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28 septembre 2011

Grands Lacs : Les Droits de l'Homme toujours menacés

Burundi, République démocratique du Congo (RDC), Rwanda... la situation des Droits de l'Homme reste préoccupante dans ces pays, selon la Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs (LDGL).

Image 2.pngLe Comité Directeur de la LDGL a récemment analysé la situation des Droits de l’Homme dans 3 pays d'Afrique centrale : le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.

Au Burundi, la LDGL, note "un recul considérable en matière de sécurité au point que des civils innocents sont régulièrement massacrés pour leur appartenance politique ou suite aux règlements de comptes. Le cas le plus frappant est celui du massacre, dimanche 18 septembre dernier d’une quarantaine de personnes à Gatumba." La LDGL recommande des enquêtes indépendantes pour identifier les auteurs du crime et les punir conformément à la loi. La Ligue dénonce "une crispation des rapports entre les acteurs politiques et une intolérance à la base des assassinats ciblés, des arrestations arbitraires et un harcèlement des acteurs de la société civile et des journalistes de la scène politique." Selon la LGDL, le Burundi connaît "un regain de violation des droits humains notamment en matière de bonne gouvernance, en dépit d’engagements solennels faits à l’occasion de la campagne électorale de s’attaquer aux anti-valeurs telles que la corruption et l’impunité. L’indépendance de la justice est gravement compromise au point que cette institution perd de plus en plus sa crédibilité aux yeux des citoyens". Dans ce contexte la LDGL recommande aux acteurs politiques burundais de "créer des espaces de dialogue sincère et ouvert à la société civile sur la lutte contre l’impunité, la sécurité et la corruption, goulots d’étranglement du développement économique et social."

Pour le Rwanda voisin, la LGDL semble moins dure avec les autorités de Kigali. La Ligue souligne "des efforts fournis en matière de la bonne gouvernance et de développement économique", mais regrette le manque de "promotion des droits humains dans le programme de développement". En ce qui concerne la liberté d’expression, la LDGL salue les projets de lois sur le fonctionnement du Haut Conseil des Medias, sur l’accès à l’information et la réforme de l’Office Rwandais de l’Information(ORINFOR) en Agence Rwandaise de Communication (RBA). Sur ce pays, la LGDL (basée à Kigali) reste étonnamment muette sur la situation des Droits de l'Homme, jugée inquiétante par d'autres ONG, comme Human Rights Watch (HRW). L'ONG américaine avait notamment dénoncé la détention d'opposants politiques ou la fermeture temporaire de journaux. La Fédération internationale des Droits de l'Homme (Fidh) avait sévèrement critiqué le régime rwandais au moment de la venu de Paul Kagame en France : " la situation des droits de l’homme demeure extrêmement préoccupante et les violations ont culminé lors de la dernière campagne électorale", notait l'ONG.

En République démocratique du Congo (RDC), la LDGL s’inquiète dans son communiqué, "de la montée de l’insécurité dans les provinces de l’Est, ce qui peut avoir une incidence négative sur la tenue des élections de novembre prochain. La LGDL demande au gouvernement de la RDC, appuyé par la MONUSCO, à "sécuriser les populations et les candidats sans discrimination et de prendre des
mesures concrètes afin de prévenir les contestations électorales. La LDGL constate en outre, que la participation de la Société civile dans le processus électoral est "très faible", alors que celle-ci est appelée à jouer un rôle de premier plan dans l’observation électorale afin de crédibiliser les résultats issus des scrutins conformément aux principes internationaux réglementant l’observation des élections.

Christophe RIGAUD

Photo : République démocratique du Congo (RDC) 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

26 septembre 2011

RDC-Législatives : Le nouveau visage de l'opposition

Le 28 novembre prochain, les élections législatives se dérouleront le même jour que l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). 19.497 candidats se disputeront 500 sièges. Un record de candidatures qui a pour effet de recomposer totalement l'opposition congolaise.

élections RD.pngAvec des élections législatives couplées à la présidentielle, l'avenir politique de la RD Congo se jouera donc entièrement le 28 novembre 2011. Si les candidats ne se bousculent pas pour la présidentielle (11 candidats contre 33 en 2006, scrutin à un seul tour oblige), la course à la députation fait recette : 19.497 candidats vont en effet se disputer les 500 sièges de l'Assemblée nationale, selon la liste provisoire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Un record de candidature, à la limite du ridicule, comme à Kinshasa où une centaine de candidats se présentent sur 1 seul siège dans un quartier de la capitale.

L'opposition se redessine

Mais à regarder ces candidatures de plus près, on perçoit surtout une nouvelle redistribution des cartes dans l'opposition congolaise. Dans son blog, Congo Siasa, Jason Stearns dresse la liste du nombre de candidats présentés par chaque parti : le MLC de Jean-Pierre Bemba : 237 candidats, le PPRD de Joseph Kabila : 545, l'UDPS d'Etienne Tshisekedi: 377, l'UFC de Léon Kengo: 334 et l'UNC de Vital Kamerhe : 450. Plusieurs enseignements sont à retirés de cette comptabilité. Tout d'abord, l'affaiblissement du MLC, plus grand parti d'opposition, en proie à des luttes intestines et à l'absence de son patron à la présidentielle (Jean-Pierre Bemba est en prison à La Haye). Le MLC risque de beaucoup perdre dans cette élection et notamment son statut de premier parti d'opposition.

Deux autres partis risquent de lui ravir la place : l'UDPS d'Etienne Tshisekedi, absent en 2006 pour cause de boycott et la toute nouvelle UNC de Vital Kamerhe, omniprésente avec ses 450 candidats, alors que l'UNC n'a pas encore 1 année d'existence. Jason Stearns note que l'UNC a réussit l'exploit de lever des fonds importants pour présenter des candidats dans plus de 85% des sièges (d'où vient l'argent ?). L'UDPS est moins présente que l'UNC, avec 377 candidats, mais pour Jason Stearns cela traduit une stratégie minutieuse du parti de Tshisekedi : celle de présenter des candidats à des sièges qu'ils sont sûrs de remporter. Quand au PPRD, le parti présidentiel, il aligne le plus grand nombre de candidatures (545) et espère ainsi bénéficier d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale. Mais avec 19.497 candidats pour 500 sièges à pourvoir, Joseph Kabila court un risque : être élu d'une courte tête à la présidentielle et ne pas avoir de majorité stable à l'Assemblée. Un risque réel quand on sait que le Premier ministre qui sera nommé après l'élection présidentielle devra être issu d'une "majorité" à l'Assemblée... une majorité qui pourrait être très "hétéroclite".

Christophe RIGAUD

22 septembre 2011

RDC : La CENI refuse l'audit de l'opposition

A deux mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de refuser la demande de l’opposition d’un audit du fichier électoral. L'opposition congolaise craint une « fraude massive » lors de ce scrutin.

Le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda s’est dit opposé à tout audit du fichier électoral avec un seul groupe, celui de l’opposition, alors que le groupe majorité présidentielle se dit confiante au travail de la CENI. Pour les partis de l’opposition, l’audit du fichier électoral est l’une de leurs conditions pour signer le code de bonne conduite pour des élections apaisées.

Selon plusieurs observateurs, le refus par la CENI de la demande de l’opposition d’accéder au serveur ouvre la voie à un bras de fer entre la CENI et l’opposition. Le refus du président de la CENI risque de créer un climat de tension qui risque de conduire à une nouvelle cycle de violences dans le pays.

19 septembre 2011

RDC : Kamerhe tacle Kabila sur son bilan

Candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Vital Kamerhe (UNC) n'est pas tendre avec le bilan de son ancien allié, Joseph Kabila. Pour Vital Kamerhe, le bilan du président sortant est globalement "négatif". Un constat sans concession du "quinquennat Kabila" qui laisse tout de même un arrière goût étrange quand on sait que Vital Kamerhe a été un des plus proches collaborateurs du président congolais pendant les 4 premières années de son mandat.

Photo Vital Kamerhe.pngVoici une grande partie de la déclaration du candidat Vital Kamerhe à propos des 5 années au pouvoir de Joseph Kabila :

"Au plan économique. Il n’est un secret pour personne que l’économie de la RDC est l’une des économies les moins compétitives d’Afrique, qu’elle fait partie des Pays les moins avancés et qu’elle est classée parmi les 10 pays les plus pauvres de la planète.

Bien que le pays soit pourvu d’immenses ressources naturelles, le niveau de vie de sa population est parmi les plus bas du monde. Il ressort du classement annuel de l’Indice du Développement Humain (IDH) du PNUD publié en 2009  que la RDC compte parmi les trois pays où le niveau de vie régresse.

Sur la maîtrise de l’inflation, le Président de la République est contredit par les chiffres avancés par la CIAfactsbooks qui place la RDC à la 119e place au monde, avec un taux d’inflation de 26,2 %.

Comment peut-on être fier d’une telle place alors que nous avons un pays qui a vocation à jouer le premier rôle ?

En outre, selon la Banque Mondiale, la RDC occupe la 178e position, c’est-à-dire, la dernière place sur la liste de tous les pays classés d’après leurs capacités à offrir un bon climat d’affaires.

Il est bon de fustiger la gestion passée qui avait conduit à la faillite de la grande Gecamines avec toutes les conséquences qui en ont découlées. Le chef de l’Etat aurait dû ajouter que depuis son accession au pouvoir, l’Etat a non seulement aliéné une majorité de ses parts dans le capital de cette entreprise, mais qu’en plus, les réserves minières qui valorisaient encore le patrimoine de la Gecamines, ont été vendues sans que les Congolais en général, et les Katangais en particulier, ne sachent ce à quoi a servi le produit de cette vente. Aujourd’hui, après avoir épuisé le parc immobilier de la Gecamines, le pouvoir s’attaque à celui de la SNCC, de l’ex-ONATRA, et même de la SNEL, dans des opérations qui s’apparentent visiblement à des actions de décapitalisation frauduleuse desdites entreprises.

Alors, de quelle économie parle le Président de la République ?

S’agissant des infrastructures, il est étonnant de voir le Président de la république se vanter de la réhabilitation de quelques routes dans la capitale.

Pour  un pays aussi vaste (2.345.000 km2), les infrastructures jouent, certes,  un rôle majeur. La situation du système des transports en République Démocratique du Congo est désastreuse.  La réalité dans ce secteur se traduit par une insuffisance totale de l’offre des services de transports, accentuée par le mauvais état des infrastructures de transport et par une non-satisfaction chronique de la demande.

Le boulevard du 30 juin existe depuis l’époque coloniale, que l’on y ajoute des bandes ne change en rien les conditions de vie de l’habitant de Ngandajika, de l’habitant de Shabunda, de l’habitant d’Aru ou de Bongandanga. Cela n’a aucun effet pour l’habitant de Masina, dès lors, je confirme monsieur le Président de la République, qu’il n’existe pas de transports en commun organisé. Ces routes sont construites et réhabilitées pour ceux qui ont des voitures  pour y circuler !

Parce qu’il a juré d’être transparent avec nous dans son discours du 8 décembre 2010, le Président de la République aurait été complet en nous disant comment l’appel d’offres ou les différents appels d’offres, avaient été lancés pour la construction de toutes ces  routes.

Il s’agit dans cet exercice d’évaluation, des données indispensables pour établir la rationalité des choix opérés, parce que je refuse d’accepter, que l’élargissement  d’une route (d’une dizaine de kilomètres de longueur) qui part de l’échangeur de Limete jusqu’à l’aéroport de N’djili, pour ceux qui connaissent Kinshasa, et qui existait  déjà, puisse coûter 180 millions de $ ! Si ces 180 millions de $ américains, avaient été affectés à la réhabilitation des écoles construites à l’époque coloniale (nous parlons des lycées, collèges et athénées), toutes les écoles secondaires de la République Démocratique du Congo auraient été modernisées !

Dans le même ordre d’idées, le montant dépensé sur le boulevard du 30 juin, de 80 millions de $ pour 5 km de longueur et 28 m de largeur pour la 1ère tranche ne constitue pas non plus un choix rationnel.  Il s’agit d’un investissement tape à l’œil sans aucune incidence sur le vécu quotidien des Kinois dans la mesure où ils continuent à y affronter les embouteillages. Le même montant ajouté aux 29 millions de $ gaspillés pour l’agrandissement  du boulevard Triomphal sur 1 km et demi, sans aucun effet induit, suffiraient à la remise en l’état, à travers le pays, de tous les hôpitaux de référence qui datent de l’époque coloniale.

Il y a manifestement une mauvaise affectation des ressources de la République.

Comment  la communication du Président de la République ne peut-elle pas discerner ce qui est en cours de réhabilitation et ce qui a été réhabilité, donc comptabilisable à son actif, de ce qui n’existe encore qu’en projet ? Parce qu’il dit et je cite : « il en est de même de la réhabilitation des ports de Matadi, de Mbandaka, de Kalemie, de Kisangani, de Kalundu et d’Ilebo, ainsi que celle, en vue de leur modernisation, des aéroports de N’djili, de Goma, de la Luano, de Kisangani, de Moanda ; de Kolwezi et de Kavumu qui a démarré ou va bientôt l’être ». Je vous  laisse apprécier la précision.

Le Président de la République informe l’opinion qu’il va nous livrer, comme toujours, bientôt, l’hôpital du Cinquantenaire. A qui va-t-il le livrer ? Quelqu’un qui est à Bondo, en province orientale, quelqu’un qui est à Kolwezi au Katanga, qu’est-ce que cela veut dire pour lui l’hôpital du cinquantenaire ? Les 100 millions de dollars américains dépensés pour  les travaux de finition de l’hôpital du cinquantenaire auraient permis de réhabiliter tous les hôpitaux de la GECAMINES, de la SNCC, de la MIBA, de KILOMOTO, l’hôpital Mama Yemo, les Cliniques universitaires,…… les hôpitaux existent mais sont dans un état de délabrement avancé. Les 100 millions de $ pourraient aussi suffire  à améliorer les conditions de travail des médecins, des infirmiers et de tous les personnels des hôpitaux.

Dans son propos de Kingakati, le Président de la République met à son actif la réhabilitation de la route Kinshasa-Matadi.  Je voudrais, ici, rappeler que cette route avait été réhabilitée au moins trois fois pendant la 2ème République et que sa dernière remise en état, date de la période de la Transition de 1+4.

