Paul Moka affirme avoir annulé son retour à Kinshasa la semaine prochaine en raison "d'intimidations" du gouvernement. Sans en dire d'avantage, Jean-Paul Moka renonce pour l'instant à retourner en RDC après 7 années d'exil en Belgique. Candidat déclaré aux élections présidentielles de novembre prochain, ce riche homme d'affaires congolais est considéré comme un proche du gouvernement angolais.

Christophe Rigaud

09 juin 2011

RDC : 48 ONG appellent au renforcement de la MONUSCO

A l'approche des prochaines élections en République démocratique du Congo (RDC), une coalition d'ONG appellent le Conseil de sécurité des Nations Unies à renouveler le mandat des casques bleus au Congo et de lui allouer des ressources supplémentaires. Pour ces ONG, il devient urgent d'améliorer la protection des civils face aux attaques rebelles.

Image 3.pngDans un communiqué, 48 ONG internationales et congolaises demandent au Conseil de sécurité des Nations Unies de "faire en sorte que la mission onusienne en République démocratique du Congo (MONUSCO) dispose de ressources suffisantes et appropriées pour protéger les civils des attaques conduites par l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA) et prévenir la violence liée aux élections". La coalition affirme notamment que "la mission de l’ONU, dans sa forme actuelle, n’est pas suffisamment préparée pour répondre aux nombreux défis posés par la violence continue perpétrée par différents groupes, notamment dans les provinces orientales des Kivu". Pour la responsable d'Oxfam à New-York; "la mission a urgemment besoin de ressources additionnelles afin de réduire au maximum de potentielles violences liées aux élections".

Ce collectif dénonce ensuite la mauvaise répartition des casques bleus sur le territoire congolais. : "moins de 5 % des troupes de la MONUSCO sont déployées dans des zones affectées par la LRA. Aucun casque bleu n’est présent dans le district du Bas-Uélé, dans le nord de la RDC, où certaines des pires attaques de la LRA ont eu lieu et où opérerait le chef de la LRA, Joseph Kony". La LRA est actuellement responsable du déplacement de 340.000 civils en RDC sur un total d'1,7 million de réfugiés.

Ce n'est pas la première fois que ce collectif d'ONG tire la sonnette d'alarme sur la situation humanitaire et sécuritaire dramatique de la RD Congo. Mais à l'approche des élections présidentielles fixées au 28 novembre prochain, il y a visiblement urgence à sécuriser convenablement les populations au risque de plonger le pays dans un chaos plus profond.

Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud RDC 2006 (c) www.afrikarabia.com

07 juin 2011

RDC : Vers des contrats publics plus transparents

Après plus de 4 années de lutte, l'opposition congolaise et l'ONG Global Witness viennent de remporter une première victoire pour une transparence totale des contrats miniers, forestiers et pétroliers signés en République démocratique du Congo (RDC). Objectif : réduire la corruption dans un pays qui détient un tiers des réserves mondiales de cobalt et produit 18% des diamants du monde. Mais pour Global Witness, c'est une victoire en demi-teinte.

filtre DSC02250.jpgC'est une première en RD Congo : "Tout contrat conclu par l’Etat congolais ou une entreprise publique ou une société nationale ou étrangère pour l’exploration ou l’exploitation des ressources minières, pétrolières ou forestières sera publié dans les soixante jours suivant son entrée en vigueur". Pour l'ONG Global Witness, qui milite depuis plusieurs années pour une plus grande transparence dans les contrats miniers, forestiers et pétroliers en RDC, ce décret constitue une victoire incontestable contre la corruption qui gangrène l'économie congolaise. Selon Daniel Balint-Kurti, de Global Witness, "le Congo est extrêmement riche en ressources naturelles, qu’il s’agisse notamment de diamants, d’or ou de pétrole, mais la population de ce pays ne bénéficie pratiquement pas de cette richesse. En effet, ces ressources ont plutôt contribué à alimenter le conflit et la corruption". L'ONG salue donc "cette initiative positive qui pourrait contribuer à réduire la corruption dans le pays si elle est pleinement appliquée".

