Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26 mars 2012

RDC : Visite contestée de Didier Reynders à Kinshasa

Le patron de la diplomatie belge, Didier Reynders, effectue une visite très polémique de 48 heures en République démocratique du Congo (RDC). Didier Reynders sera en effet le premier responsable politique occidental à se rendre à Kinshasa depuis les élections très contestées de novembre 2011. L'UDPS, le principale parti d'opposition, dénonce une visite qui viendrait normaliser  la réélection "illégitime", à leurs yeux, du président Joseph Kabila.

carte RDC Afrikarabia vierge.jpgLa visite de Didier Reynders à Kinshasa suscite l'émotion de l'opposition congolaise. Si le patron de la diplomatie belge vient en RDC  "pour mieux s'informer de la situation politique" et rencontrer majorité et opposition, de nombreuses voix s'élèvent pour regretter un tel déplacement.

Cette visite intervient trois mois après un cycle d'élections (présidentielle et législatives) marqué par de nombreuses irrégularités et de forts soupçons de fraudes massives. La réélection de Joseph Kabila est toujours fortement contestée par l'opposition et notamment par Etienne Tshisekedi, le leader de l'UDPS, qui se considère comme le "vrai président" élu. Dans ce contexte de crise politique aiguë, le ministre belge des affaires étrangères (ainsi que tous ses collègues occidentaux) avait "boudé" l'investiture de Joseph Kabila en raison des irrégularités, des violences et de la répression qui avaient entaché le scrutin.

En acceptant l'invitation de son homologue congolais, Didier Reynders souhaite renouer un dialogue "ouvert et constructif" entre Bruxelles et Kinshasa… et s'attire les foudres de l'opposition qui voit dans cette visite la légitimation du second mandat de Joseph Kabila. L'UDPS dénonce le fait que le gouvernement belge et son chef de la diplomatie "ont été les seuls au monde à accorder du crédit aux résultats des élections tels que publiés par la CENI (la Commission électorale congolaise)". L'UDPS rappelle les nombreux rapports du Centre Carter, de l'Union européenne ou de l'Eglise catholique congolaise qui fustigeaient le "manque de crédibilité du scrutin".

Didier Reynders devrait rencontrer dans membres de la majorité et de l'opposition dont le président du Sénat, le premier ministrable Léon Kengo. Il rencontrera également des ONG congolaises des droits de l'homme, le patron des casques bleus en RDC et devrait enfin s'entretenir avec le président Kabila mercredi. Le chef de l'Etat congolais, affaibli par un scrutin contesté et en quête de légitimité internationale, voit d'un très bon oeil ce rapprochement avec Bruxelles. La République démocratique du Congo reste en effet le partenaire le plus important de la coopération belge.

Christophe RIGAUD

Plus d'infos sur

Afrikarabia logo.png

25 mars 2012

La corruption menace la paix au Burundi

Après avoir mis fin à 13 ans de guerre civile, le Burundi ne semble pas complètement apaisé. Une ONG pointe un fléau qui menace la stabilité du pays : la corruption. International Crisis Group (ICG), affirme que "la crise de corruption que connait actuellement le Burundi met en péril la consolidation de la paix". Selon Crisis Group, le dispositif "tolérance zéro" contre la corruption, lancé par le président Nkurunziza, manque d'indépendance et d'efficacité.

Capture d’écran 2012-03-25 à 23.12.01.pngDepuis la réélection en 2010 du président Pierre Nkurunziza dans un climat de tension extrême, certains craignent la reprise des violences et la fin du consensus sur le fragile partage des pouvoirs au Burundi. Dans un récent rapport, International Crisis Group dénonce une montée de la corruption dans le pays. L'ONG estime que "la crise de corruption que connait actuellement le Burundi met en péril la consolidation de la paix fondée sur un Etat moteur du développement et la relance de l’activité économique par l’investis­sement étranger".

