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01 septembre 2011

RDC : La marche de l'UDPS violemment dispersée

Pour la troisième fois, l'UDPS a organisé une manifestation pour demander la transparence du processus électoral en République démocratique du Congo (RDC). Le parti d'opposition d'Etienne Tshisekedi a déploré une fois de plus les violences policières qui ont émaillé cette marche. Une vingtaine de manifestants ont été blessés.

Afrikarabia logo.pngLa police congolaise a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser la marche organisée par l'UDPS à Kinshasa le 1er septembre. Plusieurs centaines de manifestants de l'opposition souhaitaient se rendre devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour protester contre le manque de transparence du processus électoral en cours en RDC. Des élections présidentielle et législatives sont prévues le 28 novembre 2011 et l'opposition craint des "fraudes massives" lors de ce scrutin.

La marche a été stoppé avec de pouvoir arriver devant la Ceni par un important barrage policier. Selon Jacquemain Shabani, le secrétaire général de l'UDPS joint par l'agence chinoise Xinhua, "il est difficile pour l'instant d'établir un bilan de ces affrontements, la marche continue jusqu'à ce que nous allons déposer le mémorandum",  Un manifestant, sous couvert d'anonymat, a fait état de plus de 20 personnes blessées, alors que d'autres sources avaient donné le bilan d'une cinquantaine de blessés.

Christophe Rigaud

30 août 2011

RDC : Kabila candidat à sa succession

Une semaine après l'investiture de son propre parti, le président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila a été investi comme l'unique candidat de la Majorité présidentielle (MP) à l'élection présidentielle de novembre 2011. Pendant ce temps, l'opposition congolaise ne parvient toujours pas à se mettre d'accord sur le nom d'un candidat commun.

Capture d’écran 2011-08-30 à 22.03.23-tiltshift.jpgA 90 jours de la prochaine élection présidentielle, Joseph Kabila a donc été désigné et investi sans surprise par le bureau politique de la Majorité présidentielle (MP) qui s’était réuni à Kinshasa. Le président sortant sera donc l'unique candidat de sa famille politique pour cette élection à un seul tour, alors que  l’opposition congolaise n’est toujours pas encore parvenue à s’accorder sur une candidature unique.

Le 24 août dernier, plusieurs partis de l’opposition réunis à la paroisse Notre Dame de Fatima à Kinshasa avaient désigné Etienne Tshisekedi, le président de l’UDPS comme candidat unique de l’opposition. Mais le reste de l’opposition, notamment le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe et l’Union des forces congolaises (UFC) de Léon Kengo wa Dondo, se sont désolidarisés de cette démarche, estimant que la priorité pour l'opposition est la mise sur pied préalable d’un programme commun et non le choix du candidat à la présidentielle.

L'épreuve de force continue donc entre Etienne Tshisekedi et les trois autres candidats de l'opposition (Kamrehe, Bemba et Kengo). Tshisekedi s'estime en effet le plus légitime à représenter l'opposition à Joseph Kabila, fort de son expérience et de son appui populaire. Candidat "coûte que coûte" et "jusqu'au boutiste" à la présidentielle, le patron de l'UDPS espère bien faire plier ses concurrents, quitte à leur faire porter la responsabilité d'un échec en cas de candidatures multiples dans un scrutin présidentiel à un seul tour.

En attendant, l'UNC, le MLC et l'UFC ont mis sur pied une commission mixte chargée d’élaborer un programme commun de l’opposition et qui aura aussi à négocier avec les autres partis, dont l’UDPS, sur la question de la candidature unique.

Christophe Rigaud

Photo : Portrait officiel de Joseph Kabila (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

21 août 2011

RDC : Mobutu de retour pour la présidentielle

La candidature de Nzanga Mobutu à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) signe le retour d'un poids lourd de la politique congolaise. Fils de l'ancien président Mobutu Sese Seso et leader de l'UDEMO, Nzanga Mobutu avait réalisé 4,8% des voix à la présidentielle de 2006 et obtenu une dizaine de député.

Capture d’écran 2011-08-30 à 22.13.50.pngAprès plusieurs mois de silence radio suite à sa révocation en tant que vice-Premier ministre chargé de l'Emploi, Nzanga Mobutu fait un come-back surprise sur l'échiquier congolais. En pleine campagne présidentielle, le fils de l'ancien président Mobutu Sese Seko, a été désigné candidat à la présidentielle du 28 novembre 2011, à l'issue de la convention de son parti, l'Union des démocrates mobutistes (UDEMO).

Nzanga Mobutu avait disparu pendant plusieurs mois de la scène politique congolaise. On le disait à l'étranger, en Italie. Son absence prolongée avait mené à sa révocation en mars 2011 par Joseph Kabila de son poste de vice-Premier ministre chargé de l'Emploi, du travail et de la prévoyance sociale. Depuis,  l'UDEMO, son parti, a donc été contraint de quitter la coalition présidentielle formée avec l'AMP (Alliance pour la majorité présidentielle) et le Parti lumumbiste unifié (PALU) d'Antoine Gizenga. Soutien de Joseph Kabila en 2006, Nzanga Mobutu, a toujours été un fidèle allié du président congolais jusqu'à son "escapade" à l'étranger.

Candidat malheureux à l'élection présidentielle en 2006, Nzanga Mobutu avait tout de même obtenu 4,8% des voix au premier tour et une dizaine de députés aux législatives. Avec un tel parcours, Nzanga Mobutu aurait pu se mettre au service d'un candidat d'opposition. Mais pour son retour politique, Nzanga Mobutu, souhaite s'afficher en candidat "libre", et indique que son parti n'a pas signé d'alliances pré-électorales. Cette candidature inattendue de Nzanga Mobutu fait donc pour l'instant l'affaire de Joseph Kabila qui espère le maximum de candidatures "d'opposition" dans une élection présidentielle à un seul tour.

Christophe Rigaud

RDC : Le PPRD prépare la candidature de Joseph Kabila

Le PPRD vient sans surprise d'accorder toute sa confiance au président sortant Joseph Kabila pour se représenter à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Maître du calendrier électoral, le parti présidentiel congolais espère gagner cette élection taillée sur mesure pour Joseph Kabila.

Capture d’écran 2011-08-30 à 22.14.39.pngLe Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) du président congolais Joseph Kabila tenait son 2ème Congrès ce week-end à Kinshasa. L'objectif était la préparation des élections et la planification des stratégies pour remporter la présidentielle et les législatives du 28 novembre 2011. Le secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab, a exprimé la détermination de son parti à gagner les élections : "le PPRD est prêt depuis 2006 à affronter les élections de 2011".

Au cours de ce congrès, le PPRD a renouvelé son soutien à la candidature de Joseph Kabila pour la prochaine élection présidentielle. Le patron du PPRD et Président de l'actuelle Assemblée nationale congolaise, Evariste Boshab, en a profité pour donner les trois piliers de la campagne que mènera le parti présidentiel : "la paix, l’unité, la promotion des valeurs et la reconstruction". En coulisse le parti présidentiel prépare déjà activement la campagne de Joseph Kabila : l'omniprésent Augustin Katumba, Moïse Katumbi, de retour dans la sphère présidentielle, Henry Mova, Emile Bongelli pour la communication, Toussaint Tshilombo, Marie-Ange Lukiana ou encore Francis Kalombo sont déjà au travail.

Face à l'agitation de l'opposition congolaise qui s'avance, pour l'instant, dans la division, le parti présidentiel apparaît plus serein que jamais à 3 mois du scrutin. Le PPRD a su garder, bon gré mal gré, un semblant de cohésion autour de la Majorité Présidentielle (MP) et de ses partis satellites. Mais surtout, le parti de Joseph Kabila compte sur la dernière révision constitutionnelle du début de l'année pour faire réélire facilement le président sortant. Avec un scrutin présidentiel à un seul tour et non à deux tours, les élections de 2011 ressemblent à un boulevard pour la réélection du président Kabila.