Mais Global Witness a tout de même quelques regrets. Notamment les nombreux contrats opaques conclus en 2010 dans le secteur pétrolier et miniers avec des entreprises "jusque-là inconnues". L'ONG souhaiterait également que "les modifications au contrat mines contre infrastructures signé en 2007 entre Kinshasa et un groupement d'entreprises chinoises, qui a été renégocié en 2009 de 9 à 6 milliards de dollars" soient rendues publiques.

Si ce nouveau décret ministériel constitue une nette avancée dans la lutte contre la corruption, la République démocratique du Congo deviendrait-elle pour autant plus transparente ? Des clauses secrètes pourraient être contractées en dehors du contrat officiel et des sociétés écrans peuvent encore cacher de juteux circuits de corruption… mais cette volonté de transparence est à mettre au crédit des autorités congolaises.

Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

RDC : Faustin Munene très malade ?

Selon Jeune Afrique, le rebelle congolais Faustin Munene, actuellement détenue au Congo-Brazzaville, serait "mal en point". Son état de santé se serait dégradé au point de devoir le transférer à l'hôpital militaire de Brazzaville. Accusé par Kinshasa de fomenter une rébellion depuis le Congo voisin, Faustin Munene est réclamé en vain par la République démocratique du Congo (RDC) pour y être jugé.

Capture d’écran 2011-06-07 à 21.41.11.pngL'aventure du général Munene pourrait prendre fin à Brazzaville, de l'autre côté du fleuve Congo. Un mauvais diabète, selon le site Congo Indépendant, serait à l'origine de la brusque dégradation de l'état de santé de Faustin Munene. Evacué dans un hôpital militaire, le rebelle congolais pourrait être transféré vers l'Europe pour se faire soigner indique Jeune Afrique.

Faustin Munene avait récemment pris la tête d'une rébellion, l'ARP, et revendiquait plusieurs attaques contre le pouvoir central de Kinshasa. Beaucoup n'avait pas pris très au sérieux l'ancien général congolais. Insaisissable, invisible, Munene était sur tous les fronts en RDC : Mbandaka, Kikwitt… jusqu'à l'assaut de la résidence de Joseph Kabila, le 27 février 2011. Plusieurs dizaines d'hommes d'un mystérieux commando s'en étaient pris à l'une des demeures présidentielles ainsi qu'au camp militaire Kokolo et au siège de la télévision nationale, la RTNC. Une dizaine d'assaillants ont trouvé la mort. Rapidement, tous les regards se tourne vers Brazzaville et les hommes de Faustin Munene. Mais Munene était déjà en prison, arrêté en janvier par la DST de Brazzaville. Pour le président Kabila, il ne fait aucun doute que le commando était bien envoyé par Munene. Kinshasa demande alors à de nombreuses reprises l'extradition de Munene en RDC pour le juger… en vain. Le président Sassou Nguesso refuse depuis plus de 40 ans d'extrader le moindre Congolais vers Kinshasa et ne fera par d'exception pour Faustin Munene. S'en suit une crise diplomatique entre Kinshasa et Brazzaville. Le ministre des Affaires étrangères de RD Congo, Alexis Thambwe Mwamba, décide même de "rappeler en consultation" son ambassadrice à Brazzaville, Esther Kirongozi Maliyabwana. Depuis… plus de nouvelles jusqu'à l'article de Jeune Afrique.

Christophe Rigaud

06 juin 2011

RDC : Meeting pro-Tshisekedi le 3 juillet à Kinshasa

La Dynamique Tshisekedi Président (DTP) continue de mettre la pression sur la campagne électorale en cours en République démocratique du Congo (RDC). Cette coalition de soutien au candidat de l'UDPS vient d'annoncer l(organisation d'un grand meeting le 3 juillet prochain au stade municipal de Masina, une des communes de Kinshasa.

