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30 septembre 2011

RDC : Laurent Nkunda de retour ?

Depuis son arrestation le 23 janvier 2009 et sa détention au Rwanda, les rumeurs vont bon train sur l'avenir du  général rebelle congolais, Laurent Nkunda. La République démocratique du Congo (RDC) demande son extradition, alors que Kigali refuse de lui accorder tant que la peine de mort est encore en vigueur dans le pays. En attendant, certains l'auraient vu circulant librement à Gisenyi, au Rwanda et lui prédisent un prochain retour au Congo.

logo afkrb.pngPendant 4 ans, entre 2006 et 2009, le général tutsi congolais, Laurent Nkunda, (soutenu par Kigali) avait fait trembler le régime de Joseph Kabila. Après avoir mis en déroute l'armée congolaise dans l'Est de la RDC, Laurent Nkunda avait été arrêté en janvier 2009, en territoire rwandais, à la suite d'un renversement d'alliance surprise. En effet, son allié rwandais d'hier s'était brutalement rapproché du congolais Joseph Kabila et avait procédé à l'arrestation de Nkunda. Ironie du sort, c'est le général rwandais Kabarebe, patron de la puissante armée de Kigali, qui l'avait arrêté. Nkunda avait d'abord été détenu en secret à la frontière entre la RDC et le Rwanda, puis il a été transféré au Rwanda fin mai 2009 de peur d'un coup de force de ses derniers fidèles, très puissants au Kivu. Depuis, le CNDP (son parti au Congo-Kinshasa) a explosé en plein vol pour donné naissance à un "CNDP deuxième version", plus présentable pour les autorités congolaises, qui se sont alors empressées d'intégrer les rebelles dans l'armée régulière.

Depuis, la RDC demande son extradition pour qu'il puisse répondre de ses crimes devant un tribunal congolais. Mais Kigali refuse tant que la peine de mort est en cours dans le pays. Laurent Nkunda est alors devenu un personnage bien encombrant pour les deux pays : au Rwanda, où il possède de nombreux amis dans l'armée et en RDC, où bon nombre de ses compagnons d'armes occupent des places importantes dans les services de sécurité et dans l'armée et où il continue de faire peur.

Pourtant, de nombreuses rumeurs circulent à Goma, sur Laurent Nkunda, note le site Congo Siasa. Selon ce site internet, "ces dernières semaines, Laurent Nkunda aurait été vu, voyager librement à l'intérieur du Rwanda, venant même à des funérailles à Gisenyi." Et on parle même d'un possible retour en République démocratique du Congo (RDC). Toujours selon Congo Siasa, ce retour "permettrait de réconcilier les deux factions au sein du CNDP, afin de consolider le groupe avant les élections et d'empêcher toute alliance avec les opposants rwandais, comme le général Kayumba Nyamwasa" (en délicatesse avec Paul Kagame, ndlr). Rumeurs confirmées ou non, il est pourtant peu probable de voir revenir Laurent Nkunda à la veille des élections présidentielles prévues le 28 novembre prochain. Ni Kigali, ni Kinshasa n'y ont intérêt. Pourtant, l'éventualité d'un retour au pays du général tutsi est bien la preuve que Laurent Nkunda reste une pièce maîtresse du rapport de force entre la RDC et le Rwanda. Une pièce que l'on peut ressortir à tout moment.

Christophe RIGAUD

RDC-Elections : Soupçons de fraudes massives

Un article du site Congo Siasa jette le trouble sur le processus électoral en cours en République démocratique du Congo (RDC). Un rapport confidentiel suggère la présence de centaine de milliers d'électeurs fictifs dans le fichier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Selon Congo Siasa, des diplomates qui ont examinés ce document estiment qu’il s’agit là d’indices de préparatifs de fraudes électorales.

Logo Elections 2011.jpgTout est parti d'un rapport confidentiel de la société belge ZETES, cité par Jason Stearns du site Congo Siasa. Dans ce document rédigé début août 2011, l'entreprise chargée de délivrer des cartes d'électeur biométriques effectue un certains nombres de contrôles pour déceler d'éventuels "doublons" sur les listes électorales (c'est à dire des électeurs qui seraient enregistrés deux fois sur le serveur de la Commission électorale - CENI). Et là surprise, le nombre de "doublons" est impressionnant et bien supérieur aux 119.000 "erreurs techniques" avouées par le président de la CENI :

- Bandundu - 278 039, soit 13,68% des électeurs,
- Equateur - 201, 543, soit 12,69% des électeurs,
- Orientale - 198 881, soit 5,47% des électeurs,
- Kinshasa - 22466, soit 0,87% des électeurs.


Dans ce rapport, la société ZETES rappelle qu'il lui faudra attendre le mois d'octobre pour commencer à corriger tous les doublons. Un délai trop court quand on sait que le scrutin est fixé au 28 novembre. Dans un communiqué, l'APRODEC Asbl note que "la présence de doublons qu’ils soient dus à des causes techniques ou à la fraude (enrôlements multiples) affecte la fiabilité du fichier électoral et donc,  la crédibilité du processus électoral en République Démocratique du Congo. La société ZETES conclut dans son rapport que la présence de doublons binaires et de vrais doublons dans le fichier électoral de la CENI est une preuve de manipulation de celui-ci.   Pourtant, contactés par des diplomates et des journalistes aussi bien la division électorale de la MONUSCO que la société ZETES ont affirmés que ces problèmes sont techniques et n’ont pas un caractère majeur. L’APRODEC asbl invite tant la Commission électorale nationale indépendante que la société ZETES à publier spontanément le rapport confidentiel".

Un document confidentiel qui tombe mal pour Kinshasa, alors qu'au milieu de l'été, plusieurs autres irrégularités étaient pointées, notamment l'enregistrement d'enfants mineurs sur les listes électorales ou de personnes de nationalités étrangères. Pour l'instant la CENI n'a pas encore réagit à ce document.

Christophe RIGAUD

RDC : Elie Kapend toujours en prison

Depuis bientôt 4 mois, le président du FLNC (Front de libération nationale du Congo), Elie Kapend Kanyimbu, est détenu à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa. Son parti dénonce une détention arbitraire et attend toujours de connaître les motifs de son incarcération. Cet ancien général des Tigres Katangais était candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC).

Image 2.pngLe 3 juin 2011, le président du FLNC (Front de libération nationale du Congo), Elie Kapend Kanyimbu a été arrêté à Lufu, à la frontière angolaise. Le président du FLNC devait assister au mariage de son fils aîné et avait prévenu, selon le FLNC, les services de la DGM, de l'ANR (les renseignements congolais) et le conseiller sécurité du président Kabila, Pierre Lumbi. Toujours selon de FLNC, Elie Kapend Kanyimbu possédait un visa en bonne et due forme délivré par l'ambassade d'Angola à Kinshasa. Suite à cette arrestation, le siège du FLNC à Kinshasa "a été investi par près de 2000 militaires" le vendredi 10 juin. Le siège du parti et la résidence d'Elie Kapend Kanyimbu ont ensuite été perquisitionnés et trois cadres du FLNC ont été interpellés.

Un récent communiqué du FLNC nous apprend que le Ie samedi 17 septembre 2011, Elie Kapend été transféré de sa cellule de l'Auditorat militaire, vers la prison militaire de Ndolo. Lors de son passage à l'Auditorat militaire, le FLNC note qu'aucun magistrat na entendu Elie Kapend, "aucune question ne lui a été posée, aucun motif concret ne lui a été donné pour son arrestation". Sur le mandat d'arrêt est mentionné comme motif de l'arrestation : " violation de consignes". Le FLNC s'étonne de ce motif et "se demande de quelles consignes il peut bien s'agir".

Encore étrange, la détention d'Elie Kapend dans une prison militaire, alors que l'ancien Tigre Katangais ne fait plus partie du corps militaire depuis Ie 27 avril
2009, et qu'il est en possession d'un certificat de démobilisation en bonne et due forme (voir la carte de démobilisation et le certificat de désarmement). Pour le parti politique d'Elie Kapend : "iI s'agit donc d'une arrestation purement arbitraire, visant è écarter du processus électoral un opposant "civil" trop gênant et encombrant pour Ie régime au pouvoir.

Christophe RIGAUD

29 septembre 2011

RDC : Tête à tête Tshisekedi-Bemba

Après un premier rendez-vous manqué mi-septembre, Etienne Tshisekedi (UDPS) a rencontré Jean-Pierre Bemba (MLC) à la prison de La Haye. Le leader de l'UDPS est à la recherche du soutien de l'ancien vice-président congolais aux prochaines élections de novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC).

élections RD.pngLa visite était qualifiée "de courtoisie", ou "d'humanitaire", mais une chose est sûre : l'élection présidentielle de novembre prochain en RD Congo a bien été le sujet majeur de la visite d'Etienne Tshisekedi à Jean-Pierre Bemba. A la clé de cette rencontre : les voix du MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba. Des voix très convoitées.

Dans 60 jours doit en effet se tenir le premier et unique tour de scrutin de l'élection présidentielle. Dans ce contexte, seul un candidat unique, rassemblant l'ensemble de l'opposition, peut espérer battre le président sortant, Joseph Kabila. Or, il y a déjà au moins trois candidats majeurs pour briguer la magistrature suprême : Etienne Tshisekedi (UDPS), Vital Kamrehe (UNC) et Léon Kengo (UFC). Mais un parti n'a pas présenté de candidat à cette élection : le MLC de Jean-Pierre Bemba, fort de ses 64 députés. Depuis 2008, le leader du MLC est en effet détenu par la Cour pénale internationale de La Haye, accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003.

Si de nombreux candidats cherchent à obtenir le soutien du "chairman" Bemba,  un accord avec le candidat de l'UDPS pourrait faire pencher la balance du côté d'Etienne Tshisekedi et marginaliserait ainsi les candidatures Kamerhe et Kengo, qui pour l'instant ne reposent sur aucune base électorale solide.

Pour l'instant, aucune déclaration claire de Jean-Pierre Bemba n'a filtré sur son éventuel soutien au "sphinx de Limete" (le surnom de Tshisekedi). Donnera-t-il des consignes précises à ses électeurs ? Ou entretiendra-t-il un certain flou qui pourrait l'arranger après les législatives (où le MLC présente 237 candidats) ? Une dernière question : que représente aujourd'hui l'électorat de Jean-Pierre Bemba, alors que le MLC n'est plus l'ombre que de lui-même ? Vraisemblablement peu en voix lors de la présidentielle, mais suffisamment lors de la législative pour peser encore à l'Assemblée nationale.

Christophe RIGAUD

28 septembre 2011

RDC : L'UDPS accentue la pression sur la CENI

Jeudi sous haute tension à Kinshasa. L'opposition annonce une grande manifestation dans toutes les grandes agglomérations de République démocratique du Congo (RDC). L'UDPS demande l'audit du fichier électoral pour y traquer les nombreuses irrégularités dans l'organisation des élections présidentielle et législatives du 28 novembre prochain. Les derniers sit-in de l'UDPS s'étaient toujours terminés par des violences policières.

