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19 mars 2013

Attentat du 6 avril 1994 (Rwanda) : Barril lâché par Agathe Habyarimana

Sale temps pour le mercenaire et capitaine de gendarmerie honoraire Paul Barril : l’expertise de l’attentat  contre le président du Rwanda Juvénal Habyarimana, qui pointe la responsabilité d’extrémistes hutus, est validée par  la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Et Agathe Habyarimana se désolidarise du mercenaire à son service...

Afrikarabia logo V2.pngIl avait pourtant fait des pieds et des mains pour “prouver” que l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana était l’oeuvre du Front patriotique rwandais. Au point qu’un livre ne suffirait pas pour raconter toutes les intrigues du mercenaire et capitaine de gendarmerie honoraire Paul Barril afin de conduire le peu perspicace juge Jean-Louis Bruguière sur de fausses pistes. Alors mandaté par Agathe Habyarimana, veuve du chef de l’Etat Rwandais, Barril s’est révélé un spécialiste de haut vol en désinformation et enfumage tous azimuts. Il avait même rallié à sa cause un universitaire français, André Guichaoua, qui a couvert de son autorité le ”témoignage” sur l’attentat écrit par un imposteur, le “lieutenant” Abdul Ruzibiza (« Rwanda, l’histoire secrète », Ed. Panama, 2005). Et convaincu le polémiste Pierre Péan, aujourd’hui hagiographe de Jean-Marie Le Pen, d’écrire lui aussi un livre en ce sens, « Noires fureurs, blancs menteurs » (Ed. Fayard). Succédant au juge Bruguière, les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic ont fait voler ce château de cartes.

La cause de Barril semble aujourd’hui si mauvaise que l’avocat d’Agathe Habyarimana, Me Meilhac, a fait savoir au juge Trévidic que sa cliente se désolidarisait de Paul Barril. Une noire fureur née de l’annonce du résultat des perquisitions aux différents domiciles de Paul Barril et de la fragilité de son alibi pour le soir du 6 avril 1994. Le coup de grâce a été donné mardi 19 mars : le travail des experts désignés par les juges Nathalie Poux et Marc Trévidic est confirmé par la chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Paris. Les avocats des officiers du FPR suspectés de l’attentat ont rappelé le film des événements dans un communiqué. Un rappel plus qu’utile.

Les deux juges d’instruction avaient désigné un collège d’experts chargés de vérifier les hypothèses des sites de lancement qui pouvaient servir au départ des missiles ayant abattu le 6 avril 1994 en soirée le Falcon ayant à son bord les présidents rwandais et burundais – et donné le signal du génocide des Tutsis du Rwanda, un million de morts en cent jours.. Le collège d’experts s’était rendu au Rwanda en 2010 et le 10 janvier 2012, avait conclu que le site le plus vraisemblable pour le tir des missiles était situé au camp militaire Kanombe, tenu par les militaires hutus les plus extrémistes, écartant du même coup l’hypothèse d’un tir provenant de Masaka, contrairement à l’ordonnance des mandats d’arrêt internationaux de Jean-Louis Bruguière.

Certaines parties civiles essentiellement liées à Madame Agathe Habyarimana, ont tenté, et pour cause, écarter ce rapport qui était totalement défavorable à leur thèse. Elles ont essayé de provoquer la nullité de la mesure d’expertise voire d’obtenir une nouvelle et seconde expertise ou encore des compléments d’enquêtes. Toutes ces demandes avaient été rejetées par ordonnance des juges Trevidic et Poux prononcée en  juin 2012. Les juges avaient cependant prescrit aux experts de fournir des éclaircissements sur un point technique concernant l’impact de la trajectoire des avions sur le tir des missiles, ce que la défense avait accepté. La majorité des parties civiles avait aussi accepté l’ordonnance du juge. Seul le même groupe minoritaire proche d’Agathe Habyarimana avait interjeté appel devant la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris.

Les parties ont longuement plaidé le  29 janvier 2013. La défense avait demandé à la Cour de confirmer l’ordonnance des juges d’instruction Nathalie Poux et Marc Trevidic et de rejeter l’appel interjeté. Telle était également la position de l’Avocat général qui avait clairement pris position pour le respect du travail des experts et des juges d’instruction.

Ce 19 mars 2013, la Cour d’Appel de Paris a suivi la position de l’Avocat général et de la défense. Elle a déclaré non fondé l’appel d’Agathe Habyarimana et de ses proches.

Pour Me Lef Forster, avocat au Barreau de Paris et Me Bernard Maingain, avocat au Barreau de Bruxelles, “cet arrêt s’inscrit dans la continuité de l’instruction qui a mis en évidence le caractère fantaisiste des accusations formulées à l’encontre des militaires du Front patriotique  rwandais”. Ils pointent du doigt à cette occasion “l’absence de preuve fiable et des manipulations graves de la justice française. Les développements récents montrent en outre que désormais les recherches doivent s’orienter vers les extrémistes hutus voire dans certains cercles en France, proches de ceux-ci.”

Pour les personnes visées visiblement à tort par l’ordonnance du magistrat Jean-Louis Bruguière, cette décision doit faciliter le prononcé d’un non-lieu, espèrent les deux avocats. Cette issue prévisible pourrait être retardée par un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris soutenu par l’Avocat général. Un tel pourvoi démontrerait qu’Agathe Habyarimana et sa famille ne chercheraient plus qu’à retarder  la réorientation de l’enquête en direction de leurs amis des milieux extrémistes hutus.

Jean-François DUPAQUIER

19:16 Publié dans Afrique, Rwanda | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Et toc! Les theses censees accrediter le caractere monstrueux des "Tutsi du FPR" - qui n'auraient pas hesite d'actionner le signal du genocide qui a extermine pres de 80 p.cent des membres de leur ethnie vivant au Rwanda a l'epoque - viennent de se prendre un bel uppercut dans les gencives! Il faudra trouver autre chose desormais pour detourner les regards ailleurs que sur la monstruosite bien reelle - elle - des auteurs du genocide, de leurs amis barbouzards de Francafrique et des politiciens francais qui ont trop longtemps impose la loi du crime dans leurs relations avec l'Afrique. Au passage, la justice francaise sauve son honneur grace au juge Trevidic pour qui les agissements de ripoux sont indignes de la mission qui est la sienne. C'est ca la France pour reprendre le titre d'une chanson de Marc Lavoine. Merci JF Dupaquier pour votre traque obstinee et courageuse de la verite. C'est encore ca l'image qu'on aime de la France, a mille lieux des basses oeuvres...

Écrit par : Faustin | 20 mars 2013

Et voilä, on nous confirme ce que nous savions déjà, la vérité finit par se savoir ou se confirmer lorsqu'elle était réfutée. On peut toujours la taire et incriminer des innocents qui plus est ont perdu des êtres chers.
La lutte de libération n'est pas une affaire de territoire physique que je sache , c'est une question vitale d'un peuple opprimé à qui il faut rendre le droit d'existence et l'exercice de sa citoyenneté. Comment imaginer un seul instant que cette quête puisse se transformer en un crime par ceux-là mêmes qui avaient pris les armes pour le libérer.

Écrit par : Emilienne | 20 mars 2013

Après ce procès, la France ferait bien de retirer son hospitalité à Mme Agatha Habyarimana qui, dans d'autres pays, serait dès lors considérée comme "personna non grata". C'est vraiment la moindre des choses. Au mieux, la rapatrier au Rwanda qui la réclame pour répondre de planification de génocide et crimes contre l'Humanité.

Écrit par : Orts, Stéphane | 20 mars 2013

Les commentaires sont fermés.