20 août 2013
RDC : Assassinat d'un défenseur des droits de l'Homme au Katanga
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme dénonce le récent assassinat de Godefroid Mutombo, membre de l'ONG Libertas, en République démocratique du Congo (RDC). L'Observatoire demande "une enquête impartiale" et la garantie de l'intégrité physique des autres membres de Libertas au Katanga.
Godefroid Mutombo, membre de l'ONG congolaise des droits de l'Homme Libertas a été assassiné le 7 août dernier dans le village de Kawakolo près de Pweto au Katanga. Selon l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (1), Godefroid Mutombo a été "sauvagement assassiné par des membres de groupes rebelles qui sèment la terreur" dans le Nord du Katanga depuis 2011. L'Observatoire rappelle que cette ONG avait dénoncé "plusieurs violations des droits de l’Homme perpétrées" dans la région, "qui auraient conduit à la condamnation d'un certain nombre de milices et militaires".
Dans un communiqué l'Observatoire appelle les autorités congolaises "à diligenter une enquête prompte, exhaustive, impartiale et transparente afin d'identifier tous les responsables et de les sanctionner conformément à la loi". L'ONG demande également aux autorités de "garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique des autres membres de l'organisation non-gouvernementale Libertas et de tous défenseurs des droits de l'Homme congolais".
L'ONU s'était alarmée en mai dernier de la dégradation des conditions de sécurité dans ce que l'on appelle désormais le "triangle de la mort" au Nord du Katanga, entre les villes de Pweto, Mitwaba et Manono. Selon la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Elisabeth Byrs, la détérioration de la situation humanitaire et les attaques continues menées par les combattants Maï-Maï avaient contraint plus de 200.000 personnes à fuir leurs foyers depuis avril dernier. Au banc des accusés, on trouve le groupe Maï-Maï du commandant "Gédéon" qui sévit dans la région depuis plus de 10 ans et le nouveau mouvement "indépendantiste" Bakata-Katanga.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
(1) L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme constitue un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).
21:46 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
14 août 2013
RDC : Mini-remaniement au M23
5 mois après son arrivée à la présidence du M23, Bertrand Bisimwa a procédé à de nouvelles nominations au sein de l'organigramme politique de la rébellion. Le nouveau président cherche à consolider sa gouvernance en nommant des proches. Portrait et décryptage du nouveau "gouvernement" du M23.
Depuis mars 2013, Bertrand Bisimwa a pris la tête de l'aile politique de la rébellion du M23. Bisimwa a remplacé Jean-Marie Runiga, un proche de Bosco Ntaganda, qui avait été arrêté au Rwanda après de violents affrontements avec l'autre faction rebelle dirigée par Sultani Makenga. Dans cette guerre fratricide, le camp Makenga a remporté la bataille : Ntaganda s'est livré à la Cour pénale internationale (CPI) et Runiga a été arrêté dans sa fuite par Kigali. Dans ce contexte, il aura fallu 5 mois au nouveau président pour procéder à la réorganisation de la branche politique du M23.
Des proches aux postes clés
Le 6 août 2013, Bertrand Bisimwa a recomposé les différents départements du "gouvernement" de la rébellion (la liste des nominations est consultable ici). Le nombre des départements est passé de 12 sous la présidence de Jean-Marie Runiga à 17 avec Bertrand Bisimwa. Plusieurs éléments sont à noter dans ce mini-remaniement. Bertrand Bisimwa a tout d'abord souhaité affirmer sa présidence en nommant des proches aux postes clés. René Abandi, "l'ami de Bisimwa", a été nommé aux relations extérieures. Une fonction stratégique, lorsque l'on sait que René Abandi représente désormais le M23 aux négociations en cours avec le gouvernement congolais à Kampala. Idem pour Désiré Rwigema à l'Intérieur et Sendugu Museveni aux Affaires politiques. Ces deux cadres du M23 sont très proches de Bisimwa.
"Congolité"
Autre signe de l'affirmation de la présidence de Bertrand Bisimwa, la création d'un département du Budget en parallèle de celui des Finances. L'argent étant le nerf de la guerre, le nouveau président a préféré adjoindre à Bahati Musanga (réputé proche de Makenga), un département du Budget avec un nouveau venu : Fior Muyinda. Ce transfuge de l'UNC de Vital Kamerhe aura désormais un oeil sur les cordons de la bourse en liaison direct avec Bertrand Bisimwa. Autre atout de Fior Muyinda : il est originaire du Bandundu et assure la "congolité" du mouvement rebelle. Le département de la Justice et des droits humains est également détenu par un nouvel arrivant : Moise Chokwe Chembo, un magistrat katangais, ancien du RCD.
Des Chefs de départements... de Goma
Une femme fait son entrée dans le "gouvernement" du M23 : Eugénie Mubake. Avec Elias Karokoli (Mobilisation des masses) et Joël Malembe (Planification économique), Eugénie Mubake a la particularité d'être originaire de Goma. Une ville dont la rébellion s'est emparée pendant 10 jours en novembre 2012. Un signe sans doute envers la population de la capitale provincilae du Nord-Kivu. Deux nouveaux départements font leur entrée dans l'organigramme politique du M23 : celui de la Sécurité et celui du Développement communautaire, chargé notamment de suivre la demande de "zone sinistrée" faite aux pourparlers de Kampala. Enfin, Stanislas Baleke passe lui de l'Environnement et du Tourisme à l'Education nationale.
Makenga reste le patron
Ces ajustements traduisent la volonté du nouveau président, Bertrand Bisimwa, d'installer ses hommes dans l'organigramme du mouvement et de consolider sa gouvernance après l'épisode de la guerre des clans. Ce remaniement suffira-t-il à transformer le M23 en parti politique "traditionnel" ? Jusque là, la rébellion a toujours eu du mal à transformer ses victoires militaires en victoire politiques. Ses contacts avec l'opposition politique congolaise sont toujours au point mort et les derniers affrontements entre l'armée congolaise (FARDC) et le M23 ont plutôt galvanisé la population contre la rébellion, accusée d'être "le jouet" du Rwanda voisin et de vouloir "balkaniser" l'Est du pays. Mais pour l'heure, le pouvoir au sein du M23 n'est pas dans les mains des "politiques", mais entre les mains des militaires. Le vrai patron du M23 est toujours Sultani Makenga, le commandant des troupes rebelles sur le terrain.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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10 août 2013
RDC : Des concertations... et un nouveau gouvernement
Les "concertations nationales" voulues par Joseph Kabila doivent s'ouvrir la semaine prochaine à Kinshasa. Objectifs du président congolais : apaiser le climat politique après les élections contestées de 2011 et mettre un terme au conflit à l'Est du pays. Un nouveau gouvernement devrait voir le jour à l'issu des concertations… ce qui pourrait séduire certains membres de l'opposition.
Le mouvement s'accélère à Kinshasa. Annoncées début 2013 par Joseph Kabila, les concertations nationales débuteront la semaine prochaine en République démocratique du Congo, selon le président du Sénat, Léon Kengo sur Radio Okapi. Ces concertations doivent réunir l'ensemble des institutions publiques, des partis politiques, des autorités coutumières et de la société civile… pour "dialoguer", "débattre" afin "de consolider la cohésion nationale et renforcer l'autorité de l'Etat". Il faut dire que depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en novembre 2011, le retour de la guerre à l'Est de la RDC et les multiples pressions internationales, le climat politique devenait difficilement tenable pour le fragile régime de Joseph Kabila.
Ouverture politique
L'ouverture des concertations donne le coup d'envoi à une opération de séduction et de reconquête de Joseph Kabila. Objectif affiché : ouvrir sa majorité à de nouveaux "partenaires" politiques en vue de consolider sa présidence et pourquoi pas… de se représenter aux élections de 2016. L'opposition congolaise a bien flairé la manoeuvre politique et a refusé en bloc toute participation aux concertations. MLC, UDPS et UNC ont tous décliné l'offre de Joseph Kabila. Certains de ces partis, comme l'UNC, ont tout de même conditionné leur présence. Vital Kamerhe souhaite que la majorité s'engage à ne pas modifier la constitution qui limite le nombre des mandats du président de la République. Un sujet hautement sensible lorsque l'on sait que les rumeurs vont bon train sur la volonté de Joseph Kabila de se représenter pour un troisième mandat. Certains partis veulent également revenir sur la "légitimité" de Joseph Kabila et sa réélection "douteuse", alors que d'autres exigent une médiation africaine ou onusienne.
Un pas vers l'opposition
Sur tous ces différents entre majorité et opposition, un certain flou règne encore. Léon Kengo affirme sur Radio Okapi que "toutes les conditions soulevées, nous les avons rencontrées pour que ces concertations se déroulent dans un climat apaisé". En clair : des efforts ont été faits côté gouvernemental. Le président du Sénat s'est également rendu à Brazzaville pour s'assurer de la coopération de Denis Sassou Nguesso pour "accompagner" le processus. Un bon point pour les organisateurs des concertations puisque le président du Congo-Brazzaville semble faire l'unanimité dans l'opposition pour jouer les bons offices. Quant aux autres points de friction, ils sont toujours en discussion entre le présidium des concertations et l'opposition politique. La plus ou moins grande participation de l'opposition constitue bien entendu la condition sine qua non à la réussite des concertations nationales. Une absence des principaux opposants serait un échec pour Joseph Kabila et transformerait son "dialogue national" en congrès de la majorité présidentielle… du plus mauvais effet aux yeux de la communauté internationale.
Un nouveau gouvernement pour une "nouvelle majorité"
Signe des difficultés pour réunir l'opposition autour de la table, Léon Kengo a dû sortir prématurément un des atouts phares de Joseph Kabila : le remaniement gouvernemental. Un nouveau gouvernement sera donc issu des concertations, avec une équipe "représentative" composée de la "nouvelle majorité" avec "l'actuelle majorité, l'opposition et la société civile". A bon entendeur… la course est donc ouverte pour le poste de Premier ministre et des portefeuilles toujours très convoités. Ce remaniement constitue clairement un appel du pied à tous les leaders de l'opposition qui serait intéressés par la fonction… et on peut supposer qu'ils seront très nombreux.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Palais du peuple Kinshasa © www.afrikarabia.com
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05 août 2013
RDC : L'appel des 52 pour un TPI au Congo
52 personnalités féminines viennent de signer un appel demandant la création d'un Tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo. Ce Tribunal est présenté comme "une solution incontournable pour la paix et la justice dans la région des Grands Lacs". Parmi les signataires on retrouve Françoise Héritier, Rama Yade, Roselyne Bachelot, Ingrid Betancourt ou Gisèle Halimi.
52 marraines ont signé une déclaration "sur les viols comme arme de guerre et l'instauration d'un Tribunal pénal international pour la République démocratique du Congo". Selon Maître Hamuly Réty, l'un des Congolais à l'initiative de cet appel, "la création du Tribunal pénal international pour la RDC est l'un des facteurs crédibles de paix dans la région". Cette initiative est soutenue par le Réseau des Ong des droits de l'Homme en RDC (RENADHOC) ainsi que par le docteur Denis Mukwege. Nous publions ici le texte intégral de cet appel :
"- A M. François HOLLANDE, président de la République française
- A M. Barack OBAMA, président des États-Unis d'Amérique
- Au Conseil de sécurité des Nation unies (présidence en exercice)
- A M. BAN-KI-MOON, secrétaire général des Nations unies
- A M. VAN RUMPOY, président de l'Union européenne
- A Mme Nkosazana DLAMINI-ZUMA, présidente de la commission de l'Union africaine
- A M. ABDOU DIOUF, secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie
- A Mme ROBINSON, envoyée spéciale des Nations unie dans la région des Grands lacs
Mesdames, Messieurs,
D'indescriptibles horreurs, répertoriées dans le rapport dit « mapping » des Nations unies, se déroulent sans désemparer, à l'est de la République Démocratique du Congo depuis 1994.
Marraines de cet appel, nous ne pouvons penser aux maux que souffrent les femmes à l'est de ce pays sans avoir le cœur pénétré de la plus vive douleur, en nous représentant nos semblables, unies à nous par le triple lien d'humanité, des droits et de la francophonie, être traitées plus durement que ne le sont les bêtes de somme ;
Nous ne pouvons nous persuader qu'on puisse sans se gêner, faire usage de ressources stratégiques de la République Démocratique du Congo, si l'on faisait réflexion qu'elles ont été arrosées du sang et de la dignité de nos semblables, traitées comme si elles étaient quelque « chose » qui ressemble à des humains ;
Craignons avec raison que les générations futures, plus éclairées et plus philosophes, n'accusent les Français, les Européens et les Américains de ce siécle, d'avoir été complices de barbarie, ce qui contraste avec les valeurs universelles sur lesquelles nous avons voulu fonder notre humanité.
Notre conscience nous dicte par conséquent
De supplier toute conscience humaine, qui réprouve le traitement que subissent ces femmes du Congo, leurs familles et leur peuple, de signer cet appel en cliquant sur ce lien, pour que, de ces victimes, soient restaurés les droits à la vie, à la dignité et à la justice, et que, de leurs bourreaux, soit mis fin à l'impunité et les sanctionner de la manière la plus exemplaire mais aussi, de la manière aussi juste qu'équitable.
Au moment où le Conseil de sécurité ferme les portes du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et celui d'exYougoslavie (TPIY), qui ont considéré dans la jurisprudence Akayezu, ce type de viol, arme de guerre comme constitutif de crime contre l'humanité ou de génocide,
nous demandons:
1) au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu'au secrétaire général, M. Ban Ki-moon, de mettre en place, sans atermoiement, un Tribunal pénal international pour la ROC, chargé de poursuivre tous les crimes répertoriés dans le « rapport mapping » des Nations unies, en succession du TPIR à Arusha en République unies de Tanzanie.
