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11 décembre 2011

La RDC à L'heure de la contestation

Le scénario catastrophe des élections en République démocratique du Congo (RDC) était écrit depuis plusieurs mois. Irrégularités, fraudes, violences et contestations ont déjà fait 4 morts à Kinshasa, 24 heures seulement après l'annonce de la victoire de Joseph Kabila. L'opposition n'a que peu de recours pour contester le scrutin : la Cour suprême, favorable au président Kabila... ou la rue.

Logo Elections 2011.jpgVendredi 9 décembre 2011, la Commission électorale congolaise (CENI) a annoncé avec 3 jours de retard la victoire (prévisible) de Joseph Kabila avec 48,95% des voix, contre 32,33% pour son opposant le plus sérieux, Etienne Tshisekedi. Des résultats « provisoires » rejetés en bloc pour l'opposition, qui considère Tshisekedi comme le seul « président élu de la RD Congo ». Mais depuis la révision constitutionnelle qui faisait passer l'élection présidentielle de  deux à un seul tour, un scénario écrit d'avance se profilait : celui d'élections taillées sur mesure pour la réélection du président Joseph Kabila. La fin du scénario était également prévisible : le deuxième tour risquait de se dérouler dans la rue. Deux jours après l'annonce des résultats, le bilan est déjà de 4 morts à Kinshasa.

La contestation se jouera ensuite mardi à la Cour suprême du pays, où les candidats pourront déposer des recours pour irrégularités ou fraudes... et les cas ne manquent pas. Les 70 observateurs du Centre Carter ont noté des « irrégularités graves »... pour conclure : « les résultats de la CENI relèvent plusieurs données qui manquent de crédibilités ». Des exemples, parmi d'autres : le Katanga, où à Malemba la participation était de 99,46% et Joseph Kabila réalise un score de 100%. Par contre au Kasaï occidental, réputé proche de Tshisekedi, la participation est particulièrement faible (58,81%). Enfin à Kinshasa, hostile au président Kabila, « 2.000 plis représentants plus de 350.000 électeurs ont été perdus et ne seront jamais comptés » selon le Centre Carter. 500.000 voix ont également été « égarées » dans le reste du pays.

Malgré l'organisation chaotique du scrutin, l'opposition aura beaucoup de mal à contester le scrutin devant la Cour suprême. Deux raisons à cela : les irrégularités sont tellement nombreuses et la logistique tellement anarchique qu'il sera très difficile de prouver quoique ce soit devant la Cour suprême (pas de chiffres fiables, bureaux de votes fermés, bulletins perdus, doublons sur le fichier électoral...). Deuxième difficulté pour prouver la fraude : Joseph kabila a remplacé il y a quelques mois la majorité des membres de la Cour suprême de république démocratique du Congo. Il semble que les nouveaux membres sont très « proches » du parti présidentiel.

Dans ce contexte, la marge de manœuvre est courte pour l'opposition congolaise : contester « l'incontestable » face une Cour suprême « noyautée » par le président sortant, ou recourir à « la rue » au risque d'enfoncer le pays dans une spirale de violence. Tshisekedi ne peut pas non plus compter sur la communauté internationale pour se tirer d'affaire. Les grandes puissances ne peuvent que se contenter de ces élections imparfaites qu'elles ont voulu à tous prix, et elles ne peuvent justifier l'utilisation de la violence. Autant dire que la sortie de crise n'est pas pour demain... Le nom du nouveau président de la République démocratique du Congo sera officiellement annoncé le 17 décembre par la Commission électorale.

Christophe RIGAUD

09 décembre 2011

RDC : Comment sauver les élections ?

Après l'annonce plusieurs fois reportée de la probable réélection de Joseph Kabila, la République démocratique du Congo (RDC) a toutes les chances de s'enfoncer dans une crise politique "qui pourrait replonger le pays dans la violence". C'est l'analyse que livre l'International Crisis Group (ICG) après les élections chaotiques en RDC. L'ONG propose que les Nations unies, l'Union africaine et l'Union européenne entament "une médiation entre les dirigeants congolais" afin d'éviter le pire.

