03 juillet 2013
RDC : "L'affaire Chebeya" indésirable au Cameroun
Le documentaire "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?" et son réalisateur, Thierry Michel, ne sont pas les bienvenus au Cameroun. Le cinéaste a été informé par le directeur du festival "Ecrans noirs" qu'il serait immédiatement refoulée dès son arrivée au Cameroun et que son film a été retiré de la programmation. Thierry Michel accuse Kinshasa d'être à la manoeuvre.
Le documentaire sur l'affaire Chebeya n'en finit pas de déranger les autorités de République démocratique du Congo (RDC). Son réalisateur, Thierry Michel, affirme que son film, "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?", a été retiré du festival de Yaoundé "Ecrans noirs" sur "demande expresse" du gouvernement congolais. Le cinéaste a également été averti par le directeur du festival qu'il serait refoulé dès son arrivée au Cameroun malgré un visa en bonne et due forme délivré par l'ambassade camerounaise à Bruxelles.
Ce film sur l'assassinat en 2010 d'un militant des droits de l'homme à Kinshasa alors qu'il avait rendez-vous avec le chef de la police congolaise, avait déjà valu plusieurs "tracasseries" à son auteur. Le film avait été interdit de diffusion en République démocratique du Congo et Thierry Michel avait été refoulé à l'aéroport de Kinshasa en juillet 2012. Mis en cause dans le documentaire, le chef de la police congolaise, John Numbi, avait également attaqué le film en justice en Belgique, avant d'être débouté.
Il faut dire que le documentaire de Thierry Michel pointe avec force les "errements" (pour ne pas dire plus) de la justice congolaise dans l'affaire Chebeya. Dans le film, un des policiers met directement en cause l'ancien chef de la police, John Numbi, considéré par les parties civiles comme le commanditaire du meurtre. Toutes les pistes convergent vers ce proche du président Joseph Kabila, pourtant, la justice congolaise a toujours refusé de le mettre en cause. L'épisode camerounais n'est qu'un énième soubresaut des autorités de Kinshasa pour tenter d'"enterrer" le procès Chebeya, dont les principaux accusés (sauf John Numbi) sont rejugés de manière chaotique depuis le 19 juin 2012.
L'interdiction camerounaise pose également plusieurs questions : celle de l'indépendance des autorités de Yaoundé face à des pressions extérieures et surtout le "silence radio" (pour l'instant) des partenaires du festival "Ecrans noirs" : l'Institut Français qui dépend du Ministère de la culture français et Ministère des Affaires étrangères, France 24, RFI ou Canal+… dont on aurait pu attendre un geste.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
MISE A JOUR : Mercredi dans l'après-midi, Thierry Michel a annoncé la levée de l'interdiction du film qui sera bien projeté jeudi 4 juillet dans le cadre du festival "Ecrans noirs". Le cinéaste indique également qu'il "n'est plus convié à venir présenter le documentaire".
Pour en savoir plus sur l'excellent film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?" : www.chebeya-lefilm.com
10:36 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
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