2) à M. le président Obama, d'honorer son « prix Nobel » en adoptant dans la région, une politique qui prend en compte la dignité et l'humanité de ces femmes,
3) à M. le secrétaire général Abdou Diouf, d'actionner les valeurs de la francophonie que nous avons en partage pour que dans toutes les instances, les francophones défendent en bloc ces victimes en soutenant le présent appel,
4) à Mme la présidente Zuma, de puiser dans la sagesse et l'humanisme africains, la force nécessaire pour condamner et faire condamner l'humiliation et la douleur infligée à ces femmes de l'est du Congo et d'appuyer fortement cette exigence de justice au Conseil de sécurité.
5) à M. le président Van Rumpoy, de recentrer la diplomatie européenne sur les valeurs qui fondent l'Europe - convaincre les États membres de s'abstenir de tout soutien sous quelque forme que ce soit, visant à couvrir ou garantir l'impunité aux bourreaux - et d'inviter les États membres à soutenir le présent appel.
6) à Mme Robinson et M. Ban Ki-moon, d'inscrire parmi les pistes prioritaires de recherche de solution de paix durable dans la région, la succession du TPIR / Arusha par le TPI pour la ROC.
7) aux dirigeantes et dirigeants du monde, quels que soient leur pays et l'institution qu'ils servent, d'arrêter tout encouragement et supprimer tous les avantages, privilèges et immunités consentis aux bourreaux.
8) à M. le président Hollande ainsi qu'aux chefs des États membres du Conseil de sécurité des Nations unies, d'instruire leurs ambassadeurs siégeant au Conseil de sécurité, de porter à l'ordre du jour et de rappeler, semaine après semaine, la question de l'instauration d'un Tribunal pénal international pour la ROC en succession du TPIR/Arusha.
Ne pas le faire, serait une discrimination à l'égard de la femme congolaise, un déni de justice internationale ainsi qu'un encouragement à commettre le «gynocide » ou « fémicide». Car en effet, après publication du «rapport mapping» et la multitude de rapports sur la situation de ces femmes, nul n'est plus fondé à prétendre n'avoir rien vu, rien su, ni rien entendu".
Parmi les signataires : François Héritier, professeure d'Anthropologie émérite au Collège de France, Mireille Delmas-Marty, professeure émérite de Droit au Collège de France, Monique Chemillier-Gendreau, professeure émérite de Droit à l'université Paris Diderot, Gisèle Halimi, avocate, Rama Yade, ancienne ministre, Roselyne Bachelot, ancienne ministre, Ingrid Betancourt, femme politique, François Gaspard, femme politique, Geneviève Fraisse, philosophe, Susan Georges, présidente d'honneur d'Attac… la liste complète des signataires est à consulter ici.
14:10 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (11)
03 août 2013
RDC : La zone de sécurité fait polémique
A peine mise en place, la nouvelle zone de sécurité de l'ONU ne fait pas l'unanimité dans le Nord-Kivu. La population s'étonne que la zone ne couvre pas les régions sous contrôle des groupes armés, alors que certains accusent la Monusco de vouloir "désarmer le peuple face aux rebelles du M23".
Une journée après la fin de l'ultimatum qui prévoit l'instauration d'une zone de sécurité autour de Goma et le désarmement de "toute personne possédant une arme à feu", le bilan est contrasté. Si le gouvernement congolais estime que cette mesure "va dans le sens de mettre fin au calvaire que subissent les populations", les mécontents font aussi entendre leur voix… et ils sont nombreux.
La Monusco "tape à côté"
A Goma, la population a bruyamment manifesté sa colère contre la zone de sécurité qui "n'englobe même pas les régions sous contrôle des rebelles du M23". "Un comble" selon un Congolais contacté. Un convoi de la Monusco a été "caillassé" vendredi matin à Goma en signe de protestation. Car si l'idée paraît bonne sur le papier pour la plupart des habitants du Nord-Kivu, son efficacité paraît "très incertaine". Les Congolais ont en effet l'impression que la Monusco "tape à côté". Alors q'une vingtaine de groupes armés sévissent dans le Nord et le Sud-Kivu, la zone de sécurité se contente de "sanctuariser" Goma, sa proche banlieue et la ville de Sake, sans s'occuper des régions où sont actifs les rébellions et notamment celle du M23.
Le M23 attend Kampala
Les rebelles du mouvement du 23 mars, dont aucune position n'est concernée par la zone de sécurité, donne dans l'ironie. René Abandi, un responsable du M23, souligne sur le site de "l'agence d'information" que "cette zone est occupée essentiellement par les soldats de l'armée régulière (FARDC) et leurs miliciens alliés des FDLR". Le M23 joue profil bas et déclare rester sur ses positions militaires défensives en attendant des avancées du côté des pourparlers de paix de Kampala, toujours au point mort depuis l'offensive de l'armée gouvernementale du 14 juillet dernier.
"Etendre la zone au-delà de Kibati"
Pour la population du Nord-Kivu, ballotée depuis deux décennies par des guerres à répétition, l'ultimatum de l'ONU et sa zone de sécurité ne va pas assez loin, ni assez vite. L'organisation non-gouvernementale congolaise, Lutte pour le changement (LUCHA), exige que la Monusco étende immédiatement sa zone de sécurité "au-delà de la ligne de Kibati" (région encore tenue par le M23). LUCHA demande également aux casques bleus et à la Brigade de "progresser le plus rapidement possible, sans quoi l'impatience de la population risque de prendre une tournure imprévisible dont les Nations unies partageront la responsabilité".
La Monusco "désarme le peuple"
Si certains veulent que la Monusco aille plus vite, d'autres trouvent que la création d'une zone de sécurité et le désarmement qui va avec, est une vraie "duperie". Selon Jérôme Kengawe Ziambi, un criminologue, "tout citoyen congolais, habitant cette contrée, a le droit inaliénable de protéger sa vie et celle des siens" et donc d'être armé. En faisant la chasse aux armes à feu dans la zone de sécurité, ce Congolais craint ainsi que l'on désarme "le peuple congolais" qui se défend contre "les agressions étrangères" et le M23.
Attention à "l'escalade de la violence"
Du côté des ONG, on reste aussi très sceptique sur l'efficacité de la zone de sécurité. Oxfam demande aux Nations unies de procéder "avec la plus grande prudence" dans l'opération de désarmement. L'ONG craint une escalade de la violence avec l'entrée en action de la Brigade et demande que les populations civiles soient protégée par l'ONU. "Une priorité absolue" pour Oxfam. Bertrand Perrochet, chef de mission de Médecins Sans Frontières (MSF) en RDC avait dénoncé il y a quelques semaines (avant la création de la zone de sécurité) la confusion des genres entretenue par les Nations unies entre militaires et humanitaires. Avec un mandat "offensif", les casques bleus ne seront plus "neutres" dans le conflit et imposent ainsi aux ONG de ne plus l'être. Un changement radical dans l'histoire de l'ONU, qui inquiète ce médecin qui affirme "ne pas être un soldat en blouse blanche".
La Monusco "ne fait pas la guerre"
Devant un tel concert d'incompréhension, la Monusco s'est voulue rassurante et pédagogique. "Nous ne faisons pas la guerre aux groupes armés, nous voulons les désarmer et ramener la paix" a martelé la Monusco. L'opération de désarmement sera "progressive" et "le périmètre de la zone de sécurité pourra être étendu". A la question de savoir pourquoi, la Brigade ne s'attaque pas directement aux groupes armés, la Monusco a répondu en conférence de presse qu'elle ne pouvait pas "s'occuper de tous les groupes armés en même temps" et qu'elle commençait donc par sécuriser Goma. Au risque, selon certains analystes, de "sanctuariser" Goma, devenue une forteresse imprenable, au détriment du reste du Nord et du Sud Kivu, en prise direct avec les multiples groupes armés… et leurs exactions.
Offensif ?
Dernière inconnue : le niveau d'engagement de la nouvelle Brigade d'intervention de l'ONU sur le terrain. A la question de savoir si la Monusco utilisera la force pour désarmer dans la zone de sécurité, Félix Basse, le porte-parole de la Monusco a répondu sans hésiter "oui". Mais plus tard, il déclarera que la Brigade n'était pas "offensive" et qu'elle était seulement là "pour protéger les civils"… une mission qu'effectue avec plus ou moins de réussite la Monsuco depuis 13 ans ! Un flou qui n'a pas vraiment rassuré à Goma.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Casque bleu en RDC © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
00:38 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (6)
30 juillet 2013
RDC : Première mission pour la Brigade de l'ONU
L'ONU vient de lancer la première opération de sa Brigade d'intervention "offensive" (FIB), très attendue par Kinshasa. Les casques bleus se joindront à l'armée congolaise (FARDC) pour établir une "zone de sécurité" au Nord de Goma et de Sake et protéger ainsi les civils des groupes armés. Un ultimatum de 48 heures a également été lancé à "toute personne possédant une arme à feu" pour désarmer et se démobiliser.
La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo ( MONUSCO) a décidé de frapper les esprits. Souvent accusée d'inefficacité sur le terrain militaire et de lenteur dans la mise en place de sa Brigade d'intervention, l'ONU vient d'accélérer le pas lors d'une conférence de presse ce mardi. Annoncée sous forme de teasing sur Twitter ("annonce importante de la Monusco à 16h30"), la conférence de presse donne le coup d'envoi de la première mission de la fameuse Brigade d'intervention de l'ONU (FIB), censée "neutraliser les groupes armés" grâce à un mandat plus "offensif". La participation de la FIB n'est mentionnée qu'en fin de communiqué, mais il s'agit bien là de l'information principale de l'annonce onusienne.
Désarmer les rebelles
L'entrée en scène de la Brigade est habilement présentée par la Monusco. L'ONU annonce tout d'abord la création d'une "zone de sécurité" autour de Goma (on croyait que les casques bleus étaient déjà censés sécuriser la zone !). Cette zone devrait débuter à l'Ouest de la capitale provinciale du Nord-Kivu au niveau de la ville de Sake pour englober tout le Nord de Goma et se terminer à la frontière rwandaise (voir carte ci-dessous). En gros, toute la zone qu'occupe actuellement la rébellion du M23 et que souhaite reprendre l'armée régulière. Deuxième annonce : "toute personne qui ne fait pas partie des forces de sécurité nationales et possède une arme à feu à Goma et dans les localités situées au nord de la ville" sera considérée "comme une menace imminente pour les civils". A compter du 1er août à 16h00, ces personnes seront donc désarmées par la Monusco, "y compris par la force".
La Brigade arrive... enfin
Enfin troisième information : l'opération sera constituée pour la première fois des éléments de la Brigade d'intervention, conjointement avec la Brigade de la Monusco du Nord-Kivu (BNK). La nouvelle est de taille tant cette Brigade est attendue par les autorités congolaises. Après la prise de Goma par les rebelles du M23, fin 2012, Kinshasa avait procédé à un fort lobbying diplomatique pour recevoir une aide militaire à l'Est du pays. La réponse de l'ONU s'était concrétisée dans l'envoi de cette Brigade de 3.000 hommes, munie d'un mandat "offensif" et d'une mission claire : "neutraliser les groupes armés". Rappelons que de nombreux analystes de la région doutent de son efficacité sur un terrain aussi difficile que les collines du Nord-Kivu.
Quid des autres groupes armés ?
La mise en place de la "zone de sécurité" à partir du 1er août sonne donc comme l'heure de vérité pour l'ONU en RDC. L'efficacité des 17.000 hommes de la Monusco présents en RDC, a souvent été très critiquée. Et pour Kinshasa, l'arrivée de ces 3.000 "super casques bleus" constitue un peu la solution de la dernière chance pour battre militairement les rebelles du M23. Si une vingtaine de groupes armés sévissent au Nord-Kivu, la cible numéro de l'ONU semble se concentrer sur le seul M23. Mais les autres groupes armés (Maï-Maï ou FDLR... ) pourront sous aucun doute migrer en dehors de la zone (la Brigade ira-t-elle les traquer ?). L'accélération de la mise en place de la Brigade, qui ne devait être opérationnelle que début septembre a sans doute été accélérée par la reprise des combats le 14 juillet dernier entre M23 et FARDC. L'armée régulière comptera sur la présence de la "zone de sécurité" et de la Brigade pour continuer son offensive sur les rebelles, qui, pour le moment sont dans la retenue. Seule question : pour combien de temps ?
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
22:49 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (23)
26 juillet 2013
RDC : Bavure des FARDC à Rumangabo ?
L'armée congolaise (FARDC) a bombardé mercredi 24 juillet un quartier de Rumangabo, près d'une base rebelle du M23. La rébellion et plusieurs témoins font état de 4 morts et 10 blessés et accusent l'armée d'avoir "raté sa cible". Les FARDC reconnaissent avoir attaqué le camp militaire, mais sans faire de victime civile.
