30 octobre 2010
RDC : Le Bundu Dia Kongo contre des "élections mascarades"
Revoici le Bundu Dia Kongo (BDK) ! A l'approche des prochaines élections de 2011, le mouvement politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi, rebaptisé Bundu Dia Mayala (BDM), est de plus en plus offensif sur le terrain. Afrikarabia a pu se procurer les tracts distribués par le BDK en République démocratique du Congo. Dans ces textes, le mouvement séparatiste du Bas-Congo y dénonce les fraudes à la carte d'identité, les mécanismes d'une tricherie généralisée, ainsi que l'interdiction du BDK en 2008 par le gouvernement congolais après les violences de 2007. Voici les dernières prises de position de Ne Mwanda Nsemi sur le prochain scrutin de 2011.
Interdit depuis 2008, le BDK est accusé par le gouvernement de Kinshasa d'avoir mis à feu et à sang la province du Bas-Congo dans des affrontements très violents avec la police. Le BDK affirme avoir été victime d'une répression féroce des autorités congolaises : au moins cent personnes sont mortes durant ces violences. Il faut dire que le BDK fait peur à Kinshasa. Le parti politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi prône en effet la restauration de l'ex-royaume Kongo qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.
Après les insurrections de 2007 et 2008 au Bas-Congo, le BDK a été radié de la liste des partis politiques agréés par la République démocratique du Congo (RDC). Depuis, une nouvelle structure a vu le jour : le Bundu Dia Mayala (BDM). Ce parti représente l'aile politique du BDK de Ne Muanda Nsemi, toujours membre du Parlement national congolais. Au Bas-Congo, les réunions du BDM sont interdites par le gouverneur de la province et le non-agrément du BDK par Kinshasa, place de fait les adeptes du mouvement dans une semi-clandestinité. Depuis cet été, de nombreux tracts du mouvement circulent au Bas-Congo et à Kinshasa. Un membre du BDK en France, Ernest Diangenda Mayonga a fait parvenir à Afrikarabia les dernières publications de Ne Muanda Nsemi.
Les "mécanismes de la tricherie"
Dans les derniers numéros de "Kongo dieto", le journal du BDM, Ne Muanda Nsemi note qu'il est important, "avant les prochaines élections en RDC d'organiser un recensement méticuleux de la population. Il est impossible d'organiser des élections crédibles et valables sans l'identification des nationaux et des étrangers. Avant les élections de 2006, Bundu Dia Kongo et l'UDPS avaient exigé ce recensement de la population, mais Monsieur Louis Michel de l'Union européenne avait catégoriquement refusé car il tenait coûte que coûte d'installer l'actuel régime au pouvoir au Congo." Ne Muanda Nsemi dénonce ensuite les "mécanismes de tricherie" mis en place par le pouvoir en place :
- l'utilisation de l'argent du Trésor public de l'Etat congolais dans l'implantation de leurs partis et dans leurs propagandes électorales,
- l'utilisation à leur service exclusif de la chaîne de télévision nationale, la RTNC, au service de la propagande des tenants du pouvoir et à l'exclusion des vrais opposants congolais,
- la violation de la Constitution et des lois du pays au sujet de la libre concurrence dans le multipartisme, du recensement de la population et de l'identification des étrangers avant les élections,
- l'appel à des milliers de non-Congolais qu'on enrôle frauduleusement pour qu'il viennent participer aux élections afin de faire basculer les résultats en faveur des fraudeurs,
- la mise sur pied de certains mécanismes discriminatoires et d'exclusion de certains groupements. Alors que le régime en place interdit au parti politique BDM de Ne Muanda Nsemi et à d'autres partis politiques de l'opposition à se réunir dans leurs sections respectives, soit disant que le temps de la campagne électorale n'a pas commencé : le PPRD et tous ses partis alimentaires ont déjà commencé leurs campagnes électorales pour les élections de 2011,
- l'armée, la police et l'ANR (services de renseignements congolais, ndlr) qui sont sensées être au service de tous les partis politiques travaillent uniquement au service du parti des tenants du pouvoir et cela, contre les partis de vrais opposants,
Et Ne Muanda Nsemi de conclure : "sans un concours sincère de la communauté internationale, les élections prévues pour 2011 ne seront pas de vraies élections, mais simplement une mascarade qui risque d'attiser le mécontentement qui replongerait ce pays dans une instabilité chronique."
Enfin, comme un dernier clin d'oeil, Ne Muanda Nsemi évoque les "grandes personnalités, populaires et aimées" des Congolais. Dans cette liste dressée par le "grand maître" du BDK, Ne Muanda Nsemi s'y donne une place de choix aux côtés d'Etienne Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe… tous trois probables futurs candidats aux élections de 2011 en RD Congo. Reste une question en suspend : Ne Muanda Nsemi complètera-t-il la liste des prochains candidats à la présidentielle ? ou apportera-t-il son soutien à l'une de ces trois personnalités ? Pas de réponse pour l'instant.
Christophe Rigaud
Photo : militant du BDK à Paris en 2010 (c) www.afrikarabia.com
15:26 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : bundu dia kongo, bdk, rdc, rd congo, kinshasa, ne muanda nsemi
28 octobre 2010
RDC : Mbarushimana reste en prison à Paris
La demande de remise en liberté du responsable FDLR, Callixte Mbarushimana, vient d'être rejetée par la cour d'appel de Paris. Ce rebelle hutu rwandais est soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre commis en 2009 dans la République démocratique du Congo. La cour d'appel de Paris se prononcera le 3 novembre sur la remise à la CPI de Callixte Mbarushimana.
Callixte Mbarushimana est le secrétaire exécutif des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu rwandais qui est actif dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), sous différentes appellations, depuis 1994. Il est recherché par la CPI pour crimes contre l’humanité (meurtres, tortures, viols, et actes inhumains) et pour crimes de guerre (attaques contre des populations civiles, destruction de biens, meurtres, tortures, viols, traitements inhumains et persécutions) commis en 2009 pendant le conflit dans la région des Kivus en République démocratique du Congo.
Callixte Mbarushimana a été placé en détention provisoire dans l'attente d'une éventuelle remise à la CPI.
11:33 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
27 octobre 2010
RDC : Jonathan Littell dans l'enfer du Nord-Congo
L'auteur des Bienveillantes, Jonathan Littell, revient d'un périple dans le Nord de la République démocratique du Congo (RDC) pour le quotidien suisse Le Temps. Dans un long article, illustré par le photographe Paolo Woods, Litell dénonce l'indifférence des médias sur les nombreux conflits qui ravagent la RD Congo depuis plus de 10 ans. L'écrivain y dénonce un « enfer oublié », où « la terreur semée par une guérilla ougandaise passe encore trop inaperçue ».
Dans le quotidien suisse, Jonathan Littell décrit "la disparition de l’Etat et la lente dégradation des infrastructures (qui) ne sont pas le pire problème dont souffrent les habitants du Haut-Uélé ; depuis deux ans déjà, ils sont victimes des attaques quasi quotidiennes de «l’ennemi LRA», le Lord’s Resistance Army, l’Armée de résistance du seigneur."
L'auteur des Bienveillantes pointe aussi l'impuissance des casques bleus de la Monusco à ramener la paix dans la région… le territoire est immense et les difficultés des déplacements sont énormes : "ces routes, tracées par les Belges voici déjà cinquante ans ou plus, sont quasiment impraticables, les pluies, les rares camions les ont labourées, retournées, défoncées, plus personne, même l’Eglise, ne les entretient, et elles ne sont pour la plupart quasiment plus passables qu’à moto ou à bicyclette." écrit Littell.
A lire sur le site du Temps.
21:29 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
25 octobre 2010
RDC: La MONUSCO attaquée
Samedi soir, la base de l'ONU de Rwindi, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) a été attaquée, selon toute vraisemblance par des rebelles Maï Maï. 8 miliciens congolais seraient morts dans l'attaque.
Une cinquantaine de miliciens Maï Maï s'en est pris à la base de l'ONU à Rwindi dans la province du Nord-Kivu (RDC). Les rebelles cherchaient à pénétrer de force dans l'enceinte de la base des casques bleus.
Selon la MONUSCO, l'attaque a fait huit morts et deux blessés parmi les rebelles, très probablement appartenant à une milice Maï Maï. Ce n'est pas la première attaque contre une base de l'ONU en RD Congo, le 18 août dernier , trois Casques bleus indiens avaient été tués à l'arme blanche par une soixantaine de miliciens Maï-Maï, dans le Nord-Kivu.
16:33 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)