Image 2.pngEtienne Tshisekedi et les alliés de l'UDPS appellent ce jeudi à une grande manifestation pour réclamer à la Commission électorale (CENI) un audit des fichiers et plus de transparence sur les scrutins du 28 novembre. L'UDPS accuse la CENI de ne pas vouloir rendre les prochaines élections transparentes et dénonce de multiples irrégularités dans l'enregistrement des électeurs. L'opposition craint aussi une fraude massive du pouvoir en place à Kinshasa.

Pour le responsable de l'UDPS, Jacquemain Shabani, cette grande marche a pour but de faire plier la CENI à leurs revendications, «pour éviter au pays le chaos qui survient à la suite des conflits postélectoraux dus à des élections mal organisées. L’UDPS et ses alliés appellent donc la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à clarifier le processus pour aboutir à des résultats incontestables, gage de la paix». Pour le parti d'Etienne Tshisekedi, la clarification du processus électoral passe par un audit du fichier électoral. De nombreuses informations font état de "doublons" sur le serveur central de la CENI. L'un des prestataire technique, la société Zetes reconnaît même une proportion anormalement élevée de ces "doublons" (plus importante que les 120.000 reconnut par le président de la CENI). Le bras de fer continue donc entre l'opposition et la CENI à moins de 60 jours du scrutin.

Christophe RIGAUD

RDC : Des élections "conflictogènes" pour l'UDEMO

A deux mois des prochaines élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC), de nombreux partis politiques dénoncent les risques de dérapages du processus électoral. L'UDEMO du candidat Nzanga Mobutu pointe à Addis-Abeba, les nombreux dysfonctionnements lors de l'enregistrements des électeurs Congolais.

Image 3.pngA l'occasion d'un forum sur le processus électoral en cours en RD Congo, le secrétaire général de l'UDEMO (Union des Démocrates Mobutistes), Guillaume Kahasha a dressé un états des lieux inquiétant dans l'organisation des élections présidentielle et législatives du 28 novembre prochain. Dans son discours d'Addis-Abeba, Guillaume Kahasha note que "dès le départ, ont été perçus des signaux susceptibles d’affecter le caractère apaisé de notre processus électoral." L'UDEMO regrette que lors des Assises entre la Commission électorale (CENI) et les différents partis politiques congolais d'avril 2011, aucune des recommandations n'a été appliqué, notamment "la mise en place d’un cadre d’échange et de dialogue sur le déroulement du processus entre le Pouvoir organisateur et les partis politiques de sorte à prévenir les éventuels écueils." Selon Guillaume Kahasha, "ledit cadre n’a jamais vu le jour", rendant impossible toute vérification de la "fiabilité des listes des électeurs qui, pour nous, constitue un sérieux problème sur le processus." L'UDEMO dénonce les nombreux "doublons" constatés sur les listes provisoires publiées. Des doublons techniques évalués à 40% par Kinshasa.

Pour le parti de Nzanga Mobutu, lui-même candidat à la présidentielle, ces dysfonctionnements sont la conséquence "d’un manque criant de transparence doublée d’un déficit de communication ou d’échange entre acteurs du processus" et risque d'affecter "la paix et la sécurité en République Démocratique du
Congo." L'UDEMO dénonce ainsi :
- les doublons sur les listes électorales,
- de l’exclusion du vote d’un certain nombre des Congolais (notamment la Diaspora),
- la présence dans les listes électorales de personnes ne remplissant pas les conditions constitutionnelles et légales d’être éligibles,
- le début prématuré de la campagne électorale,
- l’accès inéquitable et discriminatoire aux médias publics des partis politiques,

L'UDEMO estime enfin que la RDC n’a pas droit à l’échec, ni celui de décevoir la population et tire la sonnette d'alarme sur des élections « conflictogènes »

Christophe RIGAUD

Grands Lacs : Les Droits de l'Homme toujours menacés

Burundi, République démocratique du Congo (RDC), Rwanda... la situation des Droits de l'Homme reste préoccupante dans ces pays, selon la Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs (LDGL).

Image 2.pngLe Comité Directeur de la LDGL a récemment analysé la situation des Droits de l’Homme dans 3 pays d'Afrique centrale : le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.

Au Burundi, la LDGL, note "un recul considérable en matière de sécurité au point que des civils innocents sont régulièrement massacrés pour leur appartenance politique ou suite aux règlements de comptes. Le cas le plus frappant est celui du massacre, dimanche 18 septembre dernier d’une quarantaine de personnes à Gatumba." La LDGL recommande des enquêtes indépendantes pour identifier les auteurs du crime et les punir conformément à la loi. La Ligue dénonce "une crispation des rapports entre les acteurs politiques et une intolérance à la base des assassinats ciblés, des arrestations arbitraires et un harcèlement des acteurs de la société civile et des journalistes de la scène politique." Selon la LGDL, le Burundi connaît "un regain de violation des droits humains notamment en matière de bonne gouvernance, en dépit d’engagements solennels faits à l’occasion de la campagne électorale de s’attaquer aux anti-valeurs telles que la corruption et l’impunité. L’indépendance de la justice est gravement compromise au point que cette institution perd de plus en plus sa crédibilité aux yeux des citoyens". Dans ce contexte la LDGL recommande aux acteurs politiques burundais de "créer des espaces de dialogue sincère et ouvert à la société civile sur la lutte contre l’impunité, la sécurité et la corruption, goulots d’étranglement du développement économique et social."

Pour le Rwanda voisin, la LGDL semble moins dure avec les autorités de Kigali. La Ligue souligne "des efforts fournis en matière de la bonne gouvernance et de développement économique", mais regrette le manque de "promotion des droits humains dans le programme de développement". En ce qui concerne la liberté d’expression, la LDGL salue les projets de lois sur le fonctionnement du Haut Conseil des Medias, sur l’accès à l’information et la réforme de l’Office Rwandais de l’Information(ORINFOR) en Agence Rwandaise de Communication (RBA). Sur ce pays, la LGDL (basée à Kigali) reste étonnamment muette sur la situation des Droits de l'Homme, jugée inquiétante par d'autres ONG, comme Human Rights Watch (HRW). L'ONG américaine avait notamment dénoncé la détention d'opposants politiques ou la fermeture temporaire de journaux. La Fédération internationale des Droits de l'Homme (Fidh) avait sévèrement critiqué le régime rwandais au moment de la venu de Paul Kagame en France : " la situation des droits de l’homme demeure extrêmement préoccupante et les violations ont culminé lors de la dernière campagne électorale", notait l'ONG.

En République démocratique du Congo (RDC), la LDGL s’inquiète dans son communiqué, "de la montée de l’insécurité dans les provinces de l’Est, ce qui peut avoir une incidence négative sur la tenue des élections de novembre prochain. La LGDL demande au gouvernement de la RDC, appuyé par la MONUSCO, à "sécuriser les populations et les candidats sans discrimination et de prendre des
mesures concrètes afin de prévenir les contestations électorales. La LDGL constate en outre, que la participation de la Société civile dans le processus électoral est "très faible", alors que celle-ci est appelée à jouer un rôle de premier plan dans l’observation électorale afin de crédibiliser les résultats issus des scrutins conformément aux principes internationaux réglementant l’observation des élections.

Christophe RIGAUD

Photo : République démocratique du Congo (RDC) 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

26 septembre 2011

RDC-Législatives : Le nouveau visage de l'opposition

Le 28 novembre prochain, les élections législatives se dérouleront le même jour que l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). 19.497 candidats se disputeront 500 sièges. Un record de candidatures qui a pour effet de recomposer totalement l'opposition congolaise.

élections RD.pngAvec des élections législatives couplées à la présidentielle, l'avenir politique de la RD Congo se jouera donc entièrement le 28 novembre 2011. Si les candidats ne se bousculent pas pour la présidentielle (11 candidats contre 33 en 2006, scrutin à un seul tour oblige), la course à la députation fait recette : 19.497 candidats vont en effet se disputer les 500 sièges de l'Assemblée nationale, selon la liste provisoire de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Un record de candidature, à la limite du ridicule, comme à Kinshasa où une centaine de candidats se présentent sur 1 seul siège dans un quartier de la capitale.

L'opposition se redessine

Mais à regarder ces candidatures de plus près, on perçoit surtout une nouvelle redistribution des cartes dans l'opposition congolaise. Dans son blog, Congo Siasa, Jason Stearns dresse la liste du nombre de candidats présentés par chaque parti : le MLC de Jean-Pierre Bemba : 237 candidats, le PPRD de Joseph Kabila : 545, l'UDPS d'Etienne Tshisekedi: 377, l'UFC de Léon Kengo: 334 et l'UNC de Vital Kamerhe : 450. Plusieurs enseignements sont à retirés de cette comptabilité. Tout d'abord, l'affaiblissement du MLC, plus grand parti d'opposition, en proie à des luttes intestines et à l'absence de son patron à la présidentielle (Jean-Pierre Bemba est en prison à La Haye). Le MLC risque de beaucoup perdre dans cette élection et notamment son statut de premier parti d'opposition.

Deux autres partis risquent de lui ravir la place : l'UDPS d'Etienne Tshisekedi, absent en 2006 pour cause de boycott et la toute nouvelle UNC de Vital Kamerhe, omniprésente avec ses 450 candidats, alors que l'UNC n'a pas encore 1 année d'existence. Jason Stearns note que l'UNC a réussit l'exploit de lever des fonds importants pour présenter des candidats dans plus de 85% des sièges (d'où vient l'argent ?). L'UDPS est moins présente que l'UNC, avec 377 candidats, mais pour Jason Stearns cela traduit une stratégie minutieuse du parti de Tshisekedi : celle de présenter des candidats à des sièges qu'ils sont sûrs de remporter. Quand au PPRD, le parti présidentiel, il aligne le plus grand nombre de candidatures (545) et espère ainsi bénéficier d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale. Mais avec 19.497 candidats pour 500 sièges à pourvoir, Joseph Kabila court un risque : être élu d'une courte tête à la présidentielle et ne pas avoir de majorité stable à l'Assemblée. Un risque réel quand on sait que le Premier ministre qui sera nommé après l'élection présidentielle devra être issu d'une "majorité" à l'Assemblée... une majorité qui pourrait être très "hétéroclite".

Christophe RIGAUD

22 septembre 2011

RDC : La CENI refuse l'audit de l'opposition

A deux mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de refuser la demande de l’opposition d’un audit du fichier électoral. L'opposition congolaise craint une « fraude massive » lors de ce scrutin.

Le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda s’est dit opposé à tout audit du fichier électoral avec un seul groupe, celui de l’opposition, alors que le groupe majorité présidentielle se dit confiante au travail de la CENI. Pour les partis de l’opposition, l’audit du fichier électoral est l’une de leurs conditions pour signer le code de bonne conduite pour des élections apaisées.

