13 octobre 2011
RDC : Retard dans l'audit du fichier électoral
A moins de 50 jours des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC), l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) se dit "préoccupée du retard pris par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour organiser l’audit du fichier électoral. Le 19 septembre dernier, le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, avait pourtant renouvelé sa promesse de faire accéder les délégués des partis politiques au fichier électoral.
A quelques semaines semaines du scrutin, la tension monte entre la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la société civile. Dans un communiqué, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) s'inquiète du retard dans l'organisation de l'audit du fichier électoral demandé par les différents partis politiques de l’opposition et les organisations de la société civile. L’organisation note que "malgré les multiples promesses faites par cette institution et plusieurs marches publiques organisées par les partis politiques de l’opposition, l’audit du fichier électoral se fait toujours attendre sans raison objective sérieuse."
L’Asadho indique également que dans son rapport sur l’observation des opérations de révision du fichier électoral publié en août, elle avait "identifié plusieurs irrégularités qui avaient entouré l’inscription des électeurs sur les listes électorales et avait demandé que la Céni fasse auditer le fichier pour rassurer toutes les parties prenantes."
L’ONG estime donc urgent que la CENI organise effectivement l’audit du fichier électoral. Le temps presse, les élections étant fixées au 28 novembre prochain.
Christophe RIGAUD
10:47 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
Rwanda : L’ex-magistrat Manasse Bigwenzaré ne sera pas extradé
La cour d’appel de Versailles a refusé mardi 11 octobre l’extradition de l’ancien magistrat rwandais, Manassé Bigwenzaré, visé par un mandat d’arrêt international pour génocide : il vient d’acquérir la nationalité française !
« Génocide, entente en vue de commettre le génocide, complicité de génocide, participation à des crimes contre l’humanité » : tels sont les principaux chefs d’accusation qui figurent dans la « requête d’extradition » signée par le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga et qui vise le Bouffemontois Manassé Bigwenzaré, 76 ans. Les accusations portées contre Manasse Bigenware sont graves. Comme président du tribunal cantonal de Murambi, à l’Est du Rwanda en 1994, il a été jugé pour avoir organisé un massacre de Tutsis dans sa commune (le génocide contre les Tutsis a causé en trois mois près d’un million de morts). Le 24 juillet 2007, Manasse Bigenware a été condamné au Rwanda à la réclusion à perpétuité. Par contumace, car l’homme avait fui son pays après le génocide pour se réfugier en France, d’abord dans l’Essonne puis à Bouffemont, où il loue un appartement dans une résidence pour retraités. Il a obtenu sa carte de réfugié politique en France le 31 décembre 2003.
Complice de l’ancien bourgmestre Gatété ?
Selon Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR, une ONG qui traque les présumés génocidaires réfugiés en France et qui est à l’origine de la plainte à Pontoise contre Bigwenzaré), le Bouffemontois aurait pris part au massacre de Tutsi dans une église, en compagnie de l’ancien bourgmestre Gatété, alors directeur au ministère de la Promotion féminine, qui vient d’être condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) : « Nous disposons d’éléments solides sur son implication de massacres de la paroisse et de l'hôpital de Kiziguro le 11 avril 1994, et d'avoir livré à la mort deux de ses proches à la barrière de Kwangire ».
Un retraité tranquille de Bouffemont
L’homme réside discrètement avec son épouse à Bouffemont, à 28 km au nord de Paris,. Il avait été repéré par Alain Gauthier pour avoir signé une pétition en faveur de Ségolène Royal lors des élections présidentielles de 2007 (lire encadré).
La cour d’appel de Versailles a refusé mardi dernier 11 octobre son extradition vers le Rwanda. La carte de réfugié qui lui a été accordée en 2003 rend impossible son extradition vers son pays d’origine. Qui plus est, Bigwanzare a été naturalisé français le 22 juin 2010.
En septembre 2010, la cour d’appel de Versailles avait déjà refusé l’extradition d’un autre Rwandais, le docteur Eugène Rwamucyo, arrêté quelques mois plus tôt à Sannois (Val-d’Oise) en vertu d’un mandat d’arrêt international. Dans son cas, les magistrats français avaient invoqué les lacunes du système judiciaire rwandais, pourtant considéré comme fiable par le Tribunal pénal international, émanation de l’ONU. Exerçant en France, le docteur Rwamucyo aurait pu se voir jugé en France… s’il n’avait pris la fuite vers la Belgique après le refus de son extradition.