Pour la route Kisangani-Nyanya-Beni, nous devons avoir l’honnêteté de reconnaitre que les travaux avaient été financés dans le cadre de PMURR depuis le régime 1+4. Celle reliant Kinshasa à Kikwit a été  réhabilitée grâce à la coopération avec l’Union européenne et la Banque mondiale. Ces deux routes n’entrent donc pas dans le programme de la législature qui s’achève, et ne relèvent pas du financement des conventions dites « contrats chinois».

Pour une meilleure évaluation, le Président de la République aurait été mieux inspiré en rappelant à l’opinion les prévisions en matière d’infrastructures, notamment les routes.  Combien de kilomètres des routes bitumées, en terre battue, de desserte agricole, devaient être construits ?  Combien l’ont été effectivement ?  Quel est le pourcentage de réalisation avant de proclamer la réussite de son œuvre ?

Sur le plan social, l’opinion se souviendra que l’année 2010 avait été décrétée « Année du social ».

Le bilan est catastrophique et tout le monde le sait, parce que le Président de la République lui-même l’avait reconnu devant les 2 chambres réunies en congrès le 8 décembre 2010. Il est donc surprenant d’entendre le Président de la République nous tenir, neuf mois après, un discours diamétralement opposé !

Les contre-vérités et les erreurs  reprises dans le message de Kingakati ne peuvent pas nous laisser indifférents.  Que cela soit couché dans le discours du Président de la République, qu’il le répète devant les caméras et qu’il se trompe, non pas d’un chiffre, non pas de la moitié, non pas du double, … mais qu’il nous annonce que les magistrats touchent 1600 $ alors que ces derniers gagnent 485 000 FC soit près de 500 $ ; cela est impardonnable !

Vous pouvez vous imaginer les problèmes dans les foyers des magistrats et les réactions de leurs bailleurs qui vont certainement réajuster les loyers en conséquence.
Les professeurs d’université ; les professeurs ordinaires perçoivent 1.200.000 fc, soit l’équivalent de 1300 $ et non 2200 $ comme annoncé à Kingakati.   Et l’université, pour l’information du public et du Président de la République, n’est pas constituée que de professeurs ordinaires. Il y a les professeurs ordinaires, il y a les professeurs, il y a les professeurs associés, il y a les chefs de travaux, il y a l’assistant deuxième mandat, il y a l’assistant premier mandat,  et il y a les assistants de recherche et les personnels administratifs. Qu’en est-il de tout ce monde ?

L’université, ce sont aussi les étudiants.  Le Président de la République sait-il que les étudiants sont confrontés à des conditions infra humaines ?  Souvent issus de familles modestes, les étudiants sont livrés à eux-mêmes, sans bourse, sans transport, sans logement, sans restauration, sans bibliothèque et sans auditoires.  Sait-il (le Président de la République) qu’il y a des universités et des instituts supérieurs qui n’existent que sur papier, et d’autres qui fonctionnent dans des bâtiments abandonnés et ou inachevés ?

Sur ce même chapitre, le Président de la République devait savoir que l’université, c’est aussi le programme et les équipements modernes.  L’université et la recherche scientifique, c’est toute une vision pour l’avenir du pays.

Sait-il (le Président de la République) que dans le dernier classement des universités africaines paru dans Jeune Afrique, aucune université congolaise ne figure parmi les 500 premières ?  Quelle honte pour le pays dont Lovanium, actuellement UNIKIN ; l’UOC, actuellement UNILU ; et l’Université protestante de Kisangani, actuellement UNIKIS ; furent la référence en Afrique noire !

Nous sommes étonnés qu’aucun paragraphe n’ait été consacré à la recherche scientifique !

Dès lors, comment peut-on parler de développement sans penser à réhabiliter les centres de recherche et les chercheurs qui y travaillent ?

L’eau et l’électricité : avant d’aborder ce problème que nous vivons chaque jour à Kinshasa comme à l’intérieur du pays,  je voudrais dire aussi que le Président de la République s’est trompé en déclarant que « le pouvoir d’achat du Congolais s’est amélioré ». 

Quand le Gouvernement se complait dans l’illusion monétaire d’avoir augmenté les salaires sans se soucier du facteur de pondération composé du taux de change à cause de la forte dollarisation de notre économie d’une part, et des prix moyens pratiqués sur le marché d’autre part, j’attire l’attention du Président de la République sur l’inexactitude de sa perception de ce problème : le pouvoir d’achat de tous les Congolais a fortement régressé.

Tenez : il y a 10 ans, quand Mr Joseph Kabila remplaçait Mzee Laurent Désiré Kabila à la tête du pays, le carton de Mpiodi se vendait à 30$, et tout le monde s’en souvient ! Aujourd’hui, la ménagère débourse la même somme pour une seule rame de Mpiodi, chaque carton en comptant 3, il lui faut 90 $ pour acquérir ce carton.

Dans le budget 2007, l’huissier avait un salaire de 32.500 FC alors que le dollar s’échangeait à 580 FC, soit plus de 56 us$. Aujourd’hui, en 2011, ce même agent de l’Etat touche mensuellement 35.000 FC, ce qui fait une augmentation nominale de 7,7 % par rapport à 2007. Cependant, le dollar est passé, au cours de la même période, de 580 FC à 920 FC, soit une dépréciation de 58 %.  De ce pourcentage, vous enlevez celui de l’augmentation nominale, c.à.d. 7.7 %, ce fonctionnaire a subi une perte de 50 % de son pouvoir d’achat initial.  En valeur relative, son salaire de 2011 ne vaut en réalité que 28 us$, c'est-à-dire 50 % de ce qu’il touchait en dollars en 2007.

Comment le Président de la République peut-il nous dire après cette démonstration que le pouvoir d’achat du Congolais s’est amélioré ?

Par ailleurs, les inégalités sont très marquées. Environ 80 % de la population vit en dessous du  seuil de pauvreté, qui est estimé à 2 USD par jour. Près de 44 % de femmes et environ 22 % d’hommes n’ont aucun revenu. Les disparités régionales sont très fortes avec un taux de chômage supérieur à 60 %, chômage qui affecte essentiellement la population active de 18 à 35 ans. Les salaires et les prestations sociales sont dérisoires dans tout le pays.

Je termine cet exercice douloureux en posant la question de savoir :

- qu’en est-il des rémunérations des militaires, des policiers et de tous ceux qui veillent pendant que nous dormons ?  Est-ce qu’on n’est pas en train de nous mettre en danger quelque part ?

Nous voulons aussi aborder l’autre question, peut-être que le Président de la République n’est pas informé, qu’effectivement tous les congolais ont un accès difficile à la nourriture, à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé, à l’habitat. La situation s’est d’avantage détérioré qu’il y a cinq ans !

En ce qui concerne l’eau et l’électricité, pendant que je m’entretiens avec vous ici à la Gombe, commune qui abrite les sièges de la plupart des institutions nationales et internationales, il n’y a ni eau, ni électricité ! Vous pouvez le vérifier par vous-mêmes, pour ne pas me taxer de démagogue.

Le Président de la République, sait-il qu’à MACAMPAGNE, un des quartiers  résidentiels huppés de la capitale, où habite son ministre de l’énergie, les résidents ont commencé à creuser des bornes fontaines pour se procurer de l’eau ? C’est inacceptable !

On peut détester le Président MOBUTU, parce que dictateur, mais Kinshasa n’avait jamais atteint ce niveau de pénurie. Dans les hôpitaux comme Mama Yemo et autres, le manque d’eau et d’électricité est à la base de l’augmentation du taux de  mortalité, surtout infantile. Il faudrait que le Président de la République, reconnaisse que son bilan est totalement négatif.

Dans le secteur de la distribution de l’électricité, l’augmentation du taux de desserte de 6 à 9 % qu’avance le Président de la République n’est soutenue par aucun élément probant dans la mesure où le délestage n’épargne aucun quartier de la capitale (y compris le sien), ni aucune autre ville du pays. Pour certains quartiers de la capitale, il ne s’agit plus de délestage, mais des coupures qui durent trois à six mois.  Dans l’arrière pays, la situation est pire, dans certaines villes, ils n’ont jamais vu le courant ; pour d’autres, ils en gardent des vestiges d’il y a vingt ans.

Sur le plan des droits humains,  je m’attendais à ce que le Président de la République nous dise en sa qualité de magistrat suprême, qu’il va effectivement peser de tout son poids :


-      pour que Floribert CHEBEYA ait un procès équitable,

-      pour qu’on nous dise ce qu’est devenu le corps de Fidèle BAZANA,

-      pour qu’on nous dise qui a tué Armand NTUNGULU,

-      pour qu’on nous dise qui est l’auteur du récent assassinat ignoble de l’opérateur économique propriétaire des Ets City 11 à Bukavu,

-      pour qu’on nous dise également le sort réservé aux assassins de tous ces journalistes ;

-      pour qu’on nous dise, quel est le sort réservé, dans un pays qui se dit démocratique, à tous ces détenus d’opinion ;  les MOKIA, KUTHINO  et bien d’autres qui sont à MAKALA et dans d’autres prisons, à travers le pays !

En ce  qui concerne la sécurité,

Les habitants de la province orientale, qui continuent à subir les attaques de la LRA et même parfois celles de nos propres soldats, se demandent si le chef de l’Etat a encore la maitrise de la situation sur le terrain.

Bon nombre des habitants du Nord et du Sud Kivu ont dû sursauter en entendant le Président de la République déclarer que « le pays est presqu’entièrement pacifié,…..la région des grands lacs a retrouvé la paix et la stabilité,… » alors que, non seulement ils vivent sous la psychose de la  peur à cause des opérations d’intégration non achevées, mais font aussi face à plusieurs armées. Chaque minute qui passe, il y a une femme qui est violée. Et Madame Clinton, Secrétaire d’Etat américain, dans sa dernière adresse à l’U.A, n’a pas mâché ses mots en plaçant la RDC parmi les 3 pays où la vie des femmes est en danger. La RDC occupe, en effet la 2ème place après l’Afghanistan.

Malgré les différentes opérations qui ne font que changer des noms, force est de constater que les ex-interahamwe continuent à causer des malheurs au sein de la population congolaise, mais aussi à contrôler les gisements miniers de cassitérite et d’or.

En abordant les problèmes de la réforme de l’armée, de la police et des services de sécurité, et en affirmant que les libertés individuelles sont garanties ; et en citant pour preuves, (1) le retour au pays des dignitaires mobutistes, (2) la participation des tous aux élections,…  ici, il y a une double interrogation : de quelle armée, de quelle police, des quels services de sécurité, parle le Président de la République ?   Sait-il que dans certains coins de la République, il y a des militaires qui se livrent à la production des braises, du bois de chauffe pour survivre, quand ils ne peuvent pas se payer sur la population ?  Sait-il que les enfants des militaires ne sont pas scolarisés ? Qu’ils n’ont pas accès aux soins de santé et à un habitat humainement acceptable ?

De quelle réforme parle-t-on quand on a une armée qui compte autant de généraux que des colonels, bref, où il y a autant d’officiers que d’hommes des rangs ?  Le chef de l’Etat ignore-t-il que tous les militaires et les policiers commis à la garde des édifices publics doivent rançonner les visiteurs, Congolais comme Expatriés, qui veulent rencontrer les autorités ?  Simplement parce qu’abandonnés à eux-mêmes, ils sont souvent à la recherche des moyens de survie !

Pas plus tard qu’il y a trois jours, la ville de Bukavu était en alerte parce que les militaires avaient tiré.

Nous aurions souhaité entendre le Président de la République dire à l’opinion nationale et internationale ce qui s’est réellement passé dans cette ville. La violence continue à l’Est de la République Démocratique du Congo où l’on viole, on pille, où l’on coupe les routes en toute impunité.

Dans la capitale et dans les autres villes, l’insécurité persiste.  Elle ne saurait  reculer tant qu’on n’aborde pas le vrai problème, celui de la mise en place d’une armée où le militaire sera réellement pris en charge et le policier mis dans des conditions adéquates de travail.

Tolérance Zéro n’a été qu’un leurre.

Le Président de la République a dit que les portes des prisons étaient ouvertes. Depuis le début de cette législature, tous les gestionnaires ont été plébiscités, aucun cas de détournement  n’ayant été relevé, ni sanctionné.

En ce qui concerne la décentralisation, le pays a reculé, le Président de la république ayant repris toutes les prérogatives des assemblées provinciales, y compris celles de révoquer le gouverneur de province.  Nous comprenons que le Président de la République, se soit gêné d’en faire mention, dans son adresse de Kingakati.

Si le Président de la République se déplace la nuit, le pays est vraiment plongé dans le noir."
Vital Kamerhe

RDC : Le CLD soutiendra Tshisekedi

Dans un communiqué, la plateforme politique Congo en Légitime Défense (CLD), de Marie-Thérèse Nlandu explique pour quelles raisons elle n'a pas présenté de candidat à la présidentielle de novembre en République démocratique du Congo (RDC). Le CLD apportera son soutien à Etienne Tshisekedi (UDPS).

Logo Elections 2011.jpgLa modification constitutionnelle, faisant passer l'élection présidentielle de deux à un seul tour, mais aussi le montant de la caution pour se présenter (50.000$), ont découragé de nombreuses formations politiques à poser leur candidature en RD Congo. C'est notamment le cas du CLD (Congo en Légitime Défense (CLD) de Marie-Thérèse Nlandu.

Dans un récent communiqué, cette plateforme politique explique les nombreuses raisons qui l'ont poussé à ne pas présenter de candidat. Il y a bien sûr "les révisions constitutionnelles aussi nombreuses qu'irrégulières" (1 seul tour au lieu de 2),  "la problématique posée par la question du contrôle du Fichier et du Serveur informatiques", "le non-recensement préalable des électeurs dans le but de fausser les statistiques électorales" et "l’absence d’un débat télévisé contradictoire entre les candidats".

Le Directoire National du CLD a donc décidé de soutenir Etienne Tshisekedi, "le candidat commun de l’opposition qui n’a jamais appartenu au camp des envahisseurs et agresseurs ni travaillé avec eux". Le CLD demande donc "à tous ses membres et sympathisants à travers la RDC et dans la diaspora d'accorder leur vote à ce candidat désigné de l'opposition".

Christophe RIGAUD

17 septembre 2011

RDC : Pas de rencontre Tshisekedi-Bemba

Un temps annoncée, la visite de l'opposant congolais, Etienne Tshisekedi (UDPS), au leader du MLC, Jean-Pierre Bemba n'a pas eu lieu. Etienne Tshisekedi s'est bien rendu à la Cour pénale internationale (CPI), mais y a rencontrer Thomas Lubanga, un autre Congolais détenu à La Haye. Certains observateurs voyaient dans cette visite un possible accord entre l'UDPS et le MLC, en vue de la prochaine présidentielle de novembre 2011. Le MLC, absent du scrutin, n'a toujours pas donné de consigne de vote.