Selon plusieurs observateurs, le refus par la CENI de la demande de l’opposition d’accéder au serveur ouvre la voie à un bras de fer entre la CENI et l’opposition. Le refus du président de la CENI risque de créer un climat de tension qui risque de conduire à une nouvelle cycle de violences dans le pays.

Burundi : La crainte du retour de la violence

Une fusillade mortelle a coûté la vie à 39 personnes non loin de la capitale, Bujumbura. Une dizaine de suspects ont été arrêtés, dont une partie venait de République démocratique du Congo (RDC). Des ex-rebelles des Forces nationales de libération (FNL), sont soupçonnés d'être à l'origine de l'attaque, avec la complicité de groupes Maï-Maï de RDC. Human Rights Watch (HRW) demande une enquête aux autorités burundaises, alors que de nombreux observateurs redoutent le retour de la violence et des anciens démons.

Afrikarabia logo.pngL'attaque du 18 novembre au Burundi dans un bar populaire non loin de Gatumba, réveille les crainte d'un nouvel embrasement sur toile de fond de violences politiques qui ont déjà fait des dizaines de victimes en 2010 et 2011. Les tensions se sont intensifiées au Burundi au cours des dernières semaines. Selon Human Rights Watch (HRW), « alors que la plupart des victimes des assassinats des derniers mois étaient des membres (ou anciens membres) des FNL faisant partie de la base de l’organisation, les personnes ciblées récemment comptaient des personnalités plus en vue. Parmi celles-ci, figuraient un ancien commandant des FNL démobilisé Audace Vianney Habonarugira, tué par balles en juillet 2011 ; Dédithe Niyirera, représentant des FNL dans la province de Kayanza, abattu à Kayanza à la fin du mois d’août 2011 ainsi qu’un ancien commandant des FNL Edouard Ruvayanga, tué à Bujumbura le 5 septembre dernier. Sur cette même période, plusieurs autres membres démobilisés des FNL ont reçu des menaces anonymes les avertissant qu’ils subiraient le même sort. » Dans un récent communiqué, cette ONG demande « instamment aux forces de sécurité burundaises de ne recourir qu’à la force minimale nécessaire dans leur poursuite des auteurs de ces récentes atrocités. Le massacre choquant de Gatumba ne devrait pas servir de prétexte pour viser d’anciens rebelles qui ont déposé les armes ou des membres de partis d’opposition qui n’ont pas été impliqués dans des activités criminelles. Si les autorités retrouvent les auteurs présumés, ceux-ci devraient être arrêtés, inculpés et jugés, mais non exécutés sommairement. » note Human Rights Watch

Pour rappel : « les FNL étaient l’un des groupes rebelles opérant pendant les 16 ans de guerre civile au Burundi, qui a opposé une armée minoritaire à dominante tutsi à des groupes rebelles hutus. L’un des groupes majoritairement hutus, le CNDD-FDD, a rejoint le gouvernement en 2004 et a remporté les élections en 2005. Les FNL, également à dominante hutu, ont poursuivi les combats jusqu’en 2009. Elles ont ensuite signé un cessez-le-feu et sont devenues un parti politique. Les FNL ont présenté des candidats aux élections de 2010 mais, tout comme d'autres partis de l'opposition, ont par la suite boycotté les élections, accusant le CNDD-FDD de fraude. Le CNDD-FDD, dirigé par le président en poste, Pierre Nkurunziza, a remporté les élections de 2010 quasiment sans opposition et reste le parti au pouvoir. Les élections ont été entachées de violences et d'atteintes aux droits humains. Plusieurs leaders des FNL et d’autres dirigeants de l'opposition ont fui en exil et sont toujours réfugiés à l’étranger. Certains anciens membres de groupes rebelles ont repris les armes et sont retournés dans la brousse. L’ouest du pays, notamment la province de Bujumbura Rural où se trouve Gatumba, reste un bastion des FNL. La plupart des incidents de violence politique se sont produits dans cette région. »

Christophe RIGAUD

00:18 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (2)

19 septembre 2011

RDC : Kamerhe tacle Kabila sur son bilan

Candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Vital Kamerhe (UNC) n'est pas tendre avec le bilan de son ancien allié, Joseph Kabila. Pour Vital Kamerhe, le bilan du président sortant est globalement "négatif". Un constat sans concession du "quinquennat Kabila" qui laisse tout de même un arrière goût étrange quand on sait que Vital Kamerhe a été un des plus proches collaborateurs du président congolais pendant les 4 premières années de son mandat.

Photo Vital Kamerhe.pngVoici une grande partie de la déclaration du candidat Vital Kamerhe à propos des 5 années au pouvoir de Joseph Kabila :

"Au plan économique. Il n’est un secret pour personne que l’économie de la RDC est l’une des économies les moins compétitives d’Afrique, qu’elle fait partie des Pays les moins avancés et qu’elle est classée parmi les 10 pays les plus pauvres de la planète.

Bien que le pays soit pourvu d’immenses ressources naturelles, le niveau de vie de sa population est parmi les plus bas du monde. Il ressort du classement annuel de l’Indice du Développement Humain (IDH) du PNUD publié en 2009  que la RDC compte parmi les trois pays où le niveau de vie régresse.

Sur la maîtrise de l’inflation, le Président de la République est contredit par les chiffres avancés par la CIAfactsbooks qui place la RDC à la 119e place au monde, avec un taux d’inflation de 26,2 %.

Comment peut-on être fier d’une telle place alors que nous avons un pays qui a vocation à jouer le premier rôle ?

En outre, selon la Banque Mondiale, la RDC occupe la 178e position, c’est-à-dire, la dernière place sur la liste de tous les pays classés d’après leurs capacités à offrir un bon climat d’affaires.

Il est bon de fustiger la gestion passée qui avait conduit à la faillite de la grande Gecamines avec toutes les conséquences qui en ont découlées. Le chef de l’Etat aurait dû ajouter que depuis son accession au pouvoir, l’Etat a non seulement aliéné une majorité de ses parts dans le capital de cette entreprise, mais qu’en plus, les réserves minières qui valorisaient encore le patrimoine de la Gecamines, ont été vendues sans que les Congolais en général, et les Katangais en particulier, ne sachent ce à quoi a servi le produit de cette vente. Aujourd’hui, après avoir épuisé le parc immobilier de la Gecamines, le pouvoir s’attaque à celui de la SNCC, de l’ex-ONATRA, et même de la SNEL, dans des opérations qui s’apparentent visiblement à des actions de décapitalisation frauduleuse desdites entreprises.

Alors, de quelle économie parle le Président de la République ?

S’agissant des infrastructures, il est étonnant de voir le Président de la république se vanter de la réhabilitation de quelques routes dans la capitale.

Pour  un pays aussi vaste (2.345.000 km2), les infrastructures jouent, certes,  un rôle majeur. La situation du système des transports en République Démocratique du Congo est désastreuse.  La réalité dans ce secteur se traduit par une insuffisance totale de l’offre des services de transports, accentuée par le mauvais état des infrastructures de transport et par une non-satisfaction chronique de la demande.

Le boulevard du 30 juin existe depuis l’époque coloniale, que l’on y ajoute des bandes ne change en rien les conditions de vie de l’habitant de Ngandajika, de l’habitant de Shabunda, de l’habitant d’Aru ou de Bongandanga. Cela n’a aucun effet pour l’habitant de Masina, dès lors, je confirme monsieur le Président de la République, qu’il n’existe pas de transports en commun organisé. Ces routes sont construites et réhabilitées pour ceux qui ont des voitures  pour y circuler !

Parce qu’il a juré d’être transparent avec nous dans son discours du 8 décembre 2010, le Président de la République aurait été complet en nous disant comment l’appel d’offres ou les différents appels d’offres, avaient été lancés pour la construction de toutes ces  routes.

Il s’agit dans cet exercice d’évaluation, des données indispensables pour établir la rationalité des choix opérés, parce que je refuse d’accepter, que l’élargissement  d’une route (d’une dizaine de kilomètres de longueur) qui part de l’échangeur de Limete jusqu’à l’aéroport de N’djili, pour ceux qui connaissent Kinshasa, et qui existait  déjà, puisse coûter 180 millions de $ ! Si ces 180 millions de $ américains, avaient été affectés à la réhabilitation des écoles construites à l’époque coloniale (nous parlons des lycées, collèges et athénées), toutes les écoles secondaires de la République Démocratique du Congo auraient été modernisées !

Dans le même ordre d’idées, le montant dépensé sur le boulevard du 30 juin, de 80 millions de $ pour 5 km de longueur et 28 m de largeur pour la 1ère tranche ne constitue pas non plus un choix rationnel.  Il s’agit d’un investissement tape à l’œil sans aucune incidence sur le vécu quotidien des Kinois dans la mesure où ils continuent à y affronter les embouteillages. Le même montant ajouté aux 29 millions de $ gaspillés pour l’agrandissement  du boulevard Triomphal sur 1 km et demi, sans aucun effet induit, suffiraient à la remise en l’état, à travers le pays, de tous les hôpitaux de référence qui datent de l’époque coloniale.

Il y a manifestement une mauvaise affectation des ressources de la République.

Comment  la communication du Président de la République ne peut-elle pas discerner ce qui est en cours de réhabilitation et ce qui a été réhabilité, donc comptabilisable à son actif, de ce qui n’existe encore qu’en projet ? Parce qu’il dit et je cite : « il en est de même de la réhabilitation des ports de Matadi, de Mbandaka, de Kalemie, de Kisangani, de Kalundu et d’Ilebo, ainsi que celle, en vue de leur modernisation, des aéroports de N’djili, de Goma, de la Luano, de Kisangani, de Moanda ; de Kolwezi et de Kavumu qui a démarré ou va bientôt l’être ». Je vous  laisse apprécier la précision.

Le Président de la République informe l’opinion qu’il va nous livrer, comme toujours, bientôt, l’hôpital du Cinquantenaire. A qui va-t-il le livrer ? Quelqu’un qui est à Bondo, en province orientale, quelqu’un qui est à Kolwezi au Katanga, qu’est-ce que cela veut dire pour lui l’hôpital du cinquantenaire ? Les 100 millions de dollars américains dépensés pour  les travaux de finition de l’hôpital du cinquantenaire auraient permis de réhabiliter tous les hôpitaux de la GECAMINES, de la SNCC, de la MIBA, de KILOMOTO, l’hôpital Mama Yemo, les Cliniques universitaires,…… les hôpitaux existent mais sont dans un état de délabrement avancé. Les 100 millions de $ pourraient aussi suffire  à améliorer les conditions de travail des médecins, des infirmiers et de tous les personnels des hôpitaux.

Dans son propos de Kingakati, le Président de la République met à son actif la réhabilitation de la route Kinshasa-Matadi.  Je voudrais, ici, rappeler que cette route avait été réhabilitée au moins trois fois pendant la 2ème République et que sa dernière remise en état, date de la période de la Transition de 1+4.