Mais attention, la campagne n'est pas encore vraiment lancée. Deux candidats d'opposition ont pris de l'avance et cristallisent le fort besoin de changement de la population congolaise dont les conditions de vie ne se sont pas améliorées sous la présidence Kabila : Vital Kamerhe, mais surtout Etienne Tshisekedi qui bénéficie depuis plusieurs mois d'un vrai soutien populaire. Car c'est bien sur le bilan mitigé du président sortant  que souhaitent surfer l'opposition congolaise. Mais une seule condition sera nécessaire pour battre Joseph Kabila : s'unir afin de présenter le minimum de candidat au premier et seul tour de l'élection présidentielle.

Christophe Rigaud

19 août 2011

RDC : La DTP France se lance dans la bataille présidentielle

A l'approche des prochaines élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RCD) fixées en novembre 2011, les différents partis politiques sollicitent le soutien de leur diaspora. A l'image de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) France qui s'est créée à la mi-juillet à Bordeaux. Objectifs : mobiliser les Congolais de l'étranger, faire le lien avec les autorités françaises et surtout, faire élire le candidat de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, à la présidence de la République. AFRIKARABIA a rencontré Jean-Michel Mampuya, membre de la DTP France.

Logo Elections 2011.jpg- AFRIKARABIA : Pourquoi avoir créé une Dynamique Tshisekedi Président (DTP) pour la France ?

- Jean-Michel MAMPUYA : La diaspora étant privée du droit de vote, il nous fallait trouver le moyen de peser et d'influencer les prochains scrutins en République démocratique du Congo (RDC), par patriotisme. Bien que la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) soit à l'initiative de partis politiques et d'organisations socio-politiques, ce mouvement que nous lançons en France est à l'initiative de congolais et congolaises qui sont, pour certains, membres de partis politiques et pour d'autres non.
Ce qui nous réunit c'est avant toute chose l'amour du notre pays et la nécessité d'apporter une alternative politique et un leadership confirmé qui permettront enfin à la RDC de démarrer une spirale positive de développement et de cesser de s'enfoncer dans les bas fonds de tous les classements mondiaux.

- AFRIKARABIA : Qu'attendez-vous du rôle de la diaspora dans ces élections ?

- Jean-Michel MAMPUYA :  Notre rôle consistera à faire du lobbying auprès des administrations occidentales dans l'esprit de ce que font déjà les partis à Kinshasa.
Nous essayerons ensuite de sensibiliser la diaspora, celle qui ne suit pas de manière assidue la politique congolaise, à prendre conscience des enjeux géopolitiques si on laisse la clique actuelle gouverner plus longtemps.
Nous nous organiserons pour téléphoner, envoyer des sms aux nôtres qui sont au pays et leur donner toutes les raisons objectives qui nous conduisent à soutenir "Ya Tshitshi".

- AFRIKARABIA : Pourquoi avoir choisi Etienne Tshisekedi ?

- Jean-Michel MAMPUYA : Faut-il continuer avec ce système de gouvernance actuel et l'incarnation de ce système ? Pour moi, la réponse est non. De ce constat, l'interrogation qui découle est de savoir qui peut le mieux incarner une alternative crédible, avec un leadership confirmé pour battre le président sortant ? L'évidence nous conduit à dire "Ya Tshitshi" (surnom d'Etienne Tshisekedi, ndlr). Nous avons donc convenu de nous inscrire dans cette dynamique. La DTP souhaite conduire par tous les moyens, Etienne Tshisekedi au pouvoir et contribuer, dans cet élan à la victoire de ses alliés aux élections législatives (fixées le 28 novembre prochaine, le même jour que l'élection présidentielle, ndlr).

- AFRIKARABIA : Pourquoi ne pas porter votre choix sur un autre candidat de l'opposition, comme Vital Kamhere ?

- Jean-Michel MAMPUYA : EtienneTshisekedi on le connait depuis longtemps. On connait son combat pour la démocratie en vue de l'établissement d'un Etat de droit. On sait ce qu'il dit. Par contre, celui dont vous parler (Vital Kamerhe, ndlr) a été le directeur de campagne du président sortant, Joseph Kabila en 2006. S'il fallait faire un bilan aujourd'hui, je retiendrais les combats d'Etienne Tshisekedi pour notre pays, mais je retiendrais aussi le nom de la personne qui a aidé le président sortant à être où il est. Vital Kamerhe a fait le régime de monsieur Kabila. Il a dirigé ce régime jusqu'à ce qu'il soit contraint par son autorité morale à quitter son poste. Et il vient ensuite, tout frais moulu, nous dire qu'il s'oppose à Joseph Kabila ! Il s'oppose à quoi ? il ne l'a jamais décrit. Il serait intéressant que Vital Kamerhe écrive un tome 2 (de son projet pour la RDC, ndlr) avant d'avoir des visions, avec comme titre: "Pourquoi j'ai quitté Kabila". 

- AFRIKARABIA : La campagne n'a pas encore commencé, mais pour le moment on cherche toujours le programme d'Etienne Tshisekedi pour le pays ?

- Jean-Michel MAMPUYA : Contrairement à ce qui peut être dire, Etienne Tshisekedi explique depuis très longtemps les raisons de son combat politique. Il veut gagner cette élection pour permettre l'établissement d'un Etat de droit. C'est ça le programme d'Etienne Tshisekedi. Peut être que nous devrions expliquer plus en détail en quoi un Etat de droit constitue un programme. L'Etat de droit constituera le fondement de toutes actions publiques qui suivront. L'Etat de droit s'établira par des textes responsables, qui garantiront la responsabilité de tous les mandataires publics. Il ne s'agira pas de violer systématiquement la constitution selon la météo politique. L'Etat de Droit donnera toutes les garanties de transparence, de responsabilité, de contrôle et par conséquent d'une gouvernance optimale des ressources publiques.
Compte tenu de l'état des infrastructures du pays, du système de santé et du système éducatif, il est évident qu'il faudra investir dans ces différents domaines. Mais ces investissements ne seront bénéfiques que s'il y a un Etat qui fonctionne et que la bonne gouvernance est assurée. Pour Tshisekedi, l'Etat de droit est le fondement de tout développement. Sans cela, les projets d'infrastructures seront l'occasion d'enrichissement illicite, de corruption, comme c'est le cas aujourd'hui.
Comment expliquer qu'un pays avec un taux de bancarisation de moins de 15% de la population puisse avoir plus de 20 banques ?

- AFRIKARABIA : Dans cette campagne, le président sortant, Joseph Kabila mettra en avant ses réalisations et notamment ses "5 chantiers". Qu'en pensez-vous ?

- Jean-Michel MAMPUYA : En soit, ce n'est pas mauvais de vouloir les faire. Mais comme le pouvoir actuel gouverne dans la parfaite opacité, en dehors de tout contrôle, on ne sait pas ce que nous coûte les quelques travaux entrepris. On n'a aucune visibilité de ce qui veut être fait.  Par conséquent, une bonne partie des acteurs gouvernementaux s'enrichissent illicitement et en toute impunité.
Je note aussi que réfectionner quelques routes ou quelques ponts font partie d'un travail normal et non exceptionnel d'un gouvernement. Chez nous en RDC, on profite de chaque occasion pour faire de la propagande au lieu de travailler sur l'essentiel. On a même vu un Ministre convoquer la presse pour inaugurer un WC dans son ministère ! (il s'agit de Dieudonné Upira, Ministre de la Fonction publique, ndlr). Tout est prétexte à propagande,  tellement les gouvernants ont paupérisé et infantilisé la masse.
Par ailleurs ces chantiers (que les kinois appellent "sentiers") ne s'inscrivent dans aucune politique publique. C'est une notion qui leur est complètement étrangère. On construit quelques routes, mais pour quelle politique d'urbanisme ? On rénove 2 ou 3 instituts supérieurs, mais quel contenu éducatif ou programme national ? Idem en matière de santé, quelle politique sanitaire ou système de santé met-on en place ?

- AFRIKARABIA : Depuis plusieurs mois, l'UDPS d'Etienne Tshisekedi et la DTP tirent la sonnette d'alarme sur les nombreuses irrégularités dans l'enregistrement des électeurs par la Commission électorale (CENI). Des ONG ont relevé des électeurs "fantômes", des électeurs mineurs, des électeurs possédant plusieurs cartes ou dernièrement, des électeurs qui ont disparu du fichier… Que penser des nombreux ratés de la CENI ?

- Jean-Michel MAMPUYA : Pour moi, il y a échec sur toute la ligne. Au départ, toute la classe politique accordait du crédit à la CENI. Les démarches et les propos de Président de la CENI (Daniel Ngoy Mulunda, ndlr) semblaient aller dans un sens de franche collaboration et de transparence. Et ce crédit accordé, l'était en toute bonne foi, bien que l'on sache qu'il est proche du président sortant et de son parti (le PPRD, ndlr).  Même si certains "doutaient" de son honnêteté et de son impartialité, je ne pense pas qu'ils avaient imaginé un fiasco de cet ordre. La CENI a fait très fort ! Je pense que les personnalités et organisations qui s'étaient empressées de féliciter la CENI doivent s'en mordre les doigts. Nous dénonçons depuis plusieurs semaines la manière dont est menée le processus d'enrôlement (enregistrement des électeurs, ndlr), dans la forme et dans le fond.
A cause de la négligence et du mépris de la CENI vis-à-vis des diverses organisations politiques, Daniel Ngoy Mulunda et son bureau porte toute la responsabilité d'éventuelles conséquences négatives.
Pour nous, il y a urgence face à cette énième bourde ! (la perte de certains électeurs dans le fichier électoral, ndlr). Soit on retrouve les électeurs "disparus" ou que l'on a fait disparaitre, soit on cible les territoires des "disparus" et on recommence l'opération. Dans les deux cas de figure, il ne devrait plus être question de laisser la CENI s'entêter en solitaire. Nous nous appliquons à sensibiliser nos partenaires étrangers qui co-financent le processus électoral sur la nécessité d'une réelle collaboration entre la CENI et les différents partis politiques. Ce sont tout de même près de 70 partis qui réclament à cor et à cri une implication dans le contrôle.

Propos recueillis par Christophe Rigaud

13 août 2011

RDC : L'insécurité menace le processus électoral

En novembre prochain, la République Démocratique du Congo (RDC) élira son prochain président de la République. Mais depuis près de quinze ans, la RDC vit dans un état de guerre quasi permanent. Une dizaine de groupes rebelles sème la terreur dans l'Est du pays et 1,7 million de Congolais sont encore réfugiés. Cette insécurité hypothèque fortement les chances de réussite des prochaines élections au risque de replonger le Congo-Kinshasa dans une guerre ouverte.

IMG_3592.jpgSauf nouveaux reports dans l'organisation des élections présidentielles et législatives, la République démocratique du Congo se rendra aux urnes le 28 novembre 2011. Mais l'ambiance n'est pas sereine à Kinshasa. À trois mois du scrutin, de nombreuses ONG dénoncent les retards et le manque de transparence des élections. Entre un fichier électoral incomplet, l'inscription retardée des électeurs sur les listes, le manque de financement et les doutes qui planent sur l'impartialité de la Commission électorale (CENI), les raisons ne manquent de douter de l'équité du scrutin. Les partis d'opposition au président sortant Joseph Kabila fustigent quant à eux, l'ambiance délétère et ultra-sécuritaire que Kinshasa fait peser sur la vie publique congolaise. De l'assassinat du défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya, aux nombreuses pressions sur les journalistes et les militants d'opposition, le pouvoir en semble vouloir tout mettre en place pour assurer la réélection programmée du président Kabila. L'Assemblée a même voté une révision constitutionnelle qui réduit la prochaine élection présidentielle à un seul tour de scrutin.

Une guerre sans fin

Mais le principal défi à relever pour la bonne tenue des prochaines élections est avant tout sécuritaire… et humanitaire. Plusieurs conflits secouent la RDC depuis plus d'une quinzaine d'années. À L'Est tout d'abord, au Nord et Sud Kivu, où l'armée régulière, aidée par les Casques bleus de la MONUSCO se battent contre la rébellion hutu des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et plusieurs autres groupes rebelles. Problème : l'ONU et l'armée congolaise n'arrivent pas à juguler le conflit… pire, l'armée régulière est accusée d'exactions sur sa population civile. Massacres, viols de masse et pillages à répétition rythment la vie des Congolais de l'Est de la RDC depuis la fin du génocide rwandais de 1994. Bilan : 400.000 femmes violées en 1 année (plus de 1.000 par jour !) et 1 million de réfugiés jetés sur les routes dans les deux provinces du Kivu.

Un deuxième conflit oppose ensuite les tribus Hema et Lendu en Ituri, depuis 1999. Bilan : 130.000 réfugiés. Un troisième conflit agite encore le Bas et le Haut Uélé, en proie aux exactions de la Lord Resistance Army (LRA) de Joseph Kony. Cette rébellion ougandaise ultra-violente a lancé 214 attaques en 2010 contre les populations civiles. 107 enfants soldats ont été enrôlés dans cette milice ougandaise. Bilan : 300.000 réfugiés au Nord de la RDC.

Dernière province secouée par un conflit : l'Équateur, à l'Ouest du pays. Dans cette région, la rébellion Enyele se bat contre le pouvoir central de Kinshasa depuis 2009. Bilan 122.000 réfugiés au Congo-Brazzaville voisin. Enfin, la longue frontière avec l'Angola est le théâtre d'importantes expulsions. 70.000 réfugiés Congolais d'Angola sont rentrés entre Janvier 2010 et Janvier 2011 en RDC. De nombreuses violences (viols, tortures…) sont à déplorer sur la frontière angolaise.

Depuis 1994, les guerres à répétition ont fait des millions de morts en RDC. Combien ? Personne ne le sait vraiment. 1, 2, 3… certains disent 4 millions de victimes. Et tout cela, dans l'indifférence générale.

Des élections sous pression

Comment donc organiser des élections sereines et transparentes en novembre prochain en RDC ? Comment appeler les Congolais aux urnes avec 1,7 million de réfugiés aux quatre coins d'un pays grand comme 5 fois la France ? Comment garantir l'accès à un bureau de vote à tous les électeurs en toute sécurité ? Voici l'enjeu majeur des prochaines élections congolaises.

L'année 2011, année électorale en RD Congo, sera donc l'année de tous les dangers dans la région. Sans sécurisation par une force internationale fortement déployée sur le terrain, il est fort à parier que le scrutin sera vivement contesté, laissant la voie libre à de violents affrontements, notamment dans la capitale Kinshasa. Il s'agit donc pour la communauté internationale et pour l'Union européenne de prendre leur responsabilité et de venir en aide à la RDC pour organiser, sécurité et certifier des élections justes et équitables. Sans quoi, le spectre d'un scénario à l'ivoirienne risque de plonger le pays dans de nouveaux conflits.

Christophe Rigaud

09 août 2011

RDC : Gaspard-Hubert Lonsi Koko à Kinshasa le 17 août prochain

Le porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko se rendra à Kinshasa le 17 août 2011. Candidat à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko doit y rencontrer les principaux partis d'opposition.

photo.JPGAprès s'être fait enregistré sur les listes électorales l'année dernière, Gaspard-Hubert Lonsi Koko compte bien déposer sa candidature à la prochaine élection présidentielle en RDC fixée le 28 novembre 2011. C'est la raison de son retour à Kinshasa le 17 août prochain. Classé dans le camp des opposants au président sortant Joseph Kabila, Gaspard-Hubert Lonsi Koko est favorable à une candidature unique de l'opposition. Il compte donc rencontrer les différents leaders des partis d'opposition afin de trouver une plateforme d'accord avec le programme électoral du RDPC. En cas d'échec, Gaspard-Hubert Lonsi Koko semble bien décider à aller jusqu'au bout de sa démarche et donc à se présenter à la magistrature suprême. Mais pour l'heure, les différents retards dans le processus électoral ne permettent pas de déposer les candidatures.

Christophe Rigaud

Photo : Gaspard-Hubert Lonsi Koko à Paris © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

08 août 2011

RDC : L'opposition sur la voie d'un accord électoral

Les grandes manoeuvres politiques ont bel et bien commencé en République démocratique du Congo (RDC) à l'approche des élections présidentielle et législatives fixées le 28 novembre 2011. Les partis d'opposition seraient sur le point de se mettre d'accord pour attribuer la Présidence à Etienne Tshisekedi (UDPS), le poste de Premier ministre à Vital Kamerhe (UNC), l'Assemblée nationale à Thomas Luhaka (MLC) et le Sénat à Kengo wa Dondo (UFC).

Logo Elections 2011.jpgDepuis la révision constitutionnelle établissant l'élection présidentielle à un seul tour, l'opposition congolaise sait qu'elle doit présenter un candidat unique pour avoir une chance de battre le président sortant Joseph Kabila en novembre prochain. A un peu plus de trois mois du scrutin, les états-majors des principaux candidats semblent résolus à se rapprocher.

Les quatre "K"

Deux stratégies s'opposent. Les challengers comme Kamerhe, Kengo, Kashala ou Kanku prônent la désignation du candidat unique après la rédaction d'un programme commun de l'opposition. Une tactique qui pourrait s'avérer efficace pour ces candidats dont aucun ne peut revendiquer naturellement la tête de l'opposition. Car les quatre "K" ont un adversaire de taille dans leur propre camp : le leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi. Un "poids lourd" politique et un "historique" qui se réclame justement "candidat naturel" de l'opposition. La stratégie de Tshisekedi consiste pour l'instant à ignorer ses concurrents (et il sait très bien le faire !), estimant qu'ils se rallieront le moment derrière lui. Pour l'heure, la stratégie Tshisekedi s'avère payante. Il impose son rythme à la campagne et enchaîne meetings et tournées en province avec succès. Un leadership naturel qui permet au patron de l'UDPS de laisser venir à lui ses concurrents.

En coulisse, les lieutenants des différents candidats discutent depuis plusieurs mois du partage des responsabilités et de l'élaboration d'un programme de gouvernement commun. Rien n'est encore acté, mais un accord politique fait déjà son chemin dans les esprits. La Présidence serait réservée à Etienne Tshisekedi (UDPS), le poste de Premier ministre à Vital Kamerhe (UNC), l'Assemblée nationale à Thomas Luhaka (MLC) et le Sénat à Kengo wa Dondo (UFC).  Une répartition des pouvoirs un peu trop "idéale" pour ne pas dire "idéaliste". Car pour Tshisekedi, il y a "opposition et opposition" et le moment venu, il faudra bien trouver un terrain d'entente entre toutes ces personnalités dont "l'anti-Kabilisme" constitue le seul et unique programme.

Christophe Rigaud

05 août 2011

Tshisekedi-Kamerhe : Duel pour le leadership de l'oppostion

A quatre mois des élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), deux candidats se détachent pour prendre la tête de l'opposition face au président sortant, Joseph Kabila. Le leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, et le président de l'UNC, Vital Kamerhe, cherchent à imposer leur candidature avec des stratégies très différentes.

Capture d’écran 2011-07-10 à 23.52.54.pngSi le président sortant, Joseph Kabila, ne s'est pas encore prononcé sur sa (probable) candidature à sa succession, les candidats de l'opposition battent déjà campagne depuis plusieurs mois. Deux candidats monopolisent pour l'instant l'espace politique congolais : il s'agit du président de l'UDPS, "l'historique" Etienne Tshisekedi et de Vital Kamerhe, nouveau venu dans l'opposition, après avoir été un des plus proches collaborateurs de Joseph Kabila. Alors que la campagne officielle n'est pas encore lancée, la bataille pour le leadership de l'opposition a déjà commencé. Avec une présidentielle à un seul tour, le défi est de taille pour les opposants à Joseph Kabila. Il n'y a effectivement pas de place pour plusieurs candidats d'opposition dans ce type de scrutin. Tshisekedi et Kamerhe doivent donc apparaître comme l'unique rassembleur du front "anti-Kabila" pour capter l'intégralité des voix d'opposition et avoir une chance de battre le président sortant. Une candidature unique de l'opposition pourrait résoudre ce dilemme, mais visiblement, les deux candidats semblent décidés "coûte que coûte" à se présenter.

Deux candidats pour deux stratégies

Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe affûtent donc leur stratégie pour imposer leur hégémonie sur l'opposition congolaise. Pour le candidat de l'UDPS, la campagne repose sur deux axes : s'appuyer sur une dynamique populaire et occuper le terrain de la contestation. Depuis son retour au pays et son meeting géant au stade Tata Raphaël d'avril dernier, Tshisekedi joue la carte du soutien populaire… avec succès. Son récent voyage au Katanga et la foule nombreuse venue l'accueillir, démontre que, même dans le fief de Joseph Kabila, Tshisekedi est en mesure de mobiliser. Le leader de l'UDPS doit également se rendre dans les Kivu (terre natale de Kamerhe) et prouver ainsi qu'il peut être le président de tous les Congolais. Pour l'instant, Tshisekedi est le seul candidat capable de susciter l'engouement populaire partout où il se rend… un avantage qu'il entend bien conserver sur son concurrent.

Deuxième axe de la pré-campagne de Tshisekedi : être aux avant-postes de la contestation au pouvoir du président Kabila. Avec ses nombreux sit-in devant la Commission électorale indépendante (Ceni) pour contester les irrégularités du processus électoral en cours, l'UDPS est le seul parti d'opposition (avec la DTP, sa plateforme politique) à mettre le pouvoir sous pression. Selon les proches de Tshisekedi, seule l'UDPS joue son rôle d'opposant au président Kabila… le MLC de Bemba et l'UNC de Kamerhe étant restés pour l'heure, désespérément muets.

Capture d’écran 2011-08-05 à 17.15.12.pngDu côté de Vital Kamerhe, on mise tout sur l'alliance politique. Objectif : trouver un maximum d'alliés sur l'échiquier congolais pour contrer Tshisekedi. Avec le ralliement de Ne Muanda Nsemi,  président du Bundu Dia Mayala (BDM) et leader polico-religieux incontournable du Bas-Congo, Kamerhe espère bien attirer d'autres ténors politiques congolais. Ils sont en effet très nombreux à être courtisés : Oscar Kashala, de l'UREC (actuellement en pleine implosion) ou Kengo wa Dondo (le président du Sénat, qui hésite à se présenter) pourraient venir rejoindre le patron de l'UNC. Citons aussi François Muamba (débarqué du MLC) qui cherche de nouveaux partenaires… on le donne tantôt se rapprochant de l'UDPS, de Kamerhe ou même… de Kabila !  Mais à ce jour, rien n'est fait… tout le monde hésite encore. Le principal objectif de Vital Kamerhe est d'apparaître comme un possible rassembleur de l'opposition face à Tshisekedi "le solitaire". Mais le grand écart est difficile à tenir pour l'ancien Président de l'Assemblée nationale congolaise et ex-directeur de campagne de Joseph Kabila en 2006. Kamerhe, derrière son talent incontestable de "fin politicien" est trop souvent perçu comme un "opposant de la dernière heure" et un candidat uniquement médiatique, sans base populaire. Son territoire d'élection (le Kivu dont il est originaire) semble effectivement trop restreint pour conquérir le reste du Congo.

A ce petit jeu, difficile de dire qui remportera le leadership de l'opposition en RD Congo. Pour l'instant aucun des deux candidats n'a pris l'ascendant sur l'autre et chacun mène sa campagne en ignorant celle de son concurrent. "Campagne populaire" pour l'un et "alliances politiques" pour l'autre, pourraient constituer deux stratégies très complémentaires si elles n'étaient pas menées par deux candidats que tout oppose.

Christophe Rigaud

Photos : Etienne Tshisekedi (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com - Vital Kamerhe (c) Site internet UNC

02 août 2011

RDC : L'Europe revient au chevet des élections congolaises

Catherine Ashton a décidé l'envoi d'une mission d'observation électorale en République démocratique du Congo (RDC) lors des scrutins du 28 novembre 2011. Cette mission se déploiera 6 à 8 semaines avant les élections.

Logo UE.png«Sur l’invitation du Gouvernement de la République Démocratique du Congo», Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne a décidé de déployer une mission d’observation électorale pour les scrutins présidentiels et législatifs prévus pour le 28 novembre prochain et de nommer Mariya Nedelcheva, membre du Parlement européen, comme Chef Observateur pour diriger cette mission. Selon l'UE, «cette décision s’inscrit dans la continuité du soutien politique de l’Union européenne envers ce processus démocratique et s’ajoute au soutien financier pour le cycle électoral qui s’élève à 47,5millions d’euros».

31 juillet 2011

RDC : Vers un report des législatives

Les élections législatives se tiendront-elles en même temps que l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) ? Prévues initialement le 28 novembre 2011, ces deux élections devaient se tenir le même jour, mais le président de la Commission électoral pourrait "découpler" les deux scrutins et reporter les législatives : la faute aux nombreux retards survenus dans le processus électoral. L'opposition y voit déjà une manière pour Joseph Kabila de garder sa majorité à l'Assemblée après la présidentielle.

Logo Elections 2011.jpgA Kinshasa, le Président de la Commission électorale (Ceni), Daniel Mulunda Ngoy, a expliqué que «les législatives seront reportées si les députés ne votent pas avant le 10 août, l’annexe de la loi électorale fixant la répartition des sièges». Les élections législatives pourraient donc être "découplées" de la présidentielle prévue le 28 novembre 2011… une prochaine date serait fixée par les députés. Ce report est une des conséquences des multiples retards du processus électoral en RDC. Selon le calendrier de la Commission électorale, l'annexe de la loi électorale aurait due être déjà votée par le Parlement entre le 23 et le 27 juillet, puis promulguée d'ici au 3 août prochain. Les futurs candidats à la présidentielle et aux législatives devant s’inscrire du 4 août au 6 septembre. Si la fameuse annexe n’était pas voté avant le 10 août, le Président de la Ceni sera alors dans l’obligation de proposer un autre calendrier.

Pour de nombreux observateurs congolais, le découplage des deux scrutins étaient déjà dans l'air depuis quelques mois. Selon l'opposition, ce "subterfuge" permettrait au président Joseph Kabila d'être sûr de conserver sa majorité à l'Assemblée nationale après la présidentielle du 28 novembre… chose qui est loin d'être acquise. Le pire scénario pour le Joseph serait en effet de se faire réélire à la présidence, mais sans majorité parlementaire… et de devoir ainsi affronter une cohabitation Ce report permettrait donc aux députés de la majorité présidentielle de se présenter face aux électeurs, forts de la réélection du président Kabila.

Christophe Rigaud

30 juillet 2011

Museveni et Kagame main dans la main pour un leadership commun sur l’Afrique centrale

Depuis vendredi 29 juillet, le président ougandais Yoweri Museveni est en visite d’Etat pour quatre jours à Kigali, afin de finaliser une série d’accords économiques et politiques avec Paul Kagame. Les deux chefs d’Etat semblent avoir le feu vert de Joseph Kabila - en campagne présidentielle - pour jeter les bases d’une zone de stabilité et de prospérité en Afrique centrale, débordant largement vers le Kivu.

Capture d’écran 2011-07-30 à 13.28.18.pngC’est accompagnés de leurs épouses – qui s’appellent toutes deux Jeannette - que Yoweri Museveni et Paul Kagame se sont retrouvés vendredi vers 16 h 15 sur le tarmac de l’aéroport de Kigali pour le début d’une visite d’Etat de quatre jours, une conférence de presse commune étant prévue lundi. Au cours des 48 heures précédentes, deux délégations d’une cinquantaine de responsables rwandais et ougandais de haut rang, dirigées respectivement par Louise Mushikiwabo (ministre des Affaires étrangères du Rwanda) et Sam Ketusa (son homologue ougandais) avaient préparé les bases d’une série d’accords.

Les deux pays ont déployé ces derniers mois une intense action diplomatique convergente pour favoriser l’accord de paix du Soudan, pour fournir des Casques bleus en Somalie ou au Darfour, pour critiquer l’inertie de l’Union africaine dans la crise libyenne ou encore pour appuyer l’autorité du président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila. Mais aussi pour réclamer la mise hors d’état de nuire de leurs mouvements rebelles respectifs réfugiés en RDC, les FDLR rwandaises et l’Armée de résistance du Seigneur ougandaise (LRA), qu’ils ne cessent de dénoncer toute en prenant leur bénéfice de leur mise en coup réglée de l’est de la RDC.

Yoweri Museveni et Paul Kagame semblent décidés à jouer de leur synergie de deux « poids lourds » de l’Union africaine et de la capacité offensive de leurs forces armées (APR et NRA), les deux meilleures armées d’Afrique noire après l’Afrique du Sud. Pour faire oublier les rivalités, voire les coups bas du passé, les deux présidents ont décidé – au sens propre - de « mouiller leur chemise ». Samedi matin, ils devraient participer ensemble à « l’Umuganda », les travaux communautaire qui soudent les Rwandais chaque dernier samedi matin du mois pour réaliser des travaux d’intérêt général : défrichage, entretien des chemins, plantations…

L’occasion d’une belle photo de famille. Et pour Paul Kagame, d’apparaître comme un acteur incontournable de la scène africaine le 12 septembre prochain, date envisagée de sa visite à Paris

François MOLYNEUX

A Kigali, pour Afrikarabia

28 juillet 2011

RDC : 90% des Congolais de l'Est se sentent "abandonnés"

Dans une enquête inédite, réalisée par l'ONG Oxfam dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), "90% de la population se sent en insécurité dans les zones où sévit la LRA". Depuis septembre 2008, cette rébellion ougandaise a tué plus de 2.300 personnes et en a enlevé plus de 3.000. En RDC, 45.000 civils ont fui la LRA dans les 6 premiers mois de l'année 2011.

66250lpr.jpgEntre avril et mai 2011, l'ONG Oxfam et 15 organisations locales partenaires ont mené une enquête sur 1705 personnes de 45 communautés vivants dans la Province Orientale, le Nord et Sud Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Objectifs : mesurer l'insécurité dans ces zones en guerre depuis plus de 15 ans. Dans la région du Haut Uélé, dans la Province Orientale, la population civile vit dans la terreur de la LRA (Lord Resistance Army), une rébellion ultra-violente dirigé par l'Ougandais Joseph Kony. Selon l'enquête menée dans cette zone par Oxfam : « 62 % des personnes interrogées se sentent moins en sécurité, 28 % ont le sentiment que la menace reste la même, quand seulement 10 % estiment que leur sécurité s’est améliorée. Dans l’ensemble, les communautés questionnées se sentent totalement abandonnées et ont le sentiment que ni les forces de sécurité de l’ONU ni leur gouvernement ne se préoccupent de leur sécurité. Dans sept des neuf communautés étudiées, les individus questionnés affirment que les casques bleus de l’ONU ne sont pas suffisamment présents dans les zones les plus prioritaires, à savoir les champs et les routes menant vers les marchés. »

Pour Pauline Ballaman, la Directrice d’Oxfam en RDC : « Oxfam s'inquiète de ce que des petits groupes de soldats de la LRA affamés continuent de s'en prendre aux familles les plus isolées du nord est de la RDC. En dépit des dernières opérations militaires et de l'intérêt accru de la communauté internationale, la LRA continue de faire des ravages dans ces communautés oubliées de tous en étant responsable de massacres, enlèvements et déplacements de populations. » Selon cette ONG, il existe « de vrais vides sécuritaires, laissant des gens dans une grande vulnérabilité. » À l'heure actuelle, seulement 5 % de la force totale de la MONUSCO est déployée dans les zones où sévit la LRA, soit un peu plus de 1000 casques bleus. Oxfam demande donc que la MONUSCO  « monte au créneau » afin de mieux sécuriser les populations civiles.

Pour Nicolas Vercken d’Oxfam France, le gouvernement français a un rôle clé à jouer dans ce dispositif : « la France a piloté les débats au Conseil de Sécurité sur le nouveau mandat de la Monusco : elle doit faire en sorte que celle-ci se déploie davantage dans les zones touchées par la LRA et y protège efficacement les populations, qui demeurent particulièrement vulnérables aux attaques ».

Photo : © Simon Rawles / Oxfam

25 juillet 2011

RDC : Gizenga laisse le champ libre à Joseph Kabila pour la présidentielle

Le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) d'Antoine Gizenga ne présentera pas de candidat à l'élection présidentielle de novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC). L'ancien premier ministre de Joseph Kabila a donc décidé de ne pas gêner la candidature du président sortant. Mais il compte tout de même faire entendre la voix de son parti aux élections législatives, où fort de ses 34 députés, il espère bien rester incontournable.

Allié de longue date du président Joseph Kabila, le PALU a donc décidé de passer son tour pour les prochaines élections présidentielles en RD Congo fixées le 28 novembre 2011. Les militants ont décidé de ne pas présenté de candidat face à Joseph Kabila. Une décision qui apparaît comme une bonne nouvelle pour Joseph Kabila : Antoine Gizenga avait réalisé 13,8% des suffrages au premier tour de la présidentielle de 2006. Mais le parti lumumbiste entend bien rester présent sur l'échiquier politique et présentera des candidats aux prochaines législatives... une bonne manière pour Gizenga de rester un allié de poids à l'assemblée. Avec actuellement 34 députés nationaux, le PALU pourrait être un partenaire important au moment où le nouveau président congolais constituera sa majorité.

Né le 5 octobre 1925 dans la province du Bandundu, Antoine Gizenga s'est opposé à l'ancien président Mobutu Sese Seko et a vécu plus de 30 ans en exil. Il est revenu dans son pays natal en 1991, à la faveur de la conférence nationale. Nommé Premier ministre de République démocratique du Congo en novembre 2006 par le président Joseph Kabila à la faveur d'un accord politique, Antoine Gizenga avait démissionné en septembre 2008, pour des raisons de santé.

Christophe Rigaud

22 juillet 2011

RDC : Bemba "candidat-prisonnier" à la présidentielle

C'est inédit dans une élection présidentielle. L'ancien vice-président de République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba a décidé de se porter candidat à la prochaine élection depuis le fond de sa cellule de la Cour pénale internationale (CPI). Accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, Jean-Pierre Bemba espère être libéré en septembre et participer ainsi au scrutin de novembre 2011. Un scénario peu probable, qui ressemble à un dernier baroud d'honneur du président du MLC.

Logo Elections 2011.jpgEn prison depuis 3 ans à La Haye, Jean-Pierre Bemba était le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle de 2006 face à Joseph Kabila. Pour la présidentielle de 2011, le leader du MLC a donc décidé d'officialiser sa candidature depuis sa cellule de la Cour pénale internationale (CPI). Bemba y est accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité commis par ses troupes en République centrafricaine entre 2002 et 2003. Depuis l'absence de Bemba en RDC, son parti, le MLC, est en proie à de violentes luttes internes. Le numéro 2 du MLC, François Muamba, a été débarqué dernièrement et a décidé de créer son propre parti. Le choix du futur candidat du MLC à la présidentielle était d'ailleurs un des désaccords qui a précipité le départ de Muamba.

Bemba a donc décidé ce vendredi de se porter candidat. Un candidat un peu particulier, puisqu'il est encore détenu dans sa prison de La Haye. Un choix d'autant plus étonnant qu'il a peu de chance d'être libéré pour le scrutin prévu en novembre prochain (il reste plusieurs dizaines de témoins à entendre). Autre problème pour la candidature Bemba, les candidats doivent s'inscrire sur les listes électorales sur place, en République démocratique du Congo pour participer au scrutin. Or actuellement, Bemba ne peut ni être électeur, ni être candidat selon la loi congolaise. Cette candidature ressemble donc à un dernier coup de poker de Jean-Pierre Bemba, qui espère peut-être, par l'annonce de sa candidature, accélérer les auditions de son procès et être enfin fixé sur son sort.

Christophe Rigaud

14 juillet 2011

RDC : UDPS-CENI, le bras de fer continue

Les irrégularités autour du processus électorale en cours en République démocratique du Congo (RDC) font toujours débat. Après un premier sit-in devant la Commission électorale (CENI) le 4 juillet dernier, l'UDPS avait déposer un mémorandum pour dénoncer l'opacité des opérations d'enregistrement des électeurs congolais. La réponse de la CENI n'a visiblement pas convaincu l'opposition. Etienne Tshisekedi a annoncé lors de son passage à Bruxelles que les sit-in continueront.

Capture d’écran 2011-07-14 à 10.26.56.pngA quatre mois des élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) prévues le 28 novembre 2011, la tension se focalise sur les conditions d'organisation du scrutin par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Le 4 juillet dernier, l'UDPS et la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) avait organisé un premier sit-in devant la CENI pour leur remettre un mémorandum dénonçant les irrégularités et l'opacité qui entourent les opérations d'inscription des électeurs congolais sur les listes électorales. Dans ce mémo, l'UDPS relevaient plusieurs dysfonctionnements : délivrance de cartes d'électeurs à des enfants mineurs,  sous-estimation de l’électorat dans certaines provinces, absence de certains territoires sur le fichier électoral, manque de cartes d'électeur, non-paiements des agents de la CENI, éloignement des bureaux d’enrôlement, en particulier dans les provinces « favorables » à l’opposition… sans compter les soupçons de partialité qui planent autour du président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, réputé proche du président Joseph Kabila. Dans son mémo, l'UDPS exigeait de la CENI, la publication du fichier électoral, l’accès au serveur central de la Commission électoral, la présence des témoins des partis politiques et des observateurs aux différents centres de traitement, ainsi que la prolongation de la période d’enrôlement dans certaines provinces et notamment à Kinshasa.

Lundi 11 juillet, la CENI a remis à l'UDPS sa réponse au mémorandum. Selon le secrétaire général du parti d'Etienne Tshisekedi, Jacquemain Shabani, "les réponses données par la Commission électorale ne sont pas satisfaisantes". L'épreuve de force a donc commencé entre l'UDPS et la CENI. Jacquemain Shabani a promis "d'agir" et le 9 juillet dernier, le président de l'UPDS en visite à Bruxelles promettait de continuer les sit-in. Ecoutez Etienne Tshisekedi réagir aux violences qui ont émaillé le premier sit-in du 4 juillet, faisant 1 mort, et annoncer de prochaines manifestations :


Etienne Tshisekedi promet des nouveaux sit-in... par ChristopheRigaud

Dans le camp de l'opposition, l'UDPS apparaît pourtant bien seule dans ce bras de fer avec la CENI. Le MLC de Jean-Pierre Bemba est actuellement absent de tous les débats politiques depuis l'éviction de son secrétaire général, François Muamba. Vital Kamerhe, l'autre candidat d'opposition, est également resté muet sur les différentes "irrégularités" du processus électorale dénoncées par l'UDPS. Le président de l'UNC semble pour l'instant avoir délaissé le terrain politique pour battre campagne sur ses terres natales dans les Kivu.

Christophe Rigaud

Photo : Ch.Rigaud (c) www.afrikarabia.com

RDC : Le scandale des électeurs mineurs s'intensifie

A quatre mois des élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC), de nombreux observateurs dénoncent des fraudes sur les opérations d'enregistrement des électeurs congolais. Des enfants mineurs auraient obtenu leur carte d'électeur. Après une série des photos diffusées sur le site de France24, une vidéo montre des enfants d'une dizaine d'années brandir des cartes d'électeurs.

Capture d’écran 2011-07-14 à 01.27.15.pngLe 28 novembre 2011, le président congolais Joseph Kabila tentera de briguer un second mandat en RDC. Actuellement se déroulent les opérations d'inscription des électeurs sur les listes électorales par la Commission électorale indépendante (CENI). L'opposition soupçonne de nombreux cas de fraudes, notamment en distribuant des cartes d'électeurs à des mineurs. Sur place, la Fondation Bill Clinton estime que "bon nombre d'enfants de moins de 18 ans se font enrôler pour voter en novembre prochain". Le site internet de France24 indiquait que des cas de fraudes étaient signalées au Katanga et montrait même la photo d'un enfant d'une dizaine d'années exhibant sa carte d'électeur avec une fausse date de naissance.

C'est maintenant une vidéo de quelques minutes montrant une dizaine d'enfants âgés de 7 à 12 ans munis de cartes d'électeurs qui fait scandale. Interrogés face à la caméra, ces enfants croient qu'il s'agit d'un document de voyage ou d'une pièce d'identité. Car depuis 1997, les Congolais n'ont plus de carte d'identité et pour prouver leur identité, la personne doit présenter une attestation de perte… un document qui serait délivré sans aucune vérification par les autorités municipales congolaise. La Fondation Bill Clinton a donc demandé aux mairies de "mettre un terme à la délivrance des attestations de perte de pièces d'identité aux mineurs et demande à la Ceni de tout faire pour que les enfants mineurs en possession des cartes d’électeur puissent être empêchés de voter par un contrôle strict". Un minimum… à seulement 4 mois du scrutin.


RDC des mineurs électeurs par ChristopheRigaud

Christophe Rigaud

11 juillet 2011

RDC : Un média d'opposition interdit de diffusion

Une chaîne de télévision congolaise proche de l'opposition vient d'être interdite de diffusion par le gouvernement de République démocratique du Congo( RDC). Pour Kinshasa, RLTV (Radio Lisanga Télévision) "contribuerait à troubler l'ordre public".

Afrikarabia logo.pngSelon Radio Okapi,  le ministre de la Communication et des médias de RD Congo, Lambert Mende, vient d'interdire la chaîne de télévision d'opposition RLTV d'émettre sur l'ensemble du territoire congolais. Toujours selon la radio onusienne, le gouvernement "reproche à ce média de diffuser des programmes qui, selon lui, font l’apologie de la violence et contribuent à perturber l’ordre public". Pour l'heure, le directeur général de la chaîne, Basile Olongo Pongo, affirme "qu'aucune notification de cette décision n’a été transmise à la RLTV".

RDC : A Bruxelles, Tshisekedi promet "le changement"

Candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Etienne Tshisekedi a terminé sa tournée internationale par un meeting en Belgique, samedi 9 juillet 2011. Face à la diaspora congolaise, le leader de l'UDPS  s'est présenté en candidat du changement face au président Joseph Kabila. Etienne Tshisekedi se donne 10 ans pour changer la RDC.


Capture d’écran 2011-07-10 à 23.58.29.png
La diaspora congolaise s'était déplacée en nombre, ce samedi 9 juillet, dans le grand amphithéâtre de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Venus de toute l'Europe, ces opposants étaient là pour écouter "un patrimoine national" du paysage politique congolais. Entré en politique en 1965, Etienne Thsisekedi a été ministre, président de l'Assemblée nationale et deux fois Premier ministre… autant dire qu'il est l'une des personnalités les plus connues en RD Congo. Opposant historique (à Mobutu et à Kabila père… et fils), plusieurs fois emprisonné, Tshisekedi n'a pourtant jamais pu accéder la magistrature suprême. Aujourd'hui, à 79 ans, "le vieux" comme l'appelle affectueusement ses proches, est en mesure de disputer la présidence au sortant, Joseph Kabila. Dans la salle, tous le croient : "l'heure de la victoire a sonné, nous n'avons pas le droit à l'échec" tonne le représentant de Dynamique Tshisekedi Président.

Car ils sont tous là, autour de Tshisekedi. Les membres de l'UDPS bien sûr, mais aussi ceux de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) et de Tshisekedi For President. Pour gagner les élections (surtout avec un seul tour de scrutin), Tshisekedi a l'obligation de rassembler… au delà de son propre camp… et au delà des ethnies. Des associations étaient également invitées, comme l'APRODEC asbl qui a présenté une analyse du prochain scrutin et la FIDH, représentée par Paul Nsapu, qui souhaitait interpeller tous les acteurs politiques à la tenue d'élections libres et transparentes en novembre prochain.

Capture d’écran 2011-07-10 à 23.50.36.pngA la tribune, Tshisekedi s'étonne de l'excellent accueil que la diaspora lui réserve, elle si "souvent indifférente aux souffrances du peuple congolais". Pour le leader de l'UDPS, "le peuple congolais est arrivé à maturité pour se choisir la personne qui va le diriger, sans l'aide des "tuteurs" occidentaux". Côté programme, le candidat de l'opposition promet de rattraper les 50 ans de retard de son pays… en 10 années. Car pour Tshisekedi, tout reste à construire en RDC : une armée, une police, toutes les infrastructures d'éducation, de santé, de communication, d'accès à l'électricité et à l'eau potable… Mais ce que souhaite avant tout restaurer Etienne Tshiseki, c'est "l'Etat de droit" : "il faut moraliser la société congolaise" clame-t-il à la tribune. Dans la ligne de mire du leader de l'UDPS, il y a bien sûr la "mauvaise" gouvernance du président Kabila… copieusement hué par l'assemblée. "Kabila doit partir, Kabila partira", lance-t-il.

Etienne Tshisekedi a enfin exhorté la diaspora congolaise à "revenir investir au Congo". Il promet un "climat des affaires" plus favorable avec le "retour de l'Etat de droit". Ecoutez le message du leader de l'UDPS à la diaspora :


Meeting dEtienne Tshisekedi à Bruxelles le 9... par ChristopheRigaud

Christophe Rigaud

Photos : (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

10 juillet 2011

RDC : Muamba crée son propre parti

Il faudra désormais compter avec un parti politique de plus en République démocratique du Congo (RDC). Après son exclusion du MLC, l'ancien secrétaire général du parti de Jean-Pierre Bemba décide de voler de ses propres ailes et lance l'ADR, l'Alliance pour le développement et la République. A six mois des élections présidentielles en RDC, François Muamba pourrait également se décider à présenter sa candidature à la magistrature suprême.

François Mwamba 1.pngA 60 ans, François Muamba entame une nouvelle bataille : sa survie politique. En avril dernier, le secrétaire général du MLC était déchu de ses fonctions. On reprochait à François Muamba de vouloir être le candidat du parti à la présidentielle de novembre 2011. Le leader du MLC, Jean-Pierre Bemba est en effet actuellement en prison à La Haye, accusé par la CPI de crimes de guerre et crime contre l'humanité. Mumaba avait déclaré "l'empêchement" de Bemba et souhaitait se présenter au nom du MLC. Une décision qui a visiblement déplu au "chairman".

François Muamba tente donc de sauver son avenir politique en lançant ce nouveau parti. Une bonne manière de rester dans le jeu, notamment pour les élections législatives, où le député Muamba entend bien garder sa place.
A noter qu'avant de rejoindre le MLC de Jean-Pierre Bemba, François Muamba a été représentant de l'UDPS en France jusqu'en 1988 avant d'être nommé ministre de l'économie en 1991 par Mobutu.

Christophe Rigaud

Photo : François Muamba en 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC : Kinshasa dément toute "liste noire d'opposants à l'étranger"

Après la publication sur internet d'une liste de journalistes et d'opposants politiques congolais vivants à l'étranger, Kinshasa réfute ce document et parle de manipulation. Le ministre des Affaires étrangères de République démocratique du Congo (RDC), Alexis Thambwe Mwamba, affirme dans un communiqué que les prochaines élections présidentielles de novembre 2011, seront "libres et transparentes".

Capture d’écran 2011-07-10 à 15.47.43.pngIl y a quelques semaines, une liste noire de personnalités congolaises vivants à l'étranger circulait sur la toile (1). Sur cette liste signée d'un conseiller du ministère des Affaires étrangères de RD Congo, une cinquantaine de noms d'opposants au président Joseph Kabila apparaissaient. On y trouve des journalistes comme Roger Bongos et Freddy Mulongo, mais aussi des responsables politiques ou associatifs comme Candide Okeke, Mbo Odon, Rolain Mena, Ferdinand Lufete, Rex Kazadi, Youyou Muntu-Mosi ou Gaspard-Hubert Lonsi Koko. De nombreuses personnalités  inscrites sur cette liste redoutaient d'être inquiétées par les services de sécurité congolais lors de leur retour en RDC.

Le ministre des Affaires étrangères de RDC, Alexis Thambwe Mwamba a souhaité couper court aux rumeurs en apportant un démenti formel sur l'authenticité de la liste noire. Dans un communiqué du ministère, Kinshasa affirme que "ce document non authentifié relève de la manipulation pure et simple et n'est conçu que pour alimenter de folles rumeurs". Alexis Thambwe Mwamba tient également à "rassurer ses partenaires diplomatiques (…) Il n'y a pas de motif d'inquiétudes car toutes les dispositions sont prises par les services compétents aussi bien pour l'observation libre du scrutin que pour la sérénité dans les débats entre les différents acteurs politiques Congolais".

Dans un communiqué, Gaspard Hubert Lonsi Koko, candidat du RDPC à la présidentielle et présent sur la fameuse liste, "prend acte du démenti" de Kinshasa et espère "ne pas être inquiété lors de son retour en République Démocratique du Congo dans le cadre des prochaines élections".

Christophe Rigaud

Nb : La liste noire est visible ici

08 juillet 2011

RDC : Vers un Tribunal international pour le Congo ?

A l'heure où une marche de 300 km rallie Paris à Bruxelles pour dénoncer les viols de masse commis en République démocratique du Congo (RDC),la création d'un Tribunal pénal international pour le Congo est toujours réclamée par de nombreuses associations congolaises. Comme pour le Rwanda, l'Ex-Yougoslavie ou le Liban, Maître Hamuli Rety, ancien président des avocats de la défense au TPIR demande la création par la communauté internationale d'un Tribunal spécial pour juger les crimes en RDC.

Capture d’écran 2011-07-03 à 22.26.19.pngLe 14 juillet prochain doit arriver à Bruxelles la marche mondiale des Congolaises pour la justice. Partie de Paris le 30 juin, cette marche entend dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes en République démocratique du Congo. Selon les organisateurs, un véritable "féminicide" est actuellement en cours en RDC avec plus de 1.152 viols par jour.

Pour Maître Hamuli Rety, ancien président des avocats de la défense au TPIR d'Arusha, il est temps de trouver une solution judiciaire au drame congolais. Depuis la fin du génocide rwandais en 1994, la population congolaise de RDC (ex-Zaïre) a payé un lourd tribut au cours des multiples conflits qui ont suivis : un "rapport mapping" de l'ONU parle de 6 millions de morts. Même si les chiffres avancés par les Nations-Unies sont sujets à caution et paraissent largement surestimés pour de nombreux experts, il est incontestable que l'Est de la RDC a vécu de nombreux massacres de masse. Des massacres qui se sont transformés au fil du temps en guerre larvée entre différents groupes rebelles : 15 années d'un conflit sans fin qui se poursuit encore en 2011.

Pour de nombreux Congolais, cette tragédie n'a jamais été reconnue à sa juste valeur par la communauté internationale. Le Rwanda a eu son Tribunal pénal international... pas la RDC. Un sentiment d'injustice partagé par Maître Rety, qui  demande au Conseil de sécurité de l'ONU que les responsabilités soient enfin établies en RDC. Comme pour le Rwanda, l'Ex-Yougoslavie ou le Liban, cet avocat congolais qui participe à la marche mondiale des Congolaises, souhaite la création d'un Tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo (RDC). Regardez l'interview qu'il a accordé à Afrikarabia :


Interview dHamuly Rety sur la création dun... par ChristopheRigaud

Christophe RIGAUD

Photo : (c) www.afrikarabia.com

07 juillet 2011

RDC : Les viols pourraient devenir des crimes de guerre

Alors que plus de 400.000 femmes sont violées chaque année en République démocratique du Congo (RDC), l'ONU estime que les viols de masse pourraient constituer des crimes de guerre. Une avancée de taille pour ces milliers de femmes qui pourrait enfin sonner la fin de l'impunité, alors que de nouveaux cas de viols massifs viennent d'être dévoilés à l'Est du pays.

logo afkrb.pngIl n'y a pas un jour sans de nouvelles révélations de viols en République démocratique du Congo (RDC). Les dernières exactions des groupes armés font froid dans le dos. Selon un dernier rapport de l'ONU, près de 400 personnes ont été agressées sexuellement au cours d'attaques lancées par des rebelles rwandais du FDLR en juillet et août 2010 dans la région de Walikale  au Nord-Kivu. Le mois dernier, ce sont près de 170 femmes qui ont été violées par des déserteurs de l'armée régulière congolaise (FARDC) au Sud-Kivu. Ces dernières exactions ont suscité un véritable tollé dans la communauté internationale.

Des attaques d'autant plus insupportables qu'elles ont été "planifiées à l'avance et exécutées de façon systématique, ciblée et semblent avoir été perpétrées pour punir les civils soupçonnés d'être favorables au gouvernement" estime l'ONU. Selon les Nations-Unies, ces viols de masse pourraient désormais constituer "des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre"... une première en droit international.

Le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, regrette que ces actes restent impunis et encouragent ainsi "d'autres méfaits de cette nature". A six mois des prochaines élections présidentielles, la communauté internationale semble prendre la mesure de la tragédie que vit la population congolaise.  Une tragédie qui pourrait fortement compromettre la bonne tenue des élections et les chances pour le président Joseph Kabila d'être réélu à la tête de l'Etat congolais.

Christophe Rigaud

04 juillet 2011

RDC : Le sit-in de l'UDPS dispersé dans la violence

Une manifestation de l'opposition congolaise a été dispersée violemment par la police, à Kinshasa ce lundi matin, devant la Commission électorale indépendante (CENI). Un premier bilan fait état d'un mort et de plusieurs blessés. Un mémorandum sur les irrégularités du processus électoral en cours en République démocratique du Congo (RDC) a tout de même pu être déposé à la CENI.

Capture d’écran 2011-07-05 à 07.39.12.pngLes manifestants de l'UDPS et de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) étaient bien au rendez-vous ce lundi 4 juillet, devant la Commission électorale. Objectifs : dénoncer les irrégularités qui marquent selon eux l'établissement des listes électorales en vue des prochaines élections présidentielles et législatives de novembre 2011. La manifestation a été dispersée avant midi par la police congolaise à l'aide du gaz lacrymogène. Selon des témoins, des coups de feu ont été tirés, un véhicule brûlé et un premier bilan fait état d'un mort et de plusieurs blessés graves. De nombreux manifestants ont également été arrêtés.

Capture d’écran 2011-07-05 à 07.40.00.pngLe secrétaire général de l'UDPS, Jacquemain Shabani, a réussi à pénétrer dans l'enceinte de la CENI pour remettre un mémorandum aux responsables de  la Commission électorale. Un mémo qui dénonce les irrégularités relevées dans les opérations d’enregistrement des électeurs, en cours en RDC : délivrance de cartes d'électeurs à des enfants mineurs,  sous-estimation de l’électorat dans certaines provinces, absence de certains territoires sur le fichier électoral, manque de cartes d'électeur, non-paiement des agents de la CENI, éloignement des bureaux d’enrôlement, en particulier dans les provinces « favorables » à l’opposition… Selon l'UDPS, ces irrégularités sont de nature à perturber la bonne tenue élections prévues le 28 novembre 2011.

Pour l'UDPS et la DTP, "ce sit-in sera répété tous les lundis, tant que la CENI ne répondra pas favorablement aux points précis qui lui seront demandés par mémo".

Christophe Rigaud

Images extraites d'une vidéo de Congo Mikili

03 juillet 2011

RDC : David Douillet inaugure la nouvelle ambassade de France à Kinshasa

Capture d’écran 2011-07-03 à 16.55.45.pngLe tout nouveau secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger, l'ancien judoka David Douillet, sera en République démocratique du Congo (RDC) les 3 et 4 juillet prochains. Au menu de cette visite : inauguration de la nouvelle ambassade de France à Kinshasa, entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba et rencontre avec les représentants de la communauté française qui compte plus de 2000 ressortissants.

Selon le Quai d'Orsay, David Douillet "aura des contacts avec les acteurs de la vie économique du pays et échangera avec les élèves ainsi que les parents d’élèves du Lycée Français René Descartes (plus de 700 élèves). Pays francophone de première importance, la RDC accueille la 37ème session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie".