27 novembre 2011
RDC-Elections : La CENI prévoit "des petits problèmes" lundi
Jusqu'au dernier jour, la tenue des élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) a été suspendue à de nombreuses difficultés matérielles. La Commission électorale (CENI) a confirmé l'ouverture des bureaux de vote ce lundi et tenté de rassurer… sans convaincre. Son président, Daniel Ngoy Mulunda, a indiqué qu'il pourrait y avoir des "petits problèmes", estimant "qu'il n'y a jamais eu d'élections 100% correctes".Les élections générales auront bien lieu ce lundi en République démocratique du Congo (RDC). Le président de la Commission électorale (CENI) l'a une nouvelle fois confirmé, malgré les difficultés matérielles. Depuis plusieurs mois, les retards s'accumulent dans l'organisation des élections présidentielles et législatives en RD Congo. Ces derniers jours, la CENI a dû affréter d'urgence une soixantaine d'hélicoptères et une vingtaine d'avions pour acheminer le matériel électoral dans les 63.000 bureaux de vote du pays. Le défi logistique à relever était de taille : la RDC est 4 fois plus vaste que la France et certaines régions ne sont accessibles qu'à pied ou en pirogue.
La CENI affirme pourtant être prête à "99%". Les bulletins de vote, les urnes et les isoloirs ont déjà été déployés dans 157 des 169 circonscriptions, annonce la CENI. Son président, Daniel Ngoy Mulunda, que l'opposition estime trop proche du président sortant Joseph Kabila, a tenté de rassurer les observateurs internationaux et les journalistes… sans toutefois convaincre. Ngoy Mulunda a en effet déclaré qu'il pourrait y avoir "des petits problèmes" le jour du vote, estimant "qu'il n'y a jamais eu d'élections 100% correctes".
Pour l'opposition, de nombreux "points noirs" n'ont toujours pas été éclaircis avant le scrutin. Les listes d’électeurs, selon la loi, devaient être affichées devant tous les bureaux de vote un mois avant le scrutin. Ce qui est loin d’être la cas. Autre problème : beaucoup d’électeurs ne savent pas où voter. L'opposition dénonce également des "bureaux de vote fantômes" et "des achats de cartes d’électeurs". Un journal kinois parlait même, il y a deux jours, de bulletins de vote "cochés à l’avance". Difficile de vérifier ces accusations. Mais même sans parler de fraude, les observateurs s’attendent à "de gros cafouillages".
Christophe RIGAUD
19:41 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
RDC : La Mission d'observation de l'UE dénonce "de graves entraves au droit de mener campagne"
Dans un communiqué, la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE- UE) "regrette que les derniers jours de la campagne électorale aient été marqués par plusieurs incidents graves et par des affrontements violents qui ont malheureusement coûté des pertes en vies humaines, notamment à Kinshasa". L'UE dénonce "de graves graves entraves au droit de mener campagne et au principe d’égalité qui devrait prévaloir".Suite aux nombreuses violences du dernier jour de campagne électorale en République démocratique du Congo (RDC) ce samedi, la Mission de l'Union européenne "déplore une gestion désordonnée et improvisée des derniers rassemblements de campagne de plusieurs candidats présidentiels par les autorités de la capitale qui ont abouti à restreindre l’expression des opinions et des libertés de réunion et de manifestation. Elle considère l’opération policière menée hier soir à l’aéroport de Ndjili contre le convoi d’un candidat présidentiel et les interpellations qui ont été perpétrées comme de graves entraves au droit de mener campagne et au principe d’égalité qui devrait prévaloir".
La MOE-UE fait allusion aux incidents de samedi soir, à l'aéroport de Ndjili, où l'opposant Etienne Tshisekedi (UDPS) a été bloqué et empêché de tenir son dernier meeting de campagne à Kinshasa. Dans la matinée, des affrontements avaient poussé le gouverneur de Kinshasa à interdire tous les meetings politiques dans la capitale, y compris celui du président Kabila. L'UDPS y a vu une ultime "manoeuvre" du pouvoir d'interdire le meeting de Tshisekedi à Kinshasa, largement acquise à l'opposition. Pour un grand nombre d'observateurs, ces violences de samedi survenues à 48 heures des élections sont les signes des tensions qui pourraient subvenir après la proclamation des résultats.
La Mission d’observation électorale de l’Union européenne insiste enfin "auprès de tous les acteurs du processus électoral pour que les violences cessent afin que les électeurs et les électrices puissent exercer leur droit de vote en toute sécurité le jour du scrutin". Le vote est toujours fixé au lundi 28 novembre par la Commission électorale congolaise (CENI).
La Mission de l'UE pour les élections 2011 en RDC se compose de 145 observateurs. Un premier rapport préliminaire sera présenté 2 jours après le scrutin et le rapport final dans les quatre mois.
Christophe RIGAUD
17:46 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
RDC : Un camp militaire attaqué à la veille des élections
Le camp militaire "Major Vangu" et un dépôt de munition ont été attaqués cette nuit à Lubumbashi. 1 militaire a été tué selon Radio Okapi. Une attaque qui intervient à la veille de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC).La radio des Nations-Unies en RDC indique qu'un groupe d'hommes non identifiés a attaqué ce camp de Lubumbashi, tuant l'une des sentinelles et incendiant un dépôt militaire "stratégique". Pour l'instant nous ne savons pas si des armes ou des munitions ont été emportées par le commando. Toujours selon Radio Okapi, ce groupe armé pourrait appartenir au CORAK (Coordination pour le referendum d'autodétermination du Katanga) qui revendique l'indépendance de cette région minière du Sud-Est de la RD Congo.
Christophe RIGAUD
Photo : Lubumbashi en 2005 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
13:20 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
RDC-Elections : L'Union africaine appelle à la retenue
Le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, se dit préoccupé "par la tension croissante qui prévaut en République démocratique du Congo (RDC)", à la veille de la tenue d’élections cruciales, le 28 novembre 2011. Il déplore "les violences intervenues à Kinshasa le 26 novembre 2011 et qui ont entrainé des pertes en vies humaines, ainsi que les différents autres incidents qui ont émaillé la campagne électorale". L'UE appelle les différents acteurs "à la retenue".Dans un communiqué de l'Union africaine, "Jean Ping rappelle que les élections du 28 novembre 2011, les deuxièmes après la longue et meurtrière crise qu’a connue la RDC, doivent permettre de consolider la paix, de renforcer la réconciliation nationale, d’approfondir le processus démocratique et de jeter les bases d’un développement économique et social durable au bénéfice de tout le peuple congolais. Le Président de la Commission réitère le message de retenue et de responsabilité qu’il a porté aux acteurs politiques congolais lors de la visite de travail qu’il a effectuée en RDC, du 6 au 8 novembre 2011, dans le prolongement de la mission pré‐électorale du Groupe des Sages de l’UA, au début du mois d’octobre, ainsi que le communiqué de la 298ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, tenue le 17 novembre 2011. Il souligne, dans ce contexte, la nécessité pour toutes les parties prenantes au processus électoral de faire preuve de la plus grande retenue, d’oeuvrer à la création du climat indispensable pour la tenue d’élections apaisées et, en cas de contestations des résultats, de recourir aux procédures et mécanismes prévus à cet effet".
13:02 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
26 novembre 2011
RDC-Elections : Tshisekedi prêt à un report si Ngoy Mulunda démissionne
Fin de campagne rocambolesque en République démocratique du Congo (RDC). L'opposant congolais Etienne Tshisekedi a été empêché de tenir son dernier meeting à Kinshasa après avoir a été bloqué par la police à l'aéroport. A la suite des violences de matinée (1 mort et plusieurs blessés), les meetings ont été interdits par le gouverneur de la capitale. Une agence de presse internationale affirme qu'Etienne Tshisekedi pourrait accepter un report du scrutin si le président de la Commission électorale (CENI), Daniel Ngoy Mulunda était limogé.
Christophe RIGAUD
22:58 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
RDC-Elections : Tshisekedi bloqué à l'aéroport par police
Tension extrême à Kinshasa, ce samedi, pour le retour d'Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila dans la capitale congolaise. Le leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi a été bloqué par la police sur la route de l'aéroport, les meetings politiques ayant tous été interdits par le gouverneur de Kinshasa. Tshisekedi est accompagné par Martin Fayulu, Diomi Ndongala et Christian Badibangi. Des milliers de partisans essaient actuellement de les rejoindre (18h00).Les incidents se sont multipliés ce samedi à Kinshasa, à 48 heures du scrutin présidentielle de lundi. Les deux principaux candidats à la présidentielle du 28 novembre étaient de retour à Kinshasa. Joseph Kabila a atterri le premier, dans la matinée à Ndjili, à quelques kilomètres du centre de Kinshasa. Son convoi a été pris à parti par des militants de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi. La police a ensuite dispersé violemment ces mêmes militants, venus attendre le "sphinx de Limete", le surnom de Tshisekedi, à l'aéroport. Les forces de sécurité congolaise ont alors décidé de bloquer le convoi du candidat de l'UDPS qui souhaitait se rendre au centre de Kinshasa pour y tenir un meeting. Le bilan provisoire de cette dernière journée de campagne est de 1 morts, d'une vingtaine de blessés dont 12 graves.
