23 octobre 2011
RDC : Tshisekedi à la conquête de l'Est
A un mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Etienne Tshisekedi entamera le 25 octobre une tournée dans l'Est du pays. Le leader de l'UDPS entendra démontrer une nouvelle fois sa popularité sur des terres généralement acquises au président sortant Joseph Kabila et à son rival de l'opposition Vital Kamerhe. Une tournée cruciale pour le candidat Tshisekedi.
La bataille électorale devrait s'intensifier dans les prochains jours en RD Congo. Après une tournée en Europe et aux Etats-Unis, Etienne Tshisekedi débutera une longue série de meetings électoraux à l'Est, à partir du 25 octobre. Le candidat de l'UDPS à la présidentielle du 28 novembre prochain battra campagne sur les terres de ses deux principaux concurrents : le président Kabila et Vital Kamerhe. Objectif affiché pour le "sphinx de LImete" (le surnom d'Etienne Tshisekedi) : mobiliser ses soutiens à l'Est et prouver une nouvelle fois sa popularité, après ses meetings réussis de Kinshasa et Lubumbashi.
Un double défi attend pourtant Tshisekedi à l'Est de la RDC. Sécuritaire tout d'abord. Les provinces orientales sont encore secouées pour de nombreuses violences. Une dizaine de groupes rebelles sème la terreur et 1,7 million de Congolais sont encore réfugiés. Second défi : mobiliser la population sur des terres qui ne sont pas acquises à l'UDPS. Originaire du Kasaï, Etienne Tshisekedi n'est pas "un homme de l'Est" et doit rivaliser avec deux autres candidats très bien implantés au Nord et au Sud-Kivu : le président sortant Joseph Kabila et son ancien allié passé à l'opposition, Vital Kamerhe.
Tshisekedi compte pourtant sur deux atouts pour s'attirer les foules à l'Est. Le patron de l'UDPS compte d'abord "surfer" sur la vague de mécontentement qui gronde dans la région depuis 2008. Le président sortant, Joseph Kabila, avait en effet promis le retour de la paix à l'Est, pendant la campagne électorale de 2006. Après les accords de Goma et la reddition du CNDP, la population n'a rien vu venir. Les combats se poursuivent toujours entre FDLR, Forces gouvernementales (FARDC), LRA, Mayi-Mayi… les congolais de l'Est sont fatigués de cette guerre sans fin. Pour de nombreux habitants de la région, le bilan sécuritaire de Kabila est donc largement négatif et Etienne Tshisekedi espère bien capitaliser sur le ras-le-bol de la population. Le deuxième atout du candidat de l'UDPS à l'Est s'appelle Valentin Mubake, son conseiller politique, originaire de la région. Depuis plusieurs semaines, Mubake parcours sans relâche l'Est du pays, avec un certain succès populaire. Le conseiller politique de Tshisekedi se présentera d'ailleurs aux législatives dans la circonscription de Bukavu-ville.
En visitant la partie orientale du pays, Thsisekedi sait bien qu'il joue un moment clé de sa campagne. De nombreux observateurs estiment en effet que les élections se gagneront dans les provinces de l'Est, massivement pro-Kabila. Si Tshisekedi arrive à inverser la vapeur… tout devient alors possible. Etienne Thsisekedi se rendra d'abord à Kisangani, puis Buta, Isiro, Bunia, Aru, Bunia, Goma, Beni Butembo, Rutshuru, Bukavu, Kindu, Uvira, Fizi, Shabunda, Kasongo, Kindu, Kalima et Kalemie…Une tournée qui se déroulera sous haute tension, l'UDPS craint en effet les provocations des partisans de Joseph Kabila et Vital Kamerhe.
Christophe RIGAUD
Photo : Etienne Tshisekedi en 2011 à Bruxelles (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
18:24 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)
22 octobre 2011
RDC-Elections : Kamerhe ira jusqu'au bout
Vital Kamerhe (UNC), candidat à la prochaine élection présidentielle de République démocratique du Congo (RDC) vient de signer le code de bonne conduite proposé par la Commission électorale (CENI). En acceptant les règles fixées par la CENI, le candidat de l'UNC vient sans doute d'abandonner l'idée de se désister pour un autre candidat d'opposition. A 1 mois du scrutin, Vital kamerhe semble déterminé à maintenir sa candidature coûte que coûte.
Vital Kamerhe a donc fini par signer. Le leader de l'UNC, ancien président de l'Assemblée nationale congolaise passé récemment à l'opposition a donc accepté le code de bonne conduite fixé par la Commission électorale (CENI). Kamerhe rentre donc dans le rang, à l'inverse du patron de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, qui refuse toujours de signer le document de la CENI, estimant que la bonne tenue et la transparence du scrutin ne sont pas garanties par la Commission électorale, présidée par Daniel Ngoy Mulunda, un proche du président sortant Joseph kabila. Irrégularités, retard dans le processus électoral, refus de l'accès au serveur informatique… les raisons ne manquent pas pour l'opposition de s'opposer à la CENI.
Dans un communiqué de l'UNC, Vital Kamerhe espère que la CENI fera preuve "d'impartialité" et fera "respecter les règles du jeu démocratique". Le candidat de l'UNC affiche donc une certaine confiance dans la Commission électorale, indiquant cependant dans un document adressé "aux autorités", un certain nombre de "préoccupations et de correctifs qui seront pris en compte pour améliorer la fiabilité du processus électoral."
En signant le code de bonne conduite électoral, Vital Kamerhe vient de passer un cap important dans sa candidature à la magistrature suprême : celui du point de non-retour. Il semble en effet évident qu'à ce stade de la campagne électorale, à seulement 1 mois du scrutin, Vital Kamerhe est bien décidé à maintenir sa candidature. Il n'y a donc plus aucune chance d'assister au désistement de Vital Kamerhe pour un autre candidat de l'opposition, que ce soit Etienne Tshisekedi (UDP) ou Léon Kengo (UFC). Adieu donc au candidat unique. Pendant plusieurs mois, les leaders de l'opposition ont joué au chat et à la souris, sans jamais trouver de terrain d'entente, si ce n'est le partage des postes une fois au pouvoir. Trop de différences opposent Kamerhe, Tshisekedi et Kengo : l'âge, le parcours, l'idéologie, le programme, les réseaux, la diaspora, les guerres multiples, l'influence des pays voisins… Difficile donc dans ces conditions de s'accorder.
Il y aura trois candidats "poids lourds" dans l'opposition le 28 novembre prochain pour disputer le siège au président Kabila : Etienne Tshisekedi, qui possède une longueur d'avance dans la mobilisation populaire, Vital Kamerhe, qui a su s'imposer dans le paysage politique de l'opposition en quelques mois et Léon Kengo, qui est venu jouer le trouble-fête de dernière minute. Le seul à pouvoir se satisfaire de la situation s'appelle Joseph Kabila. Le président sortant apparaît sûr de sa réélection, grâce à un atout majeur : le scrutin à un seul tour, qui ne permet plus à l'opposition de se rassembler au deuxième tour.
Cependant, rien n'est jamais joué à l'avance dans une élection. Les chutes consécutives des régimes Ben Ali, Moubarak et dernièrement de Kadhafi ont donné un élan supplémentaire aux différents opposants africains. Un élan populaire qui pourrait se traduire dans les urnes dans différents pays… et notamment en République démocratique du Congo (RDC).
Christophe RIGAUD
Photo : Site internet de l'UNC "Vital Kamerhe président"
15:19 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (22)
20 octobre 2011
RDC : Ndongala arrêté, Fayulu agressé par la Police
Pour la quatrième fois, l'opposition congolaise a été violemment réprimée par la police et empêchée d'accéder au centre-ville de Kinshasa. L'opposition dénonce de nombreux passages à tabac et des arrestations arbitraires. Eugène Diomi Ndongala, le président de la plateforme USA de l'opposition aurait été arrêté et Martin Fayulu de l'Ecidé et proche d'Etienne Tshisekedi aurait été agressé par la police.
Et de quatre. Comme maintenant tous les jeudis, l'opposition congolaise (UDPS et alliés) a souhaité manifester à Kinshasa pour demander des élections transparentes et l'accès aux serveur électoral de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Des élections générales doivent en effet se tenir le 28 novembre prochain en République démocratique du Congo (RDC). Ce jeudi, en fin de matinée, les militants de l’opposition ont été victimes une nouvelle fois de violences, de passages à tabac et arrestations arbitraire de la part de la police congolaise (PNC). Fortement déployée nombreux au centre ville de Kinshasa, la police a empêché l’afflux des manifestants en provenances des différents quartiers de la capitale de converger vers le centre-ville.
Dans un communiqué, l'opposition signal "plusieurs blessés ainsi que l’enlèvement par la police du Président de la plateforme politique USA, Union Sacrée pour l’Alternance, Eugène Diomi Ndongala, qui était en tête des manifestants." L'opposition affirme également que Martin Fayulu, l'un des hommes fort de la campagne d'Etienne Tshisekedi aurait été agressé par la police congolaise et serait maintenant "en sécurité".
L’opposition politique congolaise manifeste "son indignation" dans un communiqué et dénonce "la violation systématique des libertés publiques de la part des forces de l’ordre, lesquelles continuent à brutaliser sans raisons valables les manifestants de l’opposition qui réclament la tenue d’ élections libres, transparentes et démocratiques."
Une question se pose : les manifestations d'opposants au président sont-elles interdites dans la capitale ? Officiellement non, selon les autorités congolaises. Mais sur le terrain, la police nationale réprime systématiquement le moindre rassemblement, empêchant donc toute manifestation... ce qui revient au même. La tension est donc encore montée d'un cran aujourd'hui à Kinshasa entre opposition et majorité, à seulement 1 mois des élections.
Christophe RIGAUD
17:25 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (14)
19 octobre 2011
RDC-Elections : L'UE dépêchera 147 observateurs
L’Union européenne enverra une mission d’observation électorale (MOE-UE) à l’occasion des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC). La mission sera composée de 147 observateurs et évaluera les préparatifs pré-électoraux et la campagne électorale sur l’ensemble du territoire. L'UE observera le scrutin, ainsi que le dépouillement, la publication des résultats et les procédures de dépôt de plaintes.
Dans un communiqué, Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, a estimé que «les deuxièmes élections législatives depuis l’entrée en vigueur de la Constitution, en 2006, revêtent une importance capitale pour la consolidation du processus de stabilisation en RDC et dans la région.» Catherine Ashton note que ces élections «offrent à l’ensemble des parties prenantes la possibilité de promouvoir leur vision d’avenir de la RDC de manière pacifique et constructive et au peuple congolais la faculté d’exercer son droit fondamental à choisir la façon dont les affaires publiques seront conduites pour les années qui viennent. Elles sont aussi l’occasion pour les autorités congolaises responsables de la préparation des élections de renforcer le caractère démocratique du régime politique en organisant un processus électoral ouvert à tous, crédible, transparent et pacifique.»
L'UE précise que cette mission d'observation électorale sera dirigée par la parlementaire européenne Mariya Nedelcheva. Une première équipe d’experts est arrivée en RDC le 8 octobre. Catherine Ashton annonce également que «la mission présentera ses premières conclusions à Kinshasa, dans les jours qui suivront la fin des élections. La mission restera en RDC afin d’y préparer un rapport complet, contenant notamment des recommandations pour l’amélioration du futur processus électoral.»
L’UE soutient l’organisation des élections en RDC grâce à une contribution de 47,5 millions d’euros et aide à renforcer la sécurité des élections au moyen d’une enveloppe supplémentaire de 2 millions d’euros.
17:11 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
RDC : Kabila entre en campagne
Pour sa première conférence de presse depuis 2 ans, Joseph Kabila est apparu très confiant quand à sa réélection à la tête de la République démocratique du Congo (RDC). Le président congolais a affirmé être "sûr et certain" de ne pas perdre le scrutin, mais qu'il laisserait la place en cas de défaite. La campagne électorale est donc lancée.
Le 28 novembre prochain, des élections générales sont prévues en République démocratique du Congo (RDC). Un scrutin à tour unique qui se tiendra en même temps que les législatives. Alors que la campagne officielle démarre le 28 octobre, le président sortant, Joseph Kabila, candidat à sa succession a donné sa première conférence de presse. Très timide et peu charismatique, le chef de l'Etat congolais est peu coutumier de l'exercice. Mais ce mardi à Kinshasa, Joseph Kabila est apparu très offensif et surtout très confiant sur sa possible réélection.
"Sûr et certain de ne pas perdre" le scrutin, le président Kabila a aussi confirmé qu'il se retirait en cas d'échec. Joseph Kabila a également appelé les Congolais "à la vigilance et à la discipline" pour la tenue des élections "démocratiques, transparentes et apaisées afin qu'on puisse continuer à reconstruire et moderniser le pays ." Le président Kabila a aussi affirmé qu'il n'y a "aucun problème pouvant empêcher les Congolais d'aller aux élections", avant d'ajouter : "en 2006, il y avait plus des problèmes que maintenant, mais nous avons pu organiser des élections crédibles, démocratiques et transparentes." Un tacle à l'opposition et notamment à l'UDPS d'Etienne Tshisekedi qui réclame la transparence du scrutin en demandant l'accès au fichier électoral. Pour Joseph Kabila il y a en effet "beaucoup des partis politiques qui ont peur des élections" et estime que l'audit du serveur central réclamé par l'opposition est un "prétexte" pour contester le scrutin.
Si pour le président sortant, "tout va bien", de nombreuses ONG estiment que la situation est préoccupante. Le Centre Carter (une ONG américaine) se dit très inquiet par les difficultés rencontrées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Divers problèmes, notamment la publication tardive des listes électorales, la confection et l’acheminement du matériel, font peser une menace sérieuse pour la tenue de ces élections à la date prévue. Jusque là, la CENI maintien la date du 28 novembre pour les deux scrutins (présidentielle et législatives), même si un report des élections législatives pourrait être envisagé à une date ultérieure.
Christophe RIGAUD
15:30 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (10)
17 octobre 2011
RDC : 18.386 candidats à la députation
Avec deux semaines de retard, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de République démocratique du Congo (RDC) vient de publier la liste définitive des candidats aux législatives. Ils seront 18.386 sur la ligne de départ, pour seulement 500 sièges à pourvoir. Mais à un mois et demi du scrutin, l'incertitude plane toujours sur la date des élections législatives.
Un chiffre record pour une élection encore incertaine. La Commission électorale congolaise (CENI) a publié vendredi 14 octobre, la très attendue liste définitive de candidats aux élections législatives. Si plus de 19.000 candidats s'étaient enregistrés au départ sur la liste provisoire, la CENI a procédé au "nettoyage" des listes pour ne retenir "que" 18.386 candidats. Un chiffre record de candidatures, qui n'est pas sans poser d'importants problèmes logistiques, à seulement 1 mois et demi du scrutin.
La CENI maintient pour l'instant la tenue des législatives le 28 novembre prochain, mais les retards s'accumulent. Le fabricant allemand d'urnes électorales s'est désisté au dernier moment. La CENI s'est donc adressée à un prestataire chinois sans savoir si cette société tiendra les délais. Il y a ensuite la fabrication des bulletins de vote. Au vu du nombre de candidats, la taille des bulletins pose problème (il fait parfois imprimer un centaine de noms sur le bulletin). Et enfin, dernier point d'interrogation : la MONUSCO qui surveillera et protégera le scrutin, n'est pas dans l'obligation de transporter la logistique électorale (comme c'était le cas en 2006). Si la CENI affirme qu'il n'y aura pas de retard, de nombreux observateurs penchent pour un "découplage" des deux scrutins et le report des élections législatives à une date ultérieure.
Christophe RIGAUD
11:42 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)