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14 juin 2011

RDC : Le conflit oublié des médias

La République démocratique du Congo (RDC) est-elle maudite ? Depuis plus de 15 ans cet immense pays d'Afrique centrale cumule les conflits et les drames humanitaires... dans l'indifférence générale. Pourquoi les médias internationaux sont-ils plus prompts à couvrir la guerre en Libye, le conflit en Irak ou en Afghanistan, que la catastrophe humanitaire en cours en RDC ? Explications sur un pays plongé dans un "trou noir médiatique".

DSC04006.jpgTrop long, trop compliqué, trop loin, trop cher à couvrir pour les journalistes, le conflit oublié en République démocratique du Congo (RDC) ne mobilise pas les médias... et donc pas les opinions publiques. Pourtant ce vaste pays, grand comme 5 fois la France, en plein coeur de l'Afrique, est un concentré de catastrophes divers : plusieurs guerres à répétition, des millions de morts (2, 3 ou 4 millions ?), 1,7 million de réfugiés, le viol de masse utilisé comme arme de guerre, l'enrôlement de milliers d'enfants soldats, le pillage des ressources naturelles, un Etat défaillant dans le top 10 des pays les plus pauvres au monde... voici le rapide portrait de la situation en RDC. Pourtant, les médias ne semblent guère y prêter attention alors que 18.995 casques bleus de l'ONU sont sur place pour la plus importante opération de maintien de la paix au monde. Afrikarabia a demandé à Marcel Stoessel*, responsable de l'ONG Oxfam en RDC, de nous éclairer.

- Afrikarabia : Qu'est-ce qui explique l'absence de la RDC dans les médias malgré une situation humanitaire extrêmement préoccupante ?

- Marcel Stoessel : Tout d’abord, j’aimerais confirmer les deux affirmations que vous faites : une situation humanitaire préoccupante, et une certaine absence de la RDC dans les médias. Cette absence est assez choquante. Une recherche récente a montré qu’entre septembre 2006 et avril 2007, il y avait 1.327 articles référencés sur la RDC, 19.946 sur Israël et les territoires occupés, 29.987 sur l’Afghanistan, et 43.589 sur l’Iraq. Pour moi, il y a plusieurs raisons à cela :

Premièrement, la population qui souffre se trouve aujourd’hui, dans des zones très isolées du pays, comme en Haut Uélé, à Shabunda, ou à Fizi. Il est très difficile et coûteux pour les humanitaires ainsi que pour les médias d’y accéder. Les problèmes de sécurité et de logistique sont des barrières importantes. J’ai récemment visité un de nos projets humanitaires dans un village au Nord de Niangara, en Haut-Uélé (au Nord-Est de la RDC). Il nous a fallu plusieurs jours pour arriver à Niangara, et une fois sur place nous n’avons pas vu un seul véhicule de toute la journée. Souvent les journalistes n’ont pas les moyens financiers et le temps pour se déplacer dans ces zones reculées. Ils sont donc forcés de travailler dans les régions plus proches de Goma ou Bukavu (les principales villes de la région). Dans certaines zones il manque aussi de réseaux téléphoniques et il est donc difficile d’informer les journalistes sur la situation humanitaire.

Deuxièmement, les personnes déplacées vivent aujourd’hui principalement dans des familles d’accueil et non pas dans des camps de déplacés. En cas de crise, les familles congolaises accueillent très souvent leurs sœurs et frères réfugiés. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien entendu. Mais la souffrance des personnes vivant dans des familles d’accueil est visuellement moins impressionnante que lorsqu’il s’agit de grands camps de déplacés. Il est plus "spectaculaire" pour les journalistes de faire des photos ou de tourner des vidéos dans ces immenses camps. Aujourd’hui, les femmes, les enfants et les hommes souffrent loin des caméras, mais cela ne veut pas dire que leur souffrance soit moindre.

Troisièmement, les conflits en RDC sont compliqués. Il est plus facile d’expliquer un conflit binaire « A contre B » dans un contexte comme la Libye ou en Côte d’Ivoire que de parler de la pauvreté, de la mauvaise gouvernance, de dizaines de groupes armées, des ressources naturelles, des tensions intercommunautaires... Je pense aussi qu’il y a une certaine fatigue avec la RDC, parce que la situation ne semble pas s’améliorer significativement tout au long de ces années. Pourtant, ce n’est pas vraiment exact : il y a des solutions et la situation dans certaines zones s’est améliorée ces dix dernières années. Mais il faut une analyse approfondie et surtout, il faut de la patience.

