04 décembre 2011
RDC-Elections : Kinshasa se prépare au pire
A 24 heures de l'annonce des résultats provisoires de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la capitale congolaise craint une flambée de violences post-électorales. Face à un président sortant, Joseph Kabila, sûr de sa réélection et l'opposant Etienne Tshisekedi qui crie déjà victoire, les lendemains d'élections sont particulièrement redoutés à Kinshasa. Plus de 3.000 Congolais ont déjà fui vers Brazzaville.L’attente de la publication des résultats du scrutin présidentiel, mardi 6 décembre (ou mercredi), suscite la crainte chez de nombreux Kinois qui se ruent vers Brazzaville, la capitale voisine. Depuis vendredi, "une traversée inhabituelle" a été constatée au "Beach" de Brazzaville, ont déclaré des gardes frontières à l'agence Xinhua. L'Agence France Presse parle déjà de 3.000 personnes, ce dimanche. Il faut dire que les habitants de Kinshasa ont encore en mémoire les violents affrontements qui avaient opposé le camp Kabila, aux milices de Jean-Pierre Bemba, après la présidentielle de 2006 (élection qui avait déjà été contestée).
Le situation sécuritaire devient extrêmement tendue avant l'annonce des résultats, qui pourraient d'ailleurs être reportés mercredi. Le couvre-feu est désormais en vigueur dans le centre du pays, à Mbuji-Mayi (fief de l'opposant Tshisekedi) et la Garde républicaine s'est déployée à Lubumbashi, au Katanga, réputée pro-Kabila. Depuis vendredi soir, les Congolais sont également privés du service de SMS par l'ensemble des opérateurs téléphoniques. Le ministre de l'intérieur a expliqué vouloir "préserver l'ordre public" à l'approche des résultats et évité la circulation de "faux résultats".
Pendant ce temps, loin de rassurer une population déjà sous tension, les évêques de l'église catholique congolaise ont comparé la situation de leur pays à "un train qui va droit dans le mur". Très inquiet de la tournure que prennent les événements, Monseigneur Monsengwo a condamné "les agissements de peur et d'énervement posés par les sympathisants des acteurs politiques et qui frisent la barbarie pendant la période électorale".
Il faut dire que l'annonce de résultats partiels avant la date prévue par la CENI n'a pas arrangé les choses : la Commission électorale a en effet déclaré samedi que le président sortant Joseph Kabila "obtenait 51% des voix" et son principal rival "Etienne Tshisekedi 34%" selon les résultats provisoires portant sur un tiers des bureaux de vote. Faux ! rétorque l'opposition, pour qui, selon ses décomptes, Etienne Tshisekedi serait "loin devant Kabila". On s'achemine donc vers une inexorable contestation des résultats faisant craindre une flambée de violence dans les grandes villes du pays. Le journal français Le Monde titrait déjà il y a 4 jours : "la guerre civile menace en RDC".
Christophe RIGAUD
Photo : Kinshasa (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
22:00 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (15)
03 décembre 2011
RDC-Elections : Les Congolais privés de SMS
En pleine attente des résultats de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le service de SMS a été suspendu chez tous les opérateurs téléphoniques congolais. Le ministre de l'Intérieur explique que la décision de suspendre les SMS a été prise "pour préserver l'ordre public" et ce "jusqu'à nouvel ordre".Les résultats des élections présidentielles parviennent à Kinshasa au compte-gouttes des provinces dans un mélange explosif de tensions et de désordres, survenus notamment pendant les opérations de dépouillement. Sur internet et par SMS, les différents partis politiques font circuler des "estimations informelles" sur leur candidats. Les partisans du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi crient déjà victoire sur la foi des informations remontées par leurs observateurs des différents bureaux de vote du territoire (64.000 au total). Dans le camp présidentiel, les soutiens de Joseph Kabila affirment que leur candidat sera réélu "à plus de 50%". Dans tous les cas de figure, on s'achemine vers une contestation des résultats et la crainte d'une flambée de violence, notamment à Kinshasa, au Kasaï ou au Katanga. L'avant-veille du scrutin, les violents affrontements entre militants politiques et forces de l'ordre avaient fait au moins 10 morts et une centaine de blessés.
Dans un climat de tension extrême, ou les deux camps fourbissent leurs armes avant l'annonce des résultats, la décision de couper le service des SMS sur tous le territoire est diversement vécue par les Congolais. Chez les pro-Kabila, on estime que cette mesure évitera la propagation de rumeurs "susceptible d'accroître tension et le chaos dans le pays", selon le ministre de l'intérieur, interrogé sur Radio Okapi. Pour l'opposition, il s'agit ni plus ni moins de "censure inacceptable". Le Réseau national des ONG des droits de l’homme (Renadhoc) a dénoncé "une aliénation d’un droit garanti par la constitution et les textes internationaux ratifiés par la RDC". Les Congolais sont donc privés de SMS depuis ce samedi et ce "jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités congolaises.
Christophe RIGAUD
22:48 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4)
RDC-Elections : La CENI distille des résultats triés sur le volet
Le climat est toujours extrêmement tendu en République démocratique du Congo (RDC). La Commission électorale (CENI) a décidé de couper court aux rumeurs en diffusant des résultats partiels de la présidentielle avant la date prévue, le 6 décembre. L'opposition dénonce une "manoeuvre" pour "préparer" la population à la réélection du président Joseph Kabila.4 jours avant la date officielle et dans une mise en scène savamment orchestrée, la Commission électorale (CENI) a décidé de publier des résultats partiels de l'élection présidentielle en RDC. Devant les pressions, les craintes de nouvelles violences et les rumeurs de résultats "informels" sur internet et par SMS, la CENI livre ses premiers chiffres, sur seulement 15% des 64.000 bureaux de vote.
Ces premiers résultats, très partiels, mettent le président sortant Joseph Kabila en tête avec 52%, devant son concurrent, Etienne Tshisekedi avec 34% des voix. L'opposition, et principalement l'UDPS, rejette fortement ces chiffres. La CENI a retenu des provinces, comme le Katanga, qui sont traditionnellement acquises à Joseph Kabila. D'autres provinces, comme Kinshasa, plutôt réputées proche de l'opposant Etienne Tshisekedi, ne représentent que 0,02% des bureaux retenus par la CENI… un déséquilibre "intentionnel" selon l'UDPS. "C'est de l'irresponsabilité, de la provocation. On ne peut que critiquer ces chiffres", d'après Jacquemain Shabani, secrétaire général du parti de Tshisekedi. "Pourquoi seulement 0,02% des bureaux de vote à Kinshasa, alors qu'on sait, et nous avons des témoins, que dans 90% des centres de vote le résultat est connu ?" tempête-t-il. Pour l'UNC de Vital Kamerhe, lui aussi dans l'opposition, la divulgation des ces résultats constitue un "ballon d'essai pour l'opinion", pour la préparer la réélection de Joseph Kabila.
Du côté du PPRD, le parti du président sortant, la publication de résultats partiels doit permettre de couper court à toutes les rumeurs et les chiffres fantaisistes qui circulent sur internet et par SMS. Pour Comi Toulabor, analyste politique, interrogé par Radio Okapi, ces résultats partiels doivent "dédramatiser le résultat final. Que chaque candidat sache comment il est situé et, progressivement, comment il naît électoralement".
Quel enseignement tirer de ces chiffres très partiels, voire très "partiaux" ? La seule information qui s'en dégage est la certitude d'un duel qui se jouera entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Mais ces résultats, consciencieusement choisis par la CENI, dont le président est un proche de Joseph Kabila, n'ont visiblement d'autre but que de rassurer les partisans du président sortant. En effet, depuis 4 jours, de nombreuses informations "informelles" circulent sur la "bonne tenue" du vote en faveur d'Etienne Tshisekedi. Certaines voix dans la presse internationale se sont même laissées aller croire la victoire du "vieux Sphinx" de l'UDPS, crédible… et même possible. Sur le site de RFI, "un haut responsable de la majorité présidentielle" concédait même être "surpris par la percée de l’opposant historique".
