09 février 2011
RDC : Kabila éclaboussé par WikiLeaks
Les câbles diplomatiques américains obtenus par WikiLeaks continuent de faire des vagues... jusqu'en République démocratique du Congo (RDC). Selon le quotidien belge De Standaard, Joseph Kabila aurait versé des pots-de-vin pour destituer le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe en 2009. Le diplomate américain explique que la présidence congolaise aurait versé 200 000 dollars à chaque membre du bureau de l'Assemblée.
Le feuilleton Wikileaks débarque en RDC et les révélations sont édifiantes pour le président Kabila. Un câble diplomatique obtenu par le site, dévoile les notes de l'ambassadeur américain en RD Congo, William Garvelink. Selon lui, la présidence de la république congolaise aurait versé «200 000 dollars à chaque membre du bureau de l'Assemblée» pour qu'ils quittent leur fonction et entraînent ainsi le départ de Vital Kamerhe.
Ce proche de Joseph Kabila, avait démissionné le 25 mars 2009 après de multiples pressions de la majorité présidentielle pour avoir critiqué l'entrée de troupes rwandaises à l'Est de la RDC lors d'une opération conjointe avec l'armée congolaise. Toujours d'après ce câble : "cela n'ayant pas immédiatement réussi, notre plus grande crainte concerne des rapports, corroborés par plusieurs sources, indiquant que les hommes du président utilisent à présent l'intimidation et des menaces physiques pour pousser Vital Kamerhe à quitter la scène", notait l'ambassadeur dans le câble WikiLeaks révèlé par De Standaard (http://standaard.be/extra/wikileaks/cablekabila).
Portrait peu flatteur de Vital Kamerhe
Autre surprise, le portrait de Vital Kamerhe par l'ambassadeur Garvelink n'est pas des plus sympathiques : «sa réputation de leader modernisateur, démocrate et honnête ne correspond peut-être pas tout à fait à la réalité». Selon le diplomate, Kamerhe serait «menteur», «manipulateur» et évoque même des accusations de corruption à son encontre... voilà le candidat Kamerhe habillé par l'hiver.
Christophe Rigaud
08:55 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
07 février 2011
Burundi : ouverture du procès du journaliste Jean-Claude Kavumbagu
Le procès du journaliste Jean-Claude Kavumbagu doit s’ouvrir ce 9 février 2011 devant le tribunal de Grande instance de Bujumbura (Burundi) L’accusé risque la réclusion à perpétuité pour « trahison ». Une incrimination contre laquelle s’insurgent ses avocats. Selon ces derniers, le journaliste n’a fait qu’exercer sa liberté d’informer.
Jean-Claude Kavumbagu a été arrêté le 17 juillet 2010 pour avoir publié une dépêche titrée ainsi « Le Burundi sera-t-il la prochaine cible des Shebbab somaliens ? ». Son article commentait le double attentat du 11 juillet 2010 à Kampala (Ouganda). Ce jour-là, l’explosion de deux bombes a fait 64 morts et plus de cent blessés dans un restaurant éthiopien et un club de rugby de la capitale ougandaise où des supporters étaient rassemblés pour suivre sur des téléviseurs grand écran la finale de football qui opposait les équipes d’Espagne et du Pays Bas. Un acte « ignoble et lâche » avait commenté le président américain Barak Obama. Depuis les attentats commis par les hommes d’Al Quaïda contre les ambassades des Etats-Unis à Nairobi et à Dar-es-Salaam, (prélude des attentats contre le World Trade Center le 11 septembre 2002), les Etats-Unis sont particulièrement vigilants face au terrorisme islamiste en Afrique de l’Est. La rapidité de la réaction du président des Etats-Unis en juillet dernier est aussi due au fait qu’un citoyen américain était parmi les victimes du double attentat de Kampala.
Le Burundi a envoyé des troupes en Somalie pour soutenir le gouvernement reconnu par la communauté internationale - mais qui vit en état de siège à Mogadiscio -. Des militaires burundais ont déjà été victimes d’attentats terroristes sur place, et les milices islamistes Shebbab ont annoncé depuis longtemps qu’elles commettraient aussi des représailles sur le territoire du Burundi.
Dans sa dépêche, le journaliste Jean-Claude Kavumgabu soulignait ce point sensible en écrivant : « Dès lundi matin, l’inquiétude était réelle à Bujumbura, et tous ceux qui ont appris ce qu’il s’est passé à Kampala étaient convaincus que si les miliciens Shebbab voulaient tenter « quelque chose » dans notre pays, ils réussiraient avec faculté déconcertante tellement nos forces de défense et de sécurité brillent plus par leur capacité à piller et à tuer leurs compatriotes qu’à défendre notre pays ».
Bien que cette remarque reflète une réalité connue de tous , au Burundi comme à l’étranger, elle a déclenché une véritable fureur chez les autorités. Arrêté le journaliste est poursuivi sur la base de l’article 570 du Code pénal qui stipule que toute entreprise de démoralisation de l’armée ou de la nation « ayant pour objectif de nuire à la défense nationale » est punissable de servitude pénale à perpétuité.
Les défenseurs de Jean-Claude Kavumgabu, les avocats burundais Gabriel Sinarinzi et Emmanuel Hakizimana, assistés de Me Bernard Maingain, du Barreau de Bruxelles, ont l’intention de contester la régularité de l’arrestation du journaliste ainsi que les chefs d’inculpation. En particulier le gouvernement burundais avait « fait l’économie » de saisir le juge de la détention préventive. D’autres principes de procédure pénale auraient également été violés.
Quand à améliorer l’armée burundaise qui brille effectivement plus par sa capacité à piller et à tuer ses compatriotes qu’à défendre son pays, c’est un problème loin d’avoir trouvé sa solution…
14:15 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (1)
RDC Elections : Selon Kamerhe, "l'opposition sera groupée"
La candidature unique de l'opposition congolaise à l'élection présidentielle de 2011semble faire son chemin en République démocratique du Congo (RDC). C'est tout du moins ce qu'affirme le candidat Vital Kamerhe (UNC).
Invité à Washington par le Centre pour les études stratégiques internationales, l'ancien président de l'assemblée nationale congolaise et co-fondateur de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Vital Kamerhe, s’est notamment exprimé sur la situation de l’opposition en RD Congo au lendemain de la révision constitutionnelle.
« Nous avons tous marqué notre accord pour que l’opposition puisse aller aux élections groupée, c’est-à-dire ensemble, comme un seul homme », a affirmé Vital Kamerhe. Et d'expliquer : « Nous devons nous mettre d’abord d’accord sur un programme pré-électoral commun ; comment voulez-vous que nous parlions du pouvoir que nous ne sommes pas sûrs d’avoir si les élections sont truquées d’avance ? »
Christophe Rigaud
07:22 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4)
06 février 2011
RDC : Fausse "attaque" à Lubumbashi ?
Selon les autorités congolaises, l'aéroport de Lubumbashi aurait été la cible de sécessionnistes katangais vendredi 4 février 201. Selon la version officielle des faits rapportés par l’ensemble des médias, la fusillade aurait durée plus de 3 heures faisant un mort et un blessé. Seul problème : aucun des onze avions présents sur le tarama n'a été touché… aucune trace de balles non plus sur les bâtiments de l'aéroport ! Une enquête est en cours pour établir la chronologie des événements.
Selon le site internet de RFI, l'attaque des rebelles sécessionnistes à Lubumbashi paraît de moins en moins crédible. Les assaillants qui ont attaqué au petit matin l’aéroport pendant plus de trois heures n'ont causé aucun dommage sur les onze avions stationnés sur le tarmac. Plus étrange, les façades de l’aéroport ne comportent pas d'impacts d'armes à feu, rapporte RFI. Ce qui reste étonnant pour une attaque de plusieurs heures. Selon le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, une Commission d’enquête a été nommée et d'après lui, il s'agirait plutôt d’un « sabotage ».
