10 février 2012
RDC : L'opposition dans l'attente du 16 février
En République démocratique du Congo (RDC), l'opposition jette ses derniers espoirs dans la mobilisation des chrétiens prévue le 16 février 2012 dans tout le pays. Après la réélection contestée de Joseph Kabila, l'opposition n'a jamais réussi à faire descendre massivement les Congolais dans la rue. L'opposition compte donc sur la "grande marche pacifique" de l'église catholique pour "faire éclater la vérité des urnes". Un test ultime pour l'opposition.
La manifestation des chrétiens pour commémorer les martyrs du 16 février 1992, "tombés sous les balles des militaires de Mobutu", constitue sans doute le dernier rendez-vous pour l'opposition avec la rue congolaise ; les différents appels à la mobilisation d'Etienne Tshisekedi étant tous restés lettre morte. Le leader de l'UDPS conteste depuis plusieurs semaines la réélection de Joseph Kabila dont le scrutin est entaché de multiples irrégularités et de soupçons de fraudes. Etienne Tshisekedi s'est alors autoproclamé "président élu" de République démocratique du Congo, dans l'indifférence générale et notamment celle de la communauté internationale qui avait pourtant constaté le manque de transparence et de crédibilité du scrutin. Tshisekedi a ensuite plusieurs fois appelé l'armée et l'administration à lui faire allégeance.. sans succès. Le dispositif sécuritaire mis en place par Joseph Kabila a été particulièrement efficace pour réprimer les timides tentatives de rassemblements populaires.
L'opposition semble donc tout miser sur "la grande marche" des chrétiens pour prouver sa capacité à mobiliser la population. Si cette manifestation est organisée en mémoire des martyrs du 16 février 1992, le message de l'Eglise catholique est clair : " réclamer la légitimité et la légalité du pouvoir". Mi-décembre, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, avait sévèrement critiqué les résultats de la présidentielle du 28 novembre, jugés "conformes ni à la vérité ni à la justice". L’Eglise catholique a également demandé l’annulation des scrutins (présidentielle et législatives) et la démission de la Commission électorale (CENI) qu'elle juge partiale.
Ce rassemblement, qui se déroulera sous haute surveillance policière, constituera donc un test ultime sur la capacité de mobilisation de l'opposition. L'Eglise catholique est très puissante en RDC et ses consignes sont en générale très suivies. Un autre élément pourrait stimuler la mobilisation populaire : la tension sociale. La mise en place récente de la TVA a fortement augmenté les prix... et la colère gronde sur les marchés congolais.
En cas d'échec, l'opposition aura vraisemblablement perdu tout espoir de pouvoir peser sur le cours des événements. Le statu quo politique risque de l'emporter : Etienne Tshisekedi apparaît plus isolé que jamais et les autres opposants sont quasi aphones... sans aucune stratégie pour contrer Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD
Photo : Kinshasa (c) Ch. Rigaud
12:26 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
Tshisekedi isolé ? Avec plus de 50% des voix ?
Vous devriez vous départir de votre logique perverse qui vous fait considérer que vous devez soutenir l'imposteur Kabila écrasé dans les urnes au motif qu'il dispose de la force des armes.
Tshisdekedi a gagné, tout le monde le sait. Pas un responsable de haut niveau qui en tête à tête ne le confesse.
Alors de grâce, même si vous considérez que vos lecteurs ne sont pas dignes de la vérité, un peu de rigueur (oserai-je dire d'honnêteté) intellectuelle.
Écrit par : unpeudhonnetete | 10 février 2012
La vraie question qui se pose est la suivante: le peuple Congolais saura-t-il faire valoir ses droits ?
Écrit par : lavraiequestion | 10 février 2012
Un pouvoir pris par la force n'a toujours pas d'avenir.Tshisekedi est suivi.S'il donne l'impression de n'etre pas suivi,c'est parce que sa logique de non-violence ne semble pas arranger beaucoup de congolais.Un jour viendra où lui-meme ne saura plus maitriser ses ouailles.Qui sait s'il y a des stratégies qui se trament en coulisses pour dire non catégorique aux impérialistes blancs.