A la suite de ces incidents, le gouverneur de Kinshasa a décidé d'interdire tous les meetings politiques, "y compris celui du chef de l'Etat, Joseph Kabila, prévu à Kinshasa". Etienne Tshisekedi, toujours bloqué par la police sur la route de l'aéroport a déclaré vouloir aller "au stade des Martyrs" pour y tenir son meeting.
Selon nos dernières informations en provenance de Kinshasa (17h30), Etienne Tshisekedi, est toujours bloqué par la police. Il est accompagné de sa délégation composée de Martin Fayulu, Diomi Ndongala et Christian Badibangi. Plusieurs milliers de personnes les accompagnent, "une marée humaine" selon des témoins.
Christophe RIGAUD
18:41 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
RDC-Elections : Violences à Kinshasa, les meetings sont interdits
La tension est montée d'un cran en République démocratique du Congo (RDC) à 48 heures de l'élection présidentielle. Au dernier jour de la campagne, des affrontements violents ont accompagné le retour des deux candidats, Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi à Kinshasa. Bilan provisoire : 1mort et une vingtaine de blessés. Le gouverneur de Kinshasa a alors décidé d'interdire tous les meetings politiques. L'opposant Etienne Tshisekedi a annoncé qu'il maintenait le sien dans la capitale congolaise.Le niveau de violence s'est accrue à Kinshasa dans la journée de samedi. Les deux principaux candidats à la présidentielle du 28 novembre étaient de retour à Kinshasa. Joseph Kabila a atterri le premier, dans la matinée à Ndjili, à quelques kilomètres du centre de Kinshasa. Son convoi a été pris à parti par des militants de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi. La police a ensuite dispersé violemment ces mêmes militants, venus attendre le "sphinx de Limete", le surnom de Tshisekedi, à l'aéroport. Les forces de sécurité congolaise ont alors décidé de bloquer le convoi du candidat de l'UDPS qui souhaitait se rendre au centre de Kinshasa pour y tenir un meeting. Le bilan provisoire de cette dernière journée de campagne est de 1 morts, d'une vingtaine de blessés dont 12 graves.
A la suite de ces incidents, le gouverneur de Kinshasa a décidé d'interdire tous les meetings politiques, "y compris celui du chef de l'Etat, Joseph Kabila, prévu à Kinshasa". Etienne Tshisekedi, toujours bloqué par la police sur la route de l'aéroport a déclaré vouloir aller "au stade des Martyrs" pour y tenir son meeting.
Pendant ce temps, la Commission électorale (CENI) continue sa course contre la montre pour organiser le scrutin dans les délais. L'élection présidentielle et les législatives sont toutes les deux prévues le lundi 28 novembre.
Christophe RIGAUD
18:23 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
25 novembre 2011
Elections : La RDC retient son souffle
Entre les soupçons de fraudes, les retards logistiques et les nombreux affrontements entre majorité et opposition, les élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) se dérouleront sous haute tension. A trois jours du vote, la contestation des résultats constitue la principale menace qui pèse sur le scrutin, avec la crainte de dérapages post-électoraux violents.Drôle d'ambiance à J-3 des élections générales en RD Congo où plusieurs questions restent toujours en suspend. Tout d'abord sur l'organisation du scrutin. Depuis quelques mois la Commission électorale (CENI) accumulent les retards dans le déploiement du matériel électorale dans les 11 provinces du pays. Les avions et les moyens de transports routiers manquent pour dispatcher les 186.000 urnes et les 64 millions de bulletins de vote dans les 64.000 bureaux de vote. Le pays est immense (5 fois la France) et les routes sont inexistantes sur une grande partie du territoire : les urnes et les bulletins sont souvent acheminés, à pieds, à vélos ou en pirogue... le temps presse donc.