Ce n'est pas la première fois que la province est victime de ce genre manipulations avant d'importantes échéances électorales. En 2006, déjà, de "fausses attaques" étaient apparues à quelques mois du scrutin… l'attaque de ce vendredi intervient à moins de 10 des élections présidentielles de novembre 2011.
Christophe Rigaud
Photo : aéroport de Lubumbashi en 2005 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
21:22 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
05 février 2011
RDC : Le retour des Tigres du Katanga ?
Après l'attaque de l'aéroport de Lubumbashi dans le sud de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa agite de nouveau la menace des sécessionnistes du FLNC, basés en Angola. Les anciens Tigres du Katanga ont reconstitué leur mouvement et demande l'indépendance du Katanga, une province minière riche en Cobalt, cuivre, or et uranium. Vraie menace ou chiffon rouge brandi par les autorités congolaises ?… pour l'heure on ne sait toujours rien de l'identité des assaillants.
Depuis le mois de mai dernier, la capitale du Katanga, Lubumbashi, a été placée en état d'alerte à un présumé complot de déstabilisation fomenté par des sécessionnistes établis en Angola. Ces présumés rebelles seraient responsables selon les autorités de RD Congo, de la récente attaque l'aéroport de Lubumbashi, ce vendredi. La fusillade de plus de trois heures avec les soldats congolais a coûté la vie à un garde civil et blessé un capitaine. La situation est calme sur place et l'aéroport a été rouvert.
Dans cette région minière, Lubumbashi est aéroport stratégique pour l'économie de la province et du pays. Les vols à l'aéroport international de Lubumbashi transportent de nombreux directeurs de sociétés minières entre différentes villes d'Afrique. Depuis plusieurs mois la tension est montée d'un cran dans la "capitale du cuivre". Quelques escarmouches en ville… et surtout des rumeurs persistantes d'attaques par des groupes rebelles venus des pays voisins. Parmi eux, les successeurs des «Tigres du Katanga». Ces sécessionnistes qui ont fui et ont combattu en Angola dans les années 1960, ont reconstitué leur mouvement d'indépendance du Katanga. Ils sont aujourd'hui connus sous le nom de Front de libération nationale du Congo (FLNC). Ce groupe est redevenu très actif, notamment au Bas-Congo, à la frontière de l'Angola, leur refuge depuis une quarantaine d'années.
Selon Le Potentiel, "ce parti politique bien reconnu par les instances officielles, disposerait d'éléments « extrémistes » qui auraient encore la gâchette facile. Dans ce regain d'activisme, la participation des éléments ex-Tigres est bien observée. Selon les recoupements, ils auraient l'intention de mener des actions déstabilisatrices dans la ville de Kinshasa et réussir un « bon coup d'éclat politique ». Si les assaillants de l'aéroport de Lubumbashi se révélaient être des membres des ex-Tigres katangais, les inquiétudes de Kinshasa s'en trouveraient validées… pour l'instant, aucune preuve n'a été apporté par les autorités congolaises de l'identité des fauteurs de trouble au Katanga.
Christophe Rigaud
Photo : Lubumbashi 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
14:57 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (11)
04 février 2011
RDC : L'aéroport de Lubumbashi attaqué
Un groupe armé d'une vingtaine de personnes a attaqué ce vendredi matin l'aéroport de Lubumbashi, la ville minière du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). L'aéroport a été fermé pendant plus de 5 heures avant que l'armée congolaise ne reprennent en main la situation. Un agent de sécurité de l'aéroport a été tué.
Le calme est revenu sur l'aéroport de Lubumbashi. L'armée régulière des FARCD a réussi a venir à bout d'une vingtaine d'éléments armés inconnus qui souhaitaient prendre le contrôle du dépôt de munition de l'aéroport. Selon le porte-parole du gouvernement congolais, "tout est rentré dans l'ordre et la police a arrêté plusieurs suspects".
L'attaque a eu lieu vers 4 heures du matin, plusieurs sources indiqueent cependant que toute la ville s’est réveillée dans l’émoi. Les bureaux et les écoles ont ouvert les portes très tard après le communiqué du gouvernement provincial faisant état du contrôle de la situation. Reste une interrogation : l'identité des assaillants.
Cette attaque ne s'est pas produit n'importe où. La province du Katanga est la principale région minière de la RDC et recèle plus de 30 % des réserves mondiales estimées de cobalt, 10 % de celles de cuivre, mais aussi de l'étain, de l'or et de l'uranium.
Photo : aéroport de Lubumbashi en 2005 (c) Christophe Rigaud www.afrikarabia.com
18:48 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
03 février 2011
RDC : "Jeune Afrique" lâche Kabila
Est-ce "l'effet Ben Ali" ou "l'effet Moubarak " ? mais il ne fait plus bon être à la tête d'un régime autoritaire dans la presse occidentale actuelle. Dans le dernier numéro de Jeune Afrique (n°2612), le magazine dresse un bilan particulièrement sévère du président congolais, Joseph Kabila. Un temps loué pour avoir, à ses débuts, évité le pire à la RDC, Jeune Afrique estime que "10 ans après son arrivée au pouvoir, le président marche, hélas, sur les pas de ses prédécesseurs"... et compare Kabila à un "Mobutu Light". Jeune Afrique dénonce même un "système Kabila" basé sur la corruption et s'appuyant sur un gouvernement parallèle.
A Kinshasa, certains observateurs se demandent "pourquoi Jeune Afrique a-t-il attendu dix ans pour mettre à nu les méthodes et les pratiques" de Joseph Kabila ?... et pourquoi maintenant ? Le contexte international pousse certainement l'ensemble des journalistes (moi y compris) à revoir leur approche de certain régime en place. Quel journal ou magazine osait clairement qualifier Ben Ali de dictateur il y a encore quelques mois ? Aucun... avant son effondrement aussi rapide qu'imprévisible. En Afrique, les dictateurs ou apprentis dictateur son légion... et les régimes dits "autoritaires" représentent la quasi totalité des pays du continent. En République démocratique du Congo (RDC) comme ailleurs, 15 années de guerres ininterrompues ont vu se succéder des chefs d'Etat dont la priorité première n'a jamais été la démocratie... de Mobutu...à Kabila fils. Des dirigeants qui ont fonctionné à la répression, à l'intimidation, sans se soucier des droits de l'homme, de la liberté de la presse ou de la sécurité de leurs concitoyens.
Si les premières années de la gouvernance Kabila ont suscité une certaine bienveillance dans la presse internationale (sa jeunnesse, sa discrétion, le 1+4... ), 10 ans plus tard, le président Kabila "déçoit"... selon François Soudan de Jeune Afrique. A 10 mois d'un prochain scrutin présidentiel en RD Congo, le bilan de Joseph Kabila dressé par Jeune Afrique est très négatif. L'hebdomadaire panafricain dénonce également un système quasi-mafieux à la tête de l'état congolais, pourvu d'un gouvernement parallèle :
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux contrat chinois a été géré de A à Z par la gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. »
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cach est roi et la corruption reine, des conseillers occultes (de Joseph Kabila) font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux. »
« A Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Tout en le couvrant de cadeaux pour l’anesthésier- montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur- il (Joseph Kabila) se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre. »
Et puis, il y a le business du multimillionnaire Israélien Dan Gertler, « devenu plus puissant que Forrest » avec la revisitation des contrats miniers. « De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus Gertler. Tout porte à croire qu’il est avec des associées Congolais- derrière l’énigmatique Higwind Properties, basé aux Iles Vierges britanniques. C’est cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000 tonnes de cobalt. » note Jeune Afrique dans son dossier de 14 pages sur le système Kabila.
