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13 février 2010

RDC : Le Katanga au bord de la crise de nerf

Depuis plusieurs semaines, le Sud du Katanga est sous tension. Des députés signataires d'une motion de défiance contre le questeur et deux ministres provinciaux suspectés de détournement, ont été passé à tabac, provoquant la fermeture de l'Assemblée provinciale. La gestion du président de l’Assemblée, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, est vivement contestée. Même si les principaux belligérants jouent l'appaisement à Lubumbashi, un fossé semble s'être creusé entre le Sud et le Nord du Katanga.

DSC02265 copie.jpgLes antagonismes entre le Sud et le Nord remontent à l’indépendance du pays. Le Sud, plus riche que le Nord grâce à la manne minière, prône un redécoupage territorial qui lui laisserait plus d’autonomie pour gérer ses gigantesques ressources (cobalt, cuivre...). Les Katangais du sud reprochent à ceux du nord de les marginaliser dans les différentes institutions. Les sudistes réclament de plus en plus fort la création des quatre provinces du Katanga prévue par la Constitution, mais l'échéance fixée au mois de mai prochain pour appliquer le processus de décentralisation ne sera pas tenue.

Dans ce contexte, des élus accusent le président Gabriel Kyungu wa Kumwanza de mal gérer l'Assemblée provinciale. Et pour eux, ce sont les jeunes de son parti qui les ont agressés. Pour l'heure l'enquête n'a rien rélévé. Le rapport des Sénateurs, conduits par l’ancien Procureur général de la République, Luwonge Kabindu Ngoy, est très attendu. Il doit proposer des pistes de règlement de la crise. L'un des  quatre parlementaires agressés, Banza Monga Tutu (RCD), a été blessé au couteau au visage et admis dans un hôpital de la ville.

Le président Joseph Kabila, dont la famille est originaire du Nord-Katanga, devra trouver rapidement un moyen de faire baisser la tension à Lubumbashi. La première réunion des notables de la province, mardi dernier, semble avoir calmé le jeu. Le Katanga évite, pour l'heure, de tomber dans le piège éthnique.

Christophe Rigaud

Photo (c) afrikarabia.com

 

23 décembre 2009

RDC : George Forrest organise sa succession

Le "vice roi du Katanga", George Forrest, prépare l'avenir de son groupe... et de son fils aîné, Malta David Forrest. A 38 ans, le fils de l'un des plus grands entrepreneurs de République démocratique du Congo (RDC), sera nommé président du groupe George Forrest International SA (GFI).

DSC02233.JPGA 70 ans, le père ne lâche pas pour autant les manettes de "l'empire Forrest". George Forrest contrôlera encore les grands dossiers : notamment le gisement d’uranium de Denguiro (Centrafrique) en partenariat avec Areva. GFI gère plus 15 000 salariés... il est le premier employeur de RDC, mais aussi le premier contribuable du pays. Les activités, parfois hors du groupe, comprennent diverses activités industrielles dont des exploitations minières, des cimenteries, des entreprises de travaux publics, des entreprises de transport, des fabriques de munitions.

Les activités de Georges Forrest en République démocratique du Congo font l'objet de diverses controverses. En RDC et à Lubumbashi en particulier, il est apprécié par certains pour un grand pourvoyeur d'emplois, et un pôle de stabilité dans ce pays ravagé par dix années de guerre. Il possède la dernière cimenterie en activité du pays dans le Bas-Congo, réhabilite les routes principales du Katanga, et insuffle un dynamisme remarqué à Lubumbashi. Il a notoirement relancé l'exploitation du "Terril de Lubumbashi" de l'ancienne Union Minière du Haut Katanga, qui récèle les nombreux rebuts minéraux précieux d'un siècle d'activité minière dans la ville. Cependant, la société civile du Katanga l'accuse d'être au cœur d'un vaste réseau de corruption, alimentant en pots-de-vin jusqu'aux plus hautes autorités de l'Etat, et d'user de son influence sur les forces de sécurité pour faire taire toute voix le critiquant dans son fief de Lubumbashi.

En Europe, il est généralement critiqué pour ses activités minières qui auraient alimenté l'économie de la guerre, ainsi que pour ses activités dans l'industrie de l'armement (refus de la licence d'exportation de l'entreprise New Lachausée le 30 juin 2005 par le Gouvernement wallon). Avec une autre entreprise belge, la FN (Fabrique nationale), New Lachaussée a également accordé une licence pour une usine de munitions en activité depuis 1996 à Eldoret au Kenya, usine suspectée d'alimenter la contrebande dans la région.

Photo : GFI à Lubumbashi - 2005 (c) Christophe Rigaud