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13 novembre 2011

RDC : Inga s'invite dans la campagne électorale

Le vieux serpent de mer du barrage d'Inga refait surface. En pleine campagne pour sa réélection à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila signe avec l'Afrique du Sud un protocole d'accord pour la mise en valeur du potentiel hydro-électrique d'Inca sur le fleuve Congo. Une signature qui n'a rien du fruit du hasard.

Capture d’écran 2011-11-13 à 22.58.10.pngEn tournée électorale au Katanga, le président Kabila souhaite relancer le complexe d'Inga dans l'Ouest de la RDC. Ce barrage hydro-électrique géant sur le fleuve Congo tourne au ralenti depuis plusieurs années, faute de moyens financiers. Construits entre 1972 et 1982, Inga I et II ne permettent même pas d'alimenter convenablement en électricité la capitale, Kinshasa, en raison de l’ancienneté des installations et du manque de maintenance. Deux autres projets sont à l'étude depuis très longtemps : Inga III, également sur les chutes d'Inga et le Grand Inga en rive droite du fleuve.

Le protocole signé avec l'Afrique du Sud concernerait le site du Grand Inga. Une signature entre les présidents sud-africain Jacob Zuma et congolais Joseph Kabila qui tombe à pic. Joseph Kabila est en effet en pleine campagne électorale pour sa réélection et vante dans sa tournée ses "5 chantiers". Ce vaste programme de construction d'infrastructures (route, pont, voies ferrées…) prévoit également l'accès à l'eau et à l'électricité de la population congolaise… ce qui est loin d'être le cas. Cet accord arrive à point nommé.

Grand Inga est le plus important projet hydroélectrique dans le monde. Il pourrait produire jusqu'à 40.000 Mw d'électricité, soit deux fois plus d'énergie que le barrage des Trois Gorges en Chine, et plus du tiers de l'électricité totale actuellement produite sur tout le continent africain.

Seulement voilà, le Ministre de l'énergie congolais, Gilbert Tshongo, n'a donné aucun détail sur la nature des travaux, le coût, et le financement du projet. Son ministère indique que toutes ces précisions seront connues "dans six mois" … bien après les élections.

Christophe RIGAUD

Photo : Inga I en 2005 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

11 novembre 2011

RDC : Tshisekedi se justifie à Kisangani

Etienne Tshisekedi entre enfin en campagne. L'opposant congolais est arrivé ce jeudi vers 22h à Kisangani, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Tshisekedi s'est défendu d'avoir appelé les Congolais à la violence et continue de dénoncer la répression, en expliquant vouloir «enlever la peur de la population vis-à-vis de la "dictature"».

Logo Elections 2011.jpgAprès une semaine d'atermoiement et de multiples rebondissements, l'avion du leader de l'UDPS, a enfin atterri vers 22h, ce jeudi, sur l'aéroport de Kisangani, dans l'Est de la RDC. Avec un peu de retard, la campagne du candidat n°11 à l'élection présidentielle est désormais lancée, depuis le chef lieu de la province orientale, avant un grand meeting à Kinshasa prévu dans les prochains jours.

A sa descente d'avion, la presse l'a évidemment questionné sur la polémique qu'il avait créé dimanche, en appelant ses partisans à «casser les portes des prisons» si les militants de son parti (l'UDPS) n'étaient pas libérés, et en se s'autoproclamant également «président de la République démocratique du Congo». Des propos diffusés sur RLTV depuis l'Afrique du Sud, qui avaient choqué le pouvoir en place à Kinshasa et inquiétés la communauté internationale. La Belgique, l'Union européenne, la France et l'ONU, notamment, avaient dénoncé ces "appels à la violence". Il faut dire que la campagne électorale en RDC se déroule dans un climat de fortes tensions, avec de nombreux affrontements violents entre les différents partis politiques et la police congolaise.

Le patron de l'UDPS a donc volontairement tenté de désamorcer les effets négatifs de sa déclaration. Etienne Thsisekedi a expliqué que c'était pour lui «une façon d'enlever la peur de la population vis-à-vis de la "dictature"». Et de poursuivre : «entre celui qui fait arbitrairement arrêter et tuer les Congolais et moi qui dit au peuple prenez votre responsabilité, aller libérer (vos) compatriotes qui sont en prison (...), qui viole la Constitution ?».

Pour le candidat de l'UDPS, «toute dictature est basée sur la peur. Demain avec l'Etat de droit, le Congolais doit abandonner la peur et avoir confiance en lui. Ma manière d'éduquer le peuple congolais c'est de lui enlever la peur dans (sa) tête en le mobilisant pour aller terroriser ceux qui nous ont longtemps terrorisé. Ce n'est pas un appel à la violence», s'est-il défendu.

Si Etienne Tshisekedi nie avoir appelé les Congolais à la violence, il justifie ses propos par l'implacable répression exercée par les autorités congolaises sur l'opposition depuis plusieurs mois. L'ASADHO, une ONG congolaise des Droits de l'homme a répertorié les multiples cas de violations des Droits de l'homme : «le 4 juillet 2011, la manifestation organisée par les militants de l’Opposition politique regroupés au sein de la «Dynamique Tshisekedi Président» a été réprimée. Une personne a été tuée, un policier brûlé, des dégâts matériels importants ont été causés aux biens des particuliers et six personnes ont été arrêtées. Le 26 juillet 2011, la manifestation des militants de l’UDPS avait été réprimée par la police et 5 militants ont été arrêtés. Le 29 septembre 2011, la manifestation de l’UDPS et alliés a été dispersée par la police et trois cadres de l’Opposition ont été arrêtés. Le 6 octobre 2011, la manifestation de l’UDPS et alliés a été brutalement réprimée par la police. Quatre personnes ont été blessées et 5 autres arrêtées. Le 28 octobre 2011, la manifestation organisée par les partis politiques de l’Opposition à Mbuji-Mayi, au Kasaï Oriental, a été encore réprimée par la Police. Le bilan de cette répression est de deux personnes tuées et plusieurs militants de l’Opposition arrêtés».

Violences policières, arrestations arbitraires, intimidations sur ses militants et ses candidats aux législatives, interdictions d'affichage…un constat qui explique, en partie, les propos très durs, voir excessifs du patron de l'UDPS envers le "régime Kabila". La stratégie de Tshisekedi a toujours été de maintenir une forte pression sur le président sortant : meetings populaires, manifestations devant la Commission électorale (CENI)… une pression qui a toujours fini par payer. Les déclarations tapageuses sur RLTV s'inscrivent donc dans cette stratégie de pression permanente. Une stratégie justifiée par le climat de violence actuel… mais une stratégie extrêmement dangereuse à 17 jours du scrutin.

Christophe RIGAUD

09 novembre 2011

La CPI place la RDC sous surveillance

Alors que les violences et les affrontements se multiplient à 3 semaines de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), la Cour pénale internationale se dit "très inquiète". Le bureau du procureur "se réserve la possibilité d'envoyer des représentants à Kinshasa si la situation devait le justifier" a déclaré Pascal Turlan, conseiller en coopération de la Cour.

Capture d’écran 2011-11-09 à 21.04.28.pngDans un communiqué sans équivoque , la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye indique que "le bureau du procureur est très inquiet de ce qui est en train de se passer en RDC à l'approche des élections" et insiste sur le fait "qu'il ne saurait y avoir de violences lors d'un processus électoral". Selon la CPI, "le bureau du procureur se réserve la possibilité d'envoyer des représentants à Kinshasa si la situation devait le justifier".

La situation est donc suivie de près à La Haye. Un message on ne peut plus clair destiné aux responsables politiques congolais de tous bords tentés par l'utilisation de la violence.

Christophe RIGAUD

RDC : La France condamne les propos de Tshisekedi

Dans un point presse du Quai d'Orsay, le porte parole est revenu sur l'interview de l'opposant congolais Etienne Tshisekedi qui a appelé dimanche soir la population «à casser les portes des prisons» pour libérer ses militants arrêtés lors des manifestations. Des déclarations "inacceptables" pour le porte-parole du Ministère des Affaires étrangère français.

Capture d’écran 2011-11-09 à 21.05.16.pngDimanche dernier, au micro de Radio Lisanga Télévision (RLTV), une chaîne privée proche de l'opposition, Etienne Tshisekedi a appelé ses partisans à "corriger" désormais les militants des autres partis de la majorité présidentielle et invité les membres de son parti à "casser les portes des prisons pour en libérer les détenus de l’opposition". Le candidat de l'UDPS s’était également "autoproclamé Président de la République de RDC"… des propos qui ont beaucoup choqué à Kinshasa.

Le porte-parole du Ministère français des Affaires étrangère a estimé que ces propos étaient "inacceptables" et "nuisent au déroulement serein du processus électoral". La France a appelé les candidats à l'élection présidentielle à "proscrire tout appel à la violence. Chaque candidat doit être conscient que ses paroles et ses actes engagent sa crédibilité internationale et sa responsabilité".

Réagissant à l'interdiction d'émettre d'une semaine de la RLTV par le gouvernement congolais, la France a rappelé son "attachement à des élections libres, transparentes et pacifiques en RDC. à cet égard, la liberté de la presse est un élément essentiel d'un scrutin libre et transparent".

08 novembre 2011

RDC : Un blog suivra les élections en direct de Bukavu

Deux jeunes journalistes belges viennent de lancer "Local Voices", un blog qui vous fera vivre les prochaines élections en République démocratique du Congo (RDC), de l'intérieur, auprès des populations locales. François Van Lierde et Alexis Bouvy se sont installés, le temps des élections, à Bukavu, dans l'Est du pays, une région encore durement touchée par la guerre. Une initiative originale qui propose un autre regard sur les élections en RDC, du lancement de la campagne à l'annonce des résultats.

Image 4.pngLes premiers articles sont en ligne. Photos, témoignages sonores, récits... "Local Voices" constitue un véritable "plongeon, au coeur des élections congolaises". Les deux journalistes ont "humé" l'ambiance de la campagne électorale à Bukavu, puis se sont rendus dans les bureaux de la Commission électorale (CENI) et enfin au "poste d'Etat" de Bunyakiri, à 75 km de la capitale provinciale du Sud-Kivu. Ces premiers reportages donne le ton de ce que sera "Local Voices", un projet original de blog.

François Van Lierde et Alexis Bouvy entendent offrir "un témoignage brute, vivant et évolutif des élections en RDC telles que vécues par les communautés à la base, en milieu rural, dans la province du Sud-Kivu." Au fil des articles sur internet, "Local Voices" souhaite expliquer "toute la complexité de ce processus électoral ainsi que la diversité de ses acteurs (...) et entend rendre la parole à ceux qui vivent et font les élections, à savoir ces millions d’électeurs évoluant en milieu rural."

Un beau projet journalistique et citoyen qui tranche avec l'information "formatée" qui sera renvoyée par les médias internationaux à propos des élections congolaises. Un site à visiter de tout urgence :  www.localvoicescongo.com (*)

(*) Local Voices - Congolese Communties Speak About Elections est un projet mené en partenariat avec l’Action pour la Paix et la Concorde (APC), l’Association des Femmes et des Médias du Sud-Kivu (AFEM), Info Sud / La Maison de la Presse, et Division 41.

Christophe RIGAUD

RDC : Journée de soutien à Tshisekedi le 12 novembre à Paris

A moins de 3 semaines de la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), l'Union Socialiste Congolaise et plusieurs associations de la diaspora organisent une "Journée porte ouverte" pour soutenir la candidature d'Etienne Tshisekedi (UDPS). Cette journée se tiendra le samedi 12 novembre 2011 à Saint-Denis, en région parisienne.

Image 3.pngA l'initiative de l'Union Socialiste Congolaise (USC) de Christian Badibangi (qui soutien la candidature d'Etienne Tshisekedi à la présidentielle), plusieurs associations de la diaspora de France organisent une journée de soutien au "candidat n°11" de l'UDPS. Cette journée porte ouverte est co-organisée par l'USC (Tshitshi Tshamala) en collaboration avec Avenir du Congo - Devoir de mémoire (Alain Ndongisila), Dynamique pour le Développement au Congo (DDC) et avec le soutien de Guy Gérard, Chelly Ya Wendo et Mongoli, de la Société Civile Congolaise.

Cette journée porte ouverte aura lieu le Samedi 12 novembre 2011 de 12h00 à 20h00, au 27 rue Charles-Michel à Saint-Denis. Les artistes invités seront : Boketshu 1er, Shoming, Mimy Mavatiku, Olivier Tshimanga, Zorobilel, Elpacha Docha, C-Yahman.

RDC : La campagne de l'UDPS déraille

Confusions et erreurs de communication entourent le démarrage de la campagne électorale d'Etienne Tshisekedi pour la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Si le leader de l'UDPS a réussi sa pré-campagne en imposant son tempo avec des meetings populaires, les explications hasardeuses sur son avion "bloqué" en Afrique du Sud et ses dernières déclarations tapageuses jettent le trouble sur sa future stratégie de campagne.

Image 2.pngEn moins 5 jours, le candidat d'opposition Etienne Tshisekedi (UDPS) vient de brouiller durablement son image présidentielle, après 12 mois d'une pré-campagne sans faute. Depuis son retour au pays en décembre 2010, le patron de l'UDPS avait enchaîné les réussites et gagné tous ses paris : meetings populaires à Kinshasa, tournée impressionnante au Katanga...  avaient fini de crédibiliser sa candidature jusqu'à en faire oublier le handicap de son âge (79 ans). Tshisekedi s'était ensuite livré à un bras de fer musclé avec la Commission électorale (CENI) afin d'obtenir un audit du fichier électorale et l'accès au serveur. Là encore ses manifestations de rues avaient payé et l'UDPS continuait d'imposer son rythme à la campagne en étant omniprésent dans les médias. Tout va bien jusqu'à la veille du lancement de sa tournée dans l'Est du pays, à Kisangani.

Le 2 novembre, la campagne déraille une première fois avec "l'affaire de l'avion". Pour faire simple : Tshisekedi doit atterrir à Kisangani en provenance d'Afrique du Sud, mais l'UDPS, à Kinshasa, annonce que son avion n'a pas l'autorisation de se poser en RDC. Démenti maladroit de l'aviation civile congolaise qui affirme que l'UDPS n'a pas déposé de demande et indique que rien n'empêche l'avion du laeder de l'UDPS de se poser à Kisangani. Moment de flottement à l'UDPS qui accuse "Joseph Kabila" de vouloir d'empêcher Tshisekedi de "battre campagne dans son pays". Puis tout se brouille... et plus personne ne comprend rien. Les différents protagonistes, faute de preuves, ne donnent aucune explications claires : l'UDPS ou la compagnie sud-africaine ont-ils déposé une autorisation d'atterrissage et quand ? Pour quel date ? Quel est le motif du refus ? Et l'aviation civile congolaise, en affirmant que "rien n'empêche" l'atterrissage de l'avion de Tshisekedi, ne dit pas si l'avion a obtenu la fameuse autorisation... et pour quand ?

Le flou ambiant n'est malheureusement pas dissipé par la déclaration (tardive) de l'intéressé lui-même, interrogé par RFI. Etienne Tshisekedi, plutôt confus, déclare que "rien ne l'empêche de quitter" l'Afrique du Sud ! La patron de l'UDPS indique qu'il est retenu par "des préparatifs" de campagne et que "son parti a réagi à de fausses informations, à des bobards". Les "explications" du "vieux" laissent septiques. Qui croire ? Qui raconte des "bobards" ? Pourquoi faire réagir Tshisekedi aussi tardivement ? Et pourquoi ne pas simplement, dès le 2 novembre, expliquer les raisons du retard dans la venue du candidat de l'UDPS à Kisangani. Toutes ces erreurs de communication font un peu désordre, alors que la campagne officielle vient à peine de commencer.

Depuis dimanche, d'autres déclarations d'Etienne Tshisekedi viennent semer le trouble, alors que le leader de l'UDPS est attendu mercredi 9 novembre à Kisangani. En cause, une interview sur Radio Lisanga Télévision (RLTV). Tshisekedi s'y autoproclame "président de la République démocratique du Congo" et appelle ses militants "à attaquer les prisons de la RDC pour libérer des militants de l’UDPS" si les autorités ne les libèrent pas ce mardi. Effet garanti ! Le ministre de la Communication et des Medias de RD Congo, Lambert Mende, a coupé le signal de RLTV et a indiqué à la BBC que "les propos du président de l’UDPS pourraient atteindre le niveau de la « haute trahison » et que les autorités sont « préoccupés au sujet de la santé mentale du leader de l'UDPS".

Si la campagne électorale a bien mal commencé en RDC, avec de nombreuses violences et de multiples affrontements entre majorité, opposition et police, les dernières déclarations d'Etienne Tshisekedi ne vont certainement pas calmer les tensions. Un récent communiqué de presse de l'UDPS dénonçait la violente répression contre l'opposition et la stratégie de la "terre brûlée" du président Joseph Kabila. Une chose est sûre, les propos d'Etienne Tshisekedi sur RLTV jette encore un peu d'huile sur les braises.

Christophe RIGAUD