05 novembre 2010
RDC : Quel avenir pour Laurent Nkunda ?
A la tête de quelques milliers de soldats dissidents, le général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda a défié pendant des années le pouvoir de Kinshasa, qu'il accuse de discrimination contre ses "frères de la minorité tutsi" en République démocratique du Congo (RDC). Après un brusque retournement d'alliance, cet ancien allié de Kigali en RDC est arrêté le 23 janvier 2009 par l'armée rwandaise et détenu en résidence surveillée à Gisenyi au Rwanda. La République démocratique du Congo demande son extradition, mais le Rwanda refuse pour le moment de livrer l'encombrant général congolais, détenteur de beaucoup trop de secrets sur le régime de Paul Kagame.
A tout juste 40 ans, Laurent Nkunda, un homme mince et élancé, au visage émacié, mène une guerre d'usure contre une armée régulière en pleine restructuration, qu'il a souvent mise en déroute et qu'il accuse de connivence avec les rebelles hutus rwandais génocidaires de l'Est de la RDC. Nous sommes en 2007, le général rebelle fait la une de la presse internationale... dans moins de 2 ans, sa rébellion sera stoppée nette par son allié de toujours : l'armée rwandaise de son ex mentor, Paul Kagame.
Car, comme beaucoup d'autres Tutsis congolais, il a commencé sa carrière militaire dans les rangs du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion tutsie du Rwanda) qui mis un terme en juillet 1994 au génocide perpétré par le régime hutu de Kigali. Après deux ans au sein de l'armée rwandaise, il rejoint au Zaïre voisin la rébellion conduite par Laurent-Désiré Kabila (père de l'actuel chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila) qui destitue le dictateur Mobutu en 1997,avec l'appui de l'armée rwandaise.
En 1998, alors que Kabila père a rompu avec ses anciens alliés, Nkunda devient l'un des commandants du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), une rébellion soutenue par Kigali pendant le conflit régional qui secoue l'ex-Zaïre jusqu'en 2003. Interrogé sur ses liens avec Kigali, Nkunda affirme avec ironie: "Mais nous sommes tous des soldats de l'armée rwandaise, (Joseph) Kabila aussi", rappelant que l'actuel président a été "formé dans le maquis" par James Kabarebe, chef de l'armée rwandaise. Il dément tout appui militaire de Kigali, bien que nombre de ses hommes - estimés à 5.000 par l'ONU - portent un uniforme rwandais et soient équipés d'appareils de communication dernier cri.
Après la guerre, alors que le RCD intègre le gouvernement de coalition à Kinshasa, Nkunda est promu général, mais refuse de prendre son poste, dénonçant une réforme de l'armée fantaisiste ne permettant pas "la réconciliation nationale" promise. "Je n'ai pas choisi de faire la guerre. A l'origine, je devais être infirmier, mais je dois répondre à l'appel des populations menacées", affirme cet enfant du pays, né le 2 février 1967 à Mirangi (Nord-Kivu).
Les années rebelles
C'est en juin 2004 qu'il fait trembler la République pour la première fois en s'emparant brièvement de la capitale du Sud-Kivu, Bukavu, où il affirme défendre ses "frères" tutsis. Déchu de l'armée, il est visé depuis septembre 2005 par un mandat d'arrêt pour des crimes de guerre perpétrés par ses hommes à Bukavu. "Je me battrai tant que les Interahamwe (extrémistes hutus rwandais) seront ici", répète-t-il, se défendant d'oeuvrer à une partition du Congo, débouché naturel pour un Rwanda surpeuplé et pauvre en minerais. "Il y a quelque chose de mystique chez lui. Il est entouré des pires assassins, recrute sans vergogne des enfants, mais est très croyant et est persuadé d'avoir une mission", affirme un expert de la région.
Après les élections de 2006 en République démocratique du Congo (RDC), Nkunda tente une nouvelle fois de déstabiliser l'Est de la RDC. En décembre de la même année, le Burundi l'accuse, ainsi que James Kabarebe (maintenant ministre de la défense du Rwanda) et Salim Saleh, d'avoir fomenté une tentative de coup d’État au Burundi.
2007, l'année de tous les dangers
Le 18 janvier 2007, Nkunda annonce pourtant que ses hommes ont commencé à rejoindre les rangs des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à la suite de négociations menées à Kigali, au Rwanda. Néanmoins, la première moitié de 2007 se caractérise par de nombreux combats à l'Est forçant des dizaines de milliers de civils à prendre la fuite. Laurent Nkunda accepte finalement de "brasser" ses troupes avec les troupes gouvernementales. Les accusations d’occupation de l’Est de la RDC, de pillages de ses ressources et de tentative de déstabilisation du Gouvernement de la République démocratique du Congo s’amplifient de plus en plus durant la première moitié de 2007.
La tension monte encore d’un cran en mai 2007 lorsque Nkunda menace de retirer ses soldats des rangs de l'armée nationale, lorsque la MONUC dénonce publiquement la présence de troupes rwandaises et ougandaises en RDC. Début décembre 2007, une très importante offensive gouvernementale encadrée par la MONUC est lancée contre Nkunda à Mushake et contre son fief. Elle se solde en une dizaine de jours par une sévère déroute et des milliers de morts dans les rangs des troupes gouvernementales congolaises. La MONUC a été accusée d'avoir fait défaut aux troupes gouvernementales. Laurent Nkunda inquiète sérieusement Kinshasa.
2008, Nkunda aux portes de Goma
Le 26 août 2008, Laurent Nkunda lance une nouvelle offensive qui lui permet d'agrandir la zone qu'il contrôle dans le Nord-Kivu et d'amener ses troupes à quelques kilomètres de Goma à fin octobre. L'armée congolaise ayant abandonné la ville, la Monuc n'a pas pu lancer de contre-offensive : son mandat est d'appuyer les autorités officielles congolaises dans leurs efforts pour rétablir leur contrôle sur le territoire national, mais pas de contrer une opération rebelle en soi. Nkunda a cependant renoncé à prendre la ville et a déclaré le 29 octobre un cessez-le-feu unilatéral puis demandé l'ouverture de négociations à Kinshasa.
Le 23 janvier 2009, l'inspecteur général de la police de la République démocratique du Congo annonce l'arrestation de Laurent Nkunda la veille au Rwanda ; le général déchu avait franchi la frontière alors qu'une opération conjointe des forces congolaises et rwandaises reprenaient le contrôle du territoire conquis par le CNDP avant qu'une faction anti-Nkunda ne décide de se rallier au gouvernement de Kinshasa. Laurent Nkunda avait en effet été démis de ses fonctions par un de ses subalternes le 5 janvier, ce qui avait entraîné une scission du CNDP. Depuis lors, Nkunda attend toujours d'être jugé par son allié d'hier... en vain. Le général rebelle est devenu très gênant par Kinshasa comme pour Kigali et le status quo arrange tout le monde... sauf Nkunda qui réclame un procès.
Evasion ?
Ce stratège protestant, marié et père de quatre enfants, savait qu'il "n'était rien sans l'appui de Kigali" et qu'il devrait un jour négocier un exil ou rendre compte pour les crimes de Bukavu et son implication dans la répression sanglante d'une mutinerie à Kisangani (nord-est) en 2002. Pour l'heure son avenir se résume à sa résidence protégée de Gisenyi... à une encablure de la RD Congo voisine.
Selon Joska Kaninda du journal le millénaire, "beaucoup pensent que pour contenter la communauté tutsi et assurer la surveillance des frontières congolaises, le président Kagame aura toujours besoin du soutien de Laurent Nkunda". Mais Nkunda ne peut pas rester pas éternellement en prison.
"Ce tutsi congolais jouit d’une certaine estime de la communauté tutsi de par le monde en plus que ses avocats ne cesseront pas de multiplier des pressions pour obtenir son élargissement. A plusieurs reprises Laurent Nkunda a décliné l’offre d’aller dans un exil doré. Il n’est donc pas exclut que son évasion soit organisée pour qu’il se retrouve à nouveau à l’Est du Congo pour faire le bouchon contre les FDLR" conclut Joska Kaninda.
Christophe Rigaud
22:10 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
RDC-ANGOLA : La guerre des expulsions recommence
L'histoire semble se répéter à nouveau. En 2009 déjà, une polémique avait éclaté autour de l'expulsion de plusieurs angolais du Bas-Congo en République démocratique du Congo (RDC). Puis en mars 2010, l'Angola expulsait à son tour plus de 10 000 congolais. Depuis le mois dernier, la situation semble s'être dégradée à la frontière entre l'Angola et la RDC alors que l'on apprend l'expulsion de plus de 6 000 congolais dans des conditions extrêmement brutales.
L’ONU vient d'alerter la communauté internationale sur la situation de plus de 6 000 congolais en cours d’expulsion d'Angola. Après une période d’accalmie, ces retours forcés ont repris de l’ampleur en octobre. Les expulsés sont en majorité des ressortissants de la RD Congo en situation irrégulière. L'ONU signale de nombreux cas de viols, d’attouchement sexuel et d’extorsion des biens. Plusieurs centaines de personnes sont déjà arrivées dans les localités de Tembo, Kasongo Lunda, Swana Mukanza, Kizamba et Kahemba.
Les motifs d'expulsion sont essentiellement: le séjour illégal, l'activité illicite de creuseur de diamant, la violation des frontières..., d'après les autorités angolaises. Concernant les violences sexuelles, l'Angola affirme que "les femmes expulsées disent toujours qu'elles ont été violées, et les hommes qu'ils ont été extorqués... on connaît la chanson !"
Depuis 2004, plus de 400 000 congolais illégaux ont été expulsés des provinces minières d'Angola dans le cadre de l'opération d'expulsion baptisée "Diamant" .
16:37 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
RDC : A Paris, Kate Stence court pour les femmes congolaises
Sa passion est la course d'endurance mais son combat est aux côtés des femmes congolaises victimes des différents conflits en République démocratique du Congo (RDC). Après les 20 km de Paris, l'américaine Kate Stence participera le 7 novembre aux 6ème Foulées Villenogarennoises dans les environs de Paris aux côtés de nombreux congolais du Team Congo Paris.
L'Américaine Kate Stence participera aux 6ème Foulées Villenogarennoises qui se dérouleront le dimanche 7 novembre 2010 à Villeneuve-la-Garenne, en région parisienne. Une dizaine de Congolais viendront courir à ses côtés en soutien aux femmes et enfants violés en République démocratique du Congo.
Kate Stence est membre de l'équipe parisienne Run for Congo Women, une branche de Women for Women International. Depuis 1993, Women for Women International a aidé des milliers de femmes victimes de la guerre, la guerre civile et d'autres conflits à reconstruire leur vie et à retrouver leur estime de soi.
Les 3 courses des Foulées Villenogarennoises sont ouvertes à tous (professionnels et amateurs) et se dérouleront dans le Parc Départemental des Chanteraines de Villeneuve-la-Garenne.
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03 novembre 2010
RDC : Mbarushimana devra s'expliquer devant la CPI
Le secrétaire exécutif des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), Callixte Mbarushimana, sera donc remis selon toute vraisemblance à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre en République démocratique du Congo (RDC) en 2009. Le rebelle rwandais a toutefois la possibilité de se pourvoir en cassation.
Callixte Mbarushimana aura a répondre de 11 chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, de meurtre, viols, et "persécutions fondées sur le sexe et destruction de propriété" devant la CPI de La Haye. La cour d'appel de Paris vient en effet d'ordonner sa remise à la Cour pénale internationale. Ce responsable des FDLR est accusé d'être impliqué avec son mouvement en 2009 dans plus de 300 viols dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RD Congo.
Les FDLR sont installés l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la fin du génocide rwandais de 1994. D'ailleurs certains éléments FDLR sont recherchés par la justice rwandaise pour leur implication présumée dans le génocide des Tutsi. Ils sont considérées comme l'un des principaux groupes responsables de l'insécurité dans la région des Grands lacs.
16:15 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
01 novembre 2010
RDC : L'offensive de Clément Kanku
Dans un véritable réquisitoire contre le pouvoir congolais, le leader de l'Union pour la Nation (UN) dresse un triste bilan du quinquennat de Joseph Kabila. Pour Kanku, "le Congo se porte plus mal qu’il y a 5 ans et beaucoup plus mal qu’il y a 15 ans".
La presse congolaise le qualifie de "très peiné et fâché", Clément Kanku a présenté récemment une analyse très critique de l'état de la RD Congo. Dans son bilan, le responsable de l'UN parle d'un "climat des affaires délétère alors que la situation politique est incertaine et les droits de l’homme bafoués. Le Congo navigue à vue tel un bateau sans gouvernail" selon Clément Kanku. L'Union pour la Nation lance par la même un appel, pour "que la communauté internationale soit exigeante vis-à-vis de ce gouvernement afin d’assurer une transparence dans la gestion des finances publiques. Autrement, les contribuables des pays donateurs ne comprendront pas que leur argent serve à entretenir des pouvoirs corrompus, comme ce fut le cas sous la triste et célèbre 2ème République".
Clément Kanku en appelle enfin à la "bonne gouvernance, au respect des droits de l’homme et des libertés tant individuelles que collectives et au bien-être des populations".
Il y a plusieurs mois, Jean-Pierre Bemba avait choisi de faire renaître l'Union pour la Nation (UN), sa machine de guerre électorale de 2006 et placait à sa tête un nouvel homme : Clément Kanku. Objectif : réactiver les troupes bembistes en vue des prochaines élections de 2011 en RD Congo. La campagne électorale est donc bel et bien commencée dans le camp Bemba. Reste une question : quel candidat soutiendra l'UN de Kanku si Bemba n'est pas en mesure de se présenter ? Mwamba ? Kamerhe ? Tshisekedi ? ou Kanku lui-même ? Une indication peut-être, révélée par le journaliste de La Prospérité : Albert Moleka, le Porte-parole et Représentant d'Etienne Tshisekedi, assistait à la conférence de presse de Clément Kanku.
Christophe Rigaud
14:05 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : kanku, un, rdc, rd congo, 2011, bemba
RDC : Tshisekedi à Kinshasa début décembre
L'UDPS annonce le retour d'Etienne Tshisekedi en République démocratique du Congo (RDC) début décembre 2010. Le parti d'opposition congolais souhaite couper court à toutes les rumeurs sur l'état de santé de son leader historique et confirme l'arrivée d'Etienne Tshisekedi à Kinshasa entre le 1er et le 3 décembre 2010, soit une semaine avant le début du premier congrès de l'UDPS, révèle l'Observateur.
Rémy Massamba, le coordonnateur principal de la Commission préparatoire du premier congrès de l'UDPS confirme donc la présence d'Etienne Tshisekedi à l'ouverture et à la clôture du congrès en dépit des rumeurs persistantes sur la santé incertaine du sphinx de Limete. Rémy Massamba a enfin estimé le coût du congrès à 280.000 dollars, dont plus de la moitié sont déjà couverts par les différentes fédérations de l'UDPS.
12:01 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)