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28 mai 2008

Le sort de Jean-Pierre Bemba entre les mains de la justice belge

Jean-Pierre Bemba, arrêté samedi en Belgique à la demande de la Cour pénale internationale a comparu mercredi devant les juges de la Chambre du Conseil de Bruxelles. Ils doivent décider de son maintien ou non en prison avant son transfert à La Haye aux Pays-Bas, au siège de la CPI pour son procès.

Au cours de son audition, Jean-Pierre Bemba a demandé à être remis en liberté et à comparaître en tant que prévenu libre, s’engageant de coopérer avec la justice. Les juges ont mis la décision en délibéré. Selon un porte-parole du tribunal, Jean-Pierre Bemba ne sera pas mis en liberté parce que les services de renseignements belges détiennent des informations selon lesquelles le leader du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), en venant à Bruxelles après avoir quitté Faro au Portugal, avait l’intention de regagner son pays.

Ayant eu vent de ces informations, la CPI a précipité son arrestation, craignant qu’au Congo, l’ancien chef rebelle ne se rende dans une zone qui n’est pas sous contrôle du gouvernement de Kinshasa, ce qui rendrait son arrestation impossible.

Ce cas de figure est celui qui se présente depuis des années pour l’officier félon tutsi congolais, Laurent Nkundabatware, chef rebelle du Congres national pour la défense du peuple (CNDP), qui contrôle une zone importante du Nord-Kivu, défiant les troupes gouvernementales congolaises qui n’arrivent pas à le capturer pour le livrer à la CPI qui a pourtant lancé un mandat d’arrêt international à son encontre.

Bemba est-il innocent ?

A Bruxelles, les militants du MLC clament l’innocence de leur leader qui, soutiennent-ils, n’a jamais séjourné en Centrafrique, pays qui l’accuse d’avoir commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. Jean-Pierre Bemba avait mis ses troupes à la disposition de Ange- Félix Patassé, à l’époque président de la RCA, confronté à une puissante rébellion menée par le général François Bozizé, qui se proclamera président après la victoire des ses troupes.

C’est au cours de cette guerre que les combattants du MLC, obéissant aux ordres de Ange-Félix Patassé, s’étaient livrés à des massacres de populations civiles, pratiqué des crimes sexuels, et des actes de cannibalisme, dont est accusé Jean- Pierre Bemba.

Les militants du MLC craignent que la Belgique ne livre Jean- Pierre Bemba à la CPI, pour donner satisfaction au président Joseph Kabila, très fâché à cause des déclarations du ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht. Dans les milieux politiques belge, on ne cache pas la peur que, en colère, les partisans de Jean-Pierre Bemba, s’attaquent aux quelques 4.500 Belges expatriés, installés en RD Congo.

27 mai 2008

Kinshasa dans la rue après l'arrestation de Bemba

Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue à Kinshasa, pour réclamer, par une marche de protestation, la libération du sénateur Jean-Pierre Bemba, arrêté samedi à Bruxelles.

4ddb3b2ad9b3f3e2dc0d68ee00db6071.jpgLes manifestants, essentiellement des militants et sympathisants du Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti de M. Bemba, sont partis du siège du parti pour aboutir au Palais du peuple (siège du parlement de la RDC) où un mémorandum devait être remis aux présidents des deux chambres du parlement. La manifestation visait à inciter les autorités belges à libérer le plus tôt possible JP Bemba.

Le sénat (chambre haute du parlement) a dû interrompre sa plénière à l’arrivée des manifestants pour permettre aux cadres du MLC d’être reçus par les présidents du sénat, Léon Kengo wa Dondo et de l’assemblée nationale (chambre basse), Vital Kamerhe à qui ils ont remis un mémorandum dans lequel ils réclament la libération de leur leader par la justice belge.

Le secrétaire général du MLC, François Muamba a invité le parlement à user de son pouvoir pour la libération de M. Bemba, soulignant que ce dernier ne peut pas être traité comme un ‘’bandit de grand chemin’’.

Manifestations dans son fief de l'Equateur

Les manifestations avaient commencé dans la province de l’Equateur (Nord-ouest de la RDC) où après la ville de Mbandaka lundi, les militants et sympathisants du MLC sont descendus dans les rues Gemena (une autre ville de la province, un des fiefs de l’ancienne rébellion du MLC) pour manifester leur soutien à M. Bemba. Toutes les activités ont été paralysées à Gemena, selon Radio Okapi, une station parrainée par la Mission onusienne en RDC (Monuc).

Dans une déclaration politique dimanche, le MLC clame une totale innocence de son président national, Jean-Pierre Bemba, et constate avec regret la politisation de la procédure judiciaire initiée par le procureur de la CPI. Le parti de M. Bemba demande ainsi aux autorités judiciaires et politiques belges de considérer la démarche du procureur près la CPI comme strictement politique et par conséquent de relâcher son leader.

Une justice très... réactive

Pour une fois, la justice internationale n’a pas traîné : mandat d’arrêt émis le 23 mai, arrestation le 24 ! Jean-Pierre Bemba a été interpellé dans sa propriété en Belgique et doit répondre de crimes contre l’humanité devant la Cour Pénale Internationale. Le mandat d’arrêt qu’elle a émis stipule qu’il est poursuivi pour les massacres, viols et pillages commis par ces troupes entre le 25 octobre 2002 et le 15 mars 2003 en République centrafricaine. À cette époque, son organisation, le MLC (Mouvement pour la Libération du Congo), avait franchi le fleuve pour aller guerroyer aux côtés du président Patassé contre Bozizé, en pleine rébellion. Cette équipée, dans laquelle Jean-Pierre Bemba avait lancé ses enfants soldats, avait été particulièrement sanglante pour la population civile mais aussi pour les « fantassins » de 12 ans du MLC dont les mercenaires Tchadiens de Bozizé n’avaient fait qu’une bouchée. Devenu président mais quand même mauvais joueur, ce dernier s’est empressé de saisir la CPI des crimes commis par ses ennemis.

25 mai 2008

RDC : Jean-Pierre Bemba arrêté à Bruxelles

Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien Vice-président de la République démocratique du Congo, président et commandant en chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), a été arrêté à Bruxelles dans la nuit de samedi à dimanche. La Cour pénale internationale l’accuse de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

0289feb3f29c25033f1cb657a13663ea.jpgCette arrestation fait suite aux accusations portées contre Jean- Pierre Bemba par le gouvernement de Centrafrique qui l’accuse de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis sur le territoire centrafricain.

Faute de moyens pour poursuivre Jean-Pierre Bemba, Bangui avait déferré l’affaire au CPI, qui a donc ordonné l’arrestation de leader du MLC après avoir obtenu des preuves pour l’inculpation de l’ancien vice-président congolais. Un mandat d’arrêt international avait été lancé par la Cour pénale internationale (CPI), le 16 mai, a fait savoir à la presse un juge belge dimanche à Bruxelles.

Alors que qu’il était a la tête du MLC, à l’époque groupe rebelle contre le gouvernement de Kinshasa, Jean-Pierre Bemba avait envoyé ses troupes en Centrafrique pour prêter main forte à l’ancien président Ange Félix Patassé dont l’armée était attaquée par les forces du général François Bozizé qui avaient fini par l’emporter.

Durant cette guerre et après, les troupes du MLC sont accusées d’avoir commis des atrocités, et notamment de viols de femmes à grande échelle ainsi que des actes de cannibalisme. Détenu provisoirement à Bruxelles, Jean-Pierrre Bemba sera transféré, dans les jours qui viennent à la Haye (Pays-Bas) au siège du CPI où se déroulera son procès.

Jean-Pierre Bemba avait quitté Kinshasa en avril 2007 après les affrontements à l’arme lourde qui avaient opposés sa garde rapprochée à l’armée du Président Joseph Kabila. Après ces affrontements, il avait trouvé refuge au Portugal où il réside depuis plus d’un an.

De Faro, au Portugal, il se rend régulièrement à Bruxelles où le MLC compte de nombreux militants.

L'opposition "consternée" à Kinshasa

"On ne s'y attendait pas. C'est une mauvaise surprise, c'est la consternation", a déclaré François Muamba, secrétaire général du MLC, le premier parti d'opposition en RDC. "Il y a la présomption d'innocence. Nous avons confiance en la justice internationale pour respecter ce principe", a souligné M. Muamba, se refusant à tout autre commentaire sur l'arrestation de son chef.

Photo (c) www.afrikarabia.com - Ch. Rigaud.

22 mai 2008

RDC : Jean-Pierre Bemba prévoit son retour le 27 mai à Kinshasa

Le leader du Mlc avait quitté le pays à la suite des affrontements qui avaient opposé sa garde aux Fardc. Réfugié à la résidence de l’Ambassadeur sud-africain, JP Bemba était parti de là pour le Portugal. Avant de quitter le pays, le leader du Mlc avait requis l’autorisation du Sénat dont il est membre pour aller se faire soigner. La polémique à l’époque tournait autour de cette autorisation de sortie que le Mlc voulait obtenir du chef de l’Etat ou du chef du gouvernement. La réponse qui avait été donnée au Mlc à l’époque, semble n’avoir pas été assimilée parce qu’on y revient au moment où il est question du retour de JP Bemba. Les conditions de ce retour.

