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14 mai 2010

Affaire Nkunda : Kabarebe juge et partie ?

Le maintien de l'ex-général congolais Laurent Nkunda en prison au Rwanda tourne à l'imbroglio judiciaire. Selon la cour Suprême rwandaise, seul le Tribunal militaire est compétent pour examiner la détention du rebelle tutsi et juger James Kabarebe, à l'origine de l'arrestation de Nkunda. Depuis, James Kabarebe a été nommé par Paul Kagame, Ministre de la Défense de son pays. Pour les avocats de Laurent Nkunda, il y a conflit d'intérêt : le Tribunal militaire est sous l'autorité directe de James Kabarebe ! L'examen de remise en liberté de Laurent  Nkunda est repoussé pour l'instant au 11 juin.

Afrikarabia logo.pngMardi 11 mai avait lieu la première audience relative la détention de Laurent Nkunda devant le Tribunal militaire, déclaré compétent pour juger le Général James Kabarebe. James Kabarebe, désormais Ministre de la défense du Rwanda, ne s'est pas présenté à l'audience et était représenté par deux avocats. Pour la défense de Laurent Nkunda, le refus de s'expliquer de James Kabarebe constitue déjà un aveu : "croyez-vous que s’il n’avait rien à cacher, James Kabarebe hésiterait le moindrement à se présenter ? estime son avocat Me Stéphane Bourgon. Malgré les propos tenus récemment par le Président Kagamé qui a dit que ‘la justice est là [pour décider de son sort], il est tout simplement inconcevable dans un État qui se dit gouverné par la règle de droit, que Laurent Nkunda soit détenu depuis plus de 15 mois sans avoir été présenté devant un juge, sans qu’un représentant du Gouvernement ne daigne venir s’expliquer devant la justice et sans que le Président, un de ses ministres ou un de ses représentants ne communique avec moi suite aux multiples lettres que je leur ai fait parvenir par huissier". L'avocat de Nkunda rappelle également que James Kabarebe risuqe une peine allant jusqu'à 20 années de prison, "si son rôle dans l'affaire Nkunda est établi".

Au cours de cette première audience, le Tribunal militaire a reporté d'un mois l'examen prévu le mardi 11 mai d'une demande de remise en liberté de l'ancien leader tutsi congolais.Raison invoquée ? un problème de traduction. Pour la défense de Laurent Nkunda, il s'agit d'un subterfuge : "les avocats parlant au nom de James Kabarebe sans autorisation ont d’abord exigé que les procédures soient menées entièrement en Kinyarwanda, ce qui est étonnant dans la mesure ou une très grande partie du travail judiciaire de ce pays se fait en français ou en anglais". L'audience a donc été reporté de 30 jours.

Dernier problème évoqué par l'avocat de Laurent Nkunda : l'indépendance du Tribunal militaire. Dans l'affaire Nkunda impliquant le Général James Kabarebe, actuellement Ministre de la défense nationale, Stéphane Bourgon note que c'est "le Ministre de la défense qui propose les nominations des juges et qui propose aussi le renvoi d’un juge pour cause d’incompétence, il est permis d’en douter !" estime l'avocat de Laurent Nkunda.

Laurent Nkunda sera peut-être fixé sur son sort le 11 juin, mais une libération immédiate semble plus qu’improbable : les deux protagonistes du dossier (le Rwanda et la RDC) n'ont pas intérêt à voir sortir l'ex-rebelle congolais... Nkunda en prison arrange tout le monde, Kigali comme Kinshasa.

Christophe Rigaud

07 mai 2010

RDC : Les FDLR transférés peuvent-ils déstabiliser le Katanga ?

54 rebelles hutus des FDLR ont été transférés dimanche 2 mai de Goma vers Lubumbashi. Escortés par le pasteur Daniel Mulunda Ngoy, président du programme national pour la paix et la reconstruction (Parec), les miliciens et leurs familles se sont installés au Katanga, au Sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). De nombreuses associations se sont inquiétées de cette « délocalisation sauvage », réalisée sans aucune concertation et à la seule initiative du Parec. De nombreux observateurs voient dans l’arrivée de ces éléments armés au Katanga, un facteur de déstabilisation pour la région.

Image 1.pngL’initiative du Parec en a étonné plus d’un. Pour se justifier Daniel Mulunda Ngoy affirme que la délocalisation des rebelles hutus est conforme aux accords de Goma. Selon Radio Okapi, les 54 combattants des FDLR étaient accompagnés de 106 membres de leurs familles et l’arrivée des ex-miliciens FDLR a été accueillie avec une certaine inquiétude par les habitants de la région.

Lambert Mende, le ministre congolais de la Communication et des médias a déclaré «ce transfert fait partie d’un vaste programme du gouvernement congolais qui va aboutir au retour de ces FDLR dans leur pays d’origine. » Pour Lambert Mende : «il n’y a aucune menace pour la sécurité des populations. Ces trente personnes non armées passent par un centre de triage et de contrôle avant de pouvoir regagner leur pays natal. Je l’impression que il y a des discours alarmistes qui sont tenus par des gens qui n’ont pas intérêt à ce que la situation se stabilise et qui manipulent les populations. Je voudrais une fois de plus rassurer ces populations que le gouvernement ne peut pas initier un programme qui met en danger les populations civiles

Le Réseau d’Action Citoyenne pour la Démocratie (RACID), une coalition de soixante quinze ONG du Nord Kivu, ont exprimé une forte inquiétude face à l’opération de délocalisation des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda du Nord Kivu vers le Katanga. Le RACID estime qu’il fallait plutôt rapatrier les ex-combattants FDLR directement dans leur pays d’origine au lieu de les délocaliser à l’intérieur de la RDC… une simple question de bon sens.