Un portrait sans complaisance...qui tombe seulement 10 mois avant l'échéance présidentielle, prévue en novembre 2011.
Christophe Rigaud
Photo : Joseph Kabila dans la salle du conseil de la MIBA - 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
21:29 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)
31 janvier 2011
RDC : Vers un accord Tshisekedi-Kamerhe ?
La semaine prochaine, un premier forum de l'opposition pour l'alternance devrait se tenir à Kinshasa en vue de la prochaine élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Objectif : la présentation d'un candidat unique de l'opposition face au président sortant Joseph Kabila. Selon le site Le Climat Tempéré, les deux poids lourds de l'opposition congolaises se seraient retrouvés en présence de deux députés nationaux. Un accord est-il possible ?
Selon Le Climat Tempéré, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe "se sont retrouvées dans le cadre des concertations politiques, en présence des députés nationaux Jean-Claude Mvuemba et Delly Sessanga, en perspective du «forum de l’opposition pour l’alternance en 2011» dont l’ouverture est fixée la semaine prochaine".
Avant un hypothétique accord, le but de la réunion était d'évoquer un programme commun de gouvernance des "forces de changements". L'idée est plutôt salutaire : le projet de société d'abord, les hommes ensuite… "question d’éviter de mettre la charrue devant le bœuf", note Le Climat Tempéré. Les discussions tournent donc autour d' un front commun pour la présidentielle de novembre 2011, mais aussi pour les législatives nationales et provinciales qui devraient suivre afin d'assurer une majorité au futur président.
Pour l'instant deux candidats sont susceptibles de présenter un front commun d'opposition à Joseph Kabila : l'historique Etienne Tshisekedi (UDPS) et le nouveau venu, Vital Kamerhe (UNC), ancien président de l'Assemblée nationale et bras de droit de Kabila aux élections de 2006. Quant au grand parti d'opposition institutionnel… il est pour l'heure aux abonnés absents, le patron du MLC, Jean-Pierre Bemba, étant en prison à La Haye.
Il semble donc trop tôt pour connaître la candidat unique de l'opposition. Si pour l'instant Etienne Tshisekedi paraît plus apte à faire la synthèse de toutes les tendances de l'opposition congolaises, Vital Kamerhe et le MLC n'ont pas encore dit leur derniers mots. Surtout lorsque certaines rumeurs font état d'un amendement à la loi électorale de 2006 qui porterait sur l'âge des candidats à la présidentielle qui serait limité à 70 ans… Etienne Tshisekedi ayant 78 ans ! Pour l'opposition il serait donc "urgent d'attendre" avant de se mettre d'accord sur un candidat unique.
Christophe Rigaud
23:08 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (17)
RDC : Kamitatu soutiendra Kabila en 2011
L'ARC d'Olivier Kamitatu (Alliance pour le Renouveau), parti membre de la majorité présidentielle soutiendra sans surprise le président sortant Joseph Kabila lors du prochain scrutin de novembre 2011.
A l'occasion du 5ème anniversaire du jeune parti d'Olivier Kamitatu, l’ARC s’engage à soutenir le président Joseph Kabila aux élections de 2011. La formation de Kamitatu entend tout de même se faire entendre et marquer sa différence pendant la campagne au sein de l'l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP).
L'ARC compte 25 députés nationaux, 7 sénateurs, 2 ministres nationaux, 19 députés provinciaux et 4 ministres provinciaux. Depuis maintenant plusieurs années, l'actuel ministre du Plan de Joseph Kabila se révèle être un allié fidèle du président congolais. Après un début de carrière aux côtés du MLC avec à la clé le poste de président de l'Assemblée nationale, Olivier Kamitatu est remercié par Jean-Pierre Bemba en 2005. Il fonde son propre parti, l'ARC et occupe depuis le 5 février 2007 le ministère du Plan.
17:23 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
27 janvier 2011
"Le Panafricain" consacre son premier numéro à la RDC
Une nouvelle réjouissante dans l'univers des médias africains… la naissance d'un magazine d'information gratuit en ligne : "Le Panafricain". Pour son numéro 1, ce magazine consacre un important dossier à la République démocratique du Congo (RDC). 55 pages d'enquête dressent le portrait passionnant de ce pays-continent, à la veille d'une année décisive et à 10 mois de nouvelles élections présidentielles, prévues en novembre 2011.
Dans ce dossier très complet, accessible gratuitement sur internet, "Le Panafricain" revient sur les "grandes manoeuvres dans les états-majors politiques" à la veille du scrutin présidentielle : PPRD, MLC, UDPS, l'avenir de Jean-Pierre Bemba, l'affaire Chebeya, la chute de Laurent Nkunda et la situation sécuritaire à l'Est de la RD Congo… tout est analysé et décrypté.
"Le Panafricain" part également à la rencontre du Pasteur Mulunda Nyanga, de Fernandez Murhola du Renadhoc et du ministre congolais de la Justice, Luzolo Bambi. Les articles sont très fouillés et la mise en page soignée… on rêverait presque d'une édition papier !
Le dossier du Panafricain sur la République démocratique du Congo a été coordonné par Baer Grégory et réalisé par Théodore Ngangu, Jean-Pierre Mwanza, Bona Tsona et Benoit Aktili Mali. On attend avec impatience le numéro 2…
Christophe Rigaud
Retrouvez Le Panafricain en cliquant ici
21:22 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
26 janvier 2011
RDC : L'UDPS sans existence légale ?
Le journal Le Phare de Kinshasa, révèle dans ses colonnes un imbroglio juridique qui priverait l'UDPS d'Etienne Tshisekedi de ses propres statuts. Selon le journal kinois, les services notariaux de l’Hôtel de ville de Kinshasa auraient rejeté les nouveaux statuts du parti d'Etienne Tshisekedi. Motifs : " le notaire avait déjà notarié les statuts du même parti présentés par François Beltchika".
C’est l’étonnement et l’indignation dans le camp de Tshisekedi, d’autant plus qu’en 2008, l’Hôtel de ville avait interdit à Beltchika d’organiser le congrès de l’UDPS au jardin botanique de Kinshasa parce que ce dernier n’avait pas l’aval de Etienne Tshisekedi.
Selon Le Phare, l’Hôtel de Ville de Kinshasa, à travers ses services de notariat, aurait rejeté les nouveaux statuts de l’Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS) adoptés lors de son dernier congrès. Présenté par le secrétariat général, ce document a rencontré une fin de non recevoir de la part de l’Administration urbaine de Kinshasa.
Pour le journal congolais, l’UDPS se retrouverait donc sans statuts... et donc sans existence légale, ce qui l’exclurait du processus électoral. Pour conclure, le journal écrit : "Tshisekedi et les siens pensent qu’il s’agit d’un coup fourré de l’Hôte de ville de Kinshasa". Attendons toutefois la version officielle de l'UDPS.
Chirstophe Rigaud
18:04 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
RDC : Vers un procès des FDLR ?
Depuis quelques jours, la Cour pénale internationale (CPI) détient dans sa prison de La Haye, le secrétaire exécutif des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Callixte Mbarushimana est l’un des principaux dirigeants du groupe armé rwandais, dernier mouvement regroupant les auteurs du génocide rwandais de 1994 et dont les activités en République démocratique du Congo (RDC) sont à l’origine des guerres du Congo. Une occasion unique pour la justice internationale de se pencher sur cette rébellion encore très active à l'Est de la RD Congo.
Callixte Mbarushimana, en exil à Paris, participait à distance à l'encadrement du groupe rebelle, tandis que les troupes FDLR continuaient à semer la terreur dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, Mbarushimana doit aujourd'hui "rendre des comptes devant la justice pour son rôle présumé dans ces crimes".