Que s'est-il passé à Rumangabo mercredi dernier ? Dans ce village situé à 45 km au Nord de Goma, les hélicoptères de l'armée régulière congolaise (FARDC) ont lancé une offensive aérienne sur un camp militaire de la rébellion du M23. Les appareils des FARDC, des MI-24, ont bombardé Rumangabo "en haute altitude" dans un raid éclair, selon des témoins. Le bilan est lourd d'après l'agence Reuters, relayé par le Washington Post : 4 morts dont 3 enfants, une dizaine de blessés (un homme a perdu une jambe) et plusieurs maisons détruites. L'information est d'abord donnée par le président de la rébellion, Bertrand Bisimwa. Le M23 affirme que ce sont des civils qui ont été touchés dans un quartier d'habitation qui se trouve en amont de leur centre de formation militaire. Un bombardement "raté" et "irresponsable" puisque "tiré de beaucoup trop loin", estime un autre membre du M23.
Des corps atrocement mutilés
Très rapidement, un habitant contacté par l'Agence France Presse, confirme la thèse de la "cible manquée" par l'hélicoptère des FARDC. "Le camp n'a pas été touché, les avions ont bombardé ici", dit-il en désignant des habitations détruites. Le responsable du Parc des Virunga apporte lui aussi son témoignage à l'agence Reuters, car il est aux première loges des combats. "Les hélicoptères ont tiré sur Rumangabo et il semble qu'il y a un certain nombre de victimes" raconte Emmanuel De Merode. Le directeur du Parc explique qu'une dizaine de blessés ont été admis dans son infirmerie. Pour preuve de la violence des dégâts causés par l'attaque des FARDC, le M23 diffuse plusieurs clichés des victimes, que nous avons pu consulter. La plupart des photos sont impubliables et montrent des corps atrocement mutilés, éventrés ou démembrés. Nous ne sommes bien sûr pas en mesure d'authentifier le lieu et la date des prises de vues.
"Pas de victime civile"
Jeudi 25 juillet, l'armée congolaise sort de son silence et dément avoir tué des civils à Rumangabo. Les FARDC reconnaissent le bombardement du camp militaire de la rébellion mais récuse toute victime civile : "notre cible était les éléments du M23 dans le camp de Rumangabo, le bombardement n'a pas tué de civil", affirme l'armée sans plus d'explications. Difficile en effet pour les autorités congolaises de vérifier sur le terrain les conséquences d'un bombardement dans un territoire sous contrôle rebelle. Le M23 ironise sur l'embarras de l'armée régulière : "depuis cette bavure, les attaques des FARDC ont cessé depuis 2 jours… comme par miracle !". Un peu plus tard le porte-parole de l'armée congolaise intervient pour affirmer que "les cibles ont bien été atteintes à Rumangabo" et accuse désormais le M23 "d'avoir tiré sur des civils qui fuyaient". Une version tardive un peu alambiquée.
"Cible ratée"
Dans la guerre de l'information que se livrent les autorités congolaises et le M23, il est souvent difficile d'y voir clair: les deux camps se rejettant la plupart du temps la responsabilité des combats. Dans la "bavure" de Rumangabo, on pourrait voir un contre-feu allumé par le M23 pour "faire oublier" les accusations de Human Rights Watch qui dénonce les "exécutions sommaires" de la rébellion (1). Mais les témoignages d'habitants et du directeur du Parc des Virunga semblent plutôt accréditer la thèse de la "cible ratée" et donc d'une erreur d'appréciation de l'armée congolaise.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
(1) voir notre article sur Afrikarabia
Photos diffusées par le M23 © DR
22:07 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
22 juillet 2013
RDC : HRW accuse le M23 "d'exécutions sommaires"
"Les rebelles du M23 ont exécuté sommairement au moins 44 personnes". C'est ce qu'affirme Human Rights Watch (HRW) qui a recueilli une centaine de témoignages au Nord-Kivu. L'ONG apporte également de nouvelles preuves du soutien du Rwanda au M23, mais dénonce aussi les exactions commises par les FDLR et l'armée congolaise.
Alors que les affrontements ont repris le 14 juillet à l'Est de la République démocratique du Congo, entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise, Human Rights Watch dénonce les exécutions sommaires commises par la rébellion. Selon l'ONG, le M23 a exécuté "au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles depuis mars 2013". HRW a également recueilli plusieurs témoignages d'habitants du Nord-Kivu et de rebelles déserteurs attestant que le M23 reçoit toujours de l'aide en provenance du Rwanda. "Parmi ces activités figurent des mouvements réguliers du Rwanda vers la RD Congo d'hommes en uniforme de l'armée rwandaise et l’approvisionnement du M23 en munitions, en vivres et en autres fournitures provenant du Rwanda", note l'ONG dans son communiqué.
Recrutements au Rwanda
Parmi les hommes recrutés au Rwanda par le M23, figurent des militaires rwandais démobilisés, mais aussi d'anciens combattants des FDLR, ainsi que des civils rwandais. "Un jeune Rwandais âgé de 15 ans", explique Human Rights Watch, "raconte que lui et trois autres jeunes hommes et garçons avaient reçu la promesse d'emplois en tant que gardiens de vaches en RD Congo, mais qu'une fois arrivés dans ce pays, ils avaient été forcés de rejoindre le M23. Ils ont suivi en RD Congo une formation militaire dispensée par des officiers rwandais et on les a avertis qu'ils seraient abattus s'ils tentaient de s'enfuir. D'autres déserteurs du M23 ont également affirmé que des officiers rwandais formaient les nouvelles recrues de ce groupe". (voir les témoignages recueillis par HRW)
Les FDLR au banc des accusés
Mais le M23 n'est pas le seul pointé du doigt. En plus des exactions commises par le M23, Human Rights Watch dénonce plusieurs meurtres et viols commis par les miliciens hutus congolais des FDLR. Certains officiers de l'armée congolaise auraient apporté un soutien à des factions des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé rwandais à majorité hutue, allié à ces milices congolaises, et dont certains membres ont participé au génocide de 1994 au Rwanda.
L'armée régulière également coupable
L'armée régulière congolaise (FARDC) n'est pas en reste. Selon l'HRW, "certains officiers et responsables gouvernementaux ont fourni un appui aux FDLR ou à des groupes qui leur sont alliés". l'ONG dénonce aussi la manière dégradante dont ont été traités les cadavres de combattants M23 par l'armée congolaise. "Le droit international interdit de commettre des atteintes à la dignité de la personne, y compris contre des morts", rappelle Human Rights Watch. L'ONG appelle les autorités militaires congolaises "à sanctionner de manière appropriée les officiers et les soldats responsables du mauvais traitement de cadavres". On peut noter que l'ONG oublie les nombreuses exactions commises par les FARDC : vols, viols, pillages… notamment à Minova.
Accusations partiales ?
Dans ces nombreux rapports, HRW a souvent été accusé par le M23 et le Rwanda de "partialité". L'ONG pointe souvent la rébellion comme l'unique source d'exactions en RDC, alors qu'une vingtaine d'autres groupes armés pullulent au Nord et Sud-Kivu. Les groupes d'auto-défense Maï-Maï sont peu cités dans les rapports d'Human Rights Watch. Et pour la population congolaise, l'armée nationale est considérée comme la seconde source de violence en RDC. Le M23 a souvent remis en cause les méthodes de l'ONG pour recueillir ses témoignages. Le journal Libération sous-entendait qu'Human Rights Watch paierait ses témoignages contre le M23. Si l'ONG dénonce dans son communiqué "44 exécutions sommaires", la rébellion affirme qu'elle attend toujours les preuves des "massacres de masse" dont on l'accuse. Il n'empêche que l'apparition du M23 en mars 2012 a bien ravivé la vingtaine de groupes rebelles… et les exactions qui vont avec. Le mouvement du 23 mars constitue bien le principal facteur de déstabilisation dans les Kivus, ce qui n'est évidemment pas le cas des groupes Maï-Maï, composés chacun d'une centaine d'hommes, tout au plus. Dans ce présent communiqué, on voit bien que l'ONG met l'accent sur les exactions du M23, mais corrige le tir en accusant (à juste titre) les autres groupes armés. Un ajustement bienvenu.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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21 juillet 2013
RDC : Les Kivus au bord de l'embrasement
L'armée congolaise a lancé une importante offensive contre les rebelles du M23 autour de la ville de Goma à l'Est de la République démocratique du Congo. Après une semaine de combats, le conflit peut-il se généraliser ?
La trêve entre M23 et gouvernement congolais aura été de courte durée. Après plusieurs mois d'atermoiements aux négociations de paix de Kampala, les armes ont de nouveau parlé dans les Kivus. Les hostilités ont repris dimanche 14 juillet à l'initiative de l'armée régulière congolaise (FARDC). Objectif : déloger les rebelles de Mutaho, une colline à une dizaine de kilomètres au Nord de Goma. Ce point stratégique situé sur les hauteurs permet à la rébellion de garder un oeil sur la ville et de l'attaquer, comme ce fut le cas en novembre 2012. Pendant une dizaine de jours, le M23 s'était alors emparé de la ville, sans résistance, devant une armée congolaise fantôme, avant de la libérer après avoir obtenu des négociations avec Kinshasa. Mais depuis plusieurs mois les pourparlers de paix de Kampala piétinent. Et la reprise des combats la semaine dernière n'est que le résultat de ce rendez-vous manqué.
Les affrontements entre l'armée congolaise et le M13 tombent à un moment clé du conflit. Le gouvernement de Kinshasa ne sait plus comment sortir des négociations de paix de Kampala, où il est bien décidé à ne faire aucun compris avec la rébellion. Et le M23 s'inquiète de l'arrivée prochaine de la fameuse Brigade d'intervention de l'ONU (FIB), un corps de 3.000 hommes, censé neutraliser les groupes armés dans les Kivus, par la force. Dans ce contexte de tensions, on pourrait donc penser que les deux belligérants ont intérêt à faire parler les armes.
C'est vrai pour le gouvernement congolais. Kinshasa veut faire oublier l'humiliation de la prise de Goma de novembre 2012 et ne veut pas céder devant la rébellion. La guerre contre le M23 est populaire en RDC et Joseph Kabila a la volonté de regagner un peu de légitimité après sa réélection contestée en 2011. Les FARDC se sont renforcés pendant les longs mois du "dialogue de sourds" de Kampala et l'Etat major a concentré ses meilleurs éléments (et également décidé de les payer en temps et en heure !). Le déclenchement des hostilités par Kinshasa avait donc pour but de s'attaquer frontalement au M23 avec de nouvelles troupes et un nouveau matériel plus performant. Mais l'autre objectif de Kinshasa était de précipiter l'ONU et sa Brigade dans le conflit le plus rapidement possible. Car les autorités congolaises comptent beaucoup sur la Brigade pour les sortir du cycle infernal : rébellion/accords de paix/nouvelle rébellion/nouveaux accord de paix… Pour le moment, si militairement les "succès" des FARDC sont limités, l'armée congolaise a réussi mettre la pression sur la rébellion en tentant une stratégie d'encerclement autour des ses positions. L'ONU, elle aussi, se retrouve sous pression, avec le double inconvénient d'être désormais critiquée par le M23 (car soutenant les FARDC) et par l'armée congolaise qui l'accuse de l'empêcher d'affronter les rebelles.
Côté M23, la situation est différente. Coincés par Kampala, dont l'issu demeure plus qu'incertaine, les rebelles redoutent l'arrivée de la Brigade d'intervention de l'ONU. Ce contingent de 3.000 hommes peut fortement déstabiliser le M23, qui ne compte qu'au maximum 2.500 soldats, certains analystes parlant même de seulement 1.500. Attaquer Goma une nouvelle fois aurait pu être une stratégie intéressante pour les rebelles. Jusqu'à fin mai, début juin, la ville était "reprenable" et une nouvelle chute de Goma aurait considérablement changé la donne à Kampala. Mais le M23 n'a pas bougé. Son parrain Rwandais, longuement sermonné par la communauté internationale pour son assistance aux rebelles congolais, se tient désormais en retrait. Kigali siège maintenant au Conseil de sécurité et tous les regards sont fixés sur le Rwanda et la situation au Nord-Kivu. Impossible pour le président Kagame d'apparaître comme le fauteur de trouble. La seule stratégie possible pour le M23 est donc l'attente et la conservation de ses positions autour de Goma en espérant que la Brigade "offensive" de l'ONU soit aussi inefficace que sa cousine la Monusco.
Le conflit peut-il se généraliser ? Ou même se régionaliser comme certains le craignent ? Pour les rebelles du M23, cette hypothèse serait sans doute la seule solution militaire possible pour de nouveau s'imposer sur l'échiquier congolais. Pour cela, il suffirait de plusieurs incidents sérieux avec les pays voisins de la RDC : le Rwanda, l'Ouganda ou le Burundi. Le Rwanda est d'ailleurs rapidement monté au créneau la semaine dernière dénonçant la chute de 2 obus congolais en territoire rwandais. Alors seulement, ces pays pourraient entrer dans le conflit ou prêter main forte de manière plus visible au M23. Le pari serait risqué. Le risque d'embrasement est donc pour l'instant peu probable.
L'évolution de la situation sécuritaire dans les Kivus se trouve en fait entre les mains de la communauté internationale et de l'ONU tout particulièrement. Si les FARDC se sont montrés plus offensifs ces derniers jours qu'en novembre dernier, il paraît difficile de penser que l'armée congolaise viennent seule à bout du M23. Pour cela, il faudra l'intervention et le soutien actif de la Monusco et de la Brigade d'intervention. Pour l'instant, la Monusco n'est pas intervenu et la Brigade n'est pas prête. Les FARDC sont donc peut-être allés un peu vite en besogne puisque la Brigade ne sera finalement pas complètement opérationnelle avant… début septembre. Un laps de temps ou tout est encore possible.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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RDC : Le cas Ndongala préoccupe le PS français
Dans un communiqué, le Parti socialiste français (PS) dénonce "les actes de harcèlement et les mesures de détention arbitraires" subit par l'opposant congolais Eugène Diomi Ndongala. Emprisonné depuis avril dernier, Diomi Ndongala vient d'être transféré au camp militaire Kokolo dans un état de santé jugé critique par ses proches. Retour sur l'affaire Ndongala.
