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22 mars 2013

De l’air frais du Québec au Forum mondial des femmes francophones

Le Forum mondial des femmes francophones organisé par  Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, aurait ronronné mercredi 20 mars au musée du Quai Branly à Paris sans un peu d’air frais venu du Québec...

Capture d’écran 2013-03-22 à 08.34.10.pngYamina Benguigui et son équipe avaient vu grand. La “représentante personnelle du président de la République” invitait quelque 400 femmes issues des 77 pays francophones au premier “Forum mondial des femmes francophones” mercredi 20 mars 2013 à Paris. Une réunion, selon elle “dans l’urgence”, “née du constat de la régression du droit des femmes dans le monde et notamment dans l’espace francophone”. En réalité, Yamina Benguigui continue à “ramer” pour définir sa mission  après l’échec du Sommet de la Francophonie à Kinshasa et alors que se profile le Sommet suivant à Dakar.

Faute de moyens financiers réels, la Francophonie se réduit comme peau de chagrin à un “Plan Com”. La bouée de sauvetage s’appelle “défense des femmes dans le monde” au détriment de la défense de l’influence du français dans le monde. Un exercice politiquement acrobatique puisqu’il amène Yamina Benguigui. à souligner que la situation des femmes est particulièrement mauvaise dans l’espace francophone. Ce qui est vrai, mais incline à observer que depuis des dizaines d’années, le gouvernement français n’a pas fait son travail dans sa sphère d’influence en matière de droits de l’Homme - au sens le plus large - et notamment de “politique du genre”. Notamment au Rwanda jusqu’en 1994 et en RDC par la suite.

Yamina Benguigui semble consciente de ce écueil. Elle a enfourché depuis quelques mois un cheval de cheval de bataille original : dénoncer les viols et actes de barbarie commis en RDC selon elle par le M23 “soutenu par Kigali”. Une tribune dans Le Monde, signée notamment par la Première dame Valérie Trierweiler, a donné le signal de ce “programme du genre” vu de Paris (voir la genèse de cette affaire dans Afrikarabia).

Depuis, la ministre déléguée à la Francophonie a légèrement corrigé le tir. Pour conserver un minimum de crédibilité, le Rwanda n’est plus voué aux gémonies. Mais les thèmes égrenés au premier Forum mondial des femmes francophones restent les mêmes. « Nous vivons aussi un moment où les femmes sont niées, abîmées et détruites dans leur intégrité. Elles subissent au quotidien des exactions, des violences de toutes sortes. Elles n’ont aucune protection juridique et sanitaire et sont le plus souvent exclues des systèmes scolaires », a regretté Yamina Benguigui avant d'appeler à lutter au quotidien pour faire reconnaître les droits les plus élémentaires des femmes : « Car c’est bien dans l’espace francophone, c’est bien en langue française que cette tragédie se déroule ». Yamina Benguigui propose donc de créer « un réseau actif dans l’espace francophone » et veut en saisir l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le président François Hollande.

Denis Mukwege, gynécologue obstétricien à l’hôpital de Panzi en RDC, était l’invité vedette de la réunion du 20 mars. Ce médecin au courage extraordinaire (voir Afrikarabia) mais à la perspicacité politique sujette à caution a répété que « Le corps de la femme devient le champ de bataille. C’est détruire la vie à son origine ». Un  message qui semble de plus en plus instrumentalisé par Yamina Benguigui pour incarner sa ligne politique confuse. Si la ministre française s’intéressait vraiment à la mission de ce nobélisable, elle lui transférerait son propre budget de gardes du corps, tant la vie du docteur Denis Mukweg est menacée en RDC.

Dans ce nouveau sommet de confusion compassionnelle sinon de tartufferie, la délégation de femmes chefs d’entreprises invitées à l’initiative du Québec a fait souffler un peu d’air frais et de sincérité. Les Offices jeunesse internationaux du Québec ont permis à 40 jeunes femmes d’y porter leurs voix. Toutes ont été choisies pour leur investissement professionnel positifs, démontrant que la Femme n’est pas seulement une victime emblématique. La promotion de femmes chefs d’entreprises est leur crédo.  Leur porte-parole (photo) a fini par obtenir un micro pour donner un point de vue décapant : “Je m'appelle Lydie Hakizimana et je suis de nationalité rwandaise. Je suis la présidente de la Chambre des jeunes entrepreneurs et cheffes d'entreprises depuis sept ans dans le domaine de l'édition et publication de livres scolaires. Pendant une semaine, nous avons travaillé sur un livre blanc avec des constats et recommandations sur l'axe entreprenariat.

Premièrement, l'argent c'est le nerf de  la guerre- faciliter l'accès au crédit et au capital financier pour les femmes entrepreneures en créant des fonds de garantie gouvernementaux.

Deuxièmement, l'éducation est très importante - mais tout se joue des le plus jeune âge - s'assurer que chaque jeune fille avant l'age adulte ait rencontre un/une entrepreneure pour un partage d'expérience.

Troisièmement, le savoir c'est le pouvoir : créer des formations spéciales femmes entrepreneures qui permettraient l'affirmation de soi et l'apprentissage de la prise de parole.

Quatrièmement, on a tous besoin de modèles et d'être inspirées - identifiées et promouvoir les femmes entrepreneures en créant un annuaire papier électronique.

Cinquièmement, le réseau est primordial- l'union fait la force. Créer des lieux où  les femmes entrepreneures profiteront de la mutualisation des expertises.

En conclusion, Les gouvernements sont censés créer un environnement favorable à un développement dont la pierre de lance est le secteur privé, les petites et moyennes entreprises, l'entrepreunariat féminin...

La pauvreté engendre la guerre et la guerre promeut la pauvreté. Faisons la guerre chers frères, chères soeurs... pas entre nous; contre la pauvreté car, c'est elle notre seule vraie ennemie.”

Au milieu des sifflets et quolibets d’autres femmes francophones, Lydie Hakizimana a indiqué que son entreprise fait aujourd’hui travailler 150 personnes et elle a rendu hommage à son gouvernement qui conduit l’une des politiques du genre les plus audacieuses dans le monde. Bien loin de l’image que Yamina Benguigui véhicule du Rwanda...

Jean-François DUPAQUIER

Photo : Lydie Hakizimana © JF. Dupaquier

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