Toujours selon la Cour pénale internationale : "les filles et les femmes ont payé le plus lourd tribut à la vague de violences sexuelles odieuses qui a meurtri les provinces du Kivu pendant près d’une génération. S’il est trop tard pour nombre d’entre elles, les poursuites engagées contre des dirigeants des FDLR offrent la possibilité de démobiliser ce groupe armé et de contribuer à rendre justice aux victimes, favoriser le retour de la paix dans la région et redonner espoir à la population."
Depuis son refuge parisien, Callixte Mbarushimana a toujours contesté les rapports de l’ONU qui dénonçaient l’implication des FDLR dans les nombreuses exactions commises contre la population congolaise. La CPI souhaite donc se pencher sur les pratiques de cette rébellion et enquêter à propos des viols commis notamment à Walikale, à l'Est de la RDC.
Une première comparution aura lieu le 28 janvier. Callixte Mbarushimana est soupçonné de 5 chefs de crimes de guerre et de 6 chefs de crimes contre l’humanité, notamment de meurtres, tortures, viols, persécutions et destructions de biens. La procès Mbarushimana sera vraisemblablement l'occasion pour la CPI de revenir sur le génocide rwandais de 1994 et sur le rôle des FDLR dans les guerres à répétition dont est victime la République démocratique du Congo.
Christophe Rigaud
17:05 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
25 janvier 2011
RDC : Selon Auguste Mampuya, "seul Tshisekedi peut battre Kabila"
Dans un entretien à Afrikarabia, Auguste Mampuya, président du RADER (Rassemblement des Démocrates pour la Rupture et le Renouveau) estime que les chances d'une victoire d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle de 211 sont "très sérieuses". Selon le président du RADER, la modification du mode de scrutin n'est pas un handicap pour le candidat de l'UDPS. L'élection présidentielle à un seul tour serait même "plus favorable à Tshisekedi, devenant l’unique candidat ralliant tous les leaders importants de l’opposition." affirme Auguste Mampuya.
AFRIKARABIA : Auguste Mampuya, vous êtes Président du RADER. Vous soutenez la candidature d'Etienne Tshisekedi aux prochaines élections présidentielles de novembre 2011, pour quelles raisons ?
AUGUSTE MAMPUYA : L’objectif stratégique était de mettre fin à un système corrupteur s’alimentant de la corruption et tout entier destiné à préserver les intérêts égoïstes des dirigeants, méprisant le peuple et négligeant totalement le sort de ce dernier ; un système qui a rabaissé les Congolais au point que, même les plus instruits ont renoncé à faire usage de leur intelligence et à réfléchir, formatés par le clientélisme et le goût de l’argent facile, n’aspirant plus qu’à s’enrichir vite et par tous les moyens, non par leurs activités de création de richesses personnelles mais au détriment de la nation et dans la caisse publique par la prédation et une corruption devenue le cœur et la substance de la gouvernance. Tshisekedi m’a semblé le seul capable de battre Kabila et les forces du statu quo, par sa constance, son charisme et sa popularité aujourd’hui encore intacts, sa détermination, sa volonté de changement qui correspondait parfaitement à l’idéologie de la rupture développée par mon parti le Rassemblement des Démocrates pour la Rupture et le Renouveau (RADER), car pour lui il s’agit d’une véritable alternative et non d’une simple alternance. Mon parti s’est employé à provoquer, à l’appel de Tshisekedi lui-même pour un « front commun », le regroupement des forces de changement et de progrès pour soutenir la candidature d’E. Tshisekedi autour d’un projet crédible de gouvernance démocratique et de progrès social.
AFRIKARABIA : Auguste Mampuya, vous êtes également juriste, que va changer pour l'opposition la révision de la constitution et le passage à un seul tour de scrutin présidentiel ?
AUGUSTE MAMPUYA : Il faut d’abord affirmer que le problème que pose cette révision n’est pas d’ordre juridique et que la question du nombre des tours de scrutin n’est pas un tabou. Toutefois, il est indéniable qu’un seul tour peut déboucher sur un président mal élu qui ne représenterait qu’une infime minorité de la population avec une base très étroite de légitimité alors qu’il a des pouvoirs énormes. Jusqu’à cette révision, l’opposition se voulait volontiers plurielle. L’initiative des forces du statu quo du camp kabiliste lance à l’opposition un réel défi, celui de, au moins, s’engager dans une dynamique d’unité d’action en vue de battre Kabila. Il s’agira de soutenir un candidat unique autour d’un projet crédible de gouvernance démocratique et de progrès social.
AFRIKARABIA : Un seul tour de scrutin, n'est-ce pas une chance pour Etienne Tshisekedi de devenir le candidat unique de l'opposition face à Joseph Kabila ?
AUGUSTE MAMPUYA : Avant même cette révision, une plate-forme des forces de changement et de progrès s’était formé autour de la candidature d’E. Tshisekedi qui avait appelé à un « front commun » de ces forces, mon parti était intimement associé à ces initiatives.. Actuellement, ce noyau initial a pour tâche d’amener les autres, face à la nouvelle donne et au défi lancé par le camp kabiliste, à rallier cette initiative pour ainsi élargir cette plateforme. C’est l’intérêt national qui l’exige et c’est aussi l’intérêt des éventuels candidats se réclamant de l’opposition qui intègrent ainsi notre logique selon laquelle Tshisekedi est sans doute celui qui peut le mieux non seulement incarner la volonté de changement mais aussi faire gagner l’opposition. Ces contacts très avancés vont certainement aboutir sous peu à la candidature unique d’E. Tshisekedi, sur un échiquier clarifié avec le face à face exclusif « forces de progrès » contre « forces du statu quo et de régression nationale »
AFRIKARABIA : Quelles sont les principaux atouts d'Etienne Tshisekedi ?
AUGUSTE MAMPUYA : Sa constance, sa crédibilité, son charisme, sa détermination, sa vision démocratique et de progrès ainsi que sa lutte constante pour l’Etat de droit, son expérience, ses mains propres de sang et de prédation, sa popularité y compris au sein des jeunes générations et le fait qu’il incarne le souci, qu’ignore le pouvoir actuel, du bien-être général et non des privilèges d’une caste.
AFRIKARABIA : Quelles sont les chances d'Etienne Tshisekedi de devenir le prochain président de la République démocratique du Congo ?
AUGUSTE MAMPUYA : Ses chances sont très sérieuses aussi bien dans l’hypothèse de deux tours que dans celle d’un seul tour. Cette dernière hypothèse est même plus favorable à Tshisekedi devenant l’unique candidat ralliant tous les leaders importants de l’opposition avec les chances, si non la certitude, d’être le successeur de Kabila. Le bilan très largement négatif de ce dernier plaide pour Tshisekedi et les forces qui le soutiennent : recul du processus démocratique, progression du pouvoir personnel pour ne pas dire plus, incapacité du régime à mettre fin à une insécurité généralisée devenue chronique et banalisée, une économie criminalisée et quasi mafieuse, une misère aggravée, une pauvreté qui s’est « développée », conditions sociales et de vie dégradées, gaspillages dans d’inutiles réalisations-gadgets de prestige mais occasions de détournements et de corruption, tandis que, par la prédation et la corruption (au Congo, un pays si pauvre incapable de se doter d’un budget de 8 milliards de dollars, les détournements de l’ordre de centaines d’euros sont fréquents), affichant une opulence ostentatoire, une caste s’est indument et scandaleusement enrichie en si peu de temps (en 10 ans à peine et trois-quatre ans pour certains, on parle de fortunes individuelles de l’ordre de quelques milliards de dollars).