Etienne Tshisekedi 2.pngAlors que l'on devrait connaître la liste des candidats à la prochaine élection présidentielle en RDC le 4 août prochain, Etienne Tshisekedi bat déjà campagne. Après son premier meeting devant plus de 50.000 personnes au stade Tata Raphaël, le 24 avril, c'est au tour de sa plate-forme de soutien, la Dynamique Tshisekedi Président, d'organiser son grand meeting. La date retenue est le 3 juillet, quelques jours après le 51ème anniversaire de l'indépendance du Congo.

La Dynamique Tshisekedi Président regroupe plusieurs mouvements politiques, l’Analco, l’Ecidé de Martin Fayulu, e Rader d'Auguste Mampuya, le Parti travailliste de Steve Mbikayi, le Radeco et le MLP de Franck Diongo. Deux autres comités de soutien à Etienne Tshisekedi ont vu le jour depuis : il s'agit du Comité de soutien à la candidature de Tshisekedi (COSCAT) et du tout nouveau SET (Soutien à Etienne Tshisekedi) du député Roger Lumbala. Par ailleurs, le député MPCR, Jean-Claude Vuemba, s'est vu confier la mission "d’identification des différents partis politiques de l’opposition" dans le but de former la plus large coalition autour du candidats de l'UDPS. Une mission délicate qui devrait se dérouler de juin à juillet prochain.

Christophe Rigaud

04 juin 2011

RDC : Qui soutient Vital Kamerhe ?

Vital Kamerhe célèbrera le 19 juin prochain le premier anniversaire de la création de son propre parti, l'UNC. Après sa démission du parti présidentiel, l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise et futur candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) organise ses soutiens et peaufine sa stratégie.

Logo Elections 2011.jpgA moins de 6 des prochaines élections présidentielles et législatives en RD Congo,  Vital Kamerhe donne un coup d'accélérateur à sa candidature : tournée à l'étranger, parution d'un livre et lancement d'un comité de soutien : "Coalition Vital Kamerhe Président". Dans un premier temps, le tout nouvel opposant à Joseph Kabila avait cherché à nouer des alliances avec les deux autres "poids lourds" de l'opposition : Jean-Pierre Bemba d'abord et Etienne Tshisekedi ensuite. Sans avoir rompu avec le MLC et l'UDPS, Vital Kamerhe semble bel et bien décidé à se présenter aux élections… et tant pis pour la candidature unique prônée par l'opposition. Il faut dire qu'avec une élection présidentielle à un seul tour, la multiplication des candidatures d'opposition ne font que renforcer le président sortant, Joseph Kabila, seul candidat de la majorité (mais pas encore déclaré).

Bien décidé à s'imposer, l'ancien directeur de campagne de Joseph Kabila en 2006 connaît toutes les ficelles d'une campagne électorale. Cette semaine, Vital Kamerhe a organisé la coalition censé le soutenir : 18 partis politiques, 47 députés et une dizaines de personnalités représentants toutes les provinces du pays sont maintenant réunis autour de sa candidature.

Le journal Le Référence de Kinshasa dresse la liste des principaux soutiens à Vital Kamerhe :  "l’Union Nationale des Démocrates (UND) de l' homme d’affaires katangais, Katebe Katoto, les Patriotes kabilistes de Mwenze Kongolo, le RDR de Munguldiaka, la Dynamique pour le développement national du député national, Idambituo Bakaoto, la Génération républicaine du député Bofassa Djema, la CND et le Radepi de Ngalula Pandanjila et l’Union des patriotes congolais (Upc) de Thomas Lubanga (implantée en Ituri)". La coalition assure également que 47 députés rejoindront Vital Kamerhe après la fin de la session parlementaire du 15 juin prochain.

A l'initiative des Etats généraux de l'opposition (qui n'ont pas encore eu lieu), Kamerhe a peu de chance de faire venir sous sa bannière Etienne Tshisekedi ou Jean-Pierre Bemba. Tshisekedi parce qu'il se considère comme le candidat naturel de l'opposition avec une base électorale importante et Jean-Pierre Bemba pour une simple question de survie (Bemba est emprisonné à la Cour pénal internationale (CPI) depuis 2008 et espère profiter des élections présidentielles de novembre pour forcer la CPI à le libérer). Une fois la machine de campagne lancée, il sera donc difficile à Vital Kamerhe de l'arrêter. Une chose est sûre : avec trois candidatures d'opposition au premier et unique tour de l'élection présidentielle, la réélection de Joseph Kabila semble assurée.