Pour la route Kisangani-Nyanya-Beni, nous devons avoir l’honnêteté de reconnaitre que les travaux avaient été financés dans le cadre de PMURR depuis le régime 1+4. Celle reliant Kinshasa à Kikwit a été  réhabilitée grâce à la coopération avec l’Union européenne et la Banque mondiale. Ces deux routes n’entrent donc pas dans le programme de la législature qui s’achève, et ne relèvent pas du financement des conventions dites « contrats chinois».

Pour une meilleure évaluation, le Président de la République aurait été mieux inspiré en rappelant à l’opinion les prévisions en matière d’infrastructures, notamment les routes.  Combien de kilomètres des routes bitumées, en terre battue, de desserte agricole, devaient être construits ?  Combien l’ont été effectivement ?  Quel est le pourcentage de réalisation avant de proclamer la réussite de son œuvre ?

Sur le plan social, l’opinion se souviendra que l’année 2010 avait été décrétée « Année du social ».

Le bilan est catastrophique et tout le monde le sait, parce que le Président de la République lui-même l’avait reconnu devant les 2 chambres réunies en congrès le 8 décembre 2010. Il est donc surprenant d’entendre le Président de la République nous tenir, neuf mois après, un discours diamétralement opposé !

Les contre-vérités et les erreurs  reprises dans le message de Kingakati ne peuvent pas nous laisser indifférents.  Que cela soit couché dans le discours du Président de la République, qu’il le répète devant les caméras et qu’il se trompe, non pas d’un chiffre, non pas de la moitié, non pas du double, … mais qu’il nous annonce que les magistrats touchent 1600 $ alors que ces derniers gagnent 485 000 FC soit près de 500 $ ; cela est impardonnable !

Vous pouvez vous imaginer les problèmes dans les foyers des magistrats et les réactions de leurs bailleurs qui vont certainement réajuster les loyers en conséquence.
Les professeurs d’université ; les professeurs ordinaires perçoivent 1.200.000 fc, soit l’équivalent de 1300 $ et non 2200 $ comme annoncé à Kingakati.   Et l’université, pour l’information du public et du Président de la République, n’est pas constituée que de professeurs ordinaires. Il y a les professeurs ordinaires, il y a les professeurs, il y a les professeurs associés, il y a les chefs de travaux, il y a l’assistant deuxième mandat, il y a l’assistant premier mandat,  et il y a les assistants de recherche et les personnels administratifs. Qu’en est-il de tout ce monde ?

L’université, ce sont aussi les étudiants.  Le Président de la République sait-il que les étudiants sont confrontés à des conditions infra humaines ?  Souvent issus de familles modestes, les étudiants sont livrés à eux-mêmes, sans bourse, sans transport, sans logement, sans restauration, sans bibliothèque et sans auditoires.  Sait-il (le Président de la République) qu’il y a des universités et des instituts supérieurs qui n’existent que sur papier, et d’autres qui fonctionnent dans des bâtiments abandonnés et ou inachevés ?

Sur ce même chapitre, le Président de la République devait savoir que l’université, c’est aussi le programme et les équipements modernes.  L’université et la recherche scientifique, c’est toute une vision pour l’avenir du pays.

Sait-il (le Président de la République) que dans le dernier classement des universités africaines paru dans Jeune Afrique, aucune université congolaise ne figure parmi les 500 premières ?  Quelle honte pour le pays dont Lovanium, actuellement UNIKIN ; l’UOC, actuellement UNILU ; et l’Université protestante de Kisangani, actuellement UNIKIS ; furent la référence en Afrique noire !

Nous sommes étonnés qu’aucun paragraphe n’ait été consacré à la recherche scientifique !

Dès lors, comment peut-on parler de développement sans penser à réhabiliter les centres de recherche et les chercheurs qui y travaillent ?

L’eau et l’électricité : avant d’aborder ce problème que nous vivons chaque jour à Kinshasa comme à l’intérieur du pays,  je voudrais dire aussi que le Président de la République s’est trompé en déclarant que « le pouvoir d’achat du Congolais s’est amélioré ». 

Quand le Gouvernement se complait dans l’illusion monétaire d’avoir augmenté les salaires sans se soucier du facteur de pondération composé du taux de change à cause de la forte dollarisation de notre économie d’une part, et des prix moyens pratiqués sur le marché d’autre part, j’attire l’attention du Président de la République sur l’inexactitude de sa perception de ce problème : le pouvoir d’achat de tous les Congolais a fortement régressé.

Tenez : il y a 10 ans, quand Mr Joseph Kabila remplaçait Mzee Laurent Désiré Kabila à la tête du pays, le carton de Mpiodi se vendait à 30$, et tout le monde s’en souvient ! Aujourd’hui, la ménagère débourse la même somme pour une seule rame de Mpiodi, chaque carton en comptant 3, il lui faut 90 $ pour acquérir ce carton.

Dans le budget 2007, l’huissier avait un salaire de 32.500 FC alors que le dollar s’échangeait à 580 FC, soit plus de 56 us$. Aujourd’hui, en 2011, ce même agent de l’Etat touche mensuellement 35.000 FC, ce qui fait une augmentation nominale de 7,7 % par rapport à 2007. Cependant, le dollar est passé, au cours de la même période, de 580 FC à 920 FC, soit une dépréciation de 58 %.  De ce pourcentage, vous enlevez celui de l’augmentation nominale, c.à.d. 7.7 %, ce fonctionnaire a subi une perte de 50 % de son pouvoir d’achat initial.  En valeur relative, son salaire de 2011 ne vaut en réalité que 28 us$, c'est-à-dire 50 % de ce qu’il touchait en dollars en 2007.

Comment le Président de la République peut-il nous dire après cette démonstration que le pouvoir d’achat du Congolais s’est amélioré ?

Par ailleurs, les inégalités sont très marquées. Environ 80 % de la population vit en dessous du  seuil de pauvreté, qui est estimé à 2 USD par jour. Près de 44 % de femmes et environ 22 % d’hommes n’ont aucun revenu. Les disparités régionales sont très fortes avec un taux de chômage supérieur à 60 %, chômage qui affecte essentiellement la population active de 18 à 35 ans. Les salaires et les prestations sociales sont dérisoires dans tout le pays.

Je termine cet exercice douloureux en posant la question de savoir :

- qu’en est-il des rémunérations des militaires, des policiers et de tous ceux qui veillent pendant que nous dormons ?  Est-ce qu’on n’est pas en train de nous mettre en danger quelque part ?

Nous voulons aussi aborder l’autre question, peut-être que le Président de la République n’est pas informé, qu’effectivement tous les congolais ont un accès difficile à la nourriture, à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé, à l’habitat. La situation s’est d’avantage détérioré qu’il y a cinq ans !

En ce qui concerne l’eau et l’électricité, pendant que je m’entretiens avec vous ici à la Gombe, commune qui abrite les sièges de la plupart des institutions nationales et internationales, il n’y a ni eau, ni électricité ! Vous pouvez le vérifier par vous-mêmes, pour ne pas me taxer de démagogue.

Le Président de la République, sait-il qu’à MACAMPAGNE, un des quartiers  résidentiels huppés de la capitale, où habite son ministre de l’énergie, les résidents ont commencé à creuser des bornes fontaines pour se procurer de l’eau ? C’est inacceptable !

On peut détester le Président MOBUTU, parce que dictateur, mais Kinshasa n’avait jamais atteint ce niveau de pénurie. Dans les hôpitaux comme Mama Yemo et autres, le manque d’eau et d’électricité est à la base de l’augmentation du taux de  mortalité, surtout infantile. Il faudrait que le Président de la République, reconnaisse que son bilan est totalement négatif.

Dans le secteur de la distribution de l’électricité, l’augmentation du taux de desserte de 6 à 9 % qu’avance le Président de la République n’est soutenue par aucun élément probant dans la mesure où le délestage n’épargne aucun quartier de la capitale (y compris le sien), ni aucune autre ville du pays. Pour certains quartiers de la capitale, il ne s’agit plus de délestage, mais des coupures qui durent trois à six mois.  Dans l’arrière pays, la situation est pire, dans certaines villes, ils n’ont jamais vu le courant ; pour d’autres, ils en gardent des vestiges d’il y a vingt ans.

Sur le plan des droits humains,  je m’attendais à ce que le Président de la République nous dise en sa qualité de magistrat suprême, qu’il va effectivement peser de tout son poids :


-      pour que Floribert CHEBEYA ait un procès équitable,

-      pour qu’on nous dise ce qu’est devenu le corps de Fidèle BAZANA,

-      pour qu’on nous dise qui a tué Armand NTUNGULU,

-      pour qu’on nous dise qui est l’auteur du récent assassinat ignoble de l’opérateur économique propriétaire des Ets City 11 à Bukavu,

-      pour qu’on nous dise également le sort réservé aux assassins de tous ces journalistes ;

-      pour qu’on nous dise, quel est le sort réservé, dans un pays qui se dit démocratique, à tous ces détenus d’opinion ;  les MOKIA, KUTHINO  et bien d’autres qui sont à MAKALA et dans d’autres prisons, à travers le pays !

En ce  qui concerne la sécurité,

Les habitants de la province orientale, qui continuent à subir les attaques de la LRA et même parfois celles de nos propres soldats, se demandent si le chef de l’Etat a encore la maitrise de la situation sur le terrain.

Bon nombre des habitants du Nord et du Sud Kivu ont dû sursauter en entendant le Président de la République déclarer que « le pays est presqu’entièrement pacifié,…..la région des grands lacs a retrouvé la paix et la stabilité,… » alors que, non seulement ils vivent sous la psychose de la  peur à cause des opérations d’intégration non achevées, mais font aussi face à plusieurs armées. Chaque minute qui passe, il y a une femme qui est violée. Et Madame Clinton, Secrétaire d’Etat américain, dans sa dernière adresse à l’U.A, n’a pas mâché ses mots en plaçant la RDC parmi les 3 pays où la vie des femmes est en danger. La RDC occupe, en effet la 2ème place après l’Afghanistan.

Malgré les différentes opérations qui ne font que changer des noms, force est de constater que les ex-interahamwe continuent à causer des malheurs au sein de la population congolaise, mais aussi à contrôler les gisements miniers de cassitérite et d’or.

En abordant les problèmes de la réforme de l’armée, de la police et des services de sécurité, et en affirmant que les libertés individuelles sont garanties ; et en citant pour preuves, (1) le retour au pays des dignitaires mobutistes, (2) la participation des tous aux élections,…  ici, il y a une double interrogation : de quelle armée, de quelle police, des quels services de sécurité, parle le Président de la République ?   Sait-il que dans certains coins de la République, il y a des militaires qui se livrent à la production des braises, du bois de chauffe pour survivre, quand ils ne peuvent pas se payer sur la population ?  Sait-il que les enfants des militaires ne sont pas scolarisés ? Qu’ils n’ont pas accès aux soins de santé et à un habitat humainement acceptable ?

