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12 février 2012

RDC : Kabila perd son plus proche conseiller

Augustin Katumba Mwanke, conseiller spécial du président Joseph Kabila et homme fort du régime de Kinshasa, a trouvé la mort ce dimanche à Bukavu dans l'accident de son avion privé. Le ministre des Finances, Augustin Matata Ponyo, le gouverneur du Sud-Kivu, Marcelin Cishamboet et l’ambassadeur itinérant du président, Antoine Ghonda, ont été grièvement blessés au cours de l'accident. La disparition d'Augustin Katumba Mwanke, personnage-clé du "système Kabila", risque de fragiliser l'organisation de la gouvernance autour du président congolais dans un contexte de crise politique aiguë.

Afrikarabia logo.png"Conseiller de l'ombre", "personnage le plus influent de RDC", "l'homme qui murmurait à l'oreille du président"… tout a été dit, ou presque, sur la personnalité d'Augustin Katumba Mwanke. A 48 ans, cet ingénieur de formation était le principal conseiller de Joseph Kabila, "son éminence grise". Les notes de l'administration américaine, publiées par Wikileaks, présentaient Katumba Mwanke comme l'homme-clé du "système Kabila". Selon Wikileaks, ce "conseiller était parvenu à isoler Kabila, au point qu’il nomme des personnes qui lui sont fidèles à lui et non pas au président !". Pour l’administration américaine, Katumba Mwanke était devenu "l’unique point d’accès au chef de l’Etat congolais, alors qu’il n’exerce pas de fonction officielle".

Co-fondateur du parti présidentiel, le PPRD, Augustin Katumba Mwanke, était présenté comme le dernier rempart de la garde rapprochée de Joseph Kabila. A la fois mentor et "Mazarin", Katumba Mwanke était accusé de "se servir de Joseph Kabila" comme d'une "marionnette". Le manque de "leadership" et de "charisme" du président Kabila avaient fini de faire du conseiller Katumba Mwanke, le "président bis" de la République démocratique du Congo.

La disparition brutale d'Augustin Katumba Mwanke intervient dans un contexte de tensions post-électorales très délicat. Après les élections très contestées (présidentielle puis des législatives) de novembre, la crise politique couve en RDC. L'opposition ne reconnaît pas la réélection de Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi s'est autoproclamé "président élu". L'opposition a également rejeté en bloc tous les résultats publiés par la Commission électorale (CENI), dénonçant les multiples irrégularités du scrutin. Malgré les contestations, notamment de la communauté internationale, la CENI, a récemment annoncé la composition de la nouvelle Assemblée nationale congolaise. La Majorité présidentielle (MP) reste majoritaire, mais le parti présidentiel (PPRD) perd des sièges et devra composer avec de multiples petits partis et des "indépendants". Pour pouvoir gouverner "en toute tranquillité", Joseph Kabila devra dans ces conditions nouer de nombreuses alliances, trouver un nouveau Premier ministre et composer un gouvernement de "rassemblement". Une tâche à laquelle s'était attelé Augustin Katumba Mwanke, conseiller spécial du président et "stratège" politique hors pair. Avec la disparition de Katumba Mwanke, Joseph Kabila perd le principal artisan de sa "nouvelle majorité gouvernementale".  "L'homme qui murmurait à l'oreille de Joseph Kabila" n'est plus… une place se libère auprès du président congolais… elle ne devrait pourtant pas rester vacante très longtemps.

Un rapport des Nations-unies de 2002 avait signalé la participation d'Augustin Katumba Mwanke à un réseau d'intérêts "politique, militaire et commercial" lié au commerce illicite de minerais. Ce rapport notait "le transfert d'au moins 5 milliards de dollars du secteur minier" vers des entreprises privées du conseiller du président Kabila. L'ONU avait recommandé "une interdiction de déplacement" hors du pays et un "gel" de ses avoirs. A l'époque, Joseph Kabila avait suspendu son conseiller de ses fonctions et l'avait nommé "ambassadeur itinérant" auprès de la Présidence.