Christophe Rigaud

01 juin 2011

Kinshasa symphony : Attention chef-d'oeuvre !

Dans le flot de mauvaises nouvelles en provenance de République démocratique du Congo (RDC), voici "Kinshasa symphony", un petit chef d'oeuvre qui sera sur les écrans en France en septembre 2011. Ce documentaire nous entraîne dans les coulisses du seul orchestre symphonique d'Afrique centrale. Entre débrouille et joie de vivre, ce film réjouissant est une véritable hymne au Congo. Regardez vite la bande annonce du film déjà disponible… un vrai bonheur.

RDC : Le collectif RD Congo France commémore le premier anniversaire de la mort de Floribert Chebeya

Un an après l'assassinat du défenseur des droits de l'homme congolais, Floribert Chebeya, un collectif de la diaspora en France manifestera jeudi 2 juin 2011 sur la Place du Trocadéro à Paris. Alors que le procès des assassins présumés touche à sa fin et que le verdict devrait être rendu dans 3 semaines, le collectif RD Congo demande la comparution de John Numbi en tant que prévenu.

Image 4.pngPlusieurs organisations de la diaspora congolaise en France, manifesteront jeudi 2 juin 2011 pour commémorer le premier anniversaire de la mort de Floribert Chebeya. Le président de la Voix des sans voix, avait été retrouvé mort le 2 juin 2010 à l'arrière de sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route de la capitale. Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police, avait  "avoué" avoir participé, comme "exécutant", au meurtre du président de l'ONG. Il risque la peine capitale. Mais il y un grand absent devant la justice : il s'agit du patron de la police congolaise, le général John Numbi, mis en cause par Mukalay.

Le collectif RD Congo France demande "la comparution du Général Numbi Tambo en tant que prévenu, mais aussi le respect du droit à un procès équitable et la mise en place des mesures appropriées afin d’assurer la sécurité effective de tous les acteurs impliqués dans le procès". Pour ce collectif "une commission d’enquête indépendante impartiale sur l’assassinat de M. Chebeya et la disparition de M. Bazana".  La manifestation du collectif aura lieu : jeudi 2 juin 2011 de 14h30 à 18h00 Place du Trocadéro à Paris.

Christophe Rigaud

RDC : Nouveau comité de soutien pour Etienne Tshisekedi

Après la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) et le Comité de soutien à la candidature de Tshisekedi (COSCAT), voici une nouvelle plateforme pour la candidature du leader de l'UDPS à la présidentielle de 2011 : le SET (Soutien à Etienne Tshisekedi). Le député Roger Lumbala (RCD/N) est l'origine de cette initiative.

Image 2.pngRoger Lumbala a fait les choses en grand pour lancer son Comité de soutien à Etienne Tshisekedi dans la commune de Ngaliema : militants de son propre parti (RCD/N) en nombre, orchestre... même le musicien Marie Paul était de la fête selon le quotidien L'Observateur de Kinshasa.

Roger Lumbala est en terrain connu dans la mouvance Tshisekedi. Le fondateur du Rassemblement des Congolais Démocrates et Nationalistes a en effet été Président de l'UDPS France dans les années 1990 avant de devenir Ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement de transition après le dialogue inter-congolais, jusqu'en janvier 2005. Candidat à la présidentielle de 2006, Roger Lumbala s'est visiblement rangé sous la bannière d'Etienne Tshisekedi.

Christophe Rigaud

RDC : L'insécurité exaspère la Société civile du Sud-Kivu

C'est un ultimatum que vient de lancer la Société civile du Sud-Kivu au gouvernement provincial. Devant la persistance de l'insécurité à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), ce groupement d'ONG locales estime que “si rien n'est fait, dans un délai de quinze jours à dater de ce jour pour améliorer la situation sécuritaire au Sud-Kivu, le peuple sera obligé de se prendre en charge“. Dans la seule nuit du 23 au 24 mai 2011, 3 personnes ont été tuées à Bukavu.