A 72 heures de l'annonce officielle des résultats, la CENI prépare donc les Congolalis à toutes les hypothèses… même à la réélection de Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD
19:25 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (6)
02 décembre 2011
Violences en RDC : La Garde présidentielle en accusation
Selon l'ONG américaine, Human Rights Watch (HWR), au moins 18 civils ont été tués et une centaine gravement blessés dans les deux jours qui ont précédé les élections en République démocratique du Congo (RDC). Au banc des accusés : la Garde présidentielle de Joseph Kabila.Les 26, 27 et 28 novembre 2011, jours des élections présidentielle et législatives en RDC, Kinshasa a vécu une véritable flambée de violence, en marge de la campagne électorale. Selon HRW, au moins 18 civils ont été tués et une centaine gravement blessés, principalement par les forces de sécurité. Pour l'ONG américaine, "la plupart des victimes, dont 14 dans la seule capitale Kinshasa, ont été tuées "par des soldats de la garde républicaine", l'ex-garde présidentielle.
HRW raconte "qu'un convoi de la garde présidentielle a fait feu sur des civils, tuant 12 manifestants et en blessant plusieurs dizaines dont une femme enceinte. Les soldats auraient riposté après avoir essuyé des jets de pierres de la part de partisans de l'opposition".
Pour Anneke Van Woudenberg, d'Human Rights Watch Afrique, "les élections ne peuvent être une excuse pour que les soldats tirent au hasard sur la foule. Les autorités devraient suspendre immédiatement les responsables de ce bain de sang inutile et les tenir pour responsables".
D'après les autorités congolaises, il ne s'agirait pas de membres de la garde présidentielle: "il pourrait s'agir de personnes déguisées ou portant des uniformes de la garde présidentielle mais aucun élément de la garde présidentielle ne se trouvait dans les rues", a déclaré le ministre de la Sécurité, Adolphe Lumanu.
HRW en profite pour joindre sa voix à celle de l'Onu et lancer "un appel au calme, en particulier à Kinshasa qui est globalement favorable à l'opposition". Pour Anneke Van Woudenberg "à mesure qu'approche la proclamation des résultats de l'élection, il est essentiel que tous les chefs de file, vainqueurs ou vaincus, se comportent d'une manière responsable et pacifique".
Les élections présidentielle et législatives ont été marquées par des problèmes d'organisation, des fraudes présumées et des affrontements entre membres des différentes partis politiques et les forces de sécurité. Les résultats sont attendus le 6 décembre.
Christophe RIGAUD
18:22 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (17)
01 décembre 2011
RDC-Elections : Guerre des nerfs dans l'attente des résultats
Le dépouillement et la compilation des résultats des élections présidentielle et législatives sont en cours en République démocratique du Congo (RDC). L'UDPS de l'opposant Etienne Tshisekedi affirme avoir "une avance confortable" sur Joseph Kabila, alors que la Majorité présidentielle accuse l'opposition de vouloir créer "un climat d'insurrection". Avant la publication des résultats officiels le 6 décembre par la Commission électorale congolaise (CENI), les partis politiques des deux candidats favoris se livrent à une bataille de communiqués sur fond de rumeurs sur les résultats des premiers dépouillements. car si une chose est sûre : la victoire se jouera entre le président sortant Joseph Kabila et l'opposant "historique" Etienne Tshisekedi.
A l'UDPS, le parti d'opposition d'Etienne Tshisekedi, Jacquemain Shabani, est à la manoeuvre. Le secrétaire général du parti confirme à qui veut l'entendre, "l'avance" de l'UDPS dans ces élections. Des résultats provenant de différents procès-verbaux des bureaux de vote confirment, selon le parti d'Etienne Tshisekedi, un "écart confortable, incontestable et irrattrapable en dépit de la fraude constatée". Sûre de sa victoire, l'UDPS en profite pour accentuer sa pression sur le camp présidentiel en déclarant désormais "se concentrer sur la passation de pouvoir"… avant de "mettre en garde le pouvoir sortant contre toutes les manoeuvres et tentatives en cours visant à frustrer l'expression populaire".
Au PPRD, le parti présidentiel, on affirme être confiant : "nous sommes certains que le candidat Joseph Kabila va l’emporter avec un score significatif". Mais devant les déclarations victorieuses de l'UDPS, les pro-Kabila crient à "l'intoxication" et à la "manipulation de la population afin de créer un climat d'insurrection". Les partisans du président sortant rappellent que "seule la CENI est habilitée à publier les résultats électoraux".
A quelques jours de l'annonce des résultats, tant attendus, mais aussi tant redoutés par les Congolais, l'avenir n'a jamais semblé aussi incertain en RDC. Les nombreux observateurs et les ONG, présents sur place, craignent l'embrasement et les violences post-électorales. Car chacun des deux deux camps, sûrs de gagnés, se préparent surtout "à ne pas perdre" et donc à contester le scrutin.
Christophe RIGAUD
22:35 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (15)
30 novembre 2011
RDC : Tshisekedi peut-il créer la surprise ?
En République démocratique du Congo (RDC), les résultats provisoires de l'élection présidentielle seront connus le 6 décembre prochain. Mais déjà, les chiffres partiels affichés dans les bureaux de vote commencent à donner certaines tendances… et elles sont plutôt bonnes pour l'opposant congolais Etienne Tshisekedi.Tshiesekedi peut-il gagner son pari et faire perdre le président sortant Joseph Kabila ? Au vue des premiers dépouillements, une tendance semble se dégager et c'est la télévision belge flamande VRT (un peu moins prudente que ses consoeurs occidentales) qui lâche l'information : l'opposition d'Etienne Tshisekedi "se porte très bien" et "semble avoir une chance de vaincre le président Joseph Kabila". La chaîne belge note la bonne tenue du vote pro-Tshisekedi dans la capitale, Kinshasa et dans certaines provinces. Si le journaliste belge prévient que le nombre de bulletins dépouillés est trop faible pour en tirer des enseignements sur l'ensemble du territoire, la tendance est là. Et notamment en Equateur. Car si un bon résultat d'Etienne Tshisekedi à Kinshasa n'est pas une surprise, les bons scores de l'Equateur montre un solide report des voix du MLC de Jean-Pierre Bemba vers le candidat de l'UDPS… "un bon présage pour les autres provinces" selon un proche de l'UDPS (Bemba avaient réalisé 42% des suffrages en 2006).
Autre signe d'un "effet Tshisekedi" : la certaine fébrilité dans le camp présidentiel, pourtant "sûr de l'emporter". Officiellement, on se dit "serein", mais sur le site de RFI, "un haut responsable de la majorité présidentielle concède toutefois qu’il est surpris par la percée de l’opposant historique".
Dernier signe qu'il se passe "quelque chose" autour du vote Tshisekedi : la déception du clan Kamerhe, Kengo et leur demande d'annulation du scrutin. Alors qu'au contraire, l'UDPS dit "accepter le résultat des urnes" et ne contestera pas le scrutin (aussi imparfait soit-il) qui pourrait (peut-être) lui donner la victoire.
Dans le camp Tshisekedi, on se dit sûr de gagner et on affirme que le "sphinx de Limete" est "largement en tête, avec un grand écart dans la majorité des provinces et que c'était très serré ailleurs". Sur internet, les différents sites militants du parti affichent même des "estimations de vote" donnant leur candidat gagnant. Mais rien ne garantit la fiabilité de ces chiffres dont certains frisent le ridicule.
Si mathématiquement Joseph Kabila partait favori, avec un scrutin à un seul tour "taillé" pour sa réélection et la présence d'une opposition divisée… le candidat Tshisekedi semble avoir au moins relevé deux défis de taille : faire douter la Majorité présidentielle et cristalliser une majorité des voix d'opposition, malgré la présence de 9 autres candidats.
Les premiers résultats provisoires officiels sont attendus le 6 décembre.
Christophe RIGAUD
23:00 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (33)
RDC : Le scrutin sera validé par la CENI
Les élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) ont été marquées par une grande confusion, des actes de violence et des accusations de fraude. Mais la Commission électorale (CENI) estime pourtant que 99% des bureaux de vote ont "bien fonctionné" et "qu'il n'y a aucune raison pour annuler le scrutin". 4 candidats à la présidentielle contestent le vote, à l'exception de Joseph Kabila et d'Etienne Tshisekedi.Les élections générales ont du être prolongées d'une journée en RD Congo pour permettre aux électeurs de voter, car la logistique n'avait pas suivi. Dans certains bureaux de vote le matériel électoral n'était pas arrivé le jour de l'élection. Mais ces nombreux dysfonctionnements et les violences qui ont émaillé le vote (10 morts) ne sont visiblement pas suffisants pour annuler le scrutin. Selon le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, sur les 63.865 bureaux de vote, seuls 485 bureaux ont connu de problèmes. Pour ce proche du président sortant, Joseph Kabila, "99% des bureaux de vote ont fonctionné" et "il n'y a pas de raison pour que les élections soient annulées".
Une décision qui devrait satisfaire le président Joseph Kabila (candidat à sa réélection) et son challenger, Etienne Tshisekedi, tous les deux en mesure de s'imposer. 4 autres candidats contestent cependant le scrutin et demandent son annulation.
Les élections joueront les prolongations dans une cinquantaine de bureaux de vote. Le scrutin sera officiellement clos ce mercredi 30 novembre. Les premiers résultats provisoires devraient être communiqués le 6 décembre 2011.
Christophe RIGAUD
08:52 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
29 novembre 2011
RDC : Kabila et Tshisekedi persuadés d'avoir gagné
Les deux favoris à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le président sortant Joseph Kabila et l'opposant Etienne Tshisekedi se sont déclarés "satisfaits" et "confiants" sur le déroulement du scrutin d'hier. Pourtant, de nombreuses violences, des irrégularités et des fraudes ont fortement entaché la crédibilité de ces élections. Une situation qui contente toutefois les deux principaux candidats, persuadés d'avoir gagné les élections. Trois autres candidats (Kengo, Mbusa et Bombole) demandent l'invalidation du vote.Au lendemain des élections chaotiques de lundi, marquées par de nombreux incidents, les opérations de dépouillement se sont poursuivies mardi en République démocratique du Congo (RDC). Difficile de lister tous les problèmes logistiques survenus le jour du vote, mais le simple fait que certains bureaux de vote soient restés ouverts ce mardi, 1 jour après la clôture du scrutin, démontre l'étendu des dysfonctionnements. Voici sommairement les différents problèmes rencontrés le jour du vote par la mission d'observation conjointe AETA (Agir pour les Elections Transparentes et apaisées) EurAc (Réseau Européen pour l'Afrique Centrale) :
- Le dysfonctionnement du système avec l'ouverture tardive de quelques bureaux de vote dont certains ne l'ont été qu'entre 11h et 13h ;
- L'absence totale ou partielle du matériel électorale dans nombre de bureaux de vote particulièrement les bulletins de vote et des isoloirs ;
- La non prise en compte de nombreux électeurs omis de la liste électorale mais ayant leurs cartes d'électeurs et, ce, malgré la décision de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, de faire voter cette catégorie d'électeur sur la liste des dérogés, ce qui provoque la désorientation, le découragement et la nervosité des nombreux électeurs ;
- La création précipité d'extensions des bureaux dont certains non connus par les électeurs et/ou nécessitant des déplacements parfois longs ;
- La non sécurisation du matériel électoral, faisant que des bulletins de vote, cochés ou non, se trouvent, en dehors des bureaux de vote, entre les mains des tiers ;
- Les cas constatés de disfonctionnement ont créé des tensions qui ont mis certains observateurs nationaux et internationaux en insécurité...
Sans surprise, dans le camp présidentiel, on minimise les incidents. On parle de "couacs", de "fausses notes", de "défaillances", mais pas de quoi remettre en cause le scrutin pour la Majorité présidentielle de Joseph Kabila. Il faut dire que le président sortant partait arithmétiquement favori dans ce scrutin à un seul tour, avec 10 autres candidats d'opposition face à sa candidature. Il aurait également été difficile pour lui de contester une élection qu'il avait lui-même organisé.
Mais la "non-contestation" du scrutin par Etienne Tshisekedi est plus étonnante. L'UDPS avait en effet fait campagne sur les risques de fraudes massives pendant le vote et sur les nombreuses irrégularités dans l'enregistrement des électeurs. Le désordre et le chaos de lundi pouvaient leur donner d'excellentes raisons pour rejeter en bloc le vote. Mais visiblement, le patron de l'UDPS semble se satisfaire de ces "incidents" et a promis de "respecter les résultats des urnes". La raison est très simple : si le 5 décembre, la CENI le déclare vainqueur du scrutin, il vaut mieux ne pas avoir contesté ce même scrutin quelques jours auparavant... Une déclaration qui nous fait penser qu'Etienne Tshisekedi paraît très sûr de lui sur l'issue du vote. Un proche de Tshisekedi a confié à RFI : « même s’il y a eu énormément d’irrégularités, nous n’allons pas demander l’annulation du vote parce que nous savons que les résultats nous sont favorables ».
Autre son de cloche pour Vital Kamerhe, Léon Kengo, Antipas Mbusa et Adam Bombole. Ces candidats estiment "qu'en 2006, le scrutin était beaucoup plus crédible". Ils demandent donc "l'invalidation" des deux votes, présidentiel et législatif et dénoncent des "manquements et des irrégularités" : l'existence de bureaux de vote "fictifs" ou la découverte de bulletins de vote "parallèles, pré-remplis ou vierges au profit" du candidat Joseph Kabila... A la différence d'Etienne Tshisekedi, ces candidats avaient peu de chance d'arriver en tête du scrutin... ce qui sera peut-être le cas du candidat de l'UDPS. Mais attention, le dépouillement n'est pas terminé et aucune indication claire n'a encore filtré des bureaux de vote.
Christophe RIGAUD
20:31 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (17)
28 novembre 2011
RDC : Récit d'une folle journée électorale
Désordres et violences ont été au menu de ce lundi électoral en République démocratique du Congo (RDC). 32 millions de Congolais étaient attendus aux urnes pour élire leur président de la République et leurs députés. Comme prévu, l'organisation logistique du scrutin a été chaotique et de nombreux incidents ont perturbé le vote, dans un climat de tension extrême. Première indication : la participation semble plus faible qu"en 2006 et un premier bilan sécuritaire fait état d'au moins 10 morts. Récit de cette folle journée d'élections aux quatre coins du Congo.Sur l'ensemble du territoire, de très nombreux bureaux de vote ont ouvert avec retard... ou pas du tout. C'est notamment le cas à Lubumbashi où des tirs d'armes automatiques ont été entendus ce midi, provoquant des mouvement de panique dans le quartier Njanja. Un des véhicules de la CENI (Commission électorale) a été brûlé au Bel Air. La population y aurait trouvé des bulletins de vote déjà cochés en faveur du candidat n°3 (le président sortant Joseph Kabila). Toujours dans la capitale du Katanga, le centre de vote de l'école Twendeleye n'était toujours pas ouvert à 12h15.
A Kananga, le fief du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi : "des bureaux de vote ont été incendiés, des bulletins volés, d'autres déjà mis dans des urnes avant l'ouverture du scrutin", selon l'ONU. Une quinzaine de bureaux de vote ont été incendiés.
Dans la capitale, Kinshasa, les observateurs ont constaté que tous les bureaux ont ouvert en retard à l’exception de ceux du quartier central de la Gombe où Joseph Kabila a voté ce matin. A Bandal, dans la capitale, une personne aurait été amené à la Police congolaise avec 300 bulletins de vote déjà cochés. Cette personne aurait été transféré au commissariat de l'avenue Inga-Kasavubu.
A Kinshasa toujours, dans le quartier de Masina : une trentaine de bureaux de vote ne disposeraient que des bulletins pour les législatives. Les électeurs ne peuvent donc pas voter pour la présidentielle dans ce quartier. La colère montait donc dans ce quartier populaire de Kinshasa, où les électeurs étaient toujours en train de faire la queue devant les bureaux de vote... fermés.
A Mbuji-Mayi, au Kasaï, les bulletins des candidats à la présidentielle n’étaient pas disponibles jusqu’à 11 heures. Des électeurs ont détruit l’église Tshisandale Dorpi, affirmant y avoir découvert des bulletins cochés en faveur d’un candidat .
Dans certains bureaux, des bulletins de vote de la présidentielle ne portaient pas le candidat N°11 (Etienne Tshisekedi) en bas de page : des « problèmes de découpe » pour la Commission électorale (CENI). Toujours au Kasaï, la chaîne de télévision RLTV disposerait de plus de 600 bulletins de vote "pré-cochés" en faveur du candidat Joseph Kabila.
Dans l'Est de la RDC, toujours en proie à une dizaine de groupes rebelles, la frontière de Ruzuzu 1 avec le Rwanda, près de Bukavu, serait "grande ouverte" selon des témoins. A Goma, toujours à l'Est, des observateurs internationaux ont rapporté plusieurs cas de bourrages d'urnes, selon Cindy McCain, l'épouse du sénateur américain John McCain, membre d'une équipe d'observateurs indépendants. A Goma et Beni, au Nord Kivu, les témoins des partis politiques étaient absents de nombreux bureaux de vote. "Plusieurs électeurs n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes électorales à Lubero et des bulletins de vote pour les législatives n’étaient pas disponibles dans certains bureaux de Kitchanga", selon Radio Okapi. A Beni, dans le Nord Kivu, 429 détenus se sont évadés de la prison de la ville, (dont 126 prisonniers militaires) créant la panique dans la population. Les gardiens de la prison ont tous été tués.
Dans la province du Bandudu, les villes de Tembo et Banzi n’avaient pas reçu le matériel électoral ce matin. "Un avion de l’armée congolaise a décollé de Kinshasa, mais à court de kérosène, il a dû se poser sur le terrain de Kikwit où il s’est retrouvé bloqué faute de carburant disponibl, révèle la radio de l'ONU, Okapi.
En fin de journée, le dirigeant de l'opposition, Etienne Tshisekedi, a voté "in extremis" après avoir été empêché d'approcher du lieu du vote par la police. Il s'est ensuite rabattu sur un autre bureau, celui de l'institut Lubumba, où il a pu voter.
D'après les premières observations sur place, la participation semblait bien plus faible qu'en 2006, lors des dernières élections. Un premier bilan faisait état de 10 morts.
Les résultats du scrutin sont attendus le 6 décembre 2011.
Christophe RIGAUD
18:18 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (14)
RDC : Vital Kamerhe conteste déjà le scrutin
Dans un communiqué publié le jour même du vote, le candidat de l'UNC, Vital Kamerhe, dénonce déjà une "vaste opération de fraude massive susceptible de dénaturer la vérité des urnes mais aussi de susciter une contestation dont l'escalade peut conduire à une insurrection aux conséquences incalculables".Dans son communiqué, Vital Kamerhe dénonce notamment "le bourrage d'urnes avec des bulletins du candidat n°3" (Joseph kabila), "la délivrance de cartes d'électeurs à des mineurs, la non prise en compte de certains électeurs sur les listes électorales"... Mais aussi, "le déplacement de certains bureaux de vote, le dédoublement d'autres et la localisation imprécise de nombreux lieux de vote".
Vital Kamerhe condamne l'interdiction des meetings politiques le dernier jour de la campagne (le samedi 26 novembre). Le leader de l'UNC dénonce la "séquestration" du candidat de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, afin de l'empêcher de tenir meeting au stade des Martyrs et conteste "l'usage des armes par les forces spéciales et la garde présidentielle" à l'encontre des militants de l'UDPS et de l'UNC. Hier encore, Vital Kamerhe demandait le report de 2 à 3 jours du scrutin pour "que les esprits s'apaisent et permettent de sauver le processus électoral"... mais en vain. Le vote s'est déroulé de manière chaotique ce lundi. Un bilan provisoire fait état de 5 morts lors de divers affrontements dans tout le pays ce lundi.