Le très mauvais feuilleton judiciaire dont est victime le dirigeant de la Démocratie chrétienne (DC), Eugène Diomi Ndongala, commence à inquiéter Paris. Le Parti socialiste français vient en effet de publier un communiqué sans équivoque sur le cas de cet opposant congolais "harcelé" par le régime du président Joseph Kabila, selon les propres termes du communiqué.
Après les élections contestées de novembre 2011, Diomi Ndongala, allié de l'opposant Etienne Tshisekedi, a fortement contesté la réélection du président Kabila. Depuis, les "mésaventures" s'enchaînent pour Ndongala. Alors que le patron de la DC prépare une coalition de partis d'opposition pour contrer Joseph Kabila, Ndongala se voit accuser de viol sur mineures dans un scénario "préfabriqué dont le pouvoir de Kinshasa est coutumier" selon ses proches. Il "disparaît" alors quelques jours plus tard à Kinshasa. La Démocratie chrétienne dénonce "un enlèvement des services de sécurité congolais" (ANR), tandis que les autorités affirment qu'il est "en fuite" pour "échapper à la justice". Ndongala réapparaît comme par miracle, le 22 juin 2012, la veille du Sommet de la Francophonie et de la venue du président français François Hollande.
Mais les déboires d'Eugène Diomi Ndongala ne s'arrêtent pas là. Le député d'opposition se retrouve maintenant accusé de "complot contre l'Etat" et de "tentative d'assassinat du président Kabila". Là encore, les accusations sont "grotesques" selon la DC En juin, son mandat de député est invalidé et le prive de son immunité. Ndongala se retrouve passible de la peine de mort. Enfin le 8 avril 2013, le voici interpellé et conduit à la prison centrale de Makala. Depuis, sa femme Patrizia, lance des appels répétés pour sa libération ou au moins sa mise en résidence surveillée, car son mari serait extrêmement malade. La santé de Diomi Ndongala s'est en effet fortement dégradée depuis son arrivée à Makala où les soins sont réduits au strict minimum.
Dernier épisode en date, Ndongala aurait été transféré le 18 juillet dernier au camp militaire Kokolo, de sinistre réputation. La Démocratie chrétienne dénonce "la militarisation de la prise en charge médicale de son président et condamne la stratégie du régime kabila de vouloir à tout pris éliminer Diomi Ndongala à travers son refus de lui administrer des soins".
Le Parti socialiste (PS) français, par la voix de Jean-Christophe Cambadélis, vient d'apporter son soutien à Diomi Ndongala. Le PS déclare "suivre avec attention les nouvelles vicissitudes judiciaires imposées à l’opposant congolais, soumis à une justice clairement partiale et reste vigilant sur le sort de cet opposant". Le parti socialiste déclare "attendre plutôt du pouvoir congolais que soit organisé enfin un dialogue politique inclusif et sincère afin de remédier aux carences patentes de la démocratie en République démocratique du Congo". On peut difficilement penser que le président français, François Hollande, n'a pas été tenu informé de cette prise de position de son propre parti.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Diomi Ndongala © DR
16:07 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
14 juillet 2013
RDC : Des combats au Nord de Goma ce dimanche
Les affrontements ont repris dimanche 14 juillet 2013 entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise (FARDC) à seulement 10 km de Goma. Les combats ont débuté en début d'après-midi aux environs de Mutaho. Le M23 affirme avoir été attaqué par l'armée régulière vers 14h, mais aussi par les FDLR et les Maï-Maï Nyatura. Selon des sources locales, l'aviation gouvernementale serait entrée en action. Les FARDC déclarent avoir répondu a une attaque du M23. L'armée gouvernementale s'était déjà lancée dans une offensive de la base rebelle de Mutaho en mai dernier.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
MISE A JOUR à 16h45
16:44 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
RDC : Joseph Kabila condamné à l'ouverture politique
Fragilisé par une réélection contestée, une majorité affaiblie et la reprise de la guerre au Nord-Kivu, le président Joseph Kabila se cherche de nouveaux alliés. Pour élargir sa majorité, Joseph Kabila vient de lancer des "concertations nationales". Avec en ligne de mire : une modification de la Constitution pour sa candidature pour la présidentielle de 2016.
Opération réélection. C'est désormais un secret de polichinelle : le président congolais Joseph Kabila prépare sa prochaine candidature à la présidentielle de 2016. Le hic : la Constitution ne lui permet pas de se présenter à un troisième mandat. Seul moyen de contourner l'obstacle : modifier la Constitution. L'opposition et les organisations des droits de l'homme sont vent debout contre toute révision de l'article 220, limitant à deux mandats les présidents congolais.
Manque de légitimité
A J - 3 ans, Joseph Kabila a encore un peu de temps pour faire passer cette modification "en douceur". Mais les difficultés sont nombreuses. Joseph Kabila devra d'abord tenter de faire oublier les élections calamiteuses de novembre 2011 dont les résultats sont entachés d'irrégularités et de soupçons de fraude massive. Un parfum l'illégitimité plane depuis sur le président Kabila. La communauté internationale a boudé sa cérémonie d'investiture et les bailleurs font grise mine. Pour remonter la pente, Joseph Kabila a fait le ménage au sein de la Commission électorale (CENI) en remplaçant le très contesté Daniel Ngoy Mulunda (un proche) par le plus présentable Apollinaire Malu-Malu. L'opposition, qui ne s'estime "pas dupe", accuse le nouveau président de le CENI de préparer des élections "sur mesure" pour Joseph Kabila.
Recherche alliés désespérément
Pour faire voter une modification de la Constitution et pouvoir se représenter aux élections de 2016, Joseph Kabila devra compter sur sa majorité dans les deux chambres (Assemblée nationale et Sénat). Mais depuis sa réélection de 2011, Joseph Kabila a perdu une grande partie de sa garde rapprochée et de ses fidèles : Vital Kamerhe est passé dans l'opposition en 2010, son plus proche conseiller, Katumba Mwanke, est décédé dans un accident d'avion en 2012, John Numbi a été placé est "au vert" au Katanga après l'affaire Chebeya, Daniel Ngoy Mulunda a été éjecté de la CENI après les tripatouillages électoraux de 2011 et le Palu d'Antoine Gizenga n'est plus un allié de poids. Reste Evariste Boshab et Aubin Minaku, mais certains les considèrent comme "non-fiables", avec des ambitions personnelles qui pourraient faire de l'ombre au président sortant.
Une chance : la guerre à l'Est
Devant ce champ de ruine, le président Kabila se trouve dans l'obligation de trouver de nouveaux partenaires. Cela tombe bien, l'opposition est plus divisée que jamais et certains hommes politiques n'hésitent pas à franchir le rubicon comme l'ex-MLC François Muamba, nommé récemment "coordonnateur du mécanisme national de suivi de l’accord d’Addis-Abeba" par Joseph Kabila lui-même. Car le président congolais a de la chance. Depuis mars 2012, les rebelles (ex-CNDP) du M23 ont repris les armes au Nord-Kivu et se sont emparés de la ville de Goma pendant une dizaine de jours. Le pays est "agressé" et Joseph Kabila se mue en victime. Il demande l'aide de la communauté internationale, bien obligée de voler au secours du président congolais.
Concertations nationales : le piège ?
C'est dans ce contexte de retour à la guerre que Joseph Kabila lance l'idée d'un "dialogue national" devant l'urgence de la situation l'Est. L'idée est de créer un semblant d'unité nationale autour de sa personne et de retrouver ainsi un soupçon de légitimité. L'opération peut se révéler rapidement gagnante et Joseph Kabila convoque des "concertations nationales" (dont la date n'est pas encore fixée). Grâce à ce nouveau dialogue inter-congolais, le président espère réunir autour de la table l'ensemble de l'échiquier politique congolais. Joseph Kabila pourrait ainsi trouver un consensus minimal autour de sa personne et justifier sa candidature "d'union nationale" pour un nouveau mandat alors que le pays est "en pleine guerre". L'opposition crie à la "supercherie", au "piège" et pense que ces concertations seront uniquement l'occasion des quelques "débauchages" dans ses rangs… pour faire mieux passer la révision de la Constitution. L'opposition rejette pour le moment toute participation aux concertations, même si on commence à voir quelques fissures, puisque certains conditionnent désormais leur présence.
Kabila maître du temps
Pour modifier la constitution, le président Joseph Kabila a bien compris qu'il devait ouvrir sa majorité à de nouveaux alliés, et continuer à diviser l'opposition. En activant des concertations nationales "ouvertes" à l'opposition, à la société civile et à la diaspora, le président congolais espère ainsi donner des gages de bonne volonté à la communauté internationale. Le temps joue en sa faveur. Aucune issue rapide ne se profile dans le conflit au Nord-Kivu : les pourparlers de paix de Kampala sont au point mort et l'arrivée de la Brigade d'intervention de l'ONU, plus offensive que les actuels casques bleus de la MONUSCO, risque plus de figer la situation militaire, que de stopper la guerre. Mais attention, pour que l'opération séduction de Joseph Kabila réussisse, il faudra un minimum de représentants de l'opposition autour de la table des concertations nationales… et pour le moment c'est plutôt mal parti.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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08 juillet 2013
RDC : La diaspora intégrera les concertations nationales
La diaspora grande oubliée du dialogue nationale ? Nous posions cette question sur ce site il y a quelques jours. La publication du règlement intérieur des futures concertations répond aujourd'hui à cette question : 18 délégués issus de la diaspora feront finalement partie du dialogue souhaité par le président Joseph Kabila. Des concertations qui sont pourtant loin de faire l'unanimité dans l'opposition.
Le projet de règlement intérieur des prochaines concertations nationales (consultable ici) prévoit 18 sièges pour la diaspora. A Paris, le représentant de la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD) se dit satisfait de cette intégration, "qui plus est reconnue comme composante à part entière", souligne Gaspard-Hubert Lonsi Koko, son porte-parole. Dans ces colonnes, nous avions relayé son appel pour la participation de la diaspora au dialogue national (lire Afrikarabia). Le règlement intérieur associera la diaspora à la société civile, au même titre que "les confessions religieuses, les défenseurs des droits de l'homme ou la magistrature (article 5-5)". Gaspard-Hubert Lonsi Koko estime que 8 délégués pourraient représenter l'Europe.
Mais pour le moment, ils sont bien peu nombreux dans les rangs de l'opposition à vouloir s'asseoir à la même table que la Majorité présidentielle. "Un piège" pour la plupart des opposants. L'UNC de Vital Kamerhe a estimé que "la question de la légitimité des dirigeants actuels de la RDC devrait faire partie de ces discussions". L'UDPS et ses alliés dénoncent "la démarche biaisée" de Joseph Kabila et demandent la médiation de personnalités neutres, comme l'envoyé spécial de l'ONU. "Le président Kabila est juge et partie" accuse Jean-Claude Vuamba sur le site de Radio Okapi. "La convocation du dialogue devrait être précédée par la mise en place d’un comité préparatoire, incluant toutes les parties prenantes afin d’en définir le format, l’ordre du jour, les mécanismes de suivi et d’exécution des décisions" estime Vuamba qui déclare ne pas vouloir participer aux concertations si le schéma actuel est maintenu.
En France, la diaspora est plutôt hostile au dialogue souhaité par le Chef de l'Etat, dont le plus grand nombre conteste la réélection de Joseph Kabila et donc sa légitimité. Sur le site Afrikarabia, les réactions des Congolais sont nombreuses à vouloir refuser leur participation à "une mascarade présidentielle". Certains se demandent comment peut-on s'asseoir à la table d'un régime "sans aucune légitimité qui emprisonne les vrais opposants comme Eugène Diomi Ndongala, Jacques Chalupa ou le Pasteur Kutino". D'autres appellent "au soulèvement populaire contre le régime", plutôt que d'aller discuter avec Joseph Kabila. Gaspard-Hubert Lonsi Koko prend les choses avec philosophie. Il ne s'estime "pas dupe" de la volonté du chef de l'Etat d'utiliser l'opposition dans ces concertations pour renforcer sa légitimité, mais le porte-parole du DCFD pense que pour peser, "il vaut mieux être dedans que dehors". Pour l'instant, aucune date n'a été fixée pour le démarrage des concertations nationales.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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04 juillet 2013
RDC : L'ARP dément la dissolution de son exécutif
L'Armée de résistance populaire (ARP) du général dissident Faustin Munene dément formellement la dissolution des membres de l'éxecutif de son mouvement, annoncée par plusieurs sites internet. "De fausses informations", selon l'ARP, publiées "dans le seul but de nuire à la réputation du parti et de son commandant en chef".
L"ARP de Faustin Munene est-elle en crise ? C'est ce que croient savoir deux sites internet qui ont relayé une information annonçant la dissolution du secrétariat général et de tous les membres du comité exécutif par le général Faustin Munene, patron de l'ARP. Le site CongoTribune affirmait tenir son information du directeur de cabinet de Munene, Maitre Michel Kanama. Selon ce proche du général dissident, "cette décision intervient, après de fortes tractations dans le mouvement, suite aux manquements graves constatés dans le comportement de certains membres de l’Exécutif et le manque de transparence dans la gestion des dossiers sensibles qui menaçaient l’unité".