Christophe Rigaud

06 février 2010

RDC-RWANDA : Un rapprochement pour rien ?

Après plus de 10 ans de conflits, la nouvelle alliance entre Kinshasa et Kigali pouvait laisser croire un retour à la paix au Kivu. En janvier 2009, un retournement d'alliance avait permis de neutraliser la rébellion de Laurent Nkunda, ancien allié du Rwanda et auourd'hui détenu par Kigali. Mais plus d'un an après, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est toujours le théâtre de violents affrontements entre groupes armés. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, ce rapprochement est un échec.

Drapeau RDC 2.jpgDrapeau Rwanda.jpgDans un article publié par Alternatives Internationales (1), un chercheur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur l'année écoulée au Kivu depuis l'arrestation du rebelle Laurent Nkunda. Un brusque renversement de situation, où les ennemis d'hier sont devenus les alliés d'aujourd'hui... la RDC de Joseph Kabila s'est en effet rapprochée du Rwanda de Paul Kagame. Les deux pays se sont retrouvés sur des objectifs communs : la neutralisation de la rébellion de Nkunda et la traque aux rebelles hutus des FDLR au Kivu.

Thierry Vircoulon porte un jugement sévère sur le bilan de se rapprochement. Même si Laurent Nkunda a effectivement été arrêté et si des opérations conjointes de chasse aux FDLR ont été mis en place (Umoja Wetu et Kimia II), les résultats sont "loin d'être à la hauteur" pour le chercheur français. Selon Thierry Vircoulon, "la traque aux FDLR a tourné court (...) et cette échec militaire coïncide avec l'absence de progrès dans la très attendue normalisation politique". L'ancien mouvement de Laurent Nkunda, le CNDP, attend toujours son intégration dans l'appareil décisionnaire congolais et son entrée au gouvernement. L'incorporation des troupes rebelles au sein de l'armée congolaise (FARDC) est tout aussi virtuelle et le CNDP continue de faire la loi dans ses fiefs (Masisi et Rutshru).

Pour ce spécialiste de l'Afrique, "l'histoire bégaie dans les Kivus (...) le processus de paix s'apparente en définitive à une pièce de théâtre maintes fois rejouée dont ni l'intrigue ni les rôles n'ont changé".

Christophe Rigaud

(1) "RD Congo : l'histoire bégaie dans les Kivus". Thierry Vircoulon - Alternatives Internationales - Décembre 2009.

 

24 décembre 2009

RDC : Le CNDP bientôt au gouvernement ?

Le CNDP souffle le chaud et le froid pour presser Joseph Kabila de l'intégrer au futur gouvernement. Il y a quelques semaines, le mouvement rebelle laissant entendre qu'il claquerait la porte de toute négociation avec Kinshasa, au risque de reprendre les armes. Mais aujourd'hui, le CNDP se fait plus conciliant, puisqu'un prochain remaniement, en janvier 2010, devrait permettre l'arrivée d'ex-rebelles à des postes ministériels.

Logo CNDP.pngLe gouvernement congolais vient également de faire un pas vers l'ex rébellion, en acceptant de donner des emplois à tous les niveaux du gouvernement à d'anciens rebelles, en échange du démantèlement d'ici la mi-janvier des barrages routiers qu'ils ont érigés. Depuis le 23 mars dernier, plus de 15.000 ex-rebelles (dont les membres du Congrès national pour la défense du peuple), ont été officiellement placés sous le commandement de l'armée nationale congolaise (FARDC). Les ex-rebelles et l'armée ont ensuite uni leurs forces pour combattre des rebelles hutus rwandais (FDLR mais la mise en oeuvre complète de l'accord a pris du retard, suscitant des frustrations et des rumeurs de nouvelles hostilités. Le CNDP affirme avoir convenu avec le gouvernement "l'intégration politique des dirigeants du mouvement à tous les niveaux au cours du mois de janvier". En échange, les ex-rebelles acceptent de lever les barrages et l'administration parallèle qu'ils ont mis en place.

Depuis la fin des hostilités entre l'armée congolaise et le CNDP, son leader, Laurent Nkunda est actuellement assigné à résidence au Rwanda et le mouvement est désormais dirigé par le général Bosco Ntaganda, qui s'est rapproché de Kinshasa. Le gouvernement possède donc un intérêt stratégique et politique à intégrer ces ex-rebelles en son sein et à démanteler sur le terrain l'ancienne administration rebelle... espérant ainsi affaiblir tous foyers de contestation à l'Est du pays.

23 décembre 2009

RDC : La MONUC reconduite jusqu'au 31 mai 2010

C'est fait ! Le Conseil de sécurité des Nations unies vient de reconduire le mandat de sa mission en République démocratique du Congo (MONUC) pour cinq mois. Objectifs pour cette fin de mandat : "mieux protéger les populations civiles".

Logo MONUC.gifLe mandat de la MONUC prendra fin le 31 mai 2010, mais l'ONU espère le prolonger de 12 mois supplémentaires à partir de cette date. Les effectifs de la mission des casques bleus reste à son niveau actuel : 21.000 militaires et policiers. Il s'agit toujours de la plus importante force de paix de l'ONU actuellement déployée.

22 décembre 2009

RDC : Une société américaine accusée de financer la guerre

Le rapport des Nations-Unies est passé inaperçu. La société américaine Niotan vient d'être citée dans une note confidentielle pour avoir participé au financement de la guerre en République démocratique du Congo (RDC).

Afrikarabia logo.pngAvec plusieurs autres entreprises, Niotan Inc. est accusée d'avoir acheté de l'or et du coltan (minerai que l'on retrouve dans les téléphones portables) à des groupes rebelles en RDC, mais aussi à l'armée régulière congolaise (FARDC) dans l'Est du pays.

