Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14 novembre 2010

RDC : Munene, vrai rebelle ou imposteur ?

Accusé de vouloir comploter contre le président Kabila, le général Faustin Munene est en fuite depuis le 29 septembre 2010 et suscite toutes les rumeurs sur internet. Dans un message qui lui est attribué, Munene et son Armée de résistance populaire (ARP) revendiquent pourtant les récentes attaques de Kikwit et de Mbandaka en avril dernier. Quel crédit peut-on apporter à cette nouvelle rébellion, essentiellement active… sur internet ?

Faustin Munene.jpgDepuis sa disparition, le 29 septembre dernier, Faustin Munene, reste invisible. Mais le "général fugitif" occupe la toile avec la rigueur d'un métronome : rumeurs autour d'un "coup d'état" contre Joseph Kabila, perquisition de son domicile par la garde présidentielle, création d'un mouvement rebelle, message aux congolais diffusé sur le net et revendications des attaques de Kikwit et Mbandaka (?!)… Faustin Munene est un fugitif hyperactif.

Où se cache Faustin Munene et sa famille ?


Depuis mercredi 29 septembre, ils sont introuvables. Dans la nuit du 29 au 30 septembre, la garde présidentielle aurait investi ses domiciles. Ses trois résidences (3, avenue de la République Ma Campagne, avenue du Flamboyant à la Gombe et celle de la commune de Bandalungwa) auraient été pillées et assiégées par les militaires selon la famille du général Munene.

Que reproche-t-on à Faustin Munene ?

A vrai dire rien, officiellement. A Kinshasa, on évoque pourtant un "complot contre le raïs Joseph Kabila". Sa famille explique que Munene était traqué par les "services" congolais et aurait fui de peur d'être arrêté. Originaire de la province du Bandundu, le général Munene était un proche de Pierre Mulele (rebelle avec Antoine Gizenga en 1961). Après l’assassinat de Mulele par Mobutu, Faustin Munene s'exil en Angola et rentre au pays avec l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, dont il était commandant. Après la chute du régime Mobutu, il occupe le poste de vice-ministre de Kabila en charge de l’ordre public et chef d’Etat-major des Forces armées congolaises. Avec Joseph Kabila, Faustin Munene est nommé Chancelier des ordres nationaux, puis démissionne du poste pour se présenter à la députation à Kinshasa. Munene échoue aux législatives et disparaît de l'actualité congolaise jusqu'à sa fuite fin septembre.

Revendications... sur internet

Faustin réapparaît sur le net par un "message au peuple congolais", revendiquant les dernières attaques de Mbandaka et de Kikwit. Le message est alambiqué et ne porte pas la signature de la main de Munene. Dans ce texte, le général Munene annonce "la création de l'Armée de Résistance Populaire en sigle A.R.P depuis le 04 Janvier 2010, quelque part en RDC".

Ensuite Munene "félicite vivement et cordialement les combattants de la liberté qui ont contribué pour que l'A.R.P s'engage dans les actions concrètes et responsables sur terrain, à l'exemple de l'ops Chebeya 1, attaque de Mbandaka, aéroport ; ops Tungulu 1, attaque du camp militaire Colonel Ebeya à Kikwit." Aucune preuve n'est apportée par Faustin Munene de son implication réelle dans ces attaques… et pourquoi annoncer la naissance de sa rébellion plus de 10 mois après sa création ? Peut-être pour revendiquer l'attaque de l'aéroport de Mbandaka en avril dernier ?

Faut-il prendre le mystérieux général Munene au sérieux ? La presse congolaise reste très dubitative sur le cas  Munene. Le site internet Kongotimes pense plutôt qu'il s'agit d'un rebelle d'opérette : "Faustin Munene doit être désormais un de ces produits commerciaux dont se gavent les militants sur le marché du net. Pas plus. Car, en dehors de tout document portant formellement la signature de Faustin Munene, il n’est pas exclu que le communiqué posté sur le net soit une de ces nombreuses productions d’apprentis révolutionnaires sans encrage réel sur terrain, mais qui abusent des NTIC (nouvelle technologie de l'information et de la communication, NDLR)." Attendons donc des preuves de l'existence réelle de cette nouvelle rébellion sur le terrain et d'un signe de vie du "général fugitif".

Christophe Rigaud

10 novembre 2010

RDC: Les réfugiés d'Equateur devront s'armer de patience

Ils sont encore 115 000 ! Tous réfugiés de République démocratique du Congo (RDC) et installés au Congo voisin après les violences de 2009 dans la province d'Equateur. A l'époque, il fuyaient les attaques des insurgés Enyele contre l'armée et la police congolaises. Selon le HCR, ils ne seront rapatriés qu'à partir d'avril 2011, soit plus d'un an et demi après l'insurrection rebelle.

carte RDC Afrikarabia Dongo.jpgLes autorités congolaises de la RD Congo, de la République du Congo et le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) viennent de fixer à avril 2011 le début du rapatriement volontaire des 115 000 réfugiés de RDC installés depuis fin 2009 dans le nord du Congo après les violences entre rébellion Enyele et forces congolaises.

Les insurgés Enyele avaient commencé leur insurrection fin octobre 2009 dans la localité de Dongo, avant d'atteindre Buburu dans le district du Sud-Ubangi. Les affrontements entre les insurgés Enyele et les FARDC ont fait des centaines de victimes et poussé plus de 150 000 de personnes à se réfugier au Congo-Brazzaville et en République centrafricaine. Les Enyeles revendiquent une large autonomie de la province de l'Equateur. Ils accusent le gouvernement congolais de persécuter les ressortissants de l'Equateur et exigent le départ de l'armée nationale (FARDC).

Un accord a donc été signé entre le deux pays et le HCR, pour débuter le rapatriement volontaire en RDC des 115.000 réfugiés à partir du 20 avril 2011. Mais la population d'Equateur, dénonce les exactions des soldats congolais des FARDC censés les protéger. De nombreux cas de violences, vols, viols ont été relevés… et les congolais craignent toujours le retour des insurgés.

RDC : Le procès Chebeya débutera vendredi

La Cour militaire de Kinshasa donnera le coup d'envoi du procès Chebeya ce vendredi. Sur le banc des accusés : huit policiers congolais dont Daniel Mukalay, le chef des services spéciaux de la police nationale. Les accusés devront répondre du meurtre du militant des droits de l'homme, Floribert Chebeya, le 2 juin dernier.

logo afkrb.pngVendredi, c'est devant une Cour militaire que comparaîtront les huit policiers impliqués dans le meurtre de Floribert Chebeya. Le dossier avait en effet été transféré à la Cour militaire par l’Auditorat général des forces armées de la RDC. Mais pour les associations des droits de l'homme, ce subterfuge juridique permettrait de  "soustraire à la justice" le principal suspect de l'affaire, le chef de la police, le général John Numbi, qui n’est pas justiciable devant cette cour. "Aucun officier de la Cour militaire n’est du grade du général Numbi alors que selon la loi, il ne peut être jugé que par quelqu’un de son rang ou d’un rang supérieur" dénonce Rospin Manketa de l'association Voix des sans voix (VSV).

La veille de son assassinat ainsi que le jour de la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, Floribert Chebeya avait rendez-vous avec l’Inspecteur général de la Police Nationale Congolaise, le général John Numbi. Le Réseau national des ONG des Droits de l’Homme (RENADHOC) a toujours réclamé en vain une commission d’enquête indépendante ainsi que l’arrestation du général Numbi qu’il considère comme le premier suspect dans ce dossier. Pour l'heure, le dossier Chebeya est entre les mains de la justice militaire et donc sous contrôle des autorités congolaises... on est donc loin de la commission d'enquête indépendante réclamée par les ONG.

Militant respecté et connu, président de l'ONG congolaise de défense des droits de l'Homme la Voix des sans Voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, avait été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de la capitale, le lendemain d'un rendez-vous, qui n'a pas eu lieu, avec le chef de la police, le général John Numbi.

Christophe Rigaud