Mais quelques jours plus tard, le 30 juin 2013 , le secrétaire général de l'ARP, Fanfan Longa Foamba publie un démenti formel et se dit "surpris par cette fausse information qui n'engage que son auteur". Selon le secrétaire général de l'ARP, cette annonce avait "pour seul but de nuire à la réputation du mouvement ainsi qu'à son commandant en chef". Fanfan Longa Foamba affirme que le comité exécutif de l'ARP "garde le contrôle du mouvement".
Entré en dissidence en 2010 et accusé de vouloir renverser Joseph Kabila, le général Faustin Munene a été condamné par contumace, avant de se réfugier à Brazzaville. Munene dénonce les pressions incessantes de Kinshasa sur les autorités du Congo-Brazzaville afin de l'extrader et estime que le régime de Joseph Kabila cherche régulièrement à déstabiliser son mouvement politico-militaire.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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RDC : La diaspora oubliée du dialogue national
Joseph Kabila a annoncé la prochaine tenue de "consultations nationales" dans un contexte de crise politique après les élections contestées de 2011 et la reprise de la guerre à l'Est du pays. A Paris, la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD) regrette l'absence de la diaspora à cette initiative.
Annoncé en janvier 2013, le dialogue national voulu par Joseph Kabila devrait finalement voir le jour. Le président congolais a signer dernièrement une ordonnance convoquant des "consultations nationales" sous la direction de deux de ses proches : Aubin Minaku, le président de l'Assemblée nationale et Léon Kengo, le président du Sénat. Objectif de ces consultations : "rétablir la cohésion nationale, consolider l'unité du pays et mettre fin aux cycles de violence à l'Est du pays afin de permettre la reconstruction du pays". Un programme ambitieux qui butte sur l'affaiblissement du chef de l'Etat congolais depuis la présidentielle contestée de novembre 2011 et le retour de la guerre au Nord-Kivu. Les "consultations nationales" devraient se dérouler sur 15 à 20 jours à une date encore "indéterminée" par l'ordonnance présidentielle.
Si l'opposition politique, UNC et MLC en tête, ont rejeté en bloc leur participation au dialogue national, certains partis (ils sont peu nombreux) approuvent la démarche du président Kabila. C'est le cas à Paris de la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD). Gaspard-Hubert Lonsi Koko, son porte-parole, approuve l'initiative présidentielle. Il souhaite en effet la tenue d'"un véritable dialogue républicain, sans exclusive, entre les Congolais". Selon lui, il y a urgence à consolider "la cohésion nationale, la concorde sociale, les institutions étatiques (…) face aux diverses tentatives de déstabilisation de la partie orientale de la République démocratique du Congo". Si Gaspard-Hubert Lonsi Koko ne cautionne pas la politique de Joseph Kabila (il a toujours revendiqué sa place dans l'opposition), le porte-parole de la DCFD rejette la politique de la chaise vide.
Mais il y a un autre bémol de taille : l'absence de la diaspora congolaise à ces concertations. Pour Gaspard-Hubert Lonsi Koko, "tous les Congolais sont égaux devant la loi" et il ne comprend pas que la diaspora soit écartée du processus. "La diaspora constitue quasiment 1 province entière de la RDC. Nous participons économiquement et socialement à la vie du pays", explique-t-il. Dans un communiqué publié à Paris, la DCFD espère donc "que ce facteur sera pris en compte avant l’articulation concrète desdites concertations – la reconstruction de la souveraineté de l’État devant être l’œuvre de tous les Congolais, indépendamment de leur lieu de résidence". La diaspora mène depuis de nombreuses années un long combat pour la reconnaissance de ses droits en RDC. Lors du processus électoral de 2011, les Congolais de la diaspora congolaise n'avait pas pu participer au scrutin depuis leurs pays de résidence.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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03 juillet 2013
RDC : "L'affaire Chebeya" indésirable au Cameroun
Le documentaire "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?" et son réalisateur, Thierry Michel, ne sont pas les bienvenus au Cameroun. Le cinéaste a été informé par le directeur du festival "Ecrans noirs" qu'il serait immédiatement refoulée dès son arrivée au Cameroun et que son film a été retiré de la programmation. Thierry Michel accuse Kinshasa d'être à la manoeuvre.
Le documentaire sur l'affaire Chebeya n'en finit pas de déranger les autorités de République démocratique du Congo (RDC). Son réalisateur, Thierry Michel, affirme que son film, "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?", a été retiré du festival de Yaoundé "Ecrans noirs" sur "demande expresse" du gouvernement congolais. Le cinéaste a également été averti par le directeur du festival qu'il serait refoulé dès son arrivée au Cameroun malgré un visa en bonne et due forme délivré par l'ambassade camerounaise à Bruxelles.
Ce film sur l'assassinat en 2010 d'un militant des droits de l'homme à Kinshasa alors qu'il avait rendez-vous avec le chef de la police congolaise, avait déjà valu plusieurs "tracasseries" à son auteur. Le film avait été interdit de diffusion en République démocratique du Congo et Thierry Michel avait été refoulé à l'aéroport de Kinshasa en juillet 2012. Mis en cause dans le documentaire, le chef de la police congolaise, John Numbi, avait également attaqué le film en justice en Belgique, avant d'être débouté.
Il faut dire que le documentaire de Thierry Michel pointe avec force les "errements" (pour ne pas dire plus) de la justice congolaise dans l'affaire Chebeya. Dans le film, un des policiers met directement en cause l'ancien chef de la police, John Numbi, considéré par les parties civiles comme le commanditaire du meurtre. Toutes les pistes convergent vers ce proche du président Joseph Kabila, pourtant, la justice congolaise a toujours refusé de le mettre en cause. L'épisode camerounais n'est qu'un énième soubresaut des autorités de Kinshasa pour tenter d'"enterrer" le procès Chebeya, dont les principaux accusés (sauf John Numbi) sont rejugés de manière chaotique depuis le 19 juin 2012.
L'interdiction camerounaise pose également plusieurs questions : celle de l'indépendance des autorités de Yaoundé face à des pressions extérieures et surtout le "silence radio" (pour l'instant) des partenaires du festival "Ecrans noirs" : l'Institut Français qui dépend du Ministère de la culture français et Ministère des Affaires étrangères, France 24, RFI ou Canal+… dont on aurait pu attendre un geste.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
MISE A JOUR : Mercredi dans l'après-midi, Thierry Michel a annoncé la levée de l'interdiction du film qui sera bien projeté jeudi 4 juillet dans le cadre du festival "Ecrans noirs". Le cinéaste indique également qu'il "n'est plus convié à venir présenter le documentaire".
Pour en savoir plus sur l'excellent film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?" : www.chebeya-lefilm.com
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30 juin 2013
RDC : Les révélations du nouveau rapport de l'ONU
Le prochain rapport intermédiaire du groupe d'experts de l'ONU sur la situation en République démocratique du Congo a été divulgué ce week-end par Inner City Press. Dans ce rapport plus contrasté que le précédent, l'ONU révèle que le soutien du Rwanda au M23 est désormais "limité" et que l'armée régulière (FARDC) "collabore" avec le groupe armé des FDLR.
Le tout nouveau rapport préliminaire du groupe d'experts de l'ONU sur la République démocratique du Congo daté du 20 juin 2013 a fuité ce dimanche et été mis en ligne en exclusivité par Inner City Press (rapport accessible en anglais ici). Le rapport final 2012 avait suscité une vive polémique l'an passé en accusant le Rwanda et l'Ouganda de soutenir les rebelles du M23, en guerre contre le gouvernement congolais à l'Est de la RDC. Selon ce précédent rapport, "les leaders du M23 avaient reçu des ordres militaires directs du chef de l’armée rwandaise et Kigali avait fourni armes lourdes, conseils militaires et politiques aux rebelles"… une petite bombe diplomatique qui avait plongé Kigali dans l'embarras.
Rwanda : "soutien continu mais limité au M23"
Le nouveau rapport 2013 du groupe d'expert était donc très attendu, tant par Kigali, que par Kinshasa et l'ensemble de la communauté internationale. Ce dimanche, le rapport préliminaire était opportunément disponible sur internet. Il est plus nuancé et contrasté que le précédent, notamment sur l'implication des pays voisins dans l'aide à la rébellion du M23. Le groupe d'experts note qu'il ne dispose à ce jour "d'aucune indication de soutien de l'Ouganda aux rebelles" et a "recueilli des preuves d'un soutien continu - mais limité - au M23 en provenance du Rwanda". Le rapport explique ensuite, qu'après les combats au sein du M23 entre pro-Makenga et pro-Ntaganda en mars 2013, la fuite de Bosco Ntaganda et de 788 de ses hommes a considérablement affaibli la rébellion "incapable de contrôler l'ensemble de son territoire". Les experts estiment que le M23 de Sultani Makenga est actuellement composé de (seulement) 1.500 soldats répartis sur une superficie de 700 km2. La rébellion continuerait donc à recruter au Rwanda, selon l'ONU, et enrôlerait des soldats rwandais démobilisés.
Le Rwanda lâche Ntaganda et se rapproche de Makenga
Autre élément important révélé par le rapport préliminaire du groupe d'expert : le Rwanda (vraisemblablement sous pression internationale) aurait fait sérieusement le ménage dans ses relations avec la rébellion du M23. Les experts expliquent que les autorités rwandaises ont arrêté un colonel rwandais, Jomba Gakumba, "en raison de ses liens étroits avec Bosco Ntaganda". Le 10 Mars 2013, les autorités rwandaises ont également arrêté Gafishi Semikore et Theo Bitwayiki, alors "qu'ils tentaient d'aider Bosco Ntaganda au Rwanda en lui fournissant des munitions". Le Rwanda s'est donc visiblement très vite détourné de Ntaganda, devenu infréquentable, pour venir en aide à son rival Sultani Makenga. "Deux membres et un collaborateur du M23 ont confirmé que des groupes de soldats rwandais démobilisés s'étaient infiltrés en RDC au cours des deux semaines de combats pour aider Makenga", selon le rapport. Autre information intéressante de l'ONU : les centres de commandement de la rébellion se seraient déplacés : le siège administratif du M23 se situerait à Rumangabo et le quartier général militaire serait à Chanzu.
Collaboration FARDC-FDLR
Concernant les FDLR, ce groupe armé hutu rwandais en lutte contre Kigali et que combat le M23,le rapport de l'ONU indique "qu'ils ont continué de s'affaiblir au cours du premier semestre 2013". Les FDLR serait actuellement au nombre de 1.500 miliciens, dont la majorité est déployée au Nord-Kivu et le reste dans le Sud-Kivu. Le groupe d'experts note que la diminution de la capacité de nuisance des FDLR serait principalement due à un taux de désertion élevé, à de divisions internes et à une hiérarchie très affaiblie. Enfin, autre information, et non des moindres : la "collaboration entre certaines unités des FARDC et les FDLR dans des zones proches des territoires contrôlés par le M23". Le groupe d'experts a notamment interrogé 10 soldats des FARDC à Tongo, au Nord-Kivu, qui ont déclaré que "les FARDC et les FDLR se réunissaient régulièrement et échangeaient des informations opérationnelles". Ces mêmes sources ont déclaré que les soldats des FARDC fournissaient des munitions aux FDLR. Devant une telle collusion entre l'armée régulière et ce groupe armé, l'ONU a envoyé une lettre le 12 Juin 2013 au gouvernement congolais "pour demander des éclaircissements sur ce soutien et attend une réponse".
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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23 juin 2013
RDC : Lubumbashi sous pression Maï-Maï
Depuis 3 mois, la ville de Lubumbashi vit sous la menace d’une milice indépendantiste, les Bakata Katanga. Après avoir brièvement envahi la riche ville minière en mars dernier, ce groupe armé Maï-Maï multiplie les attaques. Dans la nuit de samedi à dimanche, les Bakata Katanga se sont lancés à l’assaut de la prison de la ville. Sans succès. Mais la fièvre indépendantiste gagne la ville.
Nouvelle attaque Maï-Maï à Lubumbashi dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 juin 2013. La cible du groupe sécessionniste Bakata Katanga était cette fois-ci la prison de la Kasapa. Selon Radio Okapi, "les miliciens se dirigeaient vers la porte d’entrée de la prison lorsqu’ils ont été interpelés par les gardiens (...) Après vingt minutes d’affrontements, les assaillants ont été repoussés sans réussir à pénétrer dans la prison". En septembre 2011, ce même groupe armé avait déjà attaqué la prison de Lubumbashi avec plus de réussite : leur chef, Kyungu Mutanga Gédéon, en avait profiter pour s'évader. Depuis, il sème la terreur au Nord de la province.
Attaques en série
Depuis quelques mois les attaques Maï-Maï se multiplient au Katanga. Le 23 mars dernier, ce sont environ 300 hommes du groupe indépendantiste qui ont envahi brièvement Lubumbashi. Le groupe a fondu sur le centre ville en quelques minutes sans rencontrer de réelle résistance des forces de sécurité congolaises. C'est la Monusco, la Mission des Nations unies au Congo qui a négocié leur rédition. 200 Maï-Maï été ensuite été transférés à Kinshasa. Bilan officiel : 23 morts. Le 1er juin, l'ONU révèle que 16 personnes ont été brûlées vives par des éléments Maï-Maï Bakata Katanga lors de l'attaque du village de Lwela, au centre du Katanga. Peu de temps après, le dimanche 16 juin, des affrontements ont opposé l'armée congolaise (FARDC) et les Bakata Katanga à Shindaika, à 20 km de Lubumbashi. 7 personnes auraient été tuées.
