Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02 avril 2013

Rwanda : Un agent de la DGSE raconte sa mission durant le génocide

Officier des Services secrets français, Thierry Jouan avait infiltré l’ONG Médecins du Monde pour informer jour après jour sa hiérarchie de la perpétration du génocide des Tutsi. Il initia l’opération d’exfiltration menée dans la grande ville de Butare par les militaires français de Turquoise.

Capture d’écran 2013-04-02 à 21.11.53.pngC’est le témoignage qu’on n’espérait pas : la confession de la “sonnette” de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) - l’équivalent français de la CIA - pendant le génocide des Tutsi entre avril et juillet 1994 au Rwanda. Thierry Jouan - qui a quitté l’armée en 2006 avec le grade de colonel - a été durant treize ans un des agents du mystérieux “Service action” de la DGSE. Cet officier pesait lourd au sein des services secrets et avait son franc-parler. S’il finit par quitter la caserne du boulevard Mortier à Paris (siège de la DGSE familièrement appelée “La Piscine”), ce fut surtout parce qu’on lui refusait le commandement du camp de Cercottes, dans le Loiret, où sont formés les agents “Action” et les commandos du 11e Choc. Une promotion qu’il estimait méritée. Au vu des états de service de cet officier parachutiste bardé de médailles et citations, on peut comprendre son point de vue. Au moins l’inconséquence ou l’ingratitude de sa hiérarchie nous vaut-elle cette confession d’une plongée dans le génocide des Tutsi et le massacre des Hutu démocrates en 1994 au Rwanda.

Avant de se lancer, Thierry Jouan a attentivement lu les livres de témoignages précédant le sien, et compris qu’il pouvait beaucoup dire. Mais avec une prudence qui confine à la naïveté, il croit éviter d’énerver son ancienne hiérarchie en changeant les noms de pays, de villes, de “races”, d’intelocuteurs. Ainsi le Rwanda devient la “Zuwanie”, le Burundi le “Boulanga”, la Tanzanie est transformée en  “Manzabie”. Il appelle Kigali “Matobo”, la catégorie hutu les “piwa”, celle des Tutsi les “ara”, etc. De ce fait, les pages 178 à 238 de son livre sont un peu une “prise de tête” pour qui veut comprendre le fil de sa mission. Heureusement, de temps en temps l’auteur s’oublie et, par exemple, la ville de Gisenyi devient... Gisenyi. Finalement,  un décryptage à la portée de toute personne qui connaît tant soit peu l’histoire et la géographie du Rwanda.

Thierry Jouan est envoyé au Rwanda par le Service action fin avril ou début mai 1994. On croit comprendre qu’à cette date un des responsables nationaux de MDM  est un “honorable correspondant” de la DGSE qui impose son recrutement  au  responsable de la base logistique de médecins du Monde à Nairobi (Kenya). Facile de faire passer l’espion pour un logisticien de son ONG (un scénario très fréquent). L’espion français a une double mission : vérifier les rapports de situation d’un précédent agent qui a quitté le Rwanda, et s’assurer que la machine à crypter les messages diplomatiques de l’ambassade de France de Kigali a bien été sabotée lors de sa fermeture. Un souci qui en dit long sur le degré de confiance de la DGSE envers les militaires français de l’opération Amaryllis (d’exfiltration des diplomates et expatriés au début du génocide) dirigée par le colonel Poncet.

Thierry Jouan ne dit rien des informations de la précédente “sonnette” qu’il était si important de vérifier. Mais on sait que la DGSE a toujours soutenu que l’avion du président Habyarimana avait été abattu par les extrémistes hutu, à la différence de la Direction du renseignement militaire (DRM), dont l’un des agents était l’époustouflant capitaine Paul Barril. Il n’est donc pas impossible que la mission au Rwanda de Thierry Jouan fut également motivée par les différences d’analyse entre la DGSE et la DRM. divergences sur lesquelles, croit-on savoir, la DGSE avait été sommée de s’expliquer par l’Elysée.

On est impressionné par l’aptitude du lieutenant Thierry Jouan à  comprendre la situation alors qu’il ne connaissait rien du Rwanda. Le génocide, il a le nez dessus avec sa “couverture” d’humanitaire. Il voit les Tutsi se faire tuer “grâce aux cartes d’identité instaurées à l’époque coloniale mentionnant l’appartenance ethnique”. La “colère populaire spontanée”, thème récurrent des négationnistes, il n’y  croit pas, bien au contraire : “La simultanéité, la violence et l’ampleur des massacres attestent de leur planification de longue date” (page 187). Il discerne la structure criminelle : “Généralement les autorités locales, parfois sous la pression de hiérarchies parallèles,  prétextent la mise en sécurité des Aras [Tutsi] pour les regrouper dans des lieux publics comme les stades, les bâtiments communaux, les écoles et les églises. Ensuite, des groupes de miliciens achèvent les personnes, parfois précédés par les F.A.Z [FAR] qui commencent le “travail” avec des armements adaptés, des grenades, notamment” (page 188).

A la lecture de cette autobiographie où le génocide n’occupe qu’une place presque modeste, on comprend vite que Thierry Jouan est un écorché vif, et que la descente en enfer au Rwanda de 1994 n’améliora pas son équilibre psychologique. Alors qu’il campe depuis près d’un mois et demi à côté de l’Ecole française de Kigali , sa “couverture” d’humanitaire commence à l’obnubiler. Sa mission d’espion  qui devrait le carapaçonner d’indifférence aux malheurs du temps et des hommes craque de toutes parts. Le voici à Butare, installé dans la Maison du Loiret, aux prises avec Soeur Bernadette, une religieuse têtue qui veut à tout prix exfiltrer ses cinq cents orphelins. C’est le temps de l’Opération Turquoise et l’une des scènes les plus insolites du livre : Thierry Jouan accompagne la soeur vers Cyangugu à la rencontre des militaires français. Les voilà enfin devant le colonel Didier Tauzin, alias Thibault, qui commande le détachement du 1er RPIMa. Thierry Jouan, dont le grade est à peine inférieur, lui fait sous couvert du logisticien de Médecins du Monde un point de situation militaire. Le colonel de la « Coloniale » ne se doute et ne doute de rien. Avec son arrogance habituelle, Tauzin le “renvoie aux pelotes” : “Laissez tomber tout ça, jeune homme. J’ai déjà tous ces renseignements, bien sûr, et de toute façon, j’ai des ordres”.

Pas découragé, l’espion de la DGSE alerte sa hiérarchie, qui l’appuie à Paris. L’Etat-major finit par ordonner à Tauzin d’aller exfiltrer les orphelins de Butare et d’autres personnes. Vu sous ce nouvel angle, le récit de cet épisode livré par Didier Tauzin dans son livre “Je demande justice pour la France et ses soldats” (Ed. Jacob-Duvernet), ne manque pas d’effets comiques involontaires.

“Une vie dans l’ombre” est le livre touchant et vrai d’un homme déchiré par le caractère absurde de ses missions, qui espère trouver ici une forme de rédemption. Qu’il en soit remercié et encouragé.

Jean-François DUPAQUIER

Colonel Thierry Jouan, Une vie dans l'ombre, éditions du Rocher, 317 pages, 18,90€.

DROIT DE REPONSE. A la suite de la publication de cet article, Thierry Jouan nous a adressé cette mise au point que nous reproduisons dans son intégralité :

« Votre article paru sur le blog AFRIKARABIA le 2 avril 2013 intitulé « Rwanda : un agent de la DGSE raconte sa mission durant le génocide », contient de très nombreuses inexactitudes s’agissant de mon expérience militaire et de mon ouvrage « Une vie dans l’Ombre » :

Tout d’abord, il est indiqué à plusieurs reprises que j’aurai infiltré l’ONG MEDECINS DU MONDE, notamment via un de ses responsables à qui aurait été imposé mon recrutement, ce qui est absolument faux.

L’auteur de l’article insinue par ailleurs que mon témoignage serait le fruit d’une rancœur issue de l’ « inconséquence ou de l’ingratitude de [ma] hiérarchie », laquelle m’aurait refusé une promotion. Ici encore, il ne s’agit que d’une interprétation personnelle, erronée, et qui ne saurait être déduite de mon récit.

De la même manière, est présenté comme acquis le fait que j’aurai modifié les noms de pays, villes, personnes et autres groupes de population aux fins d’« éviter d’énerver [mon] ancienne hiérarchie », alors qu’il ne s’agit que de l’opinion de l’auteur de l’article, de surcroit fausse puisque mon intention était de respecter un degré suffisant de confidentialité et de protéger mes proches.

En outre, l’insertion selon laquelle ma première mission aurait consisté à vérifier les rapports de situation d’un précédent agent est encore inexacte.

Enfin, je m’inscris catégoriquement en faux de la conclusion dudit article me présentant comme « un homme déchiré par le caractère absurde de ses missions ». Si j’ai effectivement été atteint, c’est par le caractère « absurde » de la guerre, et non de mes missions, et c’est de l’horreur telle que j’ai pu la constater dont j’ai souhaité témoigner dans ce livre ».

21:25 Publié dans Afrique, Rwanda | Lien permanent | Commentaires (0)

26 mars 2013

Une nouvelle rébellion menace le Tchad et la Centrafrique

Le rebelle tchadien Timan Erdimi a affirmé, depuis son exil de Doha, vouloir renverser le régime du président Idriss Déby. L'opposant souhaite rallier à sa cause l'ANCD de Mahamat Nouri, mais aussi les "déçus" de la Séléka centrafricaine, qui accusent leur mouvement d'être désormais "à la solde du Tchad".

soudan tchad centrafrique.jpgL'opposant tchadien Timan Erdimi refait parler de lui. Depuis son refuge de Doha, le chef rebelle de l'Union des forces de résistance (UFR) a déclaré vouloir reprendre les hostilités contre le président tchadien Idriss Déby. Timan Erdimi avait déposé les armes en 2009 à la suite d'un accord de paix, mais le contexte tchadien et surtout régional, avec la chute du voisin centrafricain Bozizé, a fait changer d'avis le leader de l'UFR.

"Bête noire"

Selon Timan Erdimi, le dialogue national promis par Déby ne vient pas et "les Tchadiens ont perdu espoir". Faut-il prendre cette menace au sérieux ? Au regard du curriculum vitae du personnage, on peut au moins y apporter une attention toute particulière. Ce neveu d'Idriss Déby et longtemps proche du pouvoir est devenu la "bête noire" du président tchadien. Timan Erdimi a déjà failli renverser Déby en 2008. Aux portes du palais présidentiel de N'djamena, les rebelles ont été stoppés in extremis par l'armée français. En mai 2009, des accords de paix entre le Tchad et le Soudan ont alors forcé les rebelles d'Erdimi à déposer les armes.

Cause commune avec la Séléka

Depuis Doha, le chef rebelle s'organise. Il tend d'abord la main à son ancien allié, Mahamat Nouri, qui avait quitté l'UFR pour monter, en 2009, son propre  mouvement, l'Alliance nationale pour le changement et la démocratie (ANCD). Puis il se rapproche d'autres mouvements rebelles. D'après des informations recueillies par Afrikarabia, plusieurs contacts ont été établis entre Timan Erdimi et des membres de la rébellion Séléka centrafricaine. Voisine du Tchad, la Centrafrique a vu dernièrement son président, François Bozizé, débarqué par une coalition rebelle. Depuis le renversement de Bozizé et la prise du pouvoir par Michel Djotodia, le leader de la rébellion, la Séléka est plus divisée que jamais. Un front anti-Djotodia est rapidement apparu,  accusant le nouveau "président" auto-proclamé centrafricain, de n'être qu'une "marionnette" du Tchad et "sous influence" du président Déby.

Le Soudan comme "rendez-vous"

Ce courant des "mécontents" et des "déçus" de la Séléka, se serait rapproché de Timan Erdimi et de ses alliés soudanais. L'objectif est un coup de billard à deux bandes : renverser dans un premier temps Idriss Déby au Tchad, puis dans un deuxième temps son "vassal" centrafricain, Michel Djotodia. Le lieu de rendez-vous fixé par les  rebelles est le Soudan. La "déclaration de guerre" de Timan Erdimi à Idriss Déby tombe également dans un contexte international particulier. Le Tchad est en effet fortement engagé au Mali, où plus de 2.000 soldats tchadiens viennent prêter main-forte aux troupes françaises. Les meilleurs éléments des troupes tchadiennes se trouvent donc bien loin de leur base… une opportunité que pourrait saisir Timan Erdimi et ses alliés. Une seule inconnue dans cette équation complexe : le rôle de la France. En 2008, les troupes françaises étaient venues sauver le "soldat" Idriss Déby à N'Djamena… le feront elles en 2013 ?

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Mise au point : Suite à cet article l'ANCD nous a fait parvenir un communiqué précisant n'avoir conclu aucun accord avec l'UFR de Timan Erdimi, ni rallié aucune autre structure. L'intégralité du communiqué de l'ANCD est consultable ici.

RDC : Quand Thierry Michel répond à Moïse Katumbi

Dans une interview publiée dans "Jeune Afrique", Moïse Katumbi avait fortement critiqué le film de Thierry Michel dont il est "héros" : "L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi", qui sortira prochainement sur les écrans. Le charismatique gouverneur du Katanga avait dénoncé les "contre-vérités", les possibles "manipulations" du film et des "informations qui n'auraient pas été vérifiées". Le cinéaste a souhaité répondre point par point aux attaques de Moïse Katumbi dans une lettre qu'Afrikarabia a décidé de publier.

Capture d’écran 2013-03-26 à 23.10.05.pngCher Moïse Katumbi

J'ai été très heureux de cette rencontre à Bruxelles dans une atmosphère constructive qui nous a permis d'éclaircir certains malentendus à propos du film que j'ai réalisé sur une partie de votre parcours, et intitulé, dans sa version longue : "L'irrésistible ascension de Moise Katumbi".