Dans un rapport extrêmement complet sur la situation au Burundi, Crisis Group revient sur l'histoire de ce petit pays, souvent oublié du "grand jeu" de l'Afrique centrale, évoluant dans l'ombre de son turbulent voisin, le Rwanda. Crisis Group rappelle que depuis 1966, "le contrôle de l’Etat et de ses prébendes, essentiellement aux mains des élites tutsi, a été l’enjeu central de la politique burundaise et la distribution inéquitable des ressources qui en découlait a été à l’origine du conflit". En 1972, 1988, 1993 et entre 1994 et 1996, plus de 300 000 burundais ont trouvé la mort dans une guerre civile implacable entre la minorité tutsi au pouvoir et la majorité hutu. La guerre fini par s'achever au prix d'un subtil partage du pouvoir et laisse un pays exsangue, endetté et ruiné. Le Burundi fait partie de l'un des cinq pays les plus pauvres du monde.

En 2005, le hutu Pierre Nkurunziza arrive au pouvoir, notamment au prix de nombreuses négociations avec les extrémistes de son propre camp. Dans son rapport, Crisis Group note que "l’avènement au pouvoir de l’ancienne rébellion du (CNDD-FDD) n’a pas seulement trans­féré le pouvoir politique des Tutsi aux Hutu mais il a aussi semblé ouvrir une nouvelle ère en matière de gouvernance avec l’engagement des nouvelles autorités et la création d’institutions spécialisées pour lutter contre la corruption". Mais pour Crisis Group, il y a urgence à lutter efficacement contre la corruption, car "dans une économie aussi réduite que celle du Burundi où l’Etat joue encore un rôle majeur, l’accaparement des ressources publiques et privées risque de faire dérailler le scénario de consolidation de la paix".

L'ONG note "une dégradation de l'image du Burundi" malgré la campagne de "tolérance zéro" du gouvernement contre la corruption et les malversations économiques. Une campagne que "s’est estompée face aux premiers scandales impliquant de hauts responsables du parti présidentiel et de l’exécutif". En cinq ans d’activités (entre 2007 et2012), la brigade anti-corruption a géré 665 dossiers de
corruption et recouvré plus de 4 millions de dollars. Mais Crisis Group note que les affaires transmises au parquet "n’ont le plus souvent pas connu de suite", alors que "les arrestations sont rares et les poursuites le sont plus encore".

Pour lutter contre la corruption, Crisis Group n'attend plus des paroles, mais des actes de la part des autorités burundaises. L'ONG formule dans son rapport un certain nombre de recommandations "en vue de créer les conditions d’une lutte efficace contre la corruption" et demande à la société civile et aux bailleurs "de créer les conditions de sa mise en œuvre effective".

Dans un communiqué, le gouvernement burundais dénonce un rapport "négatif " et "tendancieux" et estime que Crisis Group "ignore complètement toutes les initiatives déjà prises par le gouvernement en matière de lutte contre la corruption". Bujumbura accuse même l'ONG de "rouler" et de "travailler" pour l'opposition burundaise.

L'intégralité du rapport d'International Crisis Group et de ses recommandations sont consultables ICI.

Christophe RIGAUD

23:17 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (1)

21 mars 2012

RDC : Un professeur sanctionné après une émission de RFI

Alphonse Maindo devrait se souvenir de son intervention sur RFI, le 23 février 2012. Ce professeur en Sciences politiques de l'université de Kisangani participait à l'émission "7 milliards de voisins" d'Emmanuelle Bastide. Le thème : "universités en RDC : pourquoi tant de faillite ?". Visiblement les propos d'Alphonse Maindo ont fortement déplu au ministère de l'Enseignement supérieur. Conséquence : le professeur s'est vu limoger de la cellule d'appui et d'accompagnement de la réforme de l'enseignement supérieur à laquelle il était associé. Alphonse Maindo dénonce une "sanction politique".