François MOLYNEUX
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Repéré pour avoir signé une pétition en faveur de Ségolène Royal !
« Ségolène Royal est désormais la candidate d’un large rassemblement de toutes les forces du changement. Martine Vialas (Parti Communiste Français), Michel Lacoux (Mouvement Républicain et Citoyen), les Verts, mais aussi des personnalités Bouffémontoises reconnues comme Pierre Péan et plus de 250 Bouffémontois appellent à voter Ségolène Royal et à faire barrage à Nicolas Sarkozy ! »
C’est pour avoir signé cette pétition à la veille du second tour de la présidentielle de 2007 que Manassé Bigwenzaré a été repéré sur internet par Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR),. Le Rwandais de Bouffemont figurait en bonne place aux côtés du maire socialiste de Bouffemont, Claude Robert, et de l’écrivain Pierre Péan, ségoliniste militant, qui réside à Bouffémont et qui présente Manassé Bigenzwaré comme son ami..
A Bouffemont, les ardents supporters de la candidate socialiste à la présidentielle de 2007 s’étaient agités pour faire signer des familles bouffémontoises au complet. S’étaient-ils montré suffisamment regardants sur la qualité des signataires ? Et leur capacité à comprendre ce qu’ils signaient ? Brièvement interpellé en mai dernier par la gendarmerie de Bouffemont et présenté au Procureur général de Versailles, Manassé Bigwenzaré avait argué sa mauvaise pratique du français pour demander un report de son audition avec un interprète !
La fiche de recherche Interpol de Manassé Bigwenzaré est accessible à n’importe quel internaute :
http://www.interpol.int/public/Data/Wanted/Notices/Data/2009/82/2009_10882.asp
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10:22 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (3)
12 octobre 2011
RDC-Elections : Retour du découplage ?
Les différents retards dans l'organisation des élections présidentielle et législatives du 28 novembre prochain en République démocratique du Congo (RDC) laissent entrevoir un possible découplage du scrutin. Prévues le même jour que la présidentielle, les élections législatives pourraient être reportées. En cause : les 20.000 candidats qui se sont présentés à la députation. Un record qui perturbe la logistique électorale à moins de 50 jours du scrutin.
A quelques semaines des élections, fixées au 28 novembre prochain, on reparle donc du découplage du scrutin. Si le calendrier de la présidentielle devrait être tenu, celui des législatives paraît plus incertain que jamais. Les multiples retards accumulés par la Commission électoral congolaise (CENI) et l'importance du nombre de candidats à la députation (plus de 20.000) sont les principales raisons qui pourraient provoquer le report des législatives en RD Congo.
Des retards qui s'accumulent
Premier retard : les listes définitives pour la députation devaient être rendues publiques 30 jours avant le début de la campagne (fixée au 28 octobre)... et ce n'est toujours pas le cas. Deuxième retard : le fabricant allemand d'urnes électorales s'est désisté au dernier moment. La CENI s'est donc adressée à un prestataire chinois. Question : tiendra-t-il les délais ? Troisième retard : la fabrication des bulletins de vote. Au vu du nombre de candidats pour les législatives, la taille (gigantesque) des bulletins pose problème. Et enfin, dernier point d'interrogation : la MONUSCO qui surveillera et protégera le scrutin, mais n'est pas dans l'obligation de transporter la logistique électorale (comme c'était le cas en 2006). Question : qui transportera le matériel ?
De nombreux observateurs penchent donc pour le découplage des deux scrutins et le report des élections législatives à une date ultérieure. Un report qui pourrait bien faire l'affaire du président sortant, Joseph Kabila. Car s'il est réélu à la présidence de la République le 28 novembre, Joseph Kabila n'est pas sûr d'avoir une majorité à l'Assemblée nationale. Un risque que disparaîtrait donc si les législatives se déroulent après la présidentielle, où généralement l'électeur donne au président la majorité dont il besoin à l'Assemblée.
Christophe RIGAUD
11:43 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (4)
RDC : Kamerhe prêt à rencontrer Tshisekedi
Après leur rendez-vous manqué aux Etats-Unis, Vital Kamerhe et Etienne Tshisekedi pourraient se rencontrer à Kinshasa. C'est du moins ce que souhaite le président de l'UNC, Vital Kamerhe dans un communiqué. Les deux leaders de l'opposition congolaise sont candidats à la prochaine présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) et sont en pourparler pour désigner une candidature unique à ce scrutin.
Dans un communiqué de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe réaffirme sa "disponibilité" à rencontrer le responsable de l'UDPS, Etienne Tshisekedi. Les deux responsables politiques congolais devaient se voir à Bruxelles, puis Montréal et enfin aux Etats-Unis, mais des problèmes d'agenda avaient empêché la rencontre. "De retour au pays", Vital Kamerhe souhaite donc "rencontrer quiconque s'inscrirait dans le schéma de la recherche d'un candidat commun de l'opposition". Au passage, le président de l'UNC rappelle que son parti n'a "consacré aucun autre candidat comme étant commun à l'opposition"... une petite pique vers Léon Kengo (UFC) qui s'était auto-proclamé candidat unique de l'opposition, en créant sa plateforme politique : FORECO. Il y a aujourd'hui toujours 3 candidats de l'opposition à la prochaine présidentielle : Etienne Tshisekedi (UDPS), Vital Kamerhe (UFC) et Léon Kengo (UFC). La recherche d'une candidature unique reste toujours un objectif indispensable à l'opposition si elle souhaite remporter cette élection. Le scrutin ne comptera effectivement qu'un seul tour, au lieu de deux.
Christophe RIGAUD
09:58 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
11 octobre 2011
RDC : Quel bilan pour Kabila ?
Le 28 novembre 2011, la République démocratique du Congo (RDC) élira son prochain président de la République. Candidat à sa propre succession, Joseph Kabila a récemment défendu son bilan "positif" à la tête de la RDC. Stabilisation macro-économique, rétablissement de la paix ou "5 chantiers"... En réalité, son bilan est bien plus contrasté.
Dans quelques semaines les électeurs congolais devront choisir leur prochain président de la République pour les 5 années à venir. Si l'on ne connaît pas encore précisément le programme des différents candidats (la campagne officielle commence dans quelques semaines), le bilan du premier quinquennat de Joseph Kabila constituera sans doute le principal objet de débat de cette élection. Positif pour la Majorité présidentielle (MP) ou négatif pour les différents opposants, essayons d'y voir plus clair.
Sur le plan politique
Joseph Kabila affirme avoir ancré le pays dans un processus de pacification et de démocratisation durable. Dit-il vrai ? Oui, dans une certaine mesure. En 10 ans et de manière chaotique, la RDC a tout de même su passer d'un pays en guerre à un Etat en situation de post-conflit. Au crédit de Joseph Kabila : le Dialogue intercongolais, la gestion du « 1+4 » et la mise en place des élections de 2006 "venues mettre fin à une longue période d’illégitimité". Quoi qu'on en dise, il s'agit sans doute d'un des points forts de son passage à la tête de l'Etat. L'opposition regrette juste que le chef de l’Etat soit "le fruit de la volonté de la communauté internationale. Tout ce qui se fait au Congo doit d’abord être approuvé par la communauté internationale", note Valentin Mubake de l'UDPS.
Sur le plan sécuritaire
C'est l'un des points faibles du bilan Kabila. Si le président congolais note des "résultats remarquables" dans le cadre "des actions menées à la fois contre les Fdlr, la Lra et le Nalu d’un côté et, de l’autre, contre les groupes armés réfractaires aux accords de Goma", la situation sécuritaire est loin d'être stabilisée sur le terrain. L'Est du pays grouille de groupes armés, il y a plus d'1,7 millions de réfugiés et la RDC est devenu tristement célèbre pour l'explosion du nombre de viols ( 1.152 par jour !). L'armée étant peu, voire pas payée, stabiliser l'Est du pays relève de la gageure.
Sur le plan économique
Le bilan est plus mitigé. Si le cadre macroéconomique du pays a été consolidé, notamment avec l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative-PPTE et la dette ramenée de 13 à 3 milliards Usd, la vie quotidienne des Congolais ne s'est pas améliorée. Avec un budget "lilliputien" de 5,9 milliards d'euros, l'Etat congolais n'a pas fait de miracle. La promesse de l'accès à l'eau, à l'électricité, à l'éducation aux moyens de transports, à la santé est restée lettre morte. Hausse des prix, salaires en berne, franc faible... une étude économique démontrait récemment que l'on vivait mieux au Zaïre en 1990, qu'en RDC en 2011. Joseph Kabila avait pourtant axé son quinquennat sur les travaux d'infrastructure au travers des fameux "5 chantiers". Si le bilan du "chef de chantier" Joseph Kabila n'est pas nul : 54.000 km de routes d’intérêt général, 6.000 km réhabilités, 1.200 km de voirie urbaine, des ponts, des bacs, des vedettes et des bateaux ont été achetés et dispatchés en province... ces réalisations ne sont perçues par les Congolais que comme du "saupoudrage", dans ce pays-continent grand comme 5 fois la France.
Sur la gouvernance
Si Joseph Kabila brandit la "tolérance zéro", la corruption et l’enrichissement illicite ont atteint des proportions inquiétantes en RDC. Dans tous les classements mondiaux, le pays fait parti des pays "à risque" pour les investisseurs, avec un indicateur du "climat des affaires" très dégradé.
Sur les Droits de l'Homme
C'est incontestablement le point noir du bilan du président Kabila. Son mandat a été marqué par de graves violations des Droits de l’Homme. Le cas le plus emblématique étant l'assassinat du célèbre militant des Droits de l'Homme, Floribert Chebeya. Il y a aussi les journalistes tués (8 en 6 ans) ou simplement intimidés par les agents des services de renseignements congolais (ANR) ou encore les opposants emprisonnés ou les partis politiques interdits, comme le Bundu dia Kongo (BDK). Le cas du jeune Armand Tungulu, "jeteur de pierre" sur le convoi présidentiel et retrouvé pendu dans sa cellule après son arrestation, finit de jeter le trouble sur les méthodes "musclées" de la police congolaise.
En résumé, les 5 années du mandat Kabila ont réussi à stabiliser le cadre macroéconomique du pays aux yeux des principaux bailleurs de fonds. C'est important parce que la RDC peut de nouveau demander le soutien économique de la communauté internationale... et c'est plutôt une bonne nouvelle. Mais c'est insuffisant, parce que cela n'a pas suffit à améliorer le quotidien des Congolais. En cause, les recettes qui ne rentrent pas dans les caisses de l'Etat malgré d'importantes richesses minières, forestières et hydrauliques. Sans argent dans les caisses, la marge de manoeuvre du gouvernement est donc trop étroite pour avoir les moyens de changer quoi que ce soit dans la vie des Congolais. Est-ce pour autant de la seul faute de Joseph Kabila ? Non. Le pays revient de loin et il paraît difficile de reconstruire un Etat en déliquescence d'un seul coup de baguette magique. Mais là où le président Kabila a raté son mandat, ce sont sur les bonnes pratiques de gouvernance : le régime autoritaire de Kinshasa et ses multiples entorses aux Droits de l'Homme n'a pas progressé d'un iota dans ce domaine pendant ces 5 dernières années. Pire, le régime s'est raidi... au point de réprimer systématiquement la moindre manifestation de l'opposition. Une présidence autocratique qui entache le premier mandat de Joseph Kabila.
Le prochain président de la République démocratique du Congo (RDC), Kabila ou un autre, aura donc du pain sur la planche. Un Etat entier est encore à reconstruire. En attendant, les Congolais s'impatientent de plus en plus. Avec une question dans la tête : pourquoi leur pays est si riche et eux... si pauvre ?
Christophe RIGAUD
Photo : Joseph Kabila au mur de la Miba à Mbuji Mayi en 2006 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
21:12 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (14)
RDC : L'UE poursuit sa contribution aux élections
L'Union européenne (UE) vient d'annoncer le payement d'une deuxième tranche de 15 millions d'euros dans sa contribution au processus électoral en République démocratique du Congo (RDC). L'aide globale de l'UE sera de 47 millions d'euros. A ce jour, 35 millions d'euros ont déjà été déboursés.
Dans un communiqué, l'Union européenne affirme "continuer d'apporter son appui à l'organisation du processus électoral" en RDC. La République démocratique du Congo (RDC) organise en effet ses élections présidentielle et législatives, le 28 novembre 2011.
Selon l'Union européenne, "plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la France, la Belgique, l'Italie et l'Espagne ont également contribué de manière bilatérale aux efforts de financement des élections, notamment via le fonds commun géré par les Nations unies." L'UE rappelle que sa mission "comprend également l'envoi d'une Mission d'observation électorale en RDC, à partir du 8 octobre 2011, ainsi qu'un soutien à la sécurisation des élections à travers des mesures d'assistance de différents partenaires européens à la Police nationale congolaise et en étroite collaboration avec la MONUSCO."
Christophe RIGAUD
12:29 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)