10 septembre 2011
RDC : Vital Barholere retire sa candidature à la présidentielle
Vital Barholere, Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC), vient de confirmer le retrait de sa candidature à l'élection Présidentielle du 28 novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Vital Barholere souhaite ne pas voir "s'éparpiller les chances de victoire des forces d'alternance" et explique son retrait par la suppression du deuxième tour de l'élection présidentielle.
Dans un communiqué dans lequel il confirme le retrait de sa candidature, Vital Barholere "remercie le peuple Congolais et tous ceux qui au niveau national et international ont soutenu sa candidature et leur donne déjà rendez-vous pour l’élection présidentielle de 2016". Vital Barholere continuera de plaider "pour le rapprochement des candidats Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe, tel que le souhaite le peuple Congolais et tel que l’exige le réalisme froid de la géographie politique de notre pays". Le Président de l’Union des Bâtisseurs du Congo (UBC) indique également qu'il sera candidat à la députation provinciale, "dans son fief de Bukavu".
Christophe Rigaud
15:38 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4)
RDC : Bemba ne sera pas candidat
Ce n'est une surprise pour personne. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) vient de reconnaître que son président, Jean-Pierre Bemba, ne pourra pas représenter son parti à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Détenu en prison par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye depuis 2008, Jean-Pierre Bemba avait toujours entretenu le suspens sur son éventuelle candidature à la magistrature suprême. On ne sait toujours pas si MLC présentera un candidat aux élections ou s'alliera avec un autre parti d'opposition.
Le secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC) avait déjà vendu la mèche sur Radio Okapi jeudi 8 septembre. Thomas Luhaka avait en effet déclaré "qu'à trois jours de la fin du délai de dépôt des candidatures, la situation nous préoccupe. Il apparaît difficile pour nous de présenter notre président national à l’élection de 2011". C'est désormais officielle : Jean-Pierre Bemba sera absent de la présidentielle de 2011. L'ancien vice-président congolais est toujours détenu à La Haye depuis 3 ans pour "crimes de guerre et crimes contre l’humanité" commis par ses troupes en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003.
Jean-Pierre Bemba espérait bien pouvoir obtenir une libération provisoire pour pouvoir enregistrer sa candidature à Kinshasa. Mais la CPI n'a pas autorisé Jean-Pierre Bemba à sortir de prison et surtout, le gouvernement congolais n'a pas répondu à la demande du MLC pour garantir la sécurité du "chairman" en RD Congo. En attendant, la stratégie du MLC pour la présidentielle n'est toujours pas arrêtée. Soit le parti présente un autre candidat que le sénateur Bemba et dans cette hypothèse, Thomas Luhaka, le secrétaire général du parti (après la récente éviction de François Muamba) serait candidat. Soit le parti du "chairman" s'allie avec un autre candidat d'opposition et dans cette configuration, le nom de Vital Kamerhe (UNC) est le plus souvent cité. Un vrai dilemme pour le MLC, qui avait tout de même réalisé en 2006, avec la candidature Bemba, 42% des suffrages et obtenu 65 députés nationaux. Reste donc les élections législatives comme lot de consolation pour le MLC, avec l'espoir de peser encore fortement sur l'Assemblée nationale et de rester incontournable sur l'échiquier politique. C'est une question de survie pour ce parti… et d'avenir politique, pour ne pas dire d'avenir tout court pour Jean-Pierre Bemba.
Christophe Rigaud
12:22 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
RDC : Le RDPC renonce à la présidentielle
Candidat à l'élection présidentielle en RDC sous l'étiquette du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko a finalement décidé de ne pas présenter. Favorable à un candidat unique de l'opposition, le RDPC renonce "pour ne pas hypothéquer la possibilité d’une alternative politique". Gaspard-Hubert Lonsi Koko se présentera toutefois à la députation dans la province du Bas-Congo.
Pour ne pas rajouter à la division dans l'opposition, Gaspard-Hubert Lonsi Koko a donc décidé de ne pas participer à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le 28 novembre prochain. Favorable à une candidature unique de l’opposition, Gaspard-Hubert Lonsi koto "déplore les différentes attitudes n’ayant pas permis une réelle osmose autour d’un programme commun". Joint par AFRIKARABIA à Kinshasa, le porte-parole du RDPC nous a confié qu'à titre personnel il soutiendra Etienne Tshisekedi (UDPS), le candidat "qui a le vent en poupe".
