31 mai 2010
Joseph Kabila boude le sommet Afrique-France
La République démocratique du Congo brillera par son absence au XXVe sommet Afrique-France de Nice. Le président Kabila sera une nouvelle fois absent d'un grand rendez-vous international. On sait que le président congolais n'apprécie guère ce genre d'événement... mais cette absence fera d'autant plus remarquée la présence du président rwandais Paul Kagame avec qui, Nicolas Sarkozy souhaite poursuivre son rapprochement diplomatique.
38 dirigeants africains participeront à partir de lundi au XXVe sommet Afrique-France, qui se veut celui de la normalisation des relations entre le continent et l'ancienne puissance coloniale. Cette édition sera fortemment oritentée vers l'économie. Si les chefs d'Etat gardent la main sur les grandes questions abordées à huis clos (place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale, renforcement de la paix et sécurité, climat et développement), pour la première fois, la rencontre est ouverte à des acteurs non étatiques. Cinq ateliers rassembleront les représentants de 150 entreprises africaines et 80 françaises.
Joseph Kabila sera toutefois représenté durant ce sommet par son ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba. L'absence du président Kabila met la France en difficulté pour ce sommet. Paris aurait souhaité pouvoir réunir autour d’une même table les dirigeants des pays des Grands Lacs (Burundi, Ouganda, RDC et Rwanda) et renforcer ainsi son influence dans la région... une occasion ratée pour Nicolas Sarkozy.
Christophe Rigaud
11:33 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (60) | Tags : rdc, rd congo, kabila, sarkozy, nice
26 mai 2010
Eugène Rwamucyo arrêté pendant les obsèques de Jean-Bosco Barayagwiza
La scène se déroule à l'intérieur du cimetière municipal de Sannois dans le Val d'Oise. Une trentaine de personnes sont venus assistés aux obsèques de Jean-Bosco Barayagwiza, décédé en prison où il purgeait une peine de 32 ans pour son rôle dans le génocide rwandais. Le convoi funéraire arrive à 15h15 de Roissy où le cercueil était arrivé par avion de Cotonou au Bénin. Une dizaine de voitures se garent sur le petit parking du cimetière. Les plaques minéralogiques indiquent la provenance des invités : région parisienne, Belgique et surtout Pays-Bas. En pleine cérémonie, deux policiers en tenus font irruption dans le cimetière, accompagnés par la police municipale de Sannois. Eugène Rwamucyo n'oppose aucune résistance, mais la tension est palpable parmi l'assistance rwandaise. Le médecin de Maubeuge a tout juste le temps de demander à ses proches de contacter son avocat avant de disparaître dans le véhicule de police... direction le commissariat, avant d'être présenté au parquet général de Versailles. Il est 15h30, l'opération n'aura duré que quelques minutes.
Eugène Rwamucyo est suspecté d'avoir participé au génocide rwandais en 1994. Le médecin de Butare a été condamné au Rwanda à la réclusion criminelle à perpétuité par contumace en 2007 et était recherché par Interpol. Une information judiciaire a été ouverte en 2008 pour génocide, crimes contre l'humanité et complicités après une plainte du CPCR (Collectif des parties civiles pour le Rwanda).
Il est notamment accusé par Kigali d'avoir participé à des réunions de responsables génocidaires à Butare, en 1994, dont l'une sous l'égide du Premier ministre de l'époque, Jean Kambanda, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Eugène Rwamucyo a toujours nié avoir participé à l'organisation de ces massacres qui ont fait 800.000 morts même s'il reconnaît avoir participé à des réunions avec des génocidaires. "Je n'ai pas participé de près ou de loin au génocide. Il n'y a rien contre moi. Je ne vois pas pourquoi la justice va m'arrêter", avait-il indiqué, en octobre 2009.
Le parquet général de Versailles devra se prononcer sur sa détention ou sur une remise en liberté sous contrôle judiciaire. Cette interpellation intervient à quelques jours du sommet France-Afrique qui se tiendra à Nice à partir du 31 mai, alors que la France tente de réchauffer ses relations avec Kigali.
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25 mai 2010
RDC : Folle rumeur à Lubumbashi
Il n'aura fallu que quelques heures pour plonger la capitale du Katanga dans la panique. Une rumeur "d'attaque imminente" a fait le tour de la ville dimanche dernier. Depuis, une véritable psychose s'est installée à Lubumbashi, renforcée par une forte présence armée aux points stratégiques de la ville. Des hommes armés devaient attaquer la Radio télévision nationale (RTNC), l'aéroport International, la Poste et le Gouvernorat... mais rien n'est venu.
Dimanche 24 mai, les habitants de la Lubumbashi ont d'abord vu se déployer des éléments des forces de sécurité lourdement armés sans aucune explication officielle. Puis, la rumeur d'une attaque armée a commencé à se propager en ville. On parlait d'une centaine d'hommes armés, arrivés quelques heures plus tôt à l'aéroport de Lubumbashi et qui faisaint route vers le centre-ville. Autour de cette "pseudo attaque" : pas de motif et pas d'identité pour les agresseurs... depuis, les "attaquants" ont disparu dans la nature.