Afrikarabia logo.pngLe Mlc exigeait jusque-là l’implication du chef de l’Etat. Car, estime-t-on dans ce parti politique, les problèmes de sécurité qui se poseraient pour le chef du Mlc ne peuvent être résolus que par le chef de l’Etat. On pensait avoir fait des avancées lorsque le Sénat sortant de sa léthargie avait demandé au chef de file du Mlc de rentrer au pays après que le Premier ministre ait précisé qu’en sa qualité d’ancien vice-président de la République, JP Bemba bénéficiait des dispositions sécuritaires satisfaisantes. En plus avait fait savoir le Premier ministre, ses émoluments comme ancien vice-président de la République et comme sénateur lui étaient versés régulièrement. Jamais un exilé, dans l’histoire politique du continent, pour ne pas dire du monde, ne recevait régulièrement des émoluments d’un pouvoir qui le bannissait. Le bureau du Sénat, dans un communiqué lu par son porte-parole avait enjoint le leader du Mlc, JP Bemba à rentrer au pays sous peine de se voir invalidé. Et à partir de la réception de la lettre du sénat par JP Bemba, toutes les absences à la session seraient désormais considérées comme injustifiées. Passé un quart d’absence pendant la session en cours, JP Bemba serait obligé de quitter le Sénat et tous les avantages afférents à sa charge.

De plus en plus, on parle du retour de JP. Bemba. Une date est même avancée. Selon des sources proches du Mlc, le sénateur JP Bemba pourrait fouler le sol kinois le 27 mai prochain. Le Mlc serait maintenant entrain de préparer ce retour. On ne dit pas si le Mlc a finalement obtenu les garanties sécuritaires exigées, ou si finalement JP Bemba aurait décidé d’abandonner ces prétentions sécuritaires. Dans une grande portion de l’opinion, on pense que le retour de JP Bemba, finalement sans conditions, serait motivé par les discussions actuelles au sujet du porte-parole de l’opposition. JP Bemba chercherait donc à éviter la politique de la chaise vide qui avait coûté cher à Tshisekedi après Sun City. En effet, le leader de l’Udps, conscient du fait que tout le monde lui réserverait le poste de vice-président de la république dû au quota de l’opposition, est resté en Afrique du Sud pour besoin de soins médicaux. Les choses ont mal tourné. Le poste est allé à Z’Ahidi Ngoma.

21 mai 2008

RDC : Il y a 30 ans, les Français sautaient sur Kolwezi

Mai 1978, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), des rebelles katangais venus d’Angola s’emparent de Kolwezi. L’intervention des forces zaïroises tourne à la catastrophe et près de 700 civils, dont une centaine d’européens, sont assassinés. La France lance alors une intervention militaire de grande ampleur qui verra 600 légionnaires sauter sur la ville.

Afrikarabia logo.pngCette intervention au coeur de l'Afrique à 8.000 km de la France, la plus grande opération aéroportée depuis Suez (octobre 1956), fut riche d'enseignements pour l'armée française. Le Katanga, prospère province minière du sud de l'ex-Congo belge, près de l'Angola et de la Zambie, avait été le théâtre d'une sécession au début des années soixante, marquée par l'intervention des Casques bleus.

En avril 1977, une première tentative de renversement, depuis l'Angola, de Mobutu Sese Seko, à la tête de la République du Congo depuis novembre 1965 après un coup d'Etat, avait échoué. Le 13 mai 1978, plusieurs milliers d'anciens gendarmes katangais, les "Tigres", commandés par Nathanaël Mbumba, s'emparent de Kolwezi où vivent 2.000 Belges et Français, employés à la société minière La Gécamine.

Le 16 mai, l'intervention manquée de parachutistes zaïrois et les rumeurs insistantes d'une opération occidentale mettent Kolwezi (80.000 habitants) à feu et à sang. En trois jours, 700 civils, dont une centaine d'Européens sont massacrés.

Le 17, le président français Valéry Giscard d'Estaing, à la demande de Mobutu et avec le feu vert des Etats-Unis et de nombreux Etats africains, lance une intervention militaire française en solo, face aux hésitations du gouvernement belge. M. Giscard d'Estaing mobilise le 2e régiment étranger de parachutistes (REP), commandé par le colonel Philippe Erulin et basé à Calvi (Corse). L'opération "Bonite" est lancée dans la nuit du 17 au 18 mai en liaison avec la mission française de coopération militaire à Kinshasa, dirigée par le colonel Yves Gras. A la base de Solenzara (Corse), 600 légionnaires embarquent dans trois DC-8 d'UTA, un Boeing 707 d'Air France et quatre DC-8 du transport militaire. Direction Kinshasa, en évitant l'Algérie et la Libye, soit huit heures de vol. Les huit appareils sont tellement chargés que les légionnaires ne peuvent emporter leurs parachutes. Ils s'équiperont à Kinshasa de parachutes américains de l'armée zaïroise.

Le 19 mai à 15h40, trois compagnies de combat et un état-major (400 hommes) sautent sur Kolwezi après six heures de vol dans quatre C-130 Hercules zaïrois et un C-130 Transall français. En quelques heures, ils contrôlent la ville, au prix de durs combats, et mettent sous leur protection les populations civiles.

Le 20, 200 autres légionnaires, dont une section de mortiers, les rejoignent. Chaque légionnaire saute avec 30 kg (arme individuelle, munitions, vivres) et un obus de mortier. Six légionnaires se blessent en touchant le sol. Au même moment, les paras-commandos belges se posent sur l'aérodrome de Kolwezi pour préparer l'embarquement des civils occidentaux.

Bilan: cinq légionnaires tués et une quinzaine de blessés, un para-commando belge tué, 247 rebelles tués, deux prisonniers, plus de 500 armes individuelles et lourdes saisies. Le 15 juin, les derniers légionnaires quittent Kolwezi, relevés par les Zaïrois et une force panafricaine.

16 mai 2008

RDC : Accord avec l'Ouganda sur le tracé de la frontière

L'Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC) sont tombés d'accord pour retracer leur frontière commune, devenue un sujet de différend croissant depuis que la prospection de pétrole a débuté l'an dernier sur le lac Albert, situé à cheval entre les deux pays.

DSC03882 copie2.jpgLe président ougandais Yoweri Museveni et son homologue congolais, Joseph Kabila, se sont rencontrés ce week-end à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, pour tenter de désamorcer les tensions qui se font de plus en plus vives le long de la frontière depuis deux semaines. "Ils sont convenus que, pendant le processus de démarcation de la frontière, le statu quo prévaudrait le long" de celle-ci, lit-on dans un communiqué.

Les deux parties fourniront les éléments de logistique nécessaire à la commission chargée de retracer la frontière, précise le communiqué.

La tension à la frontière entre les deux pays monte depuis que deux sociétés - la Canadienne Heritage Oil et l'Irlandaise Tullow - ont commencé à prospecter les eaux du lac Albert à la recherche de pétrole.

La RDC estime que les sociétés, sous concession ougandaise, travaillent illégalement dans ses eaux territoriales.

Photo (c) www.afrikarabia.com - Christophe Rigaud

06 mai 2008

RDC : Les casques bleus auraient armé des milices

Après une enquête d'un an et demi, la BBC a obtenu la preuve que des soldats de la Monuc, la force de maintien de la paix au Congo, ont armé des milices opérant dans l'est du pays.

Logo ONU.jpgSelon des témoignages recueillis dans le reportage de la BBC, des soldats des contingents pakistanais et indiens ont profité de leurs positions pour leur échanger des armes et des munitions contre de l'or.

L'année dernière, les Nations Unies avaient ouvert une enquête sur ces accusations mais Jean Marie Guéhenno, secrétaire général adjoint de l'ONU, avait affirmé que les recherches n'avaient mis en évidence aucun trafic d'armes et avait déclaré l'incident clos.

"L'enquête onusienne n'était pas allée au fond des choses".

La BBC a voulu en savoir plus et a envoyé une équipe de jounalistes à Mongbwalu, en Ituri, où se trouvent des gisements d'or. En quelques jours, ils ont rassemblé des preuves montrant que des armes et des munitions avaient été passées aux FNI, une milice qui contrôlait la ville et que la Monuc était supposée désarmer.

Kung Fu et Dragon, les deux commandants de la milice, en prison à Kinshasa, ont confirmé dans leurs dépositions que les casques bleus pakistanais leur avaient procuré des armes. "Oui c'est vrai, ils nous ont donné des armes. Ils nous ont dit qu'ils le faisaient pour la sécurité de la région. Ils ne voulaient pas que les habitants s'enfuient une nouvelle fois dans la forêt. Alors, ils nous ont dit que nous les aiderions à prendre en charge cette zone.’’ a même affirmé Kung Fu par téléphone depuis sa cellule.

Joël Bisubu, de l'ONG de défense des droits de l'homme, "Justice plus", a déclaré à la BBC qu'au cours d'une mission, lui et ses collègues ont été témoins de transactions illicites à l'aéroport. Alan Doss, le représentant spécial du Secrétaire général, reconnaît que "toute forme de corruption porte préjudice à la réputation de l'organisation et que l'Onu doit y faire face.''

04 mai 2008

Bas-Congo (RDC) : Des fosses communes secrètement exhumées

Des corps de victimes d'affrontements avec la police ont été exhumés discrétement courant avril de fosses communes au Bas-Congo, dans l'ouest de la République démocratique du Congo (RDC), selon le rapport d'une commission parlementaire.

Afrikarabia logo.pngLes députés provinciaux membres de cette commission se sont rendus fin avril dans la localité de Sumbi, en territoire de Seke-Banza, dans le centre de la province, et ont constaté qu'une fosse commune qui avait "accueilli 29 cadavres" avait été ouverte, probablement dans la nuit du 20 au 21 avril.

Cette "exhumation des corps par des inconnus (...) à bord d'un véhicule dont les vrombissements ont été entendus par la population" a été signalée dès le 21 avril par les autorités locales, selon le rapport de la commission.

Au total à Sumbi, la Croix-Rouge locale a procédé à l'inhumation de 41 corps, pour la plupart dans des fosses communes, entre le 2 et le 5 mars, à la suite d'affrontements sanglants entre la police et des éléments du mouvement d'opposition politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK), selon un rapport de la Croix-Rouge dont l'AFP a obtenu copie.


Fin février et début mars, de violents affrontements ont opposé la police et le BDK au Bas-Congo, entraînant une répression brutale des forces de l'ordre, qui ont systématiquement incendié des lieux de cultes du BDK.

02 mai 2008

RDC : Les congolais attendent toujours la paix

Trois mois après les accords de paix dans l'est de la République démocratique du Congo, des groupes armés continuent de tuer, de violer des civils, de recruter des enfants-soldats...  et les affrontements opposant l'armée à des rebelles rwandais chassent des milliers de personnes de leur domicile.

a8d1546876a60b5301c71752c1886e4b.jpgLes organisations humanitaires ont exhorté la communauté internationale, qui a appuyé l'accord de paix du 23 janvier à Goma, à prendre des mesures d'urgence afin que cet accord se traduise dans les faits par une véritable sécurité pour les civils de la région.

Elles soulignent que depuis la signature de l'accord entre le gouvernement du président Joseph Kabila, les rebelles et les milices, les civils des provinces du Nord et du Sud-Kivu continuent d'endurer de terribles souffrances. Malgré le cessez-le-feu théoriquement en vigueur, des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines de femmes et de jeunes filles ont été violées et des enfants sont recrutés comme combattants. La malnutrition, le choléra et le paludisme font des ravages.

"Rien n'a changé (...) Il n'y a eu aucun progrès en matière de droits de l'homme et de situation humanitaire. Il faut que ce soit davantage que des mots sur le papier", a déclaré à Reuters Anneke Van Woudenberg, chercheuse à Human Rights Watch.

Les violences au Nord et Sud-Kivu sont une subsistance de la guerre de 1998-2003 et de la catastrophe humanitaire qui en a découlé et qui a fait quelque 5,4 millions de morts, victimes pour la plupart de malnutrition et de maladie.

Les frontières est de la RDC, dans la région des grands lacs, constituent une poudrière où les tensions ethniques restent vives après le génocide de 1994 au Rwanda, qui a contribué à déclencher la guerre de 1998-2003 en RDC.

Le principal objectif de l'accord de Goma était de garantir la paix aux populations du Kivu et de permettre à plus de un million de personnes déplacées de regagner leurs foyers.

Mais ces derniers jours, des combats ont éclaté entre l'armée congolaise et des rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qui n'ont pas signé l'accord de paix et maintiennent d'importants effectifs dans l'est du Congo.

Les violences continuent malgré tout

Les récents affrontements ont chassé au moins 16.000 personnes de chez elles et forcé deux agences des Nations unies à suspendre leurs opérations de secours ainsi que les distributions de vivres. Loin d'assister à une réduction du nombre de réfugiés depuis le 23 janvier, les Nations unies estiment que 75.000 personnes supplémentaires ont été déplacées par les violences dans les deux provinces du Kivu.

"C'est vrai. Il y a eu beaucoup de violences dernièrement, mais nous en finirons bientôt avec cela", a déclaré le général Vainqueur Mayala, commandant militaire du Nord-Kivu. Il a expliqué que les affrontements résultaient du déploiement de l'armée près de bastions des FDLR avant une offensive décisive.

Mais des ONG redoutent qu'une grande offensive gouvernementale contre les FDLR entraîne des représailles contre les civils, provoquant une nouvelle vague de réfugiés.

L'un des signataires de l'accord de Goma était le général rebelle Laurent Nkunda, qui a dirigé pendant quatre ans une insurrection pour défendre la minorité tutsie dont l'existence est selon lui menacée par les Hutus rwandais des FDLR, leur ennemi juré. Les FDLR sont composées pour partie d'anciens militaires hutus rwandais et de miliciens Interahamwe, responsables du massacre de 800.000 Tutsis et Hutus modérés rwandais en 1994.

Un mois avant la signature de l'accord de Goma, les 4.000 hommes de Nkunda avaient réussi à repousser une offensive de plus de 20.000 soldats gouvernementaux bénéficiant d'un appui logistique de l'Onu. Les observateurs notent que les FDLR constituent une force bien plus importante, profondément retranchée au sein de la population locale des deux Kivu.

Des diplomates rappellent qu'il a fallu trois ans pour pacifier la province d'Ituri, autre région troublée dans le nord-est du Congo, où un conflit ethnique a fait plus de 70.000 morts. "Ce processus (dans les provinces du Kivu) va être long et complexe (...) Il implique davantage d'acteurs (qu'en Ituri), de sorte qu'il faut s'attendre à des défis", a déclaré un diplomate occidental.

Photo (c) www.afrikarabia.com - Christophe Rigaud

10 avril 2008

RDC : Des fosses communes découvertes entre Boma et Matadi

Des militants des droits de l’Homme en RDC font état de la découverte de trois fosses communes dans le Bas-Congo. Cette province a été le théâtre, en début d’année, de violents affrontements entre la police et le mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo (BDK), mouvement qui a été depuis lors interdit par les autorités congolaises.

Des restes de corps étaient visibles près d’une fosse commune découverte près de la localité de Materne, entre les villes de Boma et Matadi, a expliqué Amigo Gondé, coordinateur de l’ONG Association africaine pour les droits de l’Homme (ASHADO). M. Gondé a fait état de la présence de bracelets des membres du BDK près de cette fosse commune, ajoutant que des corps avaient été précédemment découverts par les populations locales dans la rivière Lukula.

Le ministre congolais de l’Intérieur, Denis Kalume, avait fait chiffré à 27 morts le bilan des violences au Bas-Congo, mais selon les militants des droits de l’Homme, ce bilan est probablement plus lourd.

30 mars 2008

RDC : Pourquoi a-t-on assassiné Laurent Désiré Kabila ?

Sept ans après l'assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, retour sur le rapport rendu public à Kinshasa autour de la mort du Mzee. Histoire d'une mort annoncée...

DSC02392 copie.jpgLe 16 janvier 2001, dans la mi-journée, des coups de feu retentissent dans l'enceinte du Palais de Marbre, résidence du président Laurent-Désiré Kabila. Les voisins du Chef de l'Etat qui ne sont pas habitués à ce genre de crépitement s'interrogent. La route reliant Kintambo à Binza/Delvaux et qui longe la résidence présidentielle est bloquée par des chars de combat. Habituellement, cette route est fermée à partir de 18 h00 par une simple barrière gardée.

A la clinique Ngaliema à Kinshasa/Gombe, un hélicoptère atterrit et débarque un corps ensanglanté enveloppé dans un drap. Le personnel médical non essentiel et les malades ambulants sont évacués. Le quartier de la clinique hôpital est quadrillé par des troupes d'Elite. Plus personne n'entre ou ne sort. Même le Grand Hôtel de Kinshasa(ex-Hôtel Intercontinental) est isolé. RFI (Radio France International) parle de "quelque chose de très grave" qui s'est passé au palais présidentiel à Kinshasa. La rumeur, principale source d'information dans la capitale congolaise, se met en marche. Kitambo/magasin. Dans un taxi, une dame affolée, qui ne pensait qu'à rentrer chez-elle, annonce aux autres occupants que "le président Kabila a été tué par son garde du corps ". La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la ville. Les communications sont interrompues. Une Jeep équipée de lance-roquettes prend position devant la plus grande société de téléphonie portable, STARCEL.