Mais le RDPC ne sera pas complètement absent de ces élections, puisqu'il présentera des candidats aux législatives sous l'étiquette "indépendant" pour le moment. Gaspard-Hubert Lonsi Koko se présentera à la députation dans sa région d'origine, au Bas-Congo, dans le territoire de Madimba. Sa candidature a été enregistrée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) jeudi 8 septembre.
Christophe Rigaud
10:45 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
07 septembre 2011
RDC : Kamerhe toujours prêt à des alliances
C'est officiel, Vital Kamerhe (UNC) a déposé ce mercredi 7 septembre sa candidature à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), fixée le 28 novembre. Vital Kamerhe est le troisième candidat de la l'opposition à faire enregistrer sa candidature, après Etienne Tshisekedi (UDPS) et Nzanga Mobutu (UDEMO). Kamerhe se dit toujours ouvert au dialogue avec les autres candidats d'opposition.
Vital Kamerhe s'est rendu ce mercredi au siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour déposer sa candidature à la présidentielle en RD Congo au nom de l'UNC. Une candidature qui intervient 2 jours après celle d'un autre candidat d'opposition, "l'historique" Etienne Tshisekedi pour l'UDPS. Il n'y aura donc pas de candidat unique de l'opposition face au président sortant Joseph Kabila, le 28 novembre prochain. Une élection qui a la particularité de n'avoir qu'un seul tour de scrutin… donc favorable au sortant.
Dans son discours, à la sortie de la Ceni, Vital Kamerhe a expliqué avoir "à plusieurs reprises, tenté de se rapprocher" d'Étienne Tshisekedi. Et malgré le refus du candidat de l'UDPS, Vital Kamerhe s'est engagé "à poursuivre ces efforts de pourparlers jusqu’au bout". Vital Kamerhe entend aussi poursuivre les discussions avec ses deux partenaires, avec qui il a signé un programme commun d'opposition, Jean-Pierre Bemba pour le MLC et Léon Kengo pour l'UFC. Des partenaires qui ne se sont pas encore prononcés sur leur propre candidature. Le président de l'UNC compte enfin engager des pourparler avec deux autres candidats déclarés : Nzanga Mobutu (UDEMO) qui a déposé sa candidature ce matin et Mbusa Nyamwisi, président du RDC-KML. Alors qu'il reste jusqu'au 11 septembre aux autres candidats pour se déclarer, Vital Kamerhe ne ferme donc aucune porte pour de futures alliances.
Christophe Rigaud
Photo (c) UNC
23:42 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (9)
Kagame-Sarkozy : la rencontre de deux pragmatismes ?
Les 12 et 13 septembre prochains, le président rwandais, Paul Kagame, sera à Paris pour une première visite d'Etat. Une visite très controversée, voulue par Nicolas Sarkozy. Jean-François Dupaquier, journaliste, écrivain (1) et expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) décrypte pour AFRIKARABIA les difficiles relations franco-rwandaises. Dernier volet d'une série de trois entretiens.
- AFRIKARABIA : Jean-François Dupaquier, nous abordons la dernière partie de cette interview sur la situation actuelle au Rwanda. Et sur les attentes – ou les craintes – que suscite la visite de Paul Kagame à Paris dans quelques jours.
- Jean-François DUPAQUIER : Concernant les craintes - réelles ou feintes - j’observe que les sempiternels débats autour du « Rapport Mucyo » ont été remis sur le tapis par l’association France Turquoise. Alors que depuis la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en février 2010, les Rwandais évitent ce sujet de discorde. La visite « de courtoisie » de Kagame à Paris sera plutôt l'occasion d’imaginer comment la France et le Rwanda peuvent travailler ensemble, en particulier dans le business, en s'appuyant sur les progrès que le Rwanda a fait dans les dix-sept dernières années et l’argent qu’il peut investir. Qui voudrait sérieusement empêcher les entreprises incarnant l’excellence française comme Total, Orange, Bouygues, Dassault, etc., de reprendre pied dans un pays qui est en train de devenir un “petit dragon” d’Afrique. Et à travers le Rwanda, quelles entreprises françaises répugneraient à améliorer leurs positions dans l’immense marché d’Afrique de l’Est et du Centre
- AFRIKARABIA : “Petit dragon d’Afrique”, le Rwanda ?