Pourtant, les autorités prennent les choses au sérieux, une réunion de sécurité est convoquée pour le lundi et le ministre provincial de l'Intérieur, Jean-Marie Dikanga Kazadi, a affirmé qu'un groupe armé a voulu troubler l'ordre public dans la ville de Lubumbashi. "Quelques suspects ont été arrêtés et sont actuellement entre les mains des services compétents" selon les autorités du Katanga. D'après le ministre provincial de l'Intérieur, les personnes arrêtés seraient d'anciens soldats démobilisés, mais aussi des civils.
Le Katanga a déjà connu plusieurs alertes ces dernières années. En décembre 2009, des dizaines de personnes soupçonnées de vouloir renverser le pouvoir en place avaient été arrêtés à Lubumbashi et au mois de février 2010, un autre groupe d'hommes armés avaient fait semé la panique dans le quartier "Tabacongo" en échappant à la Police. Il y a quelques semaines, des ex-miliciens FDLR se sont installés au Katanga grâce au programme de démobilisation PAREC. Ces anciens soldats ont été désarmés avant leur arrivée dans la province, mais la population avait vivement contesté cette "délocalisation".
Christophe Rigaud
Photo (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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RDC : Coup de pression à l'Assemblée nationale
Le climat s'est subitement tendu à l'Assemblée nationale congolaise. La motion de censure contre le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC), déposée le 14 mai dernier par l’opposition, a été retirée par ses signataires, avant que la plénière de la chambre basse du Parlement n’ait pu la débattre.
Le député François Mwamba du Mouvement de libération du Congo (MLC), parti de l’opposition a demandé le retrait de la motion de censure. Le climat délétère créé par des activistes du parti du Premier ministre, Parti lumumbiste unifié (PALU) ne permet pas de travailler dans la sérénité, selon Mwamba. Le PALU avait mobilisé 18 bus qui ont amené ses militants au Palais du Peuple, créant un climat malsain.
Dans de telles circonstances, les signataires ont décidé de retirer leur motion tout en annonçant qu’une autre motion pourra être déposée dans un bref délai. La plénière a été suspendue, l’ordre du jour ne comportant qu’un seul point consacré essentiellement à l’examen de la fameuse motion de censure.Par ailleurs, le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab, avait reproché au Premier ministre d’avoir instrumentalisé le peuple congolais à travers les militants qui l’ont même bousculé à l’entrée à l’hémicycle du Palais du Peuple.
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18 mai 2010
RDC : La motion qui peut faire tomber Muzito
126 députés de République démocratique du Congo ont décidé de faire tomber le gouvernement d'Adolphe Muzito. Dans le texte de la motion que nous publions, les signataire ont plusieurs griefs contre le Premier ministre congolais : insécurité généralisée, mal gouvernance et retard dans le découpage territorial.
Motion de censure contre le gouvernement
"Cette mise en cause de la responsabilité du Gouvernement est avant tout fondée sur l’absence de volonté, désormais avérée du Premier ministre, Chef du Gouvernement, à exercer la plénitude des prérogatives dévolues par la Constitution à cette éminente fonction, au profit d’une structure informelle communément appelée « Gouvernement parallèle». Ce qui entraine ipso facto, la violation de notre Constitution, de manière permanente. Cette initiative est également justifiée par l’incapacité notoire du Premier ministre à mettre en œuvre une politique générale conforme aux engagements qu’il avait pris devant cette illustre Assemblée en octobre 2008, de rencontrer les aspirations de nos populations. Point n’est besoin de rappeler que c’est sur la base de ces engagements que son Gouvernement avait été investi. Honorable Président, Distingués Membres du Bureau, Honorables Députés et très chers Collègues, Nous considérons, par conséquent, que le Premier ministre a trahi la confiance que lui avait accordée la Représentation Nationale. C’est pourquoi nous demandons à cette auguste Assemblée, de bien vouloir en prendre acte et de censurer son gouvernement. Honorable Président, Permettez-nous d’étayer notre propos par trois exemples saillants des objectifs du Programme du Gouvernement qui n’ont pas été atteints :
1. le Premier ministre et son Gouvernement avaient promis de ramener la paix et la sécurité, ainsi que de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. A ce jour, cet objectif n’a pas été atteint. En effet, malgré les accords signés avec les Gouvernements de l’Ouganda et du Rwanda, et les opérations militaires conjointes de notre armée appuyée par la MONUC, avec les armées de l’Ouganda et du Rwanda, la paix n’est pas revenue dans l’Est du pays. Comme chacun peut le vérifier, tant dans la Province Orientale (Haut-Uélé, Bas-Uélé ou en Ituri) que dans le Nord et Sud-Kivu, des tueries des populations civiles et des viols ou encore des affrontements entre groupes armés se poursuivent, provoquant encore et toujours des déplacements de populations par milliers. Pendant ce temps, l’exploitation illégale de nos ressources par les pays voisins se poursuit sans désemparer. L’insécurité a même atteint la Province de l’Equateur. En effet, au-delà des évènements malheureux et de l’humiliation subie par l’Etat le dimanche de Pâques à Mbandaka, il faut noter que plus de 140.000 de nos compatriotes sont toujours réfugiés au Congo Brazzaville.
2. Le Premier ministre et son Gouvernement avaient également préconisé la bonne gouvernance, pour assurer à notre pays une croissance forte génératrice d’emplois. Cet objectif est également un échec. En effet, en lieu et place de la bonne gouvernance, nous assistons plutôt à une politique du Gouvernement caractérisée par la mauvaise gestion des Finances publiques, la dilapidation des deniers de l’Etat et la corruption généralisée. Cette mauvaise gouvernance a conduit à l’aggravation de la misère de nos populations qui vivent aujourd’hui dans des conditions inhumaines. La majorité des habitants de notre pays n’a accès ni à l’eau potable, ni à l’électricité, ni aux soins médicaux, ni à une alimentation suffisante, ni à l’éducation et ni, encore moins, à l’emploi. Et cette énumération est loin d’être exhaustive.
3. le Premier ministre et son Gouvernement s’étaient engagés à finaliser la : décentralisation telle que stipulée dans la constitution. Cette promesse n’a pas non plus été tenue. En effet, aucune disposition constitutionnelle en matière de décentralisation n’est respectée Gouvernement. Non seulement les provinces ne jouissent pas effectivement des 40% de recettes à caractère national leur allouées par la constitution (article 175, alinéa 2) mais, de plus, la mise en place de nouvelles provinces (article 226, alinéa 1), a pris un retard tel, qu’à partir de ce mois de mai 2010, le pays entre dans une impasse constitutionnelle. Les élus de l’Ituri ont donné le ton. Serions-nous à la veille d’une «rébellion» des Districts? La responsabilité du Gouvernement dans cet imbroglio juridico-politique n’a d’égale que la désinvolture avec laquelle il considère ce sujet. Honorable Président, Distingués Membres du Bureau, Honorables Députés et très chers Collègues, Compte tenu de cette situation calamiteuse dans laquelle le Premier ministre et son Gouvernement ont plongé le pays, nous pouvons, ici et maintenant, mettre fin à cet état d’insécurité et de misère et redonner la dignité à notre peuple qui a droit à la paix, au travail, à une juste rémunération et à des conditions de vie décentes. Par conséquent, nous, signataires de la présente motion de censure, vous invitons à prendre ensemble nos responsabilités et à voter massivement en faveur de cette censure contre le Premier ministre et son Gouvernement. Honorable Président, nous avons dit et vous remercions.
Fait à Kinshasa, le jeudi 13 mai 2010 Pour les signataires Gilbert Kiakwama Pdt du Groupe CD Roger Lumbala Pdt du Groupe ODR François Muamba T Pdt du Groupe MLC"
21:45 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rdc, rd congo, premier ministre, motion de censure, kabila, mlc, mwamba
15 mai 2010
RDC : Alain Lubamba rejoint le camp présidentiel
Ce n'est pas une surprise. Après son départ de l'UDEMO en mars dernier, Alain Lubamba se rapproche désormais de Joseph Kabila en adhérant au PPRD. A l'approche des prochaines élections générales de 2011, les grandes manoeuvres pré-électorales commencent...
Dans une conférence de presse, l’ex-Vice-Ministre du budget, considère le PPRD comme "un véritable fer de lance pour la conquête du pouvoir (...) il n’y a pas d’alternative crédible aux élections de 2011’’. Co-fondateur et Premier secrétaire de l’UDEMO, mais aussi directeur de campagne de Nzanga Mobutu aux élections de 2006, Lubamba est connu pour son ambition mais aussi pour être un fin stratège électorale. Il n'en fallait pas plus pour Alain Lubamba pour changer de camp et rejoindre le parti de Joseph Kabila... que rien ne semble arrêter pour sa réélelection en 2011.
Dans un discours flatteur pour le président congolais, Alain Lubamba donne les quatre raisons qui l'ont poussé à rejoindre le parti présidentiel (PPRD) :
"1. Le président Joseph KABILA manifeste une volonté politique absolue de moderniser et de reconstruire notre pays, à travers non seulement un ambitieux programme mais surtout par des actions concrètes ; 2. Il a la détermination de mobiliser autour de cette noble action de refondation du pays toutes les strates sociales de toutes les provinces du pays ; 3. Il a le dévouement pour la cause de la paix, et prends des mesures concrètes en faveur de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ; 4. Il s’est engagé à consolider les ressources intangibles du pouvoir, à savoir la culture démocratique et la stabilité des institutions. Homme de parole, le Président Joseph KABILA, avec sagesse, est le pilote de la République Démocratique du Congo qui veut et va réussir."
15:51 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : rdc, rd congo, pprd, kabila, udemo
RDC : Pas de départ précipé pour la MONUC
28 délégués du Conseil de sécurité de l'ONU sont en République démocratique du Congo (RDC) pour essayer de convaincre le gouvernement congolais d'un retrait progressif de ses casques bleus. Kinshasa souhaiterait un départ rapide des 20 000 soldats de la paix et ce, avant les festivités du cinquantième anniversaire de l'indépendance du Congo le 30 juin. Alors que le Kivu, l'Ituri et l'Equateur sont toujours le théâtre de violents affrontements, le départ précipité des troupes de la MONUC risquerait de relancer les combats moins d'un an avant les élections présidentielles.
Les diplomates de l'ONU doivent rencontrer le Premier ministre Adolphe Muzito et les dirigeants parlementaires avant de gagner Inga, à 350 km de Kinshasa pour des entretiens avec le président Kabila. Le mandat de la MONUC prendra fin au mois de mai 2010. Séraphin Ngwej, conseiller diplomatique de Kabila, a toutefois déclaré à Reuters que 2011 était "une date limite raisonnable" pour le retrait de la mission. Pour l'instant l'ONU propose de retirer 2 000 soldats de RDC d'ici le 30 juin. Si ce retrait partiel est approuvé par le Conseil de sécurité et les autorités congolaises, il sera alors suivi d'un "désengagement progressif basé sur l'évolution du risque de sécurité que connaît le pays" selon un diplomate français. Les casques bleus assurent un appui logistique et participent quelquefois aux combats aux côtés d'une armée nationale fragile, qui peine à contenir une série de groupes rebelles locaux et étrangers. Un prêtre du Sud-Kivu, cité par l'AFP "suggère que la MONUC restent encore deux ans, car il faut qu'ils soient là pour les élections", précise le père Albert, prêtre catholique en mission à Mwenga.
12:07 | Lien permanent | Commentaires (1)
14 mai 2010
RDC : Muzito face à une nouvelle motion de censure
Mission accomplie pour Jean-Lucien Busa. Le député d'opposition vient de déposer avec l'appui de quelques députés de la majorité, une motion de censure contre le gouvernement d'Adolphe Muzito, premier ministre depuis octobre 2008. Jean-Lucien Busa a fait le plein des voix d'opposition, plus quelques voix de la majorité... une petite victoire pour le député de l'Equateur.
Pour le député Busa, le gouvernement Muzito doit tomber : "bilan négatif et immobilisme patent, sur les questions de sécurité, au niveau politique et social. Il doit être sanctionné" selon Jean-Lucien Busa. "Le gouvernement avait annoncé qu'il mettrait fin aux poches d'insécurité à travers le pays, alors qu'elles se sont multipliées. Sur le plan politique les élections locales n'ont pas été organisées, la mise en place des nouvelles provinces a pris du retard et cela crée des remous. Au niveau social, la situation du citoyen ordinaire s'est détériorée d'avantage" affirme le député.
autant dire que la mission s'avère difficilePour être adoptée et faire tomber le gouvernement Muzito, cette motion recueillir 251 voix. Pour l'heure, le député Busa peut compter sur 126 voix... sa mission s'avère donc des plus délicates. Réponse de cette motion, la semaine prochaine.
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Affaire Nkunda : Kabarebe juge et partie ?
Le maintien de l'ex-général congolais Laurent Nkunda en prison au Rwanda tourne à l'imbroglio judiciaire. Selon la cour Suprême rwandaise, seul le Tribunal militaire est compétent pour examiner la détention du rebelle tutsi et juger James Kabarebe, à l'origine de l'arrestation de Nkunda. Depuis, James Kabarebe a été nommé par Paul Kagame, Ministre de la Défense de son pays. Pour les avocats de Laurent Nkunda, il y a conflit d'intérêt : le Tribunal militaire est sous l'autorité directe de James Kabarebe ! L'examen de remise en liberté de Laurent Nkunda est repoussé pour l'instant au 11 juin.
Mardi 11 mai avait lieu la première audience relative la détention de Laurent Nkunda devant le Tribunal militaire, déclaré compétent pour juger le Général James Kabarebe. James Kabarebe, désormais Ministre de la défense du Rwanda, ne s'est pas présenté à l'audience et était représenté par deux avocats. Pour la défense de Laurent Nkunda, le refus de s'expliquer de James Kabarebe constitue déjà un aveu : "croyez-vous que s’il n’avait rien à cacher, James Kabarebe hésiterait le moindrement à se présenter ? estime son avocat Me Stéphane Bourgon. Malgré les propos tenus récemment par le Président Kagamé qui a dit que ‘la justice est là [pour décider de son sort], il est tout simplement inconcevable dans un État qui se dit gouverné par la règle de droit, que Laurent Nkunda soit détenu depuis plus de 15 mois sans avoir été présenté devant un juge, sans qu’un représentant du Gouvernement ne daigne venir s’expliquer devant la justice et sans que le Président, un de ses ministres ou un de ses représentants ne communique avec moi suite aux multiples lettres que je leur ai fait parvenir par huissier". L'avocat de Nkunda rappelle également que James Kabarebe risuqe une peine allant jusqu'à 20 années de prison, "si son rôle dans l'affaire Nkunda est établi".
Au cours de cette première audience, le Tribunal militaire a reporté d'un mois l'examen prévu le mardi 11 mai d'une demande de remise en liberté de l'ancien leader tutsi congolais.Raison invoquée ? un problème de traduction. Pour la défense de Laurent Nkunda, il s'agit d'un subterfuge : "les avocats parlant au nom de James Kabarebe sans autorisation ont d’abord exigé que les procédures soient menées entièrement en Kinyarwanda, ce qui est étonnant dans la mesure ou une très grande partie du travail judiciaire de ce pays se fait en français ou en anglais". L'audience a donc été reporté de 30 jours.
Dernier problème évoqué par l'avocat de Laurent Nkunda : l'indépendance du Tribunal militaire. Dans l'affaire Nkunda impliquant le Général James Kabarebe, actuellement Ministre de la défense nationale, Stéphane Bourgon note que c'est "le Ministre de la défense qui propose les nominations des juges et qui propose aussi le renvoi d’un juge pour cause d’incompétence, il est permis d’en douter !" estime l'avocat de Laurent Nkunda.
Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier (le Rwanda et la RDC) n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.
Christophe Rigaud
12:21 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rdc, rwanda, kagame, nkunda, kabila, cndp, fdlr, kivu
12 mai 2010
Laurent Nkunda : L’examen de remise en liberté reporté au 11 juin
L’ex-rebelle congolais Laurent Nkunda devra patienter un mois de plus pour connaître son sort.Le tribunal militaire de Kigali a reporté au 11 juin l’examen de sa libération.
Le Tribunal militaire de Kigali devait en effet examiner une demande de remise en liberté de l’ancien général tutsi. Au coeur d'une bataille juridique complexe, l'avenir de Laurent Nkunda est suspendu aux difficiles relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Un problème de traduction serait la cause de ce report. L’avocat de Laurent Nkunda, le canadien Stéphane Bourgon doit se faire traduire le dossier rédigé en kinyarwanda.
La défense de Laurent Nkunda continue de dénoncer et la détention illégale de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda, s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire. La RDC voisine, nouveau partenaire de Kigali, demande son extradition, mais le Rwanda n'a pas réellement intérêt à laisser partir son ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratique du Congo. Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier (le Rwanda et la RDC) n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.
Christophe Rigaud
10:14 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
11 mai 2010
RDC : Le chef des insurgés n’a pas été arrêté à Dongo
Le chef militaire des Enyelés qui avait attaqué en avril la ville de Mbandaka, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), s'est en fait rendu aux forces de sécurité du Congo voisin, avant d’être transféré à Brazzaville. Le ministre congolais, Lambert Mende avait affirmé dans un premier temps, qu’Udjani avait été capturé par la population de Dongo en RDC.
Les informations sur la capture du chef des insurgés, Udjani Mangbama viennent de Brazzaville : Udjani et ses lieutenants se sont rendus dans la localité de Mombendzelé, située à 95 kilomètres d'Impfondo au Congo Brazzaville voisin.
Udjani, le chef des insurgés Enyelés, se trouverait en fait à Brazzaville et non à Dongo comme l’affirmait le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende. L’information a été confirmé par l’AFP qui cite Lambert Mende : « Il y a une autre version qui vient du Congo-Brazzaville. Je sais qu'il y a des conversations entre les deux (pays). Il y a un ministre congolais qui vient aujourd'hui (lundi) pour parler de ça ici (à Kinshasa). Nous attendons qu'il vienne pour communiquer ».
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RDC : L'UE apporte 6,9 millions d'aide humanitaire à l'Equateur
La Commission européenne apporte une aide humanitaire de 6,9 millions d’euros pour venir en aide aux réfugiés en République du Congo, aux déplacés internes dans la Province de l’Equateur en République Démocratique de Congo (RDC) et aux réfugiés congolais dans le sud-est de la République centrafricaine. Les fonds, qui proviennent du Fonds Européen de Développement (FED), sont acheminés par le Service d’aide humanitaire de la Commission (ECHO).
Visitant les régions affectées en République démocratique du Congo et en République du Congo, Peter Zangl, le Directeur Général du Service d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) a déclaré, depuis Brazzaville: “L’Afrique centrale doit actuellement affronter des crises humanitaires sur plusieurs fronts. En République Démocratique du Congo, le conflit qui secoue la Province de l’Equateur a contraint près de 200 000 personnes à quitter leur foyer pour se déplacer dans la Province ou se réfugier en République du Congo et en République centrafricaine.” Peter Zangl a ajouté: “Il est de notre devoir de répondre aux besoins humanitaires des populations déplacées, en veillant aussi à venir en aide aux populations hôtes dont les ressources et les services de santé sont fortement mis sous pression par ces afflux de populations.”
L’allocation va permettre de couvrir les besoins de base – soins de santé, eau potable, assistance alimentaire et médicale et à renforcer les abris temporaires en vue de l’arrivée imminente de la saison de pluie. En outre, des mesures accélérant la reprise d’activités économiques des réfugiés (distributions de semences et outils, d’espèces) seront mises en place.
10:22 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ue, rdc, rd congo, commission européenne, équateur
09 mai 2010
RDC : La loi sur la commission électorale adoptée
Indispensable pour organiser les prochaines élections de 2011, l'Assemblée nationale congolaise a adopté la loi sur l'organisation et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Son bureau sera limité à 7 membres. Seule hic, il n'y aura pas de représentants de la société civile.
Pas de changement de cap pour les députés de République démocratique du Congo (RDC). La version de la loi adoptée en première lecture le 14 décembre dernier a donc été adopté "sans prendre en compte les propositions du Sénat congolais", selon le journal Le Potentiel.
Le bureau de la CENI sera finalement composé de 7 membres dont 4 provenant de la majorité et 4 de l'opposition, mais aucune place n'est laissée à des délégués de la société civile.
17:41 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rdc, rd congo, cei, élections, 2011
08 mai 2010
Dongo (RDC) : La capture d'Udjani ne résout pas tout
L'arrestation d'Udjani, le chef militaire des insurgés Enyeles de Dongo, peut-elle ramener le calme dans la province de l'Equateur, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) ? La région est le théâtre de nombreux affrontements depuis presque un an. Le conflit a obligé des centaines de milliers de personnes à se réfugier au Congo-Brazzaville. Le dernier coup d'éclat de la rébellion remonte au 4 avril, avec la prise de Mbandaka, la capitale régionale, pendant quelques heures. Pour l'opposition, la capture du chef des insurgés ne règle pourtant pas le problème.
Le gouvernement affirme que le chef des insurgés, Udjani a été capturé par des éléments de son propre clan. Toujours d'après Kinshasa, le chef rebelle cherchait à faire de nouvelles recrues à Dongo. De même que l'arrestation d'Udjani n'a pu être confirmé par des sources indépendantes, il est difficile de donner des informations précises sur la capture du chef Enyele.
Udjani est soupçonné d’avoir déclenché les troubles ethniques qui touchent la région de l’Équateur, ancien fief de Jean-Pierre Bemba, depuis près d’un an. Sa tribu, les Enyeles, cherche notamment à protéger des étangs poissonneux, qu’elle considère comme siens, de la tribu des Muzayas. Ces affrontements avaient coûté la vie à au moins 270 personnes et des milliers de déplacés, selon les chiffres officiels. Jusque-là établi au Congo-Brazzaville, Udjani est considéré comme le descendant d’un ancien chef Enyele des années 1920. Ce sont ses hommes qui seraient responsables de la mort de quarante-sept membres des forces de sécurité congolaises, en octobre 2009.
En Equateur, dans le fief MLC du leader d'opposition Jean-Pierre Bemba, on pense que l'interpellation du chef des insurgés ne règle pas tout. Interrogé sur Radio Okapi, le sénateur MLC Jacques Djoli estime que "cette arrestation ne devrait pas occulter les vrais problèmes qui se posent à Dongo, en particulier et dans la province de l’Equateur en général. Ces problèmes sont d’ordre économique et politique et aucune source indépendante n’a confirmé l’arrestation d’Udjani". Le sénateur pose ensuite cette question : "est-ce qu’il faut continuer de traiter l’Equateur en termes de sanctions ? Faut-il continuer d’entêter ceux qui cassent le bureau de l’assemblée provinciale pour être reçus par le gouvernement ? Faut-il favoriser la corruption, l’impunité dans la province ?".
Il estime également qu’au-delà des questions économiques et politiques de l’Equateur, le système de défense du pays en général pose également problème. Toujours sur Radio Okapi, Arsène Mawaka, coordonnateur du Centre d’études politiques à l’Université de Kinshasa, pense comme Jacques Djoli que l’arrestation du leader des insurgés de Dongo ne pourra pas résoudre le problème de l’insécurité à l’Equateur : "tant qu’on ne se penche pas sur les vrais problèmes et tant qu’on balaie d’un revers de la main toutes les revendications sans les examiner et sans qu’on montre qu’il y a une sorte de réceptivité, le problème de l’Equateur reste entier".
13:49 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rdc, rd congo, enyele, équateur, mbandaka, dongo, mlc, bemba
07 mai 2010
RDC : Kabila a-t-il déjà gagné 2011 ?
Même si l’incertitude plane encore sur la tenue du prochain scrutin présidentiel en République démocratique du Congo (RDC), le président sortant, Joseph Kabila, semble assuré de sa réélection, faute de candidats sérieux. L’opposition manque de leadership et les principaux prétendants ne sont pas en mesure d’inquiéter l’actuel président. Revue d’effectifs des candidats d’opposition.
Le candidat le plus dangereux pour Joseph Kabila en 2011 n’est autre que son ancien adversaire au second de la présidentielle de 2006 : Jean-Pierre Bemba. Mais l’ancien vice-président et patron du MLC semble hors jeu depuis sa détention depuis presque 2 ans par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Même si Bemba espère obtenir en juillet prochain une libération provisoire, ses déboires avec la CPI lui laisse peu de chance de pouvoir se représenter en 2011. Autre problème pour le MLC, la relève n’est pas encore installée et François Mwamba, le N°2 du parti n’a pas réussit à asseoir son leadership… l’ombre de Bemba plane toujours sur Kinshasa.
L’opposant historique, Etienne Tshisekedi et son parti, l’UDPS, compte bien revenir sur l’échiquier politique congolais après leur « boycott fatal » des élections en 2006. Le parti est plus affaibli et divisé que jamais et son leader, très malade n’a pas encore présenté de relève crédible.
Un petit nouveau a fait son apparition depuis le scrutin de 2006, il s’agit de l’ancien président de l’Assemblée nationale évincé par le clan présidentiel, Vital Kamerhe. Son leadership et son charisme ne sont plus à démontrer, mais certains estiment qu’il partage la responsabilité de la situation actuelle avec le pouvoir en place et que son départ n’est qu’un paravent de son propre parti, le PPRD.
Candidat déjà en 2006, le Dr Oscar Kashala avait su convaincre bon nombre de congolais de ses atouts. Oscar Kashala était tout de même arrivé en cinquième position au premier tour des dernières élections avec 3,46%. Mais pour 2011, faire campagne depuis les Etats-Unis sera très délicat et il lui faudra bénéficier d’importants réseaux pour mobiliser les électeurs et les moyens financiers nécessaires.
Notons enfin Guillaume Ngefa, avocat au Barreau de Kinshasa, actuellement fonctionnaire des Nations Unies et spécialiste des droits de l’homme. Fondateur et président honoraire de ASADHO, il a dénoncer la dictature sous Mobutu, puis sous l’AFDL. Selon certains observateurs, « discret, perspicace et convaincu pour ses idéaux, Guillaume Ngefa est un présidentiable à prendre au sérieux ».
Quand à Moïse Katumbi, le tonitruant gouverneur du Katanga et « challenger potentiel » du camp présidentiel, il certifie ne pas vouloir se présenter en 2011 et tout faire pour que Joseph Kabila rempile pour un second mandat. Le gouverneur semble vouloir passer son tour et attendre le scrutin suivant.
Aux dernières nouvelles, le gouvernement congolais se veut rassurant quand à la tenue des élections dans le calendrier prévu. Les projets de révisions constitutionnelles, notamment sur le statut du chef de l’Etat, font croire à de nombreux congolais que Joseph Kabila se prépare à toutes les éventualités (élections ou pas). Les élections prévues pour 2011 auront elles lieu ? Impossible pour l’heure de répondre avec certitude à cette question.
Christophe Rigaud
22:39 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : rdc, kabila, élections 2011, rd congo
RDC : Les FDLR transférés peuvent-ils déstabiliser le Katanga ?
54 rebelles hutus des FDLR ont été transférés dimanche 2 mai de Goma vers Lubumbashi. Escortés par le pasteur Daniel Mulunda Ngoy, président du programme national pour la paix et la reconstruction (Parec), les miliciens et leurs familles se sont installés au Katanga, au Sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). De nombreuses associations se sont inquiétées de cette « délocalisation sauvage », réalisée sans aucune concertation et à la seule initiative du Parec. De nombreux observateurs voient dans l’arrivée de ces éléments armés au Katanga, un facteur de déstabilisation pour la région.
L’initiative du Parec en a étonné plus d’un. Pour se justifier Daniel Mulunda Ngoy affirme que la délocalisation des rebelles hutus est conforme aux accords de Goma. Selon Radio Okapi, les 54 combattants des FDLR étaient accompagnés de 106 membres de leurs familles et l’arrivée des ex-miliciens FDLR a été accueillie avec une certaine inquiétude par les habitants de la région.
Lambert Mende, le ministre congolais de la Communication et des médias a déclaré «ce transfert fait partie d’un vaste programme du gouvernement congolais qui va aboutir au retour de ces FDLR dans leur pays d’origine. » Pour Lambert Mende : «il n’y a aucune menace pour la sécurité des populations. Ces trente personnes non armées passent par un centre de triage et de contrôle avant de pouvoir regagner leur pays natal. Je l’impression que il y a des discours alarmistes qui sont tenus par des gens qui n’ont pas intérêt à ce que la situation se stabilise et qui manipulent les populations. Je voudrais une fois de plus rassurer ces populations que le gouvernement ne peut pas initier un programme qui met en danger les populations civiles.»
Le Réseau d’Action Citoyenne pour la Démocratie (RACID), une coalition de soixante quinze ONG du Nord Kivu, ont exprimé une forte inquiétude face à l’opération de délocalisation des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda du Nord Kivu vers le Katanga. Le RACID estime qu’il fallait plutôt rapatrier les ex-combattants FDLR directement dans leur pays d’origine au lieu de les délocaliser à l’intérieur de la RDC… une simple question de bon sens.
Christophe Rigaud
16:40 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fdlr, rdc, rd congo, kivu, guerre, rwanda, hutu, parec
06 mai 2010
RDC : Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ?
L'ex-rebelle congolais Laurent Nkunda, détenu depuis plus d'un an au Rwanda, doit être fixé sur son sort le 11 mai prochain. Le Tribunal militaire de Kigali doit en effet examiner une demande de remise en liberté de l'ex-chef tutsi. Au coeur d'une bataille juridique complexe, l'avenir de Laurent Nkunda est suspendu aux difficiles relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Seul fait nouveau : l'ancien chef d'Etat-major rwandais, James Kabarebe est maintenant ministre de la défense de son pays. Il a lui-même arrêté l'ex-général Nkunda après un brusque renversement d'alliance en janvier 2009.
Pour la défense de Laurent Nkunda l'ancien chef d'état-major des armées rwandaises, le général James Kabarebe, est responsable de l'arrestation et de la mise en détention illégales de l'ancien leader du CNDP congolais. Le 26 mars, la Cour suprême du Rwanda, s'était pourtant déclarée incompétente et avait renvoyé l'affaire devant la justice militaire. La RDC voisine, nouveau partenaire de Kigali, demande son extradition, mais le Rwanda n'a pas réellement intérêt à laisser partir son ancien allié, détenteur de nombreuses informations sur le soutien du Rwanda aux rebelles tutsis du CNDP. Le Rwanda avait également obtenu, en échange de l'arrestation de Laurent Nkunda, la chasse des rebelles hutus des FDLR pour la République démocratrique du Congo. Laurent Nkunda peut-il être libéré le 11 mai ? Certainement pas, les deux protagonistes n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa. Reste à trouver un tour de passe-passe juridique pour maintenir Nkunda au frais et résoudre l'imbroglio judiciaire qui entoure la légalité de sa détention.
Christophe Rigaud
20:58 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nkunda, rwanda, rdc, rd congo, kagame, kabila
05 mai 2010
RDC : Fiasco de l'opération PAREC au Nord-Kivu
Les bonnes intentions ne sont pas toujours récompensées. Si l'opération PAREC a permis de recueillir quelques bombes, mortiers et une centaine d'armes à Goma, la collecte d'armes du pasteur Ngoy Mulunda, "Arme contre 50 $", a été un échec à Kitchanga selon lesafriques.com.
Dans la région de Kitchanga, zone d'insécurité et fief du CNDP, la récolte a été plutôt maigre : seules 48 armes ont été récupérées, malgré la présence sur place de Charles Mwando Simba, le ministre de la Défense nationale congolais. Toujours selon le site lesafriques.com : "la zone de Kitchanga est pourtant réputée pour abriter de nombreuses caches d'armes et être le berceau de l'insécurité pour les populations congolaises du Nord-Kivu. Dans cette zone, les Hunde n'ont pas d'armes, mais les Hutus en ont reçu d'Habyarimana, et les Tutsi de Kagame. L'arme y a la valeur d'une vache (300 $)". Plusieurs raisons expliquent le peu de succès de l'opération PAREC : la faible somme donnée en compensation, l'insécurité permanente dans l'Est de la RDC et la présence active de nombreuses milices au Nord-Kivu.
14:02 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : parec, rdc, rd congo, armes
04 mai 2010
LRA : Menace sur la RDC ?
En février dernier, une centaine de personnes ont été tués par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans les districts du Haut Uélé et du Bas Uélé. Cette province orientale de République démocratique du Congo (RDC) est la proie des milices du rebelle Joseph Kony, en lutte contre le pouvoir de Kampala. Depuis maintenant plusieurs mois, la LRA est devenue un problème régional : Ouganda, RDC, RCA et Soudan sont désormais menacés par ce groupe que rien ne paraît arrêter. Même l'aide américaine semble impuissante.
Dernièrement, le secrétaire général adjoint de l’ONU, John Holmes, a fortement condamné la violence perpétrée par les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République démocratique du Congo(RDC). Pour John Holmes, "la LRA ne cesse de commettre des atrocités abominables à l’encontre des habitants de ces deux districts qui sont maintenant déplacés sans espoir de rentrer chez eux dans un futur proche".
Populations menacées
Outre la RDC, la LRA a mené des attaques contre les civils au Sud-Soudan et en République Centrafricaine (RCA) après avoir été chassé du nord de l’Ouganda il y a quelques années. Selon l'ONU, sept entités des Nations Unies et 23 ONG mènent des activités humanitaires dans ces districts qui accueillent au moins 320.000 personnes déplacées par la violence exercée par la LRA. Les acteurs sont en mesure de fournir une aide à 65% de la population déplacée, mais ils rencontrent des obstacles au quotidien en raison de l’insécurité persistante et de l’inaccessibilité de nombreuses personnes déplacées, dans une ré gion où le réseau routier est quasiment inexistant.
Human Rights Watch a rapporté le mois dernier que la LRA avait tué 321 personnes en décembre, lors d'un massacre dans la région qui n'avait pas été signalé jusque-là. Le gouvernement congolais a initialement démenti l'existence de ce massacre, mais un fonctionnaire a depuis confirmé la tuerie tout en avançant un bilan moins élevé, de 188 morts. A Nyangara, John Holmes a rendu visite a une femme de 23 ans soignée après avoir eu les lèvres et les oreilles arrachées par les rebelles qui tentent de s'assurer le silence de populations en les terrorisant.
Les pays touchées par les violence de la LRA possèdent des forces de sécurité nationales trop faibles pour protéger leur populations, l’armée ougandaise, bénéficiant du soutien américain, est exclusivement orientée vers la traque de Joseph Kony, le chef de la LRA. En RDC, où l'armée congolaise doit faire face à plusieurs fronts, Kivu, Ituri, Equateur, est particulièrement inopérante face aux rebelles ougandais. Pour l'heure la rébellion ougandaise n'a pas encore trouvé "d'alliés congolais" sur le territoire... mais la menace plane.
10:37 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lra, rdc, kony, rd congo