Nous avons par ailleurs, avec mes partenaires, pris connaissance de votre interview exclusive dans le magazine "Jeune Afrique" du 17 mars. Comme cet article parle en partie de mon film, et que vous évoquez dans mon chef des possibles "manipulations", "contrevérités" et d'"informations qui n'auraient pas été vérifiées", nous tenons à fournir les réponses à vos déclarations, car j'ai pour vous le plus grand respect et souhaite clarifier ces critiques contenues dans votre interview.

Tout d'abord, je n'ai pas été manipulé par qui que ce soit. En effet, je pense avoir suffisamment d'expérience professionnelle, après 40 années de métier, pour ne pas être instrumentalisé à mon insu. J'ai simplement réalisé à la fois un travail journalistique et une oeuvre cinématographique. Ce que Jeune Afrique a d'ailleurs relevé dans sa critique du film :

"Le documentaire, que Jeune Afrique a pu visionner, est effectivement nuancé. Les images de Katumbi, dont certaines étaient déjà présentes dans Katanga Business, montrent un homme jeune, dynamique et bien décidé à redresser la province. Mais Thierry Michel pointe aussi les conflits d'intérêts du fondateur de Mining Company Katanga (la société appartient désormais à sa famille) et interroge des responsables d'ONG et des journalistes qui ne ménagent pas leurs critiques. Surtout, le film souligne la personnalité complexe de l'un des hommes les plus populaires du pays (il dirige le Tout-Puissant Mazembe, meilleur club de football au sud du Sahara)." (extrait de Jeune Afrique)

Pour qu'un film soit crédible, il est indispensable qu'un regard critique puisse être posé, et il est donc normal que plusieurs intervenants dans le film (un activiste des droits de l'homme, un opposant, un dirigeant syndical et plusieurs journalistes) posent ce regard parfois critique sur votre gestion de la Province du Katanga. C'est une des règles de la démocratie mais aussi une règle journalistique dans le cas d'un portrait d'un homme politique, afin d'éviter l'apologie et la complaisance. Et si tel n'avait pas été le cas, on m’aurait reproché un manque d’objectivité, voire me soupçonné de m’être fait manipuler comme réalisateur et à vous-même de m’avoir acheté ou corrompus. Cela dit, il est également évident que le cinéaste/journaliste ne peut assumer les opinions parfois contradictoires exprimées par les intervenants dans un film documentaire. Il est important de le rappeler.

Mais reprenons plus précisément chacun des aspects que vous semblez reprocher à ce film. Quand on fait un portrait d’un personnage public, comme ce fut le cas lors de la réalisation du film « Mobutu, roi du Zaïre », on remonte nécessairement le temps. J’ai donc commencé ce film par les premiers tournages effectués avant que vous ne soyez intronisé gouverneur du Katanga. J'ai également eu recours à certaines séquences du film Katanga Business comme archives, mais aussi à d’autres archives comme votre élection en 2006 ou la victoire du Tout Puissant Mazembe en demi finale de la coupe du monde en 2010. Le film est
chronologique et historique et remonte le temps de vos réalisations en début de mandat à aujourd’hui.

A propos de l'existence, je cite "de liens avec des sociétés avec lesquelles je n'ai jamais travaillé", le film cite en effet votre partenariat avec l'ex-ministre et bâtonnier Jean Claude Muyambo Kyassa comme associé; nous avons la copie du document notarié inscrit au registre du greffe du commerce du tribunal de grande instance de Lubumbashi sous le N° 20443 et relatif à la société Twatotela Mining SPRL, dans laquelle vous étiez le principal détenteur de parts sociales avec Jean Claude Muyambo.

En ce concerne "l'enquête judiciaire ouverte par le Parquet général" dont vous seriez l'objet, celle-ci a bien eu lieu ce qui, bien évidemment, ne présage en rien de la culpabilité de qui que ce soit. Vous-même vous êtes étonné, lors de notre récente rencontre, d'avoir eu la visite d'enquêteurs venus à votre résidence dans le cadre de cette enquête.

Mais ce qui est plus inquiétant, c'est le communiqué de Jeunes Katangais qui se prétendent vos supporters, et qui se termine par des intimidations, des menaces qui me concernent en premier chef mais aussi ceux "qui travaillent sur le film" et ceux qui "s'obstinent à le diffuser". Ce communiqué est multidiffusé sur la toile internet par de très nombreux sites et emails. Comme je vous l'ai déjà demandé, je souhaite savoir qui se cache derrière ce groupe "La voix des Jeunes Katangais" ? Vos supporters, vos amis ou vos ennemis qui cherchent à vous nuire en vous faisant porter la responsabilité de ces menaces ? C'est la question essentielle et votre réponse permettra à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce film ou participeront à sa diffusion de prendre les mesures de protection adéquates.

Extrait du communiqué de "La voix des jeunes katangais"

UNE CABALE GROTESQUE CONTRE LE GOUVERNEUR
DU KATANGA, MOÏSE KATUMBI CHAPWE

"Ce jour, d’après les informations en notre possession, le laboratoire du mal de l’entourage de Joseph KABILA, évidemment avec son accord, a décidé de monter au créneau avec une autre stratégie pour déstabiliser le Gouverneur Moïse KATUMBI"
"L’opinion tant nationale qu’internationale se souviendra du film du réalisateur belge Thierry Michel sur le Gouverneur et les mines du Katanga. D’après les informations à notre possession, un budget conséquent vient d’être débloqué par le pouvoir de KABILA pour réaliser un autre film (métrage) en vue de salir Moïse KATUMBI."
"Nous mettons sérieusement en garde tous les gens qui travaillent sur le film pour déstabiliser Moïse KATUMBI et nous restons vigilants s’ils s’obstinent à le diffuser. A bon entendeur, salut !"
La voix des Jeunes Katangais.

Fait à Lubumbashi, le 30 janvier 2013.

- KYUNGU MULABA
- KABONGO ILUNGA
- SENDWE JEAN
- MUKALAY JOSEPH
- BANZE NGOY

Par ailleurs, comme vous le souhaitiez, nous sommes d’accord d’intégrer au dvd qui sortira dans quelques semaines, les témoignages récents diffusés sur internet et les télévisions katangaises des personnes ayant revu leur position. Nous restons convaincus que, au delà de votre parcours, ce film montre bien la complexité de tout engagement politique, et qu'il renforcera la confiance dans l'évolution démocratique de votre pays.

Très cordialement

Thierry

Liège ce 26/03/2013

Le film de Thierry Michel, "L'irrésistible ascension de Moise Katumbi", sortira sur les écrans à partir du 15 avril avec une avant première au Bozar à Bruxelles suivi de nombreuses projections dans plusieurs villes belges. Le film sortira également au cinéma Vendôme de Bruxelles à partir du 24 avril 2013.

24 mars 2013

Centrafrique : Les défis de l'après-Bozizé

En quelques heures, la rébellion de la Séléka a renversé ce dimanche le régime de François Bozizé. Mais la coalition rebelle avance divisée et les lendemains de victoire pourraient se révélés difficiles pour la Séléka, toujours en quête d'union.

Afrikarabia logo V2.pngL'heure de vérité a sonné pour la Séléka. Après une offensive éclair dimanche matin, les rebelles se sont emparés sans difficulté de Bangui, la capitale centrafricaine. Le président François Bozizé a pris la fuite, certainement en République démocratique du Congo, après 10 ans de règne sans partage. Maintenant les choses sérieuses commencent. Que faire du pouvoir ? Et qui pour prendre la place de François Bozizé ?

Djotodia contesté

De nombreuses inquiétudes pèsent en effet sur la gestion que fera la Séléka de sa victoire. "La Centrafrique vient d’ouvrir une nouvelle page de son histoire, mais le plus dur est à venir" confiait ce dimanche à Afrikarabia un membre de la rébellion. Il ne croyait pas si bien dire. La bataille pour le pouvoir au sein de la Séléka a bel et bien commencé quelques heures après la chute de Bangui. Deux factions s'affrontent. A la manoeuvre, on trouve d'abord Michel Djotodia, le "patron" de la Séléka et ministre du gouvernement de transition, mis en place pendant les accords de paix de Libreville en janvier dernier. Son nom fait autorité, mais depuis la signature précipitée d'un plan de sortie de crise avec le président honni, François Bozizé, une partie de la Séléka ne lui fait plus confiance. Les accords de Libreville sont fortement contestés au sein de la Séléka.

Nourradine Adam et Firmin Findiro "incontournables" ?

Dans la fronde anti-Djotodia, on trouve un militaire : Nourradine Adam. L'homme est à la tête du CPJP, une des nombreuses composantes de la Séléka. Pour ce commandant, Djotodja a vendu l'âme de la coalition à Libreville, alors que les rebelles campaient à seulement 75 km de Bangui… si près de leur objectif : renverser Bozizé. Nourradine Adam n'est pas le seul à critiquer Djotodia. On trouve également le très discret Firmin Findiro, ancien ministre de la Justice, limogé par Bozizé. Mais aussi d'anciens officiers de l'armée régulière, regroupés dans l'A2R, puis le M2R. Ces militaires dénoncent ouvertement les accords de Libreville et repartent à l'offensive armée avec les hommes du CPJP de Nourradine Adam. Ils font tomber ensemble plusieurs localités, avant de fondre sur la capitale. Au final, dimanche, après la prise de Bangui, Nourradine Adam s'estime légitimement incontournable.

Djotodia succède à Bozizé

Mais en début de soirée, Michel Djotodia annonce dans un discours surprise sur les ondes nationales, être le nouveau président de la république centrafricaine. L'ancien rebelle décrète aussitôt un couvre-feu à Bangui et affirme souhaiter ne pas faire "de chasse aux sorcières". Michel Djotodia promet des élections dans 3 ans et souhaite conserver Nicolas Tiangaye à son poste de premier ministre de transition. Djotodia a pris tout le monde de vitesse.

La "main tchadienne"

Autant dire que certaines dents ont grincé au sein même de la Séléka. Un membre de la coalition nous a affirmé que le nom de Michel Djotodia à la présidence, était en fait soutenu par le président tchadien Idriss Déby. "C'est consternant", nous a-t-il déclaré. "Le Tchad continue de contrôler le pays, comme au temps de Bozizé. Déby veut une Centrafrique faible et y placer un président contrôlable", tempête ce membre de la Séléka, qui craint "dans ces conditions, une nouvelle rébellion dans moins de 6 mois". Un autre parti d'opposition, l'Alliance nationale pour le changement et la démocratie (ANCD), qui salue le départ de Bozizé, dénonce lui aussi l'ingérence tchadienne et "exhorte les frères centrafricains à récuser toute immixtion du despote Idriss Déby en Centrafrique". La "main tchadienne" est toujours présente.

Les trois défis de Djotodia

Plusieurs défis attendent donc le nouveau président Djotodia. Tout d'abord s'affranchir de son encombrant "parrain" tchadien, Idriss Déby. La tâche sera difficile dans le contexte actuel. Le président tchadien est en effet devenu le nouvel homme fort de la région et l'allié incontournable de François Hollande dans sa guerre au Mali… une position confortable pour le maître de N'djamena, qui en fait pour le moment un "intouchable". Michel Djotodia devra ensuite trouver rapidement le bon dosage d'une coalition politique solide, intégrant les multiples facettes de la rébellion. Là encore, la tâche est rude. Djotodia n'a pas la haute main sur le gros des troupes de la Séléka et il n'est pas à l'abri d'une nouvelle tentative de déstabilisation. Troisième et dernier défi et il est de taille : tout un pays, une armée, une administration, une économie… sont à reconstruire. La Centrafrique est à genou : un "Etat vide", grand comme la France, avec seulement 4 millions d'habitants et une population parmi les plus pauvres de la planète. La "page Bozizé" est tournée et tout est à réécrire.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Centrafrique : Bozizé réfugié en RDC

Les rebelles de la coalition Séléka, qui étaient entrés dans Bangui samedi soir, se sont emparés du palais présidentiel ce dimanche matin. François Bozizé reste introuvable. Selon plusieurs sources, il se serait enfui en République démocratique du Congo (RDC).

carte RDC Afrikarabia Centrafrique Bangui Zongo.jpgLes rebelles de la Séléka contrôlent depuis dimanche matin Bangui, la capitale centrafricaine. De nombreux tirs et détonations étaient entendus dans la matinée autour du palais présidentiel, que la Séléka a fini par investir. La rébellion a affirmé que le président François Bozizé ne s'y trouvait pas. Selon certains de ses proches, le président centrafricain aurait traversé le fleuve Oubangui pour trouver refuge en République démocratique du Congo, au niveau de Zongo.

Kinshasa a demandé dimanche l'aide du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) pour transporter 25 membres de la famille de François Bozizé, de Zongo (à la frontière centrafricaine) à Gemena, dans la province de l'Equateur en RDC. Concernant le président centrafricain lui-même, le porte-parole de la République démocratique du Congo, Lambert Mende, a nié sa présence sur le sol congolais. Selon d'autres sources, Bozizé serait parti sur Mbandaka avec son hélicoptère.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

23 mars 2013

Centrafrique : La Séléka entre dans Bangui

Des troupes de la rébellion Séléka sont entrées dans la capitale centrafricaine ce samedi. Des combats les opposent aux forces gouvernementales dans les faubourgs nord de Bangui. L'armée française "sécurise" l'aéroport de Bangui ce samedi soir.

Afrikarabia logo V2.pngUn responsable de la Séléka a confirmé à Afrikarabia ce samedi en fin d'après-midi, l'entrée des rebelles dans Bangui. Des combats les ont opposé aux forces centrafricaines au PK12, un secteur du quartier nord de la capitale. Selon ce membre de la Séléka, "les rebelles ont contourné les troupes sud africaines positionnées sur la Nationale 1 en passant par la Nationale 2". La rébellion négocierait la "non-intervention" des sud africains dans le conflit. Les autorités centrafricaines ont coupé l'électricité dans plusieurs quartiers de Bangui, craignant "les infiltrations rebelles".