- Jean-François DUPAQUIER : Pas encore, mais ce n’est pas une surprise pour tous ceux qui fréquentent le Rwanda, mais un projet méconnu en France. Par exemple, à l’exception d’Afrikarabia, je n’ai rien lu sur la rencontre des présidents de l’Ouganda et du Rwanda le 30 juillet et leur alliance stratégique qui devrait profondément marquer la géopolitique de l’Afrique centrale et de l’Est.
- AFRIKARABIA : Cet accord stratégique porte sur quoi ?
- Jean-François DUPAQUIER : L’un des points essentiels va vous surprendre : l’accès du Rwanda au haut débit. Depuis plusieurs années on a installé la fibre optique un peu partout, dans l’espoir de promouvoir des emplois dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et pour améliorer le niveau des connaissances. Or aujourd’hui à Kigali le débit reste faible, au point de rendre le téléchargement de « pièces jointes » de facto impossible. Le problème vient de l’Ouganda, où il manque une vingtaine de kilomètres de câbles à très haut débit pour faire la soudure avec la côte de l’Océan indien, elle-même reliée au câble sous-marin.
- AFRIKARABIA : Pourquoi personne ne signale l’enjeu des NTIC pour un pays comme le Rwanda ?
- Jean-François DUPAQUIER : Visiblement, parler des NTIC au Rwanda est supposé ne pas intéresser le public français. On préfère resservir une énième version de la « querelle Hutu-Tutsi » et ses avatars. Or cette question du haut débit est presque vitale pour un pays dont Kagame conduit la modernisation à marches forcées, et qui vise mieux que l’augmentation annuelle du PNB de 7 à 8% - augmentation constatée ces dernières années et au premier semestre 2011.
A terme, le haut débit peut augmenter encore le PNB du Rwanda de 1 à 3 points annuels. Il rejoindrait alors la Chine et Singapour dans le peloton de tête de la croissance annuelle. Déjà internet est au Rwanda un enjeu majeur. Sait-on que le plus modeste agriculteur rwandais déclare déjà par internet ses revenus au “Rwanda Revenue Authority”, l’administration fiscale qui s’est elle-même totalement informatisée ?
- AFRIKARABIA : Dix-sept ans après, le Rwanda a-t-il tourné la page du génocide ?
- Jean-François DUPAQUIER : Parlons de son président et de son volontarisme. On voit bien qu’il aimerait tourner cette page, sans y parvenir. C’est un problème évoqué ouvertement, y compris lors des sermons du dimanche dans les églises.
- AFRIKARABIA : – Qui est Paul Kagame ?
- Jean-François DUPAQUIER : On évoque souvent « l’intransigeance de Kagame ». Il n’est pas un démocrate. Combien de chefs d’Etat le sont en Afrique ? Ce n’est pas non plus un séducteur. Il préfère agir par la force et par le mystère qu’il cultive. Son autoritarisme, sa part d’ombre, fascinent l’opinion. En 1994, par un tour de force il a conduit à la victoire l’armée rebelle et ainsi mis fin au génocide. Le journaliste américain Philippe Gourevitch l’appelle « un autoritaire sans complexes ». L'écrivain sénégalais Boubacar Diop dit : « Il a du caractère, et son leadership a été décisif après le génocide. Si certains le haïssent de manière aussi irrationnelle, c'est parce qu'ils attendent d'un chef d'Etat africain qu'il soit jouisseur, corrompu et surtout docile. Kagame ne correspond en rien à cette image. »
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’intransigeance de Paul Kagame sur la nécessité du développement. Tout le reste y est subordonné et la pression sur la population, énorme. Chacun doit « mouiller sa chemise » pour moderniser le Rwanda, à commencer par le président lui-même, un véritable « malade du travail ».
- AFRIKARABIA : Vous évoquez la pression qui s’exerce sur la population. Beaucoup observent que la « société civile » est réduite à sa plus simple expression, de même que l’espace démocratique ?
- Jean-François DUPAQUIER : La pression s’exerce sur tous, à commencer par les fonctionnaires, les militaires, les policiers. Ils ont été profondément professionnalisés. La corruption a disparu, ou alors elle est invisible et très subtile. Les fonctionnaires sont soumis à un examen d’évaluation annuel. Celui qui le rate est limogé. Aussi la plupart enchaînent les cours du soir après le bureau. Le dimanche 14 août, les fonctionnaires ont travaillé pour « rattraper » le 15 août - qui reste férié comme le veut l’Eglise. Kagame, qui déclarait urbi et orbi que prier est une perte d’énergie et de temps, évite à présent de se mettre l’Eglise à dos.
- AFRIKARABIA : Effectivement, ce n’est pas l’image du Rwanda en France, où on ne parle que du génocide et des polémiques qu’il continue de susciter ?
- Jean-François DUPAQUIER : Ce qui frappe, c’est qu’étudiants, fonctionnaires ou employés du secteur privé, tous les Rwandais travaillent avec acharnement. Ce qui permet de financer des avancées sociales : la scolarité a été rendue gratuite durant les sept premières années, pratiquement tous les enfants vont à l’école, filles comme garçons. Tous les Rwandais bénéficient d’une mutuelle de santé moyennant environ 1 euro par mois (gratuit pour les indigents), et le système de santé est devenu vraiment performant.
- AFRIKARABIA : La famine frappe la Corne de l’Afrique à moins de mille kilomètres du Rwanda. Le pays est-il autosuffisant sur le plan alimentaire ?
- Jean-François DUPAQUIER : La famine était endémique sous Habyarimana à la fin des années 1980. Il se justifiait en disant que le pays était surpeuplé. Depuis, la population a presque doublé mais la famine a disparu grâce à une meilleur gestion des cultures.
Tout ceci ne justifie évidemment pas l’absence de libertés politiques, mais constitue le fondement d’un essor sans précédent. Un peu comme la Chine et Singapour qui présentent le même déficit démocratique sans susciter la campagne passionnée dont le régime de Kagame est la cible, en France particulièrement.
- AFRIKARABIA : Le surpeuplement pose néanmoins problème ?
- Jean-François DUPAQUIER : Evidemment, mais même le surpeuplement peut être géré. Prenons le cas du cadastre. Depuis l’indépendance, il n’y avait pas d’autre référence cadastrale que les cartes belges conservées à Tervuren et numérisées. On disait le cadastre impossible. Or d’ici trois ans, la totalité de la surface du pays sera couverte par un relevé cadastral. Ce dossier n’est pas pittoresque mais simplement crucial. Dans un pays rural surpeuplé, l’absence de cadastre entretient des conflits fonciers qui ont contribué, en 1994, à l’acharnement des tueurs dans les campagnes. Le cadastre, c’est donc la pacification de la société. Evitons l’énumération en nous contentant d’observer que le projet global « Rwanda 2020 » est très ambitieux. Même si la crise financière mondiale va certainement le ralentir.
- AFRIKARABIA : Le régime que vous décrivez doit plaire à Nicolas Sarkozy ?
- Jean-François DUPAQUIER : Paul Kagame et Nicolas Sarkozy ont bien des points communs dans la volonté de changer les lignes, dans l’ambition pour leur pays. Au Rwanda, la politique africaine traditionnelle de la France, celle des réseaux obscurs, du mélange des genres, du copinage et de l’affairisme sur le dos des peuples africains, ça ne marche plus. Sarkozy, qui n’a de toute évidence aucun complexe dans ce domaine – malgré le « discours de Dakar, il est plutôt un pragmatique -, l’a bien compris. Même s’il ne crache pas, ailleurs, sur la “Françafrique” et ses rentes.
- AFRIKARABIA : Kagame a très récemment déclaré à Jeune Afrique à propos de la Côte d'Ivoire : « Le fait que, cinquante ans après les indépendances, le destin du peuple ivoirien, mais aussi son économie, sa monnaie, sa vie politque, soient encore contrôlés par l'ancienne puissance coloniale pose problème. Plus je regarde [les Ivoiriens], et plus je vois l'ombre d'un metteur en scène étranger. » Ca ne va pas provoquer un couac ?
- Jean-François DUPAQUIER : Le chef de l’Etat rwandais est-il vraiment prisonnier de son nationalisme ombrageux ? Paul Kagame a aussi soutenu l’intervention de la France et de l’Otan en Libye, à la différence de Museveni et de bien d’autres en Afrique noire..
- AFRIKARABIA : Que peut apporter la visite du président rwandais à Paris les 12 et 13 septembre ?
- Jean-François DUPAQUIER : Malgré certains propos arrogants, il est clair que l’Etat rwandais attend beaucoup de cette visite sur un plan économique. Dans le cadre d’intérêts réciproques il semble s’apprêter à proposer à la France de renforcer sa présence au Rwanda.
- AFRIKARABIA : Quel intérêt pour la France ?
- Jean-François DUPAQUIER : Nous avons des atouts technologiques que les Rwandais recherchent. Par exemple en matière de géothermie, pour fabriquer de l’électricité. Une ressource abondante dans ce pays volcanique.
Les ingénieurs français apparaissent aussi parmi les plus compétents pour résoudre l’énorme problème du gaz méthane dans le lac Kivu. Son eau renferme une concentration inquiétante de gaz qui s’accumule au fond, ce qui pourrait déboucher sur une tragédie humaine et écologique majeure, bien pire que l’éruption limnique du lac Nyos au Cameroun en 1986. Récupérer le gaz donnerait aussi au Rwanda une plus grande indépendance énergétique. Des Français travaillent déjà sur ce dossier.
Dans la téléphonie, un secteur où les sociétés françaises brillent en Afrique mais sont très concurrencées par l’Afrique du Sud et la Chine, le Rwanda offre des opportunités. On parle d’une entrée d’Orange dans le capital de Rwandatel...
- AFRIKARABIA : Parmi les reproches entendus en France, le Rwanda aurait “trahi” la francophonie en intégrant le Commonwealth ?
- Jean-François DUPAQUIER : C’est un dossier épineux. Entre 2006 et 2009, profitant de la rupture des relations diplomatiques, certains dignitaires rwandais revenus d’Ouganda parlaient d’éradiquer le français. A Paris, il y a aussi des irrédentistes qui assimilent la francophonie au Rwanda à une prétendue “cause hutue”. Ce sont des excès que des rencontres de chefs d’Etat peuvent bloquer. Car la perte d’influence du français n’est pas une fatalité. La réouverture complète du Centre culturel franco-rwandais est très attendue à Kigali. Elle bute aujourd’hui sur des problèmes fonciers subalternes et un tragique dénuement budgétaire. Cela fait partie des dossiers qui ne trouveront leur solution que si Nicolas Sarkozy secoue sa part de pesanteurs bureaucratiques, et si les Rwandais cessent de faire des histoires autour de titres de propriété égarés.
Enfin, relativisons la querelle de la francophonie. La langue nationale au Rwanda, aujourd’hui comme hier, c’est le kinyarwanda, ce n’était pas le français et ce n’est pas l’anglais. Et la monnaie nationale, c’est toujours... le Franc !
- AFRIKARABIA : Quels avantages diplomatiques la France peut-elle tirer de la venue de Paul Kagame à Paris ?
- Jean-François DUPAQUIER : D’abord, tourner la page du génocide, n’en déplaise aux irréductibles. Paris peut espérer rebattre à son avantage les cartes diplomatiques dans toute la région, et en tirer des avancées pour de grandes sociétés françaises. Même si rien n’a filtré concernant la RDC, il est évident que “l’accord stratégique” conclu le 1er août entre Kagame et Museveni consolide des ambitions communes sur le Kivu.
- AFRIKARABIA : C’est une question très sensible en RDC à la veille de l’élection présidentielle. Avez-vous des informations plus précises sur le jeu que le Rwanda et l’Ouganda entendent mener au Kivu ?
- Jean-François DUPAQUIER : Quel que soit le nationalisme - légitime - des Congolais, ils ne doivent pas s’aveugler : une partie du Kivu appartenait aux franges de la monarchie rwandaise avant que les grandes puissances ne réduisent la surface du Rwanda - d’un bon quart - au profit de l’Ouganda et du Congo belge après 1918. Cette question était flagrante le 30 juillet dernier, lorsque le président Museveni, après avoir participé aux cotés de Kagame à l’Umuganda (les travaux communautaires) à l’école primaire du camp Kanombe à Kigali, s’est adressé aux participants en kinyankole une langue qu’il parle couramment, très proche du kinyarwanda.
- AFRIKARABIA : Au delà des discours, quelles conséquences prévisibles pour le Kivu ?
- Jean-François DUPAQUIER : Depuis toujours, et pour des raisons géographiques évidentes, les échanges extérieurs du Kivu Nord et du Kivu Sud passent prioritairement par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie. Très dynamique, la communauté d’Afrique de l’Est (East African Community) tire vers elle toute la richesse humaine, minière, économique du Kivu. La bonne gouvernance constatée au Rwanda et en Ouganda est aussi un modèle lorgné au Kivu, deux provinces livrées à la violence des bandes armées et laissées en deshérence par Kinshasa. L’élection présidentielle en RDC, si elle ne fonde pas une légitimité renforcée pour le futur président et une réforme en profondeur des services et équipements publics peut conduire à une balkanisation du Congo, avec, dans le meilleur des cas, un fédéralisme qui donnera aux provinces une quasi autonomie. Dans cette perspective, les régimes rwandais et ougandais jouent aujourd’hui sur un registre infiniment plus subtil que lors de la seconde guerre du Congo. S’ils réussissent à conquérir l’opinion publique au Kivu, cette province basculera vers l’East African Community. Le projet de chemin de fer Kivu-Kigali-Tanzanie y contribue déjà.
- AFRIKARABIA : Pourtant les mouvements rebelles, aussi bien les FDLR que la LRA, sont souvent apparus de mèche avec le Rwanda et l’Ouganda pour se partager la rente du pillage des minerais précieux de RDC. Pourquoi cette situation ambigüe changerait-elle ?
- Jean-François DUPAQUIER : En réalité, les mouvements rebelles ont largement joué des dissensions entre Kagame et Museveni pour avancer leurs propres pions et écouler alternativement le produit de leurs pillages via Kigali et Entebbe en y laissant une part du butin. Ils ont toutes les raisons de s’inquiéter de probables volets secrets de l’accord stratégique du 1er août. Car s’il n’y avait qu’un seul point d’accord entre les deux chefs d’Etat, ce serait leur volonté d’en finir définitivement avec les rébellions. Pour Kagame, depuis l’alliance improbable entre les FDLR et des officiers félons de l’Armée patriotique rwandaise, c’est même une priorité absolue.
- AFRIKARABIA : En quoi cette stratégie peut-elle changer le pillage de la RDC ?
- Jean-François DUPAQUIER : Ne rêvons pas que des Rwandais ou des Ougandais cesseront gentiment de se servir dans les richesses minières de RDC. Dernièrement, on a inauguré à Kampala la « Victoria Gold Star ». Une raffinerie à capitaux russes avec une capacité de 60 kilos d’or fin par jour,. Et en annonçant aussitôt qu’était lancée une extension des installations, le tout sans rapport avec les capacités d’extraction en Ouganda même. Le pillage des richesses du Congo, que l’on reproche au Rwandais et aux Ougandais en oubliant plus d’un siècle de prédations européennes et aujourd’hui chinoises, n’est pas seulement le fait de la rapacité. Il est aussi induit par la bonne gouvernance, qui garantit la sécurité publique et la bonne fin des investissements. Qui irait construire une usine d’affinage de l’or en RDC !
- AFRIKARABIA : A vous entendre, le Rwanda et l’Ouganda seraient, au regard de leurs voisins, un havre pour les investisseurs ?
- Jean-François DUPAQUIER : Le Rwanda dispose d’un atout : la sécurité publique y est une obsession, pas seulement à cause du génocide. Il n’y a pratiquement aucun risque de se voir voler sa voiture ou d’être agressé dans la rue, ou encore cambriolé, ce qui est un privilège rare en Afrique. On voit des Occidentaux qui font leur footing tard le soir seuls dans la rue. Policiers et militaires sont courtois et “réglos” mais omniprésents et très vigilants.
Résultat, Kigali accueille toutes sortes de réunions internationales. On y construit nombre d’hôtels de luxe et des palaces. L’argent des colloques et séminaires coule à flot. En contrepartie, le régime doit maintenir cet effort sécuritaire qui mobilise énormément de personnels civils et militaires.
- AFRIKARABIA : La sécurité juridique et commerciale est-elle aussi bien assurée ?
- Jean-François DUPAQUIER : C’est un point faible. Par exemple les transactions immobilières sont interminables, très bureaucratisées. Il manque des officiers publics comme les notaires, qui garantiraient sur leurs biens personnels la bonne fin des transactions, aussi bien envers l’Etat qu’entre particuliers. Un récent scandale immobilier a mis en cause un intermédiaire sans scrupule qui a gardé l’argent des cessions, ruinant les accédants à la propriété. Il y a encore beaucoup à faire pour garantir la transparence et la sécurité des transactions.
(1) Jean-François Dupaquier est notamment l'auteur de "L'agenda du génocide", Ed. Karthala, Paris, 29 euros.
Vous pouvez lire les deux premières interviews de Jean-François Dupaquier :
http://afrikarabia.blogspirit.com/archive/2011/08/31/kaga...
http://afrikarabia.blogspirit.com/archive/2011/09/03/visi...
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RDC : La France condamne les violences à Kinshasa
Dans un communiqué, le Quai d'Orsay vient de condamner "toute forme de violence" dans le cadre de la campagne électorale en République démocratique du Congo (RDC). Après le saccage de différents sièges de partis politique (UDPS et PPRD) et la mort d'un militant de l'opposition, la France souhaite "un dialogue renforcé" entre les différents partis politiques.
Après deux jours d'incidents à Kinshasa, la France souhaite "qu’aux motifs de tension réponde un dialogue renforcé entre la Commission Electorale Nationale Indépendante CENI) et les forces politiques en compétition et souligne l’importance que revêtent les discussions sur le code de bonne conduite". Dans son communiqué, le Quai d'Orsay appelle "l’ensemble des acteurs à préparer les échéances électorales dans un climat apaisé, autour de l’objectif commun de scrutins libres et crédibles attendus des citoyens congolais". La France prend également note "de l’enregistrement des principales candidatures à l’élection présidentielle" prévue le 28 novembre 2011.
15:20 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
RDC : L'UDPS accuse les "milices du PPRD" de l'attaque de sa permanence
La tension monte en République démocratique du Congo (RDC) à l'approche des élections législatives et présidentielle de novembre prochain. Après le saccage du siège de l'UDPS à Kinshasa, le parti du candidat d'opposition Etienne Tshisekedi accuse les "milices du PPRD de Joseph Kabila" d'être à l'origine de l'attaque. Le parti présidentiel dément formellement sur RFI : "faux et archi-faux, il n'y a pas de milice au PPRD", répond André Kimbuta.
Drôle d'ambiance à Kinshasa au lendemain du dépôt de candidature du principal candidat d'opposition, Etienne Tshisekedi, à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Mardi 6 septembre, des coups de feu son tirés aux abords du siège de l'UDPS dans le quartier de Limete. Des partisans d'Etienne Tshisekedi s'étaient rassemblés devant le quartier-général du parti après son saccage durant la nuit. La police a tiré sur la foule. Bilan : 1 mort et 2 blessés.
Aujourd'hui, l'UDPS contre-attaque dans un communiqué et accuse le PPRD, le parti présidentiel, d'avoir "ourdi un complot (...) pour attaquer la permanence de l'UDPS". Toujours selon l'UDPS, le parti de Joseph Kabila tente d'intimidé l'opposition "dans leurs revendications d’un processus électoral réellement libre, transparent et démocratique". A la suite de ces incidents, l'UDPS "constate la grande fragilité politique et le profond désarroi de Mr. Joseph KABILA KABANGE, complètement aux abois et qui recoure lâchement à la seule pratique dont il a l’expertise : la force brutale et sauvage, totalement inacceptable en démocratie pour régler les divergences politiques". Le parti d'Etienne Tshisekedi en profite pour réitérer ses demandes à la Commission électorale (CENI) : "l’accès direct de ses experts et de ceux de l’opposition responsable au serveur central de la CENI et
la publication immédiate de la cartographie et de la liste complète des bureaux de vote par provinces et par circonscription électorale sur l’ensemble du pays".
Côté présidentiel, le démenti est cinglant : " Archi-faux, archi-faux ! Il n’y a pas de milice au PPRD, c’est faux ! » répond le gouverneur de Kinshasa et cadre du PPRD, André Kimbuta à RFI. Le gouverneur en profite pour condamner les "actes inciviques" et le président de l'Assemblée nationale, Evariste Boshab "nvite tous les militants du PPRD à ne pas céder à la provocation". Ambiance... à seulement 2 mois et demi de l'élection présidentielle.
Christophe Rigaud
09:40 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
06 septembre 2011
RDC : Kamerhe officialise sa candidature
Il n'y aura finalement pas de candidat unique de l'opposition à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Avec la candidature de Vital Kamerhe (UNC), prévue ce mercredi à 15h, il y aura donc au moins 2 candidats de l'opposition pour se disputer le siège du président sortant Joseph Kabila.
Vital Kamerhe, le président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC)procèdera au dépôt de sa candidature à la magistrature suprême ce mercredi 7 septembre 2011 au Bureau de réception et traitement des candidatures (BRTC) de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) à Kinshasa vers 15h00.
Avec Etienne Tshisekedi (UDPS), qui a déposé sa candidature lundi, Vital Kamerhe sera le deuxième candidat (de poids) de l'opposition à se présenter aux élections de novembre prochain. Une manière pour l'ancien président de l'Assemblée nationale congolaise de prendre de l'avance sur ses deux autres concurrents, avec qui il a pourtant signer un programme commun : Jean-Pierrre Bemba (MLC) et Léon Kengo (UFC).
La candidature de Vital Kamerhe vient donc sonner le glas de la candidature unique de l'opposition à la prochaine présidentielle en RDC. Une candidature unique indispensable pour pouvoir rivaliser avec le président sortant Joseph Kabila, dans un scrutin présidentiel à un seul tour. Mais rien n'est joué. Des alliances peuvent encore se créer. Et surtout, personne ne connaît le réel poids électoral des différents candidats, notamment en ce qui concerne Vital Kamerhe et Léon Kengo, récemment arrivés sur l'échiquier politique congolais.
Christophe Rigaud
21:56 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
RDC : Violences pré-électorales à Kinshasa
Kinshasa est-elle entrée dans un nouveau cycle de violences ? Quelques heures après le dépôt de candidature d'Etienne Tshisekedi (opposition) à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs incidents graves se sont produis à Kinshasa. Le siège du parti présidentiel (PPRD) a été vandalisé, les bureaux de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi ont été incendiés et un militant du même parti a été tué ce mardi lors de violents affrontements.
Depuis le 5 septembre 2011, Etienne Tshisekedi est officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo, prévue le 28 novembre 2011. Principal opposant à la réélection du président sortant Joseph Kabila, Etienne Tshisekedi a en effet déposé à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sa candidature, soutenue par plus de 80 partis d'opposition. Mais au même moment, le siège de l'UDPS, le parti d'Etienne Tshisekedi, a été vandalisé et en partie incendié par des "gens en uniforme", selon l'un des responsables de l'UDPS. Peu de temps après, c'est une station de télévision, proche du parti d'opposition, qui est à son tour incendiée. La police congolaise émet des "réserves" sur l'identité des auteurs de ces violences et note que des partisans d'Etienne Tshisekedi en ont profité pour commettre "des actes de dégradation" au siège du PPRD, le parti du président Joseph Kabila.
Ce mardi, les violences ont repris non loin du siège de l'UDPS, dans le quartier de Limete à Kinshasa. La police congolaise a dispersé les militants de l'UDPS au gaz lacrymogène. Le premier bilan fait état d'1 mort et de 2 blessés. La victime aurait été tuée par de jeunes délinquants, des "pombas", selon un témoignage recueilli par l'AFP sur place.
Depuis plusieurs semaines, l'UDPS manifeste régulièrement devant la Commission électorale (Ceni) pour dénoncer les nombreuses irrégularités du processus électoral en cours. Le parti d'opposition réclame plus de transparence et l'accès aux fichiers et aux serveurs informatiques afin d'éviter toute fraude. Toutes ces manifestations ont été violemment réprimées par la police.
A moins de 3 mois du scrutin, ces violences inquiètent bons nombres d'observateurs à Kinshasa. De nombreuses ONG tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois sur les risques de troubles post-élections en cas de contestations des résultats... ce qui devrait malheureusement être le cas.
Christophe Rigaud
17:43 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (14)