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17 avril 2011

Génocide des Tutsi du Rwanda : l’ambassadeur de France jette un pavé dans la mare

En présence de Bernard Kouchner, Laurent Contini s’interroge sur le refus des militaires français de sauver les employés tutsi de l’ambassade et du Centre culturel français de Kigali au début du génocide de 1994, alors qu’ils en avaient reçu l’ordre.

Capture d’écran 2011-04-17 à 17.49.42.pngQue s’est-il réellement passé à Kigali en avril 1994, au début du génocide, alors que la France avait dépêché sur place d’importants moyens militaires pour sauver les expatriés ? Le 8 avril 1994, deux jours après l'attentat contre le président Habyarimana et alors que les massacres de Tutsi et de Hutu démocrates faisaient rage, la France avait déclenché l'opération Amaryllis pour permettre l'évacuation de ses ressortissants et d’autres occidentaux. Le colonel Henri Poncet (aujourd’hui général) commandait cette opération. Selon plusieurs experts, il avait recommandé à ses hommes d’éviter tout contact avec les journalistes et de conserver un secret absolu sur l’ordre de conduite des opérations.

De présumés tueurs de Tutsi « sauvés » par les militaires français

Les militaires français avaient évacué la veuve du président, Agathe Habyarimana, ainsi que son entourage et les enfants de l’orphelinat Sainte-Agathe qu’elle avait fondé. Et aussi des adultes qui se présentaient comme les membres de l’encadrement de l’orphelinat. Mais il apparut plus tard que certains de ces  « encadreurs » auraient participé aux tueries de Tutsi. Ils auraient notamment exterminé les personnels tutsi de l’orphelinat avant d’être eux-mêmes « sauvés » par les militaires français.

Le combat solitaire d’André Guichaoua

Par contre, les militaires français s’étaient refusés à exfiltrer les employés tutsi de l’ambassade de France et du Centre culturel français, qui les suppliaient. Le professeur André Guichaoua a mis en cause l’attitude de l’ambassadeur de France de l’époque dans son dernier ouvrage « Rwanda, de la guerre au génocide ». Présent sur place, lui-même avait eu les plus grandes difficultés à sauver les quatre enfants d’Agathe Uwilinyimana, la Première ministre, qui venait d’être assassinée avec son mari. André Guichaoua avait réussi à téléphoner à son grand ami Pierre Péan pour tenter d’obtenir le feu vert de l’Elysée, avant de devoir se débrouiller seul.

« Ils m'ont fait comprendre que je les emmerdais ». Vénuste Kahyimahe, rescapé tutsi

Certains rescapés rwandais, dans des témoignages recueillis par l’association Survie, ont vivement critiqué cette opération Amaryllis qui n'incluait pas l'évacuation des Rwandais menacés par les massacres, même lorsqu'ils étaient employés par les autorités françaises. Vénuste Kahyimahe, un Rwandais qui travaillait au Centre culturel français à Kigali, consignera dans son livre « France-Rwanda : les coulisses du génocide » ce qu'il considère comme un abandon français et une description de cette opération où les soldats avaient occupé le centre culturel comme quartier général. Il a également témoigné verbalement dans le documentaire de Raphaël Glucksmannn et David Hazan, Rwanda: Tuez-les tous :

« Ils sont restés trois ou quatre jours, je les ai suppliés, Ils m'ont fait comprendre que je les emmerdais, qu'il n'était pas question qu'ils nous emmènent, quand ils partiront ils vont nous laisser. Deux jeunes militaires ont essayé de nous aider mais c'était dérisoire, ils m'ont réveillé au milieu de la nuit en disant “Comment vous allez faire, demain on part, on va vous abandonner, c'est sûr. C'est les ordres, on doit vous abandonner. Il faut vous préparer à vous défendre.” J'ai dit que je n'avais pas d'arme.  »

Une véritable aversion pour les Tutsi chez de hauts gradés français

Lors de leurs auditions devant la mission d'information parlementaire sur le Rwanda, les ministres du gouvernement français affirmeront ne pas avoir donné l'ordre de refuser d’évacuer les Tutsi. Les archives consultées à cette occasion confirment les affirmations des dirigeants français. Les soldats français avaient ordre d'évacuer tous les Rwandais qui pouvaient être joignables. Pourtant, des employés tutsi menacés d’extermination se trouvaient juste à côté d’eux, dans leur quartier général.