Alphonse Maindo.jpgLe 23 février dernier, Alphonse Maindo témoignait sur RFI dans l'émission d'Emmanuelle Bastide, "7 milliards de voisins" sur les problèmes que traversent l'université en République démocratique du Congo (RDC). Dans cette émission, ce professeur de l'université de Kisangani faisait un constat amer de l'état de l'enseignement supérieur en RDC : problèmes d'infrastructures, qualité de l'enseignement, insuffisance des profs dont la moyenne d'âge est de 65 ans, universités sans personnels, surpeuplement des classes…

Quelques jours après la diffusion de l'émission, Alphonse Maindo apprend "par des amis", "de source informelle" qu'il est "limogé de la cellule d'appui et d'accompagnement de la réforme de l'enseignement supérieur et universitaire" à laquelle il participait. On lui reproche "de ne pas avoir défendu le bilan positif du gouvernement dans le secteur de l’enseignement supérieur et d'avoir ainsi trahi (son) pays et (son) université". Contacté par Afrikarabia, Alphonse Maindo ne regrette pas du tout sa participation à l'émission. "Si je devais la refaire, ce serait sans hésiter. Il faut sensibiliser l’opinion sur les maux de l’université pour que chacun prenne conscience et se mobilise pour y remédier" nous a-t-il précisé.

Ce professeur en Sciences politiques renommé estime que cette sanction "a tout l'air d'être politique, mais je ne me laisserai pas intimider". Pour l'instant, Alphonse Maindo a envoyé un courrier de mise au point à son ministre de tutelle… sans réponse. A noter que Léonard Machako Mamba, Ministre de l'Enseignement Supérieur de la République Démocratique du Congo participait également à l'émission de RFI...

Christophe RIGAUD

Vous pouvez réécouter l'émission "7 milliards de voisins" ICI.

NB : Alphonse Maindo s'était exprimé sur les élections en RDC sur notre site en janvier 2012. Vous pouvez relire son interview ICI.

Photo : Alphonse Maindo à Paris en 2011. © www.afrikarabia.com

20 mars 2012

RDC : Un rapport de l'ONU détaille les violences électorales de 2011

Une longue enquête du Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies révèle les nombreuses violences pendant les élections présidentielles et législatives de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Les forces de sécurités congolaises sont accusées "de meurtres, de disparitions et de détention arbitraires". L'ONU demande "que les auteurs soient traduits en justice".

Image 4.pngLe rapport des Nations Unies publié ce mardi dénonce les violations graves des droits de l'homme pendant les élections de 2011 en RDC. Le document recense "le meurtre d'au moins 33 personnes par les forces de sécurité à Kinshasa, entre le 26 novembre et le 25 décembre 2011. Les enquêtes ont montré qu'au moins 83 personnes ont été blessées, la plupart par balle, et au moins 16 personnes sont toujours portées disparues. Plus de 265 personnes ont été arrêtées et la majorité d'entre elles aurait été maintenue en détention arbitraire dans différents centres de détention à Kinshasa. Il y avait aussi des témoignages concordants et corroborés de torture lors de détentions".

Le processus électoral s'est déroulé dans une atmosphère particulièrement tendu en RDC. La réélection de Joseph Kabila est fortement contestée par l'opposition qui dénonce de nombreuses irrégularités pendant le scrutin et soupçonne le pouvoir en place de fraudes massives. Les manifestations ont toutes été violemment réprimées par les forces de sécurité congolaises.

L'ONU explique dans son enquête que "la Garde républicaine, la Police nationale congolaise, en particulier des agents de la Légion nationale d'intervention et des agents du Groupe mobile d'intervention, ou l'Agence nationale de renseignements (ANR)", sont  toutes "impliquées" dans les violences.

Le rapport estime que les violations "furent perpétrées sur des personnes à cause de leur appartenance réelle ou présumée au parti d'opposition d'Etienne Tshisekedi, principal adversaire à l'élection présidentielle du Président Joseph Kabila candidat à sa réélection, ou à une des provinces dans lesquelles il bénéficie d'un soutien important". La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a « reçu plusieurs comptes rendus décrivant la Garde républicaine tirant à balles réelles sur les foules, et d'individus détenus arbitrairement soumis à la torture ». Selon l'ONU, « les autorités doivent s'assurer que des enquêtes soient menées sur ces violations graves des droits de l'homme, que les auteurs soient traduits en justice, et que ceux qui sont encore détenus illégalement soient libérés sans délai ».