Écrit par : Ciment | 10 février 2012
Un pouvoir pris par la force n'a toujours pas d'avenir.Tshisekedi est suivi.S'il donne l'impression de n'etre pas suivi,c'est parce que sa logique de non-violence ne semble pas arranger beaucoup de congolais.Un jour viendra où lui-meme ne saura plus maitriser ses ouailles.Qui sait s'il y a des stratégies qui se trament en coulisses pour dire non catégorique aux impérialistes blancs.
Écrit par : Ciment | 10 février 2012
Ciment dit vrai. Le temps qui passe ne fait que radicaliser les Congolais. Et vous Rigaud devriez prier que la marche soit un succès. Car sinon la non-violence deviendra l'option minoritaire.
Écrit par : anonyme | 10 février 2012
C'est pourquoi je pense que vous vous trompez: cette manifestation n'est pas le dernière chance pour l'opposition comme vous le dîtes. C'est peut-être la dernière chance de sortie pacifique de la crise.
Écrit par : anonyme | 10 février 2012
La violence verbale a souvent provoqué la violence physique. Alors, est-ce là que nous tendons ? Le plus important pour un voleur n'est-ce pas de consommer le fruit de son forfait? Et ceux qui possèdent ne veulent-ils pas se servir? Façonnons un monde de paix pour tous !
Écrit par : Gringo | 10 février 2012
Pour moi ceux qui s'opposent aux résultats des urnes
malgré les fraudes et autres irrégularités sont des inciviques provocateurs et des inconscients criminels. Bien sûr qu'ils peuvent toujours espérer que l'étranger mette en place un Ouattara congolais en la personne de Tshisekedi... qui... deviendra leur poupée s'il ne l'est déjà, voyez les avions reçus pour le temps de sa campagne. Faut-il rappeler que la gauche belge, Intal et le PTB, a fait campagne pour Kabila qui tente une position politico-économique assez neutre et favorable aux intérêts du peuple congolais notamment pas ses accords avec la Chine initiés d'ailleurs par son père et qui lui ont valu des démêlés avec le FMI et les puissances occidentales.
Écrit par : anneet | 10 février 2012
Mon frère Gringo ignore-t-il la violence faite quotidiennement au peuple Congolais ?
Écrit par : anonyme | 10 février 2012
Le 16 févr, THISHI le président devant et sa famille et les cadres UDPS et nous les «COMBATTANTS» derrière.
Écrit par : Jean Bosco | 10 février 2012
J'observe que vous meme Rigaud n'etes pas neutre.Vos infos ont tendance à soutenir l'opposition.Pour preuve,votre journal ne publie qu'en cas d'actualité contre le pouvoir en place.Ca fait autant de semaine sans publication.Vs revenez aussi trop sur "election contestée de Joseph Kabila".Que vs a t il fait?Quant au peuple congolais,laissons la politique aux politiciens.Travaillons et si chacun travaille le pays se developpera.Tout le monde a triché.Aux legislatives,le recours touchent 168 sur 169 circonscriptions electorales.Plus de 300 élus contestés.C'est une catastrophe
Écrit par : Sans nom | 10 février 2012
19.000 candidats pour 500 élus c'est évident qu'il y a beaucoup de mécontents
Écrit par : anneet | 10 février 2012
L'histoire nous apprend que notre pays est le plus riche potentiellement alors que la realité depuis plusieurs années fait etat de notre sitiation. nous nous sommes toujours montrés indifferents vis a vis de nos richesses, Notre liberté ainsi que notre souverainté. Cependant nous demeurons pauvres nous peuples congolais et notre pays. L'heure a sonné pour que nous puissions prendre notre destin en main, ravissons notre souveraineté afin de vivre l'avenement glorieux de notre epanouissement et celui de notre cher et beau pays. Pour ce, nous demandons a notre armée et la police longtemps maltraitées par le regime sangunaire de monsieur kanambe et son equipe, d'etre derrière nous car nous voulons nous battre pour une cause qui est juste. Trop c'est trop.
Écrit par : Christian lokela | 15 février 2012
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