Christophe Rigaud
19:23 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
Vital Kamerhe : "Je ne suis pas une taupe de Kabila" (vidéo)
Dans une interview accordée à Télésud, l'ancien président de l'assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC) et candidat à l'élection présidentielle de 2011 explique pourquoi il n'est pas une taupe de Joseph Kabila au sein de l'opposition. Après avoir été le directeur de campagne du président Kabila en 2006 et dirigé le parti présidentiel (PPRD), Vital Kamerhe a brusquement rejoint les rangs de l'opposition après l'entrée des troupes rwandaises en RD Congo en 2009. Un brutal changement de cap que certain analyse comme une stratégie de Kabila pour "noyauté" l'opposition. Ecoutez Vital Kamerhe s'en défendre et revenir sur les incidents qui ont émaillé sa visite à Goma après son annonce à la candidature à la magistrature suprême.
07:24 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
24 janvier 2011
RDC : Apparition de nouveaux groupes armés
Depuis une quinzaine d'année, le Nord et l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sont le théâtre de conflits à répétitions entretenus par de nombreux groupes armés menaçant plusieurs pays de la région des Grands Lacs. FDLR, ADF-NALU, LRA ou Maï Maï... tous tuent, terrorisent, pillent, violent en toute impunité. Plusieurs opérations militaires conjointes ont été organisées entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, appuyées par les Nations Unies... tout cela pour un résultat quasi nul sur le terrain. De nouveaux groupes rebelles sont même apparus depuis quelques mois.
Au cours d'une réunion tripartite, les ministres de la Défense des pays des Grands Lacs ont reconnu à Kigali que la menace des groupes armés dans l’Est de la RDC est encore très présente. Pire, de nouveaux mouvements rebelles ont fait leur apparition : "il s’agit d’une rébellion mixte constituée de mercenaires étrangers, des combattants hutus des FDLR et des fidèles de l’ancien chef d’état major de l’armée rwandaise". Autre inquiétude : une coalition entre des groupes armés opérant au Congo et un groupe intégriste islamique du nom d’EL Shabab.
Selon les experts de cette réunion tripartite de la Communauté économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), cette alliance serait composée de FDLR, des groupes Kayumba/Karegeya et Nsengiyumva, des Maï-Maï Yakutumba et Cheka, du Front patriotique pour la libération du Congo (FPLC), du groupe de Soki bien connu à Rutshuru, au Nord-Kivu ainsi du mouvement El Shabab, groupuscule d'origine somalienne. Le colonel Mamba, responsable des services de renseignements de la RDC et rapporteur de la sous-commission Défense et Sécurité des pays membres de la CEPGL, a souligné que l'objectif visé par la formation de cette alliance était de "créer l'instabilité dans la région".
Pour contrecarrer cette nouvelle alliance qui se profile, les armées des trois pays membres de cette communauté ont donc convenu à Kigali d'un projet d'actions en 9 points. Il s'agit, entre autres, de la création d'une commission d'élaboration d'un plan d'action opérationnel du protocole de Défense et de Sécurité mutuelle, de la création d'une cellule conjointe de fusion des renseignements devant se réunir régulièrement et de l'établissement des modalités d'échanges des criminels. Pour l'heure les opérations militaires conjointes sont un échec, de l'aveu même des pays participants...
Photo : Christophe Rigaud 2006 (c) www.afrikarabia.com
21:00 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
23 janvier 2011
Elections RDC : Tshisekedi favori ?
Et si la présidentielle à un seul tour se révélait être un piège pour... Joseph Kabila ? La modification de la constitution congolaise et du mode de scrutin lance avant l'heure une campagne électorale où tout semblait joué d'avance... à savoir la réélection sans grande difficulté du président sortant Joseph Kabila. Le passage surprise de l'élection présidentielle de deux à seul tour change brutalement la donne. Avec une opposition encore divisée entre Tshisekedi, Bemba-Mwamba et Kamerhe... le "sphinx de Limete" pourrait se révéler le grand gagnant de cette révision constitutionnelle en étant le seul à pouvoir prétendre représenter l'ensemble de l'opposition et à être capable de battre Joseph Kabila. Reste à convaincre le reste de l'opposition.
Une chose est sûre : la "présidentielle à un seul tour" bouleverse les stratégies des états majors politiques. Si l'AMP apparaît plus soudée que jamais autour du président Joseph Kabila (c'était d'ailleurs l'un des objectifs de la modification du mode de scrutin), l'opposition se retrouve condamnée à se rassembler dès le premier tour. Le MLC peine à trouver ses marques depuis la détention de son "chairman" Jean-Pierre Bemba à La Haye, l'UNC de Vital Kamerhe, après un départ en fanfare semble s'essouffler… seul l'UDPS d'Etienne Tshisekedi et de ses alliés semblent être en ordre de bataille pour affronter Joseph Kabila. Avec un seul tour de scrutin, de nombreux candidats peuvent en effet douter de l'intérêt de se présenter à l'élection sachant qu'il n'ont aucune chance d'être élu dès le premier tour et qu'ils n'ont plus la possibilité de conclure des alliances au deuxième tour… une chance pour le candidat Tshisekedi qui se pose en rassembleur de toute l'opposition congolaise.
Tshisekedi bénéficie en effet de plusieurs atouts : un profil d'homme politique intègre, un grand parti prêt à faire campagne aux quatre coins de la RD Congo, une vrai capacité à mobiliser les foules comme nous avons pu le remarquer lors de son retour à Kinshasa. Tshisekedi pourrait ensuite retrouver les voix de l'UDPS parties au MLC en 2006, suite au boycott des élections par l'UDPS.
Face à l'UDPS, deux partis peuvent prétendre au leadership de l'opposition congolaise. Le MLC tout d'abord, le grand parti d'opposition parlementaire, paraît très affaibli par l'absence de Jean-Pierre Bemba. Son secrétaire général, François Mwamba n'a pas le charisme du chef et pourrait obtenir un résultat très décevant, d'autant que le MLC serait susceptible de voir fuir une partie de ses voix vers l'UDPS, absent du scrutin de 2006 pour cause de boycott. L'UNC ensuite, de l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, ne semble pas recueillir une très forte adhésion populaire. Si Vital Kamerhe soigne son image dans les médias, la population n'a pas compris son brutal revirement d'alliance… en passant de la majorité présidentielle à une opposition frontale au chef de l'Etat en quelques mois seulement. On se souvient en effet que Vital Kamerhe a organisé la campagne de Joseph Kabila en 2006… avec succès.
Reste Etienne Tshisekedi. Si le candidat de l'UDPS peut apparaître comme le favori dans ce scrutin, Tshisekedi cumule quelques handicaps : son âge avancé, son manque de moyens financier qui sera difficile à combler face à Joseph Kabila, sa difficulté à rassembler et à rassurer dans son propre camp, sa faible stature internationale… Etienne Tshisekedi joue également son va-tout dans ce scrutin. Personnellement, il ne pourra pas se représenter aux prochaines élections de 2016 et son parti, l'UDPS, déjà très touché par les luttes intestines entre les courants Mutanda, Mukendi et Beltchika, risquerait de ne pas survivre à une défaite du "sphinx de Limete".
Pour gagner son pari, l'UDPS lance toutes ses forces dans la "bataille du candidat unique de l'opposition" (à savoir Tshisekedi lui-même). Au cours d’un point de presse, samedi 22 janvier à Kinshasa, le président du Mouvement du peuple congolais pour la République, Jean-Claude Vuemba a annoncé que l’opposition politique entend se choisir un candidat unique à l’élection présidentielle de 2011. Selon lui, toutes tendances confondues de l’opposition vont se rassembler, début février, en vue d’adopter un programme commun et se doter d’un leadership rassembleur… Un rendez-vous clé pour Etienne Tshisekedi.
