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10 décembre 2009

RDC : Le président de la CPI à Kinshasa

C'est une première, le Président de la Cour pénale internationale (CPI), Sang-Hyun Song, est à Kinshasa jusqu'au 15 décembre prochain.Il rencontrera les autorités congolaises, ainsi que des membres des organisations de la société civile locale et des communautés touchées par le conflit en Ituri. Objectif affiché par la CPI : renforcer la coopération apportée par la RDC et mieux faire comprendre le mandat de la Cour.

Logo CPI.jpgLe Président de la CPI rencontrera le ministre congolais des affaires étrangères, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, le chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République du Congo (MONUC) et les membres du corps diplomatique.

Sang-Hyun Song se rendra ensuite dans l’Est du pays, à Bunia, le chef-lieu du district de l’Ituri, où il rencontrera des membres des communautés affectées par les crimes qui font actuellement l’objet d’enquêtes par la Cour, ainsi que des représentants des autorités locales, des magistrats des tribunaux locaux, des membres d’organisations locales de défense des droits de l’homme et des journalistes.

Il visitera également la ville de Fataki (située à 85 km au nord de Bunia), qui a été parmi d’autres le théâtre de combats en 2003. Il y prendra part à une réunion à laquelle seront invités le grand public, des représentants des autorités locales, des chefs religieux et coutumiers, des enseignants, des représentants d’associations féminines et des membres de la presse locale.

La République démocratique du Congo (RDC) est concernée par 3 affaires dans les mains de la CPI : tout d'abord le cas Thomas Lubanga Dyilo, puis celui de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui et enfin la cas Bosco Ntaganda. Un mandat d’arrêt a en effet été délivré à l’encontre de Bosco Ntaganda, mais celui-ci n’a pas encore été appréhendé. Reste enfin le cas Jean-PIerre Bemba, qui n'est pas appréhendé sur une affaire concernant la RDC, mais la République centrafricaine, entre 2002 et 2003.

09 décembre 2009

RDC : Kabila envoie ses commandos à Dongo

Dongo est-elle sous contrôle comme l'affirme le gouvernement congolais ? Pas certain, si l'on en croit le récent envoi des commandos de l'armée de République démocratique du Congo (RDC) pour tenter de mettre fin aux violences qui ont éclaté fin octobre. 600 hommes, lourdement armés et fomés par des instructeurs belges sont arrivés sur zone, à environ 150 km de Dongo.

Carte de RDC.gifSur place, déjà 1000 hommes de la police nationale congolaise et 500 soldats des FARDC sont présents dans la région de Gemena. Alors que le gouvernement affirme tenir la situation en main, des "patriotes-résistants" innondent internet de communiqués victorieux. Ces derniers affirment même avoir fait tomber Libenge... sans preuves tangibles tant la situation est confuse sur le terrain.

En envoyant ses propres commandos mater la rébellion, Joseph Kabila espère mettre fin aux violences qui ont débuté les 29 et 30 octobre à Dongo, où des membres de la tribu Lobala (Enyele), auxquels se sont joints depuis d'anciens militaires, ont attaqué la tribu des Bomboma avant de s'en prendre à d'autres villages de la région, très isolée et difficile d'accès, couverte par la forêt équatoriale et des marécages. Ces violences ont fait au moins une centaine de tués, essentiellement à Dongo, à coups de machettes, par armes à feu, ou bien sont morts noyés en traversant le fleuve Oubangi, qui marque la frontière avec le Congo-Brazzaville. Une chose est sûre... la plus grande confusion règne sur place, où les informations dignes de foi se font rares.

Christophe Rigaud

RDC : La MONUC resterait 6 mois de moins

Le désengagment de l'ONU en République démocratique du Congo est-il commencé ? Ban Ki-moon semble apporter un début de réponse avec cette proposition de renouvellement de 6 mois des casques bleus de la MONUC et non pour 1 an comme cela était prévu.

Logo ONU.jpgLa Mission d'observation des Nations unies au Congo (MONU), compte actuellement 19.000 hommes et constitue l'opération de maintien de la paix la plus importante menée par l'ONU dans le monde. Mais dernièrement, le président congolais Joseph Kabila a publiquement souhaité le départ des casques bleus de son pays et l'ONU réfléchit donc à une stratégie de désengagement progressif en RDC. Joseph Kabila souhaiterait voir un plan de retrait à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays, l'année prochaine. Dans un rapport au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon propose donc que le mandat de la force onusienne soit prolongé jusqu'au 30 juin 2010. Le Conseil de sécurité doit se prononcer sur la question le 21 décembre.

05 décembre 2009

RDC : Les insurgés de Dongo contrôleraient Libenge

Difficile d'avoir des informations fiables en provenance du Nord-Ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Mais selon les insurgés de Dongo, des "patriotes-résistants" auraient pris le contrôle de la ville de Libenge, à la frontière de de la République Centrafricaine depuis le 4 décembre. Ces violences interethniques avaient débuté à Dongo à la fin du mois d'octobre 2009 et opposaient Enyele et Mozanya. Depuis, le mouvement fait tâche d'huile et semble vouloir défier le pouvoir central à Kinshasa.

Carte Libenge.pngIronie du sort, la ville de Libenge se trouve à une centaine de kilomètres de Gemena, où le président congolais, Joseph Kabila s'était rendu fin novembre pour inspecter les préparatifs de la contre-offensive conjointe de la police, de l’armée et des casques bleus de la MONUC. Joseph Kabila avait sommé ses troupes de «pacifier» Dongo. Depuis, la ville semble sous contrôle de Kinshasa, mais le mouvement insurrectionel prend de l'ampleur. La nouvelle de la chute de Libenge serait un signal d'alarme important pour le président Kabila. Une source militaire citée par congoindependant.com note "qu'il règne une atmosphère de désengagement pour ne pas parler de débandade au sein de l’armée". Motif : impayés, les militaires n’ont pas le cœur à aller faire le coup de feu. "Si la chute de Libenge était confirmée par des images, souligne-t-elle, le compte à rebours a commencé pour Joseph Kabila. Nombreux sont des soldats qui n’attendent qu’un signal. La lassitude est générale…".

Toutes ces informations sont évidemment à prendre avec la plus grande prudence. Les communiqués en provenance de Dongo sont en effet relayés par le site internet d'Honoré Nganda, ex-monsieur sécurité de Mobutu, alias "terminator" et spécialiste en manipulation sur internet.

RDC : Kabila prend ses distances avec l'Angola

L'événement est passé quasiment inaperçu. Joseph Kabila s'est séparé dernièrement d'Augustin Katumba Mwanke, secrétaire exécutif de l'AMP (Alliance de la majorité présidentielle). Ancien gouverneur du Katanga sous Mobutu, Katumba Mwanke était surtout une importante courroie de transmission entre Kinshasa et Luanda. Une démission qui intervient alors que Joseph Kabila se rapproche de plus en plus du Rwanda de Kagame, au détriment de son allié d'hier... l'Angola.

Image 1.pngLe départ d'Augustin Katumba Mwanke est également une des conséquences de la tension croissante entre Kinshasa et Luanda... et notamment le renvoie de milliers de Congolais d'Angola ainsi que la fermeture des liaisons aériennes en Luanda et Kinshasa depuis le 9 octobre. Autre facteur de tension : les réserves pétrolières angolaises gérées par Chevron-Texaco et Exxon revendiquées par la République démocratique du Congo (RDC).
Le refroidissement des relations entre la RDC et l'Angola se poursuit... validant ainsi le rapprochement programmé entre Kabila et Kagame.

02 décembre 2009

RDC : Nkunda sort du silence

Revoila Laurent Nkunda. Tout d'abord par la voix de ses avocats, qui ont annoncé avoir déposé une demande de mise en liberté auprès de la Cour suprême du Rwanda. Ensuite par voix de presse, le magazine "Jeune Afrique" a en effet retrouvé la trace du général rebelle congolais, à Kabuga, dans la banlieue de Kigali.

Image 1.png"Mon client a le droit de savoir les raisons pour lesquelles il a été arrêté, pourquoi il est détenu et combien de temps son incarcération illégale va durer", a déclaré son avocat, Stéphane Bourgon. L'avocat de Laurent Nkunda, a donc déposé une demande de mise en liberté auprès de la Cour suprême du Rwanda. Laurent Nkunda avait arrêté au Rwanda en janvier après s'est enfui de son pays, où il est accusé d'avoir commis une série de crimes pendant les cinq années de la rébellion CNDP qu'il a commandée dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Toutes les demandes précédentes étaient restées lettres mortes.

L'ex-général déchu réapparaît aussi dans les medias. C'est "Jeune Afrique" qui remet la main dessus. Selon l'hebdomadaire, Nkunda vit à Kabuga, colline culminant à 800 m d'altitude dans la banlieue est de Kigali, dans "une grande maison entourée d'arbres, quatre à cinq pièces, ni fauteuils ni canapés, mais des chaises en bois de fabrication locale". "La résidence est gardée par une douzaine de militaires, dont deux officiers, tous en civil", précise le magazine dans sa dernière édition. L'unique prisonnier, n'a le droit de communiquer avec personne, à l'exception de sa proche famille: sa femme, Elisabeth Maheshe Nkunda, et deux de ses six enfants.

Detenu dans un premier temps à Gisenyi (au Rwanda), il a été transféré le 26 mai vers Kigali. La RDC réclame son extradition (mais sans grande conviction) et son avocat, Stéphane Bourgon, a adressé plusieurs demandes de mise en liberté au président rwandais Paul Kagame. Pour le magazine, la détention de Laurent Nkunda, "relégué aux oubliettes", répondrait à une mystérieuse "raison d'Etat", citant des responsables rwandais et congolais.

29 novembre 2009

RDC : Controverse sur l'identité des réfugiés venus du Rwanda

Une déclaration du coordonnateur de la Commission nationale pour les réfugiés au Nord-Kivu (CNR) est venue jeter le trouble autour des réfugiés revenus en République démocratique du Congo (RDC) ces dernier mois, en provenance du Rwanda. 12 000 familles venues du Rwanda et se présentant comme réfugiés congolais sont entrées dans les territoires de Masisi et Rutshuru. Le coordinateur de la CNR a des doutes sur leur origine, faisant craindre une "infiltration d’étrangers". Un sujet qui ne devrait pas manquer de faire débat en République démocratique du Congo.

625.gifCongolais ou rwandais ? Laingulia Njewa, coordinateur de la CNR, a indiqué que ces réfugiés, entrent "plutôt clandestinement par la frontière à partir de Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, sur l’axe Rutshuru". Ils se sont ensuite installés dans des villages congolais et 80% de ces personnes se déclarent provenir des camps de réfugiés de Byumba et Kibuye au Rwanda, précise Laingulia Njewa à une radio locale.

Laingulia Njewa tente de rassurer les populations locales, les appelant au calme, indiquant que le gouvernement se penche sur la question, afin d’identifier ces "réfugiés douteux dont l’effectif n’est pas encore définitif". Pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ( HCR), il est difficile de dire avec exactitude si ces personnes sont réellement des réfugiés congolais, la majorité d'entre eux n’ayant pas de documents "attestant qu’ils étaient des réfugiés", selon le HCR. La Commission nationale pour les réfugiés au Nord-Kivu, promet d'apporter rapidement des informations précises sur la nature de ces réfugiés. Des informations qui seront les bienvenues, tant la tension est encore grande au Nord-Kivu... où les rumeurs vont bon train.

Christophe Rigaud


27 novembre 2009

La RDC veut faire arrêter les leaders des FDLR

Certains pays, comme la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, abritent des hauts responsables des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Le ministre de la Communication et Médias de la République démocratique du Congo ( RDC), Lambert Mende, a appelé ces pays à interpeller les leaders des FDLR en lançant des mandats internationaux.

Drapeau RDC.gifA propos du rapport du groupe d’experts indépendants de l’ONU publié début novembre, Lambert Mende a demandé à l'Europe et aux Etats-Unis d’emboîter le pas à l’Allemagne, qui a procédé dernièrement à l’arrestation de deux hauts cadres des FDLR.

Ce rapport signale le recours par les FDLR à un réseau de financement et de soutien international dans plusieurs pays qui leur a permis de recevoir d’importantes cargaisons d’armes et de munitions en 2009. Le document stigmatise également des bases de recrutement et d’appui financier et matériel dans les pays voisins à la RDC. Le porte-parole du gouvernement congolais a également indiqué que "les infractions conduiront le gouvernement à entrer en contact avec tous les pays concernés pour une synergie destinée à éradiquer définitivement ces réseaux terroristes qui ensanglantent la RDC, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU". D'importants cadres des FDLR se trouvent actuellement en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

RDC : Les FDLR réfutent le rapport de l'ONU

Dans un rapport accablant, des experts de l'ONU dénonçaient un réseau d'aide international aux rebelles hutus rwandais des FDLR. Depuis l'Europe et les Etats-Unis, les Forces démocratiques de libération du Rwanda recevraient financement et soutien. Et sur place, le trafic de minerais permettrait d'acheter les armes. Dans un communiqué, envoyé depuis Paris, les FDLR rejettent catégoriquement l'ensemble des accusations du rapport d'experts de l'ONU... sans en apporter la moindre preuve.

Logo FDLR.jpgLes Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) nient tout en bloc : le réseau international de financement et de soutien, l'exploitation des minerais de la RDC... l'organisation rebelle estime le rapport "injuste". Les FDLR disent n'exploiter aucun minerais dans l'Est de la RDC et vivre "uniquement des cotisations de ses membres". Quand aux armes utilisées par les combattants rebelles, "sont celles qui ont été récupérées sur les ennemis défaits ou morts lors des différentes batailles", contre les armées congolaise et rwandaise, assure l'organisation à Paris. Les FDLR regrettent enfin un rapport qui tend "à criminaliser tous les Rwandais qui ne sont pas d'accord avec le régime" de Kigali.

Qui viendra pourtant à bout des Forces démocratiques de libération du Rwanda ? Il y a quinze ans, des dizaines de militaires et de responsables administratifs hutus rwandais fuyaient leur pays à la fin du génocide, un massacre majoritairement de Tutsis auquel, souvent, ils avaient pris part.
Accueillis à l’époque par les autorités du Zaïre (future RDC), ces hommes armés et leurs familles se sont réfugiés dans des camps à l’Est du Congo. Depuis, le scénario est immuable : tueries, viols, pillages pour plus de pouvoir et de terrains riches en ressources naturelles au Kivu. L’an dernier, les Forces armées de la République démocratique du Congo (l'armée régulière) ont lancé une opération militaire pour tenter de les en déloger appuyées par l'ONU. Une mission qui s’est révélée des plus difficiles. Dans un rapport rendu public, l’ONU estimait que la neutralisation des FDLR était en échec, car les rebelles hutus disposaient d’un réseau international de soutien.

Christophe Rigaud

26 novembre 2009

RDC : Les armes et l'argent des FDLR

Les rebelles hutu rwandais des FDLR, basés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) viennent de subir deux revers. Tout d'abord sur le terrain militaire, où ils doivent contenir les assauts répétés de l'armée régulière congolaise (FARDC), puis sur le terrain politique, avec l'arrestation ce mois-ci de leur chef en Allemagne. Affaiblis et traqués, les FDLR restent pourtant une importante menace pour la stabilité de la région des Grands Lacs. Et pour cause... un puissant réseau international finance les rebelles hutus et les armes proviennent de l'armée congolaise, selon des rapports d'experts mandatés par les Nations-Unies.

Image 1.pngDans ce rapport confidentiel, les experts pointent l'étendue du réseau à l'étranger de la rébellion hutu rwandaise des FDLR. Certains de ces rebelles, estimés entre 4.000 et 6.000 en RDC, ont participé au génocide de 1994 au Rwanda. Avec le temps, ces "génocidaires" réfugiés dans l'ex-Zaïre, ont été rejoints par de nouvelles recrues dans l'est de la RDC.

Le rapport note que les FDLR se sont dotés à l'étranger d'une structure politique non impliquée dans le génocide, de réseaux de soutien et de financement dans une vingtaine de pays, en Europe et aux Etats-Unis. D'importants virements d'argent et des communications téléphoniques ont été tracé par les experts... prouvant ainsi différentes livraisons d'armes pour le compte des FDLR.

Alors que le chef "politique" des FDLR, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint, Straton Musoni, ont été arrêtés le 17 novembre en Allemagne, où ils devraient répondre d'accusations de "crimes contre l'humanité" ; de hauts responsables des FDLR basés en France (comme Callixte Mbarushimana) le secrétaire exécutif du mouvement, n'ont toujours pas été inquiétés.

Ce rapport démontre aussi l'échec de l'opération militaire "Kimia II", contre les rebelles hutu. Les FDLR continuaient d'extraire d'importantes quantités d'or vers l'Ouganda, la Tanzanie et le Burundi, alors que l'armée congolaise et les casques bleus de la MONUC cherchait à les neutraliser. Des millions de dollars, qui servaient à soudoyer l'armée régulière congolaise pour acheter des armes. Et pour l'heure, la capacité de nuisance des rebelles hutu rwandais n'a pas vraiment été entamé.

Christophe Rigaud


24 novembre 2009

RDC : Le conflit congolais devant la CPI

Deux chefs de guerre de République démocratique du Congo (RDC) se retrouvent devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont accusés d'avoir dirigé en février 2003 l'attaque d'un village de la région de l'Ituri, alors que des groupes de combattants rivaux se battaient pour le contrôle des richesses de la région. Germain Katanga, 31 ans, commandait la Force de résistance patriotique. Mathieu Ngudjolo, 39 ans, dirigeait le Front intégrationniste national. Tous deux rejettent les sept chefs d'inculpation de crimes de guerre et les trois chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité retenus contre eux.

Germain Katanga.pngMathieu Ngudjolo Chui.pngLe procès conjoint de deux chefs rebelles congolais devant la Cour pénale internationale (CPI) "sera l'occasion pour les victimes d'atrocités commises dans le conflit armé en République démocratique du Congo de voir ces deux accusés répondre de leurs actes devant la justice", souligne Human Rights Watch. L'ONG américaine rappelle dans une récente note les différents enjeux du procès et les charges qui pèsent sur les deux accusés :

"La présence de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo sur le banc des accusés permettra enfin à leurs victimes de connaître toute la vérité sur les crimes à l'origine de leurs souffrances », a observé Param-Preet Singh, conseillère juridique auprès du Programme Justice internationale de Human Rights. « Ce procès servira par ailleurs à rappeler aux autres auteurs de violations des droits humains en Ituri et dans d'autres régions qu'ils risquent également de devoir répondre un jour de leurs actes devant la justice. »

Germain Katanga est l'ancien chef d'état-major de la Force de résistance patriotique en Ituri (FPRI), un groupe de milices de l'ethnie Ngiti. Mathieu Ngudjolo est quant à lui l'ancien chef d'état-major du Front nationaliste et intégrationniste (FNI), un groupe de milices de l'ethnie Lendu alliées au groupe de Germain Katanga. Les deux prévenus devront chacun répondre à sept chefs d'accusation pour crimes de guerre et à trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité , dont l'utilisation d'enfants soldats, l'esclavage sexuel, des viols et des meurtres lors d'une opération militaire à caractère ethnique menée au début de l'année 2003. Cette attaque avait visé le « nettoyage » des civils de l'ethnie Hema dans le village de Bogoro, dans le district de l'Ituri situé à l'est du Congo. Depuis 1999, un conflit ethnique armé opposant les milices de l'ethnie Lendu et Ngiti aux milices du groupe ethnique Hema avait fini par échapper a tout contrôle en Ituri.

Outre leurs dépositions en tant que témoins, certaines victimes pourront, en vertu des règles de la CPI, jouer un autre rôle dans le cadre du procès. Bien qu'elles ne soient pas parties dans les procédures, les victimes pourront participer au procès et exposer leurs « vues et préoccupations » lorsque leurs intérêts personnels sont concernés, pourvu que cette participation ne soit pas contraire aux droits de l'accusé et aux exigences d'un procès équitable. À ce jour, les juges ont estimé que près de 350 victimes pourront participer au procès de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo.

Le conflit en Ituri et les autres conflits à l'est du Congo mettent en lumière le rôle joué par les forces armées non congolaises dans la violence qui secoue cette région. L'Ituri en particulier est devenu un champ de bataille avec l'implication des gouvernements de l'Ouganda, du Rwanda et du Congo. Ces pays ont fourni une aide politique et militaire aux milices ethniques en Ituri et à d'autres groupes armés congolais, en dépit des nombreuses preuves de violations massives du droit humanitaire international commises par ces milices et groupes. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a exprimé à maintes reprises sa volonté de traduire en justice les principaux responsables des graves crimes commis au Congo.

« Le procureur de la CPI devrait veiller à ce que justice soit rendue en Ituri en concentrant ses efforts sur le rôle des hauts responsables congolais, rwandais et ougandais qui ont armé et soutenu les milices dans cette région », a souligné Mme Singh.

Bosco Ntaganda se trouve toujours dans l'est du Congo, où il continue de commettre de graves exactions. En novembre 2008, il a dirigé une attaque sur la ville de Kiwanja dans la province du Nord Kivu, qui a fait quelque 150 morts parmi la population civile. En janvier 2009, il a été nommé général dans l'armée congolaise, après que son groupe rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), eut accepté de renoncer à sa lutte armée et de rejoindre les forces gouvernementales.

L'État congolais a collaboré étroitement à ce jour avec la CPI. En 2002, le gouvernement du président Joseph Kabila a ratifié le Statut de Rome établissant la CPI. En avril 2004, le Congo a expressément demandé au tribunal d'ouvrir une enquête sur son territoire. Le procureur de la CPI a ouvert une première enquête en juin 2004 et le gouvernement congolais a ensuite aidé à l'arrestation et à l'extradition de MM. Lubanga, Katanga et Ngudjolo. Malgré cette coopération exemplaire, ce même gouvernement a refusé jusqu'à présent d'arrêter Bosco Ntaganda, en soutenant que son arrestation pourrait compromettre la paix déjà fragile dans le pays.

« Permettre à des criminels de guerre présumés tels que Bosco Ntaganda de diriger des troupes ne fait que donner le feu vert à ce dernier ainsi qu'à d'autres pour poursuivre leurs attaques contre la population civile », a déploré Mme Singh. « Le gouvernement congolais devrait arrêter Bosco Ntaganda, comme il l'a fait dans le cas d'autres chefs de guerre en Ituri. »

Des représentants des 110 États parties à la CPI doivent se réunir cette semaine à La Haye pour discuter des procédures de gestion et de surveillance de la CPI. Human Rights Watch a souligné l'importance d'une collaboration permanente des États et de leur soutien à la Cour sur le plan tant politique que financier, afin que celle-ci puisse s'acquitter efficacement de son mandat.
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23 novembre 2009

RDC : L' ex-milice du MLC impliquée dans les violences en Equateur

Depuis presque un mois, les violences entre communautés Lobala et Boba se poursuivent dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Ces affrontements ont déjà fait au moins une centaine de morts et 53.000 déplacés. Pour le ministre de l'Intérieur provincial, la rébellion "compte au moins 400 combattants démobilisés de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)".

Carte Mbandaka 2.pngSur le terrain, 8 000 habitants ont fui la ville de Buburu dont les locaux du HCR ont été détruits et le personel évacué. Des affrontements ont également eu lieu à Sabasaba, à 25 km au sud-est de Dongo, faisant une dizaine de morts.

Si on présentent ces violences entre les communautés Lobala et Boba, comme un conflit au sujet de la gestion d'étangs piscicoles, cette "insurrection populaire dépasse les limites d'un simple conflit d'étangs" pour le ministre provincial de l'Intérieur. Il indique également à l'Afp quil s'agit d'une "rébellion en gestation menée par au moins 400 combattants démobilisés pour la plupart de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)", principal parti d'opposition en RDC.

Pour Kinshasa, ces violences sont une "action de nettoyage ethnique criminelle". Et selon la MONUC, les responsables de ces groupes seraient "en train de recruter de jeunes gens, en leur proposant de l'argent". Pour l'heure, 53.000 personnes ont fui ces affrontements : 37.000 au nord du Congo-Brazzaville et environ 16.000 en RDC.

22 novembre 2009

RDC : Bemba veut remettre de l'ordre au MLC

Après son dernier échec électoral en Equateur, rien ne va plus pour le MLC, le mouvement de l'ancien vice président Jean-Pierre Bemba. Emprisonné par la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre, Jean-Pierre Bemba recevra le 4 décembre une délégation de son parti à la prison de Scheveningen. Objectif : reprendre la main sur son mouvement.

DSC03834 copie 2.jpgSelon le MLC en France, l'entretien portera sur la situation interne après l'échec électoral lors des élections pour le gouvernorat de l'Equateur. Une délégation du MLC France se rendra donc aux Pays-Bas pour "recevoir les orientations politiques de (son) président-fondateur." Cette visite sera aussi l'occasion de réconforter Jean-Bemba, détenu depuis bientôt deux ans.

L'ancien vice-président de République démocratique du Congo, également Sénateur, avait été arrêté en mai 2008 à Bruxelles sur ordre de la CPI avant d'être transféré à la prison de La Haye. La CPI lui reproche des "crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, des viols et des tortures" commis en 2002 et 2003 en République centrafricaine par ses troupes. Le MLC étaient effectivement venu prêter main forte au président Ange-Félix Patassé, en guerre contre la rébellion du général François Bozizé. Jean-Pierre Bemba avait toujours fait figure d'opposant sérieux face à l'actuel président Kabila. Aux élections de 2006, le président du MLC avait rassemblé 42% des suffrages. Le procès de Jean-Pierre Bemba débutera le 27 avril prochain.

Christophe Rigaud

Photo : Jean-Pierre Bemba en campagne présidentielle - 2006 - Kinshasa (c) Christophe Rigaud

RDC : La MONUC change sa stratégie contre les FDLR

En plein débat sur le "retrait progressif" des casques bleus en République démocratique du Congo (RDC), le chef de la MONUC, Babacar Gaye, veut instaurer de "nouveaux modes d'action" pour lutter contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Après 9 mois d'opérations sans véritables succès, les Nations-Unies veulent changer de méthodes.

Logo MONUC.gifLe responsable militaire de la MONUC, le général Gaye, affirme qu'il serait "pertinent d'évaluer la situation et de mettre en place de nouveaux modes d'action." Et de poursuivre : "plutôt que de se lancer dans des opérations de contre-guérilla, qui demandent des capacités, des moyens qui ne sont pas entièrement entre les mains des Forces armées de la RDC (FARDC), il vaut mieux contrôler les zones dans lesquelles les FDLR venaient habituellement se ravitailler.". Un changement de stratégique qui intervient en pleine polémique sur le retrait de la MONUC de RDC, où son action est vivement critiqué : manque de résultats et exactions multiples de l'armée régulière soutenue par les casques bleus. Une prise de conscience et un changement de cap qui intervient sous doute... un peu tard.

Christophe Rigaud

17 novembre 2009

RDC : Les FDLR décapités

Coup dur pour les rebelles hutus des FDLR. Son chef politique, Ignace Murwanashyaka et son second, Straton Musoni, viennent d'être arrêtés en Allemagne, soupçonnés de crimes de guerre et contre l'humanité.

Image 1.pngA 46 ans, Ignace Murwanashyaka est à la tête les FDLR depuis 2001 et vit depuis 1989 en Allemagne. Il est soupçonné, avec son adjoint, d'avoir coordonné des exactions commises entre janvier 2008 et juillet 2009 par les FDLR, qui regroupent quelque 5.000 rebelles hutu rwandais installés dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), à la région frontalière du Rwanda.

Ce coup porté aux FDLR survient alors que ce mouvement politico-militaire est l'objet d'une pression diplomatique et militaire croissante dans le cadre du processus de Nairobi, lancé en novembre 2007 par la RDC et le Rwanda. Ce processus, soutenu par l'ONU, l'Union européenne et les Etats-Unis, vise le désarmement de gré ou de force de ces rebelles, puis leur rapatriement. Dans ce cadre, l'ONU encourageait vivement l'Allemagne à agir.

Les FDLR, dont le chef militaire est le général Sylvestre Mudacumura, ont été créées en 2001. Kigali accuse certains de ses membres d'avoir pris part au génocide de 1994, qui a surtout visé la minorité tutsi du Rwanda et fait près de 800.000 morts selon les Nations-Unis.


17 octobre 2009

RDC : Nkunda sans nouvelle de Kagame

Les avocats de Laurent Nkunda n'en reviennent toujours pas. Depuis début octobre, ils sont toujours sans nouvelle de leur demande de rencontre avec le président rwandais, Paul Kagame. Mais plus inquiètant pour eux, la Haute Cour Militaire de Kigali vient récemment de refuser de donner suite à la requête de mise en liberté de l'ex chef rebelle congolais. Devant le "silence radio" de Kigali, la défense de Laurent Nkunda dénonce l'obstruction du Rwanda en "violation avec les droits fondamentaux" du prévenu. L'encombrant général rebelle semble donc bel et bien condamné à rester en prison, alors que Kigali et Kinshasa poursuivent leur délicat rapprochement diplomatique.

Image 1.pngSelon les avocats de Laurent Nkunda, le Président de la Haute Cour Militaire a refusé de convoquer une audience pour juger la requête de mise en liberté de Laurent Nkunda, sous prétexte "qu’une autre juridiction est déjà saisie de l’affaire". Après de nombreuses demandes de remise en liberté, les avocats du prévenu estiment que "de nouveau, les droits fondamentaux de Laurent Nkunda sont violés car la justice rwandaise refuse de se prononcer sur la légalité de sa détention".

La défense de Laurent Nkunda ont donc l’intention de s’adresser à la Cour Suprême de la République du Rwanda, la plus haute juridiction au pays. L'avocat de l'ex rebelle se dit "très déçu par la tournure des évènements. Dans un pays qui se dit gouverné par la règle de droit, les tribunaux doivent protéger les libertés individuelles, ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Cela dit, je ne suis pas découragé pour autant, il nous reste la Cour Suprême et j’ai confiance qu’elle acceptera de se prononcer sur la détention illégale de Laurent Nunda".

Christophe Rigaud

16 octobre 2009

ONU : «Tous les témoins sont au rouge en RDC»

C’est un rapport accablant sur les Droits de l'Homme en République démocratique du Congo (RDC) que vient de publier un expert de l'ONU. Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU presse la communauté internationale d'agir pour éviter "une nouvelle effusion de sang" dans certaines régions du pays. FARDC, LRA, situation au Bas-Congo, tout y passe…

Carte de RDC.gifCe rapport explosif de l’ONU sur la situation en RDC révèle tout d’abord l’existence du "massacre" commis le 26 avril par une unité de l'armée de Kinshasa, dans un camp de réfugiés hutu rwandais à Shalio (Nord-Kivu, est). AFRIKARABIA avait déjà relayée cette information hier, faisant état d’au moins « 50 réfugiés tués" et une quarantaine de femmes "enlevées". Mais Philip Alston note dans son rapport que ces tueries se sont déroulées « en pleine opération "Kimia II" menée depuis mars au Nord et Sud-Kivu par les Forces armées de RDC (FARDC), appuyées par les Casques bleus de l'ONU (Monuc) ». La charge du rapporteur Alston contre la Monuc est sans appel : « FARDC et Monuc doivent changer leur stratégie. Le mandat du Conseil de sécurité a transformé la Monuc en une partie au conflit. L'impunité est chronique. Pour les FARDC tout est permis ». Pour le rapporteur de l’ONU, « c'est la cause principale de la continuation des tueries et le résultat des lacunes graves du système judiciaire à tous ses niveaux ».

L'enquêteur s'inquiète également de la situation en Province Orientale (nord-est), "véritable poudrière" où la rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) "sévit toujours", avec 22 meurtres et 37 enlèvements relevés en septembre, alors que Kinshasa "s'apprête à crier victoire". Pour terminer cette liste noire, l’auteur du rapport relève enfin une situation « hautement répressive de l'appareil de l'Etat » dans le Bas-Congo, après avoir été interdit par la police et les autorités locales de rencontrer des témoins et victimes de violences de la part des forces de sécurité. "Tous les témoins sont au rouge en RDC", pour Philip Alston. Le rapporteur appelle le gouvernement congolais et la communauté internationale à « prendre des mesures immédiates de prévention pour empêcher une nouvelle effusion de sang prévisible à l'ouest, en Province Orientale et dans les Kivus ».

Christophe Rigaud

13 octobre 2009

RDC : Le triste bilan des opérations anti-FDLR

Un groupement de 84 ONG, Congo Advocacy Coalition, dénonce le "coût inacceptable" et les "conséquences désastreuses" pour les populations civiles des opérations anti-FDLR menées par l'armée régulière congolaise (FARDC). Ces opérations, souvent meurtrières pour les civils, sont également soutenues par l'ONU.

Image 1.pngLe bilan est très sévère pour les opérations militaires menées contre les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis le début des opérations, en janvier 2009, plus de 1.000 civils ont été tués, 7.000 femmes et filles ont été violées et plus de 6.000 logements ont été détruits par le feu dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu , notent les ONG de Congo Advocacy Coalition.

Selon cette organisation, « 900 000 personnes ont été forcées d'abandonner leurs maisons et vivent dans des conditions désespérées avec des familles d'accueil, dans des zones forestières ou dans des camps sordides pour personnes déplacées, avec un accès limité à la nourriture et aux médicaments ». Pour ces 84 ONG, « les Casques bleus de l'ONU doivent de toute urgence travailler avec les forces gouvernementales pour garantir que les civils obtiennent la protection dont ils ont besoin, faute de quoi ils doivent cesser leur soutien ».

La région est toujours le refuge d’environ 5 000 combattants des FDLR, dont certains ont participé au génocide de 1994 contre la minorité tutsi au Rwanda avant de s'installer dans l'Est de la RDC.

La Mission des Nations Unies en RDC, la Monuc, s'était félicité du « bilan largement positif » des opérations militaires contre les FDLR. Mais pour Congo Advocacy Coalition, les meurtres sont commis « tant par les rebelles hutu qui ont délibérément pris les civils pour cible en représailles ».

Christophe Rigaud

06 octobre 2009

Rwanda : Le "boucher de Butare" sous les verrous

Idelphonse Nizeyimana, l'un des principaux oraganisateurs présumés du génocide de 1994 au Rwanda, vient d'être arrêté à Kampala, la capitale ougandaise. Après 15 ans passés dans les forêts de République démocratique du Congo (RDC), Nizeyimana a été interpellé par des agents d'Interpol avec un faux passeport.

Logo TPIR.jpgIdelphonse Nizeyimana est détenu dans la capitale ougandaise et doit maintenant être transféré au TPIR à Arusha, en Tanzanie. Il était recherché pour génocide, complicité de génocide, ainsi qu'incitation directe et publique à commettre un génocide. Une prime de cinq millions de dollars avait d'ailleurs été mise sur sa tête par les États-Unis.

D'après le TPIR, Nizeyimana et d'autres suspects étaient à l'origine des listes d'intellectuels et de responsables tutsis pour des exécutants du génocide. Il aurait également établi des barrages routiers où des Tutsis furent massacrés, et il aurait fourni des armes ainsi que des moyens de transport aux miliciens. L'homme est accusé d'être l'un des principaux protagonistes et exécutants des massacres dans la préfecture de Butare, dans le sud du Rwanda, où on le surnommait « le boucher de Butare ».

On se souvient qu'en août dernier, l'ex-maire de Kivuma, Grégoire Ndahimana avait lui aussi été arrêté après 15 années de fuite. Onze autres suspects importants sont toujours activement recherchés.

Christophe Rigaud

03 octobre 2009

RDC : Les avocats de Nkunda veulent voir Kagame

Les avocats de Laurent Nkunda viennent de formuler une nouvelle demande de rencontre avec Paul Kagame, Président de la République rwandaise. Arrêté depuis le 22 janvier 2009, l'ex général rebelle congolais est actuellement détenu par son ancien allié rwandais. La situation de Laurent Nkunda est d'autant plus inconfortable que le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ne savent plus que faire de l'encombrant général rebelle.

Image 1.pngLes avocats de l'ex leader du CNDP réaffirme que Nkunda est "détenu sans motif juridique par les Forces de défense du Rwanda (RDF), depuis le 23 janvier 2009". La défense du chef rebelle a tenté à plusieurs reprises de rencontrer la ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Justice du Rwanda... sans succès. L'avocat de Laurent Nkunda souhaite établir "un dialogue avec le Président Kagamé afin de trouver une solution à la situation" du prisonnier Nkunda.

D'autres démarches judiciaires sont poursuivies par la défense de Nkunda et notamment une requête de remise en liberté , déposée devant la Haute Cour militaire à Kigali. Cette requête concerne le Général James Kabarebe (Chef d'Etat-major des Forces rwandaises) à "titre d'officier responsable de la détention illégale de Laurent Nkunda Mihigo". Une date prochaine doit être fixée pour l'audition de cette requête.

Christophe Rigaud

02 octobre 2009

RDC : André-Philippe Futa est mort

Ministre de l’Economie et du commerce de la République démocratique du Congo (RDC), André-Philippe Futa, est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris, des suites d’une crise cardiaque. André-Philippe Futa était en transit à Paris après avoir représenté la RDC au deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique tenu fin septembre au Venezuela.

Image 7.pngOriginaire de la province du Kasaï Oriental, André-Philippe Futa était un ténor respecté de la famille politique de Joseph Kabila, l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). En 2006, il en avait assumé la coordination après l’élection de Joseph Kabila à la présidence. Il est fondateur et président du Parti de l’Unité nationale (PANU) qui comprend aujourd'hui trois députés à l’Assemblée nationale.

André-Philippe Futa avait travaillé au sein de la Banque africaine de développement (BAD) et était revenu dans son pays où il a occupé les fonctions respectives de ministre de l’Economie, de l’Industrie. En 2003, il a été choisi par Joseph Kabila pour travailler comme ministre des Finances aux côtés de Jean-Pierre Bemba qui dirigeait la Commission économique et financière. En 2006, il n’a pas été élu député aux législatives mais s’est fait élire sénateur. Puis, il a quitté le sénat pour entrer au gouvernement d'Antoine Gizenga et enfin d'Adolphe Muzito.

Photo : A-P Futa en 2005 à Paris. (c) Christophe Rigaud

20 septembre 2009

La RDC transfert Ndahimana... en attendant Nkunda

Le geste est fort. La scène se passe ce dimanche à l'aéroport international de Kinshasa (RDC). Grégoire Ndahimana, un des présumés génocidaires rwandais, vient d'être tranféré au Tribunal pénal international (TPIR) d’Arusha. Accusé d'avoir massacré au moins 2.000 Tutsis rwandais durant le génocide de 1994, Grégoire Ndahimana avait été arrêté le mois dernier par des soldats congolais. Le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) semble toutefois attendre "un retour d'ascenseur", selon les propres termes du porte-parole congolais Lambert Mende. Tous les yeux semblent se tourner vers Laurent Nkunda, que la RDC voudrait voir transférer à Kinshasa pour le juger.

Afrikarabia logo.png"Nous souhaitons que tous les pays qui ont dans leur territoire des personnes répondant au profil de M. Ndahimana fassent de même», a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende sur Radiookapi.net. Quand à Laurent Nkunda, Mende répond que "c’est une question à laquelle les autorités rwandaises pourront apporter une réponse. Mais, en plus du Rwanda, il y a d’autres pays européens qui hébergent des personnes coupables d’atrocités et de crimes qui se déroulent maintenant. Et donc, autant que le Rwanda, il faut également interpeller ces pays pour que chacun y mette du sien. Nous attendons donc un comportement de réciprocité de la part de tous les pays qui hébergent encore des génocidaires ou présumés génocidaires ou encore des criminels ou présumés criminels qui ont été ou sont poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.»

Christophe Rigaud

21:22 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rwanda, onu, rdc, kivu, nkunda, goma, fardc, cndp, guerre

17 septembre 2009

Attentat Habyarimana : Le témoignage vidéo de Richard Mugenzi

Le 31 mai 2009, le journaliste Jean-François Dupaquier recueille à Kigali le témoignage de Richard Mugenzi, témoin clé dans l'affaire de l'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, qui avait déclenché le génocide des Tutsi en 1994. Richard Mugenzi remet en cause la version du juge Bruguière selon laquelle les rebelles tutsi de Paul Kagame étaient accusés d'avoir abattu l'avion présidentiel. Voici en exclusivité pour AFRIKARABIA les premiers extraits vidéos de ce témoignage et l'interview de son auteur, Jean-François Dupaquier.

Richard Mugenzi, ex-opérateur radio de l'armée rwandaise est l'un des principaux témoins de l'enquête du juge Jean-Louis Bruguière sur l'attentat contre l'avion du président rwandais en 1994. Pour le juge français, Richard Mugenzi avait "personnellement intercepté" et "retranscrit" des messages des rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR). Un des messages félicitait "l'escadron renforcé" auteur de l'attentat du 6 avril 1994, contre l'avion du président Habyarimana. Les rebelles tutsi se retrouvaient donc accusés d'avoir abattu l'avion présidentiel et donc d'avoir "déclenché" le génocide. Selon la nouvelle version de Richard Mugenzi, les messages interceptés lui étaient dictés par ses supérieurs, des extrémistes hutus. Des révélations qui fragilisent la thèse du juge Bruguière.

 

Question : Jean-François Dupaquier, dans quelles conditions avez-vous recueilli le témoignage de Richard Mugenzi ?

Jean-François Dupaquier : Retrouver Richard Mugenzi n’a pas été facile, et je remercie le juge Bruguière de m’y avoir involontairement aidé. Voici dans quel contexte : depuis plusieurs années je travaille à la rédaction d'un livre sur les origines du génocide de 1994 qui a vu l'extermination d'environ un million de Tutsis et de nombreux Hutus démocrates. Aussi bien comme journaliste-écrivain que comme témoin expert et consultant auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, tribunal chargé depuis 1994 d’identifier et de juger les principaux « génocidaires »), j'ai un accès relativement aisé aux audiences publiques du tribunal à Arusha (Tanzanie). Le procès le plus remarquable est celui où ont comparu ensemble le colonel Théoneste Bagosora, considéré comme l'architecte du génocide, et de plusieurs officiers supérieurs rwandais dont son bras droit, le colonel Anatole Nsengiyumva.

J’ai été impressionné par la longue déposition en 2002 d'un homme dont l'identité était l'objet d'une protection extraordinaire, au point que son audition a été en partie "caviardée". Sous le pseudonyme de ZF et caché derrière un rideau, il a fourni un témoignage accablant sur l'organisation du génocide dans Gisenyi, ville frontalière du Zaïre, qui était le foyer des extrémistes hutus de l’époque. Malgré ce « caviardage », il apparaissait que ZF était un opérateur recruté dès octobre 1990 par les forces armées rwandaises pour intercepter les messages radio des rebelles du Front patriotique rwandais.

Il m’a paru indispensable de le rencontrer dans le cadre de mes recherches, mais malgré mes efforts, je ne parvenais pas à l’identifier. Au TPIR, son nom figurait parmi les secrets les mieux gardés de l’équipe de « Protection des témoins ». Personne ne voulait risquer sa place pour m’informer de son nom et de son adresse.

En novembre 2006, lorsque le juge Jean-Louis Bruguière a diffusé le texte de son ordonnance (que chacun peut trouver sur internet) accusant neuf hauts gradés de l'armée rwandaise d'avoir été les principaux organisateurs de l'attentat du 6 avril 1994, il a cité le nom du principal témoin à charge : Richard Mugenzi, opérateur radio à Gisenyi (page 30). Sans entrer dans les détails, j'ai réussi à localiser Richard Mugenzi le 29 mai 2009. Nous avons convenu d'une interview le 31 mai. C'est au cours de cette interview qu’il m'a révélée que Jean-Louis Bruguière s'était fourvoyé en utilisant son témoignage pour accuser le Front patriotique rwandais de l'attentat.