19 décembre 2009

RDC : 84 000 réfugiés ont fui Dongo

Le Haut Commissariat au Réfugiés de République démocratique du Congo (RDC) vient de publier ses premiers chiffres officiels concernant les réfugiés de Dongo. Ils sont à ce jour de 84 000 au Congo Brazzaville et de 7 500 en Centrafrique.

carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgLes réfugiés congolais de Dongo sont installés dans plusieurs villages du Congo Brazzavile, le long de la rivière Ubangi. Pour le HCR en République démocratique du Congo, "le plan de réponse humanitaire à cette situation est bien en marche avec quelques difficultés logistiques". Pourtant radiookapi.net note que sur le terrain, "certains réfugiés se plaignent de n’avoir pas reçu d’assistance depuis un mois et demi".

L'ONU communique également, que d’autres Congolais en provenance de Libenge, seraient en Centrafrique depuis le 15 décembre. La ville de Libenge est à 180 kilomètres au nord-ouest de Gemena, dans le district du Sud Ubangi. Ces réfugiés seraient au nombre de 7 500. La situation sécuritaire sur le terrain est encore confuse, alors que la MONUC et le gouvernement congolais affirment contrôler la zone.

Christophe Rigaud

RDC : Querelles chez les FDLR ?

Depuis l'arrestation du responsable politique des FDLR en novembre dernier, le mouvement de rébellion hutu semble plus que jamais divisé. Faut-il y voir un affaiblissement des rebelles rwandais à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? Pas certain.

Logo FDLR.jpgLe 17 novembre dernier, le responsable politique des Forces démocratiques de libération du Rwanda, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint, Straton Musoni sont arrêtés en Allemagne. La justice les soupçonne d'avoir coordonné des exactions commises entre janvier 2008 et juillet 2009 par leur mouvement sur le terrain, dans l'Est de la République démocratique du Congo.

Cette arrestation semble avoir accentué les clivages et les divisions internes au sein des FDLR, dont la composition a toujours été très hétérogène. On estime sur place, le nombre des combattants hutu entre 4.000 et 6.000... avec deux principales composantes : les FDLR-Foca (Forces Combattantes Abacunguzi), les plus nombreux et les FDLR-Rud (Ralliement pour l'Unité et la Démocratie).

Selon une enquête de la BBC, les FDLR-Rud sont nés "d'une dissidence de certains combattants qui contestent Murwanashyaka". Alors qu'au sein des FDLR-Foca, "des clivages claniques sont apparus autour de deux généraux qui les commandent". Selon l'ONU, l'arrestation d'Ignace Murwanashyaka "pourrait affaiblir le leadership des FDLR en RDC et créer une incertitude politique au sein du mouvement en plus de querelles internes". L'armée congolaise espère que cette "isolement relatif" des FDLR va inciter les modérés du mouvement à se rendre... mais pour l'heure, aucun désistement n'est à signaler.

Pour continuer d'affaiblir les FDLR, le gouvernement congolais souhaite que des mandats internationaux soient lancés contre des responsables des rebelles hutus rwandais installés en Europe et aux Etats-Unis et notamment en France, où le secrétaire exécutif du mouvement, Callixte Mbarushimana, se dit prêt à coopérer avec la justice.

17 décembre 2009

RDC : 47 morts au sud de Dongo

L'armée congolaise (FARDC) affirme avoir tué 47 insurgés au sud de Dongo, après la reprise de la ville par l'armée dimanche. Selon la MONUC, actuellement sur place, la résistance a été "assez importante". 150 000 personnes auraient quitté la zone.

carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgLes FARDC ont communiqué leur bilan, après la reprise de la ville de Dongo. L'armée régulière aurait tué 47 insurgés et eu 32 blessés dans ses propres rangs. Ce bilan n'a pas été confirmé par d'autres sources. Depuis fin octobre, de violents combats opposent un groupe de l'ethnie Lobala, mené par un féticheur, à celle des Bomboma. Le conflit s'est peu à peu propagé en directection de Gemena et Libenge. Une centaine de personnes ont été tuées au cours de l'attaque et plus de 150.000 ont fui les villages, au fur et à mesure de l'avancée des insurgés (appelés aussi "patriotes-résistants"). Depuis maintenant plus d'un mois, l'armée et la police congolaise, aidées par les casques bleus de la MONUC peinent à rétablir l'ordre.

Christophe Rigaud

RDC : La MONUC prend position à Gemena et Bozene

Les Casques bleus viennent d'installer une base opérationnelle temporaire à Gemena et Bozene. La situation semble donc sous contrôle dans cette province de l'Equateur, au nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Les violences ethniques en Equateur ont provoqué la fuite de 120 000 civils en majorité vers l’intérieur du pays et au Congo-Brazzaville voisin.

carte RDC Afrikarabia Gemena.jpgLe commandant des opérations militaires de la MONUC s’est rendu à Dongo, ville d'où sont parties les violences fin octobre. La situation est stabilisée, selon la MONUC et les casques bleus encouragent les populations à revenir.

14 décembre 2009

RDC : Dongo sous contrôle

L'ONU, par la voix de sa Mission en République démocratique du Congo (RDC), affirme que l'armée régulière congolaise (FARDC) a repris dimanche le contrôle de la ville de Dongo. Depuis fin octobre, cette localité du Nord-Ouest du pays, est victime de violences qui ont provoqué le départ de 115 000 réfugiés.

Dongo devait déjà être sous contrôle depuis plusieurs jours, selon le gouvernement congolais, mais visiblement cela n'est encore carte RDC Afrikarabia Dongo 2.jpgpas le cas. De nombreuses troupes de la police et de l'armée congolaise étaient sur place pour reprendre la main sur la rébellion, qui défie le pouvoir en place en RDC. Ce conflit sème le trouble dans la province de l'Equateur depuis la fin octobre de cette année.