Une enquête judiciaire ouverte en décembre

Le représentant de la MONUSCO (la mission des casques bleus au Congo), Roger Meece « attend avec impatience le résultat de l'enquête judiciaire et (la MONUSCO) se tient prête à continuer à aider et soutenir les autorités judiciaires de la RDC pour identifier et traduire les coupables en justice». « Les poursuites et les procès récents entrepris avec l'appui de la MONUSCO à travers le pays, ont conduit à l'arrestation d'un nombre significatif d'auteurs de violations des droits de l'homme », a précisé Roger Meece.

Sur Radio Okapi, le ministre congolais de la Justice et Droits humains, Luzolo Bambi Lesa a qualifié le rapport de l'ONU de « gratuit, incohérent et exagéré ». Une enquête judiciaire a été ouverte en décembre. Aucune condamnation n'a encore été prononcée.

Christophe RIGAUD

18 mars 2012

RDC : La crise alimentaire s'est aggravée en 2011

L'édition 2011 de l'indice de la faim dans le monde mesure l'évolution de l'insécurité alimentaire dans plus de 80 pays. Dans cette nouvelle édition, la République démocratique du Congo (RDC) est le seul pays à passer de "situation alarmante" à "extrêmement alarmante" en 2011. Les conflits successifs et l'instabilité politique ont provoqué une augmentation de 63% de son indice de la faim.

filtre DSC02372.jpgDans la sixième édition du Global Hunger index (indice mondial de la faim), publié par l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), 26 pays continuent de présenter une "situation grave" et 9 pays ont connu une aggravation de la faim. Dans cette petite trentaine de pays en grave insécurité alimentaire, la République démocratique du Congo (RDC) fait office de mauvais élève. La RDC est en effet le seul pays a nettement reculer dans ce classement. Le Congo passe donc de "situation alarmante" à "extrêmement alarmante".

Capture d’écran 2012-03-18 à 18.45.42.pngL'IFPRI affirme que la République Démocratique du Congo compte "la plus grande proportion de personnes sous-alimentées (environ 70 % de la population) et l’un des taux de mortalité infantile le plus élevé au monde". En cause : les déplacements massifs de populations et le marasme économique liés aux guerres des années 1998–2003. Le rapport note que pour sortir de sa
situation précaire en matière de sécurité alimentaire, "la RDC aura besoin de programmes de développement solides incluant des volets de sécurité alimentaire, en nutrition et santé".

Pourtant, la RDC possède le premier potentiel agricole d'Afrique, avec ses 80 millions d'hectares de terres cultivables. De quoi subvenir largement aux besoins alimentaires des Congolais. Problème : seuls 10% sont utilisés. Il y a plusieurs raisons à cela. A commencer par la "mégestion" de l'Etat. La rente minière, autrement plus lucrative, a toujours été privilégiée par les gouvernements congolais, de Mobutu à Kabila. En 2010, la RDC n'a investit que 0,64% de son budget dans l'agriculture. Une goutte d'eau lorsque l'on sait que le budget national ne dépasse pas les 5 ou 6 milliards de dollars. Conséquences : aucun investissement, manque d'entretien et d'engrais… le rendement chute.

Les nombreux conflits armés à répétition sont aussi à l'origine de la baisse de la production agricole. L'insécurité provoque le pillage systématique des cultures et des lieux de vente, comme les marchés. Autres entraves à la commercialisation des produits agricoles : le manque d'infrastructures routières qui freine également l'acheminement des produits et les nombreux "barrages", où les producteurs sont "taxés" par les divers services de sécurité ou les groupes rebelles. Et la situation se dégrade :  le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 11 millions en 1990 à 44 millions en 2006. Les ONG présentes en RDC mettent essentiellement en cause la mauvaise gouvernance de l'Etat congolais.

Christophe RIGAUD

Photo : Matadi © Ch. Rigaud - www.afrikarabia.com

14 mars 2012

RDC : Après Lubanga... Ntaganda ?

Après la condamnation du rebelle congolais Thomas Lubanga par la Cour pénale internationale (CPI), Human Rights Watch (HRW) souhaite "l'arrestation immédiate" de Bosco Ntganda. Recherché par la CPI pour avoir recruté et utilisé des enfants soldats en Ituri, Bosco Ntaganda est aujourd’hui général au sein de l'armée congolaise (FARDC) et vit en toute impunité à Goma. Les jours sont-ils comptés pour le chef du CNDP ? Rien n'est moins sûr.