A la RTNC (Radiotélévision nationale congolaise, chaîne publique) les émissions continuent normalement jusqu'à ce qu'apparais à l'écran le colonel Eddy Kapend, aide de camp du chef de l'Etat. Les yeux hagards, les lèvres sèches, sur un ton sec et autoritaire, l'aide de camps du chef de l'Etat se présente : "(…) c'est le colonel Eddy Kapend qui vous parle de Kinshasa, capitale de la République (…). Il ordonne à toute la hiérarchie militaire, citée nommément, de maintenir les troupes au calme et de fermer toutes les frontières du pays. Sur les raisons de cette déclaration aux allures d'un putsch, le colonel Eddy Kapend ne dit rien. Il promet des informations supplémentaires pour plus tard. Il ne réapparaîtra plus à l'écran si ce n'est, le 23 janvier 2001, dans la garde d'honneur lors des funérailles officielles du président Kabila.

La guerre des communiqués a commencé dès cet instant. Des officiels à Bruxelles, Paris, Londres et Washington, citant des sources crédibles à Kinshasa, annoncent successivement la mort de Kabila des suites des balles tirées par un de ses gardes du corps. Kinshasa admet la fusillade mais dit que Kabila a été blessé et évacué à l'étranger pour des soins appropriés. Le Zimbabwe, principal allié du gouvernement congolais annonce le décès du président avant de se rétracter. Le 18 janvier 2001 à 20 H00, le gouvernement congolais annonce à la télévision nationale, par la bouche du ministre de la communication, Dominique Sakombi Inongo, la mort de Mzee Laurent Désiré Kabila survenue ce jour là (18 janvier 2001) dans un hôpital de Harare au Zimbabwe. Le président aurait eu le temps de laisser un testament que lira magistralement le ministre de la communication.

Pour illustration, nous reprenons la chronologie des événements du journal belge LE SOIR tirée des archives du site Internet du quotidien :

16 janvier 2001.

-17h05 : un télex de l'AFP (Agence France Presse) annonce que, dans un message télévisé, l'aide de camp du président Kabila a ordonné aux chefs de l'armée de fermer les frontières et de maîtriser leurs unités. Raison: des coups de feu auraient été entendus dans un quartier proche de la résidence de Kabila

-18h00. Les Affaires étrangères belges (puis l'ONU) confirment les tirs.

-19h30. Des sources diplomatiques occidentales à Kigali (Rwanda) affirment qu'une tentative de coup d'Etat a eu lieu contre Kabila. Et l'annoncent blessé ou tué. Le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, n'est pas en mesure de confirmer la mort ou les blessures du président.

-20h17. Le ministre de l'intérieur congolais, Gaëtan Kakudji, déclare que l'instauration du couvre-feu, à Kinshasa, a été ordonnée par le président. Qui serait donc vivant ? Au même moment, un belge actif à Kinshasa nous rapporte la dernière rumeur : Kabila serait décédé d'une crise cardiaque. Le reste serait (une) mise en scène.

- 21h00. Tout le monde s'en mêle : l'agence d'information des missionnaires, Misma, basée à Rome, affirme que le décès du président semble pour l'instant non fondé ; le RCD, rebelle, lâche que la tentative de coup d'Etat a été organisée par les Forces armées congolaises ; L'ambassadeur congolais en Belgique assure que Kabila est en vie, après une tentative de coup d'Etat.

-22h30. Premier ministre occidental à l'affirmer, Louis Michel, se basant sur deux sources dignes de foi, annonce la mort de Kabila, abattu par son garde du corps, en présence de généraux auxquels il aurait signifié leur limogeage. Michel évoque un différend qui a débouché sur une certaine violence.

- 23heures. Un intime de Kabila nous assure que le président est vivant.

- 23h30. Le ministre français des Affaires étrangères annonce que Kabila est décédé.

…/…

17 janvier 2001. - 0H30. Les Etats-Unis estiment que Kabila a été assassiné. - 1 H00. Une source congolaise à Bruxelles affirme à BELGA que Kabila aurait été abattu par le vice-ministre de la défense, le colonel Kayembe, qu'il venait de limoger. Et que Joseph Kabila, le fils du président, aurait également été blessé. - 9H40. Deux mouvements rebelles, puis le gouvernement britannique, confirment le décès de Kabila. - 10H00. Un parent de Kabila, à ses côtés à l'hôpital, nous certifie qu'il est vivant, mais ses chances de survie ne sont pas garanties, vu son âge. 11h20. Un diplomate à Bujumbura(Burundi) affirme que Joseph Kabila est décédé. - 12H43. Les autorités congolaises sortent du bois. Pour indiquer que Kabila a été blessé dans un attentat malheureux et transféré à l'extérieur du pays pour des soins appropriés. Et que son fils Joseph (qui ne serait donc pas mort) assure la direction de l'action gouvernementale, en attendant le rétablissement de son père. Michel (qui a désormais 5 sources confirmant la mort) prend acte. - 13H20. Les capitales occidentales commencent à faire machine arrière. Le Français Hubert Védrine estime que la mort de Kabila n'est peut-être pas confirmée. Puis Londres n'est plus absolument sûr qu'il soit mort. - 13H45. De hauts responsables zimbabwéens assurent que, touché par 5 balles, Kabila est mort, mercredi, dans l'avion qui le transportait au Zimbabwe, pour traitement médical. - 15 H00. Le ministre congolais Godefroid Tcham'lesso, depuis la Libye, admet le décès de Kabila, deux heures après son admission à l'hôpital(…) Il pointe les responsables : Ouganda, Rwanda et Congo-Brazzaville… qui démentent immédiatement. - 17H10. Les USA reconnaissent être dans les limbes, n'ayant aucune confirmation du décès de Kabila. - 19H00. Etant donné les informations contradictoires, le gouvernement zimbabwéen annonce qu'il fera une déclaration complète… ce jeudi, après avoir reçu un briefing autorisé du gouvernement congolais fondé sur le bulletin médical rédigé par l'équipe de médecins congolais qui se sont occupé du président Kabila. 19h30. L'ambassadeur congolais à Harare déclare à la télévision zimbabwéenne que Kabila est dans un état très critique, mais toujours en vie, au Zimbabwe.

A cette chronologie du quotidien belge, nous pouvons joindre l'annonce officielle de la mort de Kabila intervenue au cours du journal de 20H00 sur la chaîne publique RTNC. Selon le gouvernement, le président congolais est mort le 18 juin 2001 dans un hôpital de Harare. Des circonstances de la mort, le porte-parole du gouvernement explique qu'un garde du corps est entré dans le bureau du chef de l'Etat et s'est approché de lui comme pour lui parler à l'oreille. C'est à cet instant qu'il a sorti son arme et a tiré à bout portant sur le chef de l'Etat. Le Conseiller économique, Emile Mota, qui était en séance de travail avec le président est sorti pour alerter la garde. Le tueur qui tentait de s'enfuir, a été abattu.

Kabila est inhumé, à Kinshasa, le 23 janvier 2001. Entretemps, le Général-major Joseph Kabila, jusque-là, chef de l'armée de terre a succédé à son père. Un débat est aussi né sur l'identité du nouveau chef de l'Etat. Pour la première fois, depuis l'arrivée de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir, la télévision publique fait un zoom sur Mama Safi, l'épouse du président Laurent-Désiré Kabila et maman de Joseph.

28 mars 2008

RDC : Opacité sur les contrats miniers

Les renégociations des contrats miniers en République démocratique du Congo (RDC) doivent être "transparentes" et "équitables", plaident un collectif de 15 ONG locales et internationales.

3919613c959b6aadc1400cbbdb12bd31.jpgLes ONG, notamment l'Institut néerlandais NiZA et les organisations britanniques Global Witness et Raid, saluent la publication, quatre mois après son parachèvement, du rapport d'une commission gouvernementale qui recommande la résiliation d'une vingtaine de contrats et la renégociation d'une quarantaine d'autres sur 61 partenariats examinés.

La commission recommande notamment de renégocier les partenariats conclus entre des entreprises publiques de RDC et le premier groupe minier mondial BHP Billiton, les sud-africains Anglogold Ashanti et De Beers, ainsi que le géant minier américain Freeport-McMoRan. Saluant un "pas important vers le rétablissement de la confiance" dans le secteur minier, les ONG font toutefois part de leurs "préoccupations quant au manque de clarté qui entoure la prochaine étape, cruciale, du processus, à savoir la renégociation des contrats".

"De nombreuses entreprises participent d'ores et déjà à des négociations, alors que le processus n'a même pas encore démarré officiellement. Dans un cas au moins, celui de CAMEC (compagnie cotée à Londres et détenant des parts d'une société mixte d'exploitation de cobalt en RDC), les négociations auraient déjà été conclues de manière satisfaisante", soulignent les ONG.

"Le gouvernement se doit de faire connaître publiquement le processus qu'il compte suivre, y compris les critères utilisés lors des renégociations, et de publier les contrats révisés", plaide le collectif. Mi-mars, le gouvernement congolais a annoncé avoir mis en place une équipe spéciale interministérielle chargée d'examiner les "réponses des investisseurs" aux critiques de la commission. Il propose de les "contacter" ensuite pour "l'étape suivante du processus, selon les conclusions qui seront retenues (renégociation ou résiliation)".

Pour les ONG, "le but ultime de cet exercice devrait être d'assurer à la population congolaise de bénéficier de la richesse de son pays", un des plus pauvres de la planète, ravagé par des années de conflits et de mauvaise gestion. Or selon le collectif, "de par sa composition, cette équipe spéciale (...) ne fournit aucune garantie d'impartialité ou d'indépendance" et devrait comprendre des experts juridiques internationaux et des membres de la société civile.

La RDC recèle d'immenses ressources naturelles, dont 34% des réserves mondiales connues de cobalt et 10% des réserves de cuivre. Un total de 4.542 titres miniers ont été octroyés à 642 sociétés sur l'ensemble du territoire.

Selon l'ONU, 75% des 60 millions d'habitants de RDC vivent avec moins de un dollar par jour.

Photo (c) www.afrikarabia.com

26 mars 2008

RDC : Kinshasa interdit le Bundu dia Kongo (BDK)

Après des affrontements entre les membres du BDK et la police qui ont fait une trentaine de morts... le mouvement avance aussi des revendications régionales d'autodétermination. Le pouvoir prend peur et interdit le BDK dans la province du Bas-Congo.

Afrikarabia logo.png "Le Conseil des ministres a décidé le retrait de l'agrément accordé par le ministère des Affaires sociales à l'ASBL BDK", soulignait, samedi, le compte rendu du conseil qui s'est tenu, vendredi à Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, où la secte est très implantée. Le 15 mars déjà, le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe - un proche du président Joseph Kabila -, avait adressé une "mise en garde sévère" au député Ne Muanda Nsemi, chef spirituel de BDK, accusé de réclamer "l'autodétermination du peuple Kongo" et d'encourager les troubles.

Depuis fin février, les affrontements et la répression brutale de la police, qui a systématiquement détruit des lieux de réunion et de culte du BDK, ont fait une trentaine de morts dans la province, selon des sources officielles, mais plus d'une centaine, selon des sources de l'Onu et de la société civile. A la revendication des postes politiques, au coeur des affrontements, s'est, en effet, ajoutée la contestation de l'autorité de l'Etat dans cette partie du pays.

Le BDK prône la restauration de l'ex-royaume Kongo qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.

Un nombre indéterminé de membres de la secte ont été livrés aux autorités par les populations témoins et victimes de leurs exactions, a affirmé, samedi, le gouvernement à l'issue du Conseil des ministres. Deux éléments de la police nationale congolaise, accusés d'exactions envers la population lors des opérations de démolition de lieux de réunion et de culte de cette secte, ont été, pour leur part, condamnés à perpétuité par la justice militaire. D'autres attendent leur jugement, a précisé le ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement, Emile Bongeli.

La décision gouvernementale a été violemment critiquée ce week-end par un député de l'opposition Ne Kongo (originaire du Bas-Congo), Jean-Claude Vuemba, selon lequel "la manière forte n'a jamais résolu des problèmes de ce genre". "Tout Ne Kongo s'identifie au BDK à travers des frustrations dont est victime cette province, [...] et une religion n'est jamais aussi forte que quand elle est dans la clandestinité", a-t-il affirmé devant l'Assemblée nationale congolaise.

Vendredi, le Conseil des ministres, sous la direction du président Kabila, a aussi demandé au ministre de l'Intérieur, le général Denis Kalume Numbi, "d'initier un projet d'encadrement et d'apprentissage professionnel en faveur des jeunes sans emploi de la province du Bas-Congo".

25 mars 2008

RDC : Portrait du mouvement BDK, Bundu dia Kongo

Du 31 janvier au 3 février 2007, dans les cités de Matadi, Boma et Muanda, en province du Bas-Congo (sud-ouest de la République démocratique du Congo), des affrontements sanglants ont opposés des manifestants civils, membres du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, aux forces de l'ordre. Voici le portrait de ce mouvement.

DSC02378.JPGLes manifestants protestaient d'une part suite à des allégations de corruption lors de l'élection des gouverneur et vice-gouverneur de la province par les députés provinciaux, et d'autre part pour empêcher une perquisition du domicile de leur chef, Ne Muanda Nsemi, et de leurs lieux de réunions et de cultes. Le chef de Bundu dia Kongo était candidat vice-gouverneur sur le ticket de la coalittion perdante de l'Union Nationale (UN, opposition). Les perquisitions avaient été ordonnées par les autorités au motif que le mouvement politico-religieux détiendrait des armes de guerre, dans le but de former une milice anti-gouvernementale. Ce motif a inquiété les membres de Bundu dia Kongo, car c'est celui qui avait été utilisé pour déférer devant des juridictions militaires et emprisonner deux autres leaders de l'ethnie Kongo : le pasteur Kuthino, en prison depuis mi-2005, et Maître Marie-Thérèse N'Landu, anciennne candidate au premier tour des élections présidentielles de 2006, incarcérée depuis décembre 2006.

Le bilan des affrontements a été lourd. Selon le Ministre de l'Intérieur, le général Denis Kalume Numbi, dix agents de l'ordre (policiers et soldats) ont été tués à l'arme blanche par les manifestants, tandis que soixante-dix-sept membres de Bundu dia Kongo ont péri sous les balles gouvernementales. La Mission de l'ONU en RDC (MONUC), qui a mené une enquête préliminare peu après la tragédie, avance un chiffre d'au moins cent-trentre-quatre maifestants tués, et condamne la réaction "disproportionnée" des forces de l'ordre. Quant au mouvement Bundu dia Kongo, il évoque la "disparition" de sept-cent-cinquante de ses membres.

Bundu dia Kongo (BDK) fut créé en juin 1969 par Ne Mwanda Nsemi. C'est un Mouvement politico-culturel qui lutte pour la défense, la protection et la promotion des droits et des intérêts du Peuple Kongo à travers le monde. Il est présent en majorité dans la province du Bas-Congo en République démocratique du Congo. Bundu dia Kongo prône pour l'etablissement d'un état federal en République démocratique du Congo et l'éradication de l'injustice sociale et économique imposée au peuple Kongo par le gouvernment de la République démocratique du Congo. Le mouvement prône également pour la résistance à la destructuration programmée de la conscience historique du peuple Kongo, de ses valeurs fondatrices et de sa personnalité profonde grâce à une meilleure connaissance de leur patrimoine spirituel.

Photo : ville de Matadi (c) www.afrikarabia.com - Christophe Rigaud

16 février 2008

RDC : "L'Europe perd du terrain face à la Chine" selon George Forrest

En République démocratique du Congo, comme partout en Afrique, la Chine avance ses pions face une Europe qui "perd du terrain", fait valoir l'homme d'affaire belge George Forrest. Sa société vient de céder indirectement à Pékin des intérêts dans des gisements de minerais.

DSC02223.JPG"Le Congo a besoin d'infrastructures et les Chinois veulent faire du troc, échanger un financement contre des matières premières", explique-t-il, en disant "pouvoir comprendre la position du gouvernement" congolais. Le groupe Forrest International, "premier investisseur et employeur privé" en RDC, selon son site internet, a conclu le 8 février un accord pour la rétrocession à la société publique congolaise Gécamines de deux gisements de minerai de la province du Katanga (est), Machamba et Kikuluwe.

Ces gisements, qui ne devaient pas être exploités avant les années 2020, appartenaient à Katanga Mining, propriété à hauteur de 24,5% du groupe Forrest. En échange, Katanga Mining recevra, au plus tard en 2015, soit des gisements de cuivre et de cobalt, soit un versement de 825 millions de dollars, souligne l'homme d'affaires belge, dont l'entreprise fut créée en 1922 dans l'ancien Congo belge.

L'exploitation des gisements rétrocédés sera confiée à des entreprises chinoises, en échange d'importants travaux, dont la construction de routes. "Les seules concessions déjà connues" pour permettre au gouvernement de RDC de réaliser ce troc, "ce sont les nôtres", ajoute l'homme d'affaires.

Jugeant le prix négocié pour les deux gisements du Katanga "corrects", George Forrest comprend que les autorités congolaises veuillent aller vite. "Avec nous, ils gagnent de l'argent, mais ce ne sont pas les milliards dont ils ont besoin". Pour autant, à ses yeux l'Europe est trop frileuse. "Le problème des Occidentaux, c'est qu'ils mettent tellement de conditions -- la bonne gouvernance -- qu'ils n'investissent pas", dit-il.

"On perd pas mal de terrain et on risque de se faire dépasser", alors que l'Europe n'a pas de matières premières, souligne-t-il, tout en disant "rester confiant", même si "cela ne sera pas facile". Les industriels chinois ou indiens "n'ont pas encore fait beaucoup de choses très positives" pour le développement socio-économique du pays, juge le patron belge.

A Kinshasa, les signatures d'accords se multiplient depuis six mois avec des investisseurs privés et publics chinois, portant sur des montants colossaux qui préoccupent les bailleurs occidentaux.

L'inquiétude porte notamment sur un protocole signé en septembre avec la banque privée chinoise Exim Bank, portant sur un prêt de 8,5 milliards de dollars pour la réalisation de travaux d'infrastructure et la relance de l'exploitation minière, partiellement remboursable en titres miniers.

Le Fonds monétaire international a mis en garde contre le risque d'alourdissement de la dette extérieure congolaise. Des hommes d'affaires congolais redoutent la mainmise sur les ressources naturelles nationales.

La RDC recèle d'immenses ressources naturelles, dont 34% des réserves mondiales connues de cobalt et 10% des réserves de cuivre.

Photo (c) www.afrikarabia.com

13 février 2008

RDC : Reprise des combats au Nord-Kivu

Des accrochages ont éclatés entre groupes armés au Nord-Kivu, en dépit de l'instauration d'un cessez-le-feu fin janvier dans cette région de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

Afrikarabia logo.pngDes tirs nourris ont opposé des soldats ralliés au chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda et des miliciens de groupes locaux Maï Maï dans plusieurs villages du territoire de Masisi, situés à entre 40 et 50 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma. Ces échanges de tirs ont fait au moins "trois blessés, dont un dans un état grave", parmi les Maï Maï, a déclaré l'administrateur adjoint du territoire de Masisi, Michel Munyamariba.

"Il y a eu des combats dans les localités de Nyamitaba, Nyakariba, Kibugu, Muheto et Kahira", a-t-il affirmé, ajoutant que des centaines de villageois avaient fui leur foyer en direction du nord et de l'ouest. "Nous déplorons beaucoup (...) la reprise des hostilités dans le Masisi", a-t-il ajouté, craignant un nouvel embrasement dans ce territoire en proie à des combats incessants entre la fin août et la fin décembre 2007.

Le 23 janvier, tous les groupes armés actifs dans les Kivu ont signé à Goma (capitale du Nord-Kivu) un "acte d'engagement" pour une cessation immédiate des hostilités et un désengagement progressif de leurs troupes sur le terrain. Depuis, une vingtaine d'accrochages ont été signalés au Nord-Kivu, impliquant le plus souvent des groupes locaux Maï Maï et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda dans le cadre de conflits liés à des vols de bétail.

Mais des témoins et l'administrateur adjoint de Masisi craignaient que les accrochages de ce mercredi ne soient plus sérieux que les escarmouches des jours précédents et ne remettent en cause le processus de paix dans la région.

La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a confirmé des échanges de tirs, qui auraient opposé depuis mardi CNDP et Maï Maï, selon des témoignages d'habitants.

Par ailleurs, dans la matinée, les discussions se sont poursuivies entre une délégation du gouvernement de Kinshasa et les représentants des groupes armés à Goma, pour progresser dans la mise en oeuvre de commissions de suivi de "l'acte d'engagement".

12 février 2008

RDC : Le plan anti-rebelles de Joseph Kabila

Une ordonnance de la présidence vient de créer un comité de pilotage, chargé de la mise en oeuvre du plan de la République démocratique du Congo (RDC) visant à mettre fin à la présence de groupes armés étrangers dans l'ex-Zaïre. Voici le plan de Kabila pour pacifier l'est du pays.

"Il est créé un comité de pilotage de la mise en oeuvre du Plan de la RDC relatif à l'éradication de la présence des combattants" (...) étrangers sur le territoire congolais, selon le texte. "La durée d'exécution de ce programme est de six mois renouvelables", précise l'ordonnance, qui indique que le comité est placé sous l'autorité du président de la République, Joseph Kabila, et doit être coordonné par le ministre des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi.

Ce comité a pour objectif de "structurer, de coordonner et de faire le suivi, avec l'appui de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), des opérations de sensibilisation, désarmement, démobilisation et rapatriement dans leurs pays d'origine, des groupes armés étrangers, dont les ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR)/Interahamwe (milices extrémistes hutues)".

Les combattants hutus rwandais sont considérés comme la principale menace contre la stabilité dans la région des Grands Lacs africains. Accusés par Kigali d'avoir participé au génocide de 1994 au Rwanda, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie, ils sont actuellement estimés à environ 6.000 en RDC par l'ONU, répartis entre le Nord et le Sud-Kivu (est).

Quelques centaines d'autres rebelles étrangers, ougandais et burundais, sont aussi signalés en RDC, mais ne sont pas ou peu actifs sur le sol congolais.

En novembre à Nairobi, RDC et Rwanda avaient signé un communiqué conjoint où Kinshasa s'engageait à préparer un plan pour le désarmement et le rapatriement, de gré ou de force, des rebelles rwandais.

Ce plan, remis début décembre au gouvernement rwandais, prévoyait notamment une phase de sensibilisation au retour avant des opérations militaires contre les réfractaires. La Monuc s'engageait à aider à former plusieurs dizaines de bataillons congolais, à appuyer l'armée en matière de logistique et de renseignement, pour un plan devant débuter en mars.

Les zones opérationnelles sont réparties en quatre secteurs géographiques, Lubero/Rutshuru et Masisi/Walikale pour le Nord-Kivu, Walungu/Shabunda et Mwenga/Fizi/Baraka pour le Sud-Kivu.

11 février 2008

RDC : Joseph Kabila choisit ses magistrats

Le principal syndicat de magistrats en République démocratique du Congo (RDC) dénonce la nomination par ordonnance présidentielle de nouveaux magistrats, décidée selon lui sans aucune concertation et en "violation" de la loi.

56bd7009cf88b030a8fe2384e9109877.gif"Nous avons constaté une violation systématique de la loi et des statuts des magistrats", a dénoncé le président du Syndicat national autonome des magistrats du Congo (Synamac), Nsambayi Mutenda, au cours d'un point presse. "Le pouvoir de nomination revient, selon la Constitution, au chef de l'Etat sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature (qui n'est pas encore entré en fonction) et non sur proposition du ministre de la Justice", a-t-il souligné.

Aux termes de sept ordonnances publiées lundi dans la presse, le président Joseph Kabila et le Premier ministre Antoine Gizenga ont nommé 26 hauts magistrats à la Cour suprême de Justice (CSJ), au parquet général et dans les cours d'appel de Kinshasa. Selon ces ordonnances, Tinka Manyire Bin Digeba et Mushagalusa Ntayondeza Ndi sont respectivement nommés premier président de la CSJ et procureur général de la République. Ils remplacent à ces postes Lwamba Bintu et Tshimanga Mukeba, mis à la retraite.

Au total, 92 magistrats du siège et du parquet sont ainsi "mis à la retraite" par ordonnance, soit parce qu'ils ont atteint les 65 ans, soit après une carrière d'au moins 35 ans. Selon le Synamac, l'âge légal du départ à la retraite des magistrats de la Cour suprême est pourtant fixé à 70 ans.

Ces départs massifs en retraite sont en outre contestés par plusieurs hauts magistrats, qui s'interrogent sur la qualité de la "relève" et se demandent "comment former du jour au lendemain" une nouvelle génération de juges et de procureurs. Le syndicat s'indigne aussi de la nomination de nouveaux responsables au sein des plus hautes instances judiciaires du pays, sans aucun aval du corps concerné, dont l'indépendance et la qualité sont ainsi selon lui méprisées par l'exécutif.

Les ordonnances évoquent des "circonstances exceptionnelles qui ne permettent pas de réunir le Conseil supérieur de la magistrature non encore mis en place".

La loi sur la magistrature et la mise en place du CSM est actuellement en attente de seconde lecture au Sénat. Le Parlement, actuellement en vacances, doit reprendre ses sessions ordinaires le 15 mars.

09 février 2008

Sud-Kivu : Les FDLR attaquent à Katana

Quatre personnes enlevées, du bétail emporté dans la forêt, tel est le bilan d'une attaque d'un groupe des présumés hutu rwandais dans le village Misiku, localité de Mabingu Irambi Katana dans le territoire de Kabare, à 45 kilomètres de Bukavu.

Selon le président de la société civile de Katana, l'attaque a commencé vers vingt heures lorsque des hommes armés en uniformes militaires ont surgi dans le village de Misiku, localité de Mabingu, à 6 kilomètres de Katana centre. Ces assaillants, s'exprimant en Kinyarwanda, ont commencé par piller du petit bétail dans quelques maisons avant d'enlever quatre hommes, tous pères de famille et de prendre fuite dans la forêt, renseigne la même source.