Christophe RIGAUD

10 février 2012

RDC : La Banque mondiale sanctionne Kinshasa

Après la réélection contestée de Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC), les premières sanctions tombent sur les autorités congolaises... et elles sont financières. La Banque mondiale, qui estime que les "contrôles démocratiques sont insuffisants "en RDC a décidé de ne plus contribuer au budget général du pays.

Image 2.pngRobert Zoellick, le président de la Banque mondiale s'est montré très sceptique sur les "contrôles démocratiques", ainsi que sur le manque de "contre-pouvoirs" en RDC dans une conférence diffusé sur internet. Il a donc décidé de stopper la contribution de la Banque mondiale au budget général du Congo, tout en précisant que les programmes sur la nutrition, l'éducation, le Sida ou le paludisme continueraient à être soutenus.

Robert Zoellick a qualifié la RDC de "zone grise", à l'image de l'Afghanistan ou de Haïti. Cette décision intervient après des élections présidentielle et législatives particulièrement chaotiques et entachées de nombreuses irrégularités. L'Union européenne et les Etats-unis avaient notamment relevé le manque de transparence et de crédibilité du scrutin. La Banque mondiale est le premier organisme international a infliger ainsi une sanction financière à la République démocratique du Congo. D'autres vont-ils suivre ?

Christophe RIGAUD

RDC : L'opposition dans l'attente du 16 février

En République démocratique du Congo (RDC), l'opposition jette ses derniers espoirs dans la mobilisation des chrétiens prévue le 16 février 2012 dans tout le pays. Après la réélection contestée de Joseph Kabila, l'opposition n'a jamais réussi  à faire descendre massivement les Congolais dans la rue. L'opposition compte donc sur la "grande marche pacifique" de l'église catholique pour "faire éclater la vérité des urnes". Un test ultime pour l'opposition.

Image 4.pngLa manifestation des chrétiens pour commémorer les martyrs du 16 février 1992, "tombés sous les balles des militaires de Mobutu", constitue sans doute le dernier rendez-vous pour l'opposition avec la rue congolaise ; les différents appels à la mobilisation d'Etienne Tshisekedi étant tous restés lettre morte. Le leader de l'UDPS conteste depuis plusieurs semaines la réélection de Joseph Kabila dont le scrutin est entaché de multiples irrégularités et de soupçons de fraudes. Etienne Tshisekedi s'est alors autoproclamé "président élu" de République démocratique du Congo, dans l'indifférence générale et notamment celle de la communauté internationale qui avait pourtant constaté le manque de transparence et de crédibilité du scrutin. Tshisekedi a ensuite plusieurs fois appelé l'armée et l'administration à lui faire allégeance.. sans succès. Le dispositif sécuritaire mis en place par Joseph Kabila a été particulièrement efficace pour réprimer les timides tentatives de rassemblements populaires.

L'opposition semble donc tout miser sur "la grande marche" des chrétiens pour prouver sa capacité à mobiliser la population. Si cette manifestation est organisée en mémoire des martyrs du 16 février 1992, le message de l'Eglise catholique est clair : " réclamer la légitimité et la légalité du pouvoir". Mi-décembre, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, avait sévèrement critiqué les résultats de la présidentielle du 28 novembre, jugés "conformes ni à la vérité ni à la justice". L’Eglise catholique a également demandé l’annulation des scrutins (présidentielle et législatives) et la démission de la Commission électorale (CENI) qu'elle juge partiale.

Ce rassemblement, qui se déroulera sous haute surveillance policière, constituera donc un test ultime sur la capacité de mobilisation de l'opposition. L'Eglise catholique est très puissante en RDC et ses consignes sont en générale très suivies. Un autre élément pourrait stimuler la mobilisation populaire : la tension sociale. La mise en place récente de la TVA a fortement augmenté les prix... et la colère gronde sur les marchés congolais.