Toujours d'après ce membre de la Séléka, les événements devraient rapidement tourner en faveur des rebelles, "dimanche, Bozizé sera tombé" , affirme-t-il, confiant. Pour preuve, il nous confie que les proches de François Bozizé, serait "à l'étranger" et sa femme "déjà à l'abri à Paris".

Sur le terrain militaire, les événements évoluent très rapidement. Les autorités françaises ont décidé d'envoyer des troupes dans l'aéroport de la capitale centrafricaine, Bangui. "L'aéroport est désormais sécurisé", selon Paris qui indique qu'"une compagnie est arrivée en renfort des 250 soldats déjà positionnés dans la capitale centrafricaine".

Vers 21h45, un membre de la Séléka a affirmé à Afrikarabia que la Radio-Télévision nationale centrafricaine serait sous contrôle de la rébellion.

Selon lemonde.fr, la famille de François Bozizé aurait quitté Bangui à bord d'un avion du président Obiang de Guinée Equatoriale. En fin de soirée samedi, la Fomac a démenti l'entrée effective de la Séléka dans la capitale. Selon la Force multinationale d'Afrique centrale, les rebelles n'ont pas dépassé le PK15, "bloqués par les troupes sud africaines". La Séléka ne serait donc pas entrée avec des véhicules dans Bangui, mais "à pieds".

MISE A JOUR : Samedi 23 mars 2013 à 22h45

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

RDC : "Une catastrophe humanitaire s'annonce à Walikale"

La situation sécuritaire du territoire de Walikale, dans l'Est de la République démocratique du Congo, se dégrade. Une ONG congolaise s'inquiète de la possible reprise des combats entre les rebelles FDLR, alliés aux groupes Maï-Maï Nyatura et l'armée régulière.

carte RDC Afrikarabia Walikale2.jpgAlors la tension internationale se focalise autour de la rébellion du M23, le territoire de Walikale, à l'Ouest de Goma, connait depuis plusieurs semaines un regain de tension. Le 15 et 16 mars dernier, l’arrestation d’un commandant du groupe armé Raïa Mutomboki par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont débouché sur des affrontements entre les deux groupes dans les localités de Nyamilingi et Lowa situées à près de 18 km au sud de Walikale centre, a rapporté l'OCHA, l'Office des Nations unis pour les affaires humanitaires. La dégradation de  situation sécuritaire a provoqué le déplacement d’une partie de la population vers la brousse et sur l’axe sud de Walikale-Itebero.

Les FDLR tentés de "récupérer leurs fiefs"

Mais dans le territoire de Walikale, une ONG congolaise, le Bureau d'études, d'observation et de coordination pour le développement du territoire de Walikale (Bedewa), attire l'attention sur les risques d'affrontements entre les rebelles Hutus rwandais des FDLR, alliés aux Maï-Maï Nyatura, et l'armée régulière congolaise (FARDC). Selon cette ONG, les FDLR, "délogés de certaines localités, seraient tentés de mener des opérations militaires d'occupation en coalition avec les Nyatura à partir du territoire de Masisi, dans l'objectif de reconquérir ce qu'ils appellent leurs fiefs… une terre arable où il fait bon vivre".

"Enrôlement des jeunes"

Le Bedewa affirme également que les groupes armés locaux "auraient lancé des messages au recrutement et à l'enrôlement des jeunes pour gonfler leurs rangs et faire face à ces opérations militaires d’occupation". "Une nouvelle catastrophe s'annonce en territoire de Walikale" s'inquiète l'organisation congolaise. Le Bedewa demande à la Monusco, les troupes de l'ONU au Congo, "prendre des mesures concrètes et sérieuses de prévention et de sécurisation des populations civiles sans défense".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

22 mars 2013

De l’air frais du Québec au Forum mondial des femmes francophones

Le Forum mondial des femmes francophones organisé par  Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, aurait ronronné mercredi 20 mars au musée du Quai Branly à Paris sans un peu d’air frais venu du Québec...

Capture d’écran 2013-03-22 à 08.34.10.pngYamina Benguigui et son équipe avaient vu grand. La “représentante personnelle du président de la République” invitait quelque 400 femmes issues des 77 pays francophones au premier “Forum mondial des femmes francophones” mercredi 20 mars 2013 à Paris. Une réunion, selon elle “dans l’urgence”, “née du constat de la régression du droit des femmes dans le monde et notamment dans l’espace francophone”. En réalité, Yamina Benguigui continue à “ramer” pour définir sa mission  après l’échec du Sommet de la Francophonie à Kinshasa et alors que se profile le Sommet suivant à Dakar.

Faute de moyens financiers réels, la Francophonie se réduit comme peau de chagrin à un “Plan Com”. La bouée de sauvetage s’appelle “défense des femmes dans le monde” au détriment de la défense de l’influence du français dans le monde. Un exercice politiquement acrobatique puisqu’il amène Yamina Benguigui. à souligner que la situation des femmes est particulièrement mauvaise dans l’espace francophone. Ce qui est vrai, mais incline à observer que depuis des dizaines d’années, le gouvernement français n’a pas fait son travail dans sa sphère d’influence en matière de droits de l’Homme - au sens le plus large - et notamment de “politique du genre”. Notamment au Rwanda jusqu’en 1994 et en RDC par la suite.

Yamina Benguigui semble consciente de ce écueil. Elle a enfourché depuis quelques mois un cheval de cheval de bataille original : dénoncer les viols et actes de barbarie commis en RDC selon elle par le M23 “soutenu par Kigali”. Une tribune dans Le Monde, signée notamment par la Première dame Valérie Trierweiler, a donné le signal de ce “programme du genre” vu de Paris (voir la genèse de cette affaire dans Afrikarabia).

Depuis, la ministre déléguée à la Francophonie a légèrement corrigé le tir. Pour conserver un minimum de crédibilité, le Rwanda n’est plus voué aux gémonies. Mais les thèmes égrenés au premier Forum mondial des femmes francophones restent les mêmes. « Nous vivons aussi un moment où les femmes sont niées, abîmées et détruites dans leur intégrité. Elles subissent au quotidien des exactions, des violences de toutes sortes. Elles n’ont aucune protection juridique et sanitaire et sont le plus souvent exclues des systèmes scolaires », a regretté Yamina Benguigui avant d'appeler à lutter au quotidien pour faire reconnaître les droits les plus élémentaires des femmes : « Car c’est bien dans l’espace francophone, c’est bien en langue française que cette tragédie se déroule ». Yamina Benguigui propose donc de créer « un réseau actif dans l’espace francophone » et veut en saisir l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le président François Hollande.

Denis Mukwege, gynécologue obstétricien à l’hôpital de Panzi en RDC, était l’invité vedette de la réunion du 20 mars. Ce médecin au courage extraordinaire (voir Afrikarabia) mais à la perspicacité politique sujette à caution a répété que « Le corps de la femme devient le champ de bataille. C’est détruire la vie à son origine ». Un  message qui semble de plus en plus instrumentalisé par Yamina Benguigui pour incarner sa ligne politique confuse. Si la ministre française s’intéressait vraiment à la mission de ce nobélisable, elle lui transférerait son propre budget de gardes du corps, tant la vie du docteur Denis Mukweg est menacée en RDC.

Dans ce nouveau sommet de confusion compassionnelle sinon de tartufferie, la délégation de femmes chefs d’entreprises invitées à l’initiative du Québec a fait souffler un peu d’air frais et de sincérité. Les Offices jeunesse internationaux du Québec ont permis à 40 jeunes femmes d’y porter leurs voix. Toutes ont été choisies pour leur investissement professionnel positifs, démontrant que la Femme n’est pas seulement une victime emblématique. La promotion de femmes chefs d’entreprises est leur crédo.  Leur porte-parole (photo) a fini par obtenir un micro pour donner un point de vue décapant : “Je m'appelle Lydie Hakizimana et je suis de nationalité rwandaise. Je suis la présidente de la Chambre des jeunes entrepreneurs et cheffes d'entreprises depuis sept ans dans le domaine de l'édition et publication de livres scolaires. Pendant une semaine, nous avons travaillé sur un livre blanc avec des constats et recommandations sur l'axe entreprenariat.

Premièrement, l'argent c'est le nerf de  la guerre- faciliter l'accès au crédit et au capital financier pour les femmes entrepreneures en créant des fonds de garantie gouvernementaux.

Deuxièmement, l'éducation est très importante - mais tout se joue des le plus jeune âge - s'assurer que chaque jeune fille avant l'age adulte ait rencontre un/une entrepreneure pour un partage d'expérience.

Troisièmement, le savoir c'est le pouvoir : créer des formations spéciales femmes entrepreneures qui permettraient l'affirmation de soi et l'apprentissage de la prise de parole.

Quatrièmement, on a tous besoin de modèles et d'être inspirées - identifiées et promouvoir les femmes entrepreneures en créant un annuaire papier électronique.

Cinquièmement, le réseau est primordial- l'union fait la force. Créer des lieux où  les femmes entrepreneures profiteront de la mutualisation des expertises.

En conclusion, Les gouvernements sont censés créer un environnement favorable à un développement dont la pierre de lance est le secteur privé, les petites et moyennes entreprises, l'entrepreunariat féminin...

La pauvreté engendre la guerre et la guerre promeut la pauvreté. Faisons la guerre chers frères, chères soeurs... pas entre nous; contre la pauvreté car, c'est elle notre seule vraie ennemie.”

Au milieu des sifflets et quolibets d’autres femmes francophones, Lydie Hakizimana a indiqué que son entreprise fait aujourd’hui travailler 150 personnes et elle a rendu hommage à son gouvernement qui conduit l’une des politiques du genre les plus audacieuses dans le monde. Bien loin de l’image que Yamina Benguigui véhicule du Rwanda...

Jean-François DUPAQUIER

Photo : Lydie Hakizimana © JF. Dupaquier

19 mars 2013

RDC : Le combat d'une congolaise contre l'impunité

Mercredi 20 mars 2013 se tiendra à Paris le premier "forum mondial des femmes francophones". Parmi les 400 femmes invitées, Candide Okeke témoignera du "génocide" qui se déroule en silence à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Pour cette militante politique, "la véritable arme de destruction massive, c'est l'impunité" et elle demande à la France de "s'opposer clairement aux atrocités qui se déroulent au Congo".

portrait Candide Okeke filtre.jpgC'est une première qui se déroulera à Paris, ce mercredi, au Quai Branly. La ministre française de la Francophonie,Yamina Benguigui réunira 400 femmes de 77 pays, toutes francophones, "pour défendre leurs droits" à travers le monde. Une attention toute particulière sera portée sur la situation des femmes dans les conflits armés : Mali, Centrafrique… mais aussi République démocratique du Congo, où les femmes sont souvent les premières victimes de la guerre. Fin février, la ministre de la Francophonie avait fortement dénoncé la "catastrophe humanitaire au féminin" dont sont victimes les congolaises. "Un génocide dans un silence assourdissant" avait déclaré Yamina Benguigui, après son déplacement à Goma, au Nord-Kivu, en octobre dernier.

"RDC, capitale du viol"

Invitée du forum, Candide Okeke entendant porter haut et fort la voix des femmes congolaises. Militante politique, Candide est porte-parole de l'Apareco, un mouvement d'opposition au président Joseph Kabila, présidé par Honoré Ngbanda, l'ancien responsable de la sécurité de Mobutu. Selon elle, la situation les femmes congolaises est "particulièrement grave". "Le viol a été instauré comme une véritable arme de guerre… une arme de destruction massive", explique-t-elle. La RDC, se sont en effet des guerres à répétition depuis 20 ans et un crise humanitaire particulièrement féroce : 1,7 million de réfugiés à l'Est du pays… et les femmes toujours en première ligne.

Rwanda, coupable ?

Candide Okeke a un message politique à faire passer. Les responsables de ces guerres sans fin, elle les nomme clairement : les pays voisins, mais  surtout le Rwanda, le principal fauteur de trouble, selon elle. "Le Rwanda a des visées sur la partie Est du Congo, très riche en minerais", explique-t-elle. "Mais autant le Rwanda, après le génocide de 1994, a eu droit à la justice avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), autant pour la RDC, cela se passe en toute impunité". Les responsables ? "Ntaganda, Nkunda, Mutebusi, mais surtout Paul Kagme", le président du Rwanda. Pour Candide Okeke, "la véritable arme de destruction massive, c'est l'impunité". "Il faut que ces personnes soient neutralisées", tonne-t-elle. "On espère que Bosco Ntaganda (actuellement réfugié à l'ambassade américaine de Kigali et recherché par la Cour pénale internationale) soit rapidement envoyé à la CPI". Si le Rwanda n'est, heureusement, pas responsable de tous les malheurs de la RDC, il est vrai que plusieurs rapports de l'ONU ont dernièrement accusé Kigali de soutenir les rebelles du M23 qui sévissent au Nord-Kivu. Le Rwanda a toujours nié ces allégations.

"8 millions de francophones en moins"

Au premier "forum mondial des femmes francophones" de Paris, Candide Okeke souhaite pouvoir rappeler à la France "que la Francophonie a besoin de tous les francophones pour exister". "Si aujourd'hui on compte 8 millions de morts en RDC" explique-t-elle, "ce sont 8 millions de francophones en moins !". Candide Okeke demande enfin que la France de François Hollande "s'oppose clairement à ce que se passe en République démocratique du Congo". Le président français doit s'exprimer mercredi soir, en clôture du forum, depuis le palais de l'Elysée.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Ecoutez l'interview de Candide Okeke :


1er Forum des femmes francophones : le combat d... par ChristopheRigaud

Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda) : Barril lâché par Agathe Habyarimana

Sale temps pour le mercenaire et capitaine de gendarmerie honoraire Paul Barril : l’expertise de l’attentat  contre le président du Rwanda Juvénal Habyarimana, qui pointe la responsabilité d’extrémistes hutus, est validée par  la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Et Agathe Habyarimana se désolidarise du mercenaire à son service...