Il y ensuite les nombreuses irrégularités dans l'organisation du scrutin qui font craindre la contestation des résultats par les candidats perdants (le scrutin est à un seul tour). L'opposition a longtemps fustigé le travail de la CENI qu'elle considère trop proche du président sortant, Joseph Kabila. Plusieurs sujets ont fait polémique avant le scrutin : l'augmentation "anormale" du nombre d'électeurs, le nombre importants de "doublons" sur le fichier électoral, les mineurs possédant une carte une carte d'électeur ou encore la présence de bureaux de vote fictifs... La CENI récuse toutes ces allégations en bloc et affirme que ces élections seront "libres et transparentes". Pour les ONG locales et internationales présentes sur le terrain, "le risque de fraude massive est important". Pendant plusieurs mois, l'opposition avait demandé l'audit du fameux fichier électorale et l'accès au serveur. Devant les atermoiements de la Commission électorale, cette vérification n'a pas été faite et à 3 jours du scrutin... il est trop tard. Autant dire que le climat est aujourd'hui à la méfiance. Et sans parler de tricherie, les nombreux observateurs des élections congolaises s'attendent "à de gros cafouillages".
Le suspens est donc total sur l'issu des élections et personne ne peut prévoir les réactions des candidats perdants à l'annonce des résultats. Les violences pré-électorales laissent craindre le pire et le spectre d'un scénario "à l'ivoirienne" est désormais probable : les deux candidats se déclarant vainqueurs au lendemain du scrutin. Il y a 6 mois déjà, l'ONG International Crisis Group faisait cette analyse : "le gouvernement congolais fait face à un dilemme : respecter les échéances constitutionnelles et organiser des élections bâclées ou ignorer ces échéances et plonger dans une période d’inconstitutionnalité du pouvoir". L'ICG demandait alors aux autorités congolaises "d'accélérer la préparation des scrutins, de négocier un calendrier électoral de secours ainsi qu’un accord politique pour une période de transition quasi certaine"... mais rien n'a été fait en ce sens. Aujourd'hui, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. La machine électorale est sur les rails et plus rien ne semble pouvoir l'arrêter.
Christophe RIGAUD
Photo : Kinshasa en 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
17:37 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
24 novembre 2011
RDC-Présidentielle : Pourquoi Bemba ne choisit pas ?
Le message était très attendu à Kinshasa par les candidats d'opposition à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Mais finalement, le patron du MLC ne donnera pas de consigne de vote à ses militants. Jean-Pierre Bemba a demandé "au peuple congolais de porter unanimement ses voix (sur) un seul candidat, celui qui a le plus de chances de garantir le changement et l'alternance".Les partisans d'Etienne Tshisekedi y voit un soutien déguisé à leur candidat.Depuis plusieurs jours, Tshisekedi, Kamerhe et Kengo étaient suspendus aux lèvres de Jean-Pierre Bemba. A la clé : le soutien du leader du MLC à leur candidature à l'élection présidentielle du 28 novembre prochain. Un soutien qui vaut de l'or, puisque le candidat Bemba avait réalisé plus de 6 millions de voix à la présidentielle de 2006. Inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, Jean-Pierre Bemba ne pouvait pas se présenter à ce scrutin. Ses voix étaient donc particulièrement courtisées par les 3 candidats de l'opposition : Etienne Tshisekedi, Léon Kengo et Vital Kamerhe. Les 3 prétendants avaient tous rendu visite au "chairman" du MLC dans sa cellule de La Haye... visiblement en vain.
Jean-Pierre Bemba ne choisira donc pas. Dans sa déclaration, le patron du MLC estime que les 3 "poids lourds" de l'opposition ont tous des qualités :
- Tshisekedi est "porteur d'une vision d'espérance, basée sur la permanence d'une lutte que tous nous reconnaissons comme importante dans l'histoire de notre démocratie", Vital Kamerhe "fait preuve d'une percée, d'un dynamise et d'une vision qui ouvrent des perspectives prometteuses pour la RDC", Léon Kengo "a une connaissance avérée et une expérience éprouvée dans les affaires de l'Etat".
Les soutiens d'Etienne Tshisekedi croit tout de même pouvoir lire entre les lignes lorsque Jean-Pierre Bemba demande "au peuple congolais de porter unanimement ses voix (sur) un seul candidat, celui qui a le plus de chances de garantir le changement et l'alternance". L'UDPS, qui estime que son candidat est le mieux placé, voit dans cette phrase un soutien masqué au "sphinx de Limete", le surnom d'Etienne Tshisekedi. D'ailleurs, le secrétaire général du MLC à Kinshasa, Thomas Luhaka ne laisse planer aucun doute sur son choix : "s'il n'y a pas de compromis (pour une candidature commune), moi je voterai Tshisekedi".
En ne donnant aucune consigne claire de vote à ses militants, le patron du MLC préserve son capital politique et prépare l'avenir. Car si le MLC n'a pas de candidats à la présidentielle, le parti de Bemba présente de nombreux candidats aux législatives. En choisissant un candidat à la présidentielle, Jean-Pierre Bemba laissait la possibilité aux électeurs MLC de voter pour un autre parti que le sien aux législatives. Sans consignes, le message de Bemba devient logique : votez pour qui vous voulez à la présidentielle, mais votez MLC aux législatives. En conservant un nombre important de députés à l'Assemblée nationale, Jean-Pierre Bemba prépare donc son retour politique, une fois terminé l'épisode CPI.
Christophe RIGAUD
Photo : JP Bemba en 2006 à Kinshasa (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
11:21 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (14)
23 novembre 2011
RDC : Un député du MLC assassiné avant les élections
En pleine campagne électorale pour la présidentielle et les législatives en République démocratique du Congo (RDC), Marius Gangale, député provincial MLC du parti de Jean-Pierre Bemba, a été assassiné ce mardi à Kinshasa. Un assassinat qui n'est pas sans rappeler celui de Daniel Botethi, il y a 3 ans. L'Union européenne (UE), "très préoccupée" par ce meurtre demande une "enquête sérieuse".Alors que la campagne électorale se déroule toujours dans un climat de violence en RDC, la nouvelle de l'assassinat du député Marius Gangale a jeté un froid ce mercredi à Kinshasa. "Mardi soir, deux hommes ont tenté d'ouvrir la portière arrière du pick-up du député congolais, bloqué dans un embouteillage. La porte étant verrouillée de l'intérieur, l'un des deux hommes a sorti une arme et tiré sur Marius Gangale", raconte le secrétaire général du parti, Thomas Luhaka.
Une enquête a été ouverte par la police de Kinshasa, mais l'Union européenne souhaite qu'une enquête "rigoureuse et transparente soit conduite pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce crime". Il faut dire que cet assassinat intervient à moins d'une semaine des élections générales en RDC, dont la campagne électorale en cours se déroule dans un climat de tension extrême.
Au MLC, on ne croit pas à la thèse purement criminelle. Il y a trois ans, le vice-président MLC de l'assemblée provinciale de Kinshasa, Daniel Botethi avait été abattu dans des circonstances similaires. Le parti de Jean-Pierre Bemba avait alors suspendu sa participation aux travaux de l'Assemblée nationale, du Sénat et de l'Assemblée provinciale de Kinshasa.
Christophe RIGAUD
21:04 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (9)
21 novembre 2011
Kabila-Tshisekedi : Qui peut l'emporter ?
A une semaine de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le scrutin tourne au duel entre le président sortant, Joseph Kabila, qui brigue un second mandat et Etienne Tshisekedi, le leader de l'opposition. Si Joseph Kabila part favori, Tshisekedi compte sur sa popularité pour s'imposer.32 millions d'électeurs congolais sont appelés aux urnes en RD Congo le 28 novembre prochain. Mais l'incertitude plane sur la tenue effective du scrutin dans les délais : les urnes et les bulletins ne sont pas encore arrivés dans les 62.000 bureaux de vote du pays. L'insuffisance des infrastructures de communication (routes, voies ferrées) risque en effet de mettre à mal le calendrier électoral. Si les délais sont respectés, les Congolais devront choisir entre 11 candidats, tous des hommes. Mais deux candidats se détachent du scrutin nettement.
Kabila toujours favori
A 40 ans, Joseph Kabila brigue son second mandat à la tête de la République démocratique du Congo (RDC) et part avec une longueur d'avance. Joseph Kabila possède 3 atouts : un scrutin à un seul tour, une opposition divisée et des moyens financiers très importants… sans compter la "prime au sortant" qui favorise le candidat en poste. Si le bilan de son quinquennat est mitigé, Joseph Kabila fait campagne sur les réalisations de ses Cinq chantiers (réhabilitation des routes à Kinshasa et dans certaines provinces, la construction des ponts à Kinshasa, au Bas-Congo et au Bandundu…). Le président sortant peut se féliciter d'avoir restaurer "les grands équilibres macroéconomiques", "consolider la démocratie", "reconstruire le pays dévasté par la guerre" et "conduire les Congolais à des élections libres, crédibles, démocratiques et transparentes". Mais pour la population, ses réalisations ne sont perçues que comme du "saupoudrage". La vie quotidienne des Congolais n'a cessé de se dégrader. La promesse de l'accès à l'eau, à l'électricité, à l'éducation aux moyens de transports, à la santé est restée lettre morte. La réalité est tout autre : hausse des prix, salaires en berne, franc faible... Une étude économique démontrait récemment que l'on vivait mieux au Zaïre en 1990, qu'en RDC en 2011.
Autres points noirs : l'insécurité à l'Est du pays, où des dizaines de groupes rebelles continuent de terroriser les civils, la corruption omniprésente, qui fait fuir les investisseurs, la répression violente des opposants politiques et les violations multiples des droits de l'homme ont atteint des proportions inquiétantes, selon les nombreuses ONG présentes à Kinshasa. Il y aura donc de nombreux déçus du "Kabilisme". Et l'opposition compte bien "surfer" sur le mécontentement de la population. Mais avec une présidentielle à un seul tour et une opposition divisée (10 candidats), Joseph Kabila peut espérer se faire réélire, même avec un faible score.
Tshisekedi, "l'intransigeant", s'impose
Le challenger s'appelle Etienne Tshisekedi, 79 ans. Le candidat n'est pas de toute première jeunesse : il était déjà député en 1965 et ministre en… 1968. Pas tout jeune mais encore combatif, "le vieux", comme l'appelle ses proches, est présenté comme "l'opposant historique". Opposant à Mobutu, puis à Kabila. A la tête de l'UDPS, Tshisekedi revient pourtant de loin. En 2006, lors des dernières élections, il décide de boycotter le scrutin. Tshisekedi estime que ces élections, voulues par la communauté internationale, ne sont organisées que pour "offrir" une élection "démocratique" au président Kabila et légitimer son pouvoir. "Le vieux", absent du scrutin, laisse donc la place à un autre opposant : Jean-Pierre Bemba, qui fédère sur son nom les voix de l'UDPS orpheline de Tshisekedi. Bemba réalise un bon score : 42% et remplace Tshisekedi sur l'échiquier politique congolais (contrairement à l'UDPS, le MLC obtient des députés à l'Assemblée nationale). En 2006, l'opposant, c'est maintenant Bemba. Tshisekedi et l'UDPS sont donnés pour "morts" politiquement. Le "sphinx de LImete" entame alors une longue traversée du désert… une de plus. L'homme disparaît ensuite du paysage politique pour se faire soigner à l'étranger. Pendant 3 longues années, personne ne parie sur le retour politique du leader de l'UDPS… jusqu'en 2010. Tshisekedi est remis sur pied et souhaite se lancer dans la bataille de 2011. Objectif : la présidentielle. Car entre temps, un événement a bouleversé le paysage politique congolais : l'arrestation en 2008 de Jean-Pierre Bemba par la Cour pénale internationale (CPI). Le patron du MLC est accusé de crimes de guerre et crime contre l'humanité, commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003. L'opposition se cherche donc un autre leader. En décembre 2010, Tshisekedi décide alors de revenir à Kinshasa, après 3 ans d'absence… un retour gagnant. Une foule compacte l'attend à sa sortie d'avion et le "sphinx" mettra plusieurs heures à se rendre à son domicile. Le patron de l'UDPS enchaîne avec 2 meetings monstres à Kinshasa et démontre en quelques semaines sa popularité grandissante. Mais cela suffira-t-il à sa victoire ?
Car si le leader de l'UDPS a réussi son entrée en campagne, Tshisekedi n'a pas réussi pas à fédérer les autres candidats d'opposition derrière sa candidature. Il n'y aura donc pas de candidat unique de l'opposition dans cette présidentielle à un seul tour, où la multiplicité des candidats ne peut bénéficier qu'à Joseph Kabila. Autre difficulté à surmonter pour l'opposition : la transparence du scrutin. L'UDPS craint une fraude massive et croit à la complaisance de la Commission électorale (CENI), réputée proche de Joseph Kabila. De nombreuses irrégularités ont déjà été constatées lors de l'enregistrement des électeurs et Tshisekedi prépare ses partisans à contester les résultats du scrutin. Le risque est donc important de voir le pays sombrer dans des violences post-électorales. Lors d'un de ses discours, le patron de l'UDPS s'était d'ailleurs justifié sur la question : «entre celui qui fait arbitrairement arrêter et tuer les Congolais et moi qui dit au peuple prenez votre responsabilité, aller libérer (vos) compatriotes qui sont en prison (...), qui viole la Constitution ?».
En conclusion, difficile de faire un pronostic sur le résultat du scrutin. Plusieurs éléments seront toutefois à analyser :
- le taux de participation sera-t-il important ?
- le vote pro-Kabila dans les provinces acquises au chef de l'Etat tiendra-t-il ses promesses ? Il faudra notamment suivre les résultats des Kivu, du Katanga, du Maniema et de l'Equateur.
- l'ex-candidat malheureux de 2006, Jean-Pierre Bemba donner-t-il une consigne de vote ? (ses électeurs peuvent se tourner vers Tshisekedi, mais aussi vers Vital Kamrehre ou Léon Kengo). Une consigne claire du "chairman" du MLC pourrait fortement influencer le vote.
- à surveiller : le résultat de Vital Kamehre (UNC) qui pourrait jouer le "troisième" homme en prenant des voix à Tshisekedi (en Equateur et au Bas-Congo) et à Kabila (dans les Kivu et à l'Est).
Christophe RIGAUD
23:09 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (18)
RDC : Jeune Afrique privé d'élections
Cela devient une (mauvaise) habitude en RD Congo. Après l'expulsion de la correspondante de RFI en 2006, c'est au tour de Jeune Afrique de subir la censure de Kinshasa . Dans un article intitulé : "nous n'irons pas à Kinshasa", le magazine panafricain explique que son envoyé spécial ne s'est pas vu accordé de visa pour couvrir les élections. L'hebdomadaire semble "payer" son numéro intitulé "Kabila = Mobutu light", peu flatteur pour le président congolais.On savait la liberté de la presse malmenée en République démocratique du Congo (RDC) (nos confrères congolais en savent quelque chose) mais cette fois la victime s'appelle Jeune Afrique. Son envoyé spécial, Philippe Perdrix, qui couvre pour le magazine la République démocratique du Congo (RDC), ne pourra pas se rendre au Congo pour suivre les élections générales (présidentielle et législatives) du 28 novembre prochain... étonnant pour des élections que Kinshasa présentent comme "libres et transparentes". Les raisons : aucun visa n'a pu lui être délivré par les autorités congolaises.
On se souvient du précédent "Guyslaine Dupond", la correspondante de RFI à Kinshasa, expulsée en mai 2006 pour cause de "désinformation". Cette fois c'est au tour de Jeune Afrique de subir les foudres du Ministère de communication congolais et de son ministre Lambert Mende. Jeune Afrique raconte sur son site internet les péripéties de son journaliste pour tenter d'obtenir l'autorisation de couvrir les élections congolaises : "il lui faut pour cela un visa, lequel est conditionné à une lettre, mi-invitation, mi-accréditation, délivrée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, lettre elle-même soumise à une requête écrite de notre part. La procédure n’est pas spécialement agréable, mais c’est la règle, et nos confrères qui s’y sont pliés ont obtenu leur sésame sans encombre. Pas nous. Les deux e-mails que nous avons adressés en ce sens au directeur de cabinet du ministre puis le courrier officiel adressé à Lambert Mende lui-même le 20 octobre sont à ce jour restés sans réponse. Ce n’est pas faute d’avoir relancé, ni même, histoire d’en avoir le cœur net, frappé à la porte du cabinet présidentiel. Jamais, bien sûr, on ne nous a notifié une interdiction formelle – les censeurs ne sont plus si primaires –, mais des « c’est à l’étude », des « c’est sur le bureau du ministre », lequel « est en déplacement », et même un « c’est en bonne voie » totalement fictif."
Toujours dans son article, Jeune Afrique, croit connaître les raisons de la "punition" infligée par Kinshasa : un article intitulé "Kabila = Mobutu light" qui avait fort déplu au ministre Lambert Mende et à Joseph Kabila. Notre confrère indique qu'il couvrira tout de même les élections "à distance" et note avec beaucoup d'humour, que "le dernier pouvoir à avoir interdit à nos journalistes l’entrée sur son territoire était celui de… Kaddafi. Disons que cela ne lui a pas porté chance", conclut le magazine.
Christophe RIGAUD
16:59 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)