Capture d’écran 2011-06-01 à 09.03.10.pngLes incidents se multiplient au Sud-Kivu, une province de l'Est de la République démocratique du Congo en proie à de nombreux groupes rebelles. Massacres, viols, pillages, assassinats… la situation est préoccupante pour les ONG de la Société civile de la région. Dans un ultimatum lancé au gouvernement provincial, la Société civile demande une réaction forte des autorités… sous 15 jours. Pour ces ONG, "l'insécurité persistante à Bukavu et dans les territoires du Sud-Kivu" comporte de nombreux risques "sur le processus électoral en cours" et demande donc "que la lumière soit faite sur les assassinats et que les coupables soient sévèrement sanctionnés".

La Société civile exige également des explications à Kinshasa sur "l'inaction des FARDC (l'armée régulière congolaise) et de la Police présents au Sud-Kivu. Selon ces ONG, "les tueries se font souvent sans leur intervention".

Devant le ras le bol de la population, la Société civile entend mettre les autorités congolaises devant leurs responsabilités et leur donne "15 jours pour améliorer la situation sécuritaire au Sud-Kivu", sinon, prévient les ONG, "le peuple sera obligé de se prendre en charge".

Christophe Rigaud

29 mai 2011

RDC : Les députés rejettent les modifications électorales du gouvernement

Si la nouvelle loi électorale congolaise est adoptée, les principaux changements souhaités par le gouvernent ont été rejetés par les députés… opposition et majorité confondues. Une première à l'Assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC).

Logo Elections 2011.jpgDans la douleur, l'Assemblée nationale congolaise vient donc d'adopter la nouvelle loi électorale concernant les nombreux scrutins prévus en RD Congo entre le 28 novembre prochain et la mi-2013. Adoptée par 363 voix sur 500 élus, la nouvelle loi ne tient pas compte des différentes innovations que souhaitait apporter le gouvernement congolais. Les députés de l'opposition, mais aussi de la majorité ont notamment refusé le seuil d'inéligibilité de 10% des voix pour qu'une liste puisse obtenir un siège. Pour de nombreux députés, cette nouvelle règle éliminerait de nombreux petits partis de la représentation nationale (il y a plus de 300 partis politique en RDC). Comme pour les élections de 2006, l'élection des députés se déroulera donc au scrutin proportionnel intégral.

Comme en 2006 ensuite, les députés ont rejeté le passage de 4 à 24 communes pour la ville-province de Kinshasa. La capitale restera donc une commune à 4 circonscriptions correspondant aux quatre districts administratifs de la ville. A quelques mois de la fin du mandat du président Joseph Kabila, certains députés de la majorité présidentielle se sont donc "lâchés" pour clairement exprimer leur désaccord avec la nouvelle loi électorale proposée par le gouvernement. Une fronde sans grande conséquence, mais qui montre la certaine fébrilité qui règne dans le camp majoritaire à l'approche du scrutin.

Le projet de la nouvelle loi électorale passera ensuite devant le Sénat pour une deuxième lecture, avant sa promulgation par le président de la République.

Christophe Rigaud

25 mai 2011

RDC : Kinshasa interdit le parti Bundu dia Mayala (BDM)

Après l'interdiction du mouvement politico religieux Bundu dia Kongo (BDK) en 2008, sa vitrine politique, le Bundu dia Mayala, n'est plus autorisé à fonctionner. Le parti du député Ne Muanda Nsemi est accusé par Kinshasa d'être à l'origine des violences qui ont enflammé la province du Bas-Congo en 2007. Toute activité du BDM est désormais illégale sur l'ensemble du territoire congolais et ce, à quelques mois des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) prévues en novembre 2011.