Question : En quoi le témoignage de Richard Mugenzi est important ?

Jean-François Dupaquier : Richard Mugenzi est mentionné dans les pages 29, 30, 31, 51 et 52 de l’ordonnance Bruguière. C’est dire si le juge « antiterroriste » lui attachait de l’importance.

Le 7 avril 1994 vers huit heures 45 le matin, Richard Mugenzi est supposé avoir intercepté un message radio du Front patriotique rwandais revendiquant l'attentat commis 12 heures plus tôt à Kigali. Ce message est diffusé « en clair », contrairement aux habitudes de « codage » du Front patriotique rwandais et, faut-il le dire, de toutes les armées en guerre. Il disait à peu près ceci : « L'invincible (surnom que ses courtisant avaient donné au président Juvénal Habyarimana) est mort dans son avion, les gorilles (Hutus) ont perdu, les bergeronnettes (Tutsi) ont gagné, la victoire est proche, félicitations à l'Escadron renforcé, la guerre reprend. Etc. »

Richard Mugenzi aurait ensuite transcrit trois autres messages, toujours diffusés en clair, au milieu de nombreux messages codés, et qui "confirmaient" que le Front patriotique rwandais était bien l'auteur de l'attentat, puisqu'il le revendiquait et même s’en glorifiait.

Question : Pourquoi Richard Mugenzi a-t-il menti au juge Bruguière lorsque celui-ci l’a interrogé à Arusha ?

Jean-François Dupaquier : Sur le moment, j'ai été tellement surpris de la révélation que j'ai oublié de poser cette question évidente. J’ai rappelé Richard Mugenzi plus tard. Il m'a alors expliqué que lorsqu'il avait témoigné au TPIR en 2002 contre Bagosora et Nsengiyumva, personne ne lui avait posé de questions sur ces fameux télégrammes. On sait que pour le Parquet du TPIR, le scénario de l'attentat du 6 avril 1994 est un sujet tabou, le juge Bruguière a suffisamment glosé là-dessus dans son ordonnance – à juste titre. Et dans le cadre du contre-interrogatoire du témoin qui les accablait sur leur rôle dans le génocide à Gisenyi, pas plus Bagosora que Nsengiyumva n’a levé ce lièvre, on comprend à présent pourquoi.

Jean-Louis Bruguière affirme avoir interrogé Richard Mugenzi le 5 juin 2001 (page 52). Il n'aurait en fait jamais interrogé ce témoin qu’il décrit pourtant comme capital. Richard Mugenzi dit n’avoir été prévenu qu’une demi-heure auparavant de son audition par l'équipe du juge à Arusha. Il dit s’être retrouvé face à un policier français qui se serait contenté de lui faire reconnaitre son écriture sur la transcription des soi-disant messages du FPR, sans même se donner la peine de lui demander s'il s'agissait de transcriptions authentiques. Je vous livre la version de Richard Mugenzi. Il serait intéressant de lire ce PV d’audition dans le dossier Bruguière, malheureusement couvert par le secret de l'instruction.

Question : Quelle conclusion tirez-vous de cette déclaration de Richard Mugenzi ?

Jean-François Dupaquier : La révélation de l’ancien espion radio éclairait d’un seul coup cet épisode : on se trouvait en face d’une manipulation délibérée. Exactement 12 heures après l'attentat, le colonel Nsengiyumva, adjoint direct et complice du colonel Bagosora (comme l'a montré le jugement du Tribunal pénal international intervenu en février dernier les condamnant tous deux à la réclusion à perpétuité), a cherché à faire croire que l'attentat avait été commis par le FPR en inventant un faux bordereau.

Christophe Rigaud

21 février 2009

RDC : L'armée rwandaise commence son retrait aujourd'hui

Le Rwanda va commencer à retirer ses troupes samedi de l'est de la République démocratique du Congo. Ce retrait sera achevé d'ici le milieu de la semaine prochaine, selon le commandant des forces rwandaises sur place.

3.500 soldats rwandais avaient franchi la frontière le 20 janvier sur la demande du président Joseph Kabila pour traquer les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Selon Kigali, les soldats rwandais ont atteint leurs objectifs même si les rebelles n'ont pas été complètement annihilés.

25 janvier 2009

Pourquoi le Rwanda a-t-il arrêté Laurent Nkunda ?

Que cache l'arrestation de rebelle congolais Laurent Nkunda arrêté par son ancien allié, le Rwanda ?  La nouvelle a été  révélé par un communiqué signé par l’inspecteur général de la police nationale congolaise, John Numbi. Nkunda était entré au Rwanda pour discuter avec les autorités lorsqu'il a été arrêté, à la suite d’une opération militaire conjointe des armées congolaise et rwandaise.

Afrikarabia logo.pngPour Ali Kalonga du site internet www.krig.org : "il apparait que cette action avait un autre but caché, celui d’écarter Nkunda, devenu «incontrôlable». Avec le trafic des minerais, le chef rebelle cherchait à s’autofinancer c’est-à-dire ne plus dépendre du Rwanda. En plus, «il aurait même refusé d’aider les FARDC pour combattre les FDLR» dans le cadre de l’accord entre Kinshasa et Kigali, selon un diplomate en poste dans la région. Les soldats rwandais sont donc entrés officiellement au Kivu même si le commandant en chef de l’armée congolaise, Didier Etumba, a affirmé ignorer leur déploiement".

Nkunda, affaibli par une dissidence interne de Bosco Ntaganda, a été arrêté près de la ville de Ruhengeri. Il serait détenu dans un «endroit secret» selon un responsable de l’armée rwandaise sous couvert d’anonymat tandis qu’une source de la rébellion a affirmé que le «chairman serait en résidence surveillée à Gisenyi». Pour le chef des FDLR, Ignace Murwanashyaka, «cette arrestation ne change rien. Nkunda n’était qu’une marionnette entre les mains du Rwanda». Le limogeage de Nkunda de la tête du CNDP préfigure-t-il une nouvelle étape ? Celle qui conduirait à une occupation du Kivu par le Rwanda ? D’aucuns y voient le début de la balkanisation du Congo.

Christophe Rigaud