Image 2.pngDepuis plusieurs mois, l'International Crisis Group tire la sonnette d'alarme sur le risque de crise politique violente en République démocratique du Congo. Dans un communiqué, l'ONG rappelle tous les ingrédients qui font de ce scrutin des élections contestables :

- le "déséquilibre politique en faveur de Joseph Kabila",
- la modification de la constitution qui permis la mise en place d'un scrutin à un seul tour, beaucoup plus favorable au président sortant, les voix de l'opposition se trouvant "éparpillées",
- la nomination de "fidèles du pouvoir nommés à la Commission électorale (CENI) et à la Cour suprême",
- l'interdiction d'accès aux listes électoralesà l'opposition et aux observateurs,
- les médias "contrôlés par l'Etat (qui) ont battu le rappel pour le président"...

Malgré ce contexte très favorable à sa réélection, International Crisis Group note que Joseph Kabila est "largement moins populaire que lors de sa victoire en 2006 (et) fait face à une rude compétition, notamment de la part du vétéran de l’opposition Etienne Tshisekedi". L'ONG rappelle aussi que d'autres candidats, comme Vital Kamerhe, menace de "rafler les voix de Kabila aux Kivus (voix qui ont été cruciales pour sa victoire il y a cinq ans)" et de conclure : "la réélection du président sortant est loin d’être assurée". Pourtant, en conférence de presse, Joseph Kabila affirme "être sûr de ne pas perdre le scrutin". La crainte d'une fraude massive plane donc sur le scrutin.

Le jour du vote, le 28 novembre dernier, International Crisis Group, comme l'ensemble des observateurs et des journalistes présents sur place ne peuvent que constater la "gestion chaotique" du scrutin, des violences localisées et des fraudes ont été signalées (intimidation des électeurs, bourrages d’urnes...)". ICG relève ensuite que "le décompte a été aussi chaotique que le vote, et dangereusement opaque. Les critères pour invalider les bulletins de vote ne sont pas clairs, et Kinshasa (un fief de l’opposition) semble être particulièrement concerné". La Commission électorale (CENI) refuse également de publier "les résultats par bureaux de vote, ce qui permettrait aux partis d’opposition et aux observateurs de les vérifier dans le détail"... avant de conclure : "l’impression que les résultats sont falsifiés à huis clos serait un désastre".

Alors que faire ? Comment résoudre ce qui semble être devenu un casse-tête congolais ? Comme souvent dans ces circonstances, on se tourne vers la communauté internationale. Et comme souvent en Afrique, on note "un faible engagement africain et international", observe International Crisis Group. "Malgré des violations des droits de l’homme lors de la campagne, rapportées par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme, la mission de l’ONU, la Monusco, s’est montrée peu disposée à critiquer ouvertement le gouvernement et les autorités électorales" note l'ONG. Les bailleurs de fonds (très présents en RDC) et qui ont financé une partie du scrutin "ont largement échoué à empêcher le renforcement du pouvoir de Kabila".

Pour trouver une solution, ICG demande une "action internationale et régionale d’urgence pour sauver les élections et persuader les dirigeants congolais de s’abstenir de recourir à la violence". Deux tâches qui ne s’annoncent pas faciles. Le "think tank" propose plusieurs mesures pour tenter de sortir de la crise :

- "la commission électorale doit compter les bulletins de vote de manière transparente (...). Elle doit publier les résultats de chaque bureau de vote, pour permettre une vérification indépendante",
- "les autorités doivent expliquer clairement comment les partis politiques et les observateurs ont la possibilité de contester les résultats de chaque bureau de vote (...),
- "tous les dirigeants congolais doivent éviter les discours haineux. Etant donné que les manifestations vont sans doute devenir violentes, les dirigeants de l’opposition ne doivent pas appeler à manifester après l’annonce des résultats",
- "si des manifestations ont lieu, les forces de sécurité doivent s’abstenir de faire usage d’une force excessive. Toute violence doit faire l’objet d’une enquête par des organisations de droits de l’homme congolaises et internationales, ainsi que, si cela est approprié, par la CPI",
- "l’ONU, l’UA et l’UE doivent envoyer immédiatement une médiation de haut niveau entre les parties. Un accord de partage du pouvoir n’est pas souhaitable. Les médiateurs doivent explorer des options pour un mécanisme alternatif de règlement du contentieux électoral ou pour une supervision indépendante des mécanismes existants (éventuellement sous les auspices de l’UA et avec un soutien international). Ils doivent également trouver un moyen d’éviter une crise constitutionnelle puisque le mandat de Kabila expire cette semaine",
- "l’ONU, les bailleurs de fonds et les dirigeants régionaux doivent éviter les déclarations qui légitiment des résultats contestables et détruisent le peu de crédibilité qui leur reste au Congo (...). Aucun dirigeant ne doit être félicité tant que tous les différends électoraux ne sont pas résolus",
- "l’ONU doit déployer des casques bleus supplémentaires dans les provinces de l’Ouest et à Kinshasa, sinon elle risque d’échouer à remplir son mandat de protection des civils".

Les résultats provisoires des élections doivent être annoncés ce vendredi 9 décembre par la Commission électorale (CENI). La proclamation officielle du vainqueur doit se faire le 17 décembre et le nouveau président devra prêter serment le 20 décembre... si le calendrier électoral est respecté.

Christophe RIGAUD

Pour lire le rapport complet de l'International Crisis Group CLIQUEZ ICI

08 décembre 2011

RDC-Elections : Les résultats publiés vendredi 9 décembre

Afrikarabia logo.pngNouveau report des résultats de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). La Commission électorale congolaise (CENI) a annoncé la publication de ces résultats vendredi 9 décembre. Ce jeudi, 3 de l'UDPS, le parti d'opposition d'Etienne Tshisekedi, ont été tués jeudi lors d'affrontements avec la police à Limete, le quartier de Kinshasa où réside Tshisekedi.

RDC : FreeFairDRC publie une carte "anti-fraude électorale"

Le président sortant Joseph Kabila devrait être désigné aujourd'hui vainqueur de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Après une fin de campagne marquée par des violences meurtrières et un scrutin organisé de façon chaotique, avec des nombreuses irrégularités et des accusations de fraudes, l'opposition devrait contester les résultats. Le site internet FreeFairDRC vient de publier une cartographie édifiante des "incidents électoraux".

Image 2.pngEn organisant les deuxièmes élections "démocratiques" en RDC, la Commission électorale (CENI) avait promis un scrutin impartial et transparent. Au regard des nombreuses irrégularités et incidents relevés par le site FreeFairDRC (élections libres en RDC), on peut sérieusement douter de la crédibilité des résultats des élections congolaises. L'opposition récuse déjà les résultats partiels donnés par la CENI ces derniers jours.

Image 3.pngLa carte du site FreeFairDRC contient des dizaines d'irrégularités, d'allégations de fraudes, d'incidents de violences à travers tout le territoire. Une cartographie alimentée par les médias, nationaux et internationaux, mais aussi par les nombreux observateurs, dont le Carter Center, l'église catholique ou l'Union européenne. FreeFairDRC relève actuellement plus de 80 "incidents", mais leur collecte n'est pas terminée, les responsables du site continuent d'appeler "les citoyens congolais" à déclarer toutes ces irrégularités en se connectant sur internet : www.freefairdrc.com/fr

Christophe RIGAUD

06 décembre 2011

RDC-Elections : Les résultats annoncés jeudi

Afrikarabia logo.pngLe suspens est maintenu par la Commission électorale (CENI) au sujet des résultats de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Prévus mardi, jour de la fin du mandat de Joseph kabila, les résultats ne seront connus que jeudi soir, selon la CENI. Le climat est tendu tendu à Kinshasa, où de nombreux Congolais ont continué à fuir vers Brazzaville, craignant une flambée de violence à l'annonce des résultats. Selon les derniers chiffres partiels, Joseph Kabila, serait réélu avec 49% des voix devant Etienne Tshisekedi, 33,3%. L'opposition rejette ces chiffres depuis le début du décompte.

Nouveaux incidents à l'ambassade de RDC à Paris

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Mardi 6 décembre, deux policiers ont été blessés par les militants anti-Kabila devant l'ambassade de la République démocratique du Congo (RDC) à Paris . Des incidents ont ensuite éclaté avec la police, une voiture a été retourné. Hier, lundi, une cinquantaine de d'opposants congolais s'étaient déjà introduits dans les locaux de l'ambassade parisienne, avant d'être évacués par la police en fin de journée. A Bruxelles et Londres, des échauffourées se sont produites entre militants anti-Kabila et forces de l'ordre. En Belgique, ces incidents ont fait 3 blessés et une centaine personnes ont été arrêtés.

RDC : Une ONG dénonce des "enlèvements planifiés" à Kinshasa

Dans un climat post-électoral électrique en République démocratique du Congo (RDC), une ONG congolaise s'inquiète de la disparition de militaires et de civils depuis début décembre. Selon la Voix des Sans-Voix (VSV), plusieurs cas d'enlèvements ont été signalés alors que le pays s'attend à une violente contestation des résultats électoraux.

Capture d’écran 2011-12-06 à 21.51.39.pngLa Voix des Sans-Voix, une ONG congolaise pour pour les droits de l’homme exprime "ses vives inquiétudes sur la vie et la sécurité des militaires des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) et civils, victimes d'actes d’enlèvements à Kinshasa, de la part des hommes armés en uniforme depuis le début du mois de décembre 2011".

L'ONG révèle plusieurs cas d'enlèvements. De nombreuses personnes ont été enlevées "à leur domicile", comme le capitaine Musangilayi Kabongo, qui a été embarqué "par 6 hommes armés sans mandat vers une destination inconnue".

Toujours selon la Voix des Sans-Voix,  les autres victimes ont été enlevées au camp militaire Kokolo "après que les assaillants aient réussi à entrer dans leurs domiciles après avoir cassé les portes d’entrée. Avant d’emmener les victimes, les hommes armés ont administré de mauvais traitements ainsi qu’à leurs proches et membres de famille trouvés sur place. A la même occasion, des fouilles systématiques vaines ont été faites dans les domiciles des victimes sous prétextes de rechercher des armes de guerre et munitions y cachées. Les victimes ont été embarquées dans une jeep des FARDC (armée régulière congolaise, ndlr) et conduites vers une destination inconnue".

Après recherches, l'ONG congolaise retrouve la trace des victimes, "en détention, au secret dans le cachot de l’ex DEMIAP sis Kinshasa/Kintambo dans des conditions inhumaines. Privées de la nourriture et toutes autres visites des membres de familles, avocats, défenseurs des droits de l’homme".

Pour la VSV, des informations font état "d'enlèvements planifiés de plusieurs militaires des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) et agents de la Police Nationale Congolaise (PNC) dont plusieurs seraient déjà gardés au secret dans des cachots de la DEMIAP, du camp Tshatshi, du Camp militaire Kokolo, de l’immeuble Groupe Litho Moboti (GLM)… ne dépendant pas de parquets".

La VSV craint que ces enlèvements des militaires et de policiers pendant la campagne électoral des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011 "ne soient liés au contexte politique actuel de la RDCongo". L'ONG craint pour la sécurité et la vie de ces personnes, "exposées, désormais, au risque d’exécution sommaire et extrajudiciaire, de torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants". L'ONG demande "la localisation de ces militaires, la garantie de leur intégrité physique et l'ouverture d'une enquête indépendante en vue de faire toute la lumière sur ces enlèvements de militaires et de civils".

Christophe RIGAUD

05 décembre 2011

L'ambassade de RDC à Paris envahie par des opposants congolais

Lundi 5 décembre, en milieu de matinée, de petits groupes d'opposants congolais se sont introduits dans l'ambassade de République démocratique du Congo (RDC) à Paris. Une cinquantaine de  militants anti-Kabila a ensuite investi les locaux de l'ambassade, criant le nom de l'opposant Etienne Tshisekedi. Le personnel de l'ambassade a été évacué et le quartier bouclé par d'importantes forces de police. Les manifestants ont été évacués en fin de journée.

Drapeau RDC.gifPlus tôt ce lundi, c'est l'ambassade de RDC en Afrique du Sud qui a été l'objet de violences avec la police sud-africaine. A 24 heures de l'annonce des résultats de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo, une rumeur circulait selon laquelle "les résultats de l’élection seraient annoncés en Afrique du Sud et non en RDC".

Christophe RIGAUD