Les mêmes assaillants avaient déjà tenté d'attaquer le village de Sirembo, dans la même localité d'Irambi un jour auparavant. Mais, ils ont été repoussés par l'armée en position dans cet endroit.

Pour rappel, cette nouvelle attaque survient un jour seulement après une autre attribuée elle aussi aux présumés combattants hutu rwandais. Ces derniers avaient tenté de prendre une position de l'armée congoalise dans le village de Kayirenge, dans le territoire voisin de Kalehe. Cette attaque avait, du reste, occasionné un bilan de deux morts du coté des assaillants et de deux militaires grièvement blessés, selon le commandant de la 10e région militaire Pacifique Masunzu.

04 février 2008

RDC : Jean-Pierre Bemba veut rentrer à Kinshasa

Encore une fois, le leader congolais, Jean-Pierre Bemba, a exprimé son désir de rentrer dans son pays afin de reprendre ses activités politiques, dans un message transmis samedi aux membres de son parti du mouvement de libération du Congo (MLC), réunis à Kinshasa.

85a09375e5614232cd2fe144872e28d6.jpgLe secrétaire exécutif national du MLC, Thomas Luhaka, qui a donné la substance de ce message a fait état des contraintes liées au retour de Jean-Pierre Bemba, sans toutefois les citer. Thomas Luhaka a invité les membres du parti à soutenir le retour de Bemba, soulignant que «la lutte pour le retour de Jean-Pierre Bemba doit être collective». Dans son message, Bemba invite les membres de son parti à ne pas céder au désespoir et à s'engager résolument dans le grand rendez-vous électoral qui s'annonce avec l'organisation en août prochain des élections locales et municipales.

Exil portugais

Candidat malheureux (41,95 %) au second tour de l'élection présidentielle de 2007, face au président Joseph Kabila (58,05 %), Bemba a quitté Kinshasa le 11 avril 2007 sous escorte des casques bleus de la Mission de l'ONU en RDC (MONUC). Grâce à son statut de sénateur, il lui avait fallu une autorisation de la chambre haute du parlement congolais pour quitter le pays pour un séjour médical de 60 jours au Portugal, plusieurs fois renouvelée depuis lors.

Sa vie était menacée à Kinshasa

L'ancien vice-président congolais, qui a quitté Kinshasa 19 jours après les affrontements ayant opposé sa garde rapprochée aux Forces armées de la RDC (FARDC), a toujours conditionné son retour au pays par la mise en place des conditions optimales pour sa sécurité. Au cours d'un récent voyage au Portugal, le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, un proche de Joseph Kabila, a rencontré M. Bemba et examiné avec lui les pistes de son retour au pays.

Photo : JP. Bemba pendant la campagne présidentielle de 2006. (c) Christophe Rigaud.

03 février 2008

Après Goma : La délégation de Laurent Nkunda s'explique

Rencontré à l’hôtel Karibu où était logée leur délégation, le lendemain de la signature de l’Acte d’engagement entre les différentes parties participantes à la Conférence de Goma, le porte-parole du Conseil National pour la Défense du Peuple (CNDP) livre ses impressions. René Abandi, est un des onze membres de la délégation du CNDP à Goma. Il s'explique dans cette interview du quotidien Le Phare.

Question : Quelle chance donnez-vous à l’accord de paix dont votre mouvement compte parmi les principaux signataires ?

R. Abandi : Il n’y a jamais eu de meilleur accord qui puisse exister de part le monde. C’est la volonté des signataires de l’appliquer qui le rend bon ou mauvais. Quant à nous, nous sommes prêts à honorer notre engagement.

Question : Comment avez-vous trouvé l’attitude de vos interlocuteurs, principalement le camp gouvernemental ?

R. Abandi : Je félicite la sportivité qui a marqué les discussions entre les parties. A cet effet, je reconnais quand même la souplesse du camp gouvernemental qui a fait des concessions en vue de faire aboutir les travaux. Particulièrement, la présence du président de l’Assemblée nationale et du président du Comité des sages de la Conférence était d’un grand apport. Peut-être s’il n’était pas là, on ne serait pas parvenu à cet accord.

Question : L’opinion dit de vous que vous êtes des marionnettes du Rwanda. Quelle est votre réaction?

R. Abandi : L’important n’est pas ce qu’on dit de nous, mais plutôt ce que nous voulons atteindre. Qu’on cesse de nous diaboliser en nous qualifiant de marionnettes du Rwanda. Car, ceux-là qui tiennent ce discours n’ont pas de leçon à nous donner. C’est peut-être eux qui sont plus proches du Rwanda. L’Afdl comme le Rcd sont nés au Rwanda, le Mlc en Ouganda. Tandis que le Cndp est né à Kitshanga, à Bwiza. Alors entre tous ces mouvements et le nôtre, lequel est plus congolais ?

Question : On vous accuse d’être plus collés à au Rwanda qu’à la nation congolaise. Qu’en dites-vous ?

R. Abandi : En voulant toujours coller le tutsi à la nation rwandaise voisine qu’à sa propre nation qui est le Congo, on est en train de frustrer tout un peuple, une partie de la nation, en portant atteinte à l’intégrité de celle-ci.

Question : le Cndp serait-il né pour maintenir la présence rwandaise en Rdc ?

R. Abandi : Nous sommes une organisation en quête d’autonomie. Nous n’allons pas nous-mêmes commencer par hypothéquer cette autonomie. Ce serait aller à l’encontre de notre objectif, notre vision, qui est celle de débarrasser le Congo de toutes les forces négatives qui insécurisent la population et empêchent le pays de décoller.

Question : Vous avez signé l’Acte d’engagement. Mais on n’a pas entendu vos revendications en guise de garanties pour mettre fin à la guerre. Même si elles n’ont pas été exhibées en public, quelles sont-elles ?

R. Abandi : L’important n’est pas le bénéfice des postes politiques en terme de dividendes à obtenir. C’est plutôt la cause que notre mouvement défend, l’idéal de la paix et la sécurité de notre peuple. A ce sujet, je précise que notre délégation n’avait pas reçu mandat de négocier des postes politiques quelconques.

Question : Vous avez signé pour la cessation des hostilités. Avez-vous déjà sensibilisé vos troupes sur le terrain ?

R. Abandi : Le CNDP a déjà donné l’ordre à ses troupes, parce que nous n’allons pas attendre que l’autre partie nous accuse de mauvaise foi.

Question : Comment commentez-vous le discours du chef de l’Etat ?

R. Abandi : Un certain nombre de déclarations faites dans son allocution semblent ne pas témoigner la réelle volonté de mettre en œuvre l’Accord. Toutefois, je suis satisfait quant à la relance de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).

Propos recueillis par Dominique Mukenza.

29 janvier 2008

Nord-Kivu (RDC) : "On se bat... mais on respecte les accords de paix !"

C'est par cette formule que l'on pourrait résumer la position (difficilement tenable) des différents belligérants qui se sont affrontés lundi dernier. Alors que les combats ont opposé des troupes fidèles au général rebelle Laurent Nkunda et une faction des milices Maï-Maï, Pareco, les deux parties ont promis de respecter l'accord de paix signé la semaine dernière à Goma dans l'est de la République démocratique du Congo.

Les rebelles tutsis congolais et les milices Maï-Maï ont promis de respecter l'accord de paix signé la semaine dernière dans l'est de la République démocratique du Congo, au lendemain de heurts qui ont fragilisé le cessez-le-feu. Lundi en début de journée, des combats avaient éclaté aux abords de deux villages de la province du Nord-Kivu (est de la RDC), entre des rebelles fidèles au général mutiné Laurent Nkunda et une faction des Maï-Maï, Pareco. Les deux factions s'étaient mutuellement accusées d'être à l'origine de ce regain de violences.

Ces affrontements, non loin de Lusirandaka et de Kasake, à 70 km à l'ouest de Goma, ont laissé craindre une rupture complète de la trêve et de l'accord de paix signé par le gouvernement de Kinshasa avec 25 groupes armés, dont les rebelles de Nkunda et la faction Pareco. Nkunda comme le groupe Pareco ont toutefois assuré qu'ils respecteraient l'accord de paix, destiné à mettre un terme à des années de conflit dans l'Est congolais malgré l'arrêt officiel de la guerre de 1998-2003.

Le calme est revenu mardi

"Cela ne met pas en péril nos engagements, mais les violations du cessez-le-feu par Pareco nous inquiètent", a déclaré à Reuters Séraphin Mirindi, porte-parole militaire de Nkunda. Le secteur où ont eu lieu des heurts lundi était de nouveau calme mardi. "Nous avons signé et nous respectons ce que nous avons signé. Nous ne nous retirerons pas du processus", a dit pour sa part le porte-parole de Pareco, Théophile Museveni.

28 janvier 2008

Nord-Kivu : Le cessez-le-feu aura tenu 5 jours !