IMG_3865.JPGSelon un responsable de l'UDPS-Benelux que nous avons contacté, Etienne Tshisekedi s'est bien rendu à la Cour pénale internationale de La Haye, sans y rencontrer Jean-Pierre Bemba. Toujours selon ce responsable, une visite à Jean-Pierre Bemba « n'était pas prévue » et seul un entretien avec Thomas Lubanga a eu lieu, « une visite à caractère humanitaire seulement ».

La rencontre Tshisekedi-Bemba était pourtant très attendue à Kinshasa. Dans moins de trois mois doit se tenir le premier et unique tour de scrutin de l'élection présidentielle. Dans ce contexte, seul un candidat unique, rassemblant l'ensemble de l'opposition, peut espérer battre le président sortant, Joseph Kabila. Or, il y a déjà au moins trois candidats majeurs pour briguer la magistrature suprême : Etienne Tshisekedi (UDPS), Vital Kamrehe (UNC) et Léon Kengo (UFC). Mais un parti n'a pas présenté de candidat à cette élection : le MLC de Jean-Pierre Bemba, fort de ses 64 députés. Depuis 2008, le leader du MLC est en effet détenu par la Cour pénale internationale de La Haye, accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003. Et pour l'instant, le MLC n'a donné aucune consigne de vote pour ce scrutin.

De toute évidence, les voix de Jean-Pierre Bemba valent de l'or, à deux mois et demi du scrutin. Et nombreux sont les candidats qui cherchent à obtenir son soutien. Un accord avec le candidat de l'UDPS pourrait faire pencher la balance du côté d'Etienne Tshisekedi et marginaliserait ainsi les candidatures Kamerhe et Kengo, qui pour l'instant ne reposent sur aucune base électorale solide. A l'UDPS on garde espoir. Car chacun sait qu'avec l'absence de candidat de l'UDPS en 2006, les électeurs de Tshisekedi s'étaient massivement reportés sur Jean-Pierre Bemba. Avec l'absence de Bemba en 2011, l'UDPS espère que les électeurs feront le chemin inverse. Seule différence avec 2006 : cette année le scrutin sera à un seul tour.

Christophe RIGAUD

Photo : E. Tshisekedi à Bruxelles en 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

16 septembre 2011

Chasse aux Tutsis entre Paris et Aubervilliers en marge de la visite de Kagame en France

Des agressions de Noirs supposés tutsis et d’autres incidents violents ont marqué la visite du président du Rwanda à Paris. Des ressortissants de RDC sont mis en cause. Ils auraient été poussés en avant, voire payés, par l’opposition rwandaise en exil. SOS-Racisme rassemble plaintes et témoignages.

Capture d’écran 2011-09-16 à 19.54.13.pngLa visite « de courtoisie » du chef de l’Etat rwandais à son homologie Nicolas Sarkozy entre le 11 et le 13 septembre 2011 est loin d’avoir apaisé les esprits dans l’opposition rwandaise en exil et parmi les ressortissants de République Démocratique du Congo (RDC) en Europe. Bien au contraire, « remontés à bloc » par une intense campagne de mobilisation sur internet, certains avaient décidé d’en découdre. Et des incidents, parfois très graves, ont été déplorés. Ils ont débuté le dimanche 11 septembre en soirée aux abords des « Docks », une immense salle de spectacle située dans le Parc des Portes de Paris, 45 avenue Victor-Hugo à Aubervilliers.

Agressions très violentes à Aubervilliers

Tout l’après-midi, à l’invitation de l’ambassade du Rwanda à Paris, quelque 4000 membres de la Diaspora s’étaient réunis pour entendre l’intervention de Paul Kagame, poser des questions et profiter d’un grand spectacle musical. En raison des menaces proférées les jours précédents, un impressionnant dispositif policier a canalisé la foule. Mais le dispositif a été levé vers 21 heures après le départ du président du Rwanda. Toute la soirée, des véhicules avaient été vus rôdant dans le quartier avec, semble-t-il, des Rwandais ou des Congolais à bord, visiblement venus pour en découdre. Selon plusieurs témoins, un fils Habyarimana conduisait l’un des véhicules, mais il n’a pas été impliqué dans les agressions qui ont suivi. Après le départ de Paul Kagame et de sa suite, vers 21 heures, le dispositif policier avait été levé avenue Victor-Hugo.
De petites équipes d’opposants sont alors passés à l’action. Des pierres ont été lancées contre des personnes isolées qui revenaient à pied vers le métro. Plusieurs personnes ont a été giflées.
Pierre B…, venu de la région de Bordeaux, a été tabassé et s’est fait voler tous ses papiers. Il s’est rendu à un commissariat proche qui a refusé d'enregistrer sa plainte mais les policiers ont quand même fait venir le Samu pour le faire soigner aux urgences.

Agressé et dépouillé

Innocent était venu de Strasbourg avec des amis de Mulhouse dans un minibus. Ils étaient six dans le véhicule, trois hommes et trois femmes. « Personne ne nous avait prévenu de nous méfier. En sortant de la salle d’Aubervilliers, nous avons commencé à rouler lorsque nous avons vu deux ou trois Rwandais qui semblaient perdus. Il y avait parmi eux Eric Kabera, le cinéaste. Ils cherchaient le chemin de leur hôtel. Au moment où nous discutions à leur hauteur, une voiture s’est arrêtée derrière nous. Trois hommes sont sortis en criant en lingala (la principale langue de RDC) : « Voilà des Tutsi qui sont venus dans l’avion de Kagame, on va leur casser la gueule ».  Eric et ses compagnons ont aussitôt détalé. Ils m’ont sorti du véhicule, m’ont fait une « balayette » pour que je tombe et les trois se sont acharnés sur moi à coups de pieds. J’étais pratiquement KO. Une femme en a profité pour s’enfuir du minibus. Ils se sont attaqués aux autres. L’un des agresseurs est retourné à sa voiture chercher des bidons d’essence et a commencé à arroser notre minibus et les femmes. Il a aussi jeté de l’essence sur une voiture bloquée derrière, une Mercedes pilotée par un Français. Heureusement, dans leur précipitation, les inconnus avaient oublié leurs briquets dans leur voiture. Ils sont retournés les chercher et ont d’abord incendié la Mercedes. Au moment où ils allaient allumer l’essence dont étaient imprégnés les deux femmes supposées tutsies et notre minibus,  beaucoup avaient vu la scène de loin et accouraient en criant. Les trois hommes ont aussitôt pris la fuite dans leur véhicule. Ca nous a sauvés ».

Deux Rwandaises supposées tutsies aspergées d’essence

Cette agression a été la plus violence de celles qui se sont produites aux alentours de la salle de spectacle d’Aubervilliers. Innocent et ses amis se sont rendu au commissariat d’Aubervilliers pour déposer plainte. Selon eux, les policiers les auraient reçus de mauvais gré en se plaignant d’être en sous-effectif. Il aurait fallu parlementer jusqu’à 3 heures du matin pour qu’enfin la - seule - plainte d’Innocent soit enregistrée.

Les policiers présents ont cependant procédé à 15 interpellations de « casseurs », tous issus de RDC et porteurs pour certains de cocktails Molotov.

Des « casseurs » issus de RDC

D’autres incidents se sont produits le lundi 12 septembre après-midi. Après le déjeuner des deux chefs d’Etat à l’Elysée, une conférence de presse était organisée au Centre d'Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) avec pour intervenants Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Tharcisse Karugarama, ministre de la Justice, Aloysie Inyumba, ministre de la Condition féminine et de la famille, François Kanimba , ministre du Commerce et de l'Industrie, James Musoni, ministre du Gouvernement local, Albert Nsengiyumva, ministre des Infrastructures et le professeur Anastase Shyaka, Secrétaire exécutif du Conseil de la gouvernance du Rwanda.

Malgré les règles de sécurité drastiques, un petit groupe de manifestants a réussi à s’introduire par une porte dérobée dans le Centre,  implanté dans l'aile Sud du Grand Palais, face au Pont Alexandre III à Paris.
A la demande du service de sécurité de la délégation rwandaise, le journaliste congolais Roger Bongos a été brièvement interpellé et sorti de la salle par la police française pour être maintenu dans un fourgon de Police  jusqu'à la fin de la conférence de presse.

Un journaliste congolais mis à l’écart

Le journaliste a protesté qu’il était accrédité par ce Centre de presse. De leur côté, les services de sécurité rwandais expliquent que Roger Bongos avait créé un esclandre le dimanche précédent à l’entrée de la réunion de la Diaspora à Aubervilliers en exigeant de pénétrer dans l’enceinte de la salle avec une caméra, alors qu’il n’avait pas été accrédité comme journaliste. « Il a hurlé et fait du tapage à Aubervilliers, nous étions donc en droit de nous méfier », argumente un responsable de la sécurité rwandaise. Ces deux versions ne sont pas contradictoires. Elles montrent le climat d’extrême tension sécuritaire autour de la visite du chef de l’Etat rwandais à Paris.
Entre l'opposition rwandaise qui s'estime traquée et muselée et les Congolais de RDC qui tiennent pour responsable Paul Kagame de tous leurs malheurs à l'Est du pays, les services de sécurité rwandais et français étaient sur les dents. Pour toutes ces raisons, certains médias "hostiles" ont été tenus à l'écart de la visite présidentielle. De son côté, Paul Kagame n’a accordé que de rares interviews : à l’Agence France Presse, à France 24 et au quotidien Libération. (voir l'article d'AFRIKARABIA sur la version de Roger Bongos)

Des manifestants aux tee-shirts maculés de rouge

Lors de la conférence de presse au CAPE, un petit groupe de Congolais qui avait réussi à s’infiltrer par une porte dérobée a dévoilé des tee-shirts maculé de rouge et crié des slogans hostiles au régime de Kagame avant d’être expulsé par des policiers.
Les protestataires ont ensuite brûlé des pneus ainsi qu’une voiture sur le périphérique, à proximité de la Porte de Saint-Cloud. La police a dû fermer cette section du périphérique, ce qui a provoqué d’importants embouteillages. Devant les protestations des usagers du périphérique bloqués par le brasier, les manifestants congolais ont affirmé par la suite que la voiture qui avait été incendiée sur le périphérique leur appartenait. Il ne semble pas que les auteurs de cette action aient été déférés au Parquet, ni même arrêtés.

Voiture incendiée sur le Périphérique

Dans les heures qui ont suivi, des Rwandais  catalogués « Tutsi » à leur faciès ont été insultés et agressés dans un autobus et dans des rames de métro. Dans un autobus de la RATP se trouvaient plusieurs avocats rwandais dont le Bâtonnier de Kigali Me Aloïs Rutadungwa et Me Donatien Mucyo. Entendant qu’ils discutaient en kinyarwanda, un passager apparemment congolais les a insultés. Puis il a appelé par téléphone ses amis à le rejoindre « pour régler leur compte à ces Tutsis ». Les Rwandais ont alerté le conducteur qui a appelé les services de sécurité de la RATP. Ceux-ci ont escorté les avocats jusqu’à leur hôtel pour qu’ils ne soient pas pris à partie.

Un autre avocat rwandais a été agressé à proximité du parvis du Trocadéro. Les policiers ont arrêté ses deux agresseurs, qui seraient pour l’un Congolais, et l’autre, Angolais.

Plusieurs avocats rwandais menacés, voire brutalisés

Ces incidents ne sont pas étonnants au vu du déferlement de messages haineux ces derniers jours visant le régime de Paul Kagame et plus précisément les Tutsi rwandais. Des internautes, apparemment issus de RDC, sont allés jusqu’à appeler au viol de femmes au Rwanda. Des chansons en lingala sont audibles et visibles sur Youtube, appelant au meurtre des Tutsi. La radicalisation de la campagne présidentielle en RDC semble avoir poussé certains à jeter de l’huile sur le feu, en accusant notamment le président Kabila d’être tutsi. Du côté de Kigali, on accuse les opposants rwandais réfugié sen Europe d’avoir instrumentalisé des Congolais pour les pousser en première ligne. L’association SOS Racisme a commencé à enquêter sur tous les incidents et agressions.

Lors de précédentes manifestations de même nature le 12 juin dernier à Chicago, des manifestants congolais avaient reconnu avoir touché 10 dollars chacun de la part « d’amis rwandais » pour crier des slogans hostiles et brandir des pancartes devant l’hôtel où résidait Paul Kagame.

Serge RAUQUE

Photo : Paul Kagame à Aubervilliers le 11 septembre 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC-Présidentielle : 11 candidats validés

Ils seront finalement 11 candidats, et non 12, à briguer la magistrature suprême en République démocratique du Congo (RDC), le 28 novembre prochain. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a déclaré recevable 11 candidatures pour présidentielle. "Aucune candidature féminine n'a été enregistrée", selon le président de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda.

élections RD.pngVoici donc la liste des candidatures validées par la Commission électorale :

- Jean Andeka Djamba (ANCC)
- Etienne Tshisekedi (UDPS)
- François Joseph Nzanga Mobutu (Udemo)
- Vital Kamerhe (UNC)
- Kengo wa dondo (UFC)
- Nicephore Kakese (URDC)
- Joseph Kabila (Indépendant)
- Oscar Kashala (UREC)
- Antipas Mbusa Nyamwisi (Indépendant)
- Adam Bombole (Indépendant)
- Josué Alex Mukendi Kamama (Indépendant)

Le président sortant Joseph Kabila est candidat à sa propre succession sous l'étiquette "indépendant" malgré l'investiture de son parti, le PPRD. Joseph Kabila est également soutenu par la la Majorité Présidentielle (MP), sa plate-forme électorale pour 2011.

Le principal opposant à Joseph Kabila est Etienne Tshisekedi, candidat au nom de l'UDPS. A 79 ans, cet opposant historique se présente pour la première fois à la présidence de la République, après son boycott du scrutin de 2006.

Avec 65 députés nationaux, le MLC de Jean-Pierre Bemba est le premier parti d'opposition congolais. Mais avec l'absence du "chairman", détenu en prison par la CPI, le MLC ne s'est pas trouvé de leader. Il n'y aura donc pas de candidat du MLC à cette élection. Rappelons que Jean-Pierre Bemba avait tout de même obtenu 42% au scrutin de 2006. "Contre mauvaise fortune bon coeur", 1 cadre du MLC se présente tout de même en "indépendant" à la présidence. Il s’agit d’Adam Bombole, candidat malheureux à l’élection de gouverneur de Kinshasa en 2007.

Vital Kamerhe (UN) espère bien gagner ses galons d'opposant dans cette élection. L'ancien directeur de campagne du président Joseph Kabila et ex- président de l’Assemblée nationale, passé depuis quelques mois dans l’opposition, mène une campagne médiatique très offensive et prépare déjà la prochaine présidentielle de 2016.

Léon Kengo wa Dongo de l’UFC est lui aussi un nouveau venu dans l'opposition congolaise. Plusieurs fois Premier ministre sous le règne du maréchal Mobutu, il est depuis 2007 le président du Sénat.

Le docteur Oscar Kashala (UREC) avait obtenu le score de 3,46% des voix au premier de la présidentielle de 2006.

François Joseph Nzanga Mobutu (UDEMO) est un des fils du maréchal Mobutu. Avec 4,77% des suffrages, il était arrivé en 4ème position au premier tour de la présidentielle de 2006. Il faudra donc compter avec lui.

Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD/KML) a été ancien ministre de la Décentralisation. En 2006, alors qu'il était déjà candidat à l’élection présidentielle, il appelle son électorat à voter au second tour pour Joseph Kabila.

Christophe RIGAUD

RDC : Les crimes du Kivu devant la CPI

La Cour pénale internationale (CPI) ouvre aujourd'hui une audience clé dans l'affaire Callixte Mbarushimana. Ce rwandais, responsable des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) doit répondre de crimes  contre l’humanité et de crimes de guerre perpétrés dans les provinces des Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Plusieurs ONG "regrettent une participation retardée des victimes dans cette affaire".

Image 4.pngLe 16 septembre 2011, La Cour pénale internationale (CPI) ouvrira une audience afin de confirmer les charges de la CPI dans l'affaire Callixte Mbarushimana. Mbarushimana est un ressortissant rwandais, secrétaire exécutif des  Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda — Forces Combattantes Abacunguzi (FDLR-FCA), principale rébellion dans l'Est de la RDC. Ce responsable FDLR est soupçonné d’être responsable de  crimes contre l’humanité (meurtre, torture, viol, persécution et acte inhumain) et de  crimes de guerre (attaques contre la population civile, destruction de biens, meurtre, torture, viol et acte inhumain) prétendument commis en 2009 en RDC. L'audience doit confirmer les charges qui pèsent sur Mbarushimana.

Dans un communiqué,la Coalition pour la Cour pénale internationale (CICC en anglais) "déplorent les retards  concernant la participation des victimes à cette procédure. La décision autorisant les  130 victimes à présenter leurs points de vue à l’audience de confirmation n’a été rendue  qu’une semaine avant la date d’audience initialement prévue pour le 16 août 2011." La Coalition pour la Cour pénale internationale est un réseau mondial de plus de 2.500 organisations de la société civile, présentes dans 150 pays et travaillant pour "améliorer l’accès à la justice des victimes de génocide, de crimes de guerre et de crimes  contre l'humanité."

Dans ce contexte, Les ONG membres de la Coalition demandent depuis longtemps au Procureur de la CPI d’accélérer son enquête dans les provinces des Kivu en RDC. « L’audience  concernant Mbarushimana est un pas important afin de rendre justice aux victimes des  crimes graves commis dans les Kivu durant ces dernières années », a déclaré André  Kito, coordinateur de la Coalition de la RDC pour la CPI. « Toutefois, le Greffe de la CPI  devrait prendre des mesures pour élargir la participation des victimes à la ville de  Shabunda (Sud-Kivu) au vu des crimes majeurs également commis là-bas.» 

L'ONG note que "des centaines de victimes supplémentaires qui avaient demandé à participer avant même la fin du délai fixé par la Cour dans l’affaire Mbarushimana ont été omises du fait des  limites du Greffe en temps et en moyen, qui a été incapable de traiter un grand nombre  de demandes venant de 470 victimes dans le délai fixé par la Chambre."

14 septembre 2011

RDC : Des concessions minières vendues secrètement

Le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) dénonce dans un communiqué le "bradage" de concessions minières à des acteurs privés par la République démocratique du Congo (RDC). Ce réseau accuse le gouvernement de transactions opaques "à des prix inférieurs à ceux du marché".

Image 3.pngLa République démocratique du Congo est riche en minerais. Le pays détient 34% des ressources mondiales de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Mais ces richesses ne bénéficient pas réellement à l'Etat congolais et encore moins aux Congolais eux-mêmes. L'Etat reste pourtant présent dans les projets miniers en RDC, notamment grâce à ses entreprises publiques. La Gécamines et Sodimico sont en effet "actionnaires minoritaires au sein des joints ventures d’investisseurs étrangers". Une bonne occasion pour la RD Congo de pouvoir engranger quelques recettes.

Mais selon le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) et ses ONG membres, "des ressources minières publiques auraient été secrètement vendues à des acteurs privés, en l’absence de tout processus concurrentiel et à des prix inférieurs à ceux du marché". Toujours d'après l'EURAC : "Gécamines et Sodimico auraient récemment vendu leurs parts respectives de plusieurs projets miniers notamment Mutanda, Lonshi et Frontier, tous basés dans la province du Katanga. Révélée après les faits, la vente de ces actifs n’aurait pas respecté le principe de concurrence transparente et équitable. L’identité des acheteurs n’a toujours pas été divulguée par les autorités congolaises. Dans les deux cas, nous avons de bonnes raisons de penser que ces actifs – d’une valeur totale d’1 milliard de dollars – aient été vendus à des prix inférieurs à leur valeur réelle sur le marché."

Le Réseau estime que de telles informations "constituerait une violation de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre la RDC et la Banque Mondiale en Mars 2011." L'EURAC demande donc aux bailleurs européens et la Banque Mondiale de "se montrer plus proactifs dans la surveillance de telles manoeuvres et de pousser pour la mise en place effective de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre le gouvernement congolais et la Banque Mondiale en Mars 2011."

Malgré les bonnes promesses des autorités de Kinshasa pour améliorer la transparence de l'économie du secteur minier, les mauvaises pratiques semblent perdurer. Car dans le cas précis de la Gécamines et Sodimico, l'EURAC conclut "qu'une entreprise publique n’a aucun intérêt à vendre le peu d’actifs qu’elle détient au sein des joints ventures minières étrangères." Une question demeure sans réponse : pourquoi le gouvernement congolais a-t-il autorisé une telle transaction ?

Christophe RIGAUD

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

13 septembre 2011

Kagame à Paris : Un journaliste Congolais interpellé

Le journaliste Congolais Roger Bongos a été brièvement interpellé par la police française lundi 12 septembre en marge de la visite du président rwandais Paul Kagame. Venu assister à la conférence de presse de Louise Mushikiwabo, Ministre des affaires étrangères rwandaise, au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE), Roger Bongos a été prié de quitter la salle pour être maintenu dans un fourgon de Police  jusqu'à la fin de la conférence de presse.

Image 2.pngPlusieurs incidents ont émaillé la visite du président rwandais Paul Kagame en France. Mais un événement est passé inaperçu. La scène se passe au CAPE, le Centre d'Accueil de la Presse Etrangère à Paris, en face du pont Alexandre III. Un journaliste congolais du site Afrique Rédaction, Roger Bongos, a été empêché d'assister à la conférence de presse de Louise Mushikiwabo, Ministre des affaires étrangères rwandaise et de plusieurs ministres. Pourtant accrédité par ce Centre de presse, Roger Bongos a été "invité" par la police français à sortir de la salle et à s'installer dans un fourgon de police pendant toute la durée de la conférence de presse.

Joint par téléphone, notre confrère nous explique s'être installé dans la salle de conférence à 14h40 pour y préparer son matériel. A 15h15 deux policiers français viennent trouver Roger Bongos, l'invitant à les suivre. A l'extérieur du Centre, le journaliste demande des explications aux deux hommes qui lui répondent qu'il "ne peut pas assister à cette conférence". Roger Bongos proteste en leur montrant sa carte de journaliste de l'APE, l'Association de la Presse Etrangère. Rien n'y fait, le journaliste est embarqué dans un fourgon de police jusqu'à 17h40... heure de la fin de la conférence de presse. Visiblement, ce journaliste congolais n'était pas le bienvenu à cette rencontre entre plusieurs ministres rwandais et la presse étrangère à Paris.

Il est vrai que la visite du président rwandais s'est déroulé dans un climat de tension permanent. Entre l'opposition rwandaise qui s'estime traquée et muselée et les Congolais de RDC qui tiennent pour responsable Paul Kagame de tous leurs malheurs à l'Est du pays, les services de sécurité rwandais et français étaient sur les dents. Pour toutes ces raisons, certains médias "hostiles" ont été tenus à l'écart de la visite présidentielle. C'est visiblement le cas de Roger Bongos, journaliste, certes engagé, et de son site Afrique Rédaction.

Emu par sa mésaventure, Roger Bongos s'est déclaré très étonné que ce type de pratiques se déroulent en France "dans le pays des droits de l'homme". De nombreux journalistes présents au CAPE ont protesté contre cette entrave à la liberté de la presse en France.

Christophe Rigaud

RDC-Présidentielle : 12 candidats pour 1 fauteuil

Douze candidats sont en course à la magistrature suprême en République démocratique du Congo (RDC). Avec une présidentielle à un seul tour, les candidats sont moins nombreux qu'au dernier scrutin : 12 en 2011 contre 33 en 2006. A retenir : le président sortant Joseph Kabila se représente, une seule femme est en lice et le MLC, premier parti de l'opposition institutionnelle sera le grand absent de cette présidentielle.

élections RD.pngA la clôture du dépôt des candidatures pour la prochaine présidentielle en RD Congo, voici la liste des 12 candidats qui brigueront la présidence le 28 novembre prochain :

- Jean Andeka Djamba (ANCC)
- Etienne Tshisekedi (UDPS)
- François Joseph Nzanga Mobutu (Udemo)
- Vital Kamerhe (UNC)
- Léon Kengo wa dondo (UFC)
- Nicephore Kakese (URDC)
- Joseph Kabila (Indépendant)
- Oscar Kashala (UREC)
- Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD-K/ML)
- Adam Bombole(Indépendant)
- Berbadette Nkoy Mafuta (Indépendant)
- Ismaël Kitenge (MRC-PTF)

Douze candidatures ont donc été déposées à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en vue de la présidentielle de 2011 en RDC. Le président sortant Joseph Kabila est candidat à sa propre succession sous l'étiquette "indépendant" malgré l'investiture de son parti, le PPRD. Joseph Kabila est également soutenu par la la Majorité Présidentielle (MP), sa plate-forme électorale pour 2011.

- Le principal opposant à Joseph Kabila est Etienne Tshisekedi, candidat au nom de l'UDPS. A 79 ans, cet opposant historique se présente pour la première fois à la présidence de la République, après son boycott du scrutin de 2006.

- Avec 65 députés nationaux, le MLC de Jean-Pierre Bemba est le premier parti d'opposition congolais. Mais avec l'absence du "chairman", détenu en prison par la CPI, le MLC ne s'est pas trouvé de leader. Il n'y aura donc pas de candidat du MLC à cette élection. Rappelons que Jean-Pierre Bemba avait tout de même obtenu 42% au scrutin de 2006. "Contre mauvaise fortune bon coeur", deux cadres du MLC se présentent tout de même en "indépendant" à la présidence. Il s’agit d’Adam Bombole, candidat malheureux à l’élection de gouverneur de Kinshasa en 2007 et de l’unique femme de ce scrutin, Bernadette Nkoy Mafuta, ancienne gouverneur de Kinshasa.

- Vital Kamerhe (UN) espère bien gagner ses galons d'opposant dans cette élection. L'ancien directeur de campagne du président Joseph Kabila et ex- président de l’Assemblée nationale, passé depuis quelques mois dans l’opposition, mène une campagne médiatique très offensive et prépare déjà la prochaine présidentielle de 2016.

- Léon Kengo wa Dongo de l’UFC est lui aussi un nouveau venu dans l'opposition congolaise. Plusieurs fois Premier ministre sous le règne du maréchal Mobutu, il est depuis 2007 le président du Sénat.

- Le docteur Oscar Kashala (UREC) avait obtenu le score de 3,46% des voix au premier de la présidentielle de 2006.

- François Joseph Nzanga Mobutu (UDEMO) est un des fils du maréchal Mobutu. Avec 4,77% des suffrages, il était arrivé en 4ème position au premier tour de la présidentielle de 2006. Il faudra donc compter avec lui.

- Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD/KML) a été ancien ministre de la Décentralisation. En 2006, alors qu'il était déjà candidat à l’élection présidentielle, il appelle son électorat à voter au second tour pour Joseph Kabila.

Christophe Rigaud

12 septembre 2011

RDC : Mini-remaniement avant la présidentielle

A deux mois et demi de l'élection présidentielle, Joseph Kabila a procédé à un léger remaniement technique en République démocratique du Congo (RDC). A noter l'étonnante nomination à l'Economie de Jean-Pierre Daruwezi, administrateur des services de renseignements congolais (ANR).

Image 4.pngCe nouveau gouvernement d'Adolphe Muzito compte dorénavant 3 vice-Premiers ministres, 34 ministres et 10 vice-ministres... des effectifs en légères augmentation.

De nouveaux ministres font leur entrée :
- Vice-premier ministre et ministre des postes : Louis-Alphonse Koyagialo
- Ministre de l'économie nationale : Jean-Pierre Daruwezi
- Ministre des transports et voies de communication : Joseph-Martin Kitumba
- Ministre du développement rural: Charles Alulela
- Ministre du commerce : Justin Kalumba

Des ministres ont changé de d'affectation :
- Ministre des PME: Jean-Marie Bulambo, qui était avant à l’économie
- Ministre de l'emploi, du travail et de la prévoyance sociale: Simon Bulupiy, qui était Vive-Premier ministre en charge des Postes, téléphones et télécommunications.

L'arrivée de nouveaux Vice-ministres :
- Vice-ministre de la justice : Celine Leteta
- Vice-ministre des transports et voies de communication : Willy Bakonga,
- Vice-ministre de l'emploi et de la prévoyance sociale : Moussa Kalema

Et enfin 1 ministre quitte le gouvernement pour cause de candidature à la présidentielle :
- Ministre de la décentralisation : Antipas Mbusa Nyamwisi, Son ministère a été tout simplement supprimé.