Christophe Rigaud
18:41 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
RDC : Nombreuses pétitions contre la présidentielle à un tour
On ne les compte plus... Les pétitions contre la révision constitutionnelle voulue par la président Joseph Kabila se multiplient. Depuis quelques semaines, la polémique enfle en République démocratique du Congo (RDC) autour du changement de mode de scrutin de l'élection présidentielle de novembre 2011. Le passage de deux à seul tour suscite de vives polémiques à seulement 10 mois du scrutin. De nombreuses organisations politiques lancent des pétitions contre cette révision, adoptée il y a quelques jours par le parlement congolais.
La Nouvelle société civile congolaise (NSCC), Vital Kamerhe, l'UN de Clément Kanku, Frank Diongo, Martin Fayulu, le Collectif des Démocrates Congolais (CDC), la Ligue des Electeurs ou l’Aprodec Asbl… tous partent en croisade contre la révision constitutionnelle votée par le parlement congolais.
La Nouvelle société civile congolaise (NSCC) estime "que modifier la constitution du 18 février 2006 maintenant, c’est à la fois la fragiliser et faire entrave à la démocratie en RDC" et demande la restauration de la constitution, "qui garantissait l’élection présidentielle à deux tours". La Nouvelle société civile congolaise, doit collecter au moins 100 000 signatures pour espérer passer devant le parlement.
Le Collectif des Démocrates Congolais (CDC) pense quant à lui "que le mode de scrutin à un tour privilégie les intérêts personnels, ceux du président de la République et de ses amis, au détriment de la majorité des Congolaises et des Congolais". Il demande également, "conformément à l'article 218 de la Constitution congolaise, l'organisation d'un référendum sur la non-révision de l'article 71 de la Constitution". Pour signer sa pétition, cliquez sur le lien suivant : http://9112.lapetition.be
Encore à Bruxelles, la Ligue des Electeurs et l’Aprodec Asbl proposent un référendum populaire pour répondre à la question suivante: "OUI ou NON à la révision de l’ensemble des dispositions de la Constitution telles qu’adoptées par le Congrès réuni du 14 au 15 janvier 2011 ?"
Rappelons que la proposition de loi du chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, a été promulgué le 20 janvier dernier et porte sur 8 articles :
- L’article 71 alinéas 1 prévoit désormais l’élection présidentielle à un seul tour.
- L’article 110 traite de la perte du mandat d’un parlementaire. Lorsque ce dernier est nommé à une fonction politique incompatible avec son mandat, il peut retrouver son siège au sein du Parlement à la fin de cette fonction politique.
- Les articles 197 et 198 relatifs aux institutions provinciales ont fait également l’objet d’une modification.
- Face aux nombreux conflits, au cours de cette législature, cette révision constitutionnelle, permet désormais au chef de l’Etat d’arbitrer les conflits. Il peut relever le gouverneur de ses fonctions ou dissoudre l’assemblée provinciale.
- L’article 149 place les magistrats du parquet sous l’autorité du ministère de la Justice.
- L’article 208 autorise uniquement le chef de l’Etat à appeler le peuple au référendum.
- L’article 226 propose de "déconstitutionnaliser" la programmation de l’installation de 26 nouvelles provinces et de la laisser aux bons soins du législateur.
L’article 126 intègre la disposition selon laquelle le gouvernement doit demander les crédits provisoires au parlement lorsque le budget n’est pas voté à temps.
Christophe Rigaud
17:32 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
21 janvier 2011
RDC : Le cas Nkunda embarrasse toujours le Rwanda
Deux ans après son arrestation par le Rwanda, l'ex général rebelle congolais Laurent Nkunda attend toujours une quelconque décision de justice dans sa résidence surveillée de Gisenyi. Dans un article du site Daily Nation, le ministre rwandais de la Justice explique ces atermoiements par la complexité juridique, diplomatique et politique du dossier Nkunda. La République démocratique du Congo (RDC) réclame quant à elle son extradition vers Kinshasa afin de répondre de ses crimes pendant ses affrontements avec l'armée congolaise en 2008 et 2009. Pour l'heure, Laurent Nkunda embarrasse toujours Paul Kagame, son allié d'hier.
En plein été 2008, le général rebelle Laurent Nkunda lance une importante offensive contre l'armée régulière congolaise à l'Est de la RD Congo. Ses troupes sont à quelques kilomètres de Goma à la fin octobre et les autorités de Kinshasa commence à prendre peur. Nkunda renonce cependant à prendre la ville et déclare un cessez-le-feu unilatéral ainsi que l'ouverture de négociations avec le gouvernement de Joseph Kabila. En janvier 2009, coup de théâtre : le Rwanda voisin, l'allié de Laurent Nkunda, retourne sa veste et décide de sceller un accord avec la RDC de Kabila afin d'éviter le chaos à l'Est. Le 23 janvier 2009, l'inspecteur général de la police de la République démocratique du Congo annonce l'arrestation de Laurent Nkunda la veille au Rwanda ; le général déchu avait franchi la frontière alors qu'une opération conjointe des forces congolaises et rwandaises reprenaient le contrôle du territoire conquis par le CNDP de Nkunda.
Depuis lors, Nkunda attend toujours d'être jugé par son allié d'hier... en vain. Le général rebelle est en effet devenu très gênant pour Kinshasa comme pour Kigali et le status quo arrange tout le monde... sauf Nkunda qui réclame un procès.
En août 2010, après sa réélection, le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré que si l'arrestation de l'ancien chef de guerre congolais a sonné la fin des combats en RDC, elle a depuis créé un autre problème pour le Rwanda. Et Paul Kagame de souhaiter régler rapidement le cas Nkunda. Au Rwanda, Laurent Nkunda doit être déféré devant un tribunal militaire... mais il attend encore, alors que la RDC a demandé son extradition vers Kinshasa pour être jugé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Selon le ministre rwandais de la justice, l'imbroglio judiciaire, vient du fait que Laurent Nkunda est un général congolais, arrêté sur le sol rwandais. Le ministre rappelle que "le Rwanda et la RDC sont deux états distincts, avec des lois distinctes. Mais nous sommes actuellement engagés avec la RDC dans un délai raisonnable pour régler cette question".
Le ministre rwandais Karugarama et son homologue de RDC ont également recommandé la mise en place d'une équipe d'experts des deux pays qui devrait se réunir pour travailler sur la légalité du dossier et ainsi lever les obstacles juridiques en vue du transfert de Nkunda.
Christophe Rigaud
17:07 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (6)
20 janvier 2011
RDC : La France soutient la présidentielle à un tour
Par la voix de l'ambassadeur de France à Kinshasa, Pierre Jacquemot, la diplomatie française déclare "apprécier " la démarche de la révision constitutionnelle en République démocratique du Congo (RDC). L'ambassadeur note qu'il s’agit d’une décision qui relève de la souveraineté nationale, "puisqu’elle a été adoptée par le congrès" et trouve donc rien à redire sur le sujet, notamment sur le passage à un seul tour de l'élection présidentielle, prévue dans seulement 10 mois. La Belgique, quant à elle, s'est engagée à soutenir les prochaines élections RDC pour un montant de 12 millions d'euros.
Voici un soutient de poids pour le président sortant Joseph Kabila : celui de la diplomatie française, alors que la polémique fait toujours rage à Kinshasa au sujet de la récente révision constitutionnelle validée par le parlement de RD Congo. Cette révision portait entre autre sur la fameuse présidentielle à un seul tour voulue par Joseph Kabila.