Devant les accusations dont ils sont l’objet depuis 17 ans, les hauts gradés français gardaient depuis lors le silence, se contentant de s’indigner. Dans son récent livre « Rwanda, je demande justice pour la France et ses soldats » (Ed. Jacob-Duvernet), Didier Tauzin, aujourd’hui général, qui est intervenu à deux reprises au Rwanda (mais pas pendant Amaryllis) exprime une véritable aversion pour les Tutsi.  Il ne fait que reprendre un discours habituel des hauts gradés français qui ont exercé des commandements au Rwanda ou à proximité, comme le général Lafourcade dans son livre « Opération Turquoise » ou le colonel de réserve Jacques Hogard sur son ancien blog très virulent (fermé depuis 2007, sans doute sur pression du ministère de la Défense). Les uns et les autres revendiquent une certaine forme d’impunité pour les actions militaires conduites à l’initiative de François Mitterrand au Rwanda entre 1990 et 1994.

Des militaires aux explications pas convaincantes

Plaque Ambassade de France.jpgDepuis lors, le refus de sauver les employés tutsi de l’ambassade et du centre culturel constitue une  plaie ouverte pour les rescapés et leur famille. Dominique Decherf, ambassadeur de France jusqu’à la rupture des relations diplomatiques en 2006, avait présenté les excuses de la France pour cet épisode tout sauf glorieux. Mais les raisons de la non-assistance restaient confuses.

C’est pourquoi le discours de l’actuel ambassadeur de France, Laurent Contini, le 9 avril à l’occasion de la 17e commémoration du génocide, fait l’effet d’un pavé dans la mare. En présence de Bernard Kouchner, ex-ministre des Affaires étrangères, il s’est exprimé dans l’enceinte de l’ambassade à Kigali « en mémoire du personnel de cette ambassade, qui a péri a lors du génocide des Tutsi en 1994 ». En s’interrogeant à haute voix : « C’est une tache bien délicate pour un ambassadeur, pour un diplomate français, pour un citoyen français de faire face à ce passe douloureux, a cet épisode malheureux. Comment expliquer en effet que ces personnes, ces gens, qui travaillaient avec nous n’ont pas été évacuées lors de l’opération Amaryllis, en avril 1994 ? Des raisons ont été avancées, je les connais, je les ai lues, la sécurité, il n’y avait plus de place dans l’avion, on ne pouvait pas joindre les gens au téléphone, Kigali n’est pas une ville avec des noms de rues etc. etc. Apres 17 ans, ce n’est pas des raisons qui sont convaincantes. »

S’appuyant sur les travaux des chercheurs, mais visiblement aussi sur ses propres recherches dans les archives du Quai d’Orsay, Laurent Contini a poursuivi : « Maintenant, nous savons un certain nombre de choses. Par exemple qu’il y a eu un télégramme diplomatique le 11 avril 1994, qui donnait l’autorisation à l’ambassadeur d’évacuer le personnel, son personnel. Cela a été confirmé par un ordre donné aux militaires. Alors pourquoi ? Pourquoi ces gens là n’ont pas été évacués ? Je n’ai pas, je n’ai pas de réponse. Je n’ai pas de réponse mais en tout cas aujourd’hui, je tenais à le faire. Je tenais à vous exprimer, les membres de la famille, mes profonds regrets. Et vous présenter mes excuses. Pour cet abandon tragique. »

André Guichaoua s’est donc trompé en accusant Jean-Michel Marlaud, l’ambassadeur de France de l’époque, d’apathie ou d’indifférence envers le sort de ses employés Tutsi et des orphelins de la Première ministre. Reste à savoir pourquoi les militaires français de l’opération Amaryllis et le premier d’entre eux, l’actuel général Henri Poncet, n’ont mis en œuvre les ordres clairs que, selon Laurent Contini, ils avait reçus…

Jean-François Dupaquier

17:53 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (13)

Commentaires

L'auteur de cet article a cent fois raison. S’agissant des personnels de l’ambassade, il est faux de prétendre qu’il y aurait eu un refus de Paris de les évacuer, comme le montre le télégramme du 11 avril venant de Paris : “ le département vous confirme qu’il convient d’offrir aux ressortissants rwandais faisant partie du personnel de l’ambassade (recrutés locaux), pouvant être joints, la possibilité de quitter Kigali avec les forces françaises ”. Source : Rapport d'information, sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU au Rwanda entre 1990 et 1994. Tome I, page 266.
http://www.assemblee-nationale.fr/dossiers/rwanda/r1271.asp

Ce sont donc bien les militaires français de l'opération Aramyllis qui ont délibérément ignoré les consignes de Paris, vouant les employés tutsi à une mort quasi certaine.

Écrit par : Bibi Fricotin | 18 avril 2011

Je voulai juste réagir à cet article sur le refus de militaires francais d'evacuer des personnes à Kigali. Je m'adresse à l'actuel ambassadeur de france à kigali. Je suis arrivé à l'hotel mille colline le 04/04/1994 vers 16h et je suis parti de l'hotel le lundi 11 avril 1994, par l'armée francaise. Nous avions pris le trajet suivant : de l'hotel mille colline vers l'aeroport de kanombe via l'école francaise de kigali. Je suis un hutu, mais j'ai eu la chance d'etre évacuer parce que j'avais sur moi une fausse carte d'identité zaïroise comme j'etudiais à goma comme zaïrois. Je me souviens que dans ce voyage il y avait des tutsis qui se faisaient passés comme des étrangers avec la solidarité des beaucoups d'étrangers qui étaient là. Me dire aujourd'hui que les militaires francais évacuaient les hutus et laissaient les tutsis, çà c'est du n'importe quoi. Quand les enfants de Mme Uwilingiriyimana sont arrivé aux milles collines j'étais là. Pour plus d'informations, vous pouvez contacter un médecin francais répondant au nom de Marc Daniel qui était très actif dans les évacuations. Vous pouvez aussi contacter un certain Raphaël qui a un hotel à Gisenyi

Écrit par : Serge | 18 avril 2011

Que Serge nous donne les coordonnées de Raphaël et je compte le contacter à Gisenyi.Et on débattra sur cette soi-disant bonne foi des français.SVP Nom de l'Hôtel et noms complets.Qu'il ne disparaisse pas pour du bon.Si non il ne fait que nous réproduire le film de RUSESABAGINA sur HÔTEL RWANDA

Écrit par : Jean Bosco | 19 avril 2011

vous constatez que toutes ces personnes ont été evacuées sous de fausses identités n'est- pas ? Ceux qui avaient leurs vrais identités ne l'ont pas été !!!
Il s'agit de ce personnel de l'ambassade qui avait passé qlqs jours avec ces militaires français. Ils ne les ont abandonné au centres culturel, ils ne pouvaient mm pas usurper leurs identités car ils étaient connu. Je ne parle pas des cuiosiniers, dardiens de nuit, jardiniers qui dormaieait chez ces coopérants.
Ce Raphael que tu dis de Gisenyi je le connais, lui aussi a été obligé de passer sous fause identité.
Je connais aussi ce médecin qui était aussi celui de ce personnel de l'amassade, vu le distance qu'il y a entre hotel de m. collines et le cetre culurel, personne ne dira qu'il n'a pas pu le faire.

Il faut seulement dire que les tutsiidentifiés n'étaient pas sur l'agenda des évacuables. !!

Écrit par : charles | 19 avril 2011

Monsieur, je comprend bien que vous etiez abandonné par les francais, mais je persiste et je signe , ce n'est pas parce que vous etiez tutsi que les francais vous avez laissé NON et NON. Même à l'hotel milles collines il y avait beaucoup des hutus qui voulaient profiter de cette chance de quitter le rwanda, mais les militaires francais étaient categoriques. Vous devez arreté de vous victimiser à outrance, car çà commence à agacer le monde. Vous oublier même que les tutsis ont exterminé beaucoups des gens aussi. Nous sommes à l'heure de la réconciliation et du pardon pour faire un rwanda encore plus meilleur à vivre.

Écrit par : Serge | 20 avril 2011

je suis parfaitement d'accord du mauvais comportement des militaires français;mais malheureusement;les Rwandais qui se plaignent,ont-ils le droit de le faire ?sont-ils conscients des malheurs qu'ils ont causé à mon peuple?
-plus de 6000000 de morts
- vols organisé de nos matières premières et des biens privés
- viols systématiques de nos soeurs,mères et enfants
- placer à la direction de mon pays leur frère,
non,je dis non à cette humiliation que je n'accepte plus.Regardez la poutre qui est dans votre oeuil au lieu de regarder la paille qui est dans l'oeuil du prochain

Écrit par : KALALA | 20 avril 2011

Monsieur Serge,

Votre français, on se le met où vous pensez si je puis vous laisser le soin de le faire. En d'autres termes, we don't give a shit. Le kinyarwanda est mille fois plus beau et poétique.

Écrit par : ikibasumba | 21 avril 2011

Kalala,

Maintenant qu'avec vos 6 millions de morts offerts par l'ONG International Rescue Committee sur un plateau macabre, vous avez trouvé un responsable de vos malheurs qui s'appelle le Rwanda, qu'allez-vous faire de tout ça pour avancer? Vous êtes tout de même si faciles à tromper les mecs! Un siècle de colonisation belge, les multinationales qui dépècent votre pays comme elles l'ont toujours fait au moment où les Ong qui vous gouvernent pointent le Rwanda du doigt, votre armée de soudars voleurs qui s'en prennent aux étals des plus pauvres sur les marchés et violent vos concitoyennes depuis l'indépendance sans discontinuer, Kabila qui serait rwandais mais que vous avez élu quand même.... A vous en croire Kalala, votre peuple comme vous dites n'a aucune chance... Cessez de pleurnicher et secouez-vous un peu pour bosser. Encore qu'avec cette corruption et l'anarchie qui sont devenues une manière de vivre...

Écrit par : mameluk | 21 avril 2011

Serge,

Nous n'agaçons pas le monde en disant la vérité sur ce qui s'est passé. Nous agaçons seulement ceux à qui cette vérité fait peur. Pour des raisons qui sont compréhensibles et qui sont les leurs. En plus les français impliqués dans la complicité de génocide se défendent si mal que c'en est presque touchant. Ah si ce général Tauzin continuait à être votre porte-parole! Il fait tellement d'aveux involontaires qu'on se demande si vos officiers passent leur brevent d'enseignement primaire. Encore qu'il n'est même pas besoin d'aller à l'école pour avoir du bon sens... Bravo Tauzin. Bonne continuation.

Écrit par : victor hugo | 21 avril 2011

Si des gens comme Serge chantent en choeur la même chanson que vous Kalala, croyez-vous que c'est parce qu'ils vous aiment? Erreur mon pauvre. C'est simplement parce qu'ils se prennent encore et toujours pour Tintin au Congo. Alors qu'ils ne sont que des Rastapopoulos attardés. Caramba encore raté!

Écrit par : victor hugo | 21 avril 2011

Je suis vraiment désolé, mais une chose est certaine, le film n'est pas encore fini. Mettez-vous en tête que vous vous avez attendu 30 ans pour revenir tout en étant minoritaire, les autres attendrons aussi 30 ans. La cohabitation est imperative au Rwanda. Le tutsi et le hutu doivent vivre ensemble et avoir les mêmes droits. Vous devez prier le bon Dieu que le congo continue dans ce bordel. Le jour ou il y aura changement au Congo, çà sera la fin de votre film. Je ne suis pas contre les tutsis, je peux vous rassurrer que j'ai beaucoups d'amis tutsis, mais ce qui m'énerve c'est chaque fois ils se sentent en insecurité, victime de je ne sais quoi.

Écrit par : Serge | 22 avril 2011

Ce n'est pas là le débat,Serge.Vous nous aviez donné un devoir ou un TP pour rechercher l'identité d'un témoin.Ou sont ses coordonnées.Ne fuyez pas le débat et chercher à le personnaliser sur moi.Vous ne connaissez ni ma nationalité ni mon appartenance ethnique.Gisenyi est habité ou fréquenté par diverses personnes.Je vous attends pour les coordonnées.Quel hotel SERENA,STIPP,BELVEDERE,UBUMWE,GORILLAS,????Ne faites pas comme des anciens farceurs qui ont fui ce site ...

Écrit par : JEAN BOSCO | 26 avril 2011

J'espère que les internautes savent detecter directement les imporunistes qui viennent mentir.Ca fait combien de temps que ce Monsieur de Serge nous aviez demandé de vérifier ses allégations ?A-t-il accepté ?????????????Des farceurs de mauvais gouts biens et des revisionnistes.............

Écrit par : JEAN BOSCO | 02 mai 2011

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