Christophe Rigaud

RDC : Joseph Kabila candidat "indépendant" à la présidentielle

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila a déposé ce dimanche sa candidature à la présidentielle de novembre prochain. Joseph Kabila brigue un second mandat à la tête de la RDC et comme en 2006, il se présentera en "indépendant"  malgré l'investiture de son propre parti, le PPRD.

Logo Elections 2011.jpgLe président Joseph Kabila s'est présenté ce dimanche au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Kinshasa, accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Le président sortant a déposé officiellement son acte de candidature en compagnie de membres de la Majorité Présidentielle (MP), du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et du mouvement Social pour le Renouveau (MSR).

Seule surprise, pour ne pas dire "anomalie", dans cette candidature attendue : Joseph Kabila a souhaité, comme en 2006, se présenter en "indépendant" malgré sa désignation comme candidat présidentielle par son parti politique, le PPRD. Selon Evariste Boshab, secrétaire général du PPRD,  «le président de la République a démontré la profondeur de sa spiritualité en commençant par l'église, dédier sa candidature au seigneur et chuter par le dépôt de sa candidature à la CENI, nous sommes  ravis au delà  de notre parti politique le PPRD, que le président Joseph Kabila Kabange se présente comme candidat indépendant, il représente le destin du peuple congolais». Comme à son habitude, le président congolais n'a pas fait de déclaration à sa sortie.

L'élection est prévue en un seul tour, couplée avec les législatives, le 28 novembre 2011.

Christophe Rigaud

10 septembre 2011

RDC : Vital Barholere retire sa candidature à la présidentielle

Vital Barholere, Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC), vient de confirmer le retrait de sa candidature à l'élection Présidentielle du 28 novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Vital Barholere souhaite ne pas voir "s'éparpiller les chances de victoire des forces d'alternance" et explique son retrait par la suppression du deuxième tour de l'élection présidentielle.

Capture d’écran 2011-09-10 à 15.24.56.pngDans un communiqué dans lequel il confirme le retrait de sa candidature, Vital Barholere "remercie le peuple Congolais et tous ceux qui au niveau national et international ont soutenu sa candidature et leur donne déjà rendez-vous pour  l’élection présidentielle de 2016". Vital Barholere continuera de plaider "pour le rapprochement des candidats Etienne Tshisekedi et Vital  Kamerhe, tel que le souhaite le peuple Congolais et tel que l’exige le réalisme froid de la  géographie politique de notre pays". Le Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC) indique également qu'il sera candidat à la députation provinciale, "dans son fief de Bukavu".

Christophe Rigaud

RDC : Bemba ne sera pas candidat

Ce n'est une surprise pour personne. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) vient de reconnaître que son président, Jean-Pierre Bemba, ne pourra pas représenter son parti à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Détenu en prison par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye depuis 2008, Jean-Pierre Bemba avait toujours entretenu le suspens sur son éventuelle candidature à la magistrature suprême. On ne sait toujours pas si MLC présentera un candidat aux élections ou s'alliera avec un autre parti d'opposition.

Image 8.pngLe secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC)  avait déjà vendu la mèche sur Radio Okapi jeudi 8 septembre. Thomas Luhaka avait en effet déclaré "qu'à trois jours de la fin du délai de dépôt des candidatures, la situation nous préoccupe. Il apparaît difficile pour nous de présenter notre président national à l’élection de 2011". C'est désormais officielle : Jean-Pierre Bemba sera absent de la présidentielle de 2011. L'ancien vice-président congolais est toujours détenu à La Haye depuis 3 ans pour "crimes de guerre et crimes contre l’humanité" commis par ses troupes en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003.

Jean-Pierre Bemba espérait bien pouvoir obtenir une libération provisoire pour pouvoir enregistrer sa candidature à Kinshasa. Mais la CPI n'a pas autorisé Jean-Pierre Bemba à sortir de prison et surtout, le gouvernement congolais n'a pas répondu à la demande du MLC pour garantir la sécurité du "chairman" en RD Congo. En attendant, la stratégie du MLC pour la présidentielle n'est toujours pas arrêtée. Soit le parti présente un autre candidat que le sénateur Bemba et dans cette hypothèse, Thomas Luhaka, le secrétaire général du parti (après la récente éviction de François Muamba) serait candidat. Soit le parti du "chairman" s'allie avec un autre candidat d'opposition et dans cette configuration, le nom de Vital Kamerhe (UNC) est le plus souvent cité.  Un vrai dilemme pour le MLC, qui avait tout de même réalisé en 2006, avec la candidature Bemba, 42% des suffrages et obtenu 65 députés nationaux. Reste donc les élections législatives comme lot de consolation pour le MLC, avec l'espoir de peser encore fortement sur l'Assemblée nationale et de rester incontournable sur l'échiquier politique. C'est une question de survie pour ce parti… et d'avenir politique, pour ne pas dire d'avenir tout court pour Jean-Pierre Bemba.

Christophe Rigaud

RDC : Le RDPC renonce à la présidentielle

Candidat à l'élection présidentielle en RDC sous l'étiquette du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko a finalement décidé de ne pas présenter. Favorable à un candidat unique de l'opposition, le RDPC renonce "pour ne pas hypothéquer la possibilité d’une alternative politique". Gaspard-Hubert Lonsi Koko se présentera toutefois à la députation dans la province du Bas-Congo.

Capture d’écran 2011-09-10 à 10.44.18.pngPour ne pas rajouter à la division dans l'opposition, Gaspard-Hubert Lonsi Koko a donc décidé de ne pas participer à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le 28 novembre prochain. Favorable à une candidature unique de l’opposition, Gaspard-Hubert Lonsi koto "déplore les différentes attitudes n’ayant pas permis une réelle osmose autour d’un programme commun". Joint par AFRIKARABIA à Kinshasa, le porte-parole du RDPC nous a confié qu'à titre personnel il soutiendra Etienne Tshisekedi (UDPS), le candidat "qui a le vent en poupe".

Mais le RDPC ne sera pas complètement absent de ces élections, puisqu'il présentera des candidats aux législatives sous l'étiquette "indépendant" pour le moment. Gaspard-Hubert Lonsi Koko se présentera à la députation dans sa région d'origine, au Bas-Congo, dans le territoire de Madimba. Sa candidature a été enregistrée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) jeudi 8 septembre.

Christophe Rigaud

07 septembre 2011

RDC : Kamerhe toujours prêt à des alliances

C'est officiel, Vital Kamerhe (UNC) a déposé ce mercredi 7 septembre sa candidature à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), fixée le 28 novembre. Vital Kamerhe est le troisième candidat de la l'opposition à faire enregistrer sa candidature, après Etienne Tshisekedi (UDPS) et Nzanga Mobutu (UDEMO). Kamerhe se dit toujours ouvert au dialogue avec les autres candidats d'opposition.

Capture d’écran 2011-09-07 à 22.07.38.pngVital Kamerhe  s'est rendu ce mercredi au siège de la Commission électorale nationale  indépendante (Ceni) pour déposer sa candidature à la présidentielle en RD Congo au nom de l'UNC. Une candidature qui intervient 2 jours après celle d'un autre candidat d'opposition, "l'historique" Etienne Tshisekedi pour l'UDPS. Il n'y aura donc pas de candidat unique de l'opposition face au président sortant Joseph Kabila, le 28 novembre prochain. Une élection qui a la particularité de n'avoir qu'un seul tour de scrutin… donc favorable au sortant.

Dans son discours, à la sortie de la Ceni, Vital Kamerhe a expliqué avoir "à plusieurs reprises, tenté de se rapprocher" d'Étienne Tshisekedi. Et malgré le refus du candidat de l'UDPS, Vital Kamerhe s'est engagé "à poursuivre ces efforts de pourparlers jusqu’au bout". Vital Kamerhe entend aussi poursuivre les discussions avec ses deux partenaires, avec qui il a signé un programme commun d'opposition, Jean-Pierre Bemba pour le MLC et Léon Kengo pour l'UFC. Des partenaires qui ne se sont pas encore prononcés sur leur propre candidature. Le président de l'UNC compte enfin engager des pourparler avec deux autres candidats déclarés : Nzanga Mobutu (UDEMO) qui a déposé sa candidature ce matin et Mbusa Nyamwisi, président du RDC-KML. Alors qu'il reste jusqu'au 11 septembre aux autres candidats pour se déclarer, Vital Kamerhe ne ferme donc aucune porte pour de futures alliances.

Christophe Rigaud

Photo (c) UNC

Kagame-Sarkozy : la rencontre de deux pragmatismes ?

Les 12 et 13 septembre prochains, le président rwandais, Paul Kagame,  sera à Paris pour une première visite d'Etat. Une visite très controversée, voulue par Nicolas Sarkozy. Jean-François Dupaquier, journaliste, écrivain (1) et expert auprès du Tribunal pénal  international pour le Rwanda (TPIR) décrypte pour AFRIKARABIA les difficiles relations franco-rwandaises. Dernier volet d'une série de trois entretiens.

Photo Jean-François Dupaquier.png- AFRIKARABIA :  Jean-François Dupaquier, nous abordons la dernière partie de cette interview sur la situation actuelle au Rwanda. Et sur les attentes – ou les craintes – que suscite la visite de Paul Kagame à Paris dans quelques jours.

- Jean-François DUPAQUIER : Concernant les craintes - réelles ou feintes -  j’observe que les sempiternels débats autour du « Rapport Mucyo » ont été remis sur le tapis par l’association France Turquoise. Alors que depuis la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en février 2010, les Rwandais évitent ce sujet de discorde. La visite « de courtoisie » de Kagame à Paris sera plutôt l'occasion d’imaginer comment la France et le Rwanda peuvent   travailler ensemble, en particulier dans le business, en s'appuyant sur les progrès que le Rwanda a fait dans les dix-sept dernières années et l’argent qu’il peut investir. Qui voudrait sérieusement empêcher les entreprises incarnant l’excellence française comme Total, Orange, Bouygues, Dassault, etc., de reprendre pied dans un pays qui est en train de devenir un “petit dragon” d’Afrique. Et à travers le Rwanda, quelles entreprises françaises répugneraient à améliorer leurs positions dans l’immense marché d’Afrique de l’Est et du Centre

- AFRIKARABIA :  “Petit dragon d’Afrique”, le Rwanda ?

- Jean-François DUPAQUIER : Pas encore, mais ce n’est pas une surprise pour tous ceux qui fréquentent le Rwanda, mais un projet méconnu en France. Par exemple, à l’exception d’Afrikarabia, je n’ai rien lu sur la rencontre des présidents de l’Ouganda et du Rwanda le 30 juillet et leur alliance stratégique qui devrait profondément marquer la géopolitique de l’Afrique centrale et de l’Est.

- AFRIKARABIA : Cet accord stratégique porte sur quoi ?

- Jean-François DUPAQUIER : L’un des points essentiels va vous surprendre : l’accès du Rwanda au haut débit. Depuis plusieurs années on a installé la fibre optique un peu partout, dans l’espoir de promouvoir des emplois dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et pour améliorer le niveau des connaissances. Or aujourd’hui à Kigali le débit reste faible, au point de rendre le téléchargement de « pièces jointes » de facto impossible. Le problème vient de l’Ouganda, où il manque une vingtaine de kilomètres de câbles à très haut débit pour faire la soudure avec la côte de l’Océan indien, elle-même reliée au câble sous-marin.

- AFRIKARABIA :  Pourquoi personne ne signale l’enjeu des NTIC pour un pays comme le Rwanda ?

- Jean-François DUPAQUIER : Visiblement, parler des NTIC au Rwanda est supposé ne pas intéresser le public français. On préfère resservir une énième version de la « querelle Hutu-Tutsi » et ses avatars. Or cette question du haut débit est presque vitale pour un pays dont Kagame conduit la modernisation à marches forcées, et qui vise mieux que l’augmentation annuelle du PNB de 7 à 8% - augmentation constatée ces dernières années et au premier semestre 2011.
A terme, le haut débit peut augmenter encore le PNB du Rwanda de 1 à 3 points annuels. Il rejoindrait alors la Chine et Singapour dans le peloton de tête de la croissance annuelle. Déjà internet est au Rwanda un enjeu majeur. Sait-on que le plus modeste agriculteur rwandais déclare déjà par internet ses revenus au “Rwanda Revenue Authority”, l’administration fiscale qui s’est elle-même totalement informatisée ?

- AFRIKARABIA : Dix-sept ans après, le Rwanda a-t-il tourné la page du génocide ?

- Jean-François DUPAQUIER : Parlons de son président et de son volontarisme. On voit bien qu’il aimerait tourner cette page, sans y parvenir.  C’est un problème évoqué ouvertement, y compris lors des sermons du dimanche dans les églises.

- AFRIKARABIA :  – Qui est Paul Kagame ?

- Jean-François DUPAQUIER : On évoque souvent « l’intransigeance de Kagame ». Il n’est pas un démocrate. Combien de chefs d’Etat le sont en Afrique ? Ce n’est pas non plus un  séducteur. Il préfère agir par la force et par le mystère qu’il cultive. Son autoritarisme, sa part d’ombre, fascinent l’opinion. En 1994, par un tour de force il a conduit à la victoire l’armée rebelle et ainsi mis fin au génocide. Le journaliste américain Philippe Gourevitch l’appelle « un autoritaire sans complexes ». L'écrivain sénégalais Boubacar Diop dit : « Il a du caractère, et son leadership a été décisif après le génocide. Si certains le haïssent de manière aussi irrationnelle, c'est parce qu'ils attendent d'un chef d'Etat africain qu'il soit jouisseur, corrompu et surtout docile. Kagame ne correspond en rien à cette image. »
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’intransigeance de Paul Kagame sur la nécessité du développement. Tout le reste y est subordonné et la pression sur la population, énorme. Chacun doit « mouiller sa chemise » pour moderniser le Rwanda, à commencer par le président lui-même, un véritable « malade du travail ».

- AFRIKARABIA : Vous évoquez la pression qui s’exerce sur la population. Beaucoup observent que la « société civile » est réduite à sa plus simple expression, de même que l’espace démocratique ?