Capture d’écran 2011-05-25 à 22.26.39.pngC'est à Matadi, fief du Bundu dia Mayala (BDM), que la ministre et porte-parole du gouvernement, Marie-Ludovic Manoka Nzuzi, a annoncé l'interdiction du parti politique BDM, le nouveau parti politique du député Ne Muanda Nsemi, né après l'interdiction du Bundu dia Kongo (BDK) en 2008. Le BDK est accusé par le gouvernement de Kinshasa d'avoir mis à feu et à sang la province du Bas-Congo dans des affrontements très violents avec la police. Le BDK affirme avoir été victime d'une répression féroce des autorités congolaises : au moins cent personnes sont mortes durant ces violences. Il faut dire que le BDK fait peur à Kinshasa. Le parti politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi prône en effet la restauration de l'ex-royaume Kongo qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.

Après les insurrections de 2007 et 2008 au Bas-Congo, le BDK a été radié de la liste des partis politiques agréés par la République démocratique du Congo (RDC). Depuis, une nouvelle structure avait vu le jour : le Bundu Dia Mayala (BDM). Ce parti représentait l'aile politique du BDK de Ne Muanda Nsemi, toujours membre du Parlement national congolais.  Mais au Bas-Congo, les réunions du BDM sont interdites par le gouverneur de la province et le non-agrément du BDK par Kinshasa, place de fait les adeptes du mouvement dans une semi-clandestinité. 

Depuis quelques jours, le BDM ne bénéficie plus de l’arrêté ministériel n°073/2010 du 15 février 2010 l'autorisant à exercer une activité politique. Une décision qui n'intervient pas n'importe quand : dans quelques mois la République démocratique du Congo (RDC) votera pour élire son président de la République. L'activisme "anti-kabila" du BDM n'était plus du goût des autorités congolaises. Son leader, Ne Muanda Nsemi, s'était notamment rapproché du principal candidat d'opposition, Etienne Tshisekedi.

Christophe Rigaud

RDC : Un responsable Interahamwe arrêté au Nord-Kivu

Bernard Munyagishari, ancien président des Interahamwe (milice extrémiste hutu) de Gisenyi (Rwanda), a été arrêté à Katchanga, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) par l'armée congolaise. Bernard Munyagishari était recherché par le Tribunal d'Arusha depuis 2005 pour génocide et crimes contre l'Humanité.

Capture d’écran 2011-05-25 à 21.47.47.pngBernard Munyagishari était l'un des dix fugitifs recherchés par la justice internationale (TPIR) pour leur implication présumée dans le génocide de 1994 au Rwanda. L' ancien président des Interahamwe de Gisenyi, dans l'Ouest du Rwanda), est soupçonné "d'avoir recruté, entraîné et dirigé les miliciens Interahamwe dans des tueries et des viols en série de femmes Tutsi à Gisenyi et au delà, entre avril et juillet 1994", selon le procureur du TPIR.

Ce présumé génocidaire a été arrêté à Kachanga dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). C'est une opération des forces armées de RDC en lien avec le tribunal d'Arusha qui a permis son arrestation à une date non confirmée par l'armée congolaise. Bernard Munyagishari est actuellement maintenu en détention dans la ville de Goma avant son transfert au TPIR d'Arusha.

Il reste encore 9 inculpés encore en fuite dont le plus recherché est Félicien Kabuga, le "financier du génocide". Rappelons que le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a fait environ 800.000 morts.

Christophe Rigaud

24 mai 2011

RDC: Troisième année de prison pour Jean-Pierre Bemba

Voici trois ans jour pour jour que le leader congolais Jean-Pierre Bemba a été arrêté à Bruxelles. Accusé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003, l'ancien vice-président de République démocratique du Congo (RDC) réclame sa libération provisoire, alors que son procès vient tout juste de débuter. L'hypothèse d'une possible candidature du président du MLC aux prochaines élections présidentielles de novembre prochain semble s'éloigner.

Image 3.pngTrois ans après son arrestation, le procès de Jean-Pierre Bemba peine à commencer. Débuter fin 2010 après de multiples reports, la première phase des auditions est loin de s'achever : sur 800 témoins, seuls 40 ont déjà été entendus.
Autant dire qu'il paraît improbable que le leader du principal parti d'opposition institutionnel de RD Congo puisse se présenter aux élections présidentielles de novembre 2011. On se souvient que Jean-Pierre Bemba était arrivé au second tour de la présidentielle de 2006, avant de s'incliner face à Joseph Kabila.