Christophe RIGAUD
18:14 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
RDC : Suivez la journée électorale en direct
Jour-J pour les 32 millions de Congolais appelés aux urnes ce lundi. Mais une journée de vote chaotique selon les informations qui nous parviennent de République démocratique du Congo (RDC), qui vote aujourd'hui pour la présidentielle et les législatives dans un scrutin à un seul tour. De nombreux incidents perturbent ces élections qui se déroule dans un climat très tendu. En voici la liste :
- A Kananga, le fief du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi : "des bureaux de vote ont été incendiés, des bulletins volés, d'autres déjà mis dans des urnes avant l'ouverture du scrutin", selon l'ONU. Une quinzaine de bureaux de vote ont été incendiés.
- Sur l'ensemble du territoire, de très nombreux bureaux de vote ont ouvert avec retard... ou pas du tout. C'est notamment le cas à Lubumbashi où des tirs d'armes automatiques ont été entendus ce midi, provoquant des mouvement de panique dans le quartier Njanja. Un des véhicules de la CENI (Commission électorale) a été brûlé au Bel Air. La population y aurait trouvé des bulletins de vote déjà cochés en faveur du candidat n°3 (le président sortant Joseph Kabila).
- Toujours à Lubumbashi : le centre de vote de l'école Twendeleye n'est toujours pas ouvert à 12h15.
- Dans la capitale, les observateurs ont constaté que tous les bureaux ont ouvert en retard à l’exception de ceux du quartier central de la Gombe où Joseph Kabila a voté ce matin.
- A Kinshasa encore : à Bandal, une personne aurait été amené à la Police congolaise avec 300 bulletins de vote déjà cochés. Cette personne aurait été transféré au commissariat de l'avenue Inga-Kasavubu.
- A Kinshasa toujours, dans le quartier de Masina : une trentaine de bureaux de vote ne disposeraient que des bulletins pour les législatives. Les électeurs ne peuvent donc pas voter pour la présidentielle dans ce quartier. La colère montait donc dans ce quartier populaire de Kinshasa, où les électeurs étaient toujours en train de faire la queue devant les bureaux de vote... fermés.
- A Mbuji-Mayi, au Kasaï, la chaîne de télévision RLTV disposerait de plus de 600 bulltins de vote "pré-cochés" en faveur du candidat Joseph Kabila.
- A Mbuji-Mayi encore, les bulletins des candidats à la présidentielle n’étaient pas disponibles jusqu’à 11 heures. Les électeurs ont détruit l’église Tshisandale Dorpi, affirmant y avoir découvert des bulletins cochés en faveur d’un candidat .
Dans certains bureaux, des bulletins de vote de la présidentielle ne portaient pas le candidat N°11 (Etienne Tshisekedi) en bas de page : des « problèmes de découpe » pour la Commission électorale (CENI).
- A Bukavu : la frontière de Ruzuzu 1 avec le Rwanda serait "grande ouverte" selon des témoins.
- A Goma, dans l'Est de la RD Congo (une zone où règne encore une dizaine de groupes rebelles), des observateurs internationaux ont rapporté plusieurs cas de bourrages d'urnes, selon Cindy McCain, l'épouse du sénateur américain John McCain, membre d'une équipe d'observateurs indépendants.
- Dans l'Est, à Goma et Beni, au Nord Kivu, les témoins des partis politiques sont absents de nombreux bureaux de vote. "Plusieurs électeurs n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes électorales à Lubero et des bulletins de vote pour les législatives n’étaient pas disponibles dans certains bureaux de Kitchanga", selon Radio Okapi.
- A Beni, dans le Nord Kivu, 429 détenus se sont évadés de la prison de la ville, (dont 126 prisonniers militaires) créant la panique dans la population. Les policiers commis à leur garde ont été tués.
- Dans la province du Bandudu, les villes de Tembo et Banzi n’avaient pas reçu le matériel électoral ce matin. "Un avion de l’armée congolaise a décollé de Kinshasa, mais à court de kérosène, il a dû se poser sur le terrain de Kikwit où il s’est retrouvé bloqué faute de carburant disponibl, révèle la radio de l'ONU, Okapi.
- D'après les premières informations, la participation semblait bien plus faible qu'en 2006, lors des dernières élections.
- Un premier bilan à 15h00 faisait état de 5 morts.
Informations publiées à 17h00.
Christophe RIGAUD
17:12 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)