- Jean-François DUPAQUIER : La pression  s’exerce sur tous, à commencer par les fonctionnaires, les militaires, les policiers. Ils ont été profondément professionnalisés. La corruption a disparu, ou alors elle est invisible et très subtile. Les fonctionnaires sont soumis à un examen d’évaluation annuel. Celui qui le rate est limogé. Aussi la plupart enchaînent les cours du soir après le bureau. Le dimanche 14 août, les fonctionnaires ont travaillé pour « rattraper » le 15 août - qui reste férié comme le veut l’Eglise. Kagame, qui déclarait urbi et orbi que prier est une perte d’énergie et de temps, évite à présent de se mettre l’Eglise à dos.

- AFRIKARABIA : Effectivement, ce n’est pas l’image du Rwanda en France, où on ne parle que du génocide et des polémiques qu’il continue de susciter ?

- Jean-François DUPAQUIER : Ce qui frappe, c’est qu’étudiants, fonctionnaires ou employés du secteur privé, tous les Rwandais travaillent avec acharnement. Ce qui permet de financer des avancées sociales : la scolarité a été rendue gratuite durant les sept premières années, pratiquement tous les enfants vont à l’école, filles comme garçons. Tous les Rwandais bénéficient d’une mutuelle de santé moyennant environ 1 euro par mois (gratuit pour les indigents), et le système de santé est devenu vraiment performant.

- AFRIKARABIA : La famine frappe la Corne de l’Afrique à moins de mille kilomètres du Rwanda. Le pays est-il autosuffisant sur le plan alimentaire ?

- Jean-François DUPAQUIER : La famine était endémique sous Habyarimana à la fin des années 1980. Il se justifiait en disant que le pays était surpeuplé. Depuis, la population a presque doublé mais la famine a disparu grâce à une meilleur gestion des cultures.
Tout ceci ne justifie évidemment pas l’absence de libertés politiques, mais constitue le fondement d’un essor sans précédent. Un peu comme la Chine et Singapour qui présentent le même déficit démocratique sans susciter la campagne passionnée dont le régime de Kagame est la cible, en France particulièrement.

- AFRIKARABIA : Le surpeuplement pose néanmoins problème ?

- Jean-François DUPAQUIER : Evidemment, mais même le surpeuplement peut être géré. Prenons le cas du cadastre. Depuis l’indépendance, il n’y avait pas d’autre référence cadastrale que les cartes belges conservées à Tervuren et numérisées. On disait le cadastre impossible. Or d’ici trois ans, la totalité de la surface du pays sera couverte par un relevé cadastral. Ce dossier n’est pas pittoresque mais simplement crucial. Dans un pays rural surpeuplé, l’absence de cadastre entretient des conflits fonciers qui ont contribué, en 1994, à l’acharnement des tueurs dans les campagnes. Le cadastre, c’est donc la pacification de la société. Evitons l’énumération en nous contentant d’observer que le projet global « Rwanda 2020 » est très ambitieux. Même si la crise financière mondiale va certainement le ralentir.

- AFRIKARABIA : Le régime que vous décrivez doit plaire à Nicolas Sarkozy ?

- Jean-François DUPAQUIER : Paul Kagame et Nicolas Sarkozy ont bien des points communs dans la volonté de changer les lignes, dans l’ambition pour leur pays. Au Rwanda, la politique africaine traditionnelle de la France, celle des réseaux obscurs, du mélange des genres, du copinage et de l’affairisme sur le dos des peuples africains, ça ne marche plus. Sarkozy, qui n’a de toute évidence aucun complexe dans ce domaine – malgré le « discours de Dakar, il est plutôt un pragmatique -, l’a bien compris. Même s’il ne crache pas, ailleurs, sur la “Françafrique” et ses rentes.

- AFRIKARABIA : Kagame a très récemment déclaré à Jeune Afrique à propos de la Côte d'Ivoire : « Le fait que, cinquante ans après les indépendances, le destin du peuple ivoirien, mais aussi son économie, sa monnaie, sa vie politque, soient encore contrôlés par l'ancienne puissance coloniale pose problème. Plus je regarde [les Ivoiriens], et plus je vois l'ombre d'un metteur en scène étranger. » Ca ne va pas provoquer un couac ?

- Jean-François DUPAQUIER : Le chef de l’Etat rwandais est-il vraiment prisonnier de son nationalisme ombrageux ? Paul Kagame a aussi soutenu l’intervention de la France et de l’Otan en Libye, à la différence de Museveni et de bien d’autres en Afrique noire..

- AFRIKARABIA : Que peut apporter la visite du président rwandais à Paris les 12 et 13 septembre ?

- Jean-François DUPAQUIER : Malgré certains propos arrogants, il est clair que l’Etat rwandais attend beaucoup de cette visite sur un plan économique. Dans le cadre d’intérêts réciproques il semble s’apprêter à proposer à la France de renforcer sa présence au Rwanda.

- AFRIKARABIA : Quel intérêt pour la France ?

- Jean-François DUPAQUIER : Nous avons des atouts technologiques que les Rwandais recherchent. Par exemple en matière de géothermie, pour fabriquer de l’électricité. Une ressource abondante dans ce pays volcanique.
Les ingénieurs français apparaissent aussi parmi les plus compétents pour résoudre l’énorme problème du gaz méthane dans le lac Kivu. Son eau renferme une concentration inquiétante de gaz qui s’accumule au fond, ce qui pourrait déboucher sur une tragédie humaine et écologique majeure, bien pire que l’éruption limnique du lac Nyos au Cameroun en 1986. Récupérer le gaz donnerait aussi au Rwanda une plus grande indépendance énergétique. Des Français travaillent déjà sur ce dossier.
Dans la téléphonie, un secteur où les sociétés françaises brillent en Afrique mais sont très concurrencées par l’Afrique du Sud et la Chine, le Rwanda offre des opportunités. On parle d’une entrée d’Orange dans le capital de Rwandatel...

- AFRIKARABIA : Parmi les reproches entendus en France, le Rwanda aurait “trahi” la francophonie en intégrant le Commonwealth ?

- Jean-François DUPAQUIER : C’est un dossier épineux. Entre 2006 et 2009, profitant de la rupture des relations diplomatiques, certains dignitaires rwandais revenus d’Ouganda parlaient d’éradiquer le français. A Paris, il y a aussi des irrédentistes qui assimilent la francophonie au Rwanda à une prétendue “cause hutue”. Ce sont des excès que des rencontres de chefs d’Etat peuvent bloquer. Car la perte d’influence du français n’est pas une fatalité. La réouverture complète du Centre culturel franco-rwandais est très attendue à Kigali. Elle bute aujourd’hui sur des problèmes fonciers subalternes et un tragique dénuement budgétaire. Cela fait partie des dossiers qui ne trouveront leur solution que si Nicolas Sarkozy secoue sa part de pesanteurs bureaucratiques, et si les Rwandais cessent de faire des histoires autour de titres de propriété égarés.
Enfin, relativisons la querelle de la francophonie. La langue nationale au Rwanda, aujourd’hui comme hier, c’est le kinyarwanda, ce n’était pas le français et ce n’est pas l’anglais. Et la monnaie nationale, c’est toujours... le Franc !

- AFRIKARABIA : Quels avantages diplomatiques la France peut-elle tirer de la venue de Paul Kagame à Paris ?

- Jean-François DUPAQUIER : D’abord, tourner la page du génocide, n’en déplaise aux irréductibles. Paris peut espérer rebattre à son avantage les cartes diplomatiques dans toute la région, et en tirer des avancées pour de grandes sociétés françaises. Même si rien n’a filtré concernant la RDC, il est évident que “l’accord stratégique” conclu le 1er août entre Kagame et Museveni consolide des ambitions communes sur le Kivu.

- AFRIKARABIA : C’est une question très sensible en RDC à la veille de l’élection présidentielle. Avez-vous des informations plus précises sur le jeu que le Rwanda et l’Ouganda entendent mener au Kivu ?

- Jean-François DUPAQUIER : Quel que soit le nationalisme - légitime - des Congolais, ils ne doivent pas s’aveugler : une partie du Kivu appartenait aux franges de la monarchie rwandaise avant que les grandes puissances ne réduisent la surface du Rwanda - d’un bon quart - au profit de l’Ouganda et du Congo belge après 1918. Cette question était flagrante le 30 juillet dernier, lorsque le président Museveni, après avoir participé aux cotés de Kagame à l’Umuganda (les travaux communautaires) à l’école primaire du camp Kanombe à Kigali, s’est adressé aux participants en kinyankole une langue qu’il parle couramment, très proche du kinyarwanda.

- AFRIKARABIA : Au delà des discours, quelles conséquences prévisibles pour le Kivu ?

- Jean-François DUPAQUIER : Depuis toujours, et pour des raisons géographiques évidentes, les échanges extérieurs du Kivu Nord et du Kivu Sud passent prioritairement par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie. Très dynamique, la communauté d’Afrique de l’Est (East African Community) tire vers elle toute la richesse humaine, minière, économique du Kivu. La bonne gouvernance constatée au Rwanda et en Ouganda est aussi un modèle lorgné au Kivu, deux provinces livrées à la violence des bandes armées et laissées en deshérence par Kinshasa. L’élection  présidentielle en RDC, si elle ne fonde pas une légitimité renforcée pour le futur président et une réforme en profondeur des services et équipements publics peut conduire à une balkanisation du Congo, avec, dans le meilleur des cas, un  fédéralisme qui donnera aux provinces une quasi autonomie. Dans cette perspective, les régimes rwandais et ougandais jouent aujourd’hui sur un registre infiniment plus subtil que lors de la seconde guerre du Congo. S’ils réussissent à conquérir l’opinion publique au Kivu,  cette province basculera vers l’East African Community. Le projet de chemin de fer Kivu-Kigali-Tanzanie y contribue déjà.

- AFRIKARABIA : Pourtant les mouvements rebelles, aussi bien les FDLR que la LRA, sont souvent apparus de mèche avec le Rwanda et l’Ouganda pour se partager la rente du pillage des minerais précieux de RDC. Pourquoi cette situation ambigüe changerait-elle ?

- Jean-François DUPAQUIER : En réalité, les mouvements rebelles ont largement joué des dissensions entre Kagame et Museveni pour avancer leurs propres pions et écouler alternativement le produit de leurs pillages via Kigali et Entebbe en y laissant une part du butin. Ils ont toutes les raisons de s’inquiéter de probables volets secrets de l’accord stratégique du 1er août. Car s’il n’y avait qu’un seul point d’accord entre les deux chefs d’Etat, ce serait leur volonté d’en finir définitivement avec les rébellions. Pour Kagame, depuis l’alliance improbable entre les FDLR et des officiers félons de l’Armée patriotique rwandaise, c’est même une priorité absolue.

- AFRIKARABIA : En quoi cette stratégie peut-elle changer le pillage de la RDC ?

- Jean-François DUPAQUIER : Ne rêvons pas que des Rwandais ou des Ougandais cesseront gentiment de se servir dans les richesses minières de RDC. Dernièrement, on a inauguré à Kampala la « Victoria Gold Star ». Une raffinerie à capitaux russes avec une capacité de 60 kilos d’or fin par jour,. Et en annonçant aussitôt qu’était lancée une extension des installations, le tout sans rapport avec les capacités d’extraction en Ouganda même. Le pillage des richesses du Congo, que l’on  reproche au Rwandais et aux Ougandais en oubliant plus d’un siècle de prédations européennes et aujourd’hui chinoises, n’est pas seulement le fait de la rapacité. Il est aussi induit par la bonne  gouvernance, qui garantit la sécurité publique et la bonne fin  des investissements. Qui irait construire une usine d’affinage de l’or en RDC !

- AFRIKARABIA : A vous entendre, le Rwanda et l’Ouganda seraient, au regard de leurs voisins, un havre pour les investisseurs ?

- Jean-François DUPAQUIER : Le Rwanda dispose d’un atout : la sécurité publique y est une obsession, pas seulement à cause du génocide. Il n’y a pratiquement aucun risque de se voir voler sa voiture ou d’être agressé dans la rue, ou encore cambriolé, ce qui est un privilège rare en Afrique. On voit des Occidentaux qui font leur footing tard le soir seuls dans la rue. Policiers et militaires sont courtois et “réglos” mais omniprésents et très vigilants.
Résultat, Kigali accueille toutes sortes de réunions internationales. On y construit nombre d’hôtels de luxe et des palaces. L’argent des colloques et séminaires coule à flot. En contrepartie, le régime doit maintenir cet effort sécuritaire qui mobilise énormément de personnels civils et militaires.

- AFRIKARABIA : La sécurité juridique et commerciale est-elle aussi bien assurée ?

- Jean-François DUPAQUIER : C’est un point faible. Par exemple les transactions immobilières sont interminables, très bureaucratisées. Il manque des officiers publics  comme les notaires, qui garantiraient sur leurs biens personnels la bonne fin des transactions, aussi bien envers l’Etat qu’entre particuliers. Un récent scandale immobilier a mis en cause un intermédiaire sans scrupule qui a gardé l’argent des cessions, ruinant les accédants à la propriété. Il y a encore beaucoup à faire pour garantir la transparence et la sécurité des transactions.

(1) Jean-François Dupaquier est notamment l'auteur de "L'agenda du génocide", Ed. Karthala, Paris, 29 euros.

Vous pouvez lire les deux premières interviews de Jean-François Dupaquier :

http://afrikarabia.blogspirit.com/archive/2011/08/31/kaga...

http://afrikarabia.blogspirit.com/archive/2011/09/03/visi...

RDC : La France condamne les violences à Kinshasa

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay vient de condamner "toute forme de violence" dans le cadre de la campagne électorale en République démocratique du Congo (RDC). Après le saccage de différents sièges de partis politique (UDPS et PPRD) et la mort d'un militant de l'opposition, la France souhaite "un dialogue renforcé" entre les différents partis politiques.

Image 2.pngAprès deux jours d'incidents à Kinshasa, la France souhaite "qu’aux motifs de tension réponde un dialogue renforcé entre la Commission Electorale Nationale Indépendante CENI) et les forces politiques en compétition et souligne l’importance que revêtent les discussions sur le code de bonne conduite". Dans son communiqué, le Quai d'Orsay appelle "l’ensemble des acteurs à préparer les échéances électorales dans un climat apaisé, autour de l’objectif commun de scrutins libres et crédibles attendus des citoyens congolais". La France prend également note "de l’enregistrement des principales candidatures à l’élection présidentielle" prévue le 28 novembre 2011.