Depuis son arrestation, que de nombreux observateurs qualifient de "procès politique" pour laisser le champ libre au président Kabila, Jean-Pierre Bemba a toujours laissé entendre qu'il se présenterait coûte que coûte au prochain scrutin... même en prison à La Haye. Il y a quelques semaines, son  propre parti volait en éclat après la "destitution" contestée du secrétaire général du MLC, François Muamba par Thomas Luhaka. Une "dispute" qui avait déjà pour sujet  la participation de Jean-Pierre Bemba au prochain scrutin.

L'impossible candidature


Depuis quelques jours, l'avenir politique de Jean-Pierre Bemba semble s'être subitement refermé avec la future loi électorale en examen à l'Assemblée nationale congolaise. Selon cette loi, tout candidat doit joindre à sa déclaration de candidature une photocopie de sa carte d’électeur. Pour obtenir sa carte d'électeur, la candidat Bemba doit être "enrôlé" dans un centre d'inscription... en République démocratique du Congo. Du fond de sa cellule, il paraît donc impossible à Jean-Pierre Bemba de se conformer à la loi électorale.

Pour l'instant, les supporters du "chairman" font valoir la présomption d'innocence de Jean-Pierre Bemba pour justifier une hypothétique candidature du leader du MLC, Jean-Pierre Bemba n'étant pas condamné. Mais visiblement la nouvelle loi électorale congolaise vient de donner un ultime coup d'arrêt à la carrière politique du sénateur Bemba.

Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

23 mai 2011

RDC : 39 ONG demandent l'aide d'Obama contre la LRA

Un an après la promulgation de la loi sur le désarmement de la rébellion de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), 39 organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme demandent au gouvernement américain de tenir ses promesses. Ces associations réclament une meilleure protection des populations en désignant un émissaire spécial, en renforçant les forces de maintien de la paix et en procédant à l'arrestation des chefs rebelles. Depuis 2008, la LRA a tué 2.400 civils et en a enlevé 3.400 autres.

Capture d’écran 2011-05-23 à 22.11.45.png39 ONG internationales, dont Human Rights Watch, se rappellent au bon souvenir du président Barack Obama. En mai 2010, le président américain avait signé une loi bipartite sur le désarmement de la LRA et s'engageait à protéger les populations civiles des exactions de la rébellion de Joseph Kony. Pour cette coalition d'ONG, l'adoption de cette loi avait suscité un espoir pour toute l'Afrique centrale. « Parmi nous, beaucoup croyaient que l’engagement pris par le Président Obama de s’attaquer à la menace incarnée par la LRA contribuerait à mettre enfin un terme à notre souffrance », a expliqué l’Abbé Benoit Kinalegu de la Commission catholique Justice et Paix de Dungu, dans le Haut Uélé, au Congo. « Pourtant, un an s’est écoulé et nous continuons à vivre dans la peur, les attaques de la LRA n’ayant montré aucun signe d’affaiblissement. »

La LRA originaire d'Ouganda terrorise la République démocratique du Congo (RDC), la République Centrafricaine et le Sud-Soudan depuis plus de 25 ans. Une rébellion dirigée par Joseph Kony, Okot Odhiambo et Dominic Ongwen, tous trois recherchés par la Cour pénale internationale. La LRA sème la panique et la peur à chaque nouvelle attaque : massacres, viols, mutilations, enlèvements massifs d'enfants…