Tous les belligérants s'accusent mutuellement d'avoir violé lundi le cessez-le-feu instauré au Nord-Kivu, à peine cinq jours après l'engagement des groupes armés locaux à cesser les hostilités dans cette région de l'est de la République démocratique du Congo. Les combats ont donc repris sur le territoire de Masisi.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, et les Patriotes résistants congolais (Pareco), une milice d'auto-défense Maï Maï regroupant des combattants issus de plusieurs ethnies, se sont rejetés la responsabilité du déclenchement des hostilités.

Pareco (Maï-Maï) contre CNDP

"Les Pareco et FDLR (rebelles hutus rwandais) ont attaqué nos positions" près de Ngungu, localité située à environ 40 km à l'ouest de la capitale provinciale Goma, a déclaré Séraphin Mirindi, porte-parole militaire du CNDP. De son côté, le porte-parole des Pareco, Museveni Sendungu, a accusé les hommes du CNDP d'avoir "attaqué les premiers". "Nous n'allions pas rester les bras croisés".  Selon le Pareco, leurs positions de Kaseke et Kisonga ont été attaquées simultanément vers 5 heures locale ce lundi par les troupes du CNDP.

La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a annoncé avoir envoyé des patrouilles pour vérifier "des allégations de violation du cessez-le-feu". "Nous avons reçu des informations concernant des combats entre différentes factions du CNDP et des Maï Maï", a déclaré Sylvie van den Wildenberg, porte-parole de la Monuc au Nord-Kivu.

Les FDLR se battent entre eux

Dans le même chapitre des violences, notons que des combats ont opposé ce matin des FDLR du mouvement RUD à des dissidents FDLR à Kiseguru.

Ce village est situé à 90 kilomètres au nord est de Goma dans le territoire de Rutshuru. D’après les notables de Rutshuru, ces affrontements sont occasionnés par le pillage des biens de la population par la faction dissidente des Fdlr. Ces rebelles dissidents sont accusés aussi d’avoir totalement dépouillé la population du village Buganza, à 10 kilomètres de Nyamilima sur la route de Ishasha.

Pour l’instant, les responsables des Fardc ne se sont pas encore prononcés sur la recrudescence des combats dans la région.

27 janvier 2008

Après Goma : la RDC sans les FDLR

L'après-conférence de Goma ne sera pas comme avant la conférence. Aujourd'hui, la question qui revient sur les lèvres de tous les observateurs concerne le retour effectif des rebelles et réfugiés rwandais dans leur pays (FDLR... ). Vital Kamerhe et Antipas Mbusa Nyamwisi ont rassuré l'opinion publique sur le sujet. Et ce, à travers deux interviewes séparées accordées à RFI, la radio publique française.

L'après-conférence de Goma demeure un grand défi à relever. En effet, l'avenir immédiat devra se traduire par l'application des accords intervenus au terme de cette conférence. Particulièrement le désarmement des forces négatives étrangères, l'exécution effective du cessez-le-feu et la restructuration de l'armée ainsi que des services de renseignements. Autant des préalables à accomplir pour instaurer une paix réelle et durable. Ces préalables ne relèvent pas seulement de la volonté politique des Congolais, de la bonne foi des parties engagées, mais aussi de la contribution de la Communauté internationale ainsi que de la disponibilité des pays voisins, notamment le Rwanda.

Les choses ne s'annoncent pas du tout faciles. Le cas de la proclamation de l'amnistie en est un exemple parmi tant d'autres. Il faudra au préalable que le Parlement se réunisse, soit saisi de la question avant de l'examiner et de l'adopter si possible. Dans les circonstances actuelles, il faudra attendre la prochaine rentrée parlementaire prévue au 15 mars 2008.

Pas de paix sans le départ des FDLR

Cependant, le volet extérieur des recommandations semble difficile à appliquer selon un agenda préétabli. Il y a donc risque que les efforts des autorités congolaises prennent plus de temps que prévu, si Kinshasa n'arrive pas à exercer une réelle pression sur la Communauté internationale afin de forcer le retour des réfugiés rwandais ou interahamwe dans leur pays. De prime abord, une distinction dans ce lot des Rwandais s'impose. Il faudra dissocier les génocidaires des autres. Or, à ce sujet, Kigali n'a jamais communiqué sa liste des génocidaires identifiés, liste tant réclamée par le gouvernement congolais pour se faire sa religion.

En outre, les rebelles et réfugiés rwandais sont désormais divisés en République démocratique du Congo, au risque de devenir une nébuleuse. Perspective qui n'est pas de nature à faciliter leur recensement tant par les dirigeants congolais que la Communauté internationale.

Ce n'est pas un secret que cette dernière, représentée par la Monuc, devra requérir au préalable le «OK» du Conseil de sécurité des Nations Unies pour agir. Si son mandat n'est pas requalifié et étendu aux FDLR, la Monuc n'interviendra pas, laissant la RDC se démener tant bien que mal. Autant de préalables susceptibles d'engendrer d'autres problèmes à même de compliquer davantage la situation.

Le porte-parole de la conférence de Goma, Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale et le modérateur Mbusa Nyamwisi, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ont réaffirmé la détermination des institutions congolaises d'aller jusqu'au bout. C'est-à-dire parachever l'oeuvre commencée à Goma, laquelle doit être couronnée par le rapatriement des réfugiés rwandais, prétexte de multiples agressions de Kigali contre la RDC. Les deux responsables congolais ont affirmé cette vision dans des interviews séparées accordées cette semaine à Radio France Internationale (RFI). Ils sont conscients, comme du reste tous les analystes, que les FDLR constituent le noeud gordien qu'il faut absolument couper. (avec Le Potentiel)

26 janvier 2008

Quel espoir de paix au Nord-Kivu après la conférence de Goma ?

Enfin un espoir pour un million de déplacés ? La conférence de Goma devrait aboutir au désarmement des groupes qui sèment la terreur dans la région... et peut-être la paix. Retour sur la chronologie des violences à l'est de la RDC.

Afrikarabia logo.pngDepuis août dernier, de violents affrontements entre l'armée et les troupes du général déchu Laurent Nkunda font fuir massivement les populations de l'Est du Congo vers les zones frontalières du Rwanda et de l'Ouganda. Les premières victimes en sont les enfants, recrutés de force par les groupes armés, et les femmes, victimes d'un véritable terrorisme sexuel.

Le général se pose en défenseur de la communauté tutsi au Congo et reproche à l'armée de ne pas chasser du territoire les rebelles hutus rwandais - dont certains ont participé au génocide - et même de faire alliance avec eux.

En décembre, après un ultimatum, le président Kabila avait décidé d'en finir, au son du canon, avec les insurgés. Fort, croyait-il, de l'appui des Casques bleus, il avait lancé le gros de ses troupes à l'assaut de positions stratégiques et savouré une victoire éphémère. La place a été aussitôt reprise par l'ennemi. Ce qui a fait vaciller le président, car comment 25 000 hommes de l'armée gouvernementale ont-ils pu être défaits par 4 000 rebelles ?

Contraint de négocier, Kabila a proposé cette conférence de paix de Goma en invitant les groupes armés, les parlementaires, les délégués des communautés ethniques et des groupes de la société civile, sans oublier les réfugiés, ni les déplacés. Au total, quelque 1.300 personnes se sont réunies pendant deux semaines pour jeter les bases d'une paix durable, sous la houlette de l'abbé Apollinaire Malu Malu, celui qui a réussi l'exploit de mener à bien les premières élections démocratiques du Congo.

Face à l'insécurité provoquée par les milices mais aussi par l'armée, la priorité est la restauration de l'autorité de l'Etat. « Nous allons organiser rapidement une table ronde à Kinshasa pour réformer l'armée, la police, la justice et soutenir activement leur réorganisation », assure le délégué belge à la conférence.

Rapatriement des FDLR et amnistie pour Laurent Nkunda ?

A Goma, les groupes armés congolais ont signé un « acte d'engagement » pour l'arrêt total et immédiat des hostilités, avec « du concret dès demain », insiste Jozef Smets. Une commission de suivi déterminera les zones de désengagement des troupes belligérantes et des zones tampon, où seront déployés des Casques bleus pour veiller au respect du cessez-le-feu et sécuriser les populations civiles, de façon à permettre le retour des déplacés. Mais il ne faut pas être naïf, il y aura encore des incidents, selon les experts.

En réponse aux exigences de Laurent Nkunda, l'accord prévoit la mise en oeuvre du désarmement et du rapatriement des rebelles hutus rwandais (FDLR... ) ainsi que le retour des réfugiés congolais installés dans les pays voisins. Sur la délicate question de l'amnistie des rebelles, Kabila a fait une concession de taille : le Parlement votera une loi accordant l'amnistie pour faits de guerre aux mouvements insurrectionnels à l'exception des crimes de guerre, de génocide ou contre l'humanité. En coulisses, on négocie le départ de Nkunda en « voyage d'études » en Afrique du Sud assorti d'une possible amnistie.

L'alternative semble simple : soit on donne des gages à Nkunda, soit la guerre reprend...