L'ambassadeur de France rappelle toutefois que la France souhaite le respect du calendrier, la liberté d’action et d’expression et la sécurisation des acteurs avant, pendant et après le scrutin, avec l'aide de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO). Un soutient qui tombe à pique pour Joseph Kabila, alors que la Belgique s’est engagée à honorer sa promesse en appuyant le processus électoral en RDC pour un montant de 12 millions d’euros et ce, en dépit de modifications et du format du scrutin. La communauté internationale souhaite donc la tenue du scrutin coûte que coûte, alors que l'opposition ne décolère pas sur ce changement de règle du jeu à seulement 10 mois de l'élection.
Christophe Rigaud
17:34 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
18 janvier 2011
RDC : Faustin Munene a été arrêté
Après trois de mois de cavale, l'aventure s'arrête nette pour le général Faustin Munene. En fuite pour éviter des ennuis judiciaires avec le pouvoir en place à Kinshasa, le général Munene avait pris le maquis et la tête d'une "rébellion", l'Armée de Résistance Populaire (ARP) pour la libération du Congo. Pour l'heure, l'information est démentie par les proches de Munene.
Faustin Munene a été arrêté alors qu'il tentait de se rendre au Congo-Brazzaville. L' ex-patron de la Chancellerie des Ordres Nationaux, serait actuellement détenu à la prison centrale de Pointe Noire avec 11 autres personnes. Des discussions auraient débutées entre les autorités de Kinshasa et celles de Brazzaville en vue de son extradition en République démocratique du Congo (RDC).
Que reprochait-t-on à Faustin Munene ?
A vrai dire rien, officiellement. A Kinshasa, on évoque pourtant un "complot contre le raïs Joseph Kabila". Sa famille explique que Munene était traqué par les "services" congolais et aurait fui de peur d'être arrêté. Originaire de la province du Bandundu, le général Munene était un proche de Pierre Mulele (rebelle avec Antoine Gizenga en 1961). Après l’assassinat de Mulele par Mobutu, Faustin Munene s'exil en Angola et rentre au pays avec l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, dont il était commandant. Après la chute du régime Mobutu, il occupe le poste de vice-ministre de Kabila en charge de l’ordre public et chef d’Etat-major des Forces armées congolaises. Avec Joseph Kabila, Faustin Munene est nommé Chancelier des ordres nationaux, puis démissionne du poste pour se présenter à la députation à Kinshasa. Munene échoue aux législatives et disparaît de l'actualité congolaise jusqu'à sa fuite fin septembre.
Controverse sur son arrestation
Pour l'instant l'arrestation est démentie par Julien Ciakudia, leader de la Resistance Patriotique Mondiale et Président National de l’Union des Patriotes Résistants pour la Libération totale du Congo (UPR). Dans un communiqué, il précise :
1. Le camarade général Munene n’a jamais effectue un déplacement a l’intérieur du territoire national de ce pays frère le Congo Brazza
2. Le camarade Faustin Munene confirme encore une fois qu’il est libre de tout mouvement et a l’intérieur de son pays la RDC dans un lieu sur ou il continue son maquis pour mettre fin a ce pouvoir d’occupation tutsi rwandais.
3. Le camarade général Munene encourage le peuple congolais a ne pas se laisser berner dans les mensonges médiatiques ayant pour objectif de décourager la mobilisation de tout un peuple a accompagner la résistance patriotique a l’intérieur de notre pays.
Christophe Rigaud
12:25 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
15 janvier 2011
RDC : Joseph Kabila gagne la bataille constitutionnelle
A moins de 10 mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), l'Assemblée nationale et le Sénat congolais viennent d'adopter ce samedi le projet de révision de la Constitution avec en ligne de mire, la modification du mode de scrutin. Le chef de l'Etat, Joseph Kabila propose en effet que le président de la République soit élu à la majorité simple des suffrages exprimés et non plus à la majorité absolue au second tour. Une modification inacceptable pour l'opposition qui dénonce ce changement brutal des règles du jeux à quelques mois du scrutin. Si Joseph Kabila remporte sa première victoire avant même la tenue des élections, il vient d'ouvrir les hostilités avec les partis d'opposition… jusqu'où ?
Pour adopter la révision de la constitution, le texte doit obtenir la majorité de trois cinquièmes, selon la Constitution. Sur 608 élus (députés et sénateurs) que comptent le Parlement congolais, 485 ont voté pour la modification des huit articles de la Constitution de 2006, alors que 8 ont voté contre et 11 se sont abstenus. Une centaine de députés de l'opposition ont boycotté cette séance.
A part dans la majorité présidentielle, la suppression du deuxième tour de l’élection présidentielle est vivement décriée par l’opposition, l’église catholique (notamment Laurent Monsengwo) et la société civile.
Christophe Rigaud
22:01 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
14 janvier 2011
RDC : Une autre grille de lecture du conflit au Kivu
Dans un long article publié par le site Affaires Stratégiques, la chercheuse Flora Boubour revient sur les causes de la guerre au Kivu et les raisons de son enlisement, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Au delà des facteurs connus sur le déclenchement du conflit après le génocide rwandais de 1994 et des causes ethniques, économiques ou sécuritaires, Flora Boubour explore des pistes nouvelles, comme les agendas politiques internes des différents pays voisins ainsi que le manque de leadership régional et international.
Dans son analyse, Flora Boubour décrit le conflit au Kivu comme "une lutte des élites pour le contrôle de l'Etat, chaque acteur du conflit cherchant à s’assurer une capacité de nuisance suffisante pour faire pression sur le gouvernement." La chercheuse explique qu'en 2008, le président Joseph Kabila a cherché coûte que coûte une victoire totale sur le CNDP de Laurent Nkunda pour ne pas avoir à partager le pouvoir avec ses opposants. Finalement, la paix signée en 2009 ne sera qu'un compromis politique puisqu'elle prévoit l'intégration des rebelles dans l'armée régulière et la mue du CNDP en parti politique en vue de participer au partage du pouvoir. Pour l'heure, l'intégration des troupes du CNDP est loin d'être totale et les membres du CNDP sont toujours bloqués aux portes du gouvernement.
Dans son analyse, Flora Boubour décrypte également l'agenda politique rwandais. Le turbulent voisin est en effet très impliqué au Kivu, militairement et économiquement. Selon la chercheuse : "l’organisation du contrôle des ressources provenant du Kivu a permis le recouvrement du pays. Politiquement cette guerre a permis de faciliter la reconstruction nationale en évinçant les génocidaires et en créant un ennemi commun." L'opération militaire conjointe, entre la RDC et le Rwanda (Umoja Wetu) a enfin permis la neutralisation de l'encombrant général Nkunda et de "renforcer les assises économiques rwandaises au Kivu mais aussi de donner une meilleure image du pays aux bailleurs, notamment la Suède et Hollande qui ont arrêté leur aide au Rwanda en raison de son implication dans le pillage des ressources."
Enfin, Flora Boubour note une absence totale de leadership régionale et internationale. Le kivu ne semble pas bénéficier d'un "parrain international" comme au Darfour ou au Proche-Orient "qui réunit les belligérants, finance les rencontres et organise des négociations". Les casques bleus de l'ONU censés maintenir la paix semblent bien incapable de "s'imposer militairement ou politiquement" et la chercheuse, estime que la MONUCO et "n’apparaît donc pas comme un acteur crédible et suffisant pour créer les conditions de la paix." Pour conclure, Flora Boubour note que "le mandat inadapté de la MONUC et les problèmes de coordination entre acteurs internationaux semblent être devenus des facteurs à part entière de l’enlisement du conflit. Il n’y a pas de centre décisionnel mais une multitude de centres dont les actions en faveur de la paix sont concurrentes et parfois contradictoires."
Une analyse à lire dans son intégralité sur le site Affaires stratégiques.