En cas d'échec, l'opposition aura vraisemblablement perdu tout espoir de pouvoir peser sur le cours des événements. Le statu quo politique risque de l'emporter : Etienne Tshisekedi apparaît plus isolé que jamais et les autres opposants sont quasi aphones... sans aucune stratégie pour contrer Joseph Kabila.

Christophe RIGAUD

Photo : Kinshasa (c) Ch. Rigaud

08 février 2012

RDC : Jacquemain Shabani (UDPS) arrêté à Kinshasa

Le Secrétaire Général de l’UDPS, Jacquemain Shabani, a été arrêté ce mardi vers 23h00 par la police congolaise à l’aéroport international de Kinshasa. Ce responsable du principal parti d'opposition en République démocratique du Congo (RDC) devait se rendre à Berlin pour participer à une conférence sur la situation politique du pays. Selon l'UDPS, Jacquemain Shabani a d'abord été emmené vers une destination inconnue avant d'être relâché vers 3h45 du matin.

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Cette arrestation intervient dans un climat de grave crise politique en RDC à la suite d'élections présidentielle et législatives très contestées. Le candidat de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, battu officiellement par Joseph Kabila, s'est autoproclamé "président élu" et ne reconnait pas la réélection du président sortant. De graves irrégularités et des soupçons de fraudes massives ont été constatés par la communauté internationale pendant le scrutin.

Christophe RIGAUD

Plus d'informations dans la journée sur www.afrikarabia.com

07 février 2012

RDC : Les nouveaux hommes forts de Kabila

Après la publication des résultats des élections législatives en République démocratique du Congo (RDC), les grandes manoeuvres politiques commencent autour des nominations à la tête du gouvernement et de l'Assemblée nationale. Plusieurs personnalités voient leur leadership renforcé après les élections du 28 novembre. Evariste Boshab, Aubin Minaku, Pierre Lumbi, Jean-Claude Masangu ou Gabriel Kyungu pourraient se voir confier des rôles de premier plan.

Capture d’écran 2011-08-30 à 22.03.23-tiltshift.jpgLa Commission électorale congolaise (CENI) a publié récemment les résultats provisoires de la nouvelle Assemblée nationale. La coalition construite autour de la majorité présidentielle de Joseph Kabila, remporte une majorité de sièges : environ 341 contre seulement 119 pour les différents partis d'opposition. Mais la grande leçon du scrutin (outre les nombreuses irrégularités, que l'on a vite oublié !) repose sur l'éclatement de l'Assemblée nationale en une multitude de petits partis (au moins 94 !). Tous les grands partis ont vu leurs nombres de sièges se réduire, majorité comme opposition. Résultat : le président Kabila se trouve dans l'obligation de gouverner avec une coalition PPRD, PPPD, MSR, PALU, ARC, AFDC…

Au lendemain des résultats des législatives, le temps des nominations a donc commencé… avec ses grandes manoeuvres en coulisse. Joseph Kabila doit prochainement nommer un nouveau Premier ministre et un nouveau Président de l'Assemblée nationale doit également être désigné par la chambre. Reste ensuite la répartition des postes ministériels et des bureaux à l'Assemblée et au Sénat pour faire plaisir aux différents alliés de la Majorité présidentielle... et ils sont nombreux.

Vers un Etat PPRD ?

Pour le poste de Premier ministre, le Président Kabila semble être réduit à un double choix : nommer un homme issu d'un parti de la coalition, comme l'est l'actuel Premier ministre Adolphe Muzito, membre du Palu ou nommer un homme du PPRD, le parti présidentiel, qui est arrivé en tête avec 62 petits sièges. L'option de désigner un membre d'un parti "allié" serait dans la logique et le choix pourrait alors se porter sur Pierre Lumbi du MSR qui a réalisé un très bon score (27 sièges), coiffant un Palu sur le déclin (19 sièges). Mais à Kinshasa, le candidat qui a le vent en poupe s'appelle Evariste Boshab, le patron du PPRD. Si le parti présidentiel a perdu plus de 49 sièges entre 2006 et 2011, Joseph Kabila ne semble pas se résoudre à devenir l'otage de ses alliés, comme ce fut le cas avec le Palu d'Antoine Gizenga et d'Adolphe Muzito. Joseph Kabila pourrait donc s'affirmer en nommant un Premier ministre issu de son propre parti.