Fièvre sécessionniste
Quel sens donner aux attaques répétées des Bakata Katanga ? Tout d'abord, la province a toujours été secoué par des velléités sécessionnistes. Le Katanga, est la plus riche province de la République démocratique du Congo et depuis l'indépendance en 1960, beaucoup sont nombreux à penser que le Katanga aurait tout avantage à acquérir son indépendance plutôt que de contribuer "à fonds perdus" aux maigres finances du pays. Le projet de décentralisation voulu par le président Kabila a également contribué à faire renaître le sentiment indépendantiste de la province. Avec ce projet, le Katanga serait découpé en quatre régions : deux provinces riches au Sud et deux autres plus pauvres au Nord. Certains hommes politiques katangais, surtout issus du Nord comme le président de l'Assemblée povinciale, Gabriel Kyungu, voient d'un très mauvais oeil ce "saucissonnage" entre le Sud "utile" et le Nord "inutile". La manne financière du cuivre resterait au Sud. Plusieurs ONG soupçonne donc des politiciens locaux de "manipuler" les Bakata Katanga à des fins politiques pour faire pression sur Kinshasa.
L'indépendance, mais pas la guerre
A Lubumbasi, le cas des Bataka Katanga inquiète les Congolais. Et le sentiment est unnanime : l'indépedance oui, mais la guerre pour obtenir l'indépendance, non ! Le sentiment indépendantiste et pourtant resté très fort dans la province. Pour bon nombre de Congolais, "Kinshasa est loin" et le Katanga est toujours sollicité pour ces ressources financières, "sans rien en retour". L'état central "n'apporte rien" m'explique un Congolais de Lubumbashi : "pas de routes, pas de trains, pas d'électricité, pas de sécurité". Mais pour autant, aucun ne souhaite le retour de la guerre pour obtenir cette indépendance tant désirée, d'où une certaine méfiance dans la mouvance Bakata Katanga. Certain croit à la méthode douce : "l'ONU avait promis en 1960 que le Katanga pourrait avoir accès à son autonomie 50 ans après l'indépendance du Congo" me confie un autre Congolais. "Le moment est venu, nous sommes en 2013 et nous avons déjà perdu 3 ans".
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Lubumbashi 22 juin 2013 (c) Ch. Rigaud
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21 juin 2013
RDC : John Numbi, portrait d'un homme de l'ombre
John Numbi est sans doute l'un des personnages les plus troubles du régime de Joseph Kabila. Accusé d’être l’un des instigateurs du meurtre du célèbre défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya, en juin 2010, John Numbi a rapidement été suspendu de ses fonctions de chef de la police nationale congolaise. Après avoir été placé en résidence surveillée pour les besoins d’enquête, il s'est réfugié, sans être inquiété par les autorités congolaises, dans le nord Katanga. On l'accuse aujourd'hui d'attiser le groupe armé sécessionniste "Bakata Katanga". Clément Boursin, responsable pour l'Afrique d'ACAT-France (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), nous en dresse le portrait.
De milicien katangais à piètre militaire
John Numbi est né en 1962 dans le Haut-Lomami, au nord Katanga. En 1983, il décroche un diplôme en électronique à l’Institut supérieur pédagogique technique de Likasi. Sa première rencontre avec Laurent-Désiré et Joseph Kabila, le père et le fils, remonte à 1989, à Pweto, au Katanga.
John Numbi émerge sur la scène publique au début des années 90 lorsqu’il devient le chef de la milice de l'Union des fédéralistes et républicains indépendants (JUFERI), groupe de jeunes katangais aux méthodes violentes, dont le gouverneur de la province de l’époque, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, se sert ouvertement pour terroriser ses adversaires politiques de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont le chef - Etienne Tshisekedi - est originaire du Kasaï. Son nom est lié aux pogroms anti-kasaïens - soupçonnés de soutenir l’UDPS - de 1992-1993, qui font plusieurs centaines de mort et un demi-million de déplacés au Katanga . Des plaintes ont d’ailleurs été introduites auprès des autorités judiciaires contre John Numbi, mais elles n’ont jamais été traitées et ont depuis lors disparues. En 1992, il sympathise avec le jeune Joseph Kabila . En 1996, soupçonné d’entretenir des liens avec des adversaires politiques du Maréchal Mobutu Sese Seko, il est arrêté à Lubumbashi et envoyé en détention à Kinshasa. Il réussit toutefois à s’échapper de prison et se réfugie dans l’enclave angolaise du Cabinda, où il fait la rencontre de gendarmes katangais, qui eux aussi y ont trouvé refuge après l’échec de la sécession katangaise de 1960. En mai 1997, après la chute du régime Mobutu, John Numbi rentre à Kinshasa avec les gendarmes katangais.
Laurent-Désiré Kabila, le nouveau président de la République, fait de John Numbi - qui appartient au même groupe ethnique : les Luba du Katanga plus couramment appelés les « Lubakat » - un militaire. Il commence comme chargé de la communication dans une compagnie, puis dans une brigade. Il devient ensuite directeur des transmissions de l’armée et commandant de la 50ème brigade chargée de la sécurité de la ville de Kinshasa. Son ascendance est fulgurante. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de James Kabarebe, officier rwandais, alors chef d’État-major de l’armée congolaise.
En août 1998, il est nommé chef d’État-major opérationnel à Kindu, dans le Maniema. Préférant se livrer au commerce que de préparer la défense de la ville, il est remplacé un mois plus tard. En octobre la ville est conquise par le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), groupe d’opposition armé au gouvernement Kabila. En 1999, il est nommé Brigadier général avec comme responsabilité le commandement militaire de la région n°4 du Katanga. Il travaille alors avec Joseph Kabila, alors chef de la Force terrestre. En décembre 2000, leurs hommes perdent la bataille de Pweto contre l’armée rwandaise. Le 14 janvier, John Numbi est remercié par Kabila père et envoyé au Zimbabwe pour suivre une formation militaire. Deux jours plus tard, Laurent-Désiré Kabila est assassiné à Kinshasa dans des conditions qui n’ont jusqu’à ce jour jamais été établies. Devenu président, Joseph Kabila nomme John Numbi chef d’état-major de l’armée de l’air en mars 2001. Au cours de la même année, ce dernier arme les Maï-Maï de Gédéon, à Mitwaba, en échange d’or et de pierres précieuses . Dans le même temps, il donne l’ordre aux FARDC de quitter le territoire Malemba Nkulu, au nord Katanga, et permet ainsi à son oncle Makabe, chef Maï-Maï local, de prendre le contrôle de ce territoire et de ses ressources naturelles en usant de la violence.
L’homme de confiance du président Joseph Kabila
John Numbi, après avoir été fait militaire de carrière par le père Kabila, s’installe confortablement dans le premier cercle du fils Joseph en compagnie d’autres Katangais. Il a un accès direct au chef de l’État et se voit confier les missions les plus délicates en matière de maintien de l’ordre et de sécurité du territoire. À deux reprises ses hommes font le coup de feu à Kinshasa contre les hommes de Jean-Pierre Bemba, le principal opposant du président Joseph Kabila. En août 2006, dans l’attente des résultats du premier tour des élections présidentielles, John Numbi est à la manœuvre lorsque la garde républicaine affronte à Kinshasa les gardes de Bemba dans la capitale. En mars 2007, ses hommes pilonnent la résidence de Bemba, dans la capitale, alors que des diplomates étrangers sont présents dans la demeure.
Homme de confiance de Joseph Kabila, John Numbi est également amené à gérer des dossiers secrets en ce qui concerne la situation dans l’est de la RDC. Fort de ses liens noués avec James Kabarebe à la fin des années 90, John Numbi négocie secrètement à Kigali avec le chef rebelle congolais Laurent Nkunda, en janvier 2007, afin d’intégrer les hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) au sein de l’armée régulière, ce qui échoue une première fois. De novembre 2008 à janvier 2009, John Numbi est de retour au Rwanda pour négocier avec les plus hautes autorités rwandaises et Bosco Ntaganda l’éviction de Laurent Nkunda du CNDP et le lancement au nord-Kivu d’une opération militaire conjointe rwando-congolaise contre les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). John Numbi prend la tête de cette opération appelée « Umoja Wetu » (notre unité en swahili) ; opération qui fera de nombreux morts au sein des populations civiles et qui ne résoudra en rien la présence des FDLR dans la sous-région.
Une responsabilité directe dans des crimes contre l’humanité au Bas-Congo
Le 11 juin 2007, trois jours après avoir fait bloquer tous les avions à l’aéroport de Kinshasa-Ndjili, dont des avions de compagnies internationales, John Numbi perd son poste de chef d’État-major de l’armée de l’air, mais récupère la tête de la police : il devient inspecteur général de la police nationale congolaise.
Un an plus tard, il doit gérer une insurrection politico-religieuse dans le Bas-Congo qui est perçue comme une humiliation par le clan Kabila. À la suite d’élections locales frauduleuses ayant permis à un membre du régime en place d’être élu en lieu et place d’un homme politique local, les adeptes du Bundu Dia Kongo (BDK) prennent le contrôle de plusieurs localités, tuant des policiers et saccageant des bâtiments administratifs. Le drapeau du BDK est même hissé à la place de celui de la RDC à certains endroits de la province. À Kinshasa, qui ne se trouve qu’à environ 200 kilomètres, les autorités préparent la riposte. Alors que le pays s’apprête à rentrer dans la période électorale en vue du premier tour des élections présidentielles de juillet 2006, le régime veut montrer à l’opinion comme à ses adversaires politiques qu’il est maître de son territoire et qu’une telle situation ne peut perdurer. Le 26 février 2008, John Numbi rencontre à Kinshasa le ministre de l’Intérieur, Denis Kalume, et le président de la République, Joseph Kabila. Deux jours plus tard, 600 militaires et policiers sont envoyés dans le Bas-Congo depuis Kinshasa afin de mater le BDK. Il s’agit d’une véritable opération militaire visant à punir cette secte.
Dans un rapport de 13 pages , publié en mars 2008, l’organisation de la Voix des sans-voix (VSV) établit un bilan terrible de cette opération en termes de violations des droits de l’homme. Le bilan officiel est de 27 morts dont 3 policiers. Mais en réalité au moins 100 personnes ont été tuées d’après les Nations unies qui ont également entrepris une enquête . Plus de 150 membres du BDK sont arrêtés et la plupart torturés et plus de 200 édifices de partisans du BDK sont détruits par incendie. Selon la VSV, « des consignes auraient été données aux militaires et policiers de tout mettre en œuvre pour qu’il n’y ait pas de prisonniers ». Il fallait restaurer l’autorité de l’État bafouée par le BDK et cela au prix du sang des adeptes de cette secte et des populations civiles complices. Outre les massacres commis dans les villages reconquis et la chasse à l’homme de tout adepte ou sympathisant du BDK, il importait également d’effacer toute preuve de crimes. Les volontaires de la Croix-Rouge ne sont pas autorisés à avoir accès aux victimes. Les cadavres sont rapidement embarqués dans des véhicules militaires puis disparaissaient. Des corps éventrés – pour ne pas flotter – sont retrouvés sur les bords du fleuve Congo. Selon la VSV, les auteurs de ces crimes feraient partie de trois entités des forces de défense et de sécurité : la police d’intervention rapide (PIR) – à l’époque formée en partie par la France –, l’unité de la police intégrée (UPI) et la Garde Républicaine. Le rapport concluait : « Le massacre des adeptes du BDK constitue un acte de génocide. Les actes commis sur la population dans la province du Bas-Congo sont allés de la préméditation jusqu’à la volonté de détruire le mouvement politico-religieux du BDK à travers des tueries ciblés ». Parmi les recommandations effectuées auprès du gouvernement congolais figurait celle-ci : la nécessité de « poursuites judiciaires contre le ministre de l’Intérieur, Denis Kalume Numbi, le gouverneur et le gouverneur adjoint de la province du Bas-Congo, Mbatshi Mbatshia et Déo Nkusu, les généraux Raus Chalwe et John Numbi ». Les responsables de ces crimes n’ont bien entendu jamais été poursuivis devant la justice congolaise.
Une responsabilité directe dans l’assassinat de Floribert Chebeya
Face à l’impunité persistante, le président de la VSV, Floribert Chebeya, continue ses enquêtes et se procure des documents accablants pour les autorités congolaises, notamment auprès de l’ancien président de l’assemblée nationale Vital Kamerhe, un ancien bras droit de Kabila devenu opposant.
Sur la base de ces documents, il prend contact avec un avocat en Belgique en vue de préparer une communication destinée à la Cour pénale internationale (CPI). Il devient alors un témoin gênant pour les responsables du massacre du Bas-Congo. Le 1er juin 2010, Floribert Chebeya est invité à rencontrer John Numbi à son bureau, à l’Inspection générale de la police nationale congolaise (PNC), pour un motif qui devait lui être communiqué sur place. Il s’y rend avec son chauffeur Fidèle Bazana. Le lendemain, le président de la VSV est retrouvé mort dans sa voiture et son chauffeur est porté disparu. Il ne réapparaitra plus jamais. Le 5 juin, John Numbi est suspendu de ses fonctions à titre conservatoire, par arrêté ministériel, et il est placé en résidence surveillée pour besoins d’enquête.