Capture d’écran 2012-03-14 à 22.36.24.pngLe rebelle congolais,Thomas Lubanga, a été reconnu coupable, ce matin, de crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI). Il a été accusé d'avoir "enrôlé des enfants âgés de moins de 15 ans et de les avoir fait prendre part de façon active aux hostilités".  Il s'agit du premier jugement de la CPI depuis sa création en 2002. La durée exacte de sa peine sera annoncée ultérieurement. Thomas Lubanga risque jusqu'à 30 ans de prison.

Pour l'ONG Human Rignts Watch (HWR), « le verdict contre Lubanga est une victoire pour les enfants forcés à combattre dans les guerres brutales du Congo », selon Géraldine Mattioli-Zeltner, directrice du plaidoyer en faveur de la justice internationale. « Les commandants militaires au Congo et ailleurs devraient tenir compte de ce message fort lancé par la CPI : l’utilisation d’enfants comme arme de guerre est un crime grave qui peut les conduire sur le banc des accusés. » a-t-elle précisé.

Après ce verdict, HWR souligne la nécessité "de procéder immédiatement à l’arrestation du co-accusé dans l’affaire Lubanga : Bosco Ntaganda, qui est actuellement général dans l’armée congolaise à Goma, à l’Est du Congo, et continue d’échapper à la justice".

HRW précise que "l'ex-chef des opérations militaires de l’UPC, Bosco Ntaganda, est également recherché par la CPI pour avoir recruté et utilisé des enfants soldats en Ituri, les mêmes chefs d’accusation que ceux retenus contre Lubanga. Ntaganda est aujourd’hui général au sein de l'armée congolaise et vit sans se cacher à Goma, dans l’est du Congo, où il est régulièrement aperçu dans les meilleurs restaurants ou sur les courts de tennis. Ntaganda occupe à l’heure actuelle la fonction de commandant adjoint des opérations militaires dans l'est du Congo, et les troupes placées sous son commandement continuent à perpétrer de graves exactions, comme rapporté par Human Rights Watch".

Pour Géraldine Mattioli-Zeltner, «Lubanga ayant été reconnu coupable, le fait que Ntaganda soit toujours en liberté est une trahison d’autant plus honteuse vis-à-vis des victimes ». Selon Human Rights Watch, Kinshasa doit  «immédiatement arrêter Ntaganda et le remettre à la CPI.»

Mais depuis le renversement de Laurent Nkunda en 2009 et le rapprochement entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, Bosco Ntaganda constitue une carte maîtresse entre les mains des autorités de Kinshasa. Pour le président congolais Kabila, "la paix et la sécurité du Nord-Kivu passent avant toute chose"... quitte à protéger un criminel de guerre. Elevé au rang de général au sein de l'armée régulière, l'ex-rebelle est officiellement assigné à des fonctions non opérationnelles. En réalité Ntaganda est un des responsables de la campagne Kimya II, engagée en 2009 par les forces armées congolaises (FARDC) contre les rebelles hutus (FDLR) encore présents au Kivu.

Pendant la période électorale, fin 2011, Joseph Kabila a visiblement eu recours aux soldats du CNDP de Ntaganda pour "asseoir" un vote favorable dans les régions contrôlées par l'ancien rebelle. Certains observateurs notent que la réélection contestée de Joseph Kabila est en partie dû aux scores très importants (et douteux) réalisés par le président sortant dans les Kivu.

Il y a deux ans, Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais précisait au sujet de la capture de Ntaganda que "les chicaneries autour des poursuites à engager sans délai sont de nature à infliger à ce pays fragile un remède pire que le mal". Ntaganda avait sauvé sa tête une fois de plus... jusquà quand ? Avec ce premier jugement de la CPI, l'étau se resserre un peu plus autour du chef du CNDP.