Le PPRD est aussi donner gagnant à la tête de l'Assemblée nationale. Le nom d'Aubin Minaku, secrétaire général de la Majorité présidentielle, est le plus souvent cité. Responsable de la plate-forme politique soutenant Joseph Kabila, Aubin Minaku était à la manoeuvre pour organiser les préparatifs des législatives et est également monter au créneau pour défendre les résultats de la présidentiel et des législatives, très contestés par de nombreuses irrégularités. "Je les mets au défi de prouver que la tricherie était planifiée", avait affirmé Aubin Minaku.

"Katanga connection"

Si la primature venait à lui échapper, Pierre Lumbi devrait se retrouver à un poste clé du prochain dispositif gouvernemental du président Kabila. Le très puissant ministre d’Etat en charge des Infrastructures et de la Reconstruction du gouvernement Gizenga  est aujourd'hui le très influent conseiller spécial du Chef de l’Etat en charge de la sécurité. Il a notamment mis en place les fameux contrats de partenariat entre la Chine et la RDC. Avec ses 27 sièges aux législatives de novembre, Pierre Lumbi a réussi à rendre son parti, le Mouvement social pour le renouveau (MSR), incontournable à la Majorité présidentielle… et au Président Kabila.

Trois autres hommes forts se sont également distingués lors des dernières élections. Ils viennent tous les trois du Katanga, la province qui a "élu" Joseph Kabila avec des scores records (et douteux)… certains atteignant les 100% ! Il s'agit du conseiller de l'ombre du Président congolais, Augustin Katumba Mwanke, de Gabriel Kyungu, le patron de l'UNAFEC de Lumbumbashi et de Jean-Claude Masangu, le gouverneur de la Banque centrale du Congo.

Augustin Katumba Mwanke, a été "triomphalement" réélu au Katanga, dans sa vile natale de Pweto.  L'homme le plus influent de la RDC, selon les notes de Wikileaks, qui décrivent Katumba Mwanke comme "un conseiller de l’ombre qui est parvenu à isoler Kabila, au point qu’il nomme des personnes qui lui sont fidèles à lui et non pas au président !". Selon l’administration américaine, Katumba Mwanke est devenu “l’unique point d’accès au chef de l’Etat congolais, alors qu’il n’exerce pas de fonction officielle “. Dans le nouveau mandat de Joseph Kabila, Katumba Mwanke, devrait peut-être trouver un poste plus exposé.

Toujours à la tête de l'Assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu a encore démontré la puissance de son parti, l'UNAFEC (avec ses dérives ethnistes !). A la présidence, on estime que les "très bons scores" de Joseph Kabila au Katanga sont, entre autre, "l'oeuvre" de Gabriel Kyungu. Vieux routier de la politique congolaise, ancien membre du célèbre groupe des 13 à l'origine de l'UDPS, le patron de l'Assemblée provinciale, pourrait jouer un rôle important à Kinshasa.

Le dernier homme en vu sur l'échiquier politique congolais, est le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu. Cet économiste renommé est à la tête de la Banque centrale depuis maintenant 15 ans. Artisan de la victoire de Joseph Kabila au Katanga (encore), Jean-Claude Masangu pourrait lui aussi aspirer à d'autres fonctions plus prestigieuses.

Christophe RIGAUD

Photo : Portrait de Joseph Kabila à Kinshasa (c) Ch. Rigaud - www.afrikarabia.com