RDC : Internet et la guerre à Dongo

Depuis fin octobre, il est difficile de savoir précisément ce qui se passe dans la province de l'Equateur (Nord-Ouest de la République démocratique du Congo). Une rébellion de "patriotes-résistants" affirme tenir tête à l'armée régulière de Kinshasa, mais cette guerre est sans image... ni sources fiables. Alors le combat médiatique se passe sur internet, à coup de guerre de communiqués. Un site s'enflamme pour les insurgés, celui de l'Apareco d'Honoré Ngbanda, mais aussi des radios comme Radio Lobiko ou Radio TV Bendele. Un seul problème : leurs informations sont invérifiables.

Image 1.pngDepuis la fin octobre 2009, un conflit, présenté comme "interethnique", secoue la province de l'Equateur en République démocratique du Congo (RDC). Les violences opposaient Enyele et Mozanya, le mouvement fait tâche d'huile et semble vouloir défier le pouvoir central à Kinshasa. Rapidement, un mouvement de "patriotes-résistants" envoie communiqués sur communiqués et revendique des victoires militaires sur le terrain. Relayée par le site d'Honoré Ngbanda, ancien chef du renseignement du maréchal Mobutu, la rébellion affirme avoir fait tomber la ville de Libenge, puis avoir capturé 25 000 tonnes d'armes à l'armée régulière ou tenir la ville de Bozene d'où s'exprime le chef des "patriotes-résistants", un certain Ambroise Lobala Mokobe.
Le site de l'Apareco prétend également que des soldats rwandais s'en prennent à la population de Gemena, que les tutsi du CNDP se préparent à proclamer la "République des Volcans", prémices à la balkanisation de la RDC. Toujours sur la toile, Radio TV Bendele appelle à envoyer de l'argent "en faveur des victimes" de Dongo, avec numéros de comptes à la BCI ou à la banque Halifax.

En face, le gouvernement congolais fait ce qu'il peut pour démentir toutes ces rumeurs, mais l'affluence de réfugiés à la frontière du Congo-Brazzaville ne rassure aucun observateur sur la situation sur place. 115 000 civils ont fui les combats du Nord-Ouest de la RDC et 77 000 d'entre eux se sont réfugiés au Congo-Brazzaville voisin.

Pour autant, de nombreux spécialistes de la région se pose la question : "rébellion ou manipulation ?". Difficile de faire la part des choses, mais un élément est certain : les "patriotes-résistants" cherchent à récupérer les violences de l'Equateur... espérant pouvoir en tirer un profit politique, le moment venu. Pour l'heure, la rébellion semble avoir un combat d'avance sur internet... faute d'informations précises et fiables des autorités congolaises.

NB : Selon les dernières informations en provenance de Dongo, la MONUC annonce que les FARDC ont repris la ville ce dimanche et en contrôleraient tous les accès. Mise à jour : lundi 14 décembre à 11h30.

Christophe Rigaud

RDC : Le MLC inquiet de la situation à Gemena

Perquisitions à la résidence de Jeannot Bemba... incidents avec les gardes de la résidence du sénateur Jean-Pierre Bemba, les derniers événements à Gemena (Nord-Ouest de la République démocratique du Congo) inquiètent le Mouvement de la libération du Congo (MLC). Le parti d'opposition congolais dénonce ces tentatives d'intimidations, alors que l'armée et la police congolaise "contrôlent" la zone.

Afrikarabia logo.pngSur le site de radiookapi.net, le témoignage de Jacques Ndjoli, sénateur du MLC, décrit plusieurs violations du droit de propriété : « depuis 24 heures, on voudrait relever la garde qui veille dans la résidence du sénateur Jean- Pierre Bemba et mettre des militaires venus pour les opérations de Dongo. Et cette situation nous inquiète parce qu’il s’agit d’un glissement que nous estimons dangereux. Ces opérations n’obéissent ni aux règles de droit, encore moins aux accords qui ont été pris après les élections »

Depuis le 4 décembre dernier, le général John Numbi, affirmait que des éléments de police étaient en partance pour Dongo, pour rétablir l’ordre dans la région. et non pas pour traquer. Le général Numbi n’avait pas toutefois précisé le nombre de ces éléments. Le même jour, le nouveau gouverneur de l’Equateur, annonçait le démarrage des opérations de de police.

D'après la MONUC, la police et les FARDC mènent déjà des opération armées dans le secteur de Dongo, avec l'appui logistique des casques bleus. Et toujours selon la MONUC, l'opération avait même déjà débuté à Gemena. Depuis le 9 décembre, la police patrouille effectivement dans la ville de Gemena et tiennent de nombreux barrages aux sorties de la ville. Une ville "sous contrôle" de Kinshasa donc, qui n'hésite pas à perquisitionner les résidences des Bemba père et fils, c’est ce que dénonce le MLC.

Christophe Rigaud

12 décembre 2009

RDC : Laurent Nkunda sera entendu le 13 janvier

Selon un communiqué provenant de la famille de Laurent Nkunda, la Cour suprême de Kigali aurait confirmé la tenue d'une audience, le 13 janvier 2010. Jusqu'à présent, toutes les demandes de remise en liberté du général rebelle étaient restées lettres mortes. Son cas sera donc examiné au cour de cette audience.