De quelle réforme parle-t-on quand on a une armée qui compte autant de généraux que des colonels, bref, où il y a autant d’officiers que d’hommes des rangs ?  Le chef de l’Etat ignore-t-il que tous les militaires et les policiers commis à la garde des édifices publics doivent rançonner les visiteurs, Congolais comme Expatriés, qui veulent rencontrer les autorités ?  Simplement parce qu’abandonnés à eux-mêmes, ils sont souvent à la recherche des moyens de survie !

Pas plus tard qu’il y a trois jours, la ville de Bukavu était en alerte parce que les militaires avaient tiré.

Nous aurions souhaité entendre le Président de la République dire à l’opinion nationale et internationale ce qui s’est réellement passé dans cette ville. La violence continue à l’Est de la République Démocratique du Congo où l’on viole, on pille, où l’on coupe les routes en toute impunité.

Dans la capitale et dans les autres villes, l’insécurité persiste.  Elle ne saurait  reculer tant qu’on n’aborde pas le vrai problème, celui de la mise en place d’une armée où le militaire sera réellement pris en charge et le policier mis dans des conditions adéquates de travail.

Tolérance Zéro n’a été qu’un leurre.

Le Président de la République a dit que les portes des prisons étaient ouvertes. Depuis le début de cette législature, tous les gestionnaires ont été plébiscités, aucun cas de détournement  n’ayant été relevé, ni sanctionné.

En ce qui concerne la décentralisation, le pays a reculé, le Président de la république ayant repris toutes les prérogatives des assemblées provinciales, y compris celles de révoquer le gouverneur de province.  Nous comprenons que le Président de la République, se soit gêné d’en faire mention, dans son adresse de Kingakati.

Si le Président de la République se déplace la nuit, le pays est vraiment plongé dans le noir."
Vital Kamerhe

RDC : Le CLD soutiendra Tshisekedi

Dans un communiqué, la plateforme politique Congo en Légitime Défense (CLD), de Marie-Thérèse Nlandu explique pour quelles raisons elle n'a pas présenté de candidat à la présidentielle de novembre en République démocratique du Congo (RDC). Le CLD apportera son soutien à Etienne Tshisekedi (UDPS).

Logo Elections 2011.jpgLa modification constitutionnelle, faisant passer l'élection présidentielle de deux à un seul tour, mais aussi le montant de la caution pour se présenter (50.000$), ont découragé de nombreuses formations politiques à poser leur candidature en RD Congo. C'est notamment le cas du CLD (Congo en Légitime Défense (CLD) de Marie-Thérèse Nlandu.

Dans un récent communiqué, cette plateforme politique explique les nombreuses raisons qui l'ont poussé à ne pas présenter de candidat. Il y a bien sûr "les révisions constitutionnelles aussi nombreuses qu'irrégulières" (1 seul tour au lieu de 2),  "la problématique posée par la question du contrôle du Fichier et du Serveur informatiques", "le non-recensement préalable des électeurs dans le but de fausser les statistiques électorales" et "l’absence d’un débat télévisé contradictoire entre les candidats".

Le Directoire National du CLD a donc décidé de soutenir Etienne Tshisekedi, "le candidat commun de l’opposition qui n’a jamais appartenu au camp des envahisseurs et agresseurs ni travaillé avec eux". Le CLD demande donc "à tous ses membres et sympathisants à travers la RDC et dans la diaspora d'accorder leur vote à ce candidat désigné de l'opposition".

Christophe RIGAUD

17 septembre 2011

RDC : Pas de rencontre Tshisekedi-Bemba

Un temps annoncée, la visite de l'opposant congolais, Etienne Tshisekedi (UDPS), au leader du MLC, Jean-Pierre Bemba n'a pas eu lieu. Etienne Tshisekedi s'est bien rendu à la Cour pénale internationale (CPI), mais y a rencontrer Thomas Lubanga, un autre Congolais détenu à La Haye. Certains observateurs voyaient dans cette visite un possible accord entre l'UDPS et le MLC, en vue de la prochaine présidentielle de novembre 2011. Le MLC, absent du scrutin, n'a toujours pas donné de consigne de vote.

IMG_3865.JPGSelon un responsable de l'UDPS-Benelux que nous avons contacté, Etienne Tshisekedi s'est bien rendu à la Cour pénale internationale de La Haye, sans y rencontrer Jean-Pierre Bemba. Toujours selon ce responsable, une visite à Jean-Pierre Bemba « n'était pas prévue » et seul un entretien avec Thomas Lubanga a eu lieu, « une visite à caractère humanitaire seulement ».

La rencontre Tshisekedi-Bemba était pourtant très attendue à Kinshasa. Dans moins de trois mois doit se tenir le premier et unique tour de scrutin de l'élection présidentielle. Dans ce contexte, seul un candidat unique, rassemblant l'ensemble de l'opposition, peut espérer battre le président sortant, Joseph Kabila. Or, il y a déjà au moins trois candidats majeurs pour briguer la magistrature suprême : Etienne Tshisekedi (UDPS), Vital Kamrehe (UNC) et Léon Kengo (UFC). Mais un parti n'a pas présenté de candidat à cette élection : le MLC de Jean-Pierre Bemba, fort de ses 64 députés. Depuis 2008, le leader du MLC est en effet détenu par la Cour pénale internationale de La Haye, accusé de crimes de guerre et de crime contre l'humanité, commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003. Et pour l'instant, le MLC n'a donné aucune consigne de vote pour ce scrutin.

De toute évidence, les voix de Jean-Pierre Bemba valent de l'or, à deux mois et demi du scrutin. Et nombreux sont les candidats qui cherchent à obtenir son soutien. Un accord avec le candidat de l'UDPS pourrait faire pencher la balance du côté d'Etienne Tshisekedi et marginaliserait ainsi les candidatures Kamerhe et Kengo, qui pour l'instant ne reposent sur aucune base électorale solide. A l'UDPS on garde espoir. Car chacun sait qu'avec l'absence de candidat de l'UDPS en 2006, les électeurs de Tshisekedi s'étaient massivement reportés sur Jean-Pierre Bemba. Avec l'absence de Bemba en 2011, l'UDPS espère que les électeurs feront le chemin inverse. Seule différence avec 2006 : cette année le scrutin sera à un seul tour.

Christophe RIGAUD

Photo : E. Tshisekedi à Bruxelles en 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

16 septembre 2011

Chasse aux Tutsis entre Paris et Aubervilliers en marge de la visite de Kagame en France

Des agressions de Noirs supposés tutsis et d’autres incidents violents ont marqué la visite du président du Rwanda à Paris. Des ressortissants de RDC sont mis en cause. Ils auraient été poussés en avant, voire payés, par l’opposition rwandaise en exil. SOS-Racisme rassemble plaintes et témoignages.

Capture d’écran 2011-09-16 à 19.54.13.pngLa visite « de courtoisie » du chef de l’Etat rwandais à son homologie Nicolas Sarkozy entre le 11 et le 13 septembre 2011 est loin d’avoir apaisé les esprits dans l’opposition rwandaise en exil et parmi les ressortissants de République Démocratique du Congo (RDC) en Europe. Bien au contraire, « remontés à bloc » par une intense campagne de mobilisation sur internet, certains avaient décidé d’en découdre. Et des incidents, parfois très graves, ont été déplorés. Ils ont débuté le dimanche 11 septembre en soirée aux abords des « Docks », une immense salle de spectacle située dans le Parc des Portes de Paris, 45 avenue Victor-Hugo à Aubervilliers.

Agressions très violentes à Aubervilliers

Tout l’après-midi, à l’invitation de l’ambassade du Rwanda à Paris, quelque 4000 membres de la Diaspora s’étaient réunis pour entendre l’intervention de Paul Kagame, poser des questions et profiter d’un grand spectacle musical. En raison des menaces proférées les jours précédents, un impressionnant dispositif policier a canalisé la foule. Mais le dispositif a été levé vers 21 heures après le départ du président du Rwanda. Toute la soirée, des véhicules avaient été vus rôdant dans le quartier avec, semble-t-il, des Rwandais ou des Congolais à bord, visiblement venus pour en découdre. Selon plusieurs témoins, un fils Habyarimana conduisait l’un des véhicules, mais il n’a pas été impliqué dans les agressions qui ont suivi. Après le départ de Paul Kagame et de sa suite, vers 21 heures, le dispositif policier avait été levé avenue Victor-Hugo.
De petites équipes d’opposants sont alors passés à l’action. Des pierres ont été lancées contre des personnes isolées qui revenaient à pied vers le métro. Plusieurs personnes ont a été giflées.
Pierre B…, venu de la région de Bordeaux, a été tabassé et s’est fait voler tous ses papiers. Il s’est rendu à un commissariat proche qui a refusé d'enregistrer sa plainte mais les policiers ont quand même fait venir le Samu pour le faire soigner aux urgences.

Agressé et dépouillé

Innocent était venu de Strasbourg avec des amis de Mulhouse dans un minibus. Ils étaient six dans le véhicule, trois hommes et trois femmes. « Personne ne nous avait prévenu de nous méfier. En sortant de la salle d’Aubervilliers, nous avons commencé à rouler lorsque nous avons vu deux ou trois Rwandais qui semblaient perdus. Il y avait parmi eux Eric Kabera, le cinéaste. Ils cherchaient le chemin de leur hôtel. Au moment où nous discutions à leur hauteur, une voiture s’est arrêtée derrière nous. Trois hommes sont sortis en criant en lingala (la principale langue de RDC) : « Voilà des Tutsi qui sont venus dans l’avion de Kagame, on va leur casser la gueule ».  Eric et ses compagnons ont aussitôt détalé. Ils m’ont sorti du véhicule, m’ont fait une « balayette » pour que je tombe et les trois se sont acharnés sur moi à coups de pieds. J’étais pratiquement KO. Une femme en a profité pour s’enfuir du minibus. Ils se sont attaqués aux autres. L’un des agresseurs est retourné à sa voiture chercher des bidons d’essence et a commencé à arroser notre minibus et les femmes. Il a aussi jeté de l’essence sur une voiture bloquée derrière, une Mercedes pilotée par un Français. Heureusement, dans leur précipitation, les inconnus avaient oublié leurs briquets dans leur voiture. Ils sont retournés les chercher et ont d’abord incendié la Mercedes. Au moment où ils allaient allumer l’essence dont étaient imprégnés les deux femmes supposées tutsies et notre minibus,  beaucoup avaient vu la scène de loin et accouraient en criant. Les trois hommes ont aussitôt pris la fuite dans leur véhicule. Ca nous a sauvés ».

Deux Rwandaises supposées tutsies aspergées d’essence

Cette agression a été la plus violence de celles qui se sont produites aux alentours de la salle de spectacle d’Aubervilliers. Innocent et ses amis se sont rendu au commissariat d’Aubervilliers pour déposer plainte. Selon eux, les policiers les auraient reçus de mauvais gré en se plaignant d’être en sous-effectif. Il aurait fallu parlementer jusqu’à 3 heures du matin pour qu’enfin la - seule - plainte d’Innocent soit enregistrée.