Christophe RIGAUD

Photo : (c) ICC

RDC : Lubanga "coupable" pour la CPI

La Cour pénal internationale (CPI) a rendu le premier jugement de son histoire en reconnaissant la culpabilité du rebelle congolais Thomas Lubanga ce matin à La Haye. La CPI a déclaré Thomas Lubanga coupable de crime d'enrolement d'enfants de moins de 15 ans pendant la guerre en Ituri entre 2002 et 2003 dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC). La peine sera déterminée ultérieurement. Thomas Lubanga risque jusqu'à 30 ans de prison.

Image 4.pngAprès 204 jours d'audience, la Cour pénal internationale a rendu son premier verdict. Thomas Lubanga est reconnu coupable "d’avoir commis, en tant que coauteur, des crimes de guerre consistant à procéder à l’enrôlement et à la conscription d’enfants âgés de moins de 15 ans dans les rangs des Forces patriotiques pour la libération du Congo (les FPLC) et à les faire participer activement à des hostilités en Ituri, un district de la province Orientale de la RDC, entre septembre 2002 et août 2003".  La peine de Thomas Lubanga sera déterminée ultérieurement. Il risque jusqu'à 30 ans de prison.

Diffusé en direct sur internet, le verdict est un soulagement pour les victimes congolaises ainsi que pour les nombreuses ONG qui opèrent dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les rumeurs persistantes d'un acquittement de Thomas Lubanga faisaient craindre le pire dans la province de Bunia où réside la majeure partie des victimes. La CPI jouait également sa crédibilité et son avenir dans ce premier verdict. Pour Dismas Kitenge, Président du Groupe Lotus et Vice-Président de la FIDH, “Le procès Lubanga et ce verdict ont un potentiel dissuasif important sur la commission de crimes internationaux dans le pays, et en particulier sur l’utilisation des enfant soldats. Ce verdict contribuera à consolider la légitimité de la Cour, indispensable à l’exercice d’un réel pouvoir préventif”.

Jusqu’à présent, 14 affaires sont en cours devant la CPI, dont quatre en phase de procès. Sept enquêtes ont été ouvertes dans le contexte des situations en Uganda, République démocratique du Congo, République centrafricaine, Darfour (Soudan), Kenya, Libye et en Côte d’Ivoire. Le procès d'un autre congolais, Jean-pierre Bemba doit reprendre prochainement.

L'intégralité du jugement de Thomas Lubanga est à lire ICI.

Christophe RIGAUD

12 mars 2012

RDC : Haro médiatique sur Joseph Kony

Depuis une semaine la toile s'enflamme pour traquer et arrêter Joseph Kony, un chef rebelle ougandais de la LRA, recherché par la Cour pénale internationale. Un clip d'une ONG a mobilisé près de 70 millions d'internautes et la page Facebook de la campagne compte déjà 2,5 millions de fans. Unique par son succès, la vidéo "Kony 2012" constitue une première du genre pour un chef de guerre africain encore inconnu du grand public il y a quelques jours. Pourtant, cette "vidéo virale" humanitaire est très controversée et suscite scepticisme et railleries.

Capture d’écran 2012-03-11 à 23.15.59.pngLRA. Depuis 2007, ces 3 lettres sèment la terreur au Nord et à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Considérée comme l'une des milices les plus violentes du monde, l'Armée de résistance du seigneur (LRA), qui organise une rébellion contre le pouvoir ougandais, est accusée de perpétrer des massacres, des viols de masse, des pillages auprès des populations civiles congolaises. La LRA est aussi tristement connu pour être composée à 80% d'enfants soldats. A sa tête depuis 1988, Joseph Kony est recherché depuis 2005 par la Cour pénale internationale. De nombreuses opérations militaires, ougandaises, congolaises et américaines ont été montées pour sa capture… sans succès. La jungle est immense et les troupes de Kony passent allègrement d'une frontière à l'autre, entre Congo (RDC) et Centrafrique.