Image 1.pngPour Maître Bourgon, l’avocat canadien de Laurent Nkunda : « il est vraiment étonnant qu’une requête demandant la mise en liberté d’une personne qui serait détenue illégalement ne puisse être entendue d’urgence - vacances judiciaires ou pas – car toute violation du droit fondamental à la liberté mérite d’être entendue sans délai. Néanmoins, nous sommes très satisfaits puisque le 13 janvier, nous aurons l’occasion de plaider la cause de Laurent Nkunda devant le plus haut tribunal du Rwanda. Nous allons d’ailleurs tout faire pour que le plus grand nombre possible d’observateurs internationaux soient présents pour cette audience, qu’il s’agisse d’organisations non gouvernementales intéressées par les droits de l’homme ou d’États ».

Les avocats du général congolais rappellent "qu'à ce jour, aucun mandat d’arrestation, international ou autre, n’a été émis et aucune accusation n’a été portée contre Laurent Nkunda".

09 décembre 2009

RDC : Kabila envoie ses commandos à Dongo

Dongo est-elle sous contrôle comme l'affirme le gouvernement congolais ? Pas certain, si l'on en croit le récent envoi des commandos de l'armée de République démocratique du Congo (RDC) pour tenter de mettre fin aux violences qui ont éclaté fin octobre. 600 hommes, lourdement armés et fomés par des instructeurs belges sont arrivés sur zone, à environ 150 km de Dongo.

Carte de RDC.gifSur place, déjà 1000 hommes de la police nationale congolaise et 500 soldats des FARDC sont présents dans la région de Gemena. Alors que le gouvernement affirme tenir la situation en main, des "patriotes-résistants" innondent internet de communiqués victorieux. Ces derniers affirment même avoir fait tomber Libenge... sans preuves tangibles tant la situation est confuse sur le terrain.

En envoyant ses propres commandos mater la rébellion, Joseph Kabila espère mettre fin aux violences qui ont débuté les 29 et 30 octobre à Dongo, où des membres de la tribu Lobala (Enyele), auxquels se sont joints depuis d'anciens militaires, ont attaqué la tribu des Bomboma avant de s'en prendre à d'autres villages de la région, très isolée et difficile d'accès, couverte par la forêt équatoriale et des marécages. Ces violences ont fait au moins une centaine de tués, essentiellement à Dongo, à coups de machettes, par armes à feu, ou bien sont morts noyés en traversant le fleuve Oubangi, qui marque la frontière avec le Congo-Brazzaville. Une chose est sûre... la plus grande confusion règne sur place, où les informations dignes de foi se font rares.

Christophe Rigaud

RDC : La MONUC resterait 6 mois de moins

Le désengagment de l'ONU en République démocratique du Congo est-il commencé ? Ban Ki-moon semble apporter un début de réponse avec cette proposition de renouvellement de 6 mois des casques bleus de la MONUC et non pour 1 an comme cela était prévu.

Logo ONU.jpgLa Mission d'observation des Nations unies au Congo (MONU), compte actuellement 19.000 hommes et constitue l'opération de maintien de la paix la plus importante menée par l'ONU dans le monde. Mais dernièrement, le président congolais Joseph Kabila a publiquement souhaité le départ des casques bleus de son pays et l'ONU réfléchit donc à une stratégie de désengagement progressif en RDC. Joseph Kabila souhaiterait voir un plan de retrait à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays, l'année prochaine. Dans un rapport au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon propose donc que le mandat de la force onusienne soit prolongé jusqu'au 30 juin 2010. Le Conseil de sécurité doit se prononcer sur la question le 21 décembre.

05 décembre 2009

RDC : Les insurgés de Dongo contrôleraient Libenge

Difficile d'avoir des informations fiables en provenance du Nord-Ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Mais selon les insurgés de Dongo, des "patriotes-résistants" auraient pris le contrôle de la ville de Libenge, à la frontière de de la République Centrafricaine depuis le 4 décembre. Ces violences interethniques avaient débuté à Dongo à la fin du mois d'octobre 2009 et opposaient Enyele et Mozanya. Depuis, le mouvement fait tâche d'huile et semble vouloir défier le pouvoir central à Kinshasa.

Carte Libenge.pngIronie du sort, la ville de Libenge se trouve à une centaine de kilomètres de Gemena, où le président congolais, Joseph Kabila s'était rendu fin novembre pour inspecter les préparatifs de la contre-offensive conjointe de la police, de l’armée et des casques bleus de la MONUC. Joseph Kabila avait sommé ses troupes de «pacifier» Dongo. Depuis, la ville semble sous contrôle de Kinshasa, mais le mouvement insurrectionel prend de l'ampleur. La nouvelle de la chute de Libenge serait un signal d'alarme important pour le président Kabila. Une source militaire citée par congoindependant.com note "qu'il règne une atmosphère de désengagement pour ne pas parler de débandade au sein de l’armée". Motif : impayés, les militaires n’ont pas le cœur à aller faire le coup de feu. "Si la chute de Libenge était confirmée par des images, souligne-t-elle, le compte à rebours a commencé pour Joseph Kabila. Nombreux sont des soldats qui n’attendent qu’un signal. La lassitude est générale…".

Toutes ces informations sont évidemment à prendre avec la plus grande prudence. Les communiqués en provenance de Dongo sont en effet relayés par le site internet d'Honoré Nganda, ex-monsieur sécurité de Mobutu, alias "terminator" et spécialiste en manipulation sur internet.

RDC : Kabila prend ses distances avec l'Angola

L'événement est passé quasiment inaperçu. Joseph Kabila s'est séparé dernièrement d'Augustin Katumba Mwanke, secrétaire exécutif de l'AMP (Alliance de la majorité présidentielle). Ancien gouverneur du Katanga sous Mobutu, Katumba Mwanke était surtout une importante courroie de transmission entre Kinshasa et Luanda. Une démission qui intervient alors que Joseph Kabila se rapproche de plus en plus du Rwanda de Kagame, au détriment de son allié d'hier... l'Angola.

Image 1.pngLe départ d'Augustin Katumba Mwanke est également une des conséquences de la tension croissante entre Kinshasa et Luanda... et notamment le renvoie de milliers de Congolais d'Angola ainsi que la fermeture des liaisons aériennes en Luanda et Kinshasa depuis le 9 octobre. Autre facteur de tension : les réserves pétrolières angolaises gérées par Chevron-Texaco et Exxon revendiquées par la République démocratique du Congo (RDC).
Le refroidissement des relations entre la RDC et l'Angola se poursuit... validant ainsi le rapprochement programmé entre Kabila et Kagame.

02 décembre 2009

RDC : Nkunda sort du silence

Revoila Laurent Nkunda. Tout d'abord par la voix de ses avocats, qui ont annoncé avoir déposé une demande de mise en liberté auprès de la Cour suprême du Rwanda. Ensuite par voix de presse, le magazine "Jeune Afrique" a en effet retrouvé la trace du général rebelle congolais, à Kabuga, dans la banlieue de Kigali.

Image 1.png"Mon client a le droit de savoir les raisons pour lesquelles il a été arrêté, pourquoi il est détenu et combien de temps son incarcération illégale va durer", a déclaré son avocat, Stéphane Bourgon. L'avocat de Laurent Nkunda, a donc déposé une demande de mise en liberté auprès de la Cour suprême du Rwanda. Laurent Nkunda avait arrêté au Rwanda en janvier après s'est enfui de son pays, où il est accusé d'avoir commis une série de crimes pendant les cinq années de la rébellion CNDP qu'il a commandée dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Toutes les demandes précédentes étaient restées lettres mortes.

L'ex-général déchu réapparaît aussi dans les medias. C'est "Jeune Afrique" qui remet la main dessus. Selon l'hebdomadaire, Nkunda vit à Kabuga, colline culminant à 800 m d'altitude dans la banlieue est de Kigali, dans "une grande maison entourée d'arbres, quatre à cinq pièces, ni fauteuils ni canapés, mais des chaises en bois de fabrication locale". "La résidence est gardée par une douzaine de militaires, dont deux officiers, tous en civil", précise le magazine dans sa dernière édition. L'unique prisonnier, n'a le droit de communiquer avec personne, à l'exception de sa proche famille: sa femme, Elisabeth Maheshe Nkunda, et deux de ses six enfants.

Detenu dans un premier temps à Gisenyi (au Rwanda), il a été transféré le 26 mai vers Kigali. La RDC réclame son extradition (mais sans grande conviction) et son avocat, Stéphane Bourgon, a adressé plusieurs demandes de mise en liberté au président rwandais Paul Kagame. Pour le magazine, la détention de Laurent Nkunda, "relégué aux oubliettes", répondrait à une mystérieuse "raison d'Etat", citant des responsables rwandais et congolais.

27 novembre 2009

La RDC veut faire arrêter les leaders des FDLR

Certains pays, comme la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, abritent des hauts responsables des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Le ministre de la Communication et Médias de la République démocratique du Congo ( RDC), Lambert Mende, a appelé ces pays à interpeller les leaders des FDLR en lançant des mandats internationaux.

Drapeau RDC.gifA propos du rapport du groupe d’experts indépendants de l’ONU publié début novembre, Lambert Mende a demandé à l'Europe et aux Etats-Unis d’emboîter le pas à l’Allemagne, qui a procédé dernièrement à l’arrestation de deux hauts cadres des FDLR.

Ce rapport signale le recours par les FDLR à un réseau de financement et de soutien international dans plusieurs pays qui leur a permis de recevoir d’importantes cargaisons d’armes et de munitions en 2009. Le document stigmatise également des bases de recrutement et d’appui financier et matériel dans les pays voisins à la RDC. Le porte-parole du gouvernement congolais a également indiqué que "les infractions conduiront le gouvernement à entrer en contact avec tous les pays concernés pour une synergie destinée à éradiquer définitivement ces réseaux terroristes qui ensanglantent la RDC, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU". D'importants cadres des FDLR se trouvent actuellement en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

RDC : Les FDLR réfutent le rapport de l'ONU

Dans un rapport accablant, des experts de l'ONU dénonçaient un réseau d'aide international aux rebelles hutus rwandais des FDLR. Depuis l'Europe et les Etats-Unis, les Forces démocratiques de libération du Rwanda recevraient financement et soutien. Et sur place, le trafic de minerais permettrait d'acheter les armes. Dans un communiqué, envoyé depuis Paris, les FDLR rejettent catégoriquement l'ensemble des accusations du rapport d'experts de l'ONU... sans en apporter la moindre preuve.

Logo FDLR.jpgLes Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) nient tout en bloc : le réseau international de financement et de soutien, l'exploitation des minerais de la RDC... l'organisation rebelle estime le rapport "injuste". Les FDLR disent n'exploiter aucun minerais dans l'Est de la RDC et vivre "uniquement des cotisations de ses membres". Quand aux armes utilisées par les combattants rebelles, "sont celles qui ont été récupérées sur les ennemis défaits ou morts lors des différentes batailles", contre les armées congolaise et rwandaise, assure l'organisation à Paris. Les FDLR regrettent enfin un rapport qui tend "à criminaliser tous les Rwandais qui ne sont pas d'accord avec le régime" de Kigali.

Qui viendra pourtant à bout des Forces démocratiques de libération du Rwanda ? Il y a quinze ans, des dizaines de militaires et de responsables administratifs hutus rwandais fuyaient leur pays à la fin du génocide, un massacre majoritairement de Tutsis auquel, souvent, ils avaient pris part.
Accueillis à l’époque par les autorités du Zaïre (future RDC), ces hommes armés et leurs familles se sont réfugiés dans des camps à l’Est du Congo. Depuis, le scénario est immuable : tueries, viols, pillages pour plus de pouvoir et de terrains riches en ressources naturelles au Kivu. L’an dernier, les Forces armées de la République démocratique du Congo (l'armée régulière) ont lancé une opération militaire pour tenter de les en déloger appuyées par l'ONU. Une mission qui s’est révélée des plus difficiles. Dans un rapport rendu public, l’ONU estimait que la neutralisation des FDLR était en échec, car les rebelles hutus disposaient d’un réseau international de soutien.

Christophe Rigaud

26 novembre 2009

RDC : Les armes et l'argent des FDLR

Les rebelles hutu rwandais des FDLR, basés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) viennent de subir deux revers. Tout d'abord sur le terrain militaire, où ils doivent contenir les assauts répétés de l'armée régulière congolaise (FARDC), puis sur le terrain politique, avec l'arrestation ce mois-ci de leur chef en Allemagne. Affaiblis et traqués, les FDLR restent pourtant une importante menace pour la stabilité de la région des Grands Lacs. Et pour cause... un puissant réseau international finance les rebelles hutus et les armes proviennent de l'armée congolaise, selon des rapports d'experts mandatés par les Nations-Unies.

Image 1.pngDans ce rapport confidentiel, les experts pointent l'étendue du réseau à l'étranger de la rébellion hutu rwandaise des FDLR. Certains de ces rebelles, estimés entre 4.000 et 6.000 en RDC, ont participé au génocide de 1994 au Rwanda. Avec le temps, ces "génocidaires" réfugiés dans l'ex-Zaïre, ont été rejoints par de nouvelles recrues dans l'est de la RDC.

Le rapport note que les FDLR se sont dotés à l'étranger d'une structure politique non impliquée dans le génocide, de réseaux de soutien et de financement dans une vingtaine de pays, en Europe et aux Etats-Unis. D'importants virements d'argent et des communications téléphoniques ont été tracé par les experts... prouvant ainsi différentes livraisons d'armes pour le compte des FDLR.

Alors que le chef "politique" des FDLR, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint, Straton Musoni, ont été arrêtés le 17 novembre en Allemagne, où ils devraient répondre d'accusations de "crimes contre l'humanité" ; de hauts responsables des FDLR basés en France (comme Callixte Mbarushimana) le secrétaire exécutif du mouvement, n'ont toujours pas été inquiétés.

Ce rapport démontre aussi l'échec de l'opération militaire "Kimia II", contre les rebelles hutu. Les FDLR continuaient d'extraire d'importantes quantités d'or vers l'Ouganda, la Tanzanie et le Burundi, alors que l'armée congolaise et les casques bleus de la MONUC cherchait à les neutraliser. Des millions de dollars, qui servaient à soudoyer l'armée régulière congolaise pour acheter des armes. Et pour l'heure, la capacité de nuisance des rebelles hutu rwandais n'a pas vraiment été entamé.

Christophe Rigaud


24 novembre 2009

RDC : Le conflit congolais devant la CPI

Deux chefs de guerre de République démocratique du Congo (RDC) se retrouvent devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont accusés d'avoir dirigé en février 2003 l'attaque d'un village de la région de l'Ituri, alors que des groupes de combattants rivaux se battaient pour le contrôle des richesses de la région. Germain Katanga, 31 ans, commandait la Force de résistance patriotique. Mathieu Ngudjolo, 39 ans, dirigeait le Front intégrationniste national. Tous deux rejettent les sept chefs d'inculpation de crimes de guerre et les trois chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité retenus contre eux.

Germain Katanga.pngMathieu Ngudjolo Chui.pngLe procès conjoint de deux chefs rebelles congolais devant la Cour pénale internationale (CPI) "sera l'occasion pour les victimes d'atrocités commises dans le conflit armé en République démocratique du Congo de voir ces deux accusés répondre de leurs actes devant la justice", souligne Human Rights Watch. L'ONG américaine rappelle dans une récente note les différents enjeux du procès et les charges qui pèsent sur les deux accusés :

"La présence de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo sur le banc des accusés permettra enfin à leurs victimes de connaître toute la vérité sur les crimes à l'origine de leurs souffrances », a observé Param-Preet Singh, conseillère juridique auprès du Programme Justice internationale de Human Rights. « Ce procès servira par ailleurs à rappeler aux autres auteurs de violations des droits humains en Ituri et dans d'autres régions qu'ils risquent également de devoir répondre un jour de leurs actes devant la justice. »

Germain Katanga est l'ancien chef d'état-major de la Force de résistance patriotique en Ituri (FPRI), un groupe de milices de l'ethnie Ngiti. Mathieu Ngudjolo est quant à lui l'ancien chef d'état-major du Front nationaliste et intégrationniste (FNI), un groupe de milices de l'ethnie Lendu alliées au groupe de Germain Katanga. Les deux prévenus devront chacun répondre à sept chefs d'accusation pour crimes de guerre et à trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité , dont l'utilisation d'enfants soldats, l'esclavage sexuel, des viols et des meurtres lors d'une opération militaire à caractère ethnique menée au début de l'année 2003. Cette attaque avait visé le « nettoyage » des civils de l'ethnie Hema dans le village de Bogoro, dans le district de l'Ituri situé à l'est du Congo. Depuis 1999, un conflit ethnique armé opposant les milices de l'ethnie Lendu et Ngiti aux milices du groupe ethnique Hema avait fini par échapper a tout contrôle en Ituri.

Outre leurs dépositions en tant que témoins, certaines victimes pourront, en vertu des règles de la CPI, jouer un autre rôle dans le cadre du procès. Bien qu'elles ne soient pas parties dans les procédures, les victimes pourront participer au procès et exposer leurs « vues et préoccupations » lorsque leurs intérêts personnels sont concernés, pourvu que cette participation ne soit pas contraire aux droits de l'accusé et aux exigences d'un procès équitable. À ce jour, les juges ont estimé que près de 350 victimes pourront participer au procès de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo.

Le conflit en Ituri et les autres conflits à l'est du Congo mettent en lumière le rôle joué par les forces armées non congolaises dans la violence qui secoue cette région. L'Ituri en particulier est devenu un champ de bataille avec l'implication des gouvernements de l'Ouganda, du Rwanda et du Congo. Ces pays ont fourni une aide politique et militaire aux milices ethniques en Ituri et à d'autres groupes armés congolais, en dépit des nombreuses preuves de violations massives du droit humanitaire international commises par ces milices et groupes. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a exprimé à maintes reprises sa volonté de traduire en justice les principaux responsables des graves crimes commis au Congo.

« Le procureur de la CPI devrait veiller à ce que justice soit rendue en Ituri en concentrant ses efforts sur le rôle des hauts responsables congolais, rwandais et ougandais qui ont armé et soutenu les milices dans cette région », a souligné Mme Singh.

Bosco Ntaganda se trouve toujours dans l'est du Congo, où il continue de commettre de graves exactions. En novembre 2008, il a dirigé une attaque sur la ville de Kiwanja dans la province du Nord Kivu, qui a fait quelque 150 morts parmi la population civile. En janvier 2009, il a été nommé général dans l'armée congolaise, après que son groupe rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), eut accepté de renoncer à sa lutte armée et de rejoindre les forces gouvernementales.

L'État congolais a collaboré étroitement à ce jour avec la CPI. En 2002, le gouvernement du président Joseph Kabila a ratifié le Statut de Rome établissant la CPI. En avril 2004, le Congo a expressément demandé au tribunal d'ouvrir une enquête sur son territoire. Le procureur de la CPI a ouvert une première enquête en juin 2004 et le gouvernement congolais a ensuite aidé à l'arrestation et à l'extradition de MM. Lubanga, Katanga et Ngudjolo. Malgré cette coopération exemplaire, ce même gouvernement a refusé jusqu'à présent d'arrêter Bosco Ntaganda, en soutenant que son arrestation pourrait compromettre la paix déjà fragile dans le pays.

« Permettre à des criminels de guerre présumés tels que Bosco Ntaganda de diriger des troupes ne fait que donner le feu vert à ce dernier ainsi qu'à d'autres pour poursuivre leurs attaques contre la population civile », a déploré Mme Singh. « Le gouvernement congolais devrait arrêter Bosco Ntaganda, comme il l'a fait dans le cas d'autres chefs de guerre en Ituri. »

Des représentants des 110 États parties à la CPI doivent se réunir cette semaine à La Haye pour discuter des procédures de gestion et de surveillance de la CPI. Human Rights Watch a souligné l'importance d'une collaboration permanente des États et de leur soutien à la Cour sur le plan tant politique que financier, afin que celle-ci puisse s'acquitter efficacement de son mandat.
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23 novembre 2009

RDC : L' ex-milice du MLC impliquée dans les violences en Equateur

Depuis presque un mois, les violences entre communautés Lobala et Boba se poursuivent dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Ces affrontements ont déjà fait au moins une centaine de morts et 53.000 déplacés. Pour le ministre de l'Intérieur provincial, la rébellion "compte au moins 400 combattants démobilisés de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)".

Carte Mbandaka 2.pngSur le terrain, 8 000 habitants ont fui la ville de Buburu dont les locaux du HCR ont été détruits et le personel évacué. Des affrontements ont également eu lieu à Sabasaba, à 25 km au sud-est de Dongo, faisant une dizaine de morts.

Si on présentent ces violences entre les communautés Lobala et Boba, comme un conflit au sujet de la gestion d'étangs piscicoles, cette "insurrection populaire dépasse les limites d'un simple conflit d'étangs" pour le ministre provincial de l'Intérieur. Il indique également à l'Afp quil s'agit d'une "rébellion en gestation menée par au moins 400 combattants démobilisés pour la plupart de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)", principal parti d'opposition en RDC.

Pour Kinshasa, ces violences sont une "action de nettoyage ethnique criminelle". Et selon la MONUC, les responsables de ces groupes seraient "en train de recruter de jeunes gens, en leur proposant de l'argent". Pour l'heure, 53.000 personnes ont fui ces affrontements : 37.000 au nord du Congo-Brazzaville et environ 16.000 en RDC.

22 novembre 2009

RDC : La MONUC change sa stratégie contre les FDLR

En plein débat sur le "retrait progressif" des casques bleus en République démocratique du Congo (RDC), le chef de la MONUC, Babacar Gaye, veut instaurer de "nouveaux modes d'action" pour lutter contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Après 9 mois d'opérations sans véritables succès, les Nations-Unies veulent changer de méthodes.

Logo MONUC.gifLe responsable militaire de la MONUC, le général Gaye, affirme qu'il serait "pertinent d'évaluer la situation et de mettre en place de nouveaux modes d'action." Et de poursuivre : "plutôt que de se lancer dans des opérations de contre-guérilla, qui demandent des capacités, des moyens qui ne sont pas entièrement entre les mains des Forces armées de la RDC (FARDC), il vaut mieux contrôler les zones dans lesquelles les FDLR venaient habituellement se ravitailler.". Un changement de stratégique qui intervient en pleine polémique sur le retrait de la MONUC de RDC, où son action est vivement critiqué : manque de résultats et exactions multiples de l'armée régulière soutenue par les casques bleus. Une prise de conscience et un changement de cap qui intervient sous doute... un peu tard.

Christophe Rigaud