RDC : L'UDPS accuse les "milices du PPRD" de l'attaque de sa permanence

La tension monte en République démocratique du Congo (RDC) à l'approche des élections législatives et présidentielle de novembre prochain. Après le saccage du siège de l'UDPS à Kinshasa, le parti du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi accuse les "milices du PPRD de Joseph Kabila" d'être à l'origine de l'attaque. Le parti présidentiel dément formellement sur RFI : "faux et archi-faux, il n'y a pas de milice au PPRD", répond André Kimbuta.

logo afkrb.pngDrôle d'ambiance à Kinshasa au lendemain du dépôt de candidature du principal candidat d'opposition, Etienne Tshisekedi, à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Mardi 6 septembre, des coups de feu son tirés aux abords du siège de l'UDPS dans le quartier de Limete. Des partisans d'Etienne Tshisekedi s'étaient rassemblés devant le quartier-général du parti après son saccage durant la nuit. La police a tiré sur la foule. Bilan : 1 mort et 2 blessés.

Aujourd'hui, l'UDPS contre-attaque dans un communiqué et accuse le PPRD, le parti présidentiel, d'avoir "ourdi un complot (...) pour attaquer la permanence de l'UDPS". Toujours selon l'UDPS, le parti de Joseph Kabila tente d'intimidé l'opposition "dans leurs revendications d’un processus électoral réellement libre, transparent et démocratique". A la suite de ces incidents, l'UDPS "constate la grande fragilité politique et le profond désarroi de Mr. Joseph KABILA KABANGE, complètement aux abois et qui recoure lâchement à la seule pratique dont il a l’expertise : la force brutale et sauvage, totalement inacceptable en démocratie pour régler les divergences politiques". Le parti d'Etienne Tshisekedi en profite pour réitérer ses demandes à la Commission électorale (CENI) : "l’accès direct de ses experts et de ceux de l’opposition responsable au serveur central de la CENI et
la publication immédiate de la cartographie et de la liste complète des bureaux de vote par provinces et par circonscription électorale sur l’ensemble du pays".

Côté présidentiel, le démenti est cinglant : " Archi-faux, archi-faux ! Il n’y a pas de milice au PPRD, c’est faux ! » répond le gouverneur de Kinshasa et cadre du PPRD, André Kimbuta à RFI. Le gouverneur en profite pour condamner les "actes inciviques" et le président de l'Assemblée nationale, Evariste Boshab "nvite tous les militants du PPRD à ne pas céder à la provocation". Ambiance... à seulement 2 mois et demi de l'élection présidentielle.

Christophe Rigaud

06 septembre 2011

RDC : Kamerhe officialise sa candidature

Il n'y aura finalement pas de candidat unique de l'opposition à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Avec la candidature de Vital Kamerhe (UNC), prévue ce mercredi à 15h, il y aura donc au moins 2 candidats de l'opposition pour se disputer le siège du président sortant Joseph Kabila.

Capture d’écran 2011-09-06 à 21.54.02.pngVital Kamerhe, le président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC)procèdera au dépôt de sa candidature à la magistrature suprême ce mercredi 7 septembre 2011 au Bureau de réception et traitement des candidatures (BRTC) de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à Kinshasa vers 15h00.

Avec Etienne Tshisekedi (UDPS), qui a déposé sa candidature lundi, Vital Kamerhe sera le deuxième candidat (de poids) de l'opposition à se présenter aux élections de novembre prochain. Une manière pour l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise de prendre de l'avance sur ses deux autres concurrents, avec qui il a pourtant signer un programme commun : Jean-Pierrre Bemba (MLC) et Léon Kengo (UFC).

La candidature de Vital Kamerhe vient donc sonner le glas de la candidature unique de l'opposition à la prochaine présidentielle en RDC. Une candidature unique indispensable pour pouvoir rivaliser avec le président sortant Joseph Kabila, dans un scrutin présidentiel à un seul tour. Mais rien n'est joué. Des alliances peuvent encore se créer. Et surtout, personne ne connaît le réel poids électoral des différents candidats, notamment en ce qui concerne Vital Kamerhe et Léon Kengo, récemment arrivés sur l'échiquier politique congolais.

Christophe Rigaud

RDC : Violences pré-électorales à Kinshasa

Kinshasa est-elle entrée dans un nouveau cycle de violences ? Quelques heures après le dépôt de candidature d'Etienne Tshisekedi (opposition) à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs incidents graves se sont produis à Kinshasa. Le siège du parti présidentiel (PPRD) a été vandalisé, les bureaux de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi ont été incendiés et un militant du même parti a été tué ce mardi lors de violents affrontements.

élections RD.pngDepuis le 5 septembre 2011, Etienne Tshisekedi est officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo, prévue le 28 novembre 2011. Principal opposant à la réélection du président sortant Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi a en effet déposé à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sa candidature, soutenue par plus de 80 partis d'opposition. Mais au même moment, le siège de l'UDPS, le parti d'Etienne Tshisekedi, a été vandalisé et en partie incendié par des "gens en uniforme", selon l'un des responsables de l'UDPS. Peu de temps après, c'est une station de télévision, proche du parti d'opposition, qui est à son tour incendiée. La police congolaise émet des "réserves" sur l'identité des auteurs de ces violences et note que des partisans d'Etienne Tshisekedi en ont profité pour commettre "des actes de dégradation" au siège du PPRD, le parti du président Joseph Kabila.

Ce mardi, les violences ont repris non loin du siège de l'UDPS, dans le quartier de Limete à Kinshasa. La police congolaise a dispersé les militants de l'UDPS au gaz lacrymogène. Le premier bilan fait état d'1 mort et de 2 blessés. La victime aurait été tuée par de jeunes délinquants, des "pombas", selon un témoignage recueilli par l'AFP sur place.

Depuis plusieurs semaines, l'UDPS manifeste régulièrement devant la Commission électorale (Ceni) pour dénoncer les nombreuses irrégularités du processus électoral en cours. Le parti d'opposition réclame plus de transparence et l'accès aux fichiers et aux serveurs informatiques afin d'éviter toute fraude. Toutes ces manifestations ont été violemment réprimées par la police.

A moins de 3 mois du scrutin, ces violences inquiètent bons nombres d'observateurs à Kinshasa. De nombreuses ONG tirent la sonnette d'alarme depuis  plusieurs mois sur les risques de troubles post-élections en cas de contestations des résultats... ce qui devrait malheureusement être le cas.

Christophe Rigaud

04 septembre 2011

RDC : L'appel de Tshisekedi aux Congolais

Lundi 5 septembre 2011, le président national de l' Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, déposera sa candidature à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), fixée le 28 novembre. Dans un long message adressé aux Congolais, Etienne Tshisekedi appelle de ses voeux "un temps nouveau pour le Congo" et définit son "action pour demain", "à la recherche de la paix et de la réconciliation". Voici l'intégralité de son texte :

Capture d’écran 2011-09-04 à 12.44.14.png"Mes très chers Compatriotes,

Dans peu de temps, notre pays connaîtra un grand moment de son histoire contemporaine. S'il plaît à Dieu, chacun d'entre vous sera amené à choisir celles et ceux qui présideront à la direction de cette grande Nation.

Comme vous le savez, j'ai décidé de me porter candidat à l'élection à la Présidence de la République; non pas pour accomplir une quelconque ambition personnelle, mais parce que j'estime que l'avenir de cette nation ne peut être indéfiniment laissé entre les mains de ceux qui, de façon notoire et répétée, se distinguent par la duplicité de leur langage politique, leur goût effréné pour le gain facile, leur mépris total de la vie humaine et de la souffrance de leurs semblables.

1° Une si longue lutte

La lutte pacifique que nous menons ensemble pour retrouver notre dignité d'êtres humains a pu paraître interminable, car elle nous a conduit sur un long chemin parsemé d'épines, d'embûches et de privations, ayant souvent causé l'amertume, la douleur et le deuil.

Au cours de ma longue route, j'ai perdu des amis, des partisans ou simples sympathisants, dont le seul tort avait été de partager cet idéal de liberté et de progrès humain.

J'ai également été profondément marqué par le départ de certains de mes amis, de mes intimes, avec qui je n'étais pas seulement lié politiquement mais aussi personnellement. Ils ont estimé que la voie de la rigueur morale à laquelle je m'étais astreint n'était peut-être
pas la bonne. Ils ont choisi des voies différentes en cédant à des compromis qui sont vite devenus des compromissions. D'autres, qui furent aussi de mes proches compagnons, animés par je ne sais quelle force des ténèbres, ont mis toute leur énergie à creuser la division et la haine entre différentes communautés de la nation, reniant aussi fortement cet idéal de changement que nous avions pourtant partagé.

D'autres encore, qui ne faisaient pas partie de ma famille politique, mais avec qui nous avions si vaillamment vaincu les forces avilissantes du statut quo au sein de la Conférence Nationale
Souveraine, sont très vite revenus à leur ancienne nature, dès qu'ils se sont aperçus qu'ils ne pourraient pas tous siéger au gouvernement qui m'avait été confié par le peuple réuni en conférence nationale souveraine.

Mais parce que nous savions que la voie de la justice et du progrès social était un chemin long et étroit, nous n'avons pas cédé aux sirènes de la facilité par lesquelles, fort malheureusement, notre pays en est arrivé à sa décadence actuelle.

J'ai certainement commis des erreurs, voire des fautes, pour lesquelles je demande votre pardon. Et je pense moi aussi avoir reçu ma part d'enseignements et de sagesse à la suite de ce douloureux parcours. Mais en dépit de l'extrême dureté des épreuves, mon ardeur à défendre, à temps et à contretemps, la justice et l'honnêteté politique, est demeurée ferme.

2° A la recherche de la paix et de la réconciliation

L'option de la non violence qui a toujours inspiré l'UDPS, se justifie par le fait que le raccourci de la guerre reproduit toujours des germes d'autodestruction et d'arbitraire. Vous avez tous vécu, hier et aujourd'hui encore, la rapidité avec laquelle, telle une métastase,
nos politiciens ont trouvé en la rébellion de 1996 un modèle d'accession facile au pouvoir et à l'enrichissement personnel illicite.

Cependant, il m'a souvent été reproché une intransigeance excessive qui ne permettrait ni la réconciliation politique, ni la reconstruction. J'ai toujours affirmé que mon combat n'a jamais visé un homme, quel qu'il soit, mais plutôt un système, où le mensonge est érigé en vérité, l'obscurité en lumière et la force en droit. Je vous dois ici quelques explications susceptibles de vous édifier quant à mon profond attachement à la réconciliation nationale et à l'ouverture.

Au plus fort de la guerre dite de libération, en novembre 1996, je me suis rendu à Cap Martin en France, pour y rencontrer le Président Mobutu malade, pour obtenir de sa part qu'il comprenne la réalité des enjeux de l'époque, qu'il organise son retrait de façon honorable et qu'il permette aux forces réelles de l'opposition politique que je représentais, d'organiser des négociations avec les rebelles afin d'éviter des morts inutiles et la fragilisation de notre souveraineté nationale. Ma démarche avait été incomprise, sinon méprisée ou vilipendée.

Rappelez-vous également de mes propositions faites en mars 1997, lorsque, face au désespoir du à l'avancée des rebelles, le Président Mobutu s'était résolu à me laisser diriger le gouvernement suivant la volonté du peuple. Tout en suggérant sa neutralisation à la tête de
l'Etat, j'avais proposé la mise sur pied d'un gouvernement d'union regroupant paritairement l'opposition politique et les rebelles.

J'avais également demandé que fût suspendu le Parlement de Transition qui n'avait manifestement plus de justification politique avec l'occupation aux ¾ du territoire par les rebelles et les forces étrangères. Là aussi, mes propositions ont été balayées par ceux-là même à qui nous voulions offrir une sortie acceptable et ordonnée, en prélude à la réconciliation à venir. Ils ont préféré être emportés quelques semaines plus tard par la force du fusil, dans l'humiliation la plus totale. Nombre d'entre eux se sont ensuite convertis à leur tour en pseudo libérateurs, entraînant dans leur élan d'avidité, l'érosion de la souveraineté nationale et les guerres à répétition, dont les victimes se comptent en millions de morts.

Souvenez-vous également de ma visite à notre frère Laurent Désiré Kabila, après sa prise de pouvoir par les armes en mai 1997. Il me paraissait urgent de discuter avec lui, en ma qualité de chef de file de l'opposition, des moyens et modalités à envisager en vue de légaliser et de légitimer son pouvoir qui était encore arbitraire.
J'ai reçu une fin de non recevoir et il a préféré m'assigner à résidence. La suite a été non seulement douloureuse pour lui, mais elle a surtout conduit à l'effondrement total des bases de notre société.

Enfin je voudrais vous rappeler Sun City, où tout a été mis en œuvre par les belligérants pour marginaliser et mépriser la vraie opposition politique dont nous étions sans nul doute les principaux représentants, au profit d'individualités peu représentatives ou issues en réalité des belligérants. Et pourtant l'implication de la vraie opposition politique a permis d'éviter la balkanisation du Congo, face aux tentatives de deux composantes belligérantes de vouloir à elles seules aboutir à un accord qui allait consacrer une partition de fait de notre pays.

L'expérience du gouvernement de transition issu de Sun City, et plus encore celle de la première législature de la troisième république, ont prouvé très clairement que nous ne pouvions y trouver notre place. Certes, cette période a aussi révélé de nombreuses individualités de talent au sein de ces institutions, y compris au sein de l'Alliance pour la Majorité Présidentielle de triste mémoire, des personnes qui seront appelées à jouer des rôles importants dans le Congo de demain. Mais globalement, les hommes et les institutions n'ont traduit ni une volonté réelle de paix et de réconciliation, ni une volonté de changement, mais une volonté de se maintenir au pouvoir à tout prix par la ruse et le crime, pour poursuivre la rapine en toute impunité et perpétuer la perte de notre souveraineté.

En effet, en dépit de la propagande creuse sur les embellies économiques, la pauvreté continue de frapper près de 8 congolais sur 10 et la perception d'injustice sociale a atteint des niveaux jamais égalés dans l'histoire de ce pays. On nous annonce à longueur de journées que les soi-disant 5 chantiers sont la grande nouveauté du siècle qui apportera le salut au peuple Congolais. Que les choses soient claires : nous ne sommes pas contre les tentatives d'amélioration des infrastructures auxquelles nous assistons actuellement. Mais nous dénonçons l'opacité dans la réalisation, le coût et le financement des 5 chantiers ainsi que l'agencement des priorités. Les Congolais ne sont plus dupes. Les 5 chantiers sont devenus un écran de fumée, mieux, de la poudre jetée aux yeux des congolais pour cacher les monstrueux crimes économiques et de sang qui constituent le fondement même de ce régime. L'AMP, devenue MP depuis peu, oublie que le MPR, à qui elle aspire tant à ressembler, avait en son temps, dans des délais et conditions similaires, réalisé bien plus d'infrastructures. Ces deux formations politiques n'ont cependant jamais su donner aux congolais ce qui leur a le plus manqué depuis la disparition du Président Kasa-vubu, à savoir, une direction éthique et
morale fondée sur le respect du bien commun, la justice sociale et l'Etat de droit. En outre, manquant d'expérience et de perspective historique, l'AMP a renié ses propres engagements constitutionnels en matière de décentralisation, qui devrait être le moteur de la pérennisation des infrastructures, par une appropriation et une responsabilisation adéquate à la base.