Afrikarabia logo V2.pngIl avait pourtant fait des pieds et des mains pour “prouver” que l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana était l’oeuvre du Front patriotique rwandais. Au point qu’un livre ne suffirait pas pour raconter toutes les intrigues du mercenaire et capitaine de gendarmerie honoraire Paul Barril afin de conduire le peu perspicace juge Jean-Louis Bruguière sur de fausses pistes. Alors mandaté par Agathe Habyarimana, veuve du chef de l’Etat Rwandais, Barril s’est révélé un spécialiste de haut vol en désinformation et enfumage tous azimuts. Il avait même rallié à sa cause un universitaire français, André Guichaoua, qui a couvert de son autorité le ”témoignage” sur l’attentat écrit par un imposteur, le “lieutenant” Abdul Ruzibiza (« Rwanda, l’histoire secrète », Ed. Panama, 2005). Et convaincu le polémiste Pierre Péan, aujourd’hui hagiographe de Jean-Marie Le Pen, d’écrire lui aussi un livre en ce sens, « Noires fureurs, blancs menteurs » (Ed. Fayard). Succédant au juge Bruguière, les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic ont fait voler ce château de cartes.

La cause de Barril semble aujourd’hui si mauvaise que l’avocat d’Agathe Habyarimana, Me Meilhac, a fait savoir au juge Trévidic que sa cliente se désolidarisait de Paul Barril. Une noire fureur née de l’annonce du résultat des perquisitions aux différents domiciles de Paul Barril et de la fragilité de son alibi pour le soir du 6 avril 1994. Le coup de grâce a été donné mardi 19 mars : le travail des experts désignés par les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic est confirmé par la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Les avocats des officiers du FPR suspectés de l’attentat ont rappelé le film des événements dans un communiqué. Un rappel plus qu’utile.

Les deux juges d’instruction avaient désigné un collège d’experts chargés de vérifier les hypothèses des sites de lancement qui pouvaient servir au départ des missiles ayant abattu le 6 avril 1994 en soirée le Falcon ayant à son bord les présidents rwandais et burundais – et donné le signal du génocide des Tutsis du Rwanda, un million de morts en cent jours.. Le collège d’experts s’était rendu au Rwanda en 2010 et le 10 janvier 2012, avait conclu que le site le plus vraisemblable pour le tir des missiles était situé au camp militaire Kanombe, tenu par les militaires hutus les plus extrémistes, écartant du même coup l’hypothèse d’un tir provenant de Masaka, contrairement à l’ordonnance des mandats d’arrêt internationaux de Jean-Louis Bruguière.

Certaines parties civiles essentiellement liées à Madame Agathe Habyarimana, ont tenté, et pour cause, écarter ce rapport qui était totalement défavorable à leur thèse. Elles ont essayé de provoquer la nullité de la mesure d’expertise voire d’obtenir une nouvelle et seconde expertise ou encore des compléments d’enquêtes. Toutes ces demandes avaient été rejetées par ordonnance des juges Trevidic et Poux prononcée en  juin 2012. Les juges avaient cependant prescrit aux experts de fournir des éclaircissements sur un point technique concernant l’impact de la trajectoire des avions sur le tir des missiles, ce que la défense avait accepté. La majorité des parties civiles avait aussi accepté l’ordonnance du juge. Seul le même groupe minoritaire proche d’Agathe Habyarimana avait interjeté appel devant la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris.

Les parties ont longuement plaidé le  29 janvier 2013. La défense avait demandé à la Cour de confirmer l’ordonnance des juges d’instruction Nathalie Poux et Marc Trevidic et de rejeter l’appel interjeté. Telle était également la position de l’Avocat général qui avait clairement pris position pour le respect du travail des experts et des juges d’instruction.

Ce 19 mars 2013, la Cour d’Appel de Paris a suivi la position de l’Avocat général et de la défense. Elle a déclaré non fondé l’appel d’Agathe Habyarimana et de ses proches.

Pour Me Lef Forster, avocat au Barreau de Paris et Me Bernard Maingain, avocat au Barreau de Bruxelles, “cet arrêt s’inscrit dans la continuité de l’instruction qui a mis en évidence le caractère fantaisiste des accusations formulées à l’encontre des militaires du Front patriotique  rwandais”. Ils pointent du doigt à cette occasion “l’absence de preuve fiable et des manipulations graves de la justice française. Les développements récents montrent en outre que désormais les recherches doivent s’orienter vers les extrémistes hutus voire dans certains cercles en France, proches de ceux-ci.”

Pour les personnes visées visiblement à tort par l’ordonnance du magistrat Jean-Louis Bruguière, cette décision doit faciliter le prononcé d’un non-lieu, espèrent les deux avocats. Cette issue prévisible pourrait être retardée par un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris soutenu par l’Avocat général. Un tel pourvoi démontrerait qu’Agathe Habyarimana et sa famille ne chercheraient plus qu’à retarder  la réorientation de l’enquête en direction de leurs amis des milieux extrémistes hutus.

Jean-François DUPAQUIER

19:16 Publié dans Afrique, Rwanda | Lien permanent | Commentaires (3)

18 mars 2013

RDC : Ntaganda réfugié à l'ambassade US de Kigali

Logo Afkrb.pngComme un coup de tonnerre, la nouvelle a été annoncée lundi 13 mars à 16h15 sur le compte Twitter d'Afrikarabia (@afrikarabia). Un membre du M23 avait alors indiqué à notre site que "Bosco Ntaganda était au Rwanda" et se trouvait dans les locaux de l'ambassade des Etats-unis à Kigali, "en attente de son transfert pour la Cour pénale internationale (CPI"). L'information a mis plus de deux heures à être confirmée. D'abord sur Twitter, via le compte de la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, qui a révélé que Bosco Ntaganda "s'était présenté à l'ambassade américaine de Kigali, tôt dans la matinée". Après avoir démenti un temps les faits, le Département d'Etat a fini par confirmer à son tour en fin de journée la présence du rebelle congolais "à la représentation américaine dans la capitale rwandaise". Les Etats-unis ont également affirmé que Bosco Ntaganda "avait demandé son transfert à la CPI à la Haye", où il était recherché pour crimes de guerre.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

RDC-Rwanda : "Bosco Ntaganda serait à l'ambassade US de Kigali" selon le M23

Logo Afkrb.pngUn membre du M23 vient d'indiquer à Afrikarabia que "Bosco Ntaganda est arrêté au Rwanda" et se trouverait dans les locaux de l'ambassade des Etats unis à Kigali, "en attente de son transfert pour la Cour pénale internationale (CPI"). L'information obtenue par Afrikarabia est à prendre au conditionnel avec toutes les précautions d'usage. L'ambassade américaine au Rwanda a démenti détenir Bosco Ntaganda et la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, n'a ni infirmé, ni confirmé l'information.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

RDC : Le conflit au M23 pourrait relancer la guerre

La faction de Sultani Makenga a remporté une victoire militaire sur celle de Jean-Marie Runiga et Bosco Ntaganda. Mais les conséquences pourraient être lourdes sur la situation sécuritaire au Nord-Kivu. Certains prévoient la reprise des combats autour de Goma.

Runiga arrêté au Rwanda 16032013.pngC'est un week-end qui fera date dans le conflit du Nord-Kivu. Après plusieurs jours de combats féroces entre les deux factions rivales du M23, les troupes fidèles à Sultani Makenga ont fini par déloger les hommes de Jean-Marie Runiga et Baudouin Ngaruye. Les localités de Rugari et Kibumba sont désormais tombés sous le contrôle des pro-Makenga. Une victoire décisive dans la guerre des clans qui opposait depuis la fin février pro-Makenga et pro-Runiga, allié au turbulent Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI). Au cours des combats du week-end, Runiga, Ngaruye et Innocent Zimurinda, blessé, se sont enfuis au Rwanda voisin avec 200 de leurs hommes, laissant 400 autres de leurs soldats rejoindre le camp Makenga.

Runiga "réfugié", Ntaganda court toujours

Contacté par Afrikarabia, Stanislas Baleke, un responsable du M23, nous a indiqué que l'attaque de Kibumba avait obligé à Bosco Ntaganda à s'enfuir vers le parc des Virunga avec seulement "une trentaine d'hommes". A Kibumba, les troupes fidèles à Makenga ont pris possession de la maison où s'étaient réfugiés Runiga et Ntaganda avant leur fuite et le véhicule de Bosco Ntaganda a également été retrouvé. Dimanche, dans la journée, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, affirmait savoir que Ntaganda avait traversé la frontière et serait passé au Rwanda, sans plus de preuve. Recherché par la CPI, Ntaganda serait un personnage bien encombrant pour Kigali. Le Rwanda a en effet signé en février dernier, à Addis Abeba, un accord-cadre dans lequel il s'est engagé à ne pas soutenir les "criminels recherchés par la justice internationale". Kigali a fermement démenti la présence de Bosco Ntaganda sur son territoire. Concernant le cas de Jean-Marie Runiga, son statut n'est pas encore très clair au Rwanda. "Cantonné ?", "arrêté ?". Le Rwanda semble hésiter sur le sort de son hôte. Selon un membre du M23, Runiga aurait été interpelé pour "franchissement illégal de la frontière", mais aurait ensuite demandé l'asile au Rwanda, avant de préciser vouloir se rendre en Ouganda.

Nouveau "bras de fer" avec Kinshasa ?

Première conséquence de la bataille entre factions du M23 : l'arrêt des négociations de Kampala entre les rebelles et le gouvernement congolais. Kinshasa a rappelé sa délégation, suivi par celle du M23 pour "consultation". Officiellement donc, on ne discute plus, ce qui augure mal de l'avenir des pourparlers. Deuxième conséquence : le renforcement de Sultani Makenga au sein de la rébellion. Si le commandant militaire du M23 a toujours contrôlé "le gros" des effectifs rebelles, il règne désormais sans partage sur le mouvement : Runiga, le politique, qu'il n'appréciait guère, est hors-jeu et Ntaganda, "le rival", "le traître", est en fuite dans la jungle des Virunga. Dans ces circonstances, le M23 pourrait être tenté de remettre la pression sur Kinshasa. L'envoi prochaine d'une force d'intervention rapide de l'ONU sur le terrain et le blocage des négociations avec le gouvernement congolais pourrait pousser les rebelles à "un nouveau bras de fer sur le terrain". Un responsable du M23 nous confiait qu'il était même "inévitable". Avec toujours dans le viseur de la rébellion : la ville de Goma, que le M23 avait fait tombé en quelques heures, fin novembre 2012.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Jean-Marie Runiga "interpelé au Rwanda" © DR

16 mars 2013

RDC : Runiga arrêté, Ntaganda en fuite

Les événements se sont accélérés dans le conflit qui oppose les deux factions rivales du M23. Son ancien président, Jean-Marie Runiga, a été arrêté au Rwanda. Bosco Ntaganda serait toujours en fuite dans le parc des Virunga avec une trentaine d'hommes. Le M23 se dit "déterminé à arrêter Bosco Ntaganda".

Afrikarabia logo V2.pngDans la guerre intestine qui fait rage entre les courants de la rébellion M23, les partisans de Sultani Makenga ont pris l'ascendant sur le général Bosco Ntaganda. Les pro-Makenga contrôlent désormais de la localité de Kibumba (à 30 km de Goma), obligeant les proches de Ntaganda à fuir vers le Rwanda voisin.

Selon les informations dont Afrikarabia disposent ce samedi, l'ancien responsable politique du M23 destitué par Sultani Makenga, Jean-Marie Runiga, a été arrêté au Rwanda. D'après Stanislas Baleke, un haut responsable du M23 arrivé en début d'après-midi à Kibumba, Jean-Marie Runiga aurait été blessé dans les combats avant de s'enfuir au Rwanda et d'être ensuite arrêté. Les troupes fidèles à Makenga ont pris possession de la maison où s'étaient réfugiés Runiga et Ntaganda avant leur fuite. Le véhicule de Bosco Ntaganda aurait également été retrouvé. Baudouin Ngaruye, un proche de Ntaganda et Runiga a été "désarmé" à  la frontière rwandaise. Il aurait affirmé n'avoir "aucun lien avec Ntangada", recherché par la Cour pénal internationale (CPI). Le Lieutenant-colonel Muhire a également été arrêté à Gisenyi, au Rwanda.

Concernant, Bosco Ntaganda, peu d'informations fiables sont actuellement disponibles. L'attaque de Kibumba par les troupes de Makenga, l'a obligé à fuir dans le parc des Virunga, avec 200 de ses hommes. Mais l'aile Makenga affirme que Ntaganda ne disposerait plus "que d'une trentaine de militaires". Certaines sources donnait le colonel Innocent Zimurinda pour mort, mais selon nos informations en provenance de Kibumba, il serait au Rwanda.

Depuis Kibumba, sous contrôle de Sultani Makenga, Stanislas Baleke a déclaré à Afrikarabia être "déterminé à arrêter Bosco Ntaganda". "On l'arrêtera, c'est sûr" affirme-t-il, "mais il faut que la communauté internationale et la Monusco nous facilent les choses sur le terrain".

En fin d'après-midi, ce samedi, la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louis Mushikiwabo, a confirmé la présence de Jean-Marie Runiga au Rwanda. L'ancien président du M23 aurait demandé à se rendre en Ouganda. Le site d'information Great Lakes Voices indiquait que des rumeurs donnaient Bosco Ntaganda "détenu par la Police militaire du camp Kanombe". Une information que n'a pas pu confirmer Great Lakes Voices, ainsi que nos sources sur place qui assurent que Ntaganda aurait trouvé refuge dans les Virungas.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

INFORMATIONS MISES A JOUR : Samedi 16 mars 2013 à 17h00 (Paris)

14 mars 2013

Accords avec le M23 : C'est mal parti !

Alors qu'un projet d'accord entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais a été révélé par la presse, sa signature, prévue le 15 mars, paraît peu probable. La faction proche de Sultani Makenga affirme ne pas vouloir signer un tel document.

Image 1.pngDepuis quelques jours, les grandes lignes d'un projet d'accord entre les rebelles du M23 et le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) ont été divulguées par deux agences de presse internationales. Le texte prévoyait l'amnistie de certains membres du M23 qui ne font pas l’objet des poursuites judiciaires ou l’accélération du retour des réfugiés vivant dans les pays voisins. Le document stipulait également que le M23 devait déposer les armes "avant le déploiement de la brigade d’intervention de la Monusco" et que les deux parties devaient libérer "tous les prisonniers de guerre". Ce projet d'accord, authentifié par la délégation gouvernementale, devait être signé vendredi 15 mars à Kampala pour clôturer le cycle de pourparlers entre les rebelles et Kinshasa. Seul souci, une des deux factions rebelles du M23, rejette le texte.

Deux délégations M23

Depuis fin février 2013, la donne a changé au sein de la rébellion. Le commandant militaire du M23, Sultani Makenga, a destitué le président politique du mouvement, Jean-Marie Runiga, et les deux factions se sont livrées à des combats acharnés dans les territoires qu'ils contrôlent au Nord-Kivu. Le M23 est désormais scindé en deux factions rivales : les pro-Makenga et les pro-Runiga alliés à Bosco Ntaganda. La scission du M23 pose aujourd'hui plusieurs difficultés pour entrevoir une sortie de crise, notamment à Kampala, où deux délégations rebelles "représentent" désormais la rébellion. La signature d'un accord devient donc des plus incertaines.

Le M23 "n'est pas prêt"

Selon Stanislas Baleke, responsable du M23 et proche de Sultani Makenga, son mouvement "ne reconnaît aucun projet d'accord avec le gouvernement auquel il n'a pas participé". Interrogé par Afrikarabia sur la possibilité d'un accord, Stanislas Baleke affirme que "le M23 n'est pas prêt à signer un tel texte". Concernant le courant représenté par Jean-Marie Runiga et Bosco Ntaganda, Stanislas Baleke affirme qu'il n'y a "qu'un seul M23 et un groupe d'indisciplinés" (le camp Ntaganda, ndlr). Il est donc très probable qu'aucun document ne soit signé vendredi à Kampala.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

13 mars 2013

Centrafrique : Menaces sur les accords de Libreville

La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), une des composantes de la rébellion Séléka, a relancé l'offensive militaire en s'emparant de trois villes à l'Est du pays. Son leader, Nourradine Adam, conteste fortement les accords de paix de Libreville dont il demande "la réévaluation". Des attaques qui relancent le débat sur la fragilité des accords de Libreville.

Capture d’écran 2013-03-13 à 22.26.56.pngCoup de pression sur les accords de Libreville. Une des factions de la rébellion Séléka a repris le chemin des armes en faisant tomber trois nouvelles localités à l'Est de la Centrafrique : Gambo, Bangassou et Rafaï. L'armée régulière (FACA) n'a opposé aucune résistance et l'attaque de Bangassou de lundi aurait fait quatre morts dans les rangs des forces armées centrafricaines. Comment en est-on arrivé là ?

Factions rivales

La reprise des attaques armées par une des composantes de la Séléka lève le voile sur les profondes divisions qui règne au sein de la rébellion. Coalition "mosaïque" de 5 mouvements rebelles, la Séléka est désormais scindée en deux factions rivales bien distinctes. On trouve d'abord le camp de Michel Djtodja, le chef de la délégation rebelle à Libreville et signataire des accords de paix. Ministre au sein du gouvernement de transition de l'opposant Nicolas Tiangaye, Djotodja a été fortement critiqué par une partie de la coalition. Principal reproche : avoir signé trop vite et sans garantie avec le président François Bozizé. A la tête de la fronde : les militaires du mouvement. Les commandants de la Séléka n'ont pas accepté certains termes de l'accord et se montrent de plus en plus impatients sur son application. Mais c'est surtout le sentiment d'avoir échoué si près du but qui domine chez les militaires. Les troupes de la Séléka se trouvaient à seulement 75 km de la capitale Bangui lorsque les parrains régionaux, tchadiens et congolais, ont sifflé la fin de la récréation, en convoquant rebelles et gouvernement à la table des négociations. Pour bon nombre de rebelles, la chute du président François Bozizé était proche et Libreville a tout gâché. En moins de 4 jours (un record de rapidité pour des accords de paix), rebelles, opposants politiques et gouvernement centrafricains se sont mis d'accord sur un texte… sauvant ainsi la tête de François Bozizé, qui reste ainsi président jusqu'en 2016.

La rébellion se rebelle

Parmi les déçus de Libreville, on retrouve Nourradine Adam, de la  Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Ce membre fondateur de la Séléka exige "une réévaluation de l'accord". Dans un communiqué, publié début mars, Nourradine Adam dresse la liste des points de l'accord qui restent encore en suspend : "intégration et reconnaissance des grades au sein des FACA, libération de tous les prisonniers politiques, départ des troupes étrangères autres que celles de la CEEAC ou tenue d'un forum social...". Pour expliquer les retards pris dans l'application des accords de Libreville, la CPJP accuse François Bozizé, de chercher à gagner du temps et de n'avoir jamais eu la volonté de respecter ses engagements. "Trop c'est trop" pour ces rebelles dissidents qui ont donc décidé de reprendre les armes.

Adam à la tête de la contestation

Pour le ministre centrafricain de la communication, Christophe Ghazam Betty, un proche de Michel Djotodja, qui défend bec et ongles l'accord de Libreville,  "c'est un comportement de brigands". Selon lui, "ce n'est pas à cause de petites minorités qui s'excitent que le processus de normalisation de la République centrafricaine va s'arrêter. S'ils ne veulent pas arrêter, on va les contraindre à arrêter". Mais la contestation gronde dans les rangs de la Séléka. Nourradine Adam l'a bien compris et souhaite capitaliser le mécontentement autour de lui. Pour relancer la Séléka sur un mode plus "offensif", Nourradine Adam peut compter sur les anciens officiers FACA du mouvement A2R, un groupe de militaires qui s'est constitué seulement quelques semaines avant la création de la Séléka en décembre 2012. Le patron du CPJP, peut aussi s'appuyer sur  "des éléments tchadiens". Au cours de l'attaque de Sido, "90 tchadiens" auraient appuyé les troupes du CPJP. On sait Nourradine Adam proche du Tchad et de certains hauts responsables du régime d'Idriss Déby.

Les accords de Libreville sont-ils menacés ?

Ils sont en tout cas extrêmement fragiles. Les combats peuvent reprendre à tous moments. Les dernières attaques du CPJP en sont la preuve. La Séléka tient toujours sept villes-clés en Centrafrique, comme Sibut, Bambari ou Bria et occupe une grande partie du territoire (plus de 70% selon les experts). L'armée régulière apparaît toujours aussi faible face aux rebelles : les troupes de Nourradine Adam se sont visiblement emparées de Bangassou sans grande résistance. Et le "parrain" tchadien, sans qui rien ne se décide dans la région, a visiblement laissé faire, comme un coup de semonce au président Bozizé qui semblait vouloir s'affranchir ces derniers temps de sa "protection". Les prochaines semaines seront décisives. François Bozizé accèdera-t-il aux revendications des rebelles ? Nourradine Adam continuera-t-il son avancée militaire vers Bangui ? Idriss Déby lâchera-t-il Bozizé ? Des questions pour le moment sans réponse.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Afrikarabia était interrogé mercredi 13 mars dans le journal de BBC Afrique. Ecoutez :
podcast

10 mars 2013

RDC : Retour en "résidence surveillée" pour Tshisekedi

Les forces de sécurité congolaises ont raccompagné "manu militari" Etienne Tshisekedi à son domicile, de retour d'Afrique du Sud. La police a violemment empêché ses partisans de manifester. L'UDPS dénonce les arrestations de certains de ces membres et le placement en "résidence surveillée" de son président.

Capture d’écran 2013-03-10 à 22.27.57.pngLe scénario est désormais connu à Kinshasa. Chaque atterrissage de l'opposant congolais Etienne Tshisekedi à l'aéroport international de N'Djili se transforme en grande manifestation populaire. Mais comme en 2011, lors de l'élection présidentielle, la police congolaise a empêché dans la violence tout rassemblement en bouclant les abords de l'aéroport. De retour d'Afrique du Sud pour sa première sortie à l'étranger depuis sa défaite à l'élection présidentielle, Etienne Tshisekedi rentrait ce dimanche à Kinshasa. Un comité d'accueil avait été prévu par son parti, l'UDPS, le long du boulevard Lumumba et un meeting avait également été annoncé place du Cinquantenaire dans la capitale.

Interdiction de manifester

Plusieurs heures avant l'arrivée d'Etienne Tshisekedi à N'Djili, la police congolaise, assistée par la Garde présidentielle, ont bloqué tous les accès à la zone. La foule, importante, venue accueillir l'opposant congolais a été violemment dispersée au moyen de gaz lacrymogène, notamment au niveau du pont de Matete. Des partisans d'Etienne Tshisekedi, présents sur les lieux, ont signalé des actes de violences policières sur des journalistes et des membres de l'UDPS. La délégation de la MPP (Majorité présidentielle populaire), qui rassemble les partis alliés à Etienne Tshisekedi, n'a pas pu accéder à l'aéroport. Son président, Diomi Ndongala, un proche de l'opposant congolais est resté bloqué par la Garde présidentielle sur le parking de N'Djili.

"Protéger" Tshisekedi ?

A sa sortie de l'aéroport, Etienne Tshisekedi a été immédiatement "pris en charge" par la police. Un photographe de l'AFP affirme qu'un policier "a pris d'autorité le volant de la voiture de Tshisekedi" pour le raccompagner, sous bonne escorte, à son domicile dans le quartier de Limete. Pour l'UDPS, ces événements sont "symptomatiques" du traitement réservé aux opposants politiques en RDC. Selon ce parti, son leader n'est plus libre de ses mouvements depuis les élections de novembre 2011 et affirme qu'il se trouve en "résidence surveillée". Les autorités congolaises disent vouloir "protéger" Etienne Tshisekedi. L'opposition s'est toujours étonnée de cet argument : "de quelle menace ?".

Arrestations arbitraires

Selon l'UDPS, le retour de leur président à Kinshasa s'est soldé par "des arrestations arbitraires et des violences policières inacceptables". Des cadres de l'UDPS auraient été arrêtés, comme Freddy Pindi, le président de la ligue des jeunes du parti et membre de la MPP. Un autre membre de la MPP, M. Onedikonda, aurait également été arrêté. Les autorité congolaises ont affirmé que les personnes arrêtées avaient été "interpellée pour avoir obstrué la chaussée" et qu'elles seront libérées.

Dans la soirée, les responsables politiques de l'UDPS, de la DC (Démocratie chrétienne) et de la MPP s'estimaient "séquestrés" dans la résidence d'Etienne Tshisekedi, en "état de siège", "encerclée par les forces de sécurité" avenue Pétunias. Vers 21h ce dimanche, le site internet de la DC, le parti politique de Diomi Ndongala, affirmait qu'au moins deux congolais auraient été tués par la police, qui aurait tiré "à balles réelles sur la population au niveau de la 12ème rue Limete". L'information n'a pas été confirmée par Kinshasa.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

MISE A JOUR : Freddy Pindi et M. Onedikonda ont été libérés lundi 11 mars 2013, ainsi que 17 autres membres de la MPP.

Photo : La police empêchant les manifestants d'approcher l'aéroport de Kinshasa - Dimanche 10 mars 2013 © DR

03 mars 2013

RDC : Nouvelle donne au Kivu

L'éclatement du M23 redessine le conflit qui oppose depuis plusieurs mois la rébellion et le gouvernement congolais à l'Est de la République démocratique du Congo. L'affaiblissement du mouvement rebelle remet en selle le président Kabila qui pourrait se sortir momentanément du conflit en signant la fin des hostilités avec le camp de Sultani Makenga.

Sultani Makenga filtre.jpgAprès la scission de la rébellion du M23, la guerre au Nord-Kivu entre dans une nouvelle phase. Le mouvement rebelle est désormais divisé en deux clans bien distincts: les pro-Makenga, le commandant militaire du M23 et les pro-Ntaganda, ralliés par l'ancien responsable politique de la rébellion, Jean-Marie Runiga. Makenga a destitué Runiga de son poste de président et les deux camps rivaux se sont affrontés la semaine dernière à Rutshuru, une localité sous contrôle rebelles. Les partisans de Makenga ont poursuivi Runiga et Ntaganda jusqu'aux portes du parc des Virunga et se sont fixés à Tchanzu.

Une mosaïque de groupes armés

Plusieurs leçons sont à retirer de la guerre interne qui fait rage au M23. Sur le terrain militaire tout d'abord. En se retirant de Rutshuru pour se battre, les rebelles ont laissé "libre" cette localité qu'ils contrôlaient depuis plus de 8 mois. Et surprise, ce ne sont pas les FARDC (l'armée régulière congolaise) qui viennent reprendre la ville, mais les FDLR, une milice rwandaise composée de rebelles hutus et des groupes armés Maï-Maï. L'armée congolaise prendra ensuite le relais, mais tardivement, réactivant les nombreuses rumeurs de "collaboration" entre les milices FDLR et les troupes de Kinshasa. Un "partenariat" de bien mauvaise augure pour la future force d'intervention rapide de l'ONU, chargée de venir à bout du M23, mais aussi des FDLR et des groupes Maï-Maï, utilisés régulièrement par les autorités congolaises comme milices supplétives. Un mélange des genres qui sera bien difficile à démêler pour les soldats de la paix.