Depuis une semaine, une vidéo de l'association Invisible Children fait le buzz sur internet. Ce clip de 30 minutes vise à mobiliser la communauté internationale afin d'arrêterJoseph Kony. En quelques jours, la vidéo a été vue par plus de 70 millions d'internautes. La page Facebook de la campagne est prise d'assaut et compte plus de 2,5 millions de fans. Sur Twitter, "Kony 2012" a été le sujet le plus partagé sur le réseau social. Des célébrités comme Oprah Winfrey, Puff Diddy, Justin Bieber ou Rihanna ont relayé le message à leurs millions de "followers" … le succès est immédiat… et c'est une première pour une vidéo humanitaire.

Mais très vite, les critiques fusent. Il faut dire que le clip (30 minutes tout de même) ressemble plutôt à une mauvaise bande annonce de film américain (voix off, musiques et effets spéciaux à gogo). Le propos est ensuite tellement manichéen qu'il s'apparente aux pires films de propagande de la période soviétique. Enfin, l'objectif de la campagne (capturer Joseph Kony) cadre mal avec la mobilisation proposée par l'ONG et un appel au don. En effet, Kony est déjà recherché depuis plusieurs années par les armées d'un moins quatre pays : l'Ouganda, la RDC, la Centrafrique et les Etats-Unis. On voit mal comment la mobilisation de millions d'internautes pourraient accélérer sa capture et surtout, à quoi servirait l'argent récolté ? L'échec de son arrestation n'est pas dû à un manque de moyens financiers, mais bien plus prosaïque : la zone dans laquelle se déplace les troupes de Kony est grande comme 2 fois la France et couverte d'une forêt tropicale très dense. Le chef rebelle joue donc à cache-cache avec les différentes armées à sa poursuite.

La controverse ne s'arrêta pas là. Un étudiant canadien (relevé par le site du Nouvel Observateur) affirme qu'Invisible Children "est en faveur d’une intervention militaire directe, et leur argent soutient l’armée du gouvernement ougandais et divers autres forces militaires." Une photo des fondateurs de l'ONG, posant les armes à la main avec des militaires de la SPLA (milice soudanaise soutenue par l'Ouganda) a fini par jeté le trouble sur les bonnes intentions d'Invisible Children. Pour couronner le tout, l'ONG a été plutôt mal noté par Charity Navigator, censé évaluer la transparence financière d'Invisible Children, l'association ayant refusé l'accès à ses comptes.

Invisible Children donne peu d'explications convaincantes sur son site internet. La photo ? "une erreur de jeunesse". Le financement ? "aucun don n'est versé à des gouvernements". Comment cette campagne aiderait-elle l'arrestation de Joseph Kony ? "en déployant des conseillers américains sur place (??), en fournissant des renseignements (??) et d'autres aides (lesquelles ??) pour localiser Joseph Kony".

Si arrêté Joseph Kony est une nécessité pour la sécurité de milliers de civils vivant dans la région, la campagne d'Invisible Children "sonne faux". Car si la cause est bonne, les moyens sont douteux. D'ailleurs de nombreux internautes ont immédiatement détourner la campagne en se demandant comment cette vidéo de 30 minutes pouvait changer quelque chose dans l'arrestation de Joseph Kony.

Capture d’écran 2012-03-11 à 23.12.37.pngCapture d’écran 2012-03-11 à 23.12.03.png

 

 

 

Un seul point positif tout de même : la puissance d'internet peut accélérer la mobilisation de l'opinion (on le savait déjà avec les révoltes arabes) et maintenant, tout le monde connaît Joseph Kony… ou presque.

Christophe RIGAUD

06 mars 2012

RDC : L'UE augmentera son aide humanitaire

Devant la situation humanitaire "critique" de la République démocratique du Congo (RDC), l'Union européenne (UE) a décidé d'augmenter son aide humanitaire dans le pays. Kristalina Georgieva a annoncé lors de sa visite à Kinshasa qu'un montant de 59 millions d'euros serait débloqué pour le "deuxième plus grand pays d'Afrique".

Capture d’écran 2012-03-06 à 21.04.48.pngEn déplacement en RDC, Kristalina Georgieva, membre de la Commission européenne et responsable de la coopération internationale a annoncé une augmentation de l'aide en faveur des centaines de milliers de personnes en situation critique dans ce pays. Pour la commissaire européenne, «des millions de personnes, en RDC, traversent l'une des crises les plus longues au monde. Le déplacