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28 février 2010

RDC : Kongotimes ressuscite André-Philippe Futa !

Si c'est une blague, elle est de bien mauvais goût. Un article du site Kongotimes donne la parole à André-Philippe Futa, présenté comme ancien ministre de l'économie de République démocratique du Congo (RDC). André-Philippe Futa est interrogé sur la composition du nouveau gouvernement d'Adolphe Muzito, il y a quelques semaines. Seul problème : André-Philippe Futa est décédé d'une crise cardiaque le 1er octobre 2009, il y a plus de 5 mois !

Andre Philippe Futa.pngL'interview est sans conteste un canulard qui permet à Kongotimes de critiquer la composition du nouveau gouvernement voulu par Joseph Kabila... mais l'exercices est pour le moins "limite", ne serait-ce qu'en pensant à la famille de l'ancien ministre de l'Economie. Voici d'ailleurs un extrait de cette "interview" :

Quelle lecture faites-vous du remaniement du Gouvernement opéré par le président Kabila?

Je pense que le Raïs, comme vous l’appelez affectueusement, a raté le coche. Car, politiquement parlant, lorsque plus de sept mois s’écoule entre l’annonce d’un remaniement et son effectivité, on doit, logiquement, opérer un remaniement de fond en comble, si on ne change pas de Premier ministre, pour ne pas dire tout le Gouvernement. Or, non seulement que pour un remaniement, ce ne fut qu’un simple réaménagement technique, mais en plus, cela s’est limité à quelques ministres considérés parfois comme des menus fretins. Pour moi cela a été un non événement.

Car, l’événement aurait été le remplacement de tous les chefs des partis politiques, qu’ils se consacrent à la préparation de prochaines échéances électorales. De la sorte, ce sont des gens rompus en la matière qui devraient les remplacer au Gouvernement, au lieu de prendre ceux qui doivent encore, pendant trois mois environ, apprendre à maîtriser les dossiers d’Etat. Le cas, par exemple, de Gilbert Tshiongo Tshibinkubula wa Ntumba prouve qu’il était possible de remercier les chefs des partis pour les remplacer par des «vertébrés».

Vous en parlez si bien comme si vous n’aviez pas été chef de parti politique et ministre vous-même?

Vous avez raison, mais de là où je suis, la lecture n’est plus la même. Sur terre, on a besoin de la richesse pour jouir de la vie. Ce qui n’est pas le cas ici où on a une autre vision et où l’on regrette certaines erreurs commises sur terre. Donc, il ne faut pas attendre de moi aujourd’hui que je débite un discours politicien qui ne va d’ailleurs pas me servir. En un mot, ce n’est plus le même Philippe Futa et c’est pourquoi je ne suis plus du monde pour en garder les habitudes. Une fois dans l’au-delà, on a un regard porté sur ce qu’on aurait pu éviter pour réaliser un bon parcours sur terre. Je peux me permettre de vous rappeler que j’ai pleinement vécu sur terre et ce ne sont pas des richesses qui me manquaient. Mais, actuellement, c’est à peu près le regard d’un sage qui se voit dans l’obligation d’aider les autres, qui ne connaissent pas ce qui survient après la mort, à vivre honnêtement sur terre et à ne pas nuire inutilement aux autres qui ont aussi droit à la vie sur terre.

Lire la suite sur Kongotimes.

Photo : AP Futa en 2005 (c) afrikarabia.com

RDC : Kabarebe devrait s'expliquer sur l'arrestation de Laurent Nkunda

Selon les avocats de la famille de l'ex rebelle congolais, Laurent Nkunda, le général James Kabarebe, Chef d’Etat-major Général des Forces de Défense du Rwanda (RDF) doit comparaître devant la Cour Suprême du Rwanda lundi 1er mars 2010. Il doit répondre de la détention illégale de Laurent Nkunda, l'ancien leader du CNDP en République démocratique du Congo (RDC).

Afrikarabia logo.pngDans une requête du 30 Novembre 2009 au greffe de la plus haute juridiction du Rwanda, les avocats du général Nkunda avaient cité le général James Kabarebe comme auteur principal de la détention illégale de leur client. Dans un communiqué, les avocats de Laurent Nkunda indiquent "qu' au cours de la première audience convoquée par la Cour Suprême du Rwanda dans ce dossier le 13 janvier dernier, Madame la Présidente de cette haute juridiction avait accédé à la requête écrite du Général James KABAREBE sollicitant une remise d’audience au motif que les obligations de service empêcheraient sa disponibilité avant la date du 26 février 2010".

Une nouvelle audience a donc été convoquée lundi 1er mars 2010 au cours de laquelle, James Kabarebe devra se présenter accompagné de Laurent Nkunda.rapellons que Laurent Nkunda est détenu au Rwanda depuis le 22 janvier 2009. 400 jours d'emprisonnement, sans qu'on lui ai signifié les motifs de son arrestation, ni présenté devant une juridiction pour être entendu.

 

27 février 2010

Nicolas Sarkozy au Rwanda espère reprendre pied en Afrique centrale

La visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda vient mettre un terme à une brouille diplomatique qui empoisonnait les relations entre Paris et Kigali depuis le génocide de 1994. Le président français a reconnu des "erreurs" mais sans excuse. Des efforts qui s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de la France pour assurer sa présence dans la région des Grands Lacs. Le journaliste et écrivain Jean-François Dupaquier était à Kigali dans les pas de Nicolas Sarkozy... décryptage.

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« Ce qu'il s'est passé au Rwanda dans les années 1990 est une défaite pour l'humanité tout entière. Je l’ai constaté encore au Mémorial où tout est raconté de façon pudique et digne. Ce qu'il s'est passé ici a laissé une trace indélébile. (...) Ce qu'il s'est passé ici oblige la communauté internationale, dont la France, à réfléchir à ses erreurs qui l'ont empêchée de prévenir et d'arrêter ce crime épouvantable", a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 25 février, lors d'une conférence de presse commune avec le président du Rwanda, Paul Kagamé, à Kigali.
« Nous savons que pour le président Paul Kagame cette rencontre est un geste fort et qu’au Rwanda, ça pose question. Pour nous, venir ici est un geste fort qui fait débat aussi dans notre pays. Mais le devoir des chefs d’Etat, c’est de voir plus loin, pour organiser l’avenir », a poursuivi Nicolas Sarkozy devant quelque soixante-dix journalistes et techniciens des médias, dont une bonne moitié de Rwandais.`

Auparavant, Nicolas Sarkozy s’était rendu au Mémorial du génocide à Kigali, à la fois un cimetière où sont déposés les restes de 240 000 victimes du génocide, et un musée  qui retrace l’histoire du Rwanda. Ce lieu très didactique expose la dérive du Rwanda sous mandat belge avec la mise en place de cartes d’identité ethniques dans les années 1930, qui allait aboutir à faire des deux communautés des entités politiques dressées à la méfiance et à l’incompréhension. Le rôle de la France de François Mitterrand et de son soutien militaire aveugle au régime de l’ancien président Juvénal Habyarimana, est souligné. Lorsque le guide du musée a évoqué "la responsabilité des Français", Nicolas Sarkozy est resté muet. Il s’est contenté de signer sur le livre d’or une formule compassionnelle plutôt convenue : « Au nom du peuple français, je m'incline devant les victimes du génocide des Tutsis en 1994 ».

Les Rwandais et leurs autorités attendent toujours un geste de repentance de la France officielle, à l’image des excuses présentées par la Belgique, par l’ONU et les Etats-Unis pour leur manque de réaction durant la tragédie de 1994 où quelque 800 000 Tutsi allaient être exterminés en cent jours. A une question posée par un journaliste sur ce geste, Nicolas Sarkozy a répondu « on en a parlé très franchement avec le président Kagame » qui « essaye d’amener toute la société rwandaise vers l’avenir, vers la réconciliation », mais que tout s’effectue « étape par étape, car chaque pays a son histoire ». Il n’a pas davantage commenté sa répugnance bien connue à toute « repentance historique ».

Le président américain Bill Clinton avait pour sa part déclaré en 1998 : "Nous n'avons pas agi assez vite après le début des massacres. Nous n'aurions pas du permettre que les camps de réfugiés deviennent des sanctuaires pour les tueurs. Nous n'avons pas immédiatement appelé ces crimes par leur nom correct : un génocide".


« Je ne suis pas ici pour faire un exercice de vocabulaire, mais pour réconcilier des nations, pour tourner une page », a ajouté le chef de l’Etat français. Il a annoncé que le Centre culturel français de Kigali, fermé depuis la rupture des relations diplomatiques en novembre 2006 rouvrirait ses portes au premier semestre de cette année, que l’école française Saint-Exupéry rouvrirait pour la rentrée scolaire 2010 et que l’antenne de RFI « reprendra ses émissions cette année après trois années d’interruption ». Il a ajouté : « C’est symbolique mais ça ne se limite pas à ça »

Interrogé sur l’enquête de l’ancien juge « antiterroriste » Jean-Louis Bruguière qui avait émis en novembre 2006 neuf mandats d’arrêt internationaux contre de hauts dignitaires du régime rwandais soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’attentat  contre l’avions du président Habyarimana le 6 avril 1994 (attentat qui devait servir de prétexte au déclenchement du génocide), Nicolas Sarkozy s’est borné à répondre que « comme l’a bien compris le président Kagame, en France la justice est indépendante. Même si j’ai mon avis sur la question, je respecte l’indépendance des juges et je n’en dirai pas plus » (Selon certaines indiscrétions, il aurait déclaré en aparté au président rwandais qu’il était en désaccord avec cette instruction).

Le président français a cependant ajouté qu’il voulait que les responsables du génocide soient retrouvés et punis où qu’ils se trouvent dans le monde. Concernant les suspects résidant en France, « c’est à la justice de dire leur responsabilité ». Il a ajouté que les autorités françaises venaient de refuser l’asile politique à « une des personnes concernées » (il s’agit vraisemblablement d’ Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président, donc le conseil d’Etat a confirmé récemment le refus d’asile politique, et qui est soupçonnée d’avoir joué un rôle important dans le génocide et aussi dans l’attentat qui a coûté la vie à son mari).

Enfin le président français a souhaité que, sur le génocide, les historiens fassent leur travail car lui même « n’est pas historien ».

Selon Colette Braeckman, l’une des meilleurs spécialistes du Rwanda, « Les blessures du génocide n’ont pas été cicatrisées par cette visite éclair, mais tel n’était pas le but de l’opération. Ce qui a prévalu, c’est le réalisme de la raison d’Etat, le fait que les deux pays aient décidé au plus haut niveau, que le temps de la guérilla, judiciaire, diplomatique, médiatique, était révolu et qu’il fallait désormais céder le pas à la justice, à l’aide au développement, aux échanges culturels…Même si elle n’est pas suffisante, cette étape est nécessaire à la guérison des esprits, car le négationnisme, dont la France fut souvent la chambre d’écho, ne cessait d’aviver les rancoeurs et les souffrances des uns, les espoirs de revanche des autres. Une page est tournée, un peu vite certes, mais elle représente un désaveu pour le clan des menteurs et un gage de paix pour toute la région des Grands Lacs… »

Une importante question était pendante entre les deux chefs d’Etat depuis que le Rwanda a été rattaché à sa demande au Commonwealth. Paul Kagame était invité à Nice pour le sommet entre l’Afrique et la France. Dans un geste de bonne volonté, le président rwandais venait d’annoncer à Nicolas Sarkozy qu’il  viendrait à Nice en juin prochain. « Ca n’efface pas toutes les douleurs, les erreurs, les difficultés, mais nous permet d’envisager l’avenir », a commenté le président français.

Interrogé enfin sur le développement, de l’anglais au Rwanda, Nicolas Sarkozy a expliqué que c’était bien normal pour un  pays au carrefour des mondes anglophone et francophone. Il a ironisé sur ceux qui voudraient que Paris s’oppose à Londres  en Afrique alors que les deux pays coopèrent quotidiennement dans l’Union européenne (une allusion transparente au « complexe de Fachoda » qui hantait François Mitterrand et avait conduit à l’intervention militaire française au Rwanda). Il a ajouté : « Regardez l’Afrique aujourd’hui : il n’y a plus de pré carré français et c’est très bien ainsi ».

Mais pratiquement rien n’a transpiré des propos échangés au cours du long déjeuner qui a précédé la conférence de presse en compagnie de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, et de son amie et homologue rwandaise Louise Mushikiwabo. On sait que Kigali est profondément agacé de l’impunité dont bénéficient en France les responsables des FDLR qui ont mis en coupe réglée le Nord Kivu, et que de son côté Paris compte sur Kigali pour reprendre pied dans cette partie du Congo aux immenses richesses minières.  Nicolas Sarkozy a seulement indiqué qu’il se félicitait des bonnes relations qui prévalent aujourd’hui entre le président Kabila à Kinshasa et le président Paul Kagame au Rwanda, « puisqu’ils se sont encore téléphoné la veille ».

A l’évidence, la diplomatie française s’affaire pour contribuer à améliorer les relations entre la République démocratique du Congo et la République du Rwanda, et entend en tirer des dividendes politiques, économiques et culturels.

A Kigali,

Jean-François DUPAQUIER

RDC : RFI toujours censurée !

Accusée de "démoraliser" (sic) l'armée congolaise, Kinshasa maintient l'interdiction d'émettre de Radio France Internationale (RFI)... une suspension en vigueur depuis juillet 2009, qui prive les congolais d'un média important en Afrique. Un silence radio qui commence à devenir assourdissant.

Image 1.pngSelon le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC), le signal de RFI a été coupé pour avoir participé à "une campagne de démoralisation des Forces armées de la République démocratique du congo (FARDC) qui protège le pays". Pour Lambert Mende, le ministre congolais de la communication, RFI "interfère dans les opérations militaires de la RDC. Je ne suis pas d'accord qu'on puisse démoraliser notre armée. Je ne suis pas d'accord qu'on puisse émasculer militairement notre pays".
Une pétition circule actuellement en RDC. A l'initiative de Journaliste en danger (JED) et intitulée "Libérez l'info, ouvrez RFI", cette pétition indique que priver le public d'accès à un média comme RFI constitue une grave violation de la Constitution.

www.afrikarabia.com s'associe à cette pétition qui vous pouvez signer sur : www.jed-afrique.org

Christophe Rigaud

25 février 2010

Sarkozy à Kigali, inquiétudes à Kinshasa

En RDC, la réconciliation annoncée entre la France et le Rwanda soulève de nombreuses interrogations. Les congolais se souviennent de la "nouvelle approche de paix" lancée par le président français en janvier 2009. Nicolas Sarokzy avait suggéré le "partage en commun de l’espace et des richesses minières" entre les deux voisins... une "balkanisation" qui redoute de nombreux congolais.

logo afkrb.pngSera-t-il question de la République démocratique du Congo (RDC) au cours de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Paul Kagame, le président du Rwanda ? Sans aucun doute. Le "plan Sarkozy", dénoncé en RDC, prévoyait un partage des richesses minières, dont regorge l'immense congo avec le "petit" Rwanda. Nicolas Sarkozy souhaitait ni plus ni moins mettre en place un "marché commun" pour favoriser les échanges économiques. Il n'en fallait pas plus pour les congolais d'y voir une "OPA" rawandaise sur le riche Kivu.

En visite officielle à Kinshasa, Nicolas Sarkozy s’était défendu de disposer d’un "plan". Selon lui, ses propos ont été "mal interprétés", et il avait réaffirmé son attachement à "l’intangibilité des frontières" de la République démocratique du Congo (RDC). "La première vérité, c’est que la souveraineté du Congo est inaliénable et la France sera toujours à vos côtés pour le respect de cette souveraineté", avait déclaré le président français à Kinshasa.

Pour rassurer tout le monde, l’ambassadeur de France en RDC, avait martelé que la "coopération régionale est un facteur de paix" et que "la balkanisation de la RDC n’a jamais été à l’ordre du jour en France". Quel discours tiendra Nicolas Sarkozy à Paul Kagame ?

Christophe Rigaud

23 février 2010

RDC : Le CNDP, grand absent du remaniement

Le CNDP devra encore patienter un peu pour être intégré au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC). L'ancienne rébellion ne compte aucun de ses membres dans le nouveau gouvernement Muzito II. Une absence que regrette le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), que dirigeait le dissident Laurent Nkunda.

images.jpgLe secrétaire général du CNDP, Kambatshu Ngeve, a expliqué que son parti n’a pas été consulté par le Premier ministre Adolphe Muzito, qui avait pourtant la charge de le contacter. "C’est une violation délibérée de l’accord de paix de Goma par le gouvernement de la RDC. Le gouvernement congolais est champion dans les violations des accords , c’est pour cela qu’ il y a des problèmes à l’Est de la RDC"  a-t-il déclaré à la presse.

Après des concertations à Goma, le 23 mars 2009, les membres du CNDP avaient fait le déplacement de Kinshasa sous la conduite de Désiré Kamanzi, président actuel du mouvement. Les pourparlers entre le CNDP et le gouvernement avaient porté principalement sur l’intégration de leurs hommes dans l’armée régulière, la reconnaissance de leurs grades, le changement du mouvement armé en parti politique ainsi que la participation de son mouvement au pouvoir

Pourtant, selon le gouvernement congolais, le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), "verra son intégration politique se matérialiser au cours du processus déjà enclenché", selon Lambert Mende. Pour le porte-parole du gouvernement, celui-ci "respectera ses engagements pris lors de ses accords signés avec les ex-groupes armés, dont le CNDP". Des propos appaisants qui ne parviennent pas à masquer la colère du mouvement rebelle.

Christophe Rigaud

20 février 2010

RDC : Un nouveau gouvernement resserré

Le gouvernement Muzito II est arrivé. Après de longues tergiversations, le remaniement ministériel propose une équipe resserrée autour d'Adolphe Muzito : 43 membres, contre 54 pour le précédent gouvernement.

Drapeau RDC 2.jpg3 vice-premiers ministres, 34 ministres et 7 vice-ministres, voici la composition du gouvernement Muzito II. 23 postes ont été reconduits dont un vice-Premier ministre, 15 ministres et 3 vice-ministres tandis que 20 ministres font leur entrée au gouvernement. A noter l'arrivée de Gilbert Tshiongo à l’ ’Énergie. Quatre ministères ont également fusionné, alors que huit postes de vice-ministres sont supprimés.

A la Présidence, Joseph Kabila a également nommé son nouveau Directeur de cabinet, Gustave Beyasi, et désigné Pierre Lumbi Okongo, comme Conseiller spécial en matière de sécurité. Voici la composition complète de ce nouveau gouvernement :

I. Trois Vice-Premier ministres

1. Chargé de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale : François Joseph Nzanga Mobutu Banyawe

2. Intérieur et Sécurité : Adolphe Lumanu Mulenda Bwana Sefu

3. PTT : Simon Bulupi Galati

II. Ministres

1. Affaires étrangères : Alexis Tambwe Mwamba

2. Coopération internationale et régionale : Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo

3. Défense et Anciens Combattants : Charles Mwando Nsimba

4. Justice et Droits humains : Luzolo Bambi

5. Décentralisation et Aménagement du territoire : Antipas Mbusa Nyamwisi

6. Relations avec le Parlement : Richard Muyez Mangez

7. Communication et Médias : Lambert Mende Omalanga

8. Finance s : Matata Mponyo Mapon

9. Budget : Jean-Baptiste Ntawa Derwa

10. Plan : Olivier Kamitatu Etsu

11. Portefeuille : Jeanine Mabunda Lioko

12. Économie nationale : Jean-Marie Bulambo Kiloso

13. Infrastructures et TPR : Fridolin Kaswesi Kusoka

14. Énergie : Gilbert Tshiongo Tshibinkubula wa Ntumba

15. Mines : Martin Kabwelulu Labilu

16. Hydrocarbures : Célestin Mbuyu Kabangu

17. Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme : José Endundo Bononge

18. Transport et Voies de communication : Laure Marie-Louise Kabwanda Kayende

19. Santé publique : Victor Makwenge Kaputu

20. Enseignement supérieur et universitaire : Léonard Mashako Mamba

21. Enseignement primaire et secondaire : Maker Mwangu Fwamba

22. Agriculture, Pêche et Élevage : Norbert Basengezi Katitima

23. Développement rural : Philippe Undji Yangia

24. Industrie : Anicet Kuzunda Mutangisha

25. Commerce et PME : Bernard Biando Sambu

26. Genre, Famille et Enfant : Marie-Ange Lukiana Mufwankolo

27. Affaires foncières : Maj Kisimba Ngoy

28. Urbanisme et Habitat : César Lubamba Ngimbi

29. Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité nationale : Ferdinand Kambere Kalubi

30. Fonction Publique : Dieudonné Upira Sunguma

31. Recherche scientifique : Jean-Pierre Bokole Ompaka

32. Culture et Arts : Mme Jeannette Kavira Mapera

33. Jeunesse et Sports : Claude Bazibure Nyabugabu

III. Vice - ministres

1. Intérieur : Georges Zuka Mondo Ugando Lemba

2. Affaires étrangères : Ignace Gata Mavita

3. Finances : Joas Mbitsho Getsha

4. Budget : André Tshikay Luboya

5. Commerce : Mme Xaverine Karonga Mitshimikuji

6. Travaux Publics : Gervais Ntirumenyerwa Kimonyo

7. Enseignement professionnel : Arthur Setoria

18 février 2010

RDC : Un pays où il ne fait pas bon défendre les Droits de l'homme

Les défenseurs des droits humains sont toujours ménacés en République démocratique du Congo (RDC). Amnesty International a appelé le gouvernement congolais à protéger les défenseurs des droits de l'homme, "qui continuent d’être appréhendés de manière arbitraire par les organes chargés de la sécurité nationale et de recevoir un nombre alarmant de menaces de mort". Un rapport accablant vient d'être publié par Amnesty International.

Image 1.pngDans son rapport "Les défenseurs des droits humains attaqués en République démocratique du Congo", Amnesty International rend compte des persécutions subies par huit défenseurs des droits humains influents en RDC, un harcèlement que l’organisation craint de voir s’accentuer durant la période précédant les élections présidentielles et générales de 2011.

« Le gouvernement de la RDC doit garantir le droit à la liberté d’expression et agir pour que les défenseurs des droits humains congolais soient protégés contre les menaces, les arrestations arbitraires et les agressions, a déclaré Andrew Philip, responsable des recherches sur la RDC à Amnesty International. Nombre de militants des droits humains sont détenus uniquement parce qu’ils s’expriment en faveur d’autres personnes. »

Golden Misabiko, le président de la section katangaise d’une organisation congolaise de défense des droits humains, a été arrêté par l’Agence nationale de renseignements (ANR) en juillet 2009, après la publication par son organisation d’un rapport faisant état de l’implication de membres des forces de sécurité dans des activités illicites d’extraction d’uranium fortement radioactif et d’autres minerais dans la mine de Shinkolobwe (province du Katanga).

Après être resté en détention pendant près d’un mois, il a été condamné à un an d’emprisonnement dont huit mois avec sursis pour « propagation de faux bruits », une condamnation que ses avocats tentent de faire annuler. Golden Misabiko a souffert de vives douleurs à l’estomac, de vomissements persistants et a subi un traumatisme psychologique à cause des conditions de détention exécrables, et il a dû payer les gardiens pour dormir dehors sur un morceau de carton et ne pas avoir à passer la nuit dans une cellule surpeuplée et crasseuse.

Porte-parole local et président d’une ONG de défense des droits humains à Kinshasa, Robert Ilunga Numbi a été interpellé par l’ANR et détenu au secret pendant neuf jours, en septembre 2009, après la diffusion par son organisation d’un communiqué de presse dénonçant les conditions de travail difficiles dans une entreprise de concassage de gravier à Kasangulu, dans la province du Bas-Congo.

En RDC, l’Agence nationale de renseignements, en particulier, procède fréquemment à l’arrestation et au placement en détention de défenseurs des droits humains, ainsi qu’à des manœuvres d’intimidation à leur encontre. Amnesty International reçoit régulièrement des informations faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés dans les centres de détention de l’ANR.

« Les défenseurs des droits humains présents en RDC jouent un rôle essentiel pour attirer l’attention sur les violations des droits fondamentaux, mais l’aggravation du harcèlement rend plus difficile pour eux l’accomplissement de cette importante mission », a dit Andrew Philip.

Les figures de proue de quatre organisations de défense des droits humains situées à Lubumbashi, dans le sud-est du pays (province du Katanga), reçoivent des SMS anonymes de plus en plus menaçants depuis qu’ils ont mené, mi-septembre 2009, une campagne locale de soutien à Golden Misabiko, qui était alors en détention.

« Je ne sais pas combien de temps encore je pourrai supporter le stress et la souffrance psychique que suscitent ces menaces. Pourtant, chaque jour, je résiste à la tentation de revenir tout simplement à une vie normale, auprès de ma famille – car je refuse qu’on me contraigne à arrêter mes activités par des actes d’intimidation », a confié un défenseur des droits humains à Amnesty International.

Grégoire Mulamba, l’un des quatre chefs de file qui ont milité en faveur de Golden Misabiko, a été enlevé le 18 octobre 2009 alors qu’il rentrait chez lui après le travail. Le taxi collectif qui était censé le ramener s’est soudain écarté de son trajet habituel ; quand Grégoire Mulamba a objecté, l’un des passagers lui a enfoncé un revolver dans les côtes et lui a bandé les yeux. Lorsque le véhicule s’est immobilisé, 20 minutes plus tard, Grégoire Mulamba a cru qu’on allait le tuer. Au lieu de cela, il a été abandonné dans un cimetière, à la périphérie de Lubumbashi.

Craignant pour leur vie, les trois autres responsables de la campagne, Timothée Mbuya, Emmanuel Umpula et Dominique Munongo, ont fui Lubumbashi fin septembre 2009. Ils y sont tous les trois revenus en octobre afin de poursuivre leur action en faveur des droits humains, malgré un flot de plus en plus soutenu de menaces de mort.

Des défenseurs des droits humains congolais ont révélé à Amnesty International que le harcèlement et les arrestations dont ils sont victimes ont fortement augmenté tout au long de 2009, ce que les observateurs des Nations unies présents dans le pays ont également signalé.

Un certain nombre d’États se sont dits préoccupés face à la situation des défenseurs des droits humains en RDC et ont fait des recommandations à ce pays lors de son examen périodique universel, qui a eu lieu à Genève, en décembre 2009, sous l’égide des Nations unies. L’examen périodique universel est l’occasion, pour le Conseil des droits de l’homme, de passer en revue le bilan de chacun des États membres en matière de droits humains. Chaque pays est contrôlé tous les quatre ans afin de veiller à ce que tous respectent l’ensemble des obligations qui leur incombent dans le domaine des droits humains. La RDC a, depuis, fait savoir qu’elle est d’accord avec les recommandations émises lors de l’examen périodique universel, qui l’invitent à « prendre des mesures supplémentaires pour la protection des droits des défenseurs des droits humains […] », à « veiller à ce que les infractions et les atteintes commises à l’encontre de journalistes et de défenseurs des droits humains fassent l’objet d’enquêtes efficaces et de poursuites » et à « adopter un cadre juridique efficace pour la protection des militants des droits humains conformément à la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme ». Amnesty International exhorte le gouvernement à mettre rapidement ces changements en œuvre, aussi bien en droit qu’en pratique.

17 février 2010

RDC : Muzito remanie à minima

Discret remaniement ministériel en vue en République démocratique du Congo (RDC). Les postes vacants seront remplacés, le CNDP devrait faire son entrée au gouvernement... mais le Premier ministre Adolphe Muzito, sur un siège éjectable depuis plusieurs mois, devrait rester en poste.

Image 1.pngOn nous annonçait de grands boulversements... ce devrait être un petit remaniement. Adolphe Muzito doit, contre toute attente, sauver sa tête et les quelques ministres partants seraient réquisitionnés pour préparer les élections de 2011 dans le camp présidentiel. Quelques noms circule déjà à Kinshasa. On parle notamment de Matungulu aux finances publiques. Les ministères vacants seront pourvus de nouvelles têtes pour remplacer Adolphe Lumanu, Joseph Lisikita, André-Philippe Futa et Barthélémy Botswali. Il y aura également l'indroduction dans le nouveau gouvernement  de membres  du CNDP... mais le remaniement devrait s'arrêter là.

A Kinshasa, on pense que "les ministres qui quitteront le gouvernement auront mission d'aller redynamiser leurs partis respectifs dans le cadre de l'AMP en prévision des échéances électorales de 2011" selon La République.

S'il est reconduit dans ses fonctions, c'est donc une lourde charge qui attend Adolphe Muzito. Au programme : réduction de la dette extérieure, "booster" les 5 chantiers, stabiliser la situation sécuritaire à l'Est... et surtout... préparer la campagne électorale de son patron, Joseph Kabila.

Christophe Rigaud

16 février 2010

RDC : Ces téléphones portables qui financent la guerre

Depuis plusieurs années, l'ONG britannique Global Witness dénonce l'exploitation des métaux contenus dans les téléphones mobiles et les ordinateurs pour financer le conflit en République démocratique du Congo (RDC). Global Witness veut une nouvelle fois tirer la sonnette d'alarme lors du Congrès mondial de la téléphonie mondiale qui se tient à Barcelone.

DSC03944 copie.jpgMalgré toute une série de rapports publiés par les Nations Unies sur les liens entre les minerais et la guerre en RDC, les entreprises qui réalisent des bénéfices colossaux grâce à la vente de téléphones mobiles et d'autres appareils électroniques ne font " pratiquement rien pour s'assurer que les composants de leurs produits ne proviennent pas de régions contrôlées par des groupes armés " assure Global Witness.

" Il est grand temps que les entreprises du secteur de l'électronique démontrent qu'elles prennent au sérieux l'élimination des minerais du conflit de leurs chaînes d'approvisionnement ", a déclaré Daniel Balint-Kurti, le chargé de campagne pour Global Witness. " Cela signifie qu'il leur faut exiger des fournisseurs qui s'approvisionnent en minerais de RDC qu'ils déclarent exactement de quelle mine proviennent ces minerais, et effectuer des contrôles ponctuels et des audits afin d'appuyer ces déclarations. Si les entreprises ne peuvent s'assurer que leurs minerais ne participent pas au financement du conflit, elles ne devraient pas en acheter ".

Les principaux belligérants du conflit dans l'Est du Congo (RDC) - y compris la milice des FDLR, liée au Rwanda, et l'armée gouvernementale - contrôlent une large part du commerce lucratif de minerais servant à produire de l'étain, du tantale et du tungstène, ainsi que du commerce de l'or. Ces groupes commettent d'atroces atteintes contre la population civile, y compris des meurtres de masse, des viols, des actes de torture et un recrutement forcé.

Toujours selon Global Witness, " des sociétés internationales de transformation achètent des minerais à des comptoirs congolais, lesquels se procurent ces minerais dans des zones détenues par des groupes armés et des unités militaires. Les entreprises du secteur de l'électronique pourraient contribuer à éliminer cette pratique en exigeant des sociétés de transformation qu'elles prouvent que leurs produits ne participent pas au financement du conflit, faute de quoi la vente n'aura pas lieu. Cependant, peu de ces entreprises, pour ne pas dire aucune, n'a pris de telles mesures. Certaines affirment que leurs chaînes d'approvisionnement sont tout simplement trop complexes pour pouvoir être suivies de si près, mais les travaux de recherche menés par des ONG (organisations non gouvernementales) et des enquêteurs des Nations Unies indiquent que cet argument n'est pas valable ".

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a récemment adopté une résolution qui prépare le terrain en vue de l'imposition d'un gel des avoirs et d'une interdiction de déplacement envers les entreprises qui soutiennent des groupes armés dans l'est du Congo grâce au commerce illicite de minerais. Étant donné la réticence des entreprises internationales à assumer leurs responsabilités, Global Witness demande instamment au Conseil de sécurité de commencer à imposer ces sanctions ciblées à toutes celles qui n'auront pas mis de l'ordre dans leurs pratiques.

Pour Global Witness, " les marques de l'électronique et d'autres entreprises qui emploient des minerais du conflit se retrouve en face d'une alternative claire: démontrer leur leadership ou se retrouver confrontées à l'indignation du public. "

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15 février 2010

RDC : Clément Kanku, le nouvel homme fort de Jean-Pierre Bemba

Exit François Mwamba ? Jean-Pierre Bemba tente de reprendre la main sur son mouvement et impose une nouvelle tête : Clément Kanku. Bemba prépare déjà sa plateforme électorale et relance l'Union pour la Nation (UN). Le secrétaire général du MLC se retrouve ainsi dépossédé de toute autorité sur le parti de Jean-Pierre Bemba. Clément Kanku prend donc la tête de l'UN, avec pour mission de remettre de l'ordre chez les pro-Bemba... au cas où le "chairman" serait de retour pour la Présidentielle de 2011.

Image 1.pngSelon la presse locale, à Kinshasa, l’opposition est au bord du naufrage et la rupture serait comsommée entre le patron du MLC, Jean-Pierre Bemba (détenu à La Haye pour crimes de guerre) et François Mwamba, le secrétaire général du mouvement, resté à Kinshasa. Mwamba est accusé de ne pas avoir su tenir le MLC en l'absence du chef... et la déroute électorale en Equateur a fini par lui faire perdre le peu d'autorité qui lui restait.

Depuis sa prison de la Cour pénale internationale (CPI), Jean-Pierre Bemba essaie d'abord veinement de remettre de l'ordre au sein du MLC. Plusieurs réunions sont organisées à La Haye avec les caciques du parti... mais rien n'y fait. C'est alors qu'une solution apparaît en dehors du MLC. Jean-Pierre Bemba choisit de faire renaître l'Union pour la Nation (UN), sa machine de guerre électorale et place à sa tête un homme neuf : Clément Kanku. Objectif : réactiver les troupes bembiste... messe de suffrage, marche pacifique et meeting sont déjà programmés à Kinshasa. La campagne électorale est donc bel et bien commencée dans le camp Bemba. Reste à savoir si l'ancien vice-président congolais serait libre pour le scrutin... avec la CPI, rien n'est moins sûr.

Christophe Rigaud

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13 février 2010

RDC : Dongo attend toujours le retour au calme

Le calme reste précaire à Dongo, dans la province de l’Equateur, dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Toute la région a été le théâtre de violences intercommunautaires d’octobre à décembre 2009. Les écoles sont toujours fermées et de nombreux parents et enfants restent cachés dans la forêt et refusent de rentrer dans leur village. La population craint toujours la présence des milices qui seraient "toujours dans la nature", selon le ministre de l'Education de la province.

carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgD'après le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les affrontements entre les groupes des Lobala et des Boba ont fait plus de 200 morts et provoqué la fuite de 150 000 personnes (dont 60 % sont des enfants) vers la République du Congo voisine.

Selon l'agence de presse IRIN, la situation scolaire est particulièrement préoccupante. La zone touchée par le déplacement compte 904 écoles primaires et 200 110 enfants inscrits. Les écoles de Dongo sont fermées depuis novembre, et depuis décembre dans d’autres endroits. "Il y a 132 écoles à Dongo et dans les alentours. Une dizaine d’entre elles ont été détruites ou brûlées, mais la plupart sont dans un état avancé de délabrement, ayant été bâties durant l’époque coloniale belge. Les autres ont été construites avec de la paille par les villageois", a déclaré à IRIN Raphaël Sanduku, directeur de l’Education dans la province de l’Equateur. En plus de la destruction des écoles, le matériel pédagogique a été volé et les tables emmenées à Dongo et Boyazala pour en faire du feu de bois.

Pour faire face, des ONG et la MONUC prévoient de mettre en place durant les six prochains mois "des écoles temporaires dans les zones où se sont installées les personnes déplacées, pour au moins 24 600 enfants, soit 41% des enfants déplacés".

Sur le plan sécuritaire, peu d'informations fiables proviennent de l'Equateur. Pour le gouvernement de Kinshasa, la situation est redevenue "stable", alors que la rébellion des "Patriotes résistants" continue de revendiquer des victoires militaires sur le terrain. Une chose est sûre, la population reste très prudente... et le retour des réfugiés dans les villages se fait au "compte goutte", signe du calme précaire qui règne en Equateur.

Christophe Rigaud

RDC : Kouchner rencontre Thambwe Mwamba

Le 15 février, le Ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner rencontrera son homologue de République démocratique du Congo (RDC), Alexis Thambwe Mwamba. Cette visite fait suite à celle de Bernard Kouchner à Kinshasa, le 8 janvier dernier.

Afrikarabia logo.pngAu menu de cette rencontre, les relations bilatérales entre la France et la RDC, le point sur la situation dans la région des Grands Lacs et enfin, la délicate question de l'action de la MONUC en RDC. On ne doute pas que le ministre congolais en profitera pour plaider pour un retrait rapide des casques bleus de sa pays... Le Président Kabila souhaite en effet être fixé sur le départ de la MONUC avant les grandes festivités du 50ème anniversaire de l'indépendance de la RDC.

Christophe Rigaud

RDC : Le Katanga au bord de la crise de nerf

Depuis plusieurs semaines, le Sud du Katanga est sous tension. Des députés signataires d'une motion de défiance contre le questeur et deux ministres provinciaux suspectés de détournement, ont été passé à tabac, provoquant la fermeture de l'Assemblée provinciale. La gestion du président de l’Assemblée, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, est vivement contestée. Même si les principaux belligérants jouent l'appaisement à Lubumbashi, un fossé semble s'être creusé entre le Sud et le Nord du Katanga.

DSC02265 copie.jpgLes antagonismes entre le Sud et le Nord remontent à l’indépendance du pays. Le Sud, plus riche que le Nord grâce à la manne minière, prône un redécoupage territorial qui lui laisserait plus d’autonomie pour gérer ses gigantesques ressources (cobalt, cuivre...). Les Katangais du sud reprochent à ceux du nord de les marginaliser dans les différentes institutions. Les sudistes réclament de plus en plus fort la création des quatre provinces du Katanga prévue par la Constitution, mais l'échéance fixée au mois de mai prochain pour appliquer le processus de décentralisation ne sera pas tenue.

Dans ce contexte, des élus accusent le président Gabriel Kyungu wa Kumwanza de mal gérer l'Assemblée provinciale. Et pour eux, ce sont les jeunes de son parti qui les ont agressés. Pour l'heure l'enquête n'a rien rélévé. Le rapport des Sénateurs, conduits par l’ancien Procureur général de la République, Luwonge Kabindu Ngoy, est très attendu. Il doit proposer des pistes de règlement de la crise. L'un des  quatre parlementaires agressés, Banza Monga Tutu (RCD), a été blessé au couteau au visage et admis dans un hôpital de la ville.

Le président Joseph Kabila, dont la famille est originaire du Nord-Katanga, devra trouver rapidement un moyen de faire baisser la tension à Lubumbashi. La première réunion des notables de la province, mardi dernier, semble avoir calmé le jeu. Le Katanga évite, pour l'heure, de tomber dans le piège éthnique.

Christophe Rigaud

Photo (c) afrikarabia.com

 

07 février 2010

RDC : Muzito veut que les congolais travaillent plus !

Le Premier ministre congolais, Adolphe Muzito, n'est pas connu pour son humour, mais sa dernière déclaration pourrait prêter à sourire si la situation en RDC n'était pas aussi dramatique. Adolphe Muzito, a en effet appelé ses compatriotes de République démocratique du Congo à "travailler intensément pour accroître le budget et améliorer les conditions de leur vie".

Afrikarabia logo.pngAdolphe Muzito, qui s’exprimait devant la presse a déclaré que le gouvernement "s’est résolu à encourager le secteur privé à travailler pour améliorer le climat des affaires, à atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE, et à amorcer des réformes courageuses, dont la transformation des entreprises publiques". Le Premier ministre congolais a déploré qu’à ce jour, comparativement à d’autres pays, le revenu par tête d’habitant en RDC a continuellement diminué, passant de 450 dollars en 1960 à 200 dollars en 2009.

Adolphe Muzito a ensuite réaffirmé "l’espoir en un avenir radieux et le mot d’ordre du Chef de l’Etat, Joseph Kabila, qui a placé l’année 2010 sous le signe du social". Ces "incatations" pourraient bien être les dernières déclarations d'Adolphe Muzito. Quelques députés de l’Alliance de la majorité présidentielle ( AMP), regroupé au sein d’un courant dit "rénovateur" ont initié depuis le mois dernier une motion de censure contre le gouvernement de M. Muzito, qu’ils accusent d’"immobilisme".

Christophe Rigaud

RDC : Vous avez aimé la Chine, vous adorerez le Japon

Avec ses 9 milliards de dollars de prêt, la Chine est devenue le partenaire économique incontournable de la République démocratique du Congo (RDC). Mais rapidement, l'accord fait débat et l'opposition proteste contre ces contrats qui profitent plus à la Chine qu'aux congolais. Alors que tout le monde se focalise sur la Chine, un autre géant asiatique se profile plus discrètement : le Japon.

DSC04069 copie.jpgDepuis 1993, Tokyo oeuvre dans une cinquantaine pays d'Afrique dans le développement d'infrastructure, la sécurité alimentaire et le commerce. Et d'ici 2012, le nouveau Premier ministre Hatoyama a promis doubler l’aide japonaise à l’Afrique. En RDC, le Japon a investt 65 millions de dollars en 2009 et se hisse à la sixième place des pays donateurs. Mais voilà, la présence nipponne reste très discrète sur le terrain et se focalise essentiellement sur la capitale Kinshasa et le Bas-Congo où le "pont Maréchal" est une de leur fièreté. Le reste du pays constitue une gigantesque zone vierge pour les investisseurs japonnais... mais le manque de sécurité freine pour le moment les ardeurs des plus téméraires.

Dans la capitale, le Japon participe pourtant activement aux "5 chantiers" du président Kabila et notamment autour du port de Kinshasa. Autres champs d'intervention : la formation de personnel médical ou celle de plus de 10 000 policiers congolais. Les projets ne manquent pas en RDC et les budgets sont à la hausse. Cela ne fait aucun doute, le Japon devrait accroître sa présence en République démocratique du Congo... pour preuve ce projet (encore à l'étude) de coopération entre le Japon et le Belgique pour oeuvrer en commun en RDC.

Photo (c) afrikarabia.com

06 février 2010

RDC-RWANDA : Un rapprochement pour rien ?

Après plus de 10 ans de conflits, la nouvelle alliance entre Kinshasa et Kigali pouvait laisser croire un retour à la paix au Kivu. En janvier 2009, un retournement d'alliance avait permis de neutraliser la rébellion de Laurent Nkunda, ancien allié du Rwanda et auourd'hui détenu par Kigali. Mais plus d'un an après, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est toujours le théâtre de violents affrontements entre groupes armés. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, ce rapprochement est un échec.

Drapeau RDC 2.jpgDrapeau Rwanda.jpgDans un article publié par Alternatives Internationales (1), un chercheur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur l'année écoulée au Kivu depuis l'arrestation du rebelle Laurent Nkunda. Un brusque renversement de situation, où les ennemis d'hier sont devenus les alliés d'aujourd'hui... la RDC de Joseph Kabila s'est en effet rapprochée du Rwanda de Paul Kagame. Les deux pays se sont retrouvés sur des objectifs communs : la neutralisation de la rébellion de Nkunda et la traque aux rebelles hutus des FDLR au Kivu.

Thierry Vircoulon porte un jugement sévère sur le bilan de se rapprochement. Même si Laurent Nkunda a effectivement été arrêté et si des opérations conjointes de chasse aux FDLR ont été mis en place (Umoja Wetu et Kimia II), les résultats sont "loin d'être à la hauteur" pour le chercheur français. Selon Thierry Vircoulon, "la traque aux FDLR a tourné court (...) et cette échec militaire coïncide avec l'absence de progrès dans la très attendue normalisation politique". L'ancien mouvement de Laurent Nkunda, le CNDP, attend toujours son intégration dans l'appareil décisionnaire congolais et son entrée au gouvernement. L'incorporation des troupes rebelles au sein de l'armée congolaise (FARDC) est tout aussi virtuelle et le CNDP continue de faire la loi dans ses fiefs (Masisi et Rutshru).

Pour ce spécialiste de l'Afrique, "l'histoire bégaie dans les Kivus (...) le processus de paix s'apparente en définitive à une pièce de théâtre maintes fois rejouée dont ni l'intrigue ni les rôles n'ont changé".

Christophe Rigaud

(1) "RD Congo : l'histoire bégaie dans les Kivus". Thierry Vircoulon - Alternatives Internationales - Décembre 2009.

 

RDC : Le coup de pouce de George Forrest à Areva

Dans un long portrait consacré à Patrick Balkany, le "nouveau Foccart" de l'Elysée, Le Canard enchaîné (1) présente le maire de Levallois-Perret comme l'ambassadeur itinérant de Nicolas Sarkozy pour "résoudre les différents entre les entreprises françaises et les Etats africains". Dans cet article, les journalistes du Canard affirment que l'homme d'affaires belge George Forrest aurait servi d'entremetteur entre le groupe français Areva et le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila.

DSC02237.JPGSelon l'hebdomadaire français, George Forrest aurait aidé le géant du nucléaire français Areva à négocier avec Joseph Kabila "une autorisation d'exploration et d'exploitation de l'uranium" en RDC. Le vice roi du Katanga, George Forrest ferait partie des nouveaux "relais" de Patrick Balkany en Afrique. On apprend également dans le Canard enchaîné que l'entrepreneur belge mettrait à disposition du conseiller de l'Elysée un avion privé pour sillonné l'Afrique centrale. Le journal satirique se demande si ce geste est désintéressé de la part de George Forrest. Réponse de l'homme d'affaires : "j'ai mis mon avion à sa disposition (...) mais je ne lui ai pas demandé ce qu'il voulait y faire. Je ne suis pas son associé"... difficile à croire.

(1) Lire l'enquête complète sur le nouveau "monsieur Afrique" de Nicolas Sarkozy dans le Canard enchaîné du mercredi 3 février 2010. Une excellente enquête signée Jean-François Julliard et Hervé Liffran.

Christophe Rigaud

Photo : mine de cuivre exploitée par le groupe George Forrest International à Lubumbashi (C) afrikarabia.com

 

03 février 2010

RDC : Qui remplacera Alan Doss ?

2010 sonnera la fin du mandat d'Alan Doss à la tête de la Monuc en République démocratique du Congo (RDC). Le patron des casques bleus partira sur un bilan très contrasté... et contesté. La situation au Kivu est encore extrêmement instable et l'on reproche au diplomate de l'ONU d'avoir trop fait confiance à l'armée congolaise. Human Rights Watch a même accusé la Monuc de complicité de crimes de guerre... Alors qui pour remplacer Alan Doss ? Quelques noms circulent déjà dans les couloirs des Nations-Unies.

Logo ONU.jpgOn parle tout d'abord de Jean-Marie Guéhenno, ancien responsable du département des opérations de maintien de la paix aux Nations-Unies et fin connaisseur de la RDC où il s'est rendu plusieurs fois. On parle aussi du diplomate italien Aldo Ajello, ex émissaire de l'Union européenne en Afrique centrale... et enfin le nom de Jean-Maurice Ripert est également évoqué, il est l'actuel émissaire de l'ONU au Pakistan. Le prochain patron des casques bleus en RDC devra avant tout réaffirmer sans indépendance et ne pas céder, comme son prédécesseur, aux pressions venues de Londres et Washington.

Christophe Rigaud

RDC : Le Katanga sanctionne 16 sociétés minières

La province du Katanga (RDC) tape du poing sur la table et interdit à seize compagnies minières d’exporter leurs minerais. Motif : ces entreprises ne consacrent pas assez de terres à l'agriculture. La sanction pourrait rapidement devenir problématique pour les acheteurs chinois.

Image 1.pngLa RDC est riche de minerais... de grands territoires... mais pas assez de terres agricoles. La Katanga cherche à améliorer sa sécurité alimentaire et limiter ses importations en nourritures diverses. Dernièrement, la province katangaise avait demandé au secteur minier de jeu : c'est à dire de consacrer une partie des terres à la production agricole. Ces sociétés devaient cultiver du maïs et du manioc sur 500 hectares. Mais pour la plupart, elles n'ont pas respecté leurs engagements. Le ministre de l’Agriculture de la province, Barthelemy Mumba Gama, a donc mis en place une interdiction d'exportation, qui touche 16 sociétés minières : la Compagnie minière du Sud-Katanga, Congo Loyal Will Mining, Cota Mining, Feza Mining, Golden African, JMT/MJM, Katanga Copper Co., Katanga Metals, Magma Minerals, Mehul Mining, MIEL International, Mining Yue, New Dathu Minerals, Rubamin SPRL, SARDC, et Volcano Mining.

Un coup dur pour la filière du cuivre et du cobalt, alors que les prix des matières premières repartent à la hausse... un dizaine de dollars fin 2008... plus de 20 dollars aujourd'hui.

Christophe Rigaud