Les policiers présents ont cependant procédé à 15 interpellations de « casseurs », tous issus de RDC et porteurs pour certains de cocktails Molotov.

Des « casseurs » issus de RDC

D’autres incidents se sont produits le lundi 12 septembre après-midi. Après le déjeuner des deux chefs d’Etat à l’Elysée, une conférence de presse était organisée au Centre d'Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) avec pour intervenants Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Tharcisse Karugarama, ministre de la Justice, Aloysie Inyumba, ministre de la Condition féminine et de la famille, François Kanimba , ministre du Commerce et de l'Industrie, James Musoni, ministre du Gouvernement local, Albert Nsengiyumva, ministre des Infrastructures et le professeur Anastase Shyaka, Secrétaire exécutif du Conseil de la gouvernance du Rwanda.

Malgré les règles de sécurité drastiques, un petit groupe de manifestants a réussi à s’introduire par une porte dérobée dans le Centre,  implanté dans l'aile Sud du Grand Palais, face au Pont Alexandre III à Paris.
A la demande du service de sécurité de la délégation rwandaise, le journaliste congolais Roger Bongos a été brièvement interpellé et sorti de la salle par la police française pour être maintenu dans un fourgon de Police  jusqu'à la fin de la conférence de presse.

Un journaliste congolais mis à l’écart

Le journaliste a protesté qu’il était accrédité par ce Centre de presse. De leur côté, les services de sécurité rwandais expliquent que Roger Bongos avait créé un esclandre le dimanche précédent à l’entrée de la réunion de la Diaspora à Aubervilliers en exigeant de pénétrer dans l’enceinte de la salle avec une caméra, alors qu’il n’avait pas été accrédité comme journaliste. « Il a hurlé et fait du tapage à Aubervilliers, nous étions donc en droit de nous méfier », argumente un responsable de la sécurité rwandaise. Ces deux versions ne sont pas contradictoires. Elles montrent le climat d’extrême tension sécuritaire autour de la visite du chef de l’Etat rwandais à Paris.
Entre l'opposition rwandaise qui s'estime traquée et muselée et les Congolais de RDC qui tiennent pour responsable Paul Kagame de tous leurs malheurs à l'Est du pays, les services de sécurité rwandais et français étaient sur les dents. Pour toutes ces raisons, certains médias "hostiles" ont été tenus à l'écart de la visite présidentielle. De son côté, Paul Kagame n’a accordé que de rares interviews : à l’Agence France Presse, à France 24 et au quotidien Libération. (voir l'article d'AFRIKARABIA sur la version de Roger Bongos)

Des manifestants aux tee-shirts maculés de rouge

Lors de la conférence de presse au CAPE, un petit groupe de Congolais qui avait réussi à s’infiltrer par une porte dérobée a dévoilé des tee-shirts maculé de rouge et crié des slogans hostiles au régime de Kagame avant d’être expulsé par des policiers.
Les protestataires ont ensuite brûlé des pneus ainsi qu’une voiture sur le périphérique, à proximité de la Porte de Saint-Cloud. La police a dû fermer cette section du périphérique, ce qui a provoqué d’importants embouteillages. Devant les protestations des usagers du périphérique bloqués par le brasier, les manifestants congolais ont affirmé par la suite que la voiture qui avait été incendiée sur le périphérique leur appartenait. Il ne semble pas que les auteurs de cette action aient été déférés au Parquet, ni même arrêtés.

Voiture incendiée sur le Périphérique

Dans les heures qui ont suivi, des Rwandais  catalogués « Tutsi » à leur faciès ont été insultés et agressés dans un autobus et dans des rames de métro. Dans un autobus de la RATP se trouvaient plusieurs avocats rwandais dont le Bâtonnier de Kigali Me Aloïs Rutadungwa et Me Donatien Mucyo. Entendant qu’ils discutaient en kinyarwanda, un passager apparemment congolais les a insultés. Puis il a appelé par téléphone ses amis à le rejoindre « pour régler leur compte à ces Tutsis ». Les Rwandais ont alerté le conducteur qui a appelé les services de sécurité de la RATP. Ceux-ci ont escorté les avocats jusqu’à leur hôtel pour qu’ils ne soient pas pris à partie.

Un autre avocat rwandais a été agressé à proximité du parvis du Trocadéro. Les policiers ont arrêté ses deux agresseurs, qui seraient pour l’un Congolais, et l’autre, Angolais.

Plusieurs avocats rwandais menacés, voire brutalisés

Ces incidents ne sont pas étonnants au vu du déferlement de messages haineux ces derniers jours visant le régime de Paul Kagame et plus précisément les Tutsi rwandais. Des internautes, apparemment issus de RDC, sont allés jusqu’à appeler au viol de femmes au Rwanda. Des chansons en lingala sont audibles et visibles sur Youtube, appelant au meurtre des Tutsi. La radicalisation de la campagne présidentielle en RDC semble avoir poussé certains à jeter de l’huile sur le feu, en accusant notamment le président Kabila d’être tutsi. Du côté de Kigali, on accuse les opposants rwandais réfugié sen Europe d’avoir instrumentalisé des Congolais pour les pousser en première ligne. L’association SOS Racisme a commencé à enquêter sur tous les incidents et agressions.

Lors de précédentes manifestations de même nature le 12 juin dernier à Chicago, des manifestants congolais avaient reconnu avoir touché 10 dollars chacun de la part « d’amis rwandais » pour crier des slogans hostiles et brandir des pancartes devant l’hôtel où résidait Paul Kagame.

Serge RAUQUE

Photo : Paul Kagame à Aubervilliers le 11 septembre 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC-Présidentielle : 11 candidats validés

Ils seront finalement 11 candidats, et non 12, à briguer la magistrature suprême en République démocratique du Congo (RDC), le 28 novembre prochain. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a déclaré recevable 11 candidatures pour présidentielle. "Aucune candidature féminine n'a été enregistrée", selon le président de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda.

élections RD.pngVoici donc la liste des candidatures validées par la Commission électorale :

- Jean Andeka Djamba (ANCC)
- Etienne Tshisekedi (UDPS)
- François Joseph Nzanga Mobutu (Udemo)
- Vital Kamerhe (UNC)
- Kengo wa dondo (UFC)
- Nicephore Kakese (URDC)
- Joseph Kabila (Indépendant)
- Oscar Kashala (UREC)
- Antipas Mbusa Nyamwisi (Indépendant)
- Adam Bombole (Indépendant)
- Josué Alex Mukendi Kamama (Indépendant)

Le président sortant Joseph Kabila est candidat à sa propre succession sous l'étiquette "indépendant" malgré l'investiture de son parti, le PPRD. Joseph Kabila est également soutenu par la la Majorité Présidentielle (MP), sa plate-forme électorale pour 2011.

Le principal opposant à Joseph Kabila est Etienne Tshisekedi, candidat au nom de l'UDPS. A 79 ans, cet opposant historique se présente pour la première fois à la présidence de la République, après son boycott du scrutin de 2006.

Avec 65 députés nationaux, le MLC de Jean-Pierre Bemba est le premier parti d'opposition congolais. Mais avec l'absence du "chairman", détenu en prison par la CPI, le MLC ne s'est pas trouvé de leader. Il n'y aura donc pas de candidat du MLC à cette élection. Rappelons que Jean-Pierre Bemba avait tout de même obtenu 42% au scrutin de 2006. "Contre mauvaise fortune bon coeur", 1 cadre du MLC se présente tout de même en "indépendant" à la présidence. Il s’agit d’Adam Bombole, candidat malheureux à l’élection de gouverneur de Kinshasa en 2007.

Vital Kamerhe (UN) espère bien gagner ses galons d'opposant dans cette élection. L'ancien directeur de campagne du président Joseph Kabila et ex- président de l’Assemblée nationale, passé depuis quelques mois dans l’opposition, mène une campagne médiatique très offensive et prépare déjà la prochaine présidentielle de 2016.

Léon Kengo wa Dongo de l’UFC est lui aussi un nouveau venu dans l'opposition congolaise. Plusieurs fois Premier ministre sous le règne du maréchal Mobutu, il est depuis 2007 le président du Sénat.

Le docteur Oscar Kashala (UREC) avait obtenu le score de 3,46% des voix au premier de la présidentielle de 2006.

François Joseph Nzanga Mobutu (UDEMO) est un des fils du maréchal Mobutu. Avec 4,77% des suffrages, il était arrivé en 4ème position au premier tour de la présidentielle de 2006. Il faudra donc compter avec lui.

Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD/KML) a été ancien ministre de la Décentralisation. En 2006, alors qu'il était déjà candidat à l’élection présidentielle, il appelle son électorat à voter au second tour pour Joseph Kabila.

Christophe RIGAUD

RDC : Les crimes du Kivu devant la CPI

La Cour pénale internationale (CPI) ouvre aujourd'hui une audience clé dans l'affaire Callixte Mbarushimana. Ce rwandais, responsable des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) doit répondre de crimes  contre l’humanité et de crimes de guerre perpétrés dans les provinces des Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Plusieurs ONG "regrettent une participation retardée des victimes dans cette affaire".

Image 4.pngLe 16 septembre 2011, La Cour pénale internationale (CPI) ouvrira une audience afin de confirmer les charges de la CPI dans l'affaire Callixte Mbarushimana. Mbarushimana est un ressortissant rwandais, secrétaire exécutif des  Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda — Forces Combattantes Abacunguzi (FDLR-FCA), principale rébellion dans l'Est de la RDC. Ce responsable FDLR est soupçonné d’être responsable de  crimes contre l’humanité (meurtre, torture, viol, persécution et acte inhumain) et de  crimes de guerre (attaques contre la population civile, destruction de biens, meurtre, torture, viol et acte inhumain) prétendument commis en 2009 en RDC. L'audience doit confirmer les charges qui pèsent sur Mbarushimana.

Dans un communiqué,la Coalition pour la Cour pénale internationale (CICC en anglais) "déplorent les retards  concernant la participation des victimes à cette procédure. La décision autorisant les  130 victimes à présenter leurs points de vue à l’audience de confirmation n’a été rendue  qu’une semaine avant la date d’audience initialement prévue pour le 16 août 2011." La Coalition pour la Cour pénale internationale est un réseau mondial de plus de 2.500 organisations de la société civile, présentes dans 150 pays et travaillant pour "améliorer l’accès à la justice des victimes de génocide, de crimes de guerre et de crimes  contre l'humanité."

Dans ce contexte, Les ONG membres de la Coalition demandent depuis longtemps au Procureur de la CPI d’accélérer son enquête dans les provinces des Kivu en RDC. « L’audience  concernant Mbarushimana est un pas important afin de rendre justice aux victimes des  crimes graves commis dans les Kivu durant ces dernières années », a déclaré André  Kito, coordinateur de la Coalition de la RDC pour la CPI. « Toutefois, le Greffe de la CPI  devrait prendre des mesures pour élargir la participation des victimes à la ville de  Shabunda (Sud-Kivu) au vu des crimes majeurs également commis là-bas.» 

L'ONG note que "des centaines de victimes supplémentaires qui avaient demandé à participer avant même la fin du délai fixé par la Cour dans l’affaire Mbarushimana ont été omises du fait des  limites du Greffe en temps et en moyen, qui a été incapable de traiter un grand nombre  de demandes venant de 470 victimes dans le délai fixé par la Chambre."

14 septembre 2011

RDC : Des concessions minières vendues secrètement

Le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) dénonce dans un communiqué le "bradage" de concessions minières à des acteurs privés par la République démocratique du Congo (RDC). Ce réseau accuse le gouvernement de transactions opaques "à des prix inférieurs à ceux du marché".

Image 3.pngLa République démocratique du Congo est riche en minerais. Le pays détient 34% des ressources mondiales de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Mais ces richesses ne bénéficient pas réellement à l'Etat congolais et encore moins aux Congolais eux-mêmes. L'Etat reste pourtant présent dans les projets miniers en RDC, notamment grâce à ses entreprises publiques. La Gécamines et Sodimico sont en effet "actionnaires minoritaires au sein des joints ventures d’investisseurs étrangers". Une bonne occasion pour la RD Congo de pouvoir engranger quelques recettes.

Mais selon le Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EURAC) et ses ONG membres, "des ressources minières publiques auraient été secrètement vendues à des acteurs privés, en l’absence de tout processus concurrentiel et à des prix inférieurs à ceux du marché". Toujours d'après l'EURAC : "Gécamines et Sodimico auraient récemment vendu leurs parts respectives de plusieurs projets miniers notamment Mutanda, Lonshi et Frontier, tous basés dans la province du Katanga. Révélée après les faits, la vente de ces actifs n’aurait pas respecté le principe de concurrence transparente et équitable. L’identité des acheteurs n’a toujours pas été divulguée par les autorités congolaises. Dans les deux cas, nous avons de bonnes raisons de penser que ces actifs – d’une valeur totale d’1 milliard de dollars – aient été vendus à des prix inférieurs à leur valeur réelle sur le marché."

Le Réseau estime que de telles informations "constituerait une violation de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre la RDC et la Banque Mondiale en Mars 2011." L'EURAC demande donc aux bailleurs européens et la Banque Mondiale de "se montrer plus proactifs dans la surveillance de telles manoeuvres et de pousser pour la mise en place effective de la Matrice pour la Bonne Gouvernance Economique conclue entre le gouvernement congolais et la Banque Mondiale en Mars 2011."

Malgré les bonnes promesses des autorités de Kinshasa pour améliorer la transparence de l'économie du secteur minier, les mauvaises pratiques semblent perdurer. Car dans le cas précis de la Gécamines et Sodimico, l'EURAC conclut "qu'une entreprise publique n’a aucun intérêt à vendre le peu d’actifs qu’elle détient au sein des joints ventures minières étrangères." Une question demeure sans réponse : pourquoi le gouvernement congolais a-t-il autorisé une telle transaction ?

Christophe RIGAUD

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

13 septembre 2011

Kagame à Paris : Un journaliste Congolais interpellé

Le journaliste Congolais Roger Bongos a été brièvement interpellé par la police française lundi 12 septembre en marge de la visite du président rwandais Paul Kagame. Venu assister à la conférence de presse de Louise Mushikiwabo, Ministre des affaires étrangères rwandaise, au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE), Roger Bongos a été prié de quitter la salle pour être maintenu dans un fourgon de Police  jusqu'à la fin de la conférence de presse.

Image 2.pngPlusieurs incidents ont émaillé la visite du président rwandais Paul Kagame en France. Mais un événement est passé inaperçu. La scène se passe au CAPE, le Centre d'Accueil de la Presse Etrangère à Paris, en face du pont Alexandre III. Un journaliste congolais du site Afrique Rédaction, Roger Bongos, a été empêché d'assister à la conférence de presse de Louise Mushikiwabo, Ministre des affaires étrangères rwandaise et de plusieurs ministres. Pourtant accrédité par ce Centre de presse, Roger Bongos a été "invité" par la police français à sortir de la salle et à s'installer dans un fourgon de police pendant toute la durée de la conférence de presse.

Joint par téléphone, notre confrère nous explique s'être installé dans la salle de conférence à 14h40 pour y préparer son matériel. A 15h15 deux policiers français viennent trouver Roger Bongos, l'invitant à les suivre. A l'extérieur du Centre, le journaliste demande des explications aux deux hommes qui lui répondent qu'il "ne peut pas assister à cette conférence". Roger Bongos proteste en leur montrant sa carte de journaliste de l'APE, l'Association de la Presse Etrangère. Rien n'y fait, le journaliste est embarqué dans un fourgon de police jusqu'à 17h40... heure de la fin de la conférence de presse. Visiblement, ce journaliste congolais n'était pas le bienvenu à cette rencontre entre plusieurs ministres rwandais et la presse étrangère à Paris.

Il est vrai que la visite du président rwandais s'est déroulé dans un climat de tension permanent. Entre l'opposition rwandaise qui s'estime traquée et muselée et les Congolais de RDC qui tiennent pour responsable Paul Kagame de tous leurs malheurs à l'Est du pays, les services de sécurité rwandais et français étaient sur les dents. Pour toutes ces raisons, certains médias "hostiles" ont été tenus à l'écart de la visite présidentielle. C'est visiblement le cas de Roger Bongos, journaliste, certes engagé, et de son site Afrique Rédaction.

Emu par sa mésaventure, Roger Bongos s'est déclaré très étonné que ce type de pratiques se déroulent en France "dans le pays des droits de l'homme". De nombreux journalistes présents au CAPE ont protesté contre cette entrave à la liberté de la presse en France.

Christophe Rigaud

RDC-Présidentielle : 12 candidats pour 1 fauteuil

Douze candidats sont en course à la magistrature suprême en République démocratique du Congo (RDC). Avec une présidentielle à un seul tour, les candidats sont moins nombreux qu'au dernier scrutin : 12 en 2011 contre 33 en 2006. A retenir : le président sortant Joseph Kabila se représente, une seule femme est en lice et le MLC, premier parti de l'opposition institutionnelle sera le grand absent de cette présidentielle.

élections RD.pngA la clôture du dépôt des candidatures pour la prochaine présidentielle en RD Congo, voici la liste des 12 candidats qui brigueront la présidence le 28 novembre prochain :

- Jean Andeka Djamba (ANCC)
- Etienne Tshisekedi (UDPS)
- François Joseph Nzanga Mobutu (Udemo)
- Vital Kamerhe (UNC)
- Léon Kengo wa dondo (UFC)
- Nicephore Kakese (URDC)
- Joseph Kabila (Indépendant)
- Oscar Kashala (UREC)
- Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD-K/ML)
- Adam Bombole(Indépendant)
- Berbadette Nkoy Mafuta (Indépendant)
- Ismaël Kitenge (MRC-PTF)

Douze candidatures ont donc été déposées à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en vue de la présidentielle de 2011 en RDC. Le président sortant Joseph Kabila est candidat à sa propre succession sous l'étiquette "indépendant" malgré l'investiture de son parti, le PPRD. Joseph Kabila est également soutenu par la la Majorité Présidentielle (MP), sa plate-forme électorale pour 2011.

- Le principal opposant à Joseph Kabila est Etienne Tshisekedi, candidat au nom de l'UDPS. A 79 ans, cet opposant historique se présente pour la première fois à la présidence de la République, après son boycott du scrutin de 2006.

- Avec 65 députés nationaux, le MLC de Jean-Pierre Bemba est le premier parti d'opposition congolais. Mais avec l'absence du "chairman", détenu en prison par la CPI, le MLC ne s'est pas trouvé de leader. Il n'y aura donc pas de candidat du MLC à cette élection. Rappelons que Jean-Pierre Bemba avait tout de même obtenu 42% au scrutin de 2006. "Contre mauvaise fortune bon coeur", deux cadres du MLC se présentent tout de même en "indépendant" à la présidence. Il s’agit d’Adam Bombole, candidat malheureux à l’élection de gouverneur de Kinshasa en 2007 et de l’unique femme de ce scrutin, Bernadette Nkoy Mafuta, ancienne gouverneur de Kinshasa.

- Vital Kamerhe (UN) espère bien gagner ses galons d'opposant dans cette élection. L'ancien directeur de campagne du président Joseph Kabila et ex- président de l’Assemblée nationale, passé depuis quelques mois dans l’opposition, mène une campagne médiatique très offensive et prépare déjà la prochaine présidentielle de 2016.

- Léon Kengo wa Dongo de l’UFC est lui aussi un nouveau venu dans l'opposition congolaise. Plusieurs fois Premier ministre sous le règne du maréchal Mobutu, il est depuis 2007 le président du Sénat.

- Le docteur Oscar Kashala (UREC) avait obtenu le score de 3,46% des voix au premier de la présidentielle de 2006.

- François Joseph Nzanga Mobutu (UDEMO) est un des fils du maréchal Mobutu. Avec 4,77% des suffrages, il était arrivé en 4ème position au premier tour de la présidentielle de 2006. Il faudra donc compter avec lui.

- Antipas Mbusa Nyamwisi (RCD/KML) a été ancien ministre de la Décentralisation. En 2006, alors qu'il était déjà candidat à l’élection présidentielle, il appelle son électorat à voter au second tour pour Joseph Kabila.

Christophe Rigaud

Bilan en demi-teinte de la rencontre Sarkozy-Kagame à l’Elysée

La visite de courtoisie du chef de l’Etat rwandais à Nicolas Sarkozy s’est inscrite en pleine actualité sur les turpitudes de la « Françafrique » et dans un contexte marqué par l’indignation de hauts gradés français de « France Turquoise », relayés par certains politiques.

Sarko-Kagame(2).JPGIl faisait un temps gris et légèrement pluvieux ce lundi 12 septembre 2011 dans la cour de l’Elysée pour la visite de courtoisie que rendait le président rwandais Paul Kagame à son homologue français, après le passage éclair de ce dernier à Kigali en février 2010. Le contexte n’était guère favorable à la médiatisation de l’événement. La presse écrite du jour reprenait plutôt les révélations de l’ancien « Monsieur Afrique » de l’Elysée, Robert Bourgi, sur les valises de billets qu’il dit avoir fréquemment apportées à Jacques Chirac et Dominique de Villepin, de la part de chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest – ce que presque tous les intéressés démentent. Régulièrement. Les principes de bonne gouvernance du Rwanda, rappelées encore le matin même par le président Kagame lors d’une rencontre à l’Institut français des relations internationales (IFRI) avec des chefs d’entreprises, se sont trouvés éclipsées par le nouvel avatar des turpitudes de la « Françafrique ».