Malgré l’existence de sérieux soupçons quant à son implication dans ces meurtres, les autorités saisissent la Cour militaire de justice, juridiction qui n’est pas en mesure de juger John Numbi du fait de son grade supérieur à ceux des juges militaires. Seule la Haute cour militaire est compétente en la matière. John Numbi n’est donc entendu qu’en tant que « simple témoin ». Les relevés téléphoniques retracés pour les besoins de l’enquête montrent pourtant que John Numbi était en contact régulier avec l’ensemble des prévenus tout au long de l’opération ayant conduit au double assassinat. La justice impute finalement la mort des deux défenseurs des droits de l’homme à cinq officiers et sous-officiers qui travaillent sous les ordres directs de John Numbi. Le 23 juin 2011, les avocats de la partie civile interjettent appel de l’arrêt de la Cour afin que l’affaire soit jugée au niveau de la Haute cour militaire et que John Numbi puisse enfin être jugé. Un mois plus tard, une tentative d’arrestation peu médiatisée de John Numbi aurait eu lieu à Lubumbashi, au Katanga. Mais après deux jours de détention, il aurait eu une longue conversation avec Joseph Kabila et aurait été relâché .
Le 17 octobre 2012, Paul Mwilambwe, policier congolais en charge de la sécurité à l’IGPNC, condamné par contumace pour le meurtre de Chebeya, témoigne sur Radio France internationale (RFI) avoir assisté au meurtre de Floribert Chebeya. Il indique que le meurtre aurait été commandité par le président Joseph Kabila par l’entremise de John Numbi . Il s’agirait donc d’un crime d’État. Manque de chance, l’enregistrement vidéo de la caméra de surveillance qui aurait capté la scène du kidnapping de Chebeya, selon Paul Mwilambwe, a disparu peu après le drame. Aujourd’hui, en restituant le parcours de John Numbi ces dernières années, on comprend mieux pourquoi il n’a jamais été réellement inquiété dans cette affaire comme dans les précédentes. Le 23 octobre 2012, la Haute cour militaire a refusé d’examiner le rôle joué par le général John Numbi dans l’affaire Chebeya-Banzana. Quant à la plainte déposée contre John Numbi par la veuve Chebeya, elle n’a jusqu’à ce jour reçu aucune suite, ni classement, ni poursuites…
L’ombre de John Numbi au Katanga
John Numbi est donc toujours en liberté, au Katanga, où il vit dorénavant dans les « affaires » de coltan et autres minerais. Pourtant, selon plusieurs organisations de la société civile du Katanga , John Numbi serait l’un des responsables de l’insécurité qui prévaut actuellement dans la province. Selon elles, « jeudi 21 mars 2013, un groupe de Maï-Maï Kata Katanga qui s’était évadé de l’Agence nationale de renseignements (ANR) se serait réfugié dans la ferme nommée Beijing appartenant au Général John Numbi. Quelques jours plus tard, le samedi 23 mars, il y a eu assaut de la ville de Lubumbashi ». Ces Maï-Maï, armés de lance-roquettes, d’une trentaine de fusils AK47, de lances et de flèches ont brièvement affronté l’armée congolaise faisant 33 morts dont 26 Maï-Maï.
Le 8 septembre 2011, leur chef, Gédéon, avait pu s’échapper de la prison de Kasapa, à Lubumbashi, grâce à un commando armé. Il y purgeait une peine de prison à vie pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans les territoires katangais de Mitwaba, Pweto et Manono entre 2003 et 2006. Des accusations avaient été portées à cette époque contre John Numbi, parrain de Gédéon au début des années 2000.
Beaucoup considèrent John Numbi comme le premier sponsor des indépendantistes katangais ; une manière de rappeler au président Joseph Kabila sa force de nuisance au Katanga, dans le cas d'une éventuelle mise en examen dans le procès Chebeya.
Clément BOURSIN - Responsable pour l'Afrique d'ACAT-France (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) www.acatfrance.fr
photo extraite du documentaire de Thierry Michel, "l'Affaire Chebeya, un crime d'Etat ?"
19:06 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
16 juin 2013
RDC : L'accord ou la guerre
La reprise du conflit est-elle inévitable entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise à l'Est de la RDC ? Les négociations de paix de Kampala devraient reprendre ce mardi sans réel espoir de compromis. Alors que le M23 cherche à affirmer ses revendications politiques, le gouvernement souhaite en éviter le piège et compte sur l'entrée en action de la brigade d'intervention de l'ONU pour clôturer les pourparlers.
Peut-on encore attendre un dernier miracle des négociations de Kampala entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais ? Après 7 mois de discussions stériles sans avancée aucune, on en doute. Pourtant la donne a changé dans les Kivus depuis l'annonce de l'arrivée de la brigade d'intervention de l'ONU, chargée de "neutraliser et désarmer les groupes armés", avec un mandat plus "offensif". Dans cette perspective, les rebelles du M23 ont changé leur fusil d'épaule. Après un coup de pression militaire avant la venue de Ban Ki-moon à Goma (que le M23 attribue aux FARDC et aux FDLR) la rébellion joue désormais l'apaisement et la carte politique. Objectif des rebelles : démontrer leur bonne volonté de voir se régler le conflit pacifiquement alors que la communauté internationale est prête à montrer ses muscles dans la région. Le M23, n'a en effet intérêt, ni à la confrontation armée, ni à être désigné comme le seul fauteur de trouble dans l'Est de la RDC.
Devant la volonté "offensive" de l'ONU d'"imposer la paix", le M23 a décidé de reprendre l'offensive diplomatique en retournant aux pourparlers de Kampala avec le gouvernement congolais le 9 juin dernier. Un retour stratégique, validé par cette étonnante déclaration de la Monusco qui affirmait que "si les rebelles du M23 retournaient effectivement à Kampala pour continuer les négociations, la brigade d'intervention de l'ONU n'irait pas les attaquer là où ils sont". Une bonne nouvelle pour le M23 qui reste à l'abri de la brigade tant que les négociations sont en cours.
"Des progrès au niveau politique"
Le retour des revendications politiques du M23 se trouve validé par la récente déclaration de Mary Robinson, l'envoyée spéciale et l'ONU dans la région, qui affirme que la fameuse brigade sera "une force de dissuasion" (et non plus "offensive" ?) et souhaite "que l’on fasse plutôt des progrès au niveau politique". Le M23 avait déjà cherché par le passé à élargir ses revendications, qui n'étaient, dans un premier temps que catégorielles (intégration des rebelles au sein de l'armée, respect des grades… ). La rébellion avait alors affiché des revendications plus générales, destinées à séduire l'opposition congolaise : annulation des élections contestées de 2011, remise en cause des institutions, bonne gouvernance... sans succès auprès d'une opposition divisée et hostile aux rébellions venus de l'Est.
Le M23 parle maintenant d'une seule voix
Après son retour annoncé aux négociations de Kampala, le M23 a continué de jouer la carte politique. Sur internet, on évoque "la mue du M23 en parti politique" et la volonté d'évoquer de nouveaux les problèmes de bonne gouvernance du président Joseph Kabila. Dans ce sens, les sorties tonitruantes de Roger Lumbala, un soutien politique du M23, se font de plus en plus fréquentes. Lumbala affiche clairement sa volonté de "chasser Joseph Kabila du pouvoir", car "il n'a jamais été élu". Enfin, au sein même du M23, la ligne politique est plus cohérente. Depuis l'implosion du mouvement en mars 2013, la victoire de Makenga et la défaite de Ntaganda et Runiga, la rébellion semble désormais parler d'une seule voix. Avec l'arrivée de Bertrand Bisimwa à la tête de M23, la cohérence paraît totale entre le militaire et le politique. Jusque là, le M23 était séparé en deux clans : les pro-Ntangada et les pro-Nkunda, l'ancien patron du CNDP, ancêtre du M23. Désormais, seuls les pro-Nkunda sont aux manettes de la rébellion : Sultani Makenga, est l'ancien bras droit militaire de Nkunda et Bertrand Bisimwa, l'ancien porte-parole du CNDP.
Joseph Kabila compte sur la brigade
En allant sur le terrain de la politique intérieure congolaise, le M23 tente de brouiller les pistes et de placer le gouvernement devant ses responsabilités. Autant sur le terrain militaire, Kinshasa, n'a pas vraiment son mot à dire au vu de l'inefficacité de l'armée congolaise, autant sur le terrain politique, le gouvernement serait en mesure de faire quelques concessions. Pour ne pas tomber dans le piège des revendications politiques du M23, le président Joseph Kabila s'accroche à l'arrivée de la brigade de l'ONU annoncée pour mi-juillet. Une défaite militaire de la rébellion sonnerait la fin des ennuis pour le chef de l'Etat et lui éviterait toute remise en cause de sa légitimité. Si le M23 résiste à la brigade, Joseph Kabila peut aussi compte sur la mise en place prochaine du "dialogue national inter-congolais". Objectif : se renforcer politiquement, faire de nouvelles alliances et contre-balancer la pression du M23. Joseph Kabila espère créer autour de lui l'union nationale capable d'isoler le M23. Seule condition : que l'opposition accepte de créer l'union sacrée autour du président congolais… ce qui est peu probable.
"Je ne vois pas comment le M23 peut réintégrer l'armée congolaise"
En attendant, le M23 affiche un certain optimisme. Selon Stanislas Baleke, l'un des responsables politiques de la rébellion, "un accord est possible à Kampala, seulement si le gouvernement de Kinshasa est un peu plus responsable". "Le gouvernement doit nous écouter nos revendications légitimes, comme cela a été demandé par les chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région de Grands lacs (CIRGL)", explique ce membre du M23. Mais pour le moment, le facilitateur ougandais a proposer un texte qui ne semble pas répondre aux exigences de la rébellion. "Ce texte nous demande de mettre à disposition nos troupes et de nous cantonner", note Stanislas Baleke, "et je ne vois pas comment le M23 peut réintégrer l'armée congolaise (FARDC), qui travaille sur le terrain avec les FDLR, qui sont des forces négatives, c'est impossible". Sur le plan militaire, ce responsable politique du M23 estime que les attaques des FARDC de fin mai ne sont qu'un trompe l'oeil. "Ces attaques sont présentées par Kinshasa comme des victoires, mais c'est le M23 qui a gagné en reprenant 3 positions aux FARDC, notamment Mutaho et une partie de Muja".
Clôturer Kampala
Côté gouvernemental, on attend avec impatience l'agenda de la suite des travaux. Le porte-parole, Lambert Mende, campe sur ses positions et souhaite avant tout que le M23 dépose les armes. Sur les revendications politiques du mouvement, il estime que ces points ont déjà été discutés lors du précédent dialogue et que c'est une tactique "pour gagner du temps". Pour François Muamba, le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, "il ne s’agit pas de retourner à Kampala pour faire des discussions interminables. Il serait bon que la médiation nous propose une bonne formule pour clôturer cette affaire". La ligne est donc claire pour Kinshasa : clore les discussions... au plus vite.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © centre des négociations de Kampala
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13 juin 2013
RDC : Des militaires impliqués dans le commerce de minerais
Global Witness révèle dans un récent rapport l'implication de militaires de haut rang dans le commerce de minerais dans l'Est de la République démocratique du Congo. Selon l'ONG, les minerais seraient "blanchis" en transitant par le Rwanda et le Burundi, avant d'être exportés vers Dubaï.
Du Congo à Dubaï, en passant par... le Burundi. Global Witness a pu remonter la filière du commerce de l'or en République démocratique du Congo (RDC). L'ONG affirme que "les tonnes d’or produites dans l’Est du Congo profitent aux rebelles et à des officiers hauts gradés des armées gouvernementales congolaise et burundaise". L'enquête explique que l’or est blanchi en passant par le secteur aurifère national burundais pour être ensuite exporté vers Dubaï. Aucun contrôle sérieux ne semble être effectué par les acheteurs locaux ou par les négociants internationaux. D'importantes quantités d'or sont donc vendues sur le circuit international, alors qu'elles financent la guerre à l'Est de la RDC.
Pour d'autres minerais, Global Witness affirme que "la plus grande partie de l’étain, du tantale et du tungstène produits dans le Nord et le Sud-Kivu profite aux rebelles et à des membres de l’armée gouvernementale (FARDC)". Là encore, les minerais transitent via le Burundi, mais aussi le Rwanda avant d'être exportés. Au Rwanda, l'ONG explique que "l’étain et le tantale introduits clandestinement sont blanchis à travers le système d’étiquetage national rwandais et exportés en tant que produits rwandais propres". Global Witness rappelle enfin que les populations locales du Nord et du Sud-Kivu sont les premières "à faire les frais d’un long conflit marqué par les meurtres, les pillages, les viols massifs et les déplacements de population".
Global Witness estime que le moment est "crucial" pour le commerce des minerais en République démocratique du Congo. La pression doit donc s'accentuer sur les entreprises internationales du secteur. L'ONG affirme que les sociétés "visées par la Section 1502 de la Loi Dodd Frank (une loi américaine qui cherche à empêcher que le commerce des minerais de la région ne finance le conflit), sont dans leur première année de présentation de rapports et qu'elles sont tenues de publier pour mai 2014 des informations détaillées sur les efforts qu’elles déploient pour contrôler leurs chaînes d’approvisionnement". Et de rappeler aussi que l'Union européenne (UE) doit jouer un rôle majeur dans la réglementation du commerce des minerais. En mars 2013, une concertation publique sur les minerais du conflit, pourrait déboucher sur l’introduction d’une réglementation européenne. Mais le temps presse..
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : A L'Est de la RDC © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
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09 juin 2013
RDC : Les exactions continuent contre les Congolais expulsés d'Angola
Depuis plusieurs années, l'Angola procède à des expulsions massives de Congolais installés illégalement sur son territoire. En trois semaines, 52.231 Congolais ont traversé la frontière à Kamonia en RDC. Des expulsions souvent violentes, que dénoncent Médecins du Monde, seule ONG présente sur place et l'ACAT, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture.
L'Angola accentue la pression sur les Congolais en situation irrégulière. En avril, les autorités angolaises leur ont lancé un ultimatum pour quitter le territoire. Mais selon Médecins du Monde (MDM), présent à la frontière, ces "retours", volontaires ou non, se déroulent dans des conditions difficiles. 52.231 personnes ont en effet quitté l'Angola en seulement trois semaines. "Un afflux massif de réfugiés" qui s'effectue souvent dans la violence, selon l'ONG internationale. C'est désormais un scénario connu pour chaque expulsion massive : dépossessions de biens, fouilles poussées, arrestations arbitraires, violences sexuelles… Au banc des accusés : les forces de sécurité angolaises. Médecins du Monde demande d'ailleurs à l'Angola "de respecter ses engagements internationaux, à la communauté internationale de se pencher sur ces violences et aux acteurs humanitaires de se mobiliser".
L'eldorado angolais se termine souvent mal pour les Congolais qui tente l'aventure de l'autre côté de la frontière. Ils sont en effet nombreux à venir chercher "un avenir meilleur en allant travailler dans le secteur minier", explique Médecins du Monde (MDM). "Leur quête se termine souvent par leur exploitation, la violence et la peur. Des milliers d’entre eux sont arrêtés pour être déportés et atterrir dans les cachots situés à la frontière angolaise. Là, ils sont souvent violentés, avant d’être expulsés vers la RDC", s'inquiète l'ONG. Et la situation humanitaire devient critique à la frontière. "D’avril à mai, le nombre de patients a triplé dans nos centres de santé, deux-tiers sont des expulsés", explique Félicité Remadji, responsable du programme de MDM. "et nous avons besoin de renforcer nos capacités".
L'ACAT-France, l'Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, qui suit le dossier congolais, est également préoccupée par la recrudescence des violences chez les expulsés. L'ACAT relaie l'inquiétude de la coordination civile du territoire de Kasongo-Lunda qui affirme que sur 5.000 congolais expulsés, entre le 8 et le 16 mai 2013, "107 femmes et jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles". Selon l'hôpital de Kapanga, 48 femmes violées se sont également présentées pour obtenir des soins depuis mai 2013. L'ACAT-France s'étonne de la persistance des exactions à l'encontre des expulsés congolais, alors que "les autorités angolaises s'étaient au contraire engagées auprès des instances des Nations-unies à améliorer les conditions d'expulsion des ressortissants congolais et à enquêter sur les allégations de violences". Ces événements interviennent dans un contexte particulier. Le Conseil des droits de l'homme des Nations-unies examinera prochainement lors de sa 23ième session", le dossier angolais. L'ACAT-France a par ailleurs tenu à alerter Catherine Ashton, la Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, sur la situation des expulsés congolais.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
22:02 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
07 juin 2013
RDC : Le retour stratégique de Malu-Malu à la CENI
L'Abbé Apollinaire Malu-Malu revient aux affaires. Après avoir présidé l'ancienne CEI entre 2003 et 2011, l'ecclésiaste prend la tête de la nouvelle Commission électorale nationale et indépendante (CENI). En ligne de mire, la réforme d'une institution controversée, l'organisation des élections locales et la présidentielle de 2016 où l'on prête au président Joseph Kabila le souhait de se représenter.
Contre la volonté de l'église congolaise (CENCO)… et du Vatican, l'Abbé Malu-Malu rempile à la présidence de la Commission électorale (CENI). Une fonction qu'il connaît bien pour avoir organisé les premières élections "démocratiques" de 2006 à la tête de la défunte CEI. Qualifié "d'expert" par le clan gouvernemental pour avoir réussi la transition du "1+4" ainsi que le processus électoral de 2006, Apollinaire Malu-Malu revient avec plusieurs missions aux commandes d'une institution clé de la République démocratique du Congo. Fin 2007, il a également été chargé des travaux préparatoires de la Conférence de Goma en vue d'une issue à la guerre du Kivu. Une expérience intéressante pour Joseph Kabila, alors que la guerre a repris à l'Est entre les rebelles du M23 et le gouvernement.
Depuis le départ d'Apollinaire Malu-Malu de la CEI, en 2011, et la nomination du sulfureux Daniel Ngoy Mulunda, la Commission électorale n'a cessé d'être sous le feu des critiques. Du fichier électoral douteux, en passant par l'enrôlement chaotique des électeurs jusqu'au scrutin calamiteux de novembre 2011, la CENI a été tenue pour responsable des nombreux dysfonctionnements, irrégularités et soupçons de fraudes qui ont pesé sur la dernière présidentielle et législative de 2011. La Commission électorale a surtout souffert d'un manque cruel d'indépendance. L'opposition a accusé l'institution d'être au ordre du président Joseph Kabila et surtout de ne pas être en mesure d'organiser un scrutin impartial correspondant aux normes internationales. Au centre de la polémique : Daniel Ngoy Mulunda réputé très proche du chef de l'Etat. Il fallait donc changer la tête.
Les chantiers de la nouvelle CENI sont colossaux. Le fichier électoral est à revoir et les élections locales, sans cesse reportées, devront bien avoir lieu… un jour. Mais l'opposition prête au nouveau président une autre mission plus officieuse : préparer la prochaine présidentielle de 2016. Normalement le président Joseph Kabila ne devrait pas se représenter après 2 mandats, comme l'exige la Constitution. Mais à Kinshasa, de mauvaises langues affirment que le chef de l'Etat pourrait être tenté par un troisième mandat, après un "toilettage" constitutionnel comme ce fut déjà le cas début 2011 pour faire passer l'élection présidentielle de 2 tours à 1 seul tour… à quelques mois seulement du scrutin. L'ouverture prochaine d'un possible "dialogue national inter-congolais" pourrait d'ailleurs préparer le terrain au clan présidentiel pour trouver de nouveaux alliés pour 2016. La désignation de l'Abbé Malu-Malu à la présidence de la CENI constitue donc une nomination hautement stratégique… une question de survie politique pour le président Kabila.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Composition de la nouvelle CENI : Président: Abbé Apollinaire Malumalu, V/Prés.: André Mpungwe, Rapp.: Jean-Pierre Kalamba, Rapp/adjt.: Onésime Kukatula, Questeur: Chantal Ngoyi Quest/adjt.: Micheline Bie Bongenge, Membres: Keta Lokondjo, Bangala basila, Elodie Tamuzinda, Gustave Omba, Jean Baptiste Ndundu, ;aputu Ngombo, Augustin Ngangwele.
23:00 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
06 juin 2013
RDC : Une Brigade "offensive"... mais pas trop
La Brigade d'intervention attaquera-t-elle le M23 ? Non "si les rebelles reprennent les négociations à Kampala", affirme le porte-parole de la Monusco, Penangini Touré. Hasard ou coïncidence, le M23 vient d'annoncer hier, le retour de sa délégation aux pourparlers de paix pour le dimanche 9 juin.
On pensait la nouvelle Brigade d'intervention de l'ONU prête à en découdre avec les groupes armés qui sévissent à l'Est de la République démocratique du Congo, mais un communiqué de la Monusco tempère les ardeurs guerrières de cette nouvelle Brigade. Selon Penangini Touré, porte- parole civile de la Mission de l'ONU pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO), "si les rebelles du M23 retournent effectivement à Kampala pour continuer les négociations, la Brigade d'intervention de l'ONU n'ira pas les attaquer là où ils sont". Une dépêche de l'agence de presse chinoise Xinha, rapporte même ces propos étonnants : "s'ils restent cantonnés là où ils se trouvent et ne dérangent personne, je ne vois pas pourquoi la Brigade d'intervention ou la force de la Monusco chercherait à les déloger". En clair, si les groupes armés restent sur leur zone, sans s'en prendre à la population civile, la Brigade n'aura aucune action offensive. L'arrivée de cette Brigade "gèlerait" donc la situation sécuritaire en l'état... sans chercher à "imposer la paix", comme le déclarait le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors de sa visite à Goma.
Opportunément, les rebelles du M23 ont annoncé quasiment au même moment, le retour de leur délégation aux négociations de paix de Kampala avec le gouvernement congolais. Une reprise des pourparlers qui empêcherait donc toute action armée de la fameuse Brigade, si 'on en croit Penangini Touré. Une déclaration qui peut étonner au moment où l'ONU annonce qu'un tiers de la Brigade est déjà positionné à Goma. Au total, elle comptera un peu plus de 3.000 soldats, venant d'Afrique du Sud, du Malawi et de Tanzanie. Certains casques bleus patrouillent déjà dans Goma avec des membres de la Monusco, pour reconnaître le terrain.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © Ch. Rigaud
13:41 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
05 juin 2013
RDC : Une leader femme pygmée ministre au Sud-Kivu
Remaniement au sein du gouvernement provincial du Sud-Kivu. Le gouverneur Marcellin Chisambo, vient de nommer 3 nouveaux ministres. Au poste de l'environnement et de l'agriculture vient d'être nommée Adolphine Byaywuwa Muley. A 42 ans, cette activiste engagée dirige depuis 13 ans une organisation pour l’émancipation des femmes pygmées et twa (UEFA) au Sud-Kivu. Kris Berwouts, analyste indépendant sur la région des Grands Lacs nous en dresse le portrait.
Le 5 juin 2013, le gouverneur, Marcellin Chisambo, a annoncé un remaniement du gouvernement de la province congolaise du Sud-Kivu. Il y a un peu plus d'un mois, trois ministres avaient perdu la confiance de l’Assemblée provinciale. Un des nouveaux ministres est Adolphine Byaywuwa Muley, 42 ans. Le gouverneur lui a confié le ministère de l’environnement et de l'agriculture. Adolphine Muley dirige depuis 2000 une organisation locale pour l’émancipation des femmes pygmées et twa : l’Union pour l’émancipation de la femme autochtone (UEFA). Particularité d'Adolphine Muley : elle est née à Bunyakiri, dans le nord de la province, et est originaire d’une famille dont les racines se trouvent partiellement dans la communauté twa.
Défendre les forêts congolaises
UEFA travaillait initialement dans les domaines humanitaires et dans le développement mais ’association a rapidement démarré des activités de plaidoyer. D’abord dans le cadre de la lutte contre des violences faites aux femmes, et plus tard aussi sur la problématique d’une exploitation équilibrée et transparente des forêts congolaises. La forêt joue un rôle décisif dans la survie quotidienne et dans le maintien de la culture pygmée.
En tant que secrétaire-générale d’UEFA, Adolphine Muley a occupé plusieurs mandats dans des plates-formes nationales d’organisations pygmées en RDC et dans des forums de consultations entre le gouvernement et la société civile sur les thèmes de l’environnement, des problématiques forestières et du climat. Au niveau international, elle a participé à des nombreuses rencontres des peuples autochtones aux quatre coins du globe. Ces dernières années, elle est également devenu de plus en plus active dans le plaidoyer international sur le changement climatique.
Le choix de la politique
En 2006, elle a décidé d’entrer dans l’arène politique. Elle a participé aux élections provinciales comme candidate indépendante. Malgré son score élevé (plus de 9.000 voix), elle n’était pas élu. Le système électoral favorisait essentiellement les candidats qui se présentaient sur les listes des partis politiques. Il était donc très difficile pour un candidat indépendant de se faire élire.
Pour augmenter ses possibilités à se faire entendre dans le débat politique, elle a décidé en 2009 de se préparer pour le scrutin de 2011 comme membre d’une famille politique. Après consultation avec la communauté de Bunyakiri et ses chefs coutumiers, elle a décidé de joindre le parti du président Joseph Kabila, le PPRD. Elle s’est présentée comme candidate aux élections chaotiques et contestées de novembre 2011, mais elle n’a pas été élue. Elle est aujourd'hui récompensée pour
son expertise et son engagement avec ces responsabilités ministérielles au Sud-Kivu
"Démocratie d’en bas"
Depuis plusieurs années, les organisations de la société civile congolaise plaident pour la consolidation de qu'elle appelle "la démocratie d’en bas", à travers la décentralisation et l’organisation des élections locales. Les élections locales, prévues dans le calendrier électorale de 2006, n’ont jamais été organisées, ce qui a réduit l’architecture institutionnelle de la démocratie au Congo à une infrastructure avec un toit.. mais sans mur. Ce qui, comme chaque architecte le confirmera, n’est pas une construction solide. Seules des élections libres et transparentes au niveau local peuvent fournir ces murs. La gouvernance participative peut restaurer la crédibilité de l’Etat et contribuer à un renouvèlement du paysage politique s’il s’agit d’un processus mené "du bas vers le haut".
Il est difficile de prédire de quelle espace Adolphine Muley bénéficiera pour établir sa propre politique et réaliser son propre impact. Coopter des militants de la base dans le gouvernement en soi ne réalise pas le rêve de la "démocratie d’en bas". Au point où nous sommes, c'est sans doute un bon début. Mais seulement si des élections locales crédibles suivront comme prévues.
Kris BERWOUTS
Kris Berwouts est analyste et spécialiste de la région des Grands Lacs. Il a travaillé pendant 25 ans pour des ONG belges et internationales œuvrant sur la construction de la paix, la réconciliation, la sécurité et les processus démocratiques. Jusqu’en 2012, il était directeur du réseau des ONG européennes pour le plaidoyer sur l’Afrique centrale, EurAc. Depuis un an, il travaille comme expert indépendant sur cette même région.
Photo © DR
11:05 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4)