Selon Human Rights Watch (HRW), "depuis septembre 2008, la LRA a tué près de 2 400 civils et en a enlevé quelque 3 400 autres. Ces atrocités se poursuivent dans le nord de la République démocratique du Congo, dans l’est de la République centrafricaine et au Sud-Soudan. Au cours des quatre premiers mois de 2011, la LRA a mené au moins 120 attaques, tuant 81 civils et en enlevant 193 autres, dont de nombreux enfants. Sur ce total, 97 attaques ont eu lieu en RD Congo, chiffre qui représente presque la moitié du nombre total d’attaques signalé au cours de l’année 2010.  Plus de 38 000 civils congolais ont été nouvellement déplacés en 2011 en raison des attaques de la LRA, venant gonfler les rangs des centaines de milliers de personnes de la région qui avaient déjà fui de chez elles". Les armées ougandaises et congolaises n'ont jamais pu venir à bout de Joseph Kony. Human Rights Watch estime "que les autorités de Kinshasa, et dans les régions affectées par la LRA n’ont cessé de minimiser la menace posée par la LRA, provoquant des protestations publiques et des tensions entre les autorités et les populations locales". De même pour l'Ouganda qui a proclamé à plusieurs reprises la défaite de la LRA… en vain.

Pour les 39 ONG signataires de l'appel au président Barack Obama, "une priorité doit être donnée à la désignation d’un émissaire spécial, au renforcement des forces de maintien de la paix et à l’arrestation des chefs rebelles".

Christophe Rigaud

20 mai 2011

RDC : Paris contre la réduction de la MONUSCO

Paris redonne de la voix sur la situation en République démocratique du Congo (RDC). Alors que l'insécurité règne encore dans de nombreuses régions du pays et notamment à l'Est de la RDC, la France s'oppose à la réductions des effectifs de l'ONU sur le terrain à moins de 6 mois des élections présidentielles.

logo_maee.jpgLe porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, ne juge pas appropriée la réduction de la taille de la Mission des Nations unies pour la République démocratique du Congo alors que le pays doit organiser des élections générales en novembre prochain. En 2010, les effectifs des casques bleus ont déjà décru d’environ 2 000 hommes, sous la pression de Kinshasa. Selon la France, la MONUSCO sera appelée à apporter un appui logistique à l’organisation des élections congolaises en plus de sa contribution à la sécurisation de l’Est du pays.

Pour Bernard Valero, «il importe dans ces conditions que la MONUCO dispose des effectifs nécessaires à la protection des civils. La France rappelle qu’elle sera attentive aux conditions d’organisation de ces élections qui devront être libres, transparentes, apaisées et crédibles». Une bonne nouvelle pour les ONG, la société civile et les organisations des droits de l'homme congolaises qui militaient de longues dates pour le maintien, voir le renforcement dans certaines zones, des casques bleus en RD Congo.

Christophe Rigaud

19 mai 2011

RDC : Une armée à reconstruire

Militaires indisciplinés, manque de formation, soldats sous-payés, salaires non-versés… la réforme de l'armée régulière de République démocratique du Congo (RDC) constitue l'un des défis majeurs pour gouvernement congolais. Un long processus de reconstruction est en cours, avec notamment le le soutien de l'Union européenne (UE), mais les exactions, les viols, les pillages des ressources naturelles continuent. Pour l'ancien commandant de l'Eusec en RDC, le général Pierre-Marie Joana, l'armée congolaise est surdimensionnée par rapport à ses moyens financiers.

IMG_3133 2 .jpgOn l'appelle, "l'armée inexistante de Joseph Kabila". Les 130 000 FARDC de l'armée régulières sont accusés des pires exactions (viols, pillages, trafic de minerais…), en plus d'être inefficace. Après 15 années d'un conflit sans fin, l'armée congolaise n'a toujours pas réussi à stabiliser l'Est du pays en proie à de nombreux groupes rebelles et ce, malgré l'appui de plus de 17.000 casques bleus en RD Congolais.

Lors d'un colloque à Paris, "Elections sous haute tension", le général Pierre-Marie Joana, commandant de l'Eusec en RDC entre 2005 et 2008, a dressé un triste état des lieux de l'armée congolaise. Pierre-Marie Joana, aujourd'hui à la retraite, estime que la RDC n'a pas les moyens suffisants pour entretenir son armée, composée de 130.000 hommes. Le général français relate un entretien en tête à tête avec le président Kabila, où celui-ci a estimé que la RDC avait les ressources pour financer seulement 70.000 hommes. Regardez un extrait de l'intervention du général Pierre-Marie Joana.


Interview du général Pierre-Marie Joana sur... par ChristopheRigaud

Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud © www.afrikarabia.com