Risque de "somalisation" du conflit

Deuxième leçon : l'éclatement du M23 a ouvert les vannes de la violence pour tous les autres groupes armés du Nord-Kivu, et ils sont… une petite vingtaine ! L'APCLS (Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain) s'est férocement battu à Kitchanga contre l'armée régulière. Les groupes Maï-Maï Nyatura et Shetani se sont également disputés la vile de Kiwanja. En désertant certaines villes qu'elle contrôlait, la rébellion du M23 a donc laissé la place aux autres groupes armés de la région. Certains analystes craignent un "morcellement" du conflit par des dizaines de milices. Une "somalisation" du Kivu qui serait extrêmement difficile d'enrayer, comme le soulignait Kris Berwouts au micro de Sonia Rolley, sur RFI ce week-end.

Makenga se rapproche de Kinsahsa

Troisième leçon : la stratégie du M23 a considérablement évolué. Car, si le conflit entre Sultani Makenga et Bosco Ntaganda remonte à 2009, avec l'arrestation du leader de la rébellion de l'époque, Laurent Nkunda, les divergences ont maintenant éclaté au grand jour. Sultani Makenga pense en effet qu'il est possible de renégocier les accords du 23 mars avec le gouvernement congolais au profit du M23. Il le pense et il le souhaite. Makenga estime que la stratégie du M23 pour "déstabiliser" le régime de Joseph Kabila ne peut s'opérer d'un seul coup. Il faut progresser "par étape", : accords après accords, batailles après batailles. Pour le courant Makenga, il faut signer un accord "a minima" avec Kabila, tout de suite, quitte à revenir à la charge dans quelques mois sur le terrain militaire. Bosco Ntaganda pense tout le contraire. Recherché par la Cour pénal internationale (CPI), Ntangada sait bien que Kinshasa veut l'arrêter, et que seule une victoire militaire sur Joseph Kabila peut le sauver d'une probable interpellation. "Jusqu'au boutiste", Bosco Ntaganda souhaitait donc de nouveau attaquer Goma pour faire plier le régime de Kinshasa et par la même occasion… sauver sa peau. Ni Makenga, ni Ntaganda ne veulent en effet se retrouver dans la peau de Laurent Nkunda, en janvier 2009, lorsque le Rwanda, après un brusque renversement d'alliance, décide de l'arrêter, pour le placer en résidence surveillée. Makenga comme Ntaganda ne font désormais plus confiance à leur allié rwandais, placé sous la surveillance de la communauté internationale.

Quand Kinshasa remet Rutshuru au M23

Pour ne pas devenir un futur Laurent Nkunda, Sultani Makenga semble vouloir jouer la carte de Kinshasa et de la communauté internationale. Selon l'analyste Kris Berwouts, Makenga serait prêt à signer un accord avec le gouvernement congolais. Les rumeurs vont également bon train autour de la volonté supposée du camp Makenga d'arrêter lui-même Bosco Ntaganda. Makenga pourrait ainsi s'attirer les bonnes grâces de Joseph Kabila, qui avait promis à la communauté internationale de l'arrêter. L'arrestation de Ntaganda par Makenga constituerait un deal "gagnant-gagnant" pour le leader rebelle, mais aussi pour le chef de l'Etat congolais en mal de reconnaissance internationale après sa réélection contestée de 2011. Une dernière information prouverait la relative "bonne entente" qui planerait entre Kinshasa et l'aile Makenga : le retour du M23… à Rutshuru. Car après avoir abandonné la ville pour se lancer à la poursuite de Runiga et Ntaganda, Rutshuru était tombé aux mains des FDLR pour finir par revenir à l'armée congolaise. Et aussi étrange que cela puisse paraître, Kinshasa (qui se bat depuis 8 mois pour chasser le M23 du Nord-Kivu) demande à son armée de remettre finalement la ville… aux rebelles du M23. La raison évoquée par le porte-parole de l 'armée congolaise est étonnante : "respecter l'entente conclue l’automne dernier entre les rebelles et le gouvernement". "Inadmissible" selon la société civile du Nord-Kivu qui croyait qu'en revenant à Rutshuru, l'armée régulière était venue restaurer l'autorité de l'Etat. Mais c'était sans compter le jeu de poker menteur qui se trame depuis plus de 15 ans dans les Kivus avec une même tactique : diviser les rébellions, signer la paix, intégrer un des groupes rivaux dans l'armée régulière… jusqu'à la prochaine guerre. Une visée à court terme qui dure depuis trop longtemps.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

MISE A JOUR : A Kampala, où le M23 négocie toujours avec le gouvernement congolais, la délégation rebelle modifie sa composition depuis la scission du mouvement. René Abandi devient le nouveau chef de la délégation du M23 et remplace François Rucogoza, resté fidèle à Bosco Ntagada. C.R

Photo : Sultani Makenga, commandant militaire du M23 - 2012 © DR

28 février 2013

RDC : M23, les raisons du clash

Le divorce est désormais consommé entre les partisans du chef militaire du M23, Sultani Makenga et le président de la rébellion, Jean-Marie Runiga. Le responsable politique du M23 a en effet été destitué aujourd'hui et aurait rejoint Bosco Ntaganda dans le parc des Virunga. Selon un porte-parole du M23, "les vrais CNDP reprennent la main sur le mouvement". Explications.

Image 1.pngEn début de semaine, de violents affrontements ont opposé deux factions de la rébellion M23 à Rutshuru, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon le gouvernement congolais, les combats aurait fait 17 morts. En cause les dissensions entre les proches de Sultani Makenga, commandant militaire du M23 et Jean-Marie Runiga, son représentant  politique. Ce matin, la rébellion a destitué Jean-Marie Runiga de son poste de président du M23 (voir le communiqué en français). Les événements de Rutshuru ne constituent que le point d'orgue de divergences plus anciennes entre les deux courants de la rébellion congolaise : pro-Makenga et pro-Ntaganda.

L'ombre de Laurent Nkunda

Depuis la création du M23 en avril 2012, deux courants se sont toujours fait face. On trouve d'abord, les CNDP "historiques", fidèles à Laurent Nkunda, aujourd'hui détenu en résidence surveillée au Rwanda depuis janvier 2009. Ce courant, qui est à l'origine du M23, est tenu par le chef militaire de la rébellion, le général Sultani Makenga. Dans son sillage : le gros de la troupe des ex-CNDP. Des militaires, comme Yusuf Mboneza, Claude Micho ou Bahati Mulomba, mais aussi des politiques, comme le député congolais Roger Lumbala, qui a rejoint récemment la rébellion.

Le "problème" Ntaganda

L'autre courant est composé de Bosco Ntaganda, l'ancien bras droit de Laurent Nkunda, qui a repris en main le CNDP après l'arrestation de son leader par Kigali. Pour les pro-Nkunda, Ntaganda a trahi "la cause" et son chef Nkunda, pour rejoindre "l'ennemi" : le camp du président Joseph Kabila. Bosco Ntaganda a ensuite été intégré à l'armée régulière congolaise au poste de général, avec une partie de ses hommes. Pour les pro-Nkunda, qui se retrouvent aujourd'hui autour de Sultani Makenga, Ntaganda n'a jamais fait partie du M23, même si la situation est plus complexe sur le terrain. La création du M23 en avril a notamment permis de "protéger" Bosco d'une possible arrestation par Kinshasa. Dans le sillage de Ntaganda, gravitent des militaires comme Baudouin Ngaruye, Innocent Zimurinda, Séraphin Mirindi ou Innocent Kabundi. Jean-Marie Runiga, le chef politique du M23 fait désormais partie du clan Ntaganda, depuis sa destitution aujourd'hui. Runiga aurait quitté Bunagana pour rejoindre les hommes de Ntangada dans le parc des Virunga.

"Runiga travaillait avec Bosco"

Selon Jean-Paul Epenge, le réprésentant du M23 en Europe, cette scission n'est pas une surprise. "Jean-Marie Runiga été placé à la tête de l'aile politique par consensus". "A la création de la rébellion en avril, nous avons essayé de représenter toutes les sensibilités au sein de notre  mouvement", nous explique ce membre du M23, "avec un seul commandement militaire, en la personne de Sultani Makenga". Selon Jean-Paul Epenge, "petit à petit, les proches de Makenga se sont rendus compte que Jean-Marie Runiga travaillait de plus en plus avec Bosco Ntangada. Au lieu d'unir notre mouvement, il a creusé un fossé entre nous." Le point de désaccord entre les deux courants se situerait au niveau des objectifs de la rébellion. Pour le responsable du M23 en Europe, "Runiga voulait renverser Joseph Kabila, alors que nous souhaitions simplement renégocier les accords du 23 mars 2009". Sur ce point, on peut noter que ces explications semblent "de circonstance" : le but étant de décrédibiliser au maximum Jean-Marie Runiga et Bosco Ntaganda aux yeux de la communauté internationale. Le message délivré par Jean-Paul Epenge étant clair : les pro-Makenga ne voudraient qu'une simple "redynamisation des accords du 23 mars", alors que les pro-Ntaganda ne souhaiteraient que la chute du régime de Kinshasa. La réalité est bien évidemment moins "binaire".

Runiga chez Ntaganda

Concernant les cause de la destitution de Jean-Marie Runiga et les combats entre factions à Rutshuru, Jean-Paul Epenge explique des différents sur la gestion financière du M23, mais aussi la "chasse aux sorcières" menée par Runiga pour placer des hommes proches de Ntaganda. Ce membre du M23 évoque également "des détournements de fonds destinés à Bosco". A la suite de ces "dysfonctionnements" (9 points auraient été reprochés à Jean-Marie Runiga), le M23 souhaitait qu'il démissionne de la présidence du mouvement. Mais Runiga refuse et la situation s'envenime. "Baudouin Ngaruye est venu le chercher à Bunagana et ils sont partis" explique Jean-Paul Epenge. "Mais ils sont relativement coincés, nous contrôlons tous les axes" précise t-il, "Runiga et Baudouin ne peuvent pas descendre vers Goma, il y a les FARDC, nous contrôlons la situation vers la frontière rwandaise et à Bunagana. Ce matin à 4h30, on m'a prévenu qu'ils sont dans le parc des Virunga et que certains militaires commençaient à les lâcher et à revenir".

Il y a bien clairement une crise de leadership au sein du M23, à la suite de la destitution de Jean-Marie Runiga. Un nouveau président politique du mouvement sera nommé très prochainement, vraisemblablement samedi lors d'une réunion du congrès du M23. En attendant, Sultani Makenga fait office de président par intérim de la rébellion. Selon Jean-Paul Epenge, "les vrais CNDP ont repris la main" sur le M23.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

25 février 2013

RDC : Guerre des chefs au M23 ?

De violents affrontements ont opposé dimanche soir deux courants de la rébellion du M23 à Rutshuru. Des rivalités sont apparus entre le général Sultani Makenga et son chef politique Jean-Marie Runiga, allié au général Bosco Ntaganda. En cause : des divergences sur la reprise d'une possible offensive militaire à Goma.

Capture d’écran 2013-02-25 à 23.27.44.pngQue s'est-il vraiment passé à Rutshuru dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 février 2013 dans le Nord-Kivu ? En début de soirée dimanche, les habitants de la ville entendent des détonations et des tirs d'armes légères. A l'hôpital de Rutshuru, lundi matin, on dénombre 10 morts et 2 blessés. Très rapidement, plusieurs sources parlent de combats entre deux factions du M23. La rébellion contrôle la ville depuis maintenant plusieurs mois. Ces affrontements auraient opposé les partisans du chef militaire du mouvement, le général Sultani Makenga à ceux de Jean-Marie Runiga, le représentant politique de la rébellion, proche du général Bosco Ntaganda. Derrière ces dissensions se joue le leadership du mouvement rebelle entre pro-Makenga et pro-Ntaganda.

Combats entre M23 ou attaque FDLR ?

Certains affirment que le malaise était déjà présent depuis quelque temps à Bunagana, une autre ville contrôlée par le M23, où Jean-Marie Runiga se serait vu privé de ses gardes du corps et de sa jeep de transport. Le malaise au sein de la rébellion porterait en fait sur la stratégie à adopter sur le terrain militaire. Alors que les négociations sont au point mort à Kampala entre la rébellion et le gouvernement congolais, les avis divergent sur la suite des événements. Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénal internationale et par Kinshasa, serait prêt à reprendre les armes, suivi par Jean-Marie Runiga, le chef politique. Makenga, le patron du M23 sur le terrain militaire, voudrait au contraire jouer l'apaisement (ou en tous les cas la montre) pour ne pas être accusé d'avoir relancé les hostilités avec Kinshasa. Le sujet aurait été discuté à Kigali la semaine dernière et Jean-Marie Runiga aurait alors été placé… en "résidence surveillée". Bonne ambiance à Bunagana ! Mais ce lundi, comme pour démentir toute tension au sein du M23, la rébellion a fait prendre un bain de foule à Jean-Marie Runiga en plein coeur de Bunagana. Concernant les affrontements de Rutshuru, le M23 dément aussi les combats entre factions rebelles. Les incidents armés de dimanche seraient en fait une attaque des FDLR, les rebelles hutus rwandais. La rébellion l'assure : tout va bien au M23. Info ou intox ?

Pro-Ntaganda contre pro-Makenga

Si tout n'est pas encore clair sur les événements de Rutshuru, les divergences au sein du mouvement rebelle ne sont pas nouvelles. Pour comprendre les rivalités au coeur du M23, il faut revenir un peu en arrière. En 2009, le leader rebelle s'appelle Laurent Nkunda. Il dirige alors le CNDP, dont le M23 n'est qu'un copié-collé. Sultani Makenga est un proche de Nkunda, mais Bosco Ntaganda aussi, il est alors son bras droit militaire. En janvier, un renversement d'alliance fait tomber Nkunda, arrêté son ancien allié rwandais. Ntaganda prend en main le CNDP et s'allie avec Kinshasa, l'ennemi d'hier. Makenga, qui n'appréciait pas Ntaganda, fini par le détester le qualifiant de "traître". Le M23 apparaît en avril 2012 avec déjà deux têtes : Makenga, chef militaire, et toujours Ntaganda, qui se revendique aussi du mouvement pour échappé à l'arrestation promise par Kinshasa et la Cour pénale internationale (CPI). Les deux frères ennemis se retrouvent désormais liés dans la même aventure, même si Makenga toujours nié que Ntaganda fasse partie du M23. Il y a donc maintenant une ligne : Ntaganda-Runiga et une autre ligne : Makenga-Nkunda, qui même "détenu" au Rwanda, n'attend qu'une chose, c'est de pouvoir revenir dans le jeu congolais.

Cette rivalité exposée au grand jour avec les combats fratricides de Rutshuru ajoute une incertitude supplémentaire quant à l'avenir du Nord-Kivu, avec au bout… la quasi certaine reprise du conflit.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Jean-Marie Runiga à Bunagana le 25 février 2013 © DR

24 février 2013

Accord-cadre (RDC) : 46 ONG exigent "des garanties"

Après la signature ce dimanche d'un accord régional pour tenter de ramener la paix à l'Est de la République démocratique du Congo, un collectif d'ONG espère que ce document recevra les garanties et "l'appui politique nécessaire". Ces ONG souhaitent également voir nommer "des Envoyés spéciaux et accroître l’implication régionale" dans le conflit congolais.

addis 2.pngCe dimanche à Addis-Abeba, plusieurs chefs africains ont signé un accord, sous l'égide de l'ONU, pour mettre fin au conflit meurtrier dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce accord régional prévoit "une révision stratégique" du mandat des casques bleus de la Monusco, mais aussi l'envoi d'une brigade d'intervention, dont la forme reste à préciser. L'accord appelle également les pays signataires "à ne pas tolérer ni porter assistance ou soutien à aucune forme de groupes armés". Le Rwanda et l'Ouganda sont particulièrement visés par cette disposition, ces deux pays étant accusés par plusieurs rapports de l'ONU de soutenir les rebelles du M23.

Pour un Envoyé spécial des Nations unies

A la suite de cette signature, 46 ONG congolaises et internationales (voir la liste) ont appelé les pays de la région, ainsi que leurs partenaires internationaux, "à garantir que l'accord-cadre pour la paix, recevra l'appui politique nécessaire pour mettre un terme à la guerre dans l'est de la RDC". Si le collectif salue ce document d'orientation, il suggère également que "l’accord sera vain sans des mesures spécifiques supplémentaires". Ces ONG souhaitent notamment "la nomination d’un ancien chef d’État en qualité d’Envoyé spécial des Nations Unies habilité à servir de médiateur au niveau national et régional ; l’intégration de la société civile congolaise et des principaux partenaires donateurs bilatéraux et multilatéraux de Kinshasa dans le mécanisme de surveillance national ; l’introduction d’une politique de conditionnalité basée sur des critères clairs et convenus et sur une collaboration véritable entre le gouvernement, les donateurs et la société civile".

"S'attaquer aux problèmes profond du Congo"

Le collectif met également l'accent sur les besoins de justice en RDC. "Les accords de paix précédents ont souvent fermé les yeux sur l’impunité, permettant aux criminels de guerre d’être intégrés dans les services de l’armée, la police et la sécurité", souligne le texte. Selon Federico Borello, directeur pour la région des Grands Lacs chez Humanity United, "il est impératif de s’attaquer une bonne fois pour toutes aux problèmes profonds du Congo que sont l’impunité, l’interférence régionale et la faiblesse de l’État. Sans cela, nous passerons à côté de notre meilleure chance de paix."

"Un espoir... mais"

Les 46 ONG souhaitent également que l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) continuent "d’apporter leur soutien au processus". Une conférence de donateurs pour engager les ressources nécessaires doit être aussi organisé "afin de promouvoir la collaboration économique transfrontalière et la réforme en profondeur des institutions congolaises". Selon Jason Stearns, directeur du projet Usalama pour le Rift Valley Institute, "l’accord-cadre apporte de l’espoir, mais il exige un capital politique et financier considérable pour surmonter les intérêts bien enracinés".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

23 février 2013

RDC : Une ONG confirme la détention au secret d'un officier

Le Comité des Observateurs des Droits de l’Homme (CODHO) dénonce une vague de répression politique à Kinshasa. L'ONG assure avoir les preuves de la détention illégale du capitaine Désiré Kobo Lisambo par les services de renseignements congolais.

carte RDC Afrikarabia vierge new modèle.jpgLe Comité des Observateurs des Droits de l’Homme (CODHO)  se dit préoccupé par ce qu'il considère comme "une vague de détentions illégales" dans la capitale de la République démocratique du Congo. L'ONG dénonce une "répression politique" qui toucherait actuellement les membres de l'ethnie Ngbandi de la province congolaise de l'Equateur. 

Selon le CODHO, le capitaine Désiré Kobo Lisambo (47 ans) a été enlevé le 11 février vers 14h par des militaires de la Prévôté militaire (PM) et des personnes en civils. Le capitaine Kobo Lisambo a été arrêté avec un cousin, Jean Kongbu, un civil.  Les deux hommes ont été menottés avant d'être amenés à l'Etat-major de la 11e région militaire de Kinshasa.

Jeudi 14 février, une délégation de CODHO est allée rencontrer les autorités  militaires de Kinshasa "pour s’enquérir des conditions et la légalité de la détention Désiré Kobo Lisambo et Jean Kongbu". Selon l'ONG, "rien n’a encore transpiré au sujet du motif de cet enlèvement, en violation de la Constitution". Le délai de garde à vue "se prolonge illégalement" et le CODHO s'inquiète "de la santé physique et psychologique de ces détenus dans cette détention au secret".

Sur les raisons de cette arrestation, le Comité des Observateurs des Droits de l’Homme signale que Désiré Kobo Lisambo et Jean Kongbu "sont des ressortissants de la province de l’Equateur". Le capitaine Lisambo est soupçonné d'être un partisan mobutiste. Ce militaire fait en effet partie des anciens officiers qui n'ont pas quitté la RDC (Zaïre à l'époque) après la chute du régime de Mobutu en 1997. L'Equateur a toujours été considéré par le pouvoir central comme une "province rebelle". En 2010, la rébellion de la tribu Enyele a fait douter Kinshasa, après la courte attaque de la vile de Mbandaka, la capitale provinciale de l'Equateur.

Le Comité des Observateurs des Droits de l’Homme demande "de mettre un terme aux actes de répression à caractères politiques et ethniques, notamment contre les ressortissants, civils et militaires de la province de l’Equateur". Mais aussi "de veiller à l’intégrité physique et la santé physique et psychologique des Désiré Kobo Lisambo et Jean Kongbu dans leur lieu de détention".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

19 février 2013

Crise en RDC : La carte Sassou Nguesso

A Kinshasa, des voix s"élèvent pour demander une médiation internationale dans la crise politique congolaise et entamer enfin le dialogue national annoncé par Joseph Kabila. Denis Sassou Nguesso pourrait bien faire l'affaire.

Capture d’écran 2013-02-19 à 22.54.08.pngUn dialogue national pour débloquer l'impasse politique en République démocratique du Congo ? L'idée vient du président Joseph Kabila lui-même, lors de ses voeux à la nation. Mal réélu et affaibli après un cycle électoral calamiteux et le retour de la guerre à l'Est, Joseph Kabila a proposé un dialogue inter-congolais avec l'opposition et la société civile pour "recréer la cohésion nationale"  ou … "pour gagner du temps" dit-on chez ses détracteurs. Prévu avant la fin janvier, le dialogue annoncé par Joseph Kabila peine à se mettre en place. "C'est mal parti !" titrait il y a quelques jours la presse kinoise.

Un dialogue national mort-né ?

Pour faire simple ans cette histoire de dialogue national, tout le monde y va à reculons. A commencer par les proches du président, comme Pierre Lumbi. Le leader du MSR ne souhaite effectivement pas que ce débat tourne à la cacophonie et remette en cause la légitimité de Joseph Kabila. Du côté de l'UDPS, le premier parti d'opposition congolais, on refuse carrément de prendre part à la concertation nationale. Le parti d'Etienne Tshisekedi ne reconnaît tout simplement pas la légitimité du président Kabila. Pour l'UNC de Vital Kamerhe, arrivé en troisième position à la présidentielle, ce sont les  deux initiateurs du dialogue qui posent problème. Evariste Boshab et Aubin Minaku font en effet partie du premier cercle de la majorité présidentielle. Ils seraient juges et parties.

Un médiateur international

Devant autant de "bonnes" volonté, certains politiques proposent alors la désignation d'un médiateur international, comme Jean-Lucien Busa du MLC, le parti de l'opposant Jean-Pierre Bemba. Selon lui, "le chef de l’Etat et sa famille politique sont une partie du problème et ne peuvent pas, par conséquent, être les impulseurs de ce dialogue". Une ONG congolaise des droits de l'homme va même plus loin. Le Renadhoc se dit favorable à un dialogue national organisé "par une personnalité neutre qui encouragerait la participation des toutes les sensibilités politiques congolaises". Sur le site de Radio Okapi, Fernandez Murhola, le secrétaire exécutif de l'ONG, estime que "cela ne servirait à rien de faire un dialogue où il n’y aura pas Tshisekedi, Kamerhe ou Mosengwo. Si nous allons aujourd’hui au dialogue et que les trois premières forces de l’opposition ne participent pas, cela n’aura pas un impact". Selon lui, Denis Sassou Nguessou, le président du Congo voisin, ferait "un bon facilitateur" de par "sa maîtrise parfaite des tous les acteurs politiques de la RDC".

Le "joker" Sassou

Le nom de Denis Sassou Nguesso dans la crise congolaise n'est pas un hasard. Depuis plusieurs mois, le président du Congo-Brazzaville s'est mué en médiateur "tout-terrain" des causes perdues. Sur la crise centrafricaine de décembre 2012, Sassou est intervenu auprès du président Bozizé pour qu'il accepte de négocier avec les rebelles de la Séléka à Libreville. La rébellion était aux portes de Bangui, la capitale, proche de faire sauter le verrou de Damara. Si beaucoup doute de la pérennité des accords de Libreville, les discussions ont tout de même mis fin à l'offensive rebelle et ont permis au président Bozizé de sauver son fauteuil. Sur le dossier congolais, la situation est assez similaire. Joseph Kabila fait face aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et peine à trouver une sortie de crise. Les négociations de Kampala piétinent et les rebelles menacent de reprendre la ville de Goma. Dans l'affaire congolaise, Sassou Nguesso a déjà avancé ses pièces depuis plusieurs mois : un rapprochement avec le rwandais Paul Kagame pendant l'été 2012, assorti d'échanges commerciaux, une rencontre avec Kabila en tête à tête et enfin une rencontre avec Kagame le 17 février 2013. Lorsque l'on sait que le Rwanda est accusé, notamment par les experts de l'ONU, de soutenir les rebelles du M23, on imagine que la situation au Nord-Kivu était au menu de la visite du président rwandais dans le village natal de Sassou Nguesso. Selon la formule consacrée, les deux présidents ont "réaffirmé leur volonté de contribuer positivement au retour de la paix dans le Nord-Kivu et la région des Grands Lacs". Paul Kagame a même estimé que "la paix dans la sous-région" était "indispensable". Cela ne veut évidemment pas dire que la Rwanda va brutalement changer sa politique régionale, mais cela donne surtout du crédit à l'hôte de la rencontre, Denis Sassou Nguesso.

Le rôle de Sassou dans le conflit au Nord-Kivu n'est évidemment pas dénué d'arrières pensées. En froid, depuis très longtemps avec Kabila, son rapprochement avec Kagame lui assure un certain leadership régional. Enfin, son rôle de médiateur, fait de lui un élément incontournable aux yeux des institutions régionales (CEEAC, CIRGL, UA… ) et de la communauté internationale... une sorte d'assurance-vie pour ce président qui n'échappe pas aux critiques (régime autoritaire, affaire de biens mal acquis… ). Un rôle de médiateur dans le cadre d'un dialogue politique en République démocratique du Congo ne déplairait certainement pas à Sassou Nguesso. Reste à savoir si Joseph Kabila acceptera de lui ouvrir les portes de son débat national.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo Maison blanche Laurence Jackson © Libre de droits

14 février 2013

Centrafrique (RCA) : Les secrets de la Séléka

Dans un entretien exclusif accordé à Afrikarabia, un des anciens porte-parole de la rébellion a décidé de dévoiler les coulisses du mouvement rebelle qui a menacé de renverser le président François Bozizé. Une interview qui révèle le nom du président "caché" de la Séléka, le double jeu d'Idriss Déby et le soutien d'un ancien officier du Congo-Kinshasa.

séléka + carte.jpgDécembre 2012. En quelques jours, la Séléka, un mouvement rebelle centrafricain méconnu, a réussi à prendre le contrôle de 80% du pays, avant d'être stoppé par les forces tchadiennes de la CEEAC (Communauté économique des états d'Afrique centrale) à 75 km de la capitale, Bangui. Composée d'une mosaïque de 4 groupes rebelles (UFDR, CPJP, FDPC et CPSK), la coalition est toujours apparue comme un mouvement "sans tête", avec autant de porte parole que de commandants militaires. Après un mois de conflit, un accord a pourtant été signé à Libreville début janvier, entre le régime de François Bozizé, la Séléka et l'opposition politique. Le président centrafricain a sauvé sa tête, l'opposition politique a emporté la primature et la rébellion a obtenu le poste de vice-premier ministre et de ministre de la défense, en la personne de Michel Djotodia. Mais la paix reste fragile. L'opposition peine à s'imposer et le camp Bozizé reprend confiance. Beaucoup prédisent une reprise des hostilités, car une partie des rebelles ne se reconnait pas dans les accords de Libreville et pour cause… la rébellion reste plurielle. Pour mieux comprendre ce mouvement nous avons voulu connaître l'histoire de la Séléka.