Aujourd'hui, 14 ans après son avènement, le pouvoir AFDL-PPRD-AMP nous offre un tableau des plus désastreux en matière de droits de l'homme ; en plus de ses 5 millions de morts résultant de divers conflits, la RDC est devenue une triste référence en matière de violences faites aux femmes.

En définitive, le principal enjeu de ce processus électoral est de doter la République Démocratique du Congo d'un programme et d'hommes susceptibles : (i) d'affirmer l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue de la République et de garantir l'intégrité du territoire ; (ii) de
marquer une rupture avec les antivaleurs qui ont conduit le pays dans un cycle aggravé de dévoiement de la règle de droit, de conflits armés, de répression meurtrière, de prédation économique et de corruption généralisée, et, (iii) de renforcer l'élan de croissance économique et de coopération internationale sur une base plus responsable et plus équitable, en vue d'accélérer le développement humain et le bien être des populations.

3° Un temps nouveau pour le Congo

Si nous avons pu surmonter le poids de l'histoire en faisant des anciennes puissances colonisatrices nos principaux alliés d'aujourd'hui, pourquoi ne mettrions-nous pas notre énergie à forger cette alliance entre nous, filles et fils d'une même nation, pour que triomphent la liberté et la dignité, et que nos faiblesses ne conduisent plus à notre asservissement.

Aujourd'hui arrive un temps nouveau pour le Congo, un temps de grâce et de rafraîchissement. L'heure du pardon a sonné. La réconciliation nationale et la reconstruction que nous souhaitons exigent de tous les acteurs politiques et de l'ensemble de la nation un véritable dépassement de soi. Si nous ne reconnaissons pas nos fautes et n'accordons pas notre pardon à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont inutilement fait coulé le sang ou dépossédé le pauvre et l'indigent, nous ne serons pas meilleurs qu'eux. Pire, nous aurons failli à nos responsabilités devant l'histoire et serons coresponsables de la poursuite de la déchéance nationale.

Le pardon que nous nous devons mutuellement ne doit pas être un pardon naïf, sans contrepartie. Pour qu'il soit porteur d'espoir et de changement, il doit être assorti de l'expression d'un acte de repentance, individuelle ou collective, et de la mise en place d'un
système nouveau, où la toge remplace réellement le fusil, où l'arbitraire, le pillage et le crime n'ont plus droit de cité. Aussi, ce pardon ne doit pas se priver de justice, notamment pour les crimes les plus graves qui ont été commis au cours de ces dernières années, car bien que pardonné, le coupable ne peut être tenu pour innocent.

Si vous m'accordez votre confiance, je me consacrerai à concrétiser ce besoin de réconciliation en mettant ensemble toutes les parties prenantes, y compris les pays étrangers qui sont notoirement impliqués dans nos déboires et nos succès, afin qu'ensemble, dans un esprit constructif, nous mettions en place un code de conduite susceptible de permettre la préservation de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la dignité de la RDC, tout en assurant à tous la pleine participation à la vie de la nation sur des bases nouvelles.

Notre pays est assez grand et riche pour permettre à chaque congolais d'y trouver le bonheur, dans le respect du droit et de la dignité humaine. De même, s'agissant du développement économique, depuis sa création il y a plus d'un siècle, notre pays a toujours offert des possibilités de commerce aux nations. C'est à nous Congolais d'imposer aux nations notre dignité, et de leur offrir en retour toutes les possibilités d'échange économique dans nos intérêts réciproques.

4° Une indispensable vigilance électorale

Aujourd'hui plus qu'hier, au regard de l'élan de soutien que vous avez manifesté à l'endroit de ma candidature, je mesure que ces longues années de sacrifice collectif n'ont pas été vaines ; elles ont façonné la maturité et la culture politique du vaillant peuple congolais, plus que jamais déterminé à mettre un terme au mensonge, à la tricherie et aux falsifications de plus en plus élaborées, qui ont élu domicile au sommet de notre pays.

Je mesure également la portée du sacrifice consenti par les pays partenaires et l'ONU qui, depuis la mise en place de la Mission des Nations Unies au Congo, veulent contribuer à l'édification d'un pays plus stable et plus prospère. Au-delà de l'intérêt économique et
politique pour l'Afrique et le monde de voir la RDC rompre avec une gestion prédatrice et liberticide, nous voulons que l'effort de nos partenaires constitue un réel acte d'humanisme et de solidarité auxquels je crois, et que la crédibilité du scrutin à venir honore les sacrifices des contribuables occidentaux et la mémoire des martyrs congolais.

Cependant, bien que vous ayez été nombreux à manifester votre soutien à ma candidature, beaucoup de doutes ont été exprimés ici et là sur la transparence, la crédibilité et surtout l'équité du processus électoral. Comment ne pas douter lorsque l'on assiste à l'utilisation éhontée des deniers du peuple congolais par les acteurs et candidats du pouvoir PPRD/AMP, qui prétendent faire divers dons aux populations abusées et spoliées. Ils monopolisent les médias d'Etat et battent impunément campagne en déniant à l'opposition le libre accès aux moyens publics. Nous ne sommes pas à notre première expérience de déni de démocratie de la part du pouvoir PPRD/AMP. Les congolais ont encore en mémoire le traumatisme des élections de plusieurs gouvernements provinciaux, tronquées par la corruption et l'intimidation, et face auxquelles les contestations populaires légitimes ont été réprimées
dans une sanglante barbarie. N'ayant pas d'autre objectif que de se maintenir à tout prix au pouvoir, ils ont unilatéralement décidé de changer les règles du jeu démocratique qu'ils avaient eux-mêmes fixées, et ce à quelques mois de l'échéance électorale.

Enfin, je lance un appel pressant à toutes les forces démocratiques, de changement et de progrès social, nationales et internationales, au-delà des clivages politiques ou idéologiques, à unir leurs énergies et leurs moyens autour de ma candidature, pour barrer la route à l'imposture, par une grande mobilisation populaire et une vigilance tous azimuts sur le déroulement des prochains scrutins. C'est ici le lieu de renouveler mon appel à chaque congolais, de se sentir personnellement concerné, en s'assurant que son vote sera réellement comptabilisé, et de faire échec à toute tentative de tricherie, d'où qu'elle vienne, le jour du scrutin.

5° Notre action demain

Je vous ai demandé de m'accorder votre confiance. Je mesure l'ampleur des défis et de la tâche qui nous attendent sur les plans politique, sécuritaire, économique et social. Avec l'aide de Dieu qui m'a toujours fermement soutenu et préservé pendant ma longue lutte, je me consacrerai à restaurer l'espoir et la confiance entre nous et avec l'extérieur.

Au plan politique et de la gouvernance, j'ai pris le ferme engagement de gouverner avec l'ensemble des forces politiques qui ont fait le choix de l'alternance autour de ma candidature. Par ailleurs, j'ouvrirai un espace à toutes les forces politiques actuelles qui
renonceront à la ruse, à l'opportunisme et au crime, et adhéreront à notre projet de paix, de réconciliation, de consolidation de la démocratie et de lutte contre la corruption.

Je créerai un environnement où seules les personnes consacrées et réellement engagées trouveront plaisir à s'adonner à la gestion de la chose publique, où l'espace politique cessera d'être un repère d'opportunistes, de criminels et de vagabonds politiques en tout genre.

En matière économique et sociale, je favoriserai la création d'un climat nouveau, propice à la créativité et l'émulation, susceptible d'attirer et de retenir massivement de nouveaux investisseurs, et de remettre les Congolais au travail, grâce à un climat des affaires
nettement amélioré et une confiance durablement rétablie.

J'ouvrirai des perspectives nouvelles de coopération et d'échanges avec nos principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin de permettre une croissance économique porteuse d'emplois et un développement humain accéléré en faveur de nos populations. J'approfondirai nos relations fraternelles et complémentaires avec nos pays voisins, avec lesquels nous sommes condamnés, par la géographie, l'histoire et la sociologie, à avoir des rapports réellement fraternels, pacifiques, responsables et constructifs. Ma vision en ce qui concerne nos relations avec ces pays est de substituer des rapports de méfiance et de conflits par des intérêts économiques partagés, profonds et durables, grâce notamment aux cadres d'intégration existants. Pour la paix et le développement humain de nos populations, l'Afrique a le devoir de se montrer à la hauteur des enjeux de l'histoire, comme ont su le faire avant nous l'Europe et d'autres parties du monde.

Mon programme pour le quinquennat, élaboré par l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social, ainsi que les autres membres de la plate forme qui soutient ma candidature, a été développé dans le document propositions pour changer le Congo. Je vous invite à vous en imprégner. C'est ensemble que nous le réaliserons, dans l'ouverture et le dialogue constructif.

Le Congo sera ce que les Congolais veulent qu'il soit. J'en appelle à la conscience et au sens des responsabilités de tous. Nous avons une communauté de destin. Le moment est venu de porter notre bien commun, la RDC, vers de nouveaux horizons ; des horizons de justice et de paix, de liberté et de prospérité. Nous le devons à la Providence, à nos enfants et aux générations futures.

Que chaque Congolais donne le maximum et le meilleur au Congo; devenu grand et fort, il nous le rendra plusieurs fois !

Mes chers amis,

Partagez mon message autour de vous, dans vos familles, vos cellules, vos quartiers ou villages' Soyez toujours en paix et ne cédez pas à la provocation. Je m'organise pour venir à la rencontre du plus grand nombre d'entre vous à travers tout le pays. Comme vous le savez, nos moyens sont limités. Mais grâce à chacun d'entre vous et à votre participation volontaire, notre force est la plus grande. Et je sais pouvoir compter sur votre volonté de changement et votre détermination à vaincre, pour faire la différence.

Que Dieu bénisse notre Nation.

Fait à Kinshasa, le 01 septembre 2011.

Etienne TSHISEKEDI"

02 septembre 2011

RDC : L'opposition à l'heure des choix

Dans moins de 10 jours, les candidatures seront clauses pour se présenter à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Si le Président sortant, Joseph Kabila, a décidé de se représenter, l'opposition apparaît plus divisée que jamais, avec au moins 3 candidats. Si Etienne Tshisekedi a réussi à fédérer derrière lui 80 partis d'opposition, Vital Kamerhe, Léon Kengo et Jean-Pierre Bemba hésitent encore.

élections RD.pngDepuis le début de cette pré-campagne électorale, Etienne Tshisekedi prend régulièrement de court l'ensemble de l'opposition. Le leader de l'UDPS a été le premier à se déclarer candidat, le premier tenir d'imposants meetings, le seul à manifester dans la rue contre les nombreuses irrégularités du processus électoral, le seul à rencontrer sereinement la diaspora à l'étranger... Avec en permanence une longueur d'avance sur les autres candidats de l'opposition, Tshisekedi continue de dérouler une stratégie offensive. Une stratégie simple. Sachant que pour gagner des élections à un seul tour, l'opposition doit s'avancer unie devant les Congolais, Tshisekedi n'avait que deux alternatives : négocier avec ses concurrents ou bien démontrer qu'il était le seul candidat légitime en mesure de battre Joseph Kabila et attendre leurs ralliements. C'est visiblement cette seconde stratégie qu'Etienne Tshisekedi a choisi, sans pour autant fermer la porte du dialogue avec le reste de l'opposition. Dernière preuve en date de la "stratégie Tshisekedi", la désignation le 23 août dernier du "Sphinx de Limete" par 80 partis d'opposition congolais comme candidat commun. Si Bemba, Kamerhe et Kengo manquent à l'appel de cet accord, une fois de plus Tshisekedi impose son tempo et oblige ses 3 autres concurrents à se positionner rapidement.

Pas de "1+4" à l'envers

En adoptant cette posture, le patron de l'UDPS tente d'échapper au principal écueil de cette élection : être obligé, une fois au pouvoir, de tout devoir à une multitude de personnalités hétéroclites (une dizaine de candidats se réclament de l'opposition). Il réitérerait ainsi une sorte de "1+4" à l'envers, avec un pouvoir trop morcelé pour être efficace. Car deux candidats sont fraîchement arrivés dans le cercle des opposants : Vital Kamrehe (ancien directeur de campagne du Président Kabila) et Léon Kengo wa Dondo (Président du Sénat), qui n'avait jamais indiqué jusque là faire partie de l'opposition à la Majorité présidentielle (MP).  Car qui y-a-t-il en commun entre "Tshisekedi-Kamerhe-Bemba-Kengo" si ce n'est la volonté de voir partir Joseph Kabila ? Même sur le plan idéologique on peut déceler de nombreuses divergences, avec une UDPS plutôt sociale-démocrate et un Bemba ou un Kamerhe plutôt ultra-libéraux.

10 jours pour choisir

"Laisser venir à lui ses concurrents, plutôt que d'aller les chercher", est un pari risqué pour Etienne Tshisekedi. Car en cas d'échec, la multitude de candidatures opposantes rend mathématiquement impossible toute victoire de l'opposition. Par contre, si cette stratégie se révèle gagnante, le bénéfice pour le nouveau Président de la république congolaise, Etienne Tshisekedi, sera de taille : partager "à minima" son pouvoir et gouverner ainsi les mains libres.

Il reste donc moins de 10 jours à l'opposition pour assumer ses choix. Du côté de la troïka "Kamerhe-Bemba-Kengo", deux candidats bataillent ferme pour s'imposer. José Makila (ex-gouverneur de l'Equateur) et Florentin Mokonda de l'ICN (Initiative pour un Congo Nouveau) tentent d'appuyer la candidature de Léon Kengo, le président du Sénat congolais. Alors que Clément Kanku, un proche de Bemba, penche plutôt pour Vital Kamerhe. Sans accord avec Tshisekedi, il pourrait donc y avoir 3 candidats de l'opposition... largement assez pour assurer la réélection de Joseph Kabila.

Christophe Rigaud