Christophe Rigaud
Photo : RDC 2006 (c) Ch Rigaud www.afrikarabia.com
16:35 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
12 janvier 2011
RDC : Coup de force constitutionnel de Joseph Kabila
L'Assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC) vient de donner son feu vert à la proposition de loi relative à la révision de certaines dispositions de la Constitution congolaise. Cette révision constitutionnelle permettrait de changer le mode de scrutin de la présidentielle de novembre prochain pour la faire passer de deux à un seul tour. Un scandale pour l'opposition qui a refusé de prendre part au vote et qui estime que changer les règle du jeu à la dernière minute n'a pour unique objectif que de favoriser le président sortant. En proposant un mode de scrutin à un seul tour, la majorité présidentielle estimait vouloir éviter un scénario "à l'ivoirienne" après le second tour. Au vue du tollé provoqué par le coup de force de Joseph Kabila, la révision de la constitution risque de précipiter la RD Congo dans ce scénario bien avant l'élection.
Sur les 337 députés ayant participé au vote (à main levée), 334 ont approuvé le principe d'une révision de la Constitution, contre seulement 2 qui se sont abstenus, 1 seul ayant voté non. L'Assemblée nationale congolaise a donc déclaré recevable la proposition de loi relative à la révision de la Constitution de la RDC, ouvrant ainsi la voie à un changement de mode de scrutin pour l'élection présidentielle, qui passerait de deux à un seul tour.
Signe des temps, le vote a eu lieu en l'absence des députés de l'opposition qui avaient quitté la salle afin de protester contre ce "tripatouillage de dernière minute".
L'opposition, toutes tendances confondues, rejette en bloc le projet de Joseph Kabila, soulignant qu'une élection à un seul tour est "dangereuse" et "rétrograde", ayant pour "unique objectif d'organiser la tricherie à grande échelle, et participe d'une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs d'Etat par un seul individu", en l'occurrence Joseph Kabila. Si la modification du mode scrutin passe, le prochain président de République démocratique du Congo pourrait en effet être élu avec seulement 18 ou 20 % des voix !
Au vue de la levée de bouclier soulevée par ce projet, les futures élections de 2011 s'engagent bien mal en RD Congo. Les tensions sont déjà exacerbées entre opposition et majorité. Et le passage à une élection à un seule tour, pourrait même avoir l'effet inverse de celui promis par Joseph Kabila. Car, à vouloir supprimer le second tour de la présidentielle afin d'éviter les tensions entre les deux candidats du deuxième tour, comme c'est le cas en Côte d'Ivoire, le projet présidentiel pourrait déclencher une fronde anti-Kabila avant même le démarrage de la campagne ! ... avec affrontements, répression, arrestations arbitraires, muselage des médias... comme au Nigéria en 2007 ou en Côte d'Ivoire en 2010. On peut même se demander aujourd'hui si les élections de novembre 2011 auront bien lieu à date prévue...
Christophe Rigaud
18:45 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
05 janvier 2011
RDC 2011 : Le coup de poker de Kabila
Contrer une possible alliance Tshisekedi-Bemba-Kamerhe… c'est vraisemblablement ce qui motive Joseph Kabila à la modification du mode de scrutin des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC). Pour ne pas avoir à affronter cette hypothétique "union sacrée de l'opposition" au second tour de scrutin, le président sortant propose de réduire à un seul tour la prochaine présidentielle. Un tour de passe-passe électoral qui traduit une certaine fébrilité du candidat sortant, visiblement inquiet pour sa réélection en 2011.
Il a suffit de la déclaration de deux candidats de l'opposition : l'historique Etienne Tshisekedi et le jeune loup Vital Kamerhe pour lancer la campagne électorale… une campagne déjà sous haute tension. La proposition du gouvernement de RD Congo de passer à un seul tour le prochain scrutin présidentiel de novembre prochain suscite une très vive polémique dans l'opposition. Le MLC de Jean-Pierre Bemba et l’UNC de Vital Kamerhe, rejettent vivement cette modification du mode de scrutin. Pour Kamerhe "changer les règles du jeu à la veille des élections paraît une démarche politique immorale et irresponsable qui frise la tricherie." Mêmes arguments du côté du MLC de Jean-Pierre Bemba (candidat non déclaré et actuellement en prison à La Haye) qui rejette clairement cette proposition en soulignant que "cela risque d'affecter la légimité du président élu".
Silence de Tshisekedi
Par contre, une autre grande voix de l'opposition est restée étonnamment muette sur la question… celle d'Etienne Tshisekedi. Un silence assourdissant qui peut s'expliquer par la stratégie de rassemblement que prône l'UDPS. Tshisekedi cherche en effet à constituer autour de lui, une candidature unique de l'opposition. Le scrutin à un seul tour de Joseph Kabila donnerait donc raison à l'union que souhaite proposer Etienne Tshisekedi aux autres partis d'opposition et ce, dès le premier tour. Etienne Tshisekedi serait donc le seul candidat, avec Joseph Kabila à ne pas redouter cette modification du mode de scrutin. Le coup de poker de Joseph Kabila sera tranché par le parlement congolais en session extraordinaire dansle courant du mois de janvier 2011.
Christophe Rigaud
22:07 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (15)
03 janvier 2011
RDC Elections : Joseph Kabila tente de passer en force
Dans moins d'un an, la République démocratique du Congo (RDC) doit élire pour la deuxième fois démocratiquement son président de la République. Avec le retour de l'opposant historique, Etienne Tshisekedi, et la déclaration de candidature de l'ancien allié de Joseph Kabila, Vital Kamerhe, les grandes manoeuvres ont débuté sur fond de polémique. Le gouvernement congolais propose en effet de réduire à un seul tour le mode de scrutin présidentiel. "Moins onéreux" pour la majorité, "inacceptable" pour le MLC, un parti d'opposition.
Même si l'idée n'est pas nouvelle, tout à commencé à Lubumbashi le 2 janvier dernier, selon RFI. Joseph Kabila, le président sortant de la RD Congo rencontre des parlementaires locaux. Objectif : tester sa nouvelle idée de modification de mode de scrutin. Joseph Kabila souhaiterais en effet un mode de scrutin électoral à un seul tour au lieu de deux. Pour la majorité présidentielle, ce mode serait "profitable à la population, moins onéreux et moins problématique" que le scrutin à deux tours.
Selon le porte-parole su gouvernement, "le scrutin à deux tours tel que nous l'avons expérimenté en 2006 n'est pas conforme aux intérêts du peuple congolais du point de vue économique, politique et sécuritaire" (!!) On peut se demander si le seul mode de scrutin est responsable des problème économiques, politiques et sécuritaires de la RDC ? Une chose est sûre : ce mode scrutin sera moins coûteux pour le contribuable congolais : 350 millions de dollars américains au lieu de 700. Lambert Mende évoque également la situation au Kenya, en Guinée ou en Côte d'Ivoire. Selon le porte-parole des autorités congolaises, cela "éviterait au pays de sombrer dans des guerres identitaires". Là encore, nous ne sommes pas sûr qu'avec un mode de scrutin à un seul tour, ces pays n'auraient pas sombré dans le chaos institutionnel…
Cette modification de dernière minutes n'est pas appréciée par le MLC, un parti d'opposition : "inacceptable, cela risque d'affecter la légitimité du président élu". Quid ensuite des "petits candidats" qui n'auront aucune chance de peser sur le scrutin ? Mais la meilleures analyse vient de l'UNC, le tout nouveau parti de Vital Kamerhe, dont un de ses représentants, Baudouin Mayo, estime sur RFI "que revenir sur un mode de scrutin à deux tours au profit du scrutin majoritaire à un tour ne répond qu’aux besoin de la majorité présidentielle qui voudrait faire un passage en force"… et c'est bien là le problème.
Christophe Rigaud
Photo : (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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