Jean-Paul Bagaza, est l'un des anciens porte-parole de la coalition et a décidé de nous révéler les dessous du mouvement rebelle. Jean-Paul Bagaza ne fait partie d'aucun des 4 groupes constituant la Séléka, mais de la "coordination" qui a mis en place la coalition rebelle. Il nous livre les secrets du mouvement et les surprises sont de tailles. Voici son témoignage.

Acte I - Bozizé se fâche

"Tout commence au mois de décembre 2011. François Bozizé convoque Sylvain Ndoutingai, le ministre des mines et Firmin Findiro, le ministre de la justice et porte-parole du gouvernement. Francis Bozizé, le fils du président est aussi présent. Au cours d'une réunion familiale, le clan Bozizé avait décidé de présenter le fils, Francis, à la présidentielle, si François Bozizé n'arrivait pas à modifier la constitution pour briguer un nouveau mandat en 2016. Le président Bozizé avait donc pris la décision de convoquer ces deux proches du régime pour convaincre les membres du parti présidentiel (KNK) de modifier la constitution en faveur d'une nouvelle candidature. Au cours de cette réunion, Firmin Findiro a tenté de dissuader le président de modifier la constitution, compte tenu de l'instabilité politique ambiante et de l'activité de nombreux groupes rebelles. Sylvain Ndoutingai a lui aussi déconseillé au président Bozizé de modifier la constitution, pensant que cette décision créerait des tensions. Ces réponses n'ont visiblement pas plu au président. Il faut dire que François Bozizé suspectait déjà Sylvain Ndoutingai de préparer un coup d'Etat, ou de vouloir  se présenter aux élections présidentielles de 2016. Sylvain Ndoutingai était ministre des mines et avait beaucoup d'influence et de moyens financiers. Firmin Findiro était considéré comme l'intellectuel qui pouvait aider Sylvain Ndoutingai à prendre le pouvoir. François Bozizé et son fils ont alors décidé de se séparer de ces deux ministres en fabriquant de fausses accusations pour les limoger. Le ministre, Firmin Findiro a alors décidé de s'enfuir par la RDC, puis par le Congo-Brazzaville et enfin vers la France avec un passeport d'emprunt. Je suis allé l'accueillir à l'aéroport".

Acte II - Les tchadiens entrent en piste

"En France, nous avons décidé de réagir et de prendre les choses en main. C'est là qu'est née l'idée de la Séléka, c'est à dire de créer une coalition avec tous les mouvements rebelles centrafricains. Pour atteindre cet objectif, nous avons d'abord décidé d'enclencher notre stratégie avec un seul mouvement. En septembre 2012, nous sommes entrés en contact avec  Nourradine Adam du CPJP (Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix), qui était alors au Tchad, à N'Djamena. Nourradine Adam avait de très bons contacts avec Idriss Déby, le président tchadien. En discutant avec Déby, Nourradine constate que les relations entre le Tchad et la Centrafrique se sont fortement détériorées. Selon Déby, Bozizé ne tient plus parole. Beaucoup d'accords commerciaux et militaires n'ont jamais vu le jour. Notamment sur la création d'une force militaire mixte pour contrôler la frontière entre les deux pays. Idriss Déby souhaitait également la construction d'un pipeline pour alimenter en eau le Tchad depuis la rivière Oubangui. Tous ces projets traînaient. L'autre contentieux entre les deux pays concernait le colonel Charles Massi que le Tchad a livré au régime centrafricain. L'opposant a ensuite été assassiné dans les prisons de Bozizé, contrairement aux engagement pris. François Bozizé avait en effet clairement promis à Idriss Déby de ne pas éliminer Charles Massi. Il n'a pas tenu parole. Idriss Déby a été très en colère."

Acte III - Firmin Findiro, président "officieux"

"Le président tchadien et ses proches ont décidé d'écarter Bozizé du pouvoir. Les tchadiens se sont alors appuyés sur Nourradine Adam, qui avait déjà des soldats. Mais pour éviter que cette rébellion ne soit uniquement "musulmane" et taxée d'extrémisme religieux, les tchadiens voulaient trouver "un intellectuel" pour mettre à la tête du mouvement. Début octobre 2012, Nourradine Adam nous a appelé pour nous dire que c'était Firmin Findiro qui allait occuper la direction politique du mouvement et que nous allions rencontrer le général Mahamat Ali Abdallah Nassour à Paris. Ce général tchadien est un proche de Déby, qui avait d'ailleurs aidé François Bozizé à renverser l'ancien président Patassé en 2003. Il connaissait donc très bien Bozizé. Lors de notre rencontre à Paris, le général nous a dit la même chose que Nourradine : "nous ne voulons plus de Bozizé, il ne tient pas parole, il faut qu'il parte…". Il nous a aussi dit que pour la stabilité de la région et des frontières, il fallait se débarrasser du président centrafricain. Mahamat Ali Abdallah nous a mis en contact avec le fils d'Idriss Déby, Zakaria, avant de pouvoir rencontrer le président tchadien à Paris, lors d'une visite prévue en octobre 2012 avec François Hollande. Zakaria Déby nous a ensuite appelé pour nous dire que nous pourrions rencontrer le président tchadien à Paris avant le Sommet de la francophonie d'octobre. Mais le président Déby n'a pas voulu d'une rencontre "officielle", pour éviter d'apparaître dans cette histoire. En fait, le président français a décalé sa rencontre avec Idriss Déby pour la reporter début décembre 2012, ce qui changeait évidemment tous nos plans. Pour déclencher la rébellion, il nous fallait une autorisation au moins "officieuse" de l'opération. On voulait une "bénédiction" avant de déclencher toute attaque. Mais entre temps nous avions déjà fédéré tous les autres groupes rebelles depuis le mois de septembre 2012 et on ne pouvait plus reculer. Dans un premier temps, notre stratégie était que chacune des rébellions mènent ses attaques dans son coin, pour faire croire à des mouvements isolés. Et une semaine après nous devions annoncer la création d'une coalition : la Séléka. Ce qui s'est effectivement passé."

Acte IV - Un conseiller militaire congolais

"En France, nous sommes entrés en contact avec un ancien officier de l'armée congolaise, de l'AFDL (le mouvement de Laurent-Désiré Kabila), qui a fait partie des troupes qui ont renversé Mobutu en 1997. Cet officier s'appelle Gabriel Maindo et a fait office de conseiller militaire du mouvement de la Séléka. Il a élaboré tous les plans militaires pour renverser le plus vite possible le président Bozizé. Mais en contre-partie, la Séléka devait lui laisser une base arrière en Centrafrique pour qu'il prépare une rébellion contre le président Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC). Il devait ensuite se rapprocher de l'opposition rwandaise pour renverser Paul Kagame. Gabriel Maindo voulait, à partir de la Centrafrique, ouvrir un front contre la RDC et un autre contre le Rwanda. C'est pour cette raison que, lorsque le M23 nous avait proposé leurs services pour affronter les troupes tchadiennes qui nous bloquaient à Damara, nous avons refusé cette aide. Gabriel Maindo a même mis son veto à tout soutien du M23. Il a même menacé de tout faire capoter si la Séléka s'alliait au M23. Aujourd'hui, il fait partie de ceux qui s'opposent farouchement aux accords de Libreville."

Acte V - Double jeu

"Gabriel Maindo nous a aussi mis en contact avec le directeur des services de renseignement soudanais. Le Soudan était prêt à nous donner des moyens humains et financiers pour renverser François Bozizé et par la suite renverser aussi Idriss Déby. Avec la chute de Bozizé, la sous-région centrale serait devenue une véritable poudrière. Cet ancien officier congolais (Gabriel Maindo, Ndlr) avait pour objectif d'en finir avec tous ces dictateurs d'Afrique centrale. Il a pointé : le Rwanda, l'Ouganda, le Gabon, la RDC, le Tchad et puis l'Angola. Il fallait profiter, dans un premier temps, du soutien d'Idriss Déby pour renverser Bozizé et lui montrer que la Séléka était à ses côtés. Et dans un deuxième temps, après la chute de Bozizé, nous aurions renversé Déby. A propos de l'échec militaire de la Séléka, nous avons été naïfs. Le président Idriss Déby a joué double jeu avec nous. C'est lui qui a fixé la fameuse "ligne rouge" au niveau de la ville de Damara que nous ne devions pas dépasser. Idriss Déby a menacé Michel Djotodia et Nourradine Adam de vouloir les remplacer à la tête du mouvement s'ils franchissaient Damara. Ce que nous avons compris aujourd'hui, c'est que le président Déby a voulu utiliser la Séléka comme un moyen de pression sur François Bozizé. Le président tchadien a obtenu ce qu'il voulait : il y a maintenant la mise en place d'une brigade mixte et le projet de pipeline avance de nouveau. Aujourd'hui Idriss Déby continue donc de contrôler la République centrafricaine, avec ces 3 enfants. Nous avons tout simplement été instrumentalisés par le Tchad."

Propos recueillis par Christophe RIGAUD © Afrikarabia

13 février 2013

RDC : "Pour un Etat de droit" au Congo

Après les élections contestées de novembre 2011 et la reprise du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), des acteurs politiques et associatifs congolais, des élus belges et français, des professeurs d'université s'inquiètent de la crise politique "qui fragilise les institutions congolaises". Dans un texte que nous publions, les signataires appellent à l'établissement "d'un Etat de droit" en RDC et avancent quelques pistes de réflexions.

Depuis 1996, la République Démocratique du Congo est le théâtre des affrontements meurtriers entre différentes factions. Nombreuses sont leurs conséquences : inexistence de l’État, menaces sur l’intangibilité des frontières nationales, déstabilisation de la région du Kivu, insécurité, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, violences sexuelles, enrôlement des enfants par des groupes armés, violations des droits fondamentaux de la personne humaine, impunité en faveur des criminels, ingérence des voisins dans les affaires intérieures... La crise politique, qui fragilise les institutions congolaises depuis les élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, hypothèque davantage l’avenir des populations locales : plus de 6 millions de morts, plusieurs milliers de femmes et de filles violées, des milliers d’enfants enrôlés de force par des groupes armés, plus de 2,5 millions de personnes déplacées dans la seule région du Kivu et près de 500 000 Congolais réfugiés dans les pays voisins… Ainsi fragilise-t-elle la cohésion nationale, exposant de facto le Congo-Kinshasa aux visées expansionnistes de quelques pays limitrophes et aux pillages en tous genres.

Nous devons avoir à l’esprit que la paix dans la région des Grands Lacs et en Afrique centrale dépend, en grande partie, de la stabilité de la République Démocratique du Congo. Ainsi est-il urgent que la communauté internationale intervienne efficacement dans la mise en place des mécanismes idoines.

Sur la sécurisation de la région du Kivu, nous préconisons :
- la requalification du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilité de la République Démocratique du Congo (Monusco), afin de lui permettre d’assister un État souverain qui est confronté aux problèmes à la fois internes et externes ;
- la présence, aux côtés des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), d’une force d’interposition sur la frontière orientale – ne contenant aucun pays présumé soutenir les éléments déstabilisateurs – composée soit de la Monusco, soit d’une force interafricaine, soit de l’Eurofor, soit de l’Africom ;
- l’externalisation des pourparlers de Kampala, le médiateur ne devant être à la fois juge et partie ;
- les condamnations des États voisins qui contribuent, d’une manière ou d’une autre, à la déstabilisation de la République Démocratique du Congo.

Sur les violations des droits fondamentaux de la personne humaine, nous demandons :
- l’arrestation et le jugement des auteurs de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité par des tribunaux tant nationaux qu’internationaux ;
- l’assistance des victimes de dégâts, aussi bien directs que collatéraux ;
- le retour des personnes déplacées à l’intérieur du pays et celles qui sont déplacées au-delà des frontières nationales après un recensement avec l’aide de la Croix Rouge.

Sur la cohésion nationale, nous proposons :
- l’ouverture d’un dialogue inclusif et républicain, entre les différentes forces vives congolaises, sous la supervision de la communauté internationale ;
- la mise en place d’un gouvernement de salut publique en vue de l’organisation dans un délai raisonnable des élections crédibles et transparentes, auxquelles ne participera pas l’actuel Chef de l’État conformément à la Constitution, ainsi qu’en vue de la consolidation des institutions républicaines.

Sur la paix régionale, nous sommes favorables :
- aux concertations en vue de la gestion commune des ressources frontalières ;
- aux accords de non-agression, en vue de l’indépendance dans l’interdépendance.

Pour l’année 2013, compte tenu des valeurs universelles que nous partageons avec force et vigueur, nous souhaitons vivement que la République Démocratique du Congo devienne enfin un havre de Paix où règneront la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité.

Les signataires : Gaspard-Hubert Lonsi Koko (Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo, Président d’Union du Congo, France), Albert Bourgi (Professeur d’université, France), Erika Cologon Hajaji (Journaliste, Sénégal), Emmanuel Ikabanga (Mouvement de Libération du Congo, France), Jean-Pierre Dozon (Anthropologue, directeur d’études à l’EHESS, France), Alexandre Leupin, (professeur et directeur de mondesfrancophones.com, États-Unis), Joël Asher Lévy-Cohen (Journaliste indépendant, Canada), Laurent Louis (Député fédéral, Belgique), Ferdinand Lufete (Coordonnateur de l’’Alliance pour le Développement et la République, France), Cynthia Mckinney, (ancienne Congressiste, ancienne Candidate du Parti Vert à l’élection présidentielle, États-Unis), Akli Mellouli (Adjoint au Maire de Bonneuil, France), Augustin Mukamba (Président de Troisième Force, Suisse), Marc Mvé Bekale (Maître de conférences, enseignant-chercheur, France), Lamine Ndaw (Conseiller municipal, France), Herman Nzeza Malungidi (Président de l’Alliance Nationale pour le Changement, Angleterre), Els Schelfhout (Sénatrice honoraire, Belgique).