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20 avril 2011

Tentative de déstabilisation de l’ambassadeur de France au Rwanda

Le journaliste et écrivain Jean-François Dupaquier revient sur la cabale menée contre l’ambassadeur de France au Rwanda par des cercles occultes de la « Françafrique » qui poussent à son limogeage.

Image 3.pngAFRIKARABIA : - Jean-François Dupaquier, votre compte-rendu du discours de l’ambassadeur de France au Rwanda pour la 17e commémoration du génocide a fait des vagues, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourquoi certains groupes ou individus s’en servent-ils pour réclamer plus ou moins insidieusement le limogeage de l’ambassadeur Laurent Contini par son ministre, Alain Juppé ?

Jean-François DUPAQUIER : - J’ai relaté sur votre site les propos tenus par l’ambassadeur de France à Kigali lors de la récente cérémonie commémorative du génocide. Il s’agissait de propos officiels, pas du tout d’indiscrétions, et ils ne contenaient aucune révélation. On peut s’étonner qu’ils excitent certains milieux occultes de la « Françafrique », lesquels, il est vrai, sont à l’affût du moindre prétexte pour leur agitation et leurs manipulations…

AFRIKARABIA : - A quels milieux faites-vous allusion ?

Jean-François DUPAQUIER : - N’en faisons pas une montagne. Ce ne sont que des groupuscules d’excités, décidés à empêcher par tous les moyens la réconciliation entre la France et le Rwanda, et qui ne font du tapage que sur internet. Je pense en particulier au blog d’un prêtre rwandais mis en examen en France et placé sous contrôle judiciaire depuis près de seize ans et qui est accusé de génocide, viols, extermination et assassinats constitutifs de crimes contre l’humanité par le Procureur du Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR). Sans méconnaître la présomption d’innocence, il serait utile de lui rappeler qu’il réside en France depuis tout ce temps sans le moindre titre de séjour, que sa situation semble singulièrement précaire, et qu’il ferait mieux d’éviter de critiquer chaque semaine sur son blog telle ou telle position du gouvernement français. Plutôt que de gloser sur « l’honneur de la France et de ses soldats » et critiquer un ambassadeur de France dans le pays qu’il a fui en niant le génocide des Tutsi, il aurait intérêt à se faire tout petit. C’est un conseil gratuit que je lui donne. Mais il est moins responsable que son supérieur, l’évêque d’Evreux, qui tolère un tel délire…

AFRIKARABIA : - Mais il y a aussi des Français qui critiquent la diplomatie de leur gouvernement au Rwanda ?

Jean-François DUPAQUIER : - C’est leur droit. Surtout dans le cadre des principes démocratiques que certains, hélas, méconnaissent. Il n’appartient pas à une officine de pratiquer la désinformation en prétendant que le ministre des Affaires étrangères est énervé contre son ambassadeur au Rwanda à la suite d’un article sur AFRIKARABIA.

AFRIKARABIA : - Expliquez-vous.

Jean-François DUPAQUIER : - Il semble qu’un blog très suivi au Quai d’Orsay se croie habilité à y faire la pluie et le beau temps en lançant de faux bruits. Par exemple que l’ambassadeur de France au Rwanda Laurent Contini énerve Alain Juppé sur le génocide rwandais. D’après ce que me rapportent des amis fonctionnaires du Quai d’Orsay, c’est  une information de la plus haute fantaisie. Mais on voit bien les dégâts que peuvent causer ces allégations. Des courtisans croient que le vent a tourné pour l’ambassadeur. Une telle désinformation n’a rien à voir avec la déontologie de la presse. Ce ne sont ni plus ni moins que des mœurs d’officine.

AFRIKARABIA : - Ces opérations de désinformation n’auraient aucun fondement ?

Jean-François DUPAQUIER : - Elles sont le produit d’une sorte d’auto-excitation d’individus qui ont perdu tous leurs repères, qui ne comprennent même plus que 1 + 1 = 2. Examinons un peu le fond du débat. Laurent Contini s’est contenté de déclarer qu’il n’y a, jusqu’aujourd’hui, aucune explication convaincante au fait que les employés rwandais de l’ambassade de France et du centre culturel français de Kigali n’ont pas été exfiltrés par les militaires français de l’opération Amaryllis en avril 1994 alors que des instructions étaient venues de Paris en ce sens. Donc que, pour des raisons toujours pas officiellement éclaircies, les militaires n’ont pas suivi les instructions. Or qui, à l’époque, a émis ces instructions ? Tout simplement Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, et c’était à son honneur.

AFRIKARABIA : - Lui aussi pourrait donc se poser des questions sur l’attitude des militaires français ?

Jean-François DUPAQUIER : - Il faudrait plutôt interroger François Léotard, alors ministre de la Défense. Comme un des lecteurs d’AFRIKARABIA l’a opportunément souligné, un télégramme du Quai d’Orsay destiné à l’ambassadeur de France au Rwanda et daté du 11 avril 1994 énonçe : « Le département vous confirme qu’il convient d’offrir aux ressortissants rwandais faisant partie du personnel de l’ambassade (recrutés locaux), pouvant être joints, la possibilité de quitter Kigali avec les forces françaises ». Ce télégramme n’a rien de secret puisqu’on le trouve dans le Rapport d'information public de l’Assemblée nationale « sur les opérations militaires menées par la France, d'autres pays et l'ONU au Rwanda entre 1990 et 1994 », Tome I, page 266. Alain Juppé a donc fait son possible en 1994 pour sauver les employés rwandais de la France à Kigali. Qui peut décemment prétendre qu’il soit à présent agaçé qu’on le rappelle?

Propos recueillis par AFRIKARABIA

17:54 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

La france a favorise le massacre des milliers des rwandais et tôt ou tard elle payera sa turputude.

Écrit par : tedmanace | 23 avril 2011

Un télégramme du Quai d'Orsay, en avril 1994, "confirme qu'il convient d'offrir aux ressortissants rwandais faisant partie du personnel de l'ambassade de France" (employés locaux) et du centre culturel francais, "qui peuvent être joints , la possibilité de quitter Kigali avec les forces francaises". L'ambassadeur de France à Kigali, Laurent Contini. s'est contenté de déclarer qu'il n'y avait, jusqu'à ce jour, "aucune explication convaincante au fait que les employés rwandais de l'ambassade de France et du centre culturel francais à Kigali n'ont pas été exfiltrés par les militaires de l'opération Amaryllis en avril 1994, alors que des instructions étaient venues de Paris en ce sens".

A défaut d'explication convaincante, on peut tout de même souligner qu'à l'époque un officier supérieur francais, Le commandant de Saint-Quentin, était toujours en service au sein de la Garde présidentielle à Kigali. On est en droit de penser qu'il pouvait transmettre au responsable de l'opération Amaryllis la décision de la Garde présidentielle de s'opposer à l'évacuation de Kigali de tout ressortissant rwandais par les foces francaises.

L'hypothèse apparaît d'autant plus vraisemblable que l'on sait que la Fance a catégoriquement refusé l'audition du commandant de Saint-Quentin, en tant que témoin, devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha. Il n'a pu être auditionné que par téléconférence, en présence du représentant du gouvernement francais chargé de déterminer à quelle question il pouvait répondre ou s'abstenir. En raison du secret-défense nationale. Comme si la France au Rwanda faisait l'objet d'une atteinte à son integrité territoriale.

Écrit par : Gaétan Sebudandi | 24 avril 2011

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