- Afrikarabia : Que faudrait-il faire pour que ce conflit soit mieux couvert par les médias ? Faut-il adopter d'autres stratégies ?

- Marcel Stoessel :  Je pense qu'il faudrait sortir des statistiques et commencer par parler des êtres humains, derrière les chiffres. Il faudrait pouvoir montrer la famille qui a accueilli chez elle cinq autres familles déplacées suite à une attaque d’un groupe armé ;  la responsable d’une organisation locale qui a réussi à améliorer la sécurité du village en parlant avec le commandant local de l’armée ; le staff local d’Oxfam qui doit même réparer des pistes d’atterrissage et des ponts avant de pouvoir délivrer l’assistance, etc... Le célèbre photographe de mode Rankin est déjà venu deux fois en RDC pour raconter ces histoires très humaines, très concrètes... et nous devons continuer dans cette direction. Nous avons aussi un projet de « citoyen journaliste », qui devrait permettre à ces populations enclavées de raconter directement et sans censure leur quotidien. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ont un potentiel énorme pour mettre en contact des personnes des pays "développés" avec des Congolais. Il y a donc des solutions pour sortir du "trou noir médiatique". C’est notre devoir moral de continuer à tenter de le faire.

(*) Marcel Stoessel est le directeur d'Oxfam en République démocratique du Congo depuis 2 ans et demi. Cette ONG intervient dans l'humanitaire, mais aussi dans le développement durable et les plaidoyers auprès des décideurs politiques ou économiques. En RDC, Oxfam travaille sur l'accès à l'eau, l'assainissement, l'hygiène, la sécurité alimentaire, la protection des populations et l'éducation.

Propos recueillis par Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

Commentaires

De mon côté je ne peux que me poser la même question que je viens de lire ci-dessus dans la revue "AFRICARABIA" .Pour autant, faut-il par là entrevoir un désir de voir d'autres puissances armées et étrangères résoudre ses propres problèmes d'ordre militaire ? L'IMPUNITE en direction des certains dirigeants règne en maître au CONGO-RD. le généraux NUMBI, KUNDABATWARE, JEAN-BOSCO TANGADA, sans oublier le récidif KYUNGU WA KUMWANZA etc... la liste est très longue au regard de cette sorte d'IMPUNITE qui ne peut s'expliquer que par le manque de volonté politique au sommet de la chaine du pouvoir au CONGO-RD. NUL NE PEUT, EN MÊME TEMPS, ETEINDRE ET ATTISER LE FEU
On peut dire que le pouvoir politique du CONGO-RD. est complice de la situation qui sévit à l'est du CONGO-RD.

Écrit par : NGOY KANYEBA | 14 juin 2011

De mon côté,je dirais que le pouvoir en place n'est pas complice pour ce qui concerne la couverture médiatique de drames connus dans le pays.
Cependant il est visible que le pouvoir n'est pas souverain. C'est un pouvoir des commissionnaires ou mercenaires d'où la crainte qu'ont leurs commettants d'avoir assez de commentaires sur la situation. L'analyse approfondie risquerait de dévoiler les commendataires et les instigataieur des fameux desordres que le pays traverse. Sans citer les noms,plusieurs de ceux qui dirigeaient les opérations rebelles à l'est ont été promus, le chef bien hospitalisé en face. Personne n'ose en parler. Le pouvoir de la RDC n'est pas complice,il est incapable et cette incapacité s'accentue par l'intégration des criminels dans ses rangs. Que peut il encore faire contre eux on faire contre une personne qui réfléchit à ta place?
Il faudra refaire notre histoire.

Écrit par : Joseph PAKA | 14 juin 2011

Pourquoi les congolais eux memes n´arrive pas a decider leur propre dirigeant si aujourdhui Hipolit Kaniambe alias Joseph kabila le grand vampire s´empare du pouvoir parcequ´il a senti d´une part un laisser allez du peuple congolais alors soyons unis pour defendre notre pays , ne pas avoir peur de la mort car sans sacrefice congo ne changera jamais . Tout le monde savent que le president elu ce Etienne tchisekedi alors a nous le peuple de lui donner la chance et la force pour s´emparer . congolais reveillons nous n´aiyons pas peur de la mort, ensemble chassons Hipolite Kanambe.
JOSE NGOMBO
Luanda, Angola
00244927340710

Écrit par : Jose Ngombo Sumbo | 11 février 2012

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