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31 janvier 2011

RDC : Vers un accord Tshisekedi-Kamerhe ?

La semaine prochaine, un premier forum de l'opposition pour l'alternance devrait se tenir à Kinshasa en vue de la prochaine élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Objectif : la présentation d'un candidat unique de l'opposition face au président sortant Joseph Kabila. Selon le site Le Climat Tempéré, les deux poids lourds de l'opposition congolaises se seraient retrouvés en présence de deux députés nationaux.  Un accord est-il possible ?

Logo Elections 2011.jpgSelon Le Climat Tempéré, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe "se sont retrouvées dans le cadre des concertations politiques, en présence des députés nationaux Jean-Claude Mvuemba et Delly Sessanga, en perspective du «forum de l’opposition pour l’alternance en 2011» dont l’ouverture est fixée la semaine prochaine".

Avant un hypothétique accord, le but de la réunion était d'évoquer un programme commun de gouvernance des "forces de changements". L'idée est plutôt salutaire : le projet de société d'abord, les hommes ensuite… "question d’éviter de mettre la charrue devant le bœuf", note Le Climat Tempéré. Les discussions tournent donc autour d' un front commun pour la présidentielle de novembre 2011, mais aussi pour les législatives nationales et provinciales qui devraient suivre afin d'assurer une majorité au futur président.

Pour l'instant deux candidats sont susceptibles de présenter un front commun d'opposition à Joseph Kabila : l'historique Etienne Tshisekedi (UDPS) et le nouveau venu, Vital Kamerhe (UNC), ancien président de l'Assemblée nationale et bras de droit de Kabila aux élections de 2006. Quant au grand parti d'opposition institutionnel… il est pour l'heure aux abonnés absents, le patron du MLC, Jean-Pierre Bemba, étant en prison à La Haye.

Il semble donc trop tôt pour connaître la candidat unique de l'opposition. Si pour l'instant Etienne Tshisekedi paraît plus apte à faire la synthèse de toutes les tendances de l'opposition congolaises, Vital Kamerhe et le MLC n'ont pas encore dit leur derniers mots. Surtout lorsque certaines rumeurs font état d'un amendement à la loi électorale de 2006 qui porterait sur l'âge des candidats à la présidentielle qui serait limité à 70 ans… Etienne Tshisekedi ayant 78 ans ! Pour l'opposition il serait donc "urgent d'attendre" avant de se mettre d'accord sur un candidat unique.

Christophe Rigaud

RDC : Kamitatu soutiendra Kabila en 2011

L'ARC d'Olivier Kamitatu (Alliance pour le Renouveau), parti membre de la majorité présidentielle soutiendra sans surprise le président sortant Joseph Kabila lors du prochain scrutin de novembre 2011.

logo afkrb.pngA l'occasion du 5ème anniversaire du jeune parti d'Olivier Kamitatu, l’ARC s’engage à soutenir le président Joseph Kabila aux élections de 2011. La formation de Kamitatu entend tout de même se faire entendre et marquer sa différence pendant la campagne au sein de l'l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP).

L'ARC compte 25 députés nationaux, 7 sénateurs, 2 ministres nationaux, 19 députés provinciaux et 4 ministres provinciaux. Depuis maintenant plusieurs années, l'actuel ministre du Plan de Joseph Kabila se révèle être un allié fidèle du président congolais. Après un début de carrière aux côtés du MLC avec à la clé le poste de président de l'Assemblée nationale, Olivier Kamitatu est remercié par Jean-Pierre Bemba en 2005. Il fonde son propre parti, l'ARC et occupe depuis le 5 février 2007 le ministère du Plan.

27 janvier 2011

"Le Panafricain" consacre son premier numéro à la RDC

Une nouvelle réjouissante dans l'univers des médias africains… la naissance d'un magazine d'information gratuit en ligne : "Le Panafricain". Pour son numéro 1, ce magazine consacre un important dossier à la République démocratique du Congo (RDC). 55 pages d'enquête dressent le portrait passionnant de ce pays-continent, à la veille d'une année décisive et à 10 mois de nouvelles élections présidentielles, prévues en novembre 2011.

Capture d’écran 2011-01-29 à 12.37.22.pngDans ce dossier très complet, accessible gratuitement sur internet, "Le Panafricain"  revient sur les "grandes manoeuvres dans les états-majors politiques" à la veille du scrutin présidentielle : PPRD, MLC, UDPS, l'avenir de Jean-Pierre Bemba, l'affaire Chebeya, la chute de Laurent Nkunda et la situation sécuritaire à l'Est de la RD Congo… tout est analysé et décrypté.

"Le Panafricain" part également à la rencontre du Pasteur Mulunda Nyanga, de Fernandez Murhola du Renadhoc et du ministre congolais de la Justice, Luzolo Bambi. Les articles sont très fouillés et la mise en page soignée… on rêverait presque d'une édition papier !

Le dossier du Panafricain sur la République démocratique du Congo a été coordonné par Baer Grégory et réalisé par Théodore Ngangu, Jean-Pierre Mwanza, Bona Tsona et Benoit Aktili Mali. On attend avec impatience le numéro 2…

Christophe Rigaud

Retrouvez Le Panafricain en cliquant ici

26 janvier 2011

RDC : L'UDPS sans existence légale ?

Le journal Le Phare de Kinshasa, révèle dans ses colonnes un imbroglio juridique qui priverait l'UDPS d'Etienne Tshisekedi de ses propres statuts. Selon le journal kinois, les services notariaux de l’Hôtel de ville de Kinshasa auraient rejeté les nouveaux statuts du parti d'Etienne Tshisekedi. Motifs : " le notaire avait déjà notarié les statuts du même parti présentés par François Beltchika".

Image 4.pngC’est l’étonnement et l’indignation dans le camp de Tshisekedi, d’autant plus qu’en 2008, l’Hôtel de ville avait interdit à Beltchika d’organiser le congrès de l’UDPS au jardin botanique de Kinshasa parce que ce dernier n’avait pas l’aval de Etienne Tshisekedi.

Selon Le Phare, l’Hôtel de Ville de Kinshasa, à travers ses services de notariat, aurait rejeté les nouveaux statuts de l’Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS) adoptés lors de son dernier congrès. Présenté par le secrétariat général, ce document a rencontré une fin de non recevoir de la part de l’Administration urbaine de Kinshasa.

Pour le journal congolais, l’UDPS se retrouverait donc sans statuts... et donc sans existence légale, ce qui l’exclurait du processus électoral. Pour conclure, le journal écrit : "Tshisekedi et les siens pensent qu’il s’agit d’un coup fourré de l’Hôte de ville de Kinshasa". Attendons toutefois la version officielle de l'UDPS.

Chirstophe Rigaud

RDC : Vers un procès des FDLR ?

Depuis quelques jours, la Cour pénale internationale (CPI) détient dans sa prison de La Haye, le secrétaire exécutif des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Callixte Mbarushimana est  l’un des principaux dirigeants du groupe armé rwandais, dernier mouvement regroupant les auteurs du génocide rwandais de 1994 et dont les activités en République démocratique du Congo (RDC) sont à l’origine des guerres du Congo. Une occasion unique pour la justice internationale de se pencher sur cette rébellion encore très active à l'Est de la RD Congo.

Image 4.pngCallixte Mbarushimana, en exil à Paris, participait à distance à l'encadrement du groupe rebelle, tandis que les troupes FDLR continuaient à semer la terreur dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, Mbarushimana doit aujourd'hui "rendre des comptes devant la justice pour son rôle présumé dans ces crimes".

Toujours selon la Cour pénale internationale : "les filles et les femmes ont payé le plus lourd tribut à la vague de violences sexuelles odieuses qui a meurtri les provinces du Kivu pendant près d’une génération. S’il est trop tard pour nombre d’entre elles, les poursuites engagées contre des dirigeants des FDLR offrent la possibilité de démobiliser ce groupe armé et de contribuer à rendre justice aux victimes, favoriser le retour de la paix dans la région et redonner espoir à la population."

Depuis son refuge parisien, Callixte Mbarushimana a toujours contesté les rapports de l’ONU qui dénonçaient l’implication des FDLR dans les nombreuses exactions commises contre la population congolaise. La CPI souhaite donc se pencher sur les pratiques de cette rébellion et enquêter à propos des viols commis notamment à Walikale, à l'Est de la RDC.

Une première comparution aura lieu le 28 janvier. Callixte Mbarushimana est soupçonné de 5 chefs de crimes de guerre et de 6 chefs de crimes contre l’humanité, notamment de meurtres, tortures, viols, persécutions et destructions de biens. La procès Mbarushimana sera vraisemblablement l'occasion pour la CPI de revenir sur le génocide rwandais de 1994 et sur le rôle des FDLR dans les guerres à répétition dont est victime la République démocratique du Congo.

Christophe Rigaud

25 janvier 2011

RDC : Selon Auguste Mampuya, "seul Tshisekedi peut battre Kabila"

Dans un entretien à Afrikarabia, Auguste Mampuya, président du RADER (Rassemblement des Démocrates pour la Rupture et le Renouveau) estime que les chances d'une victoire d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle de 211 sont "très sérieuses". Selon le président du RADER, la modification du mode de scrutin n'est pas un handicap pour le candidat de l'UDPS. L'élection présidentielle à un seul tour serait même "plus favorable à Tshisekedi, devenant l’unique candidat ralliant tous les leaders importants de l’opposition." affirme Auguste Mampuya.

images.jpgAFRIKARABIA : Auguste Mampuya, vous êtes Président du RADER. Vous soutenez la candidature d'Etienne Tshisekedi aux prochaines élections présidentielles de novembre 2011, pour quelles raisons ?

AUGUSTE MAMPUYA : L’objectif stratégique était de mettre fin à un système corrupteur s’alimentant de la corruption et tout entier destiné à préserver les intérêts égoïstes des dirigeants, méprisant le peuple et négligeant totalement le sort de ce dernier ; un système qui a rabaissé les Congolais au point que, même les plus instruits ont renoncé à faire usage de leur intelligence et à réfléchir, formatés par le clientélisme et le goût de l’argent facile, n’aspirant plus qu’à s’enrichir vite et par tous les moyens, non par leurs activités de création de richesses personnelles mais au détriment de la nation et dans la caisse publique par la prédation et une corruption devenue le cœur et la substance de la gouvernance. Tshisekedi m’a semblé le seul capable de battre Kabila et les forces du statu quo, par sa constance, son charisme et sa popularité aujourd’hui encore intacts, sa détermination, sa volonté de changement qui correspondait parfaitement à l’idéologie de la rupture développée par mon parti le Rassemblement des Démocrates pour la Rupture et le Renouveau (RADER), car pour lui il s’agit d’une véritable alternative et non d’une simple alternance. Mon parti s’est employé à provoquer, à l’appel de Tshisekedi lui-même pour un « front commun », le regroupement des forces de changement et de progrès pour soutenir la candidature d’E. Tshisekedi autour d’un projet crédible de gouvernance démocratique et de progrès social.

AFRIKARABIA : Auguste Mampuya, vous êtes également juriste, que va changer pour l'opposition la révision de la constitution et le passage à un seul tour de scrutin présidentiel ?

AUGUSTE MAMPUYA : Il faut d’abord affirmer que le problème que pose cette révision n’est pas d’ordre juridique et que la question du nombre des tours de scrutin n’est pas un tabou. Toutefois, il est indéniable qu’un seul tour peut déboucher sur un président mal élu qui ne représenterait qu’une infime minorité de la population avec une base très étroite de légitimité alors qu’il a des pouvoirs énormes. Jusqu’à cette révision, l’opposition se voulait volontiers plurielle. L’initiative des forces du statu quo du camp kabiliste lance à l’opposition un réel défi, celui de, au moins, s’engager dans une dynamique d’unité d’action en vue de battre Kabila. Il s’agira de soutenir un candidat unique autour d’un projet crédible de gouvernance démocratique et de progrès social.

AFRIKARABIA : Un seul tour de scrutin, n'est-ce pas une chance pour Etienne Tshisekedi de devenir le candidat unique de l'opposition face à Joseph Kabila ?

AUGUSTE MAMPUYA : Avant même cette révision, une plate-forme des forces de changement et de progrès s’était formé autour de la candidature d’E. Tshisekedi qui avait appelé à un « front commun » de ces forces, mon parti était intimement associé à ces initiatives.. Actuellement, ce noyau initial a pour tâche d’amener les autres, face à la nouvelle donne et au défi lancé par le camp kabiliste, à rallier cette initiative pour ainsi élargir cette plateforme. C’est l’intérêt national qui l’exige et c’est aussi l’intérêt des éventuels candidats se réclamant de l’opposition qui intègrent ainsi notre logique selon laquelle Tshisekedi est sans doute celui qui peut le mieux non seulement incarner la volonté de changement mais aussi faire gagner l’opposition. Ces contacts très avancés vont certainement aboutir sous peu à la candidature unique d’E. Tshisekedi, sur un échiquier clarifié avec le face à face exclusif « forces de progrès » contre  « forces du statu quo et de régression nationale »

AFRIKARABIA : Quelles sont les principaux atouts d'Etienne Tshisekedi ?

AUGUSTE MAMPUYA : Sa constance, sa crédibilité, son charisme, sa détermination, sa vision démocratique et de progrès ainsi que sa lutte constante pour l’Etat de droit, son expérience, ses mains propres de sang et de prédation, sa popularité y compris au sein des jeunes générations et le fait qu’il incarne le souci, qu’ignore le pouvoir actuel, du bien-être général et non des privilèges d’une caste.

AFRIKARABIA : Quelles sont les chances d'Etienne Tshisekedi de devenir le prochain président de la République démocratique du Congo ?

AUGUSTE MAMPUYA : Ses chances sont très sérieuses aussi bien dans l’hypothèse  de deux tours que dans celle d’un seul tour. Cette dernière hypothèse est même plus favorable à Tshisekedi devenant l’unique candidat ralliant tous les leaders importants de l’opposition avec les chances, si non la certitude, d’être le successeur de Kabila. Le bilan très largement négatif de ce dernier plaide pour Tshisekedi et les forces qui le soutiennent : recul du processus démocratique, progression du pouvoir personnel pour ne pas dire plus,  incapacité du régime à mettre fin à une insécurité généralisée devenue chronique et banalisée, une économie criminalisée et quasi mafieuse,  une misère aggravée, une pauvreté qui s’est « développée », conditions sociales et de vie dégradées, gaspillages dans d’inutiles réalisations-gadgets de prestige mais occasions de détournements et de corruption, tandis que, par la prédation et la corruption (au Congo, un pays si pauvre incapable de se doter d’un budget de 8 milliards de dollars, les détournements de l’ordre de centaines d’euros sont fréquents), affichant une opulence ostentatoire, une caste s’est indument et scandaleusement enrichie en si peu de temps (en 10 ans à peine et trois-quatre ans pour certains, on parle de fortunes individuelles de l’ordre de quelques milliards de dollars).

Christophe Rigaud

Vital Kamerhe : "Je ne suis pas une taupe de Kabila" (vidéo)

Dans une interview accordée à Télésud, l'ancien président de l'assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC) et candidat à l'élection présidentielle de 2011 explique pourquoi il n'est pas une taupe de Joseph Kabila au sein de l'opposition.  Après avoir été le directeur de campagne du président Kabila en 2006 et dirigé le parti présidentiel (PPRD), Vital Kamerhe a brusquement rejoint les rangs de l'opposition après l'entrée des troupes rwandaises en RD Congo en 2009. Un brutal changement de cap que certain analyse comme une stratégie de Kabila pour "noyauté" l'opposition. Ecoutez Vital Kamerhe s'en défendre et revenir sur les incidents qui ont émaillé sa visite à Goma après son annonce à la candidature à la magistrature suprême.

24 janvier 2011

RDC : Apparition de nouveaux groupes armés

Depuis une quinzaine d'année, le Nord et l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sont le théâtre de conflits à répétitions entretenus par de nombreux groupes armés menaçant plusieurs pays de la région des Grands Lacs. FDLR, ADF-NALU, LRA ou Maï Maï... tous tuent, terrorisent, pillent, violent en toute impunité. Plusieurs opérations militaires conjointes ont été organisées entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda, appuyées par les Nations Unies... tout cela pour un résultat quasi nul sur le terrain. De nouveaux groupes rebelles sont même apparus depuis quelques mois.

DSC03867.JPGAu cours d'une réunion tripartite, les ministres de la Défense des pays des Grands Lacs ont reconnu à Kigali que la menace des groupes armés dans l’Est de la RDC est encore très présente. Pire, de nouveaux mouvements rebelles ont fait leur apparition : "il s’agit d’une rébellion mixte constituée de mercenaires étrangers, des combattants hutus des FDLR et des fidèles de l’ancien chef d’état major de l’armée rwandaise". Autre inquiétude : une coalition entre des groupes armés opérant au Congo et un groupe intégriste islamique du nom d’EL Shabab.

Selon les experts de cette réunion tripartite de la Communauté économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), cette alliance serait composée de FDLR, des groupes Kayumba/Karegeya et Nsengiyumva, des Maï-Maï Yakutumba et Cheka, du Front patriotique pour la libération du Congo (FPLC), du groupe de Soki bien connu à Rutshuru, au Nord-Kivu ainsi du mouvement El Shabab, groupuscule d'origine somalienne. Le colonel Mamba, responsable des services de renseignements de la RDC et rapporteur de la sous-commission Défense et Sécurité des pays membres de la CEPGL, a souligné que l'objectif visé par la formation de cette alliance était de "créer l'instabilité dans la région".

Pour contrecarrer cette nouvelle alliance qui se profile, les armées des trois pays membres de cette communauté ont donc convenu à Kigali d'un projet d'actions en 9 points. Il s'agit, entre autres, de la création d'une commission d'élaboration d'un plan d'action opérationnel du protocole de Défense et de Sécurité mutuelle, de la création d'une cellule conjointe de fusion des renseignements devant se réunir régulièrement et de l'établissement des modalités d'échanges des criminels. Pour l'heure les opérations militaires conjointes sont un échec, de l'aveu même des pays participants...

Photo : Christophe Rigaud 2006 (c) www.afrikarabia.com

23 janvier 2011

Elections RDC : Tshisekedi favori ?

Et si la présidentielle à un seul tour se révélait être un piège pour... Joseph Kabila ? La modification de la constitution congolaise et du mode de scrutin lance avant l'heure une campagne électorale où tout semblait joué d'avance... à savoir la réélection sans grande difficulté du président sortant Joseph Kabila. Le passage surprise de l'élection présidentielle de deux à seul tour change brutalement la donne. Avec une opposition encore divisée entre Tshisekedi, Bemba-Mwamba et Kamerhe... le "sphinx de Limete" pourrait se révéler le grand gagnant de cette révision constitutionnelle en étant le seul à pouvoir prétendre représenter l'ensemble de l'opposition et à être capable de battre Joseph Kabila. Reste à convaincre le reste de l'opposition.

Capture d’écran 2011-01-23 à 18.39.12.pngUne chose est sûre :  la "présidentielle à un seul tour" bouleverse les stratégies des états majors politiques. Si l'AMP apparaît plus soudée que jamais autour du président Joseph Kabila (c'était d'ailleurs l'un des objectifs de la modification du mode de scrutin), l'opposition se retrouve condamnée à se rassembler dès le premier tour. Le MLC peine à trouver ses marques depuis la détention de son "chairman" Jean-Pierre Bemba à La Haye, l'UNC de Vital Kamerhe, après un départ en fanfare semble s'essouffler… seul l'UDPS d'Etienne Tshisekedi et de ses alliés semblent être en ordre de bataille pour affronter Joseph Kabila. Avec un seul tour de scrutin, de nombreux candidats peuvent en effet douter de l'intérêt de se présenter à l'élection sachant qu'il n'ont aucune chance d'être élu dès le premier tour et qu'ils n'ont plus la possibilité de conclure des alliances au deuxième tour… une chance pour le candidat Tshisekedi qui se pose en rassembleur de toute l'opposition congolaise.

Tshisekedi bénéficie en effet de plusieurs atouts : un profil d'homme politique intègre, un grand parti prêt à faire campagne aux quatre coins de la RD Congo, une vrai capacité à mobiliser les foules comme nous avons pu le remarquer lors de son retour à Kinshasa. Tshisekedi pourrait ensuite retrouver les voix de l'UDPS parties au MLC en 2006, suite au boycott des élections par l'UDPS.

Face à l'UDPS, deux partis peuvent prétendre au leadership de l'opposition congolaise. Le MLC tout d'abord, le grand parti d'opposition parlementaire, paraît très affaibli par l'absence de Jean-Pierre Bemba. Son secrétaire général, François Mwamba n'a pas le charisme du chef et pourrait obtenir un résultat très décevant, d'autant que le MLC serait susceptible de voir fuir une partie de ses voix vers l'UDPS, absent du scrutin de 2006 pour cause de boycott. L'UNC ensuite,  de l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, ne semble pas recueillir une très forte adhésion populaire. Si Vital Kamerhe soigne son image dans les médias, la population n'a pas compris son brutal revirement d'alliance… en passant de la majorité présidentielle à une opposition frontale au chef de l'Etat en quelques mois seulement. On se souvient en effet que Vital Kamerhe a organisé la campagne de Joseph Kabila en 2006… avec succès.

Capture d’écran 2011-01-23 à 18.36.45.pngReste Etienne Tshisekedi. Si le candidat de l'UDPS peut apparaître comme le favori dans ce scrutin, Tshisekedi cumule quelques handicaps : son âge avancé, son manque de moyens financier qui sera difficile à combler face à Joseph Kabila, sa difficulté à rassembler et à rassurer dans son propre camp, sa faible stature internationale…  Etienne Tshisekedi joue également son va-tout dans ce scrutin. Personnellement, il ne pourra pas se représenter aux prochaines élections de 2016 et son parti, l'UDPS, déjà très touché par les luttes intestines entre les courants Mutanda, Mukendi et Beltchika, risquerait de ne pas survivre à une défaite du "sphinx de Limete".

Pour gagner son pari, l'UDPS lance toutes ses forces dans la "bataille du candidat unique de l'opposition" (à savoir Tshisekedi lui-même). Au cours d’un point de presse, samedi 22 janvier à Kinshasa, le président du Mouvement du peuple congolais pour la République, Jean-Claude Vuemba a annoncé que l’opposition politique entend se choisir un candidat unique à l’élection présidentielle de 2011. Selon lui, toutes tendances confondues de l’opposition vont se rassembler, début février, en vue d’adopter un programme commun et se doter d’un leadership rassembleur… Un rendez-vous clé pour Etienne Tshisekedi.

Christophe Rigaud

RDC : Nombreuses pétitions contre la présidentielle à un tour

On ne les compte plus... Les pétitions contre la révision constitutionnelle voulue par la président Joseph Kabila se multiplient. Depuis quelques semaines, la polémique enfle en République démocratique du Congo (RDC) autour du changement de mode de scrutin de l'élection présidentielle de novembre 2011. Le passage de deux à seul tour suscite de vives polémiques à seulement 10 mois du scrutin. De nombreuses organisations politiques lancent des pétitions contre cette révision, adoptée il y a quelques jours par le parlement congolais.

Capture d’écran 2011-01-23 à 17.30.45.pngLa Nouvelle société civile  congolaise (NSCC), Vital Kamerhe, l'UN de Clément Kanku, Frank Diongo, Martin Fayulu, le Collectif des Démocrates Congolais (CDC), la Ligue des Electeurs ou l’Aprodec Asbl… tous partent en croisade contre la révision constitutionnelle votée par le parlement congolais.

La Nouvelle société civile congolaise (NSCC) estime "que modifier la constitution du 18 février 2006 maintenant, c’est à la fois la fragiliser et faire entrave à la démocratie en RDC" et demande la restauration de la constitution, "qui garantissait l’élection présidentielle à deux tours". La Nouvelle société civile congolaise, doit collecter au moins 100 000 signatures pour espérer passer devant le parlement.

Le Collectif des Démocrates Congolais (CDC) pense quant à lui "que le mode de scrutin à un tour privilégie les intérêts personnels, ceux du président de la République et de ses amis, au détriment de la majorité des Congolaises et des Congolais". Il demande également, "conformément à l'article 218 de la Constitution congolaise, l'organisation d'un référendum sur la non-révision de l'article 71 de la Constitution". Pour signer sa pétition, cliquez sur le lien suivant : http://9112.lapetition.be

Encore à Bruxelles, la Ligue des Electeurs et l’Aprodec Asbl proposent un référendum populaire pour répondre à la question suivante: "OUI ou NON à la révision de l’ensemble des dispositions de la Constitution telles qu’adoptées par le Congrès réuni du 14 au 15 janvier 2011 ?"

Rappelons que la proposition de loi du chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, a été promulgué le 20 janvier dernier et porte sur 8 articles :

- L’article 71 alinéas 1 prévoit désormais l’élection présidentielle à un seul tour.

- L’article 110 traite de la perte du mandat d’un parlementaire.  Lorsque ce dernier est nommé à une fonction politique incompatible avec son mandat, il peut retrouver son siège au sein du Parlement à la fin de cette fonction politique.

- Les articles 197 et 198 relatifs aux institutions provinciales ont fait également l’objet d’une modification.

- Face aux nombreux conflits, au cours de cette législature, cette révision constitutionnelle, permet désormais au chef de l’Etat d’arbitrer les conflits. Il peut relever le gouverneur de ses fonctions ou  dissoudre l’assemblée provinciale.

- L’article 149 place les magistrats du parquet sous l’autorité du ministère de la Justice.

- L’article 208 autorise uniquement le chef de l’Etat à appeler le peuple au référendum.

- L’article 226 propose de "déconstitutionnaliser" la programmation de l’installation de 26 nouvelles provinces et de la laisser aux bons soins du législateur.
L’article 126 intègre la disposition selon laquelle  le gouvernement doit demander les crédits provisoires au parlement lorsque le budget n’est pas voté à temps.

Christophe Rigaud

21 janvier 2011

RDC : Le cas Nkunda embarrasse toujours le Rwanda

Deux ans après son arrestation par le Rwanda, l'ex général rebelle congolais Laurent Nkunda attend toujours une quelconque décision de justice dans sa résidence surveillée de Gisenyi. Dans un article du site Daily Nation, le ministre rwandais de la Justice explique ces atermoiements par la complexité juridique, diplomatique et politique du dossier Nkunda. La République démocratique du Congo (RDC) réclame quant à elle son extradition vers Kinshasa afin de répondre de ses crimes pendant ses affrontements avec l'armée congolaise en 2008 et 2009. Pour l'heure, Laurent Nkunda embarrasse toujours Paul Kagame, son allié d'hier.

logo afkrb.pngEn plein été 2008, le général rebelle Laurent Nkunda lance une importante offensive contre l'armée régulière congolaise à l'Est de la RD Congo. Ses troupes sont à quelques kilomètres de Goma à la fin octobre et les autorités de Kinshasa commence à prendre peur. Nkunda renonce cependant à prendre la ville et déclare un cessez-le-feu unilatéral ainsi que l'ouverture de négociations avec le gouvernement de Joseph Kabila. En janvier 2009, coup de théâtre : le Rwanda voisin, l'allié de Laurent Nkunda, retourne sa veste et décide de sceller un accord avec la RDC de Kabila afin d'éviter le chaos à l'Est. Le 23 janvier 2009, l'inspecteur général de la police de la République démocratique du Congo annonce l'arrestation de Laurent Nkunda la veille au Rwanda ; le général déchu avait franchi la frontière alors qu'une opération conjointe des forces congolaises et rwandaises reprenaient le contrôle du territoire conquis par le CNDP de Nkunda.

Depuis lors, Nkunda attend toujours d'être jugé par son allié d'hier... en vain. Le général rebelle est en effet devenu très gênant pour Kinshasa comme pour Kigali et le status quo arrange tout le monde... sauf Nkunda qui réclame un procès.

En août 2010, après sa réélection, le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré que si l'arrestation de l'ancien chef de guerre congolais a sonné la fin des combats en RDC, elle a depuis créé un autre problème pour le Rwanda. Et Paul Kagame de souhaiter régler rapidement le cas Nkunda. Au Rwanda, Laurent Nkunda doit être déféré devant un tribunal militaire... mais il attend encore, alors que la RDC a demandé son extradition vers Kinshasa pour être jugé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Selon le ministre rwandais de la justice, l'imbroglio judiciaire, vient du fait que Laurent  Nkunda est un général congolais, arrêté sur le sol rwandais. Le ministre rappelle que "le Rwanda et la RDC sont deux états distincts, avec des lois distinctes. Mais nous sommes actuellement engagés avec la RDC dans un délai raisonnable pour régler cette question".

Le ministre rwandais Karugarama et son homologue de RDC ont également recommandé la mise en place d'une équipe d'experts des deux pays qui devrait se réunir pour travailler sur la légalité du dossier et ainsi lever les obstacles juridiques en vue du transfert de Nkunda.

Christophe Rigaud

20 janvier 2011

RDC : La France soutient la présidentielle à un tour

Par la voix de l'ambassadeur de France à Kinshasa, Pierre Jacquemot, la diplomatie française déclare "apprécier " la démarche de la révision constitutionnelle en République démocratique du Congo (RDC). L'ambassadeur note qu'il  s’agit d’une décision qui relève de la souveraineté nationale, "puisqu’elle a été adoptée par le congrès" et trouve donc rien à redire sur le sujet, notamment sur le passage à un seul tour de l'élection présidentielle, prévue dans seulement 10 mois. La Belgique, quant à elle, s'est engagée à soutenir les prochaines élections RDC pour un montant de 12 millions d'euros.

Image 4.pngVoici un soutient de poids pour le président sortant Joseph Kabila : celui de la diplomatie française, alors que la polémique fait toujours rage à Kinshasa au sujet de la récente révision constitutionnelle validée par le parlement de RD Congo. Cette révision portait entre autre sur la fameuse présidentielle à un seul tour voulue par Joseph Kabila.

L'ambassadeur de France rappelle toutefois que la France souhaite le respect du calendrier, la liberté d’action et d’expression et la sécurisation des acteurs avant, pendant et après le scrutin, avec l'aide de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (MONUSCO). Un soutient qui tombe à pique pour Joseph Kabila, alors que la Belgique s’est engagée à honorer sa promesse en appuyant le processus électoral en RDC pour un montant de 12 millions d’euros et ce, en dépit de modifications et du format du scrutin. La communauté internationale souhaite donc la tenue du scrutin coûte que coûte, alors que l'opposition ne décolère pas sur ce changement de règle du jeu à seulement 10 mois de l'élection.

Christophe Rigaud

18 janvier 2011

RDC : Faustin Munene a été arrêté

Après trois de mois de cavale, l'aventure s'arrête nette pour le général Faustin Munene. En fuite pour éviter des ennuis judiciaires avec le pouvoir en place à Kinshasa, le général Munene avait pris le maquis et la tête d'une "rébellion", l'Armée de Résistance Populaire (ARP) pour la libération du Congo. Pour l'heure, l'information est démentie par les proches de Munene.

Image 3.pngFaustin Munene a été arrêté alors qu'il tentait de se rendre au Congo-Brazzaville. L' ex-patron de la Chancellerie des Ordres Nationaux, serait actuellement détenu à la prison centrale de Pointe Noire avec 11 autres personnes. Des discussions auraient débutées entre les autorités de Kinshasa et celles de Brazzaville en vue de son extradition en République démocratique du Congo (RDC).

Que reprochait-t-on à Faustin Munene ?

A vrai dire rien, officiellement. A Kinshasa, on évoque pourtant un "complot contre le raïs Joseph Kabila". Sa famille explique que Munene était traqué par les "services" congolais et aurait fui de peur d'être arrêté. Originaire de la province du Bandundu, le général Munene était un proche de Pierre Mulele (rebelle avec Antoine Gizenga en 1961). Après l’assassinat de Mulele par Mobutu, Faustin Munene s'exil en Angola et rentre au pays avec l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, dont il était commandant. Après la chute du régime Mobutu, il occupe le poste de vice-ministre de Kabila en charge de l’ordre public et chef d’Etat-major des Forces armées congolaises. Avec Joseph Kabila, Faustin Munene est nommé Chancelier des ordres nationaux, puis démissionne du poste pour se présenter à la députation à Kinshasa. Munene échoue aux législatives et disparaît de l'actualité congolaise jusqu'à sa fuite fin septembre.

Controverse sur son arrestation

Pour l'instant l'arrestation est démentie par Julien Ciakudia, leader de la Resistance Patriotique Mondiale et Président National de  l’Union des Patriotes Résistants pour la Libération totale du Congo (UPR). Dans un communiqué, il précise : 
   1. Le camarade général Munene n’a jamais effectue un déplacement a l’intérieur du territoire national de ce pays frère le Congo Brazza 
   2. Le camarade Faustin Munene confirme encore une fois qu’il est libre de tout mouvement et a l’intérieur de son pays la RDC dans un lieu sur ou il continue son maquis pour mettre fin a ce pouvoir d’occupation tutsi rwandais.
   3. Le camarade général Munene encourage le peuple congolais a ne pas se laisser berner dans les mensonges médiatiques ayant pour objectif de décourager la mobilisation de tout un peuple a accompagner la résistance patriotique a l’intérieur de notre pays.  

Christophe Rigaud

15 janvier 2011

RDC : Joseph Kabila gagne la bataille constitutionnelle

Logo Elections 2011.jpgA moins de 10 mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), l'Assemblée nationale et le Sénat congolais viennent d'adopter ce samedi le projet de révision de la Constitution avec en ligne de mire, la modification du mode de scrutin. Le chef de l'Etat, Joseph Kabila propose en effet que le président de la République soit élu à la majorité simple des suffrages exprimés et non plus à la majorité absolue au second tour. Une modification inacceptable pour l'opposition qui dénonce ce changement brutal des règles du jeux à quelques mois du scrutin. Si Joseph Kabila remporte sa première victoire avant même la tenue des élections, il vient d'ouvrir  les hostilités avec les partis d'opposition… jusqu'où ?

Pour adopter la révision de la constitution, le texte doit obtenir la majorité de trois cinquièmes, selon la Constitution. Sur 608 élus (députés et sénateurs) que comptent le Parlement congolais, 485 ont voté pour la modification des huit articles de la Constitution de 2006, alors que 8 ont voté contre et 11 se sont abstenus. Une centaine de députés de l'opposition ont boycotté cette séance.
A part dans la majorité présidentielle, la suppression du deuxième tour de l’élection présidentielle est vivement décriée par l’opposition, l’église catholique (notamment Laurent Monsengwo) et la société civile.

Christophe Rigaud

14 janvier 2011

RDC : Une autre grille de lecture du conflit au Kivu

Dans un long article publié par le site Affaires Stratégiques, la chercheuse Flora Boubour revient sur les causes de la guerre au Kivu et les raisons de son enlisement, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Au delà des facteurs connus sur le déclenchement du conflit après le génocide rwandais de 1994 et des causes ethniques, économiques ou sécuritaires, Flora Boubour explore des pistes nouvelles, comme les agendas politiques internes des différents pays voisins ainsi que le manque de leadership régional et international.

Image 3.pngDans son analyse, Flora Boubour décrit le conflit au Kivu comme "une lutte des élites pour le contrôle de l'Etat, chaque acteur du conflit cherchant à s’assurer une capacité de nuisance suffisante pour faire pression sur le gouvernement." La chercheuse explique qu'en 2008, le président Joseph Kabila a cherché coûte que coûte une victoire totale sur le CNDP de Laurent Nkunda pour ne pas avoir à partager le pouvoir avec ses opposants. Finalement, la paix signée en 2009 ne sera qu'un compromis politique puisqu'elle prévoit l'intégration des rebelles dans l'armée régulière et la mue du CNDP en parti politique en vue de participer au partage du pouvoir. Pour l'heure, l'intégration des troupes du CNDP est loin d'être totale et les membres du CNDP sont toujours bloqués aux portes du gouvernement.

Dans son analyse, Flora Boubour décrypte également l'agenda politique rwandais. Le turbulent voisin est en effet très impliqué au Kivu, militairement et économiquement. Selon la chercheuse : "l’organisation du contrôle des ressources provenant du Kivu a permis le recouvrement du pays. Politiquement cette guerre a permis de faciliter la reconstruction nationale en évinçant les génocidaires et en créant un ennemi commun." L'opération militaire conjointe, entre la RDC et le Rwanda (Umoja Wetu) a enfin permis la neutralisation de l'encombrant général Nkunda et de "renforcer les assises économiques rwandaises au Kivu mais aussi de donner une meilleure image du pays aux bailleurs, notamment la Suède et Hollande qui ont arrêté leur aide au Rwanda en raison de son implication dans le pillage des ressources."

Enfin, Flora Boubour note une absence totale de leadership régionale et internationale. Le kivu ne semble pas bénéficier d'un "parrain international" comme au Darfour ou au Proche-Orient "qui réunit les belligérants, finance les rencontres et organise des négociations". Les casques bleus de l'ONU censés maintenir la paix semblent bien incapable de "s'imposer militairement ou politiquement" et  la chercheuse, estime que la MONUCO et  "n’apparaît donc pas comme un acteur crédible et suffisant pour créer les conditions de la paix." Pour conclure, Flora Boubour note que "le mandat inadapté de la MONUC et les problèmes de coordination entre acteurs internationaux semblent être devenus des facteurs à part entière de l’enlisement du conflit. Il n’y a pas de centre décisionnel mais une multitude de centres dont les actions en faveur de la paix sont concurrentes et parfois contradictoires."

Une analyse à lire dans son intégralité sur le site Affaires stratégiques.

Christophe Rigaud

Photo : RDC 2006 (c) Ch Rigaud www.afrikarabia.com

12 janvier 2011

RDC : Coup de force constitutionnel de Joseph Kabila

L'Assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC) vient de donner son feu vert à la proposition de loi relative à la révision de certaines dispositions de la Constitution congolaise. Cette révision constitutionnelle permettrait de changer le mode de scrutin de la présidentielle de novembre prochain pour la faire passer de deux à un seul tour. Un scandale pour l'opposition  qui a refusé de prendre part au vote et qui estime que changer les règle du jeu à la dernière minute n'a pour unique objectif que de favoriser le président sortant. En proposant un mode de scrutin à un seul tour, la majorité présidentielle estimait vouloir éviter un scénario "à l'ivoirienne" après le second tour. Au vue du tollé provoqué par le coup de force de Joseph Kabila, la révision de la  constitution risque de précipiter la RD Congo dans ce scénario bien avant l'élection.

Image 3.pngSur les 337 députés ayant participé au vote (à main levée), 334 ont approuvé le principe d'une révision de la Constitution, contre seulement 2 qui se sont abstenus, 1 seul ayant voté non.  L'Assemblée nationale congolaise a donc déclaré recevable la proposition de loi relative à la révision de la Constitution de la RDC, ouvrant ainsi la voie à un changement de mode de scrutin pour l'élection présidentielle, qui passerait de deux à un seul tour.

Signe des temps, le vote a eu lieu en l'absence des députés de l'opposition qui avaient quitté la salle afin de protester contre ce "tripatouillage de dernière minute".
L'opposition, toutes tendances confondues, rejette en bloc le projet de Joseph Kabila, soulignant qu'une élection à un seul tour est "dangereuse" et "rétrograde", ayant pour "unique objectif d'organiser la tricherie à grande échelle, et participe d'une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs d'Etat par un seul individu", en l'occurrence Joseph Kabila. Si la modification du mode scrutin passe, le prochain président de République démocratique du Congo pourrait en effet être élu avec seulement 18 ou 20 % des voix !

Au vue de la levée de bouclier soulevée par ce projet, les futures élections de 2011 s'engagent bien mal en RD Congo. Les tensions sont déjà exacerbées entre opposition et majorité. Et le passage à une élection à un seule tour, pourrait même avoir l'effet inverse de celui promis par Joseph Kabila. Car, à vouloir supprimer le second tour de la présidentielle afin d'éviter les tensions entre les deux candidats du deuxième tour, comme c'est le cas en Côte d'Ivoire, le projet présidentiel pourrait déclencher une fronde anti-Kabila avant même le démarrage de la campagne ! ... avec affrontements, répression, arrestations arbitraires, muselage des médias... comme au Nigéria en 2007 ou en Côte d'Ivoire en 2010.  On peut même se demander aujourd'hui si les élections de novembre 2011 auront bien lieu à date prévue...

Christophe Rigaud

05 janvier 2011

RDC 2011 : Le coup de poker de Kabila

Contrer une possible alliance Tshisekedi-Bemba-Kamerhe… c'est vraisemblablement ce qui motive Joseph Kabila à la modification du mode de scrutin des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC). Pour ne pas avoir à affronter cette hypothétique "union sacrée de l'opposition" au second tour de scrutin, le président sortant propose de réduire à un seul tour la prochaine présidentielle. Un tour de passe-passe électoral qui traduit une certaine fébrilité du candidat sortant, visiblement inquiet pour sa réélection en 2011.

Logo Elections 2011.jpgIl a suffit de la déclaration de deux candidats de l'opposition : l'historique Etienne Tshisekedi et le jeune loup Vital Kamerhe pour lancer la campagne électorale… une campagne déjà sous haute tension. La proposition du gouvernement de RD Congo de passer à un seul tour le prochain scrutin présidentiel de novembre prochain suscite une très vive polémique dans l'opposition. Le MLC de Jean-Pierre Bemba et l’UNC de Vital Kamerhe, rejettent vivement cette modification du mode de scrutin. Pour Kamerhe "changer les règles du jeu à la veille des élections paraît une démarche politique immorale et irresponsable qui frise la tricherie." Mêmes arguments du côté du MLC de Jean-Pierre Bemba (candidat non déclaré et actuellement en prison à La Haye) qui rejette clairement cette proposition en soulignant que "cela risque d'affecter la légimité du président élu".

Silence de Tshisekedi

Par contre,  une autre grande voix de l'opposition est restée étonnamment muette sur la question… celle d'Etienne Tshisekedi. Un silence assourdissant qui peut s'expliquer par la stratégie de rassemblement que prône l'UDPS. Tshisekedi cherche en effet à constituer autour de lui, une candidature unique de l'opposition. Le scrutin à un seul tour de Joseph Kabila donnerait donc raison à l'union que souhaite proposer Etienne Tshisekedi aux autres partis d'opposition et ce, dès le premier tour. Etienne Tshisekedi serait donc le seul candidat, avec Joseph Kabila à ne pas redouter cette modification du mode de scrutin. Le coup de poker de Joseph Kabila sera tranché par le par­le­ment congo­lais en ses­sion ex­tra­or­di­naire dansle courant du mois de janvier 2011.

Christophe Rigaud

03 janvier 2011

RDC Elections : Joseph Kabila tente de passer en force

Dans moins d'un an, la République démocratique du Congo (RDC) doit élire pour la deuxième fois démocratiquement son président de la République. Avec le retour de l'opposant historique, Etienne Tshisekedi, et la déclaration de candidature de l'ancien allié de Joseph Kabila, Vital Kamerhe, les grandes manoeuvres ont débuté sur fond de polémique. Le gouvernement congolais propose en effet de réduire à un seul tour le mode de scrutin présidentiel. "Moins onéreux" pour la majorité, "inacceptable" pour le MLC, un parti d'opposition.

DSC04200 Mzee Kabila toujours là.JPG

Même si l'idée n'est pas nouvelle, tout à commencé à Lubumbashi le 2 janvier dernier, selon RFI. Joseph Kabila, le président sortant de la RD Congo rencontre des parlementaires locaux. Objectif : tester sa nouvelle idée de modification de mode de scrutin. Joseph Kabila souhaiterais en effet un mode de scrutin électoral à un seul tour au lieu de deux. Pour la majorité présidentielle, ce mode serait "profitable à la population, moins onéreux et moins problématique" que le scrutin à deux tours.

Selon le porte-parole su gouvernement, "le scrutin à deux tours tel que nous l'avons expérimenté en 2006 n'est pas conforme aux intérêts du peuple congolais du point de vue économique, politique et sécuritaire" (!!) On peut se demander si le seul mode de scrutin est responsable des problème économiques, politiques et sécuritaires de la RDC ? Une chose est sûre : ce mode scrutin sera moins coûteux pour le contribuable congolais : 350 millions de dollars américains au lieu de 700. Lambert Mende évoque également la situation au Kenya, en Guinée ou en Côte d'Ivoire. Selon le porte-parole des autorités congolaises, cela "éviterait au pays de sombrer dans des guerres identitaires". Là encore, nous ne sommes pas sûr qu'avec un mode de scrutin à un seul tour, ces pays n'auraient pas sombré dans le chaos institutionnel…

Cette modification de dernière minutes n'est pas appréciée par le MLC, un parti d'opposition : "inacceptable, cela risque d'affecter la légitimité du président élu". Quid ensuite des "petits candidats" qui n'auront aucune chance de peser sur le scrutin ? Mais la meilleures analyse vient de l'UNC, le tout nouveau parti de Vital Kamerhe, dont un de ses représentants, Baudouin Mayo, estime sur RFI "que revenir sur un mode de scrutin à deux tours au profit du scrutin majoritaire à un tour ne répond qu’aux besoin de la majorité présidentielle qui voudrait faire un passage en force"… et c'est bien là le problème.

Christophe Rigaud

Photo : (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

01 janvier 2011

RDC : 2011, une année décisive

Elections ou non, l'année 2011 sera cruciale en la République démocratique du Congo (RDC). Si les élections ont bien lieu, le scrutin se révèlera plus ouvert que prévu et plus personne ne sera en mesure d'assurer la réélection "programmée" de Joseph Kabila. Si les élections sont reportées, comme beaucoup le prédisent, la RD Congo entrera alors dans une zone de fortes turbulences et fera de 2011, l'année de tous les dangers. Etat des lieux.

DSC03988.JPGPlusieurs difficultés attendent la RDC en 2011 et les 5 chantiers lancés par le président Kabila en 2006 sont encore loin d'avoir portés tous leurs fruits. Il faut dire que les attentes des congolais sont immenses : inflation, santé, électricité, eau, éducation, état des routes… tout reste à faire dans cet immense pays aussi grand que toute l'Europe occidentale et les marges de manoeuvres du pouvoir sont très étroites. Le budget de la République démocratique du Congo (RDC) reste microscopique : 6,7 milliards de dollars pour plus de 72 millions de Congolais.

Des conditions de vie difficiles

Ces derniers mois, les prix ont flambé dans tous le pays. Cette augmentation des prix va du simple au double en l’espace de trois mois : riz, manioc, grains de maïs, farine de froment et viande congelée, pour ne citer que ceux-là.  Une dernière étude du PNUD, le niveau de développement en République Démocratique du Congo est en recul en 2010 par rapport à celui de 1970, selon le classement annuel du développement humain… on vivrait donc plus mal à Kinshasa en 2010 qu'en 1970 !

Une guerre sans fin à l'Est

Le chaos règne toujours à l'Est du pays. Les groupes rebelles font toujours la loi dans les Kivu et la frontières Nord de la RD Congo continue d'être la proie de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur). Attaques sanglantes, massacres, viols, enlèvements, pillages… les civils sont les premières victimes de l'insécurité permanente qui prévôt à l'Est de la République démocratique du Congo. Milices huttes des FDLR, Maï-Maï, ex-CNDP… et soudards de l'armée régulière (FARDC) ont jeté plus de 1,4 millions de déplacés sur les routes congolaises. Pour l'heure, ni les 17 000 casques bleus de la MONUSCO, ni les FARDC ne parviennent à rétablir un semblant de sécurité dans la région.

Année électorale ?

2011 doit sonner comme l'heure de vérité pour le président Joseph Kabila. A la surprise générale, en plein été 2010, le président sortant annonce la date de la tenue des prochaines élections présidentielles en RD Congo : novembre 2011. Le recensement et l'enrôlement des électeurs ne sont pas terminés, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n'est toujours pas en place et suscite déjà des controverses… mais les élections auront bien lieu !  A moins que… comme de nombreux observateurs le prédisent, Joseph Kabila ne décide de reporter le scrutin. La mise en place chaotique des élections, son manque financement et la nomination contestée du futur président de la CENI pourraient pousser le président Kabila remettre le scrutin aux calendes grecques. Car pour la président sortant, les élections ne s'annonce plus comme une simple promenade de santé.
Plusieurs candidats de poids viennent en effet de sortir du bois et la réélection de Joseph Kabila apparaît de moins en moins assurée. Des alliances semblent même voir le jour entre les principaux partis d'opposition : le MLC de Bemba et Muamba, l'UDPS de Tshisekedi ou l'UNC de Kamerhe… trois poids lourds de la politique congolaise qui pourraient  troubler la tranquille réélection de Joseph Kabila. Elections avec ou sans report… 2011 sera donc une année décisive pour la stabilité de la République démocratique du Congo.

Christophe Rigaud

Photo : (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com