Paul Kagame et son entourage sont arrivés à 13 heures à la présidence de la République française pour un déjeuner et des discussions qui se sont achevés vers 14 h 20. Le communiqué final publié par l’Elysée à l’issue de la rencontre ne mentionne pas d’avancées significatives à l’exception de la relance de la coopération : l’Agence française de développement (AFD) s’apprête à augmenter ses engagements au Rwanda de 23 à 42 millions d’euros. Pour le reste, l’Elysée reprend la liste des actions engagées dans le secteur de l’énergie, notamment sur le démarrage du programme rwandais de géothermie et les études sur l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu.

« La France est favorable à ce que ses entreprises investissent davantage au Rwanda, comme le souhaitent les autorités rwandaises », se contente d’indiquer l’Elysée au milieu de principes généraux : « L’action culturelle est également une dimension importante de la coopération bilatérale, à travers l’accueil d’étudiants rwandais en France, le soutien français au multilinguisme au Rwanda, et le lancement à Kigali, d’ici le début de l’année 2012, des travaux de construction d’un nouveau centre culturel franco-rwandais. »

Sur l’épineux dossier des suspects de génocide résidant en France et dont la justice française, faute de moyens humains et financiers, peine à instruire les dossiers, on est même plutôt en retrait des précédents engagements de Nicolas Sarkozy formulés à Kigali : « Le président de la République a réaffirmé son attachement à l’État de droit et à la coopération judiciaire entre la France et le Rwanda ». Le ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama, a déclaré à l’agence Hirondelle, en marge de la visite à Paris : « Il faut juste montrer que la justice est rendue » en France.

Le chef de l’Etat rwandais a souligné sa volonté « d’aller de l’avant » sans attendre ni demander d’excuses au gouvernement français, dans un entretien donné en exclusivité à l’Agence France Presse, avant son « déjeuner de travail » à l’Elysée.

C’est ce qu’on peut appeler, des deux côtés, un service minimum.

09:19 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (1)

Série d’incidents pour la visite de Kagame à Paris

Des manifestations ont marqué la visite du président du Rwanda à Paris, avec des agressions de Rwandais

On pouvait s’y attendre au vu du déferlement de messages haineux ces derniers jours visant le régime de Paul Kagame et, dans certains cas, les Tutsi rwandais. Des internautes, apparemment issus de RDC, sont allés jusqu’à appeler au viol de femmes au Rwanda. Et un ancien général français a même injurié le chef de l’Etat rwandais sur le site d’un quotidien régional.

Plusieurs incidents ont éclaté en marge de la réunion à Aubervilliers dimanche. Des pierres ont été lancées par de petits groupes de manifestants contre des personnes isolées qui se rendaient au meeting de la diaspora où devait s’exprimer Paul Kagame. Un participant a été giflé.

Ainsi Pierre B…, de la région de Bordeaux, a été tabassé et s’est fait voler tous ses papiers. Il s’est rendu à un commissariat proche qui a refusé d'enregistrer sa plainte mais les policiers ont quand même fait venir le Samu. Les policiers présents ont cependant procédé à 17 interpellations de « casseurs », généralement issus de RDC.

Lundi après-midi, après le déjeuner des deux chefs d’Etat à l’Elysée, une conférence de presse était organisée au Centre d'Accueil de la Presse Etrangère (CAPE) avec pour intervenants Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Tharcisse Karugarama, ministre de la Justice, Aloysie Inyumba, ministre de la Condition féminine et de la famille, François Kanimba , ministre du Commerce et de l'Industrie, James Musoni, ministre du Gouvernement local, Albert Nsengiyumva, ministre des Infrastructures et le professeur Anastase Shyaka, Secrétaire exécutif du Conseil de la gouvernance du Rwanda.

Malgré les règles de sécurité drastiques, un petit groupe de manifestants a réussi à s’introduire par une porte dérobée dans le Centre, implanté dans l'aile Sud du Grand Palais, face au Pont Alexandre III à Paris.

Le groupe a alors dévoilé des tee-shirts maculé de rouge et crié des slogans hostiles au régime de Kagame avant d’être expulsé par des policiers.

Peu après, les protestataires ont brûlé une voiture garée sur une voie d’accès au périphérique avant de se disperser.

Des Rwandais ont par la suite été insultés et agressés dans un autobus et dans des wagons de métro.

Jusqu’à mardi, date de départ de la délégation de Paul Kagame de Paris vers New-York, un fort dispositif policier garde les abords de l’hôtel ou elle a pris ses quartiers.

09:18 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)

12 septembre 2011

RDC : Mini-remaniement avant la présidentielle

A deux mois et demi de l'élection présidentielle, Joseph Kabila a procédé à un léger remaniement technique en République démocratique du Congo (RDC). A noter l'étonnante nomination à l'Economie de Jean-Pierre Daruwezi, administrateur des services de renseignements congolais (ANR).

Image 4.pngCe nouveau gouvernement d'Adolphe Muzito compte dorénavant 3 vice-Premiers ministres, 34 ministres et 10 vice-ministres... des effectifs en légères augmentation.

De nouveaux ministres font leur entrée :
- Vice-premier ministre et ministre des postes : Louis-Alphonse Koyagialo
- Ministre de l'économie nationale : Jean-Pierre Daruwezi
- Ministre des transports et voies de communication : Joseph-Martin Kitumba
- Ministre du développement rural: Charles Alulela
- Ministre du commerce : Justin Kalumba

Des ministres ont changé de d'affectation :
- Ministre des PME: Jean-Marie Bulambo, qui était avant à l’économie
- Ministre de l'emploi, du travail et de la prévoyance sociale: Simon Bulupiy, qui était Vive-Premier ministre en charge des Postes, téléphones et télécommunications.

L'arrivée de nouveaux Vice-ministres :
- Vice-ministre de la justice : Celine Leteta
- Vice-ministre des transports et voies de communication : Willy Bakonga,
- Vice-ministre de l'emploi et de la prévoyance sociale : Moussa Kalema

Et enfin 1 ministre quitte le gouvernement pour cause de candidature à la présidentielle :
- Ministre de la décentralisation : Antipas Mbusa Nyamwisi, Son ministère a été tout simplement supprimé.

Christophe Rigaud

Succès de la rencontre de Kagame avec la diaspora à Paris (vidéo)

Dimanche 11 septembre 2011, plus de 3 000 personnes ont participé au meeting organisé à Aubervilliers pour la venue du président rwandais en France.

Capture d’écran 2011-09-11 à 22.00.15.pngLa visite « de courtoisie » du président rwandais Paul Kagame à Paris à son homologue Nicolas Sarkozy a commencé dimanche après-midi par un meeting monstre avec la diaspora à Aubervilliers sous le label « Génération dignité ». Un dispositif de sécurité impressionnant avait été déployé pour garantir le succès de la manifestation. L’opposition en exil qui promettait une manifestation de protestation n’a réuni qu’une poigné d’individus, tenus à distance.

Les milliers de participants à Génération Dignité » étaient des Rwandais de France et des Français, mais aussi des Africains de Paris et des Rwandais ou d’autres étrangers venus de différents pays d’Europe : Belgique, Allemagne, Italien Espagne, pays nordiques…

La réunion a commencé par des prestations de chanteurs et de danseurs et une animation par l’humoriste Diogène Ntarindwa, dit « Atome ». Plusieurs orateurs ont ensuite souligné les progrès économiques et sociaux du Rwanda, en s’appuyant sur une projection de « powerpoint ».

Accompagné de Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda et de Jacques Kabale, ambassadeur à Paris, Paul Kagame est monté à la tribune vers 17 heures après un bain de foule qui a électrisé la salle. Il a longuement détaillé les performances du Rwanda et le rôle de l'Afrique dans une configuration mondiale en mutation. Il a ensuite répondu aux questions de la salle, avant de partir vers 20 h 15.

Lundi matin, il était l’invité de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Son président et directeur général Thierry de Montbrial devait souligner qu’après le drame qui a dévasté le pays en 1994, « le Rwanda s’est reconstruit de manière remarquable. Résolument tourné vers l’avenir, le pays a enregistré une croissance économique moyenne de 6% sur douze ans (7,5% en 2010). Le Rwanda a l’ambition de rejoindre le groupe des pays émergents en 2020.  Petit pays enclavé, le Rwanda n’en joue pas moins un rôle important au niveau régional et continental ».

La venue de Paul Kagame à l’IFRI a rappelé que le Rwanda est membre de la Communauté d'Afrique de l'Est, de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), et depuis novembre 2009, du Commonwealth.

Paul Kagame devait poursuivre sa visite par un déjeuner à l’Elysée avec le président Nicolas Sarkozy.


Paul Kagame en France avec la diaspora par ChristopheRigaud


Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

08:42 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (6)

RDC : Joseph Kabila candidat "indépendant" à la présidentielle

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila a déposé ce dimanche sa candidature à la présidentielle de novembre prochain. Joseph Kabila brigue un second mandat à la tête de la RDC et comme en 2006, il se présentera en "indépendant"  malgré l'investiture de son propre parti, le PPRD.

Logo Elections 2011.jpgLe président Joseph Kabila s'est présenté ce dimanche au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Kinshasa, accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Le président sortant a déposé officiellement son acte de candidature en compagnie de membres de la Majorité Présidentielle (MP), du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et du mouvement Social pour le Renouveau (MSR).

Seule surprise, pour ne pas dire "anomalie", dans cette candidature attendue : Joseph Kabila a souhaité, comme en 2006, se présenter en "indépendant" malgré sa désignation comme candidat présidentielle par son parti politique, le PPRD. Selon Evariste Boshab, secrétaire général du PPRD,  «le président de la République a démontré la profondeur de sa spiritualité en commençant par l'église, dédier sa candidature au seigneur et chuter par le dépôt de sa candidature à la CENI, nous sommes  ravis au delà  de notre parti politique le PPRD, que le président Joseph Kabila Kabange se présente comme candidat indépendant, il représente le destin du peuple congolais». Comme à son habitude, le président congolais n'a pas fait de déclaration à sa sortie.

L'élection est prévue en un seul tour, couplée avec les législatives, le 28 novembre 2011.

Christophe Rigaud

10 septembre 2011

RDC : Vital Barholere retire sa candidature à la présidentielle

Vital Barholere, Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC), vient de confirmer le retrait de sa candidature à l'élection Présidentielle du 28 novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Vital Barholere souhaite ne pas voir "s'éparpiller les chances de victoire des forces d'alternance" et explique son retrait par la suppression du deuxième tour de l'élection présidentielle.

Capture d’écran 2011-09-10 à 15.24.56.pngDans un communiqué dans lequel il confirme le retrait de sa candidature, Vital Barholere "remercie le peuple Congolais et tous ceux qui au niveau national et international ont soutenu sa candidature et leur donne déjà rendez-vous pour  l’élection présidentielle de 2016". Vital Barholere continuera de plaider "pour le rapprochement des candidats Etienne Tshisekedi et Vital  Kamerhe, tel que le souhaite le peuple Congolais et tel que l’exige le réalisme froid de la  géographie politique de notre pays". Le Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC) indique également qu'il sera candidat à la députation provinciale, "dans son fief de Bukavu".

Christophe Rigaud