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06 février 2010

RDC-RWANDA : Un rapprochement pour rien ?

Après plus de 10 ans de conflits, la nouvelle alliance entre Kinshasa et Kigali pouvait laisser croire un retour à la paix au Kivu. En janvier 2009, un retournement d'alliance avait permis de neutraliser la rébellion de Laurent Nkunda, ancien allié du Rwanda et auourd'hui détenu par Kigali. Mais plus d'un an après, l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est toujours le théâtre de violents affrontements entre groupes armés. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, ce rapprochement est un échec.

Drapeau RDC 2.jpgDrapeau Rwanda.jpgDans un article publié par Alternatives Internationales (1), un chercheur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur l'année écoulée au Kivu depuis l'arrestation du rebelle Laurent Nkunda. Un brusque renversement de situation, où les ennemis d'hier sont devenus les alliés d'aujourd'hui... la RDC de Joseph Kabila s'est en effet rapprochée du Rwanda de Paul Kagame. Les deux pays se sont retrouvés sur des objectifs communs : la neutralisation de la rébellion de Nkunda et la traque aux rebelles hutus des FDLR au Kivu.

Thierry Vircoulon porte un jugement sévère sur le bilan de se rapprochement. Même si Laurent Nkunda a effectivement été arrêté et si des opérations conjointes de chasse aux FDLR ont été mis en place (Umoja Wetu et Kimia II), les résultats sont "loin d'être à la hauteur" pour le chercheur français. Selon Thierry Vircoulon, "la traque aux FDLR a tourné court (...) et cette échec militaire coïncide avec l'absence de progrès dans la très attendue normalisation politique". L'ancien mouvement de Laurent Nkunda, le CNDP, attend toujours son intégration dans l'appareil décisionnaire congolais et son entrée au gouvernement. L'incorporation des troupes rebelles au sein de l'armée congolaise (FARDC) est tout aussi virtuelle et le CNDP continue de faire la loi dans ses fiefs (Masisi et Rutshru).

Pour ce spécialiste de l'Afrique, "l'histoire bégaie dans les Kivus (...) le processus de paix s'apparente en définitive à une pièce de théâtre maintes fois rejouée dont ni l'intrigue ni les rôles n'ont changé".

Christophe Rigaud

(1) "RD Congo : l'histoire bégaie dans les Kivus". Thierry Vircoulon - Alternatives Internationales - Décembre 2009.

 

31 janvier 2010

RDC : Nkunda extradé en 2010 ?

Le 1er mars prochain, le Rwanda doit porter le cas du rebelle Laurent Nkunda devant la cour suprême de Kigali. Une carte décisive va se jouer dans la capitale rwandaise pour l'avenir de l'ex-général congolais. Pour le ministre de la Communication de la République démocratique du Congo (RDC), Lambert Mende Omalanga, "il y a des chances que le problème de transfert en RDC de Laurent Nkunda se règle en 2010".

Afrikarabia logo.pngLe gouvernement congolais estime que le transfert de Nkunda ne dépend pas de sa volonté mais de celle du Rwanda, mais Lambert Mende croit "que ce dernier va régler ce problème". La RDC, qui avait salué l’arrestation de Nkunda le 22 janvier 2010 par le Rwanda, avait alors exprimé sa volonté de le voir extrader en République démocratique du Congo. Laurent Nkunda avait récemment déclaré à la presse qu’il avait accepté d’être transféré en RDC et qu’il avait confiance à la justice congolaise.

Placé depuis en résidence surveillée à Gisenyi (ville rwandaise frontalière de la RDC), l’ex-général a été depuis transféré à Kigali... un transfert qui pourrait finir de "sceller" le rapprochement stratégique du Rwanda avec la République démocratique du Congo.

15 janvier 2010

RDC : Kouchner ne voulait pas passer la nuit à Kinshasa

La France devient la spécialiste des visites expresses en République démocratique du Congo (RDC). Le Ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, ne s'est pas attardé à Kinshasa, après s'être arrêté à Kigali pour renouer le dialogue avec Paul Kagamé. Selon le magazine L'express, alors qu'il était attendu à Kinshasa pour dîner, le ministre de Affaires étrangères à préféré repartir le soir même pour Brazzaville, son étape suivante.

Image 1.pngUn faux-bond de Kouchner qui n'est pas sans rappeler le voyage de Nicolas Sarkozy en RDC,  en mars dernier. Ce dernier n'avait pas, lui non plus pas souhaité s'éterniser à Kinshasa pour y passer la nuit... manque d'hôtels... de temps ... ou d'intérêt pour la RDC, Kinshasa ne semble pas retenir très longtemps les officiels français.


Christophe Rigaud

RDC : Désengagements en cascade dans le secteur minier

La révision des contrats miniers voulue par le gouvernement congolais fait-elle fuir les investisseurs du secteur ? Plusieurs entreprises minières viennent d’annoncer leur retrait ou leur désengagement en République démocratique du Congo (RDC).

Image 1.pngLe géant polonais de l’exploitation du cuivre KGHM vient en effet quitté la RDC début janvier. Après avoir investit 50 millions $ dans le secteur depuis 1996, KGHM affirme n’avoir trouvé aucun repreneur pour ses parts et décide donc de déserter la République démocratique du Congo. La société évoque également des problèmes d’insécurité dans le pays. Son personnel polonais avait déjà été rapatrié en mars dernier.

Autre mauvaise nouvelle pour l ‘économie congolaise, le désengagement partiel de Gem Diamonds de ses concessions en RDC. Cette entreprise d’extraction de diamants, cotée en bourse à Londres, vient de céder deux filiales à Kasai Resource Mining Ltd pour 3,8 millions $. Selon Africa Intelligence : « la décision de Gem Diamonds intervient dans un contexte délicat. Depuis deux ans, des rumeurs bruissent dans la province du Kasaï à propos d'une délocalisation massive de populations établies sur les concessions des sociétés minières. ». La crise économique et un effondrement du prix des matières premières a fortement fragilisé le secteur minier en RDC. Pourtant le pays reste l’un des plus gros pourvoyeur de minerais au monde.

06 janvier 2010

Attentat Habyarimana : Le rapport Mutzinzi désigne les responsables

Une imposante enquête rwandaise lève le voile sur l'attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana, qui donna le coup d'envoi au génocide de 1994. Durant 2 longues années, pas moins de 577 sont entendus par la commission de 7 personnes, présidée par Jean Mutzinzi, ancien président de la Cour suprême du Rwanda. Ce rapport sonne comme un démenti cinglant à l'enquête du juge Bruguière, qui avait conclu à la responsabilité du FPR. L'enquête de Jean Mutzinzi accuse en effet les extrémistes hutus d'être à l'origine de l'attentat et les Forces armées rwandaises (FAR) d'avoir abattu le Falcon présidentielle, le 6 avril 1994.

Image 1.pngDans ce rapport extrêmement détaillé, publié en exclusivité par Benoît Collombat sur le site internet de France Inter, la commission Mutzinzi révèle que "l’assassinat du président Habyarimana était programmé de longue date, dans le cadre d’un véritable « coup d’Etat » devant accompagner le génocide des tutsis, par les extrémistes hutus." Le rapport note également que "les tirs qui ont abattu l’avion sont venus du domaine militaire de Kanombe, où se trouve un camp de la garde présidentielle, contrôlée par les unités spécialisés des Forces armées rwandaises (FAR). C’est ce qu’expliquent d’anciens membres des FAR, des techniciens et des employés de l’aéroport ainsi que des militaires de la MINUAR (Mission des nations unies pour l’assistance au Rwanda) et de la coopération technique militaire belge. Une version validée par une équipe d’experts en balistique britanniques dans un rapport daté du 27 février 2009."

Plus intéressant encore, la commission Mutzinzi démontre que le génocide était bel et bien planifié : "le matin même du 6 avril 94, les fréquences de communication des FAR sont brusquement modifiées et la garde présidentielle est mise en alerte. Juste après l’attentat, comme si elles étaient déjà prêtes à entrer en action, les unités des FAR se sont immédiatement déployées au sein de l’aéroport (confisquant les registres de vols, coupant l’électricité et le téléphone), ainsi que dans les points stratégiques de Kigali, donnant ainsi le signal aux premiers massacres. Sans aucune explication, l’accès au lieu de l’attentat est tout de suite interdit à la MINUAR par la Garde présidentielle."

Vous pouvez consulter l'intégralité de ce rapport en exclusivité sur le site de France Inter en cliquant ICI.

22 décembre 2009

RDC-RWANDA : Il y a de l'eau dans le gaz

L'exploitation du gaz méthane du lac Kivu ranime les tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda voisin. Un Groupe d’experts, financé par la Banque mondiale, a été chargé d'étudier l’exploitation potentielle du gaz du lac Kivu, pour produire de l’électricité. Mais la RDC souhaiterait obtenir une plus grande part du gâteau... au grand dam du Rwanda.

Afrikarabia logo.pngD'après mediacongo, le rapport a suggéré de maintenir six blocs d’exploitation sur la rive congolaise du lac, mais le gouvernement de la RDC entend acquérir deux blocs supplémentaires, pour faire un total de huit. Une question se pose : où la RDC compte-t-elle obtenir les deux blocs supplémentaires ? Va-t-elle récupérer ces lots dans ceux du du Rwanda ?

Il faut souligner que pour l'heure, le gaz du lac Kivu est jusqu’ici exploité uniquement par le Rwanda. Mais une coopération existait. Albert Butare et Laurent Muzangisa, ministres rwandais de l’Energie et congolais des Hydrocarbures, se sont rencontrés en août dernier pour mettre sur pied un comité conjoint de direction. Une équipe a été chargée d’élaborer une étude de faisabilité concernant un projet conjoint de production de 200 MW d’électricité d’ici avril 2010. Cette accord sur l'exploitation du lac Kivu constitue la première difficulté à résoudre entre la RDC et le Rwanda depuis leur récent rapprochement diplomatique... un test pour Kinshasa et Kigali.

Christophe Rigaud

05 décembre 2009

RDC : Kabila prend ses distances avec l'Angola

L'événement est passé quasiment inaperçu. Joseph Kabila s'est séparé dernièrement d'Augustin Katumba Mwanke, secrétaire exécutif de l'AMP (Alliance de la majorité présidentielle). Ancien gouverneur du Katanga sous Mobutu, Katumba Mwanke était surtout une importante courroie de transmission entre Kinshasa et Luanda. Une démission qui intervient alors que Joseph Kabila se rapproche de plus en plus du Rwanda de Kagame, au détriment de son allié d'hier... l'Angola.

Image 1.pngLe départ d'Augustin Katumba Mwanke est également une des conséquences de la tension croissante entre Kinshasa et Luanda... et notamment le renvoie de milliers de Congolais d'Angola ainsi que la fermeture des liaisons aériennes en Luanda et Kinshasa depuis le 9 octobre. Autre facteur de tension : les réserves pétrolières angolaises gérées par Chevron-Texaco et Exxon revendiquées par la République démocratique du Congo (RDC).
Le refroidissement des relations entre la RDC et l'Angola se poursuit... validant ainsi le rapprochement programmé entre Kabila et Kagame.

29 novembre 2009

France-Rwanda : La fin de 3 années de brouille

La France et le Rwanda se reparlent après 3 années de brouille diplomatique. Paris et Kigali viennent de "rétablir leurs relations diplomatiques". Le gouvernement rwandais avait décidé de rompre ses relations avec Paris en 2006, notamment en raison de mandats d'arrêts internationaux lancés contre des proches du président rwandais Kagame. C'est la Belgique qui représentait depuis cette date la France auprès des autorités rwandaises.

images.jpgDrapeau Rwanda.jpgC'est Claude Guéant, le Secrétaire général de l'Elysée, qui s'est rendu à Kigali pour "officialiser" ce retour diplomatique. Depuis 2006, la France avait manifesté à plusieurs reprises sa volonté de renouer au plus vite des relations diplomatiques avec le Rwanda... sans succès. Mais des gestes d'ouverture de Paris ont reçu "un accueil favorable de la part des autorités rwandaises" avec lesquelles un dialogue direct a pu être rétabli, jusqu'à cette normalisation des relations entre les deux pays. Une nouvelle page de l'histoire entre la France et le Rwanda reste maintenant à écrire... notamment sur le dossier brûlant du Kivu avec son voisin, la République démocratique du Congo (RDC).

Christophe Rigaud

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24 novembre 2009

RDC : Le conflit congolais devant la CPI

Deux chefs de guerre de République démocratique du Congo (RDC) se retrouvent devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont accusés d'avoir dirigé en février 2003 l'attaque d'un village de la région de l'Ituri, alors que des groupes de combattants rivaux se battaient pour le contrôle des richesses de la région. Germain Katanga, 31 ans, commandait la Force de résistance patriotique. Mathieu Ngudjolo, 39 ans, dirigeait le Front intégrationniste national. Tous deux rejettent les sept chefs d'inculpation de crimes de guerre et les trois chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité retenus contre eux.

Germain Katanga.pngMathieu Ngudjolo Chui.pngLe procès conjoint de deux chefs rebelles congolais devant la Cour pénale internationale (CPI) "sera l'occasion pour les victimes d'atrocités commises dans le conflit armé en République démocratique du Congo de voir ces deux accusés répondre de leurs actes devant la justice", souligne Human Rights Watch. L'ONG américaine rappelle dans une récente note les différents enjeux du procès et les charges qui pèsent sur les deux accusés :

"La présence de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo sur le banc des accusés permettra enfin à leurs victimes de connaître toute la vérité sur les crimes à l'origine de leurs souffrances », a observé Param-Preet Singh, conseillère juridique auprès du Programme Justice internationale de Human Rights. « Ce procès servira par ailleurs à rappeler aux autres auteurs de violations des droits humains en Ituri et dans d'autres régions qu'ils risquent également de devoir répondre un jour de leurs actes devant la justice. »

Germain Katanga est l'ancien chef d'état-major de la Force de résistance patriotique en Ituri (FPRI), un groupe de milices de l'ethnie Ngiti. Mathieu Ngudjolo est quant à lui l'ancien chef d'état-major du Front nationaliste et intégrationniste (FNI), un groupe de milices de l'ethnie Lendu alliées au groupe de Germain Katanga. Les deux prévenus devront chacun répondre à sept chefs d'accusation pour crimes de guerre et à trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité , dont l'utilisation d'enfants soldats, l'esclavage sexuel, des viols et des meurtres lors d'une opération militaire à caractère ethnique menée au début de l'année 2003. Cette attaque avait visé le « nettoyage » des civils de l'ethnie Hema dans le village de Bogoro, dans le district de l'Ituri situé à l'est du Congo. Depuis 1999, un conflit ethnique armé opposant les milices de l'ethnie Lendu et Ngiti aux milices du groupe ethnique Hema avait fini par échapper a tout contrôle en Ituri.

Outre leurs dépositions en tant que témoins, certaines victimes pourront, en vertu des règles de la CPI, jouer un autre rôle dans le cadre du procès. Bien qu'elles ne soient pas parties dans les procédures, les victimes pourront participer au procès et exposer leurs « vues et préoccupations » lorsque leurs intérêts personnels sont concernés, pourvu que cette participation ne soit pas contraire aux droits de l'accusé et aux exigences d'un procès équitable. À ce jour, les juges ont estimé que près de 350 victimes pourront participer au procès de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo.

Le conflit en Ituri et les autres conflits à l'est du Congo mettent en lumière le rôle joué par les forces armées non congolaises dans la violence qui secoue cette région. L'Ituri en particulier est devenu un champ de bataille avec l'implication des gouvernements de l'Ouganda, du Rwanda et du Congo. Ces pays ont fourni une aide politique et militaire aux milices ethniques en Ituri et à d'autres groupes armés congolais, en dépit des nombreuses preuves de violations massives du droit humanitaire international commises par ces milices et groupes. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a exprimé à maintes reprises sa volonté de traduire en justice les principaux responsables des graves crimes commis au Congo.

« Le procureur de la CPI devrait veiller à ce que justice soit rendue en Ituri en concentrant ses efforts sur le rôle des hauts responsables congolais, rwandais et ougandais qui ont armé et soutenu les milices dans cette région », a souligné Mme Singh.

Bosco Ntaganda se trouve toujours dans l'est du Congo, où il continue de commettre de graves exactions. En novembre 2008, il a dirigé une attaque sur la ville de Kiwanja dans la province du Nord Kivu, qui a fait quelque 150 morts parmi la population civile. En janvier 2009, il a été nommé général dans l'armée congolaise, après que son groupe rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), eut accepté de renoncer à sa lutte armée et de rejoindre les forces gouvernementales.

L'État congolais a collaboré étroitement à ce jour avec la CPI. En 2002, le gouvernement du président Joseph Kabila a ratifié le Statut de Rome établissant la CPI. En avril 2004, le Congo a expressément demandé au tribunal d'ouvrir une enquête sur son territoire. Le procureur de la CPI a ouvert une première enquête en juin 2004 et le gouvernement congolais a ensuite aidé à l'arrestation et à l'extradition de MM. Lubanga, Katanga et Ngudjolo. Malgré cette coopération exemplaire, ce même gouvernement a refusé jusqu'à présent d'arrêter Bosco Ntaganda, en soutenant que son arrestation pourrait compromettre la paix déjà fragile dans le pays.

« Permettre à des criminels de guerre présumés tels que Bosco Ntaganda de diriger des troupes ne fait que donner le feu vert à ce dernier ainsi qu'à d'autres pour poursuivre leurs attaques contre la population civile », a déploré Mme Singh. « Le gouvernement congolais devrait arrêter Bosco Ntaganda, comme il l'a fait dans le cas d'autres chefs de guerre en Ituri. »

Des représentants des 110 États parties à la CPI doivent se réunir cette semaine à La Haye pour discuter des procédures de gestion et de surveillance de la CPI. Human Rights Watch a souligné l'importance d'une collaboration permanente des États et de leur soutien à la Cour sur le plan tant politique que financier, afin que celle-ci puisse s'acquitter efficacement de son mandat.
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22 novembre 2009

RDC : La corruption se porte bien

Chaque année, Transparency International traque la corruption sur toute la planète. En 2009, la République démocratique du Congo (RDC) figure toujours parmi les pays les plus corrompus d'Afrique, malgré de minces efforts. La RDC se place en 38ème position sur les 47 pays de l'Afrique subsaharienne concernés par l'enquête et au 162ème rang mondial.

Image 2.pngLa RDC se situe sur la liste des pays disposant de nombreuses ressources mais qui ont obtenu un score inférieur ou égal à 2/10 sur l'indice de corruption. Comme l'Angola, la République démocratique du Congo, la Guinée, le Tchad et le Soudan, "ces pays disposent d'un potentiel qui leur permettrait de générer d'importants revenus et de fait, d'améliorer leur développement social, ils n'ont pas su mettre à profit leur richesses pour instaurer des programmes de réduction durable de la pauvreté ", note l'ONG Transparency International. "Au lieu de cela, l'existence de niveaux élevés de corruption au sein des industries d'extraction contribue systématiquement à engendrer stagnation économique, inégalités et conflits". Pour Tranparency International, "même si par comparaison avec d'autres pays de la région, certains Etats semblent améliorer leur score ou leur classement, il faut souligner que ces changements ne reflètent pas une amélioration réelle et durable de l'obligation de rendre des comptes au niveau local. En Afrique subsaharienne, les défis à relever dans la lutte contre la corruption restent d'actualité.3

Parmi les bons élèves figure le Botswana, le pays le mieux noté dans la région. Il occupe la 37ème place sur le plan mondial avec ses 5,6./10. Le rapport de Transparency International reconnaît tout de même que les gouvernements de la région fournissent des efforts pour endiguer la corruption malgré leur inefficacité. " Il est évident que de nouveaux engagements doivent être pris afin de mettre en œuvre des réformes et des législations anti-corruption et d'introduire des mesures préventives, y compris des programmes d'éducation " propose Transparency International.

17 novembre 2009

RDC : Les FDLR décapités

Coup dur pour les rebelles hutus des FDLR. Son chef politique, Ignace Murwanashyaka et son second, Straton Musoni, viennent d'être arrêtés en Allemagne, soupçonnés de crimes de guerre et contre l'humanité.

Image 1.pngA 46 ans, Ignace Murwanashyaka est à la tête les FDLR depuis 2001 et vit depuis 1989 en Allemagne. Il est soupçonné, avec son adjoint, d'avoir coordonné des exactions commises entre janvier 2008 et juillet 2009 par les FDLR, qui regroupent quelque 5.000 rebelles hutu rwandais installés dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), à la région frontalière du Rwanda.

Ce coup porté aux FDLR survient alors que ce mouvement politico-militaire est l'objet d'une pression diplomatique et militaire croissante dans le cadre du processus de Nairobi, lancé en novembre 2007 par la RDC et le Rwanda. Ce processus, soutenu par l'ONU, l'Union européenne et les Etats-Unis, vise le désarmement de gré ou de force de ces rebelles, puis leur rapatriement. Dans ce cadre, l'ONU encourageait vivement l'Allemagne à agir.

Les FDLR, dont le chef militaire est le général Sylvestre Mudacumura, ont été créées en 2001. Kigali accuse certains de ses membres d'avoir pris part au génocide de 1994, qui a surtout visé la minorité tutsi du Rwanda et fait près de 800.000 morts selon les Nations-Unis.


09 novembre 2009

Centrafrique : Patassé candidat en 2010

La déclaration D'Ange-Félix Patassé à la presse présidentielle centrafricaine est sans équivoque : "je réaffirme ici que je serai candidat à la présidentielle de 2010". Quelques semaines après son retour de 7 ans d'exil au Togo, Ange-Félix Patassé est décidemment prêt à prendre sa revanche pour les prochaines élections.

republique-centrafricaine.jpgAnge-Félix Patassé s'est entretenu avec françois Bozizé, le président actuel. "Nous nous félicitons, lui et moi, de cette ambiance fraternelle. Nous avons été directs et clairs, on s'est parfaitement compris. C'est ce que j'ai souhaité en retournant au pays", a ajouté l'ancien président. Ange-Félix Patassé avait annoncé fin août son intention de revenir dans son pays pour y disputer la présidentielle. Il a présidé la Centrafrique de 1993 à mars 2003, quand il a été renversé par le général François Bozizé. A 72 ans, Ange-Félix Patassé a été exclu en juin par son parti, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), qui a désigné l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé comme candidat à la présidentielle.

Alors qu'Ange-Félix Patassé revient en Centrafrique pour se présenter aux élections présidentielles 2010, Jean-Pierre Bemba doit regarder ce spectalce avec circonspection. Accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour des actes commis par ses troupes venues en aide au Président Patassé en 2003, Jean-Pierre Bemba attend son procès au fond d'une prison de La Haye, alors que Patassé n'est nullement inquièté par la justice internationale. Ironie du sort, Jean-Pierre Bemba ne pourra vraisemblablement pas se présenter aux prochaines élections présidentielles en RDC, prévues en 2011.

Christophe Rigaud

31 octobre 2009

RDC : Kinshasa sauve une fois de plus le soldat Ntaganda

Le gouvernement congolais ne remettra pas à la Cour pénale internationale (CPI) l'ex-chef rebelle Bosco Ntaganda, recherché pour crimes de guerre. Son porte-parole, Lambert Mende, précise que "les chicaneries autour des poursuites à engager sans délai sont de nature à infliger à ce pays fragile un remède pire que le mal". Pour Kinshasa, livrer Ntaganda compromettrait les chances de paix au Kivu. Ntaganda sauve sa tête une fois de plus... jusquà quand ?

Image 3.pngLe président Joseph Kabila avait prévenu : "la paix et la sécurité du Nord-Kivu passent avant toute chose", quitte à protéger un criminel de guerre. Depuis le début de l'année les pressions de la communauté internationale se sont multipliées, demandant au gouvernement de République démocratique du congo (RDC) de leur remettre Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégré au grade de général dans l'armée congolaise. Officiellement assigné à des fonctions non opérationnelles, en réalité Ntaganda est un des responsables de la campagne Kimya II, engagée par les forces armées congolaises (FARDC) contre les rebelles hutus encore présents au Kivu.

30 octobre 2009

Biens mal acquis : "Champagne pour les malfaiteurs franco-africains !"

L'expression est de William Bourdon, avocat de l'ONG Sherpa, une des deux associations à l'origine de la plainte sur les "biens mal acquis". La cour d'appel de Paris vient en effet de juger irrecevable la plainte déposée en 2008 par Transparency International. Elle a refusé qu'un juge d'instruction enquête sur l'affaire des "biens mal acquis" présumés par les présidents du Gabon, du Congo, de Guinée Equatoriale et de leur famille.

Image 1.png"Aujourd'hui, c'est champagne pour l'association de malfaiteurs franco-africaine qui organise les pires profits du pillage des deniers publics africains" selon William Bourdon. La cour d'appel de Paris a en effet annulé une décision d'enquêter sur les biens détenus en France par trois présidents africains. La cour juge irrecevable la plainte déposée en décembre par l'ONG anti-corruption Transparency International pour "recel de détournement de fonds publics".

Le dossier vise les biens détenus par la famille d'Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzavile) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). L'enquête de police de 2007 avait pourtant recensé en France 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus par Omar Bongo et ses proches, 24 propriétés et 112 comptes bancaires pour la famille Sassou-Nguesso, et des limousines de luxe achetées par la famille Obiang. Selon Tranparency International, "ces biens n'ont pu être acquis qu'avec de l'argent détourné". Pour les avocats de ces présidents, ou anciens présidents africains, les choses ne sont pas aussi simples : "le responsable de la Guinée Equatoriale n'avait pas de biens en France et il était visé", explique l'avocat d'Obiang. Pour les avocats d'Ali Bongo (le fls) et nouveau président du Gabon : "Ali Bongo n'est pas propriétaire de biens immobiliers en France". Transparency International compte se pourvoir en cassation.

Voici, pour mémoire, la liste des "biens mal acquis" par les 3 familles visées par l'enquête :

GABON
Ancienne colonie française, le Gabon est le quatrième producteur de pétrole de l'Afrique sub-saharienne. Son ancien président Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967, est mort en juin et son fils Ali a été élu en août à son poste. L'avocat de ce dernier assure qu'il ne possède rien en France.
La famille Bongo compte 39 propriétés dans les beaux quartiers de Paris et sur la Côte d'azur, 70 comptes bancaires (dont 11 étaient détenus par Omar Bongo) et au moins neuf véhicules de luxe qui valent environ 1,5 million d'euros, dont certains payés avec des chèques du Trésor public gabonais, comme celui de 390.795 euros signé le 5 février 2004 par l'épouse du président pour l'achat d'une voiture de luxe Maybach 57.


CONGO-BRAZZAVILLE
Ancienne colonie française, le Congo-Brazzaville, cinquième producteur de pétrole d'Afrique sub-saharienne a été dirigé par Denis Sassou Nguesso de 1979 à 1992. Battu aux élections, il est revenu en 1997 après une guerre civile.
La police a recensé 24 propriétés, 112 comptes bancaires et un véhicule d'une valeur de 172.321 euros.


GUINÉE ÉQUATORIALE
Ancienne colonie espagnole, la Guinée équatoriale, troisième producteur de pétrole d'Afrique sub-saharienne, est dirigé par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo depuis un coup d'Etat en 1979.
La police a découvert un logement, propriété de son fils Teodorin, qui est ministre de l'Agriculture. Une série de voitures de luxe sont évaluées à 4.2 million euros, deux Ferrari, une Maybach, deux Bugatti, une Rolls Royce Phantom and deux Maserati.


Christophe Rigaud

23 octobre 2009

RDC-ANGOLA : Vers une guerre du pétrole ?

Les incursions de l'armée angolaise en République démocratique du Congo (RDC) se suivent... et se ressemblent. Des soldats angolais occupent depuis quelques jours le territoire de Tshela, au Bas-Congo, à 200 km à l'ouest de Matadi. Des ONG locales demandent une réaction du gouvernement congolais... en vain pour le moment.

Image 1.pngLes villages de Mbata Yema et Kata Kangu ont été vidé de leurs habitants. La population a fui les incursions répétées de l’armée angolaise. Des militaires angolais patrouillent régulièrement dans cette zone, a indiqué une ONG locale. Selon l'Unapadec, "les villageois ne vont plus dans leurs champs depuis plus d’une semaine, par crainte de la présence des militaires angolais. Ces soldats ont installé leur campement précisément dans les forêts des villages Kata Kangu et Kikwango Mbemba". Ces incursions armées à répétition au Bas Congo affectent la production agricole. "Celle-ci a diminué et déjà la malnutrition s’installe", selon un responsable de l’Unapadec.

Vendredi, radiookapi.net essaie de joindre des hauts responsables du gouvernement congolais, qui affirment "n’avoir pas reçu de rapport sur une quelconque incursion des soldats angolais dans la province du Bas Congo, promettant toutefois de vérifier cette information". Ces responsables congolais veulent d'abord vérifier les faits sur le terrain, "il y a tellement des rumeurs qui circulent dans ce pays".

Depuis février 2007, les incursions angolais se suivent à rythme régulier. Le conflit frontalier qui oppose l'Angola à la RDC est abordée en octobre 2007, où des experts congolais, angolais, portugais et belges se retrouvent à Bruxelles pour traiter le dossier. En mars 2009, une autre incursion angolaise est signalée dans les villages de Sava Ina et Kuzi.

Les raisons du conflit sont à chercher dans l’exploitation du pétrole aux larges de l’océan Atlantique. L’Angola ne semble pas apprécier la délimitation des espaces maritimes de la RDC. Une mission permanente de l’Angola auprès des Nations unies l’a fait savoir : "le gouvernement angolais rejette la délimitation unilatérale de toutes les zones maritimes, y compris le plateau continental et demande l’application des règles du droit international, et l’application de la jurisprudence internationale en la matière ". Seule une vraie négociation bilatérale entre la RDC et l'Angola peut maintenant éviter le pire : l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest, entre la RDC et l’Angola.

Christophe Rigaud


11 octobre 2009

RDC : Premières représailles angolaises

L'Angola vient de suspendre les vols de sa compagnie aérienne nationale (TAAG) vers la République démocratique du Congo (RDC). Voici sans aucun doute les premières représailles de Luanda face à l'expulsion de milliers d'Angolais en situation irrégulière en RDC. Expulsion, qui faisait elle-même suite à une mesure similaire prise par Kinshasa.

Drapeau Angola.gifPour le journal 'Le Palmarès', " la tension est encore montée d'un cran entre les deux voisins aux relations parfois tendues. Pour anodin que cela puisse paraître, le geste constitue tout un message dans le cadre de la diplomatie ". Le gouvernement angolais avait exprimé son inquiétude, face à la décision des autorités congolaises d'expulser, sans distinction, des Angolais qui résident légalement sur leur territoire, dont bon nombre depuis plusieurs décennies.

Le ministre des Relations extérieures, Assunçao dos Anjos, expliquait qu'"il a été décidé de suspendre les vols de la compagnie aérienne angolaise (TAAG) à destination de la RDC jusqu'à la clarification de la situation". Kinshasa avait annoncé fin septembre avoir entamé une opération d'expulsion de clandestins, notamment originaires d'Angola, de la province du Bas-Congo (sud-ouest). Cette mesure avait été prise en réponse à l'expulsion de plusieurs milliers (de 16 000 à 25 000 selon les sources) ressortissants congolais en séjour illégal en Angola, en provenance "majoritairement" de l'enclave du Cabinda.

06 octobre 2009

Rwanda : Le "boucher de Butare" sous les verrous

Idelphonse Nizeyimana, l'un des principaux oraganisateurs présumés du génocide de 1994 au Rwanda, vient d'être arrêté à Kampala, la capitale ougandaise. Après 15 ans passés dans les forêts de République démocratique du Congo (RDC), Nizeyimana a été interpellé par des agents d'Interpol avec un faux passeport.

Logo TPIR.jpgIdelphonse Nizeyimana est détenu dans la capitale ougandaise et doit maintenant être transféré au TPIR à Arusha, en Tanzanie. Il était recherché pour génocide, complicité de génocide, ainsi qu'incitation directe et publique à commettre un génocide. Une prime de cinq millions de dollars avait d'ailleurs été mise sur sa tête par les États-Unis.

D'après le TPIR, Nizeyimana et d'autres suspects étaient à l'origine des listes d'intellectuels et de responsables tutsis pour des exécutants du génocide. Il aurait également établi des barrages routiers où des Tutsis furent massacrés, et il aurait fourni des armes ainsi que des moyens de transport aux miliciens. L'homme est accusé d'être l'un des principaux protagonistes et exécutants des massacres dans la préfecture de Butare, dans le sud du Rwanda, où on le surnommait « le boucher de Butare ».

On se souvient qu'en août dernier, l'ex-maire de Kivuma, Grégoire Ndahimana avait lui aussi été arrêté après 15 années de fuite. Onze autres suspects importants sont toujours activement recherchés.

Christophe Rigaud

20 septembre 2009

La RDC transfert Ndahimana... en attendant Nkunda

Le geste est fort. La scène se passe ce dimanche à l'aéroport international de Kinshasa (RDC). Grégoire Ndahimana, un des présumés génocidaires rwandais, vient d'être tranféré au Tribunal pénal international (TPIR) d’Arusha. Accusé d'avoir massacré au moins 2.000 Tutsis rwandais durant le génocide de 1994, Grégoire Ndahimana avait été arrêté le mois dernier par des soldats congolais. Le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) semble toutefois attendre "un retour d'ascenseur", selon les propres termes du porte-parole congolais Lambert Mende. Tous les yeux semblent se tourner vers Laurent Nkunda, que la RDC voudrait voir transférer à Kinshasa pour le juger.

Afrikarabia logo.png"Nous souhaitons que tous les pays qui ont dans leur territoire des personnes répondant au profil de M. Ndahimana fassent de même», a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende sur Radiookapi.net. Quand à Laurent Nkunda, Mende répond que "c’est une question à laquelle les autorités rwandaises pourront apporter une réponse. Mais, en plus du Rwanda, il y a d’autres pays européens qui hébergent des personnes coupables d’atrocités et de crimes qui se déroulent maintenant. Et donc, autant que le Rwanda, il faut également interpeller ces pays pour que chacun y mette du sien. Nous attendons donc un comportement de réciprocité de la part de tous les pays qui hébergent encore des génocidaires ou présumés génocidaires ou encore des criminels ou présumés criminels qui ont été ou sont poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.»

Christophe Rigaud

21:22 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rwanda, onu, rdc, kivu, nkunda, goma, fardc, cndp, guerre

19 septembre 2009

Rwanda : L’étau se resserre autour du capitaine Barril

Des mercenaires français étaient-ils présents au Rwanda, en plein génocide, aux côtés des extrémistes hutu ? C’est ce que semble révéler le témoignage de Georges Ruggiu aux enquêteurs du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) dès 1999. Ce document, inexploité par la procédure judiciaire, ressort aujourd’hui dans une enquête menée par Benoît Collombat sur France Inter. Dans ce document, Georges Ruggiu, animateur à la RTLM et condamné à 12 ans de prison pour ses appels à massacrer les tutsi, révèle également la présence du capitaine Paul Barril, l’ancien gendarme de la cellule élyséenne. Dans Charlie Hebdo, Barril se retrouve aussi au cœur de l’événement qui a donné le coup d’envoi des massacres : l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana. Barril s’était en effet répandu dans les médias pour affirmer que les tutsi du FPR étaient à l’origine de l’attentat… thèse anéantie par les récentes révélations de Richard Mugenzi (voir AFRIKARABIA du jeudi 17 sept 2009).

Dans les documents consultés par Benoît Collombat (visibles ici), Georges Ruggiu raconte dans quelles circonstances il rencontre ces « militaires/mercenaires » à Kigali, puis à Gisenyi. « Ces militaires là (…) je les considérais comme des mercenaires. Bon, ça veut dire que c’est des gens qui sont entraînés et qui sont adaptés et qui ont des connaissances pour faire la guerre. » Ruggiu poursuit : « je parle ici des soldats blancs français, 4. Ils sont arrivés un petit peu avant ou un petit peu après le bombardement de la RTLM (avril 1994), dans cette période-là, ils sont arrivés au Camp Kigali et sont restés au Rwanda (…) jusqu’au lendemain de la prise de Kanombe, c'est-à-dire le jour où (…) je me suis rendu à Gisenyi. Je les ai rencontrés là-bas moi-même à Gisenyi et ils étaient sur le chemin du retour. »

Des mercenaires donneurs d'ordres

Témoignage Ruggiu 1.pngPlus loin, Georges Ruggiu raconte comment ces mercenaires collaboraient avec des extrémistes hutus, et particulièrement Augustin Bizimungu, chef d’état-major de l’armée rwandaise et Gratien Kabiligi, chef des opérations militaires de l’armée rwandaise. Plus grave encore, selon Ruggiu,les mercenaires donnaient des ordres aux soldats rwandais. « Ces militaires avaient travaillé avec les généraux Bizimungu et Kabiligi (…) ça devait manifestement être des gens qui étaient relativement haut placés, ce n’était pas des militaires qui étaient habitués à se mêler en soldat, même quand ils étaient au camp Kigali, ils donnaient des ordres aux soldats (…)je savais avec qui avaient travaillé ces gens là (…) ça n’était pas tout à fait n’importe quel militaire non plus. Ce n’était pas des petits soldats. (…) Ils ne circulaient qu’avec les généraux Kabiligi et Bizimungu (…) A part être au mess des officiers et dans le bureau de l’état-major, je ne les ai jamais vus ailleurs en ville »

Des entraînements supervisés par les mercenaires

Témoignage Ruggiu 2.pngToujours à propos de ces « mercenaires qui parlent français », Georges Ruggiu affirme que ces soldats « sont allés organiser des entraînements de militaires au camp Bigogwe. Et pas n’importe quel type d’entraînement, des entraînements de militaires CRAP (…) ça signifie commando de recherche et d’action en profondeur. Et le militaire qu’ils avaient assigné à mon escorte, pour lequel ils avaient demandé qu’on assigne à mon escorte, était une de ces personnes-là. Plus tard, le général Kabiligi décidera d’utiliser ces militaires à notre usage et affectera à mon escorte (…) un simple soldat. »

Des mercenaires « envoyés par Barril »


Dans ces enregistrements réalisés par le TPIR et jamais versés à la procédure, Georges Ruggiu évoque Paul Barril : « plus tard, quand je serai à Nairobi, c'est-à-dire en 95, je vais rencontrer quelqu’un qui va me reparler de ces militaires français, c’est un avocat belge qui était venu à Nairobi, c’est pas besoin de l’identifier plus que ça et qui va me dire que ces militaires français étaient envoyés par le capitaine Barril. » Paul Barril se cache-t-il derrière la présence sur le sol rwandais de mercenaires français ? A entendre Ruggiu, cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

Contrat P. Barril 1.pngPour Charlie Hebdo également : Barril est bien mêlé à des « actions secrètes » au Rwanda, avant, pendant et après le génocide ( enquête du 9 et 16 sept 2009). Le 28 mai 1994, en plein embargo de l’ONU, le capitaine Barril signe en effet à Paris un contrat d’assistance avec le gouvernement rwandais stipulant que « 20 hommes spécialisés » équipés de « grenades », « grenades à fusil », d’ « obus et mortiers » devront « former et encadrer sur le terrain les hommes mis à leur disposition ». Le contrat se négocie à plus de 3 millions de dollars.

Enfin, un mois plus tard une lettre manuscrite du colonel Rosier (voir Charlie Hebdo du9 sept 2009), commandant un détachement français dans le cadre de l’opération Turquoise, mentionne une entrevue avec les ministres rwandais de la défense et des affaires étrangères. Devant la réponse négative de Rosier à une demande d’aide en munitions d’artillerie, les rwandais lui rétorquent qu’ils auront « recours à des mercenaires. » Et Rosier de noter : « capitaine Barril contacté ».

Où était Paul Barril le 6 avril 1994 ?

La présence du super-gendarme de l’Elysée est donc attestée par plusieurs sources. Reste à connaître son rôle exacte dans les événements qui secouèrent le Rwanda en 1994 et notamment concernant l’attentat du 6 avril qui déclencha les massacres. En 1999, Paul Barril expliquait aux enquêteurs que « l’attentat a été conçu, programmé et exécuté par le FPR » de Paul Kagamé (actuel président du Rwanda). Depuis les révélations de Richard Mugenzi par le journaliste Jean-François Dupaquier, nous savons que cela est faux (voir AFRIKARABIA du jeudi 17 sept 2009). Où était donc le capitaine Paul Barril le 6 avril 1994, date de l’attentat contre Habyarimina ? La question, reste pour le moment sans réponse.

Christophe Rigaud

17 septembre 2009

Attentat Habyarimana : Le témoignage vidéo de Richard Mugenzi

Le 31 mai 2009, le journaliste Jean-François Dupaquier recueille à Kigali le témoignage de Richard Mugenzi, témoin clé dans l'affaire de l'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, qui avait déclenché le génocide des Tutsi en 1994. Richard Mugenzi remet en cause la version du juge Bruguière selon laquelle les rebelles tutsi de Paul Kagame étaient accusés d'avoir abattu l'avion présidentiel. Voici en exclusivité pour AFRIKARABIA les premiers extraits vidéos de ce témoignage et l'interview de son auteur, Jean-François Dupaquier.

Richard Mugenzi, ex-opérateur radio de l'armée rwandaise est l'un des principaux témoins de l'enquête du juge Jean-Louis Bruguière sur l'attentat contre l'avion du président rwandais en 1994. Pour le juge français, Richard Mugenzi avait "personnellement intercepté" et "retranscrit" des messages des rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR). Un des messages félicitait "l'escadron renforcé" auteur de l'attentat du 6 avril 1994, contre l'avion du président Habyarimana. Les rebelles tutsi se retrouvaient donc accusés d'avoir abattu l'avion présidentiel et donc d'avoir "déclenché" le génocide. Selon la nouvelle version de Richard Mugenzi, les messages interceptés lui étaient dictés par ses supérieurs, des extrémistes hutus. Des révélations qui fragilisent la thèse du juge Bruguière.

 

Question : Jean-François Dupaquier, dans quelles conditions avez-vous recueilli le témoignage de Richard Mugenzi ?

Jean-François Dupaquier : Retrouver Richard Mugenzi n’a pas été facile, et je remercie le juge Bruguière de m’y avoir involontairement aidé. Voici dans quel contexte : depuis plusieurs années je travaille à la rédaction d'un livre sur les origines du génocide de 1994 qui a vu l'extermination d'environ un million de Tutsis et de nombreux Hutus démocrates. Aussi bien comme journaliste-écrivain que comme témoin expert et consultant auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, tribunal chargé depuis 1994 d’identifier et de juger les principaux « génocidaires »), j'ai un accès relativement aisé aux audiences publiques du tribunal à Arusha (Tanzanie). Le procès le plus remarquable est celui où ont comparu ensemble le colonel Théoneste Bagosora, considéré comme l'architecte du génocide, et de plusieurs officiers supérieurs rwandais dont son bras droit, le colonel Anatole Nsengiyumva.

J’ai été impressionné par la longue déposition en 2002 d'un homme dont l'identité était l'objet d'une protection extraordinaire, au point que son audition a été en partie "caviardée". Sous le pseudonyme de ZF et caché derrière un rideau, il a fourni un témoignage accablant sur l'organisation du génocide dans Gisenyi, ville frontalière du Zaïre, qui était le foyer des extrémistes hutus de l’époque. Malgré ce « caviardage », il apparaissait que ZF était un opérateur recruté dès octobre 1990 par les forces armées rwandaises pour intercepter les messages radio des rebelles du Front patriotique rwandais.

Il m’a paru indispensable de le rencontrer dans le cadre de mes recherches, mais malgré mes efforts, je ne parvenais pas à l’identifier. Au TPIR, son nom figurait parmi les secrets les mieux gardés de l’équipe de « Protection des témoins ». Personne ne voulait risquer sa place pour m’informer de son nom et de son adresse.

En novembre 2006, lorsque le juge Jean-Louis Bruguière a diffusé le texte de son ordonnance (que chacun peut trouver sur internet) accusant neuf hauts gradés de l'armée rwandaise d'avoir été les principaux organisateurs de l'attentat du 6 avril 1994, il a cité le nom du principal témoin à charge : Richard Mugenzi, opérateur radio à Gisenyi (page 30). Sans entrer dans les détails, j'ai réussi à localiser Richard Mugenzi le 29 mai 2009. Nous avons convenu d'une interview le 31 mai. C'est au cours de cette interview qu’il m'a révélée que Jean-Louis Bruguière s'était fourvoyé en utilisant son témoignage pour accuser le Front patriotique rwandais de l'attentat.

Question : En quoi le témoignage de Richard Mugenzi est important ?

Jean-François Dupaquier : Richard Mugenzi est mentionné dans les pages 29, 30, 31, 51 et 52 de l’ordonnance Bruguière. C’est dire si le juge « antiterroriste » lui attachait de l’importance.

Le 7 avril 1994 vers huit heures 45 le matin, Richard Mugenzi est supposé avoir intercepté un message radio du Front patriotique rwandais revendiquant l'attentat commis 12 heures plus tôt à Kigali. Ce message est diffusé « en clair », contrairement aux habitudes de « codage » du Front patriotique rwandais et, faut-il le dire, de toutes les armées en guerre. Il disait à peu près ceci : « L'invincible (surnom que ses courtisant avaient donné au président Juvénal Habyarimana) est mort dans son avion, les gorilles (Hutus) ont perdu, les bergeronnettes (Tutsi) ont gagné, la victoire est proche, félicitations à l'Escadron renforcé, la guerre reprend. Etc. »

Richard Mugenzi aurait ensuite transcrit trois autres messages, toujours diffusés en clair, au milieu de nombreux messages codés, et qui "confirmaient" que le Front patriotique rwandais était bien l'auteur de l'attentat, puisqu'il le revendiquait et même s’en glorifiait.

Question : Pourquoi Richard Mugenzi a-t-il menti au juge Bruguière lorsque celui-ci l’a interrogé à Arusha ?

Jean-François Dupaquier : Sur le moment, j'ai été tellement surpris de la révélation que j'ai oublié de poser cette question évidente. J’ai rappelé Richard Mugenzi plus tard. Il m'a alors expliqué que lorsqu'il avait témoigné au TPIR en 2002 contre Bagosora et Nsengiyumva, personne ne lui avait posé de questions sur ces fameux télégrammes. On sait que pour le Parquet du TPIR, le scénario de l'attentat du 6 avril 1994 est un sujet tabou, le juge Bruguière a suffisamment glosé là-dessus dans son ordonnance – à juste titre. Et dans le cadre du contre-interrogatoire du témoin qui les accablait sur leur rôle dans le génocide à Gisenyi, pas plus Bagosora que Nsengiyumva n’a levé ce lièvre, on comprend à présent pourquoi.

Jean-Louis Bruguière affirme avoir interrogé Richard Mugenzi le 5 juin 2001 (page 52). Il n'aurait en fait jamais interrogé ce témoin qu’il décrit pourtant comme capital. Richard Mugenzi dit n’avoir été prévenu qu’une demi-heure auparavant de son audition par l'équipe du juge à Arusha. Il dit s’être retrouvé face à un policier français qui se serait contenté de lui faire reconnaitre son écriture sur la transcription des soi-disant messages du FPR, sans même se donner la peine de lui demander s'il s'agissait de transcriptions authentiques. Je vous livre la version de Richard Mugenzi. Il serait intéressant de lire ce PV d’audition dans le dossier Bruguière, malheureusement couvert par le secret de l'instruction.

Question : Quelle conclusion tirez-vous de cette déclaration de Richard Mugenzi ?

Jean-François Dupaquier : La révélation de l’ancien espion radio éclairait d’un seul coup cet épisode : on se trouvait en face d’une manipulation délibérée. Exactement 12 heures après l'attentat, le colonel Nsengiyumva, adjoint direct et complice du colonel Bagosora (comme l'a montré le jugement du Tribunal pénal international intervenu en février dernier les condamnant tous deux à la réclusion à perpétuité), a cherché à faire croire que l'attentat avait été commis par le FPR en inventant un faux bordereau.

Christophe Rigaud

18 juillet 2008

Afrique : La croissance est là... la pauvreté aussi !

Malgré une croissance économique rapide, le nombre de pauvres augmentent dans les pays les moins avancés (PMA), indique la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans son Rapport 2008 sur les pays les moins avancés.

e5f9d685e1d4a9e8513c57449fdbba82.jpgLes trois quarts des habitants de ces pays, soit 581 millions de personnes sur un total de 767 millions, continuent de survivre avec moins de 2 dollars par jour, indique le rapport intitulé " Croissance, pauvreté et modalités du partenariat pour le développement", soulignant que la hausse récente des prix des denrées alimentaires risque d'annuler les modestes progrès réalisés.

D'après ce rapport, malgré la forte croissance (le taux le plus élevé depuis 30 ans) enregistrée dans les PMA, l'amélioration du niveau de vie des habitants a été faible, et la croissance économique a eu un impact mitigé sur la pauvreté absolue, qui est la forme la plus extrême de dénuement matériel.

Même si la part de la population totale des PMA qui vit avec moins de 1 dollar par jour est passé de 44% à 36%, le nombre de pauvres en chiffre absolu a augmenté en raison de la forte croissance démographique et le nombre de pauvres vivant avec plus de 1 dollar mais moins de 2 dollars par jour continue d'augmenter, précise le rapport.

Par ailleurs, l'envolée des prix internationaux des denrées alimentaires enregistrée en 2007 et début 2008 s'est traduite par un renchérissement du coût de la vie dans les PMA, souligne la CNUCED, avant d'ajouter que cette situation a provoqué des émeutes dans huit PMA entre 2007 et le premier semestre 2008.

Photo (c) www.afrikarabia.com - Christophe Rigaud

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