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30 avril 2011

RDC : Les élections fixées au 28 novembre 2011

Logo Elections 2011.jpgAprès plusieurs semaines d'atermoiements, la date des prochaines élections générales en République démocratique du Congo (RDC) est désormais fixée au 28 novembre 2011. Un précédent calendrier prévoyait la date du 27 novembre. Ce changement de date n'apporte donc pas de réponse aux inquiétudes de l'opposition congolaise qui souhaite faire respecter le délai constitutionnel en installant le nouveau président avant le 6 décembre au plus tard. Pour le président de la Commission électorale (CENI) ce délai sera respecté en publiant "les résultats provisoires des élections" le 6 décembre. La CENI a également confirmé le couplage des élections présidentielles et législatives pour le 28 novembre.

Voici les principales dates à retenir :

- 4 août : convocation du corps électoral

- 17 septembre : publication de la liste définitive des candidats aux législatives et à la présidentielle

- 6 septembre : publication de la liste électorale

- du 28 octobre au 16 novembre : campagne électorale

- 28 novembre : élection présidentielle et élections législatives

- 20 décembre : prestation de serment du nouveau président élu

- 26 mars 2012 : élections provinciales

- 6 décembre 2012 : proclamation des sénateurs

- 4 août 2012 : investiture des gouverneurs

- 8 juillet 2013 investiture des maires


Christophe Rigaud

29 avril 2011

RDC : Michel Rocard prête sa plume à Vital Kamerhe

Rien de mieux qu'un ancien Premier ministre français pour soigner une stature internationale. Vital Kamerhe l'a bien compris lors de la prochaine sortie de son ouvrage : « Les fondements de la politique transatlantique de la République Démocratique du Congo ». Futur candidat à l'élection présidentielle en RDC, Vital Kamerhe s'offre un préfacier de choix en la personne de Michel Rocard, ancien Premier ministre sous François Mitterrand entre 1988 et 1991.

Image-6.pngDepuis sa brutale arrivée dans l'opposition congolaise, Vital Kamerhe, ancien directeur de campagne du président sortant Joseph Kabila, continue d'occuper le terrain médiatique. Dans les prochaines semaines devraient sortir un ouvrage de l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise : « Les fondements de la politique transatlantique de la République Démocratique du Congo » édité chez Larcier. Dans ce livre, Vital Kamerhe prône la "diversification des échanges (de la RDC) avec le monde, et particulièrement avec les pays de l’Atlantique, afin de réduire sensiblement la pauvreté". Pour Kamerhe, la RD Congo devrait "jouer un rôle majeur au vu de ses atouts et potentialités économiques" et prend exemple sur le Brésil, un pays qui présente de nombreux points communs avec la République démocratique du Congo : un grand pays, un grand fleuve, une immense forêt et des ressources naturelles importantes. Pour relever un tel défi, Vital Kamrehe affirme que le RDC doit mettre en oeuvre une "meilleure organisation économique  un affermissement de l'Etat de droit et démocratique et une amélioration de la qualité de la gouvernance publique afin de lutter contre la corruption."

Indice intéressant à relever, le livre du candidat à la présidence congolaise est préfacé par Michel Rocard, ancien Premier ministre français. Depuis sa récente arrivée dans la sphère de l'opposition congolaise, Vital Kamerhe s'active pour imposer un candidat unique de l'opposition face au sortant Joseph Kabila. Il faut dire que depuis le 15 janvier dernier, les parlementaires de la RD Congo ont modifié la constitution congolaise pour ramener à un seul tour la prochaine élection présidentielle prévue à l'automne 2011. Vital Kamerhe espère bien forcer le destin pour être désigné comme ce candidat, mais pour l'heure un autre candidat semble avoir pris la main sur opposition congolaise, il s'agit du leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi. Cet opposant historique (il a 79 ans) vient de remplir un stade de 50.000 places à Kinshasa lors de son premier meeting de campagne. A défaut de pouvoir rivaliser avec la popularité du "sphinx de Limete", le surnom de Tshisekedi, Vital Kamerhe se place sur le terrain médiatique et continue de faire la tournée des studios de radios et de télévisions. La sortie de cet ouvrage et la préface de Michel Rocard tentent de l'imposer comme un interlocuteur incontournable avec la communauté internationale.

Christophe Rigaud

28 avril 2011

RDC : Global Witness demande la publication des contrats chinois

Depuis plus de 4 ans, la République démocratique du Congo (RDC) est liée à la Chine par une convention de collaboration estimée à 6 milliards de dollars. En échange de ressources naturelles du pays, la Chine s'engage à construire des infrastructures qui manquent cruellement à la RD Congo (routes, écoles, hôpitaux...). Pour l’ONG Global Witness, l'opacité absolue qui règne sur les contrats chinois doit être levée. L'ONG propose même qu'ils soient publiés.

Image 5.pngEn 2007, le gouvernement congolais (RDC) avait signé une convention de collaboration estimée à 9, puis 6 milliards USD avec des entreprises chinoises, pour la réhabilitation et la construction de près de 10.000 kilomètres de routes et de voies ferrées, de deux barrages, des hôpitaux, des logements et des écoles à travers le pays contre 10 millions de tonnes de cuivre et des centaines de milliers de tonnes de cobalt. Rapidement, ces contrats étaient jugés inéquitables par de nombreux observateurs congolais et des ONG internationales.

Global Witness dénonce également l'opacité et le manque de transparence qui entourent ces contrats. L'ONG continue donc de faire pression pour que soit révélé le contenu de l'accord sino-congolais. Pour Global Witness, les informations manquent, malgré quelques progrès dans la transparence. Pour moins d'opacité, l'ONG Britannique propose une solution radicale : publier l'accord pour pouvoir enfin répondre à cette question :  « Qu’est-ce que le Congo va donner à la Chine et qu’est-ce que la Chine va donner en contrepartie au congolais ? ». Pour mémoire :  publier ces contrats serait tout simplement conforme aux engagements pris par le gouvernement congolais en 2007.

Christophe Rigaud

Photo : RDC 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

RDC : Un chef rebelle Enyele arrêté à Dongo

Un des chefs rebelles de l’insurrection Enyele, Idi Amin vient d'être arrêté par une patrouille de l'armée de République démocratique du Congo (RDC) dans la ville de Dongo, au Nord-Ouest de la RDC. Avec cette arrestation, le porte-parole de l'ONU en RD Congo affirme avoir neutralisé la rébellion Enyele à l’origine des affrontements inter-ethniques de 2009.

logo afkrb.pngC'est une patrouille de l’armée congolaise (FARDC) qui a arrêté le chef rebelle Idi Amin sur le marché de Dongo, au Nord-Ouest de la RDC. Idi Amin était chargé de l’organisation du regroupement des anciens insurgés de la tribu Enyele au Congo-Brazzaville. La mission onusienne en république démocratique du Congo (MONUSCO) s'est réjouie de sa capture et la population de Dongo semble soulagée du chef rebelle.

Rappelons qu'en décembre 2009,  des affrontements inter-ethniques sanglants avaient fait des dizaines de morts et des milliers de déplacés suite à un désaccord tribal entre Monzaya et Enyele.  Le mouvement insurrectionnel avait semé la terreur dans la province pendant plusieurs mois sous les ordres d'Ondjani Mangbana, actuellement détenu au Congo voisin.

Christophe Rigaud

25 avril 2011

RDC : Tshisekedi met Kabila sous pression

Pari gagné et mobilisation réussie pour le leader de l'opposition congolaise, Etienne Tshisekedi au stade Tata Raphaël de Kinshasa. 80.000 personnes s'étaient déplacées dans ce stade mythique, dimanche 24 avril, pour écouter le président de l'UDPS. Une démonstration de force qui permet à Tshisekedi de prendre la main sur la campagne électorale, d'imposer son tempo et de mettre Kabila sous pression. Si le 6 décembre prochain, les élections présidentielles ne sont pas organisées, prévient le leader de l'UDPS, Joseph Kabila simple citoyen, devra partir. Message reçu 5 sur 5 par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) : la présidentielle aura bel et bien lieu avant le 6 décembre 2011.

Capture d’écran 2011-04-25 à 22.42.37.pngVolontairement offensif, l’opposant congolais historique, Etienne Tshisekedi, a lancé dimanche un appel au gouvernement afin de respecter le délai constitutionnel dans le processus électoral. La stade Tata Raphaël de Kinshasa était comble, on parle de 80.000 personnes venus écouter le premier meeting de campagne du président de l'UDPS.

Etienne Tshisekedi a fait du président sortant, Joseph Kabila, sa principale cible.
Tshisekedi a dénoncé les violences policières, la corruption, la mauvaise gestion du pays ainsi que les violations répétées des Droits de l’homme en République démocratique du Congo (RDC). Le chef de l'UDPS a promis que son parti, une fois au pouvoir, s’emploiera à rétablir le peuple congolais dans ses droits.

A l’approche de la fin du mandat du président Joseph Kabila, investi le 6 décembre 2006, Etienne Tshisekedi a rappelé qu'il fallait respecter du délai constitutionnel et donc organiser les élections avant cette date. Dans le cas contraire, l’actuel président deviendrait illégitime au delà du 6 décembre 2011. Tshisekedi a prévenu, comme une menace : "le 6 décembre, Joseph Kabila devient un simple citoyen. S'il n'y a pas d'élections en RDC, vous savez vous-mêmes ce que nous allons faire".

Comme une réponse à l'opposition congolaise, pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait déclaré dès le samedi 23 avril, que "l’élection présidentielle aura bel et bien lieu avant le 6 décembre 2011, et le calendrier électoral sera connu incessamment". Le président de la CENI a également déclaré que la présidentielle sera couplée avec celle des députés nationaux.

Une fois la date des élections connues, reste plusieurs étapes à franchir pour Etienne Tshisekedi : présenter un programme (être anti-Kabila ne suffira pas pour convaincre les Congolais de se mobiliser) et constituer "l'alliance sacrée" autour de son nom pour une candidature unique de l'opposition aux élections. La route est longue…

Christophe Rigaud

22 avril 2011

RDC : Meeting test pour Etienne Tshisekedi ce dimanche

Le dimanche 24 avril 2011 doit donner le coup d'envoi à la campagne présidentielle du candidat de l'UDPS, Etienne Tshisekedi avec un grand meeting organisé au Stade Tata Raphaël de Kinshasa. Une manière pour le leader de l'UPS de tester sa popularité et de dévoiler une partie de son programme. Un meeting sous haute tension. La sécurité de l'événement est au coeur de toutes les interrogations. Autre crainte, l'état de vétusté extrême du Stade Tata Raphaël.

Image 9.pngLe rendez-vous est important pour Etienne Tshisekedi. On dit souvent qu'une élection présidentielle est la rencontre d'un homme et d'un peuple. Ce week-end, la rencontre aura lieu au Stade Tata Raphaël de Kinshasa. A quelques mois des prochaines élections présidentielles de l'automne 2011, tous les regards se tourneront vers Etienne Tshisekedi. Son attitude et ses mots seront scrutés, disséqués, interprétés... Plusieurs éléments seront particulièrement observés.

Tout d'abord la santé physique du candidat. Etienne Tshisekedi va sur ses 79 ans et sort d'une longue maladie qui l'a condamné à "l'exil médical" en Belgique pendant plus de 3 ans. De nombreuses rumeurs le disent affaibli et la campagne sera rude et longue dans un pays grand comme 80 fois la Belgique. Les observateurs scruteront également la capacité de mobilisation des militants de l'UDPS... un test grandeur nature pour mesurer la popularité du "Sphinx de Limete".

Autre attente : le discours. Quel sera le message du candidat Tshisekedi aux Congolais. L'UDPS peut espérer capter les électeurs déçus du Kabilisme et les militants désorientés du MLC... Etienne Tshisekedi saura-t-il les convaincre ? Fera-t-il un pas vers Vital Kamerhe, nouveau venu dans l'opposition congolaise ? Et surtout présentera-t-il un début de programme avec quelques mesures phares ? Une chose est sûre, Etienne Tshisekedi joue gros ce dimanche à Kinhsasa. Son message sera écouté aux quatre coins du Congo, mais aussi en Europe, à Bruxelles, Paris, Londres et Washington... il devra rassurer et s'imposer comme la seule alternative crédible au président sortant, Joseph Kabila.

Dernier point d'interrogation avant le meeting de dimanche, les conditions de sécurité de l'événement seront-ils correctement assurés par les autorités congolaises ? On craint toujours dans ce type de manifestation des incidents ou des débordements... que fera la Police congolaise ? L'UDPS signale déjà que certains de ses militants auraient été arrêtés à Limete pour avoir installés un banderole appelant les Congolais à se rendre au Stade Tata Raphaël.

Et puis il y a enfin l'état préoccupant du site retenu par le parti d'Etienne Tshisekedi. Le Stade est en effet dans un état de délabrement avancé, surtout concernant les parties des installations que devront occuper les militants. Les gradins, les tribunes d’honneur, centrales et latérales, accusent de nombreuses fissures qui inquiètent les organisateurs du meeting. Un incident grave au cours du rassemblement serait imputable à l'UDPS...  très mauvais pour l'image d'une rencontre que se veut un grand rendez-vous populaire. Après ce premier meeting test pour Etienne Tshisekedi, la bataille pour la magistrature suprême aura bel et bien commencé en République démocratique du Congo (RDC).

Christophe Rigaud

Photo : site internet de l'UDPS Belgique

21 avril 2011

RDC : Martin Fayulu défend la "Dynamique Tshisekedi" à Paris

Opération séduction pour la "Dynamique Tshisekedi Président" (DTP) à Paris. Le porte-parole de la DTP, Martin Fayulu, tenait une conférence mercredi 20 avril 2011 à l'Holiday Inn. Objectif : convaincre la diaspora congolaise qu'Etienne Tshisekedi est le meilleur candidat pour la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), prévue à l'automne 2011. L'occasion pour AFRIKARABIA de faire le point sur les chances d'Etienne Tshisekedi de battre le président sortant Joseph Kabila.

Capture d’écran 2011-04-21 à 11.46.40.pngLa salle était comble à l'Holiday Inn de Paris La Villette pour écouter le député de Kinshasa, Martin Fayulu, porte-parole de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP). Cette plateforme réunit les principaux soutiens à Etienne Tshisekedi, le candidat de l'UDPS à la prochaine élection présidentielle de 2011 en RD Congo. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le simple nom d'Etienne Tshisekedi suscite un vif intérêt et ne laisse personne indifférent.

Pour Martin Fayulu, le "sphinx de Limete", le surnom de Tshisekedi, n'est ni plus ni moins que le Nelson Mendela dont la RDC a besoin. Le porte-parole de la DTP voit deux avantages majeurs à la candidature Tshisekedi : sa popularité et son intégrité. Pour Martin Fayulu, "il est l'homme qui peut restaurer l'Etat de droit en RDC", ce dont le pays a le plus besoin. Le député Kinois estime que sur les 30 à 32 millions de Congolais qui seront appelés aux urnes à l'automne 2011, "au moins 22 millions sont favorables à l'opposition". Pour Fayulu, la victoire est évidente.

La diaspora présente dans la salle a toutefois regretté l'absence du candidat de l'UDPS à la présidentielle de 2006. Etienne Tshisekedi avait préféré boycotter le scrutin devant l'incompréhension de nombreux compatriotes. Visiblement, ils n'ont toujours pas pardonné ce boycott et regrettent l'absence de mea culpa de Tshisekedi sur cette question. Autre zone d'ombre, l'attitude d'Etienne Tshisekedi en cas de défaite. Reconnaîtra-t-il son échec ? … au risque de voir se profiler un scénario à l'ivoirienne avec deux "présidents". Les mauvaises conditions dans lesquelles risquent de se dérouler le scrutin (recensement et enrôlement partiels, insécurité, possibles fraudes… ) peuvent laisser croire que le résultat sera contesté. Et sur cette question, Martin Fayulu est resté très imprécis, laissant la porte ouverte à tous les scénarios… même le pire.

Nous avons interrogé Martin Fayulu sur le rôle que devra jouer la diaspora dans ces élections, les chances de victoire d'Etienne Tshisekedi et les stratégies de la Dynamique Tshisekedi avec Vital Kamerhe et le MLC.


Interview de Martin Fayulu Porte-parole de la... par ChristopheRigaud

Au cours de cette rencontre entre Martin Fayulu et la diaspora parisienne, la question du Rwanda est restée prédominante, comme facteur principal de déstabilisation de la RDC. Ecoutez la réponse de Martin Fayulu à propos du Rwanda.

Martin Fayulu DTP sur le Rwanda en RDC par ChristopheRigaud


Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud © www.afrikarabia.com

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20 avril 2011

Tentative de déstabilisation de l’ambassadeur de France au Rwanda

Le journaliste et écrivain Jean-François Dupaquier revient sur la cabale menée contre l’ambassadeur de France au Rwanda par des cercles occultes de la « Françafrique » qui poussent à son limogeage.

Image 3.pngAFRIKARABIA : - Jean-François Dupaquier, votre compte-rendu du discours de l’ambassadeur de France au Rwanda pour la 17e commémoration du génocide a fait des vagues, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourquoi certains groupes ou individus s’en servent-ils pour réclamer plus ou moins insidieusement le limogeage de l’ambassadeur Laurent Contini par son ministre, Alain Juppé ?

Jean-François DUPAQUIER : - J’ai relaté sur votre site les propos tenus par l’ambassadeur de France à Kigali lors de la récente cérémonie commémorative du génocide. Il s’agissait de propos officiels, pas du tout d’indiscrétions, et ils ne contenaient aucune révélation. On peut s’étonner qu’ils excitent certains milieux occultes de la « Françafrique », lesquels, il est vrai, sont à l’affût du moindre prétexte pour leur agitation et leurs manipulations…

AFRIKARABIA : - A quels milieux faites-vous allusion ?

Jean-François DUPAQUIER : - N’en faisons pas une montagne. Ce ne sont que des groupuscules d’excités, décidés à empêcher par tous les moyens la réconciliation entre la France et le Rwanda, et qui ne font du tapage que sur internet. Je pense en particulier au blog d’un prêtre rwandais mis en examen en France et placé sous contrôle judiciaire depuis près de seize ans et qui est accusé de génocide, viols, extermination et assassinats constitutifs de crimes contre l’humanité par le Procureur du Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR). Sans méconnaître la présomption d’innocence, il serait utile de lui rappeler qu’il réside en France depuis tout ce temps sans le moindre titre de séjour, que sa situation semble singulièrement précaire, et qu’il ferait mieux d’éviter de critiquer chaque semaine sur son blog telle ou telle position du gouvernement français. Plutôt que de gloser sur « l’honneur de la France et de ses soldats » et critiquer un ambassadeur de France dans le pays qu’il a fui en niant le génocide des Tutsi, il aurait intérêt à se faire tout petit. C’est un conseil gratuit que je lui donne. Mais il est moins responsable que son supérieur, l’évêque d’Evreux, qui tolère un tel délire…

AFRIKARABIA : - Mais il y a aussi des Français qui critiquent la diplomatie de leur gouvernement au Rwanda ?

Jean-François DUPAQUIER : - C’est leur droit. Surtout dans le cadre des principes démocratiques que certains, hélas, méconnaissent. Il n’appartient pas à une officine de pratiquer la désinformation en prétendant que le ministre des Affaires étrangères est énervé contre son ambassadeur au Rwanda à la suite d’un article sur AFRIKARABIA.

AFRIKARABIA : - Expliquez-vous.

Jean-François DUPAQUIER : - Il semble qu’un blog très suivi au Quai d’Orsay se croie habilité à y faire la pluie et le beau temps en lançant de faux bruits. Par exemple que l’ambassadeur de France au Rwanda Laurent Contini énerve Alain Juppé sur le génocide rwandais. D’après ce que me rapportent des amis fonctionnaires du Quai d’Orsay, c’est  une information de la plus haute fantaisie. Mais on voit bien les dégâts que peuvent causer ces allégations. Des courtisans croient que le vent a tourné pour l’ambassadeur. Une telle désinformation n’a rien à voir avec la déontologie de la presse. Ce ne sont ni plus ni moins que des mœurs d’officine.

AFRIKARABIA : - Ces opérations de désinformation n’auraient aucun fondement ?

Jean-François DUPAQUIER : - Elles sont le produit d’une sorte d’auto-excitation d’individus qui ont perdu tous leurs repères, qui ne comprennent même plus que 1 + 1 = 2. Examinons un peu le fond du débat. Laurent Contini s’est contenté de déclarer qu’il n’y a, jusqu’aujourd’hui, aucune explication convaincante au fait que les employés rwandais de l’ambassade de France et du centre culturel français de Kigali n’ont pas été exfiltrés par les militaires français de l’opération Amaryllis en avril 1994 alors que des instructions étaient venues de Paris en ce sens. Donc que, pour des raisons toujours pas officiellement éclaircies, les militaires n’ont pas suivi les instructions. Or qui, à l’époque, a émis ces instructions ? Tout simplement Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, et c’était à son honneur.

AFRIKARABIA : - Lui aussi pourrait donc se poser des questions sur l’attitude des militaires français ?

Jean-François DUPAQUIER : - Il faudrait plutôt interroger François Léotard, alors ministre de la Défense. Comme un des lecteurs d’AFRIKARABIA l’a opportunément souligné, un télégramme du Quai d’Orsay destiné à l’ambassadeur de France au Rwanda et daté du 11 avril 1994 énonçe : « Le département vous confirme qu’il convient d’offrir aux ressortissants rwandais faisant partie du personnel de l’ambassade (recrutés locaux), pouvant être joints, la possibilité de quitter Kigali avec les forces françaises ». Ce télégramme n’a rien de secret puisqu’on le trouve dans le Rapport d'information public de l’Assemblée nationale « sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU au Rwanda entre 1990 et 1994 », Tome I, page 266. Alain Juppé a donc fait son possible en 1994 pour sauver les employés rwandais de la France à Kigali. Qui peut décemment prétendre qu’il soit à présent agaçé qu’on le rappelle?

Propos recueillis par AFRIKARABIA

17:54 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (2)

RDC : Kamerhe dénonce la répression contre ses militants

A quelques mois des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), le président de l'UNC, Vital Kamerhe s'inquiète des actes d'intolérance et de répression à l'encontre de son parti et de ses militants. L'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise dresse une liste impressionnante, où de Bukavu à Goma en passant par Kindu, l'UNC est victime d'arrestations arbitraires, d'intimidations, de violences et d'interdictions divers en violation avec les Droits de l'homme.

Image 6.pngDans un communiqué destiné au vice-premier ministre et ministre de l'intérieur congolais, Vital Kamerhe, note une dégradation de la liberté d'expression des partis politiques d'opposition en République démocratique du Congo (RDC). Le président de l'UNC dénonce les arrestations, les intimidations, les représailles et les violences du système répressif congolais à l'encontre des militants de son parti. Vital Kamerhe y voit même une "dérive dictatoriale". Il appelle également le gouvernement à libérer les membres de l'UNC emprisonnés à Kindu au Maniema, une province particulièrement dangereuse pour les militants de l'UNC. Coups de feu, arrestations arbitraires, meeting interdit... la liste est longue de la répression qui vise l'UNC. Vital Kamerhe en appelle donc au vice-ministre et ministre de l'intérieur congolais pour respecter la pluralité politique et la liberté d'expression des partis d'opposition. Dans sa note, Vital Kamerhe rappelle que "l'histoire récente de notre ays est constituée des faits similaires ayant conduit à l'enlèvement et à la mort de Floribert Chebeya."

Christophe Rigaud

RDC : Les FARDC se réorganisent

Les Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC) entament une réforme de leurs commandements militaires. Des régiments vont remplacés les brigades de 1.200 hommes. Objectif de cette réorganisation : obtenir des troupes plus légères, plus efficaces et plus faciles à commander.

Image 2.pngL'armée congolaise vient de lancer une vaste opération de réorganisation de ses troupes sur le terrain. Auparavant, les FARDC fonctionnaient avec des brigades constituées théoriquement chacune de 3.500 à 4.000 hommes... une gestion visiblement trop lourde pendant les opérations militaires. Les autorités congolaises  ont opté pour des régiments plus légers de 1.200 hommes. Cette réforme a commencé au Nord-Kivu et devrait se poursuivre dans le reste du pays.

Christophe Rigaud

RDC : Une des plus grandes mine d'or d'Afrique verra le jour à Kibali

Randgold Resources, une société sud-africaine d'exploration minière, vient d'annoncer la construction d'une mine d'or dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les travaux devraient débuter en juin pour une exploitation prévue en 2014.

Image 3.pngLe projet de Randgold est situé à Kibali, à 500 km de Kisangani. D'après la société su-africaine, cette mine "sera l'une des plus grandes d'Afrique avec des réserves minérales estimées à plus de dix millions d'onces (environ 350 tonnes)". Cette mine à ciel ouvert , d'une durée de vie de 30 ans, devrait réaliser sa première année d'exploitation en 2014.  La recherche, l'exploration et l'investissement pour la construction de cette mine sont estimés à 1,5 milliard de dollars dont près d'un milliard déjà investi.

La République démocratique du Congo (RDC) est particulièrement riche en or, dont  les sous-sol recèlent 10% et 34% des réserves mondiales connues du cuivre et du cobalt, du diamant, du fer, du nickel, du manganèse, de la bauxite et de l'uranium.

19 avril 2011

RDC : Le président de la CENI dans la tourmente

La visite du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Daniel Ngoy Mulunda au président togolais fait polémique en République démocratique du Congo (RDC). Le président de la CENI était en effet porteur d'un message du président Kabila, en course pour sa réélection en 2011. De nombreuses associations demandent la démission de Daniel Ngoy Mulunda pour n'a pas respecté la neutralité et l'impartialité de sa fonction et ce, à quelques mois des prochaines élections présidentielles en RD Congo.

Image 3.pngPour de nombreuses organisations et associations d'opposition congolaise, Daniel Ngoy Mulunda s'est "disqualifié" et a perdu toute crédibilité en rendant visite au président togolais Faure Gnassingbé. Le président de la Commission électorale nationale indépendante congolaise était en effet venu avec un message dur président sortant Joseph Kabila : une attitude contradictoire avec l'indépendance de sa fonction note l'opposition.

Au moment de sa nomination à la tête de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda avait déjà suscité une levée de boucliers : l'ancien co-fondateur du parti présidentiel (PPRD) était accusé d'être un "homme du président". La visite au Togo de Mulunda ne fait que raviver les soupçons. D'autant que l'élection même du président togolais, Faure Gnassingbé, avait été contesté à l'époque.

Plusieurs organisations dont l'APRODEC ASBL demande la démission de Daniel Ngoy Mulunda en rappelant que "le 26 février 2011 Monsieur Daniel Ngoy Mulunda, le président de la Commission électorale nationale indépendante de la République Démocratique du Congo (CENI), avait pris l’engagement solennel de n’exercer aucune activité susceptible de nuire à l’indépendance, à la neutralité, à la transparence et à l’impartialité de la Commission électorale nationale indépendante."

Suite à cette polémique, le Togo vient d'annoncer l'envoie de 1.000 kit électoraux en RDC en vue des prochaines élections. Une annonce qui arrive à point nommée pour justifier le déplacement de Daniel Ngoy Mulunda ai Togo.

Christophe Rigaud

RDC : François Muamba refuse son limogeage

La crise est ouverte au MLC, le principal parti d'opposition en République démocratique du Congo (RDC). Le collège des fondateurs du parti vient en effet de démettre le secrétaire général du parti, François Muamba, qui sera remplacé par Thomas Luhaka. Mais François Muamba ne l'entend pas de cette oreille et récuse cette décision.

Image 2.pngSelon Radio Okapi, le collège des fondateurs du MLC a voté lundi la destitution de François Muamba par 20 voix sur 30 et a décidé de le remplacé par Thomas Luhaka. Ce dernier aura la difficile mission de restructurer un MLC en crise à quelques mois des prochaines élections présidentielles de 2011 en RD Congo.

Pour l'heure, aucun motif n'a été avancé par le MLC pour justifier ce limogeage. D'ailleurs, selon Germain Kambinga, François Muamba est déchu de ses fonctions mais pas exclu du MLC.

Suite à cette annonce, François Muamba a refuser en bloc cette destitution. Pour lui, cette réunion du collège des fondateurs est illégale et affirme "qu’au regard de l’article 46 du staut du MLC, il est le président national du parti par intérim suite à l’absence de Jean-Pierre Bemba". François Muamba promet également des mesures disciplinaires... il va donc y avoir de l'ambiance au MLC. Pour l'instant, le fondateur du MLC, Jean-Pierre Bemba ne s'est pas encore exprimé.

Christophe Rigaud

RDC : François Muamba sur un siège éjectable

Le Mouvement de Libération du Congo (MLC) est au bord de l'implosion et les jours semblent comptés pour son secrétaire général, François Muamba. L'absence du patron du MLC, Jean-Pierre Bemba, en prison depuis 3 ans, et le manque de leadership de François Muamba, auront fini par lassés les cadres du parti et Bemba lui-même qui aurait décidé de se séparer de son secrétaire général.

Capture d’écran 2011-04-19 à 00.23.26.pngUne réunion du MLC, dimanche 17 avril 2011 à Kinshasa, aurait scellé le sort du secrétaire général du MLC, François Muamba. A la tête de la fronde : Adam Bombole, le patron du MLC de Kinshasa et Fidèle Babala. Ils reprochent à François Muamba de ne pas avoir "tenu" le MLC en l'absence du "chairman", Jean-Pierre Bemba, détenu par la Cour pénal internationale (CPI) pour crimes de guerre en Centrafrique entre 2002 et 2003. Autre reproche : ne pas avoir assez soutenu la candidature de Jean-Pierre à la prochaine élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). François Muamba a en effet des doutes sur cette startégie très risquée de présenter un candidat… en prison aux élections ! Il n'est d'ailleurs pas le seul à trouver ce choix quasi suicidaire. De nombreux partisans du MLC craignent en effet que leurs électeurs préfèrent se tourner vers Etienne Tshisekedi, le candidat de l'UDPS. Enfin, beaucoup au MLC estime que Muamba est déjà sur le départ depuis de nombreuses semaines pour créer son propre parti et laisserait ainsi le poste de secrétaire général du parti à Thomas Luhaka, qui n'a aucune ambition présidentielle. Dans la presse kinoise certains ne donnent que 48 heures à François Muamba pour quitter le MLC.

Christophe Rigaud

Photo : François Muamba en 2006 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

17 avril 2011

RDC : L'UREC dément la destitution de Kashala

Le 6 avril dernier, nous annoncions la radiation d'Oscar Kashala de son propre parti, l'UREC. A la tête de la fronde se trouvait Yvon Mubengayi, un cadre de l'UREC qui affirmait au site CongoNews que le comité exécutif du parti avait radié Oscar Kashala de l'UREC pour "absence, mauvaise gestion et rupture avec la base militante". Il n'en est visiblement rien, selon Jean-Baptiste Meniko-To-Hulu, le secrétaire général de l'UREC, qui affirme qu'Oscar Kashala est "le seul président de l'UREC".

Capture d’écran 2011-04-17 à 18.44.31.pngDans un communiqué, le secrétaire général de l'UREC, Jean-Baptiste Meniko-To-Hulu, dément toute destitution d'Oscar Kashala de son propre parti. Il affirme que "l’auteur de cette déclaration qui se couvre du nom de l'UREC est une taupe venue pour écouter et piéger la DTP et transmettre les informations aux partis au pouvoir." Dans son communiqué, Jean-Baptiste Meniko-To-Hulu en profite pour régler ses comptes avec Yvon Mubengayi, le président "putschiste"  : " M. Mubengayi avait été éjecté de l’UREC pour avoir détourné et vendu les biens meubles du parti dont une licence de télévision à un ministre de l'AMP-MP. Dès lors, il redoute l’arrivée du Dr Kashala qui naturellement a déjà initié une procédure en récupération de ces biens." Jean-Baptiste Meniko-To-Hulu déplore toutefois "la haine que nourrit Mubengayi envers Kashala" et demande à tous ses militants "de rester unis derrière leur Président national".
Il n'en demeure pas moins qu'à quelques mois des prochaines élections présidentielles, prévues à l'automne 2011 en RDC, la confusion qui règne à l'UREC risque de coûter cher au candidat Kashala. Oscar Kashala était arrivé en cinquième place à la résidentielle de 2006 avec 3,46% des voix.

Christophe Rigaud

Génocide des Tutsi du Rwanda : l’ambassadeur de France jette un pavé dans la mare

En présence de Bernard Kouchner, Laurent Contini s’interroge sur le refus des militaires français de sauver les employés tutsi de l’ambassade et du Centre culturel français de Kigali au début du génocide de 1994, alors qu’ils en avaient reçu l’ordre.

Capture d’écran 2011-04-17 à 17.49.42.pngQue s’est-il réellement passé à Kigali en avril 1994, au début du génocide, alors que la France avait dépêché sur place d’importants moyens militaires pour sauver les expatriés ? Le 8 avril 1994, deux jours après l'attentat contre le président Habyarimana et alors que les massacres de Tutsi et de Hutu démocrates faisaient rage, la France avait déclenché l'opération Amaryllis pour permettre l'évacuation de ses ressortissants et d’autres occidentaux. Le colonel Henri Poncet (aujourd’hui général) commandait cette opération. Selon plusieurs experts, il avait recommandé à ses hommes d’éviter tout contact avec les journalistes et de conserver un secret absolu sur l’ordre de conduite des opérations.

De présumés tueurs de Tutsi « sauvés » par les militaires français

Les militaires français avaient évacué la veuve du président, Agathe Habyarimana, ainsi que son entourage et les enfants de l’orphelinat Sainte-Agathe qu’elle avait fondé. Et aussi des adultes qui se présentaient comme les membres de l’encadrement de l’orphelinat. Mais il apparut plus tard que certains de ces  « encadreurs » auraient participé aux tueries de Tutsi. Ils auraient notamment exterminé les personnels tutsi de l’orphelinat avant d’être eux-mêmes « sauvés » par les militaires français.

Le combat solitaire d’André Guichaoua

Par contre, les militaires français s’étaient refusés à exfiltrer les employés tutsi de l’ambassade de France et du Centre culturel français, qui les suppliaient. Le professeur André Guichaoua a mis en cause l’attitude de l’ambassadeur de France de l’époque dans son dernier ouvrage « Rwanda, de la guerre au génocide ». Présent sur place, lui-même avait eu les plus grandes difficultés à sauver les quatre enfants d’Agathe Uwilinyimana, la Première ministre, qui venait d’être assassinée avec son mari. André Guichaoua avait réussi à téléphoner à son grand ami Pierre Péan pour tenter d’obtenir le feu vert de l’Elysée, avant de devoir se débrouiller seul.

« Ils m'ont fait comprendre que je les emmerdais ». Vénuste Kahyimahe, rescapé tutsi

Certains rescapés rwandais, dans des témoignages recueillis par l’association Survie, ont vivement critiqué cette opération Amaryllis qui n'incluait pas l'évacuation des Rwandais menacés par les massacres, même lorsqu'ils étaient employés par les autorités françaises. Vénuste Kahyimahe, un Rwandais qui travaillait au Centre culturel français à Kigali, consignera dans son livre « France-Rwanda : les coulisses du génocide » ce qu'il considère comme un abandon français et une description de cette opération où les soldats avaient occupé le centre culturel comme quartier général. Il a également témoigné verbalement dans le documentaire de Raphaël Glucksmannn et David Hazan, Rwanda: Tuez-les tous :

« Ils sont restés trois ou quatre jours, je les ai suppliés, Ils m'ont fait comprendre que je les emmerdais, qu'il n'était pas question qu'ils nous emmènent, quand ils partiront ils vont nous laisser. Deux jeunes militaires ont essayé de nous aider mais c'était dérisoire, ils m'ont réveillé au milieu de la nuit en disant “Comment vous allez faire, demain on part, on va vous abandonner, c'est sûr. C'est les ordres, on doit vous abandonner. Il faut vous préparer à vous défendre.” J'ai dit que je n'avais pas d'arme.  »

Une véritable aversion pour les Tutsi chez de hauts gradés français

Lors de leurs auditions devant la mission d'information parlementaire sur le Rwanda, les ministres du gouvernement français affirmeront ne pas avoir donné l'ordre de refuser d’évacuer les Tutsi. Les archives consultées à cette occasion confirment les affirmations des dirigeants français. Les soldats français avaient ordre d'évacuer tous les Rwandais qui pouvaient être joignables. Pourtant, des employés tutsi menacés d’extermination se trouvaient juste à côté d’eux, dans leur quartier général.

Devant les accusations dont ils sont l’objet depuis 17 ans, les hauts gradés français gardaient depuis lors le silence, se contentant de s’indigner. Dans son récent livre « Rwanda, je demande justice pour la France et ses soldats » (Ed. Jacob-Duvernet), Didier Tauzin, aujourd’hui général, qui est intervenu à deux reprises au Rwanda (mais pas pendant Amaryllis) exprime une véritable aversion pour les Tutsi.  Il ne fait que reprendre un discours habituel des hauts gradés français qui ont exercé des commandements au Rwanda ou à proximité, comme le général Lafourcade dans son livre « Opération Turquoise » ou le colonel de réserve Jacques Hogard sur son ancien blog très virulent (fermé depuis 2007, sans doute sur pression du ministère de la Défense). Les uns et les autres revendiquent une certaine forme d’impunité pour les actions militaires conduites à l’initiative de François Mitterrand au Rwanda entre 1990 et 1994.

Des militaires aux explications pas convaincantes

Plaque Ambassade de France.jpgDepuis lors, le refus de sauver les employés tutsi de l’ambassade et du centre culturel constitue une  plaie ouverte pour les rescapés et leur famille. Dominique Decherf, ambassadeur de France jusqu’à la rupture des relations diplomatiques en 2006, avait présenté les excuses de la France pour cet épisode tout sauf glorieux. Mais les raisons de la non-assistance restaient confuses.

C’est pourquoi le discours de l’actuel ambassadeur de France, Laurent Contini, le 9 avril à l’occasion de la 17e commémoration du génocide, fait l’effet d’un pavé dans la mare. En présence de Bernard Kouchner, ex-ministre des Affaires étrangères, il s’est exprimé dans l’enceinte de l’ambassade à Kigali « en mémoire du personnel de cette ambassade, qui a péri a lors du génocide des Tutsi en 1994 ». En s’interrogeant à haute voix : « C’est une tache bien délicate pour un ambassadeur, pour un diplomate français, pour un citoyen français de faire face à ce passe douloureux, a cet épisode malheureux. Comment expliquer en effet que ces personnes, ces gens, qui travaillaient avec nous n’ont pas été évacuées lors de l’opération Amaryllis, en avril 1994 ? Des raisons ont été avancées, je les connais, je les ai lues, la sécurité, il n’y avait plus de place dans l’avion, on ne pouvait pas joindre les gens au téléphone, Kigali n’est pas une ville avec des noms de rues etc. etc. Apres 17 ans, ce n’est pas des raisons qui sont convaincantes. »

S’appuyant sur les travaux des chercheurs, mais visiblement aussi sur ses propres recherches dans les archives du Quai d’Orsay, Laurent Contini a poursuivi : « Maintenant, nous savons un certain nombre de choses. Par exemple qu’il y a eu un télégramme diplomatique le 11 avril 1994, qui donnait l’autorisation à l’ambassadeur d’évacuer le personnel, son personnel. Cela a été confirmé par un ordre donné aux militaires. Alors pourquoi ? Pourquoi ces gens là n’ont pas été évacués ? Je n’ai pas, je n’ai pas de réponse. Je n’ai pas de réponse mais en tout cas aujourd’hui, je tenais à le faire. Je tenais à vous exprimer, les membres de la famille, mes profonds regrets. Et vous présenter mes excuses. Pour cet abandon tragique. »

André Guichaoua s’est donc trompé en accusant Jean-Michel Marlaud, l’ambassadeur de France de l’époque, d’apathie ou d’indifférence envers le sort de ses employés Tutsi et des orphelins de la Première ministre. Reste à savoir pourquoi les militaires français de l’opération Amaryllis et le premier d’entre eux, l’actuel général Henri Poncet, n’ont mis en œuvre les ordres clairs que, selon Laurent Contini, ils avait reçus…

Jean-François Dupaquier

17:53 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (13)

06 avril 2011

RDC : Oscar Kashala débarqué de l'UREC

L'UREC a un nouveau patron : Yvon Mubengayi. Exit donc l'ancien président, Oscar Kashala, qui a été radié de l'UREC par le comité exécutif du parti, nous apprend le site Congo News. L'UREC a rejoint récemment la Dynamique Thsisekedi Président (DTP), une plateforme qui soutient la candidature d'Etienne Tshisekedi à la prochaine présidentielle prévue à l'automne 2011.

Capture d’écran 2011-04-06 à 22.06.34.pngDans un entretien donné à CongoNews, Yvon Mubengayi revient sur les différents qui l'ont opposé à Oscar Kashala : un homme absent du pays, une mauvaise gestion du parti et une rupture avec la base militante. Il reproche également à Oscar Kashala d'avoir utilisé l'UREC pour financer ses déplacements et ceux de sa famille. Alors qu'Oscar Kashala continue de s'exprimer au nom de l'UREC, le nouveau responsable du mouvement "se réserve le droit de poursuivre Kashala devant les Cours et tribunaux pour faux et usage de faux. Monsieur Kashala n'a plus le pouvoir ni le droit de parler au nom de l'UREC ni l'engagée dans une quelconque démarche", précise Yvon Mubengayi.

Côté politique, Yvon Mubengayi a souhaité un positionnement clair de son parti sur l'échiquier politique congolais : à savoir un soutien "franc et engagé" aux côtés d'Etienne Thsisekedi à travers la DTP (Dynamique Tshisekedi Président), une plateforme qui travaille à porter le leader de l'UDPS à la tête du pays au cours des prochaines élections générales de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Yvon Mubengayi apporte à la DTP sa présence militante sur le terrain ainsi que ses 8 députés provinciaux.

Le nouveau patron de l'UREC appelle enfin tous ses militants a se rendre au grand meeting d'Etienne Tshisekedi au stade Tata Raphaël,de Kinshasa, le 24 avril prochain.

Christophe Rigaud

05 avril 2011

RDC-RCA : La mort de Patassé laisse Bemba seul face à la CPI

Ce mardi, l'ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé à Douala au Cameroun à l'âge de 74 ans. Il était le grand absent du procès de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI), accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003. Les troupes de Bemba étaient venues défendre Ange-Félix Patassé d'un coup d'Etat. Patassé ne pourra même plus témoigner.

Image 9.pngHomme politique centrafricain né à Paoua le 25 janvier 1937, Ange-Félix Patassé est diplômé de l'Académie supérieure de l'agriculture tropicale de Nogent-sur-Marne (France). Il est nommé en 1965 au cabinet du ministre de l'Agriculture et du développement. Sous la présidence de Jean-Bédel Bokassa, il est plusieurs fois au gouvernement et devient Premier ministre le 8 décembre 1976 jusqu’en juillet 1978. Devenu président de la République le 22 octobre 1993, réélu en 1999, auteur des mutineries et de la mort de plusieurs personnalités de la RCA. Il est renversé par un coup d’État de François Bozizé le 15 mars 2003. Accusé d'avoir détourné 70 milliards de francs CFA, Patassé a été condamné par contumace le 30 août 2006 par la cour criminelle de Bangui à 20 ans de travaux forcés.

Mais Ange-Félix Patassé est également l'un des personnages clés du procès de l'ancien vice-président de République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba, actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis lors des incursions de ses troupes en République centrafricaine pendant la période allant du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003. Les troupes de Bemba étaient effectivement entrées en Centrafrique pour prêter main forte au président Patassé, menacé d'être renversé par François Bozizé. Patassé et Bemba perdront la guerre et François Bozizé s'installe à la présidence centrafricaine.

En délicatesse avec Joseph Kabila après sa défaite au deuxième tour de la présidentielle congolaise de 2006, Jean-Pierre Bemba est obligé de s'exiler au Portugal, puis en Belgique après de violents combats avec les troupes de Kabila dans le centre de Kinshasa en 2007. II est arrêté à Bruxelles le 24 mai 2008 suite à un mandat établi la veille par la Cour pénale internationale sur le dossier centrafricain. Mais Bemba récuse les charges qui pèsent contre lui : il n'était pas présent en Centrafrique pendant les exactions de ses troupes et ne commandait pas directement ses hommes sur place… il manquait donc quelqu'un sur le banc des accusés selon les avocats de Bemba : Ange-Félix Patassé lui-même. Mais l'ancien président n'a jamais été inquiété par la justice internationale… il est désormais trop tard. Ange-Félix Patassé est décédé ce mardi 5 avril 2011, dans un hôpital de Douala au Cameroun.

Christophe Rigaud

RDC : Les dangers de l'embargo minier

Une nouvelle loi américaine vient d'interdire le commerce des minerais en provenance des zones de conflits. La République démocratique du Congo (RDC) pourrait être fortement touchée par cet embargo, non sans conséquences sur l'économie congolaise. Derrière les bonnes intentions américaines, la survie de milliers congolais est en jeu.

filtre DSC02325.jpgLa loi américaine est claire : ses citoyens ont désormais l'interdiction d'acheter des produits miniers venant des zones affectées par des conflits armés. La République démocratique du Congo (RDC) est en ligne de mire de cette nouvelle disposition législative américaine qui prône la traçabilité des minerais. L'argent du trafic de minerais alimente depuis plus de 15 ans le financement des différentes milices locales dans une guerre sans fin.

La République démocratique du Congo, fournit environ 5% de la production mondiale d'étain et figure parmi les quatre pays d'Afrique centrale qui produisent entre 12,5 et 14% du tantale, utilisé dans l'industrie de haute technologie. Mais le gouvernement congolais n'a pas encore mis en place les mécanisme de traçabilité et de certification des minerais. Les autorités congolaises, les opérateurs économiques du secteur minier ainsi que la société civile du Nord Kivu, viennent d'écrire aux autorités américaines pour tenter d'obtenir un moratoire de 6 à 12 mois pour permettre de se conformer aux exigences américaines.

Pour les Etats-Unis, le contrôle des minerais provenant de l’Est de la RD Congo n’est ni « un embargo, ni une sanction », mais vise plutôt à promouvoir la paix  au Congo. La sous-secrétaire d’Etat américain, Victoria Holt, s'est déclarée « de cœur avec la société civile du Nord-Kivu », tout en indiquant qu'il était important que cette loi entre en application.

Sur place, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), la société civile s'inquiète des conséquences de cette nouvelle loi : « une application immédiate de cette loi plongerait davantage les populations de la région dans la misère, en même temps qu’elle n’empêcherait pas la fraude », note les observateurs sur place. Les opérateurs économiques  du secteur, au Nord-Kivu affirment quant à eux, détenir des stocks de minerais d’une valeur estimée à plus de 30 millions USD et qui pourraient être assimilés, à tort, selon eux, à des minerais de sang. Sans la mise en place des systèmes de contrôle, de certification et de traçabilité des minerais, cette loi risque donc de pénaliser essentiellement les milliers de familles congolaises qui vivent péniblement de l'extraction des minerais… sans mettre fin au trafic.

Christophe Rigaud

04 avril 2011

RDC : Un documentaire enquête sur le meurtre de LD Kabila

Il y a un peu plus de dix ans, Laurent-Désiré Kabila, le président congolais (RDC), était assassiné. La thèse officielle incrimine son garde du corps mais en réalité, toute la lumière n'a jamais été faite sur cette sombre histoire. Arnaud Zaitman et Marlène Rabaud ont mené l'enquête dans "Qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?", diffusé en France sur France Ô le 27 avril 2011.

DSC04200 Mzee Kabila toujours là.JPG51 personnes sont actuellement incarcérées à la prison de Makala, à Kinshasa, à la suite d'un procès expéditif et alors que de nombreux officiels reconnaissent l'innocence de ces hommes. Arnaud Zaitman (France 24 et BBC) et Marlène Rabaud ont enquêté et suivi différentes pistes possibles. Ils ont également retrouvé le seul témoin du meurtre de Kabila et ont pu introduire une caméra dans la prison de Makala et recueillir les témoignages des détenus condamnés dans cette affaire. Les conclusions de leur film remettent en cause les thèses officielles mais posent bien plus de questions qu'ils n'apportent de réponses. Ce film relève que, de tout évidence, les assassins de Mzee Laurent-Désiré Kabila ne sont pas ceux qui croupissent aujourd’hui dans la prison de Makala à Kinshasa et que comme Emery Patrice Lumumba, Kabila aurait été tué par certaines grandes puissances, les Etats-Unis en tête, pour avoir libre accès aux ressources minières de la R.D.Congo. Si l'on ne saura pas "qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?", ce documentaire décrypte avec minutie la complexité des guerres qui ont secoué à répétition la République démocratique du Congo (RDC). A voir absolument.

Photo : Christophe Rigaud www.afrikarabia.com

03 avril 2011

RDC : La présidentielle avancée en septembre ou octobre 2011 ?

Initialement prévues en novembre 2011, les prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) auront probablement lieu en septembre ou octobre 2011. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) devrait dévoilée ce nouveau calendrier jeudi 7 avril.

Logo Elections 2011.jpgLa Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a terminé son conclave consacré au nouveau calendrier électoral en République démocratique du Congo (RDC). Prévue en novembre 2011, l'élection présidentielle pourrait être avancée d'un ou deux mois et avoir lieu en octobre ou septembre 2011 afin de respecter les délais constitutionnels.

Autre changement : le "découplage" entre la présidentielle et les législatives. Ces deux élections n'auront probablement pas lieu le même jour comme initialement prévu. Les législatives seraient reportées au début de l'année 2012. Reste deux interrogations de taille sur la tenue de ces élections : finir à temps la révision du calendrier électoral et trouver les fonds nécessaires estimés à 700 millions de dollars.

En attendant, ce samedi, la révision du fichier électoral a débuté dans six provinces du pays : Province orientale, Nord-Kivu, Sud Kivu, Kasaï oriental, Bandundu et Equateur. Une opération prévue du 2 avril au 1er juillet 2011.

Christophe Rigaud

RDC : L'avenir incertain du MLC

La prochaine élection présidentielle de 2011 risque de bouleverser profondément le paysage politique de la République démocratique du Congo (RDC). Avec son leader emprisonné à La Haye depuis 2008 et un scrutin à un seul tour, le MLC de Jean-Pierre Bemba jouera son avenir politique dans la prochaine élection présidentielle, prévue à l'automne 2011. Un risque guette le Mouvement de Libération du Congo : la perte de son leadership au profit de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi.

Capture d’écran 2011-04-03 à 15.26.57.pngPlusieurs incertitudes hypothèques l'avenir du MLC, premier parti d'opposition congolais. Fort de 64 députés et 17 sénateurs, le parti de l'ancien vice-président, Jean-Pierre Bemba, constitue l'unique mouvement d'opposition institutionnel en RDC. A l'élection présidentielle de 2006, le candidat Bemba avait même talonné Joseph Kabila au second tour en réalisant un excellent score : 42% des voix et arrivait en tête à Kinshasa, dans l'Équateur, dans le Bas-Congo, dans le Bandundu et dans les deux Kasaï.

Un président en prison

Après la présidentielle, les violences de 2007 avec les troupes de Joseph Kabila et son exil au Portugal, Jean-Pierre Bemba est rattrapé par la justice internationale. Il est arrêté à Bruxelles le 24 mai 2008 par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, en raison d'accusations de crimes sexuels, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis lors des incursions de ses troupes en République centrafricaine en 2002 et 2003. Depuis l'incarcération de son "chairman" à La Haye, le MLC se débat dans des querelles intestines et son secrétaire général, François Muamba, sans pour autant démériter, ne parvient pas à asseoir son autorité.

Le retour de l'UDPS menace le MLC

En vue de la prochaine élection présidentielle, le MLC devra remplir un double défi : trouver un candidat pour le représenter et affronter un autre parti d'opposition, absent en 2006, l'UDPS d'Etienne Tshisekedi. Le parti du "Sphinx de Limete", le surnom de Tshisekedi, avait en effet boycotté le scrutin de 2006. Et un bon d'électeurs de l'UDPS, troublés par ce choix, avaient préféré voter pour le MLC de Bemba. Mais avec le retour de Tshisekedi dans l'arène politique et le passage de deux à un seul tour de l'élection présidentielle, le risque est grand pour le MLC de perdre de nombreux électeurs et donc… son leadership.

Une candidature Bemba mettrait en danger le MLC


La survie du MLC est en jeu dans le prochain scrutin de l'automne 2011. Depuis sa cellule de La Haye, Jean-Pierre Bemba pourrait être le candidat du parti à la prochaine présidentielle. C'est en tout cas ce que ses proches laissent entendre. Une stratégie risquée, presque suicidaire, puisque ce candidat-prisonnier
n'aurait quasiment aucune chance de se faire élire dans un scrutin à un seul tour. Si Bemba ne se présente pas, François Muamba (ancien UDPS) représenterait le MLC à la présidentielle. Mais les cadres du MLC et les "fans" du "chairman" critiquent le manque de charisme et d'autorité du secrétaire général du mouvement… Dans tous les cas, le MLC apparaît fragilisé face à l'UDPS et risque voir ses électeurs préférer l'option Tshisekedi. Le MLC résistera-t-il à l'UDPS ? Le devenir du parti de Jean-Pierre Bemba se jouera donc dans les prochains mois.

Christophe Rigaud

Photo : JP Bemba en 2006 à Kinshasa (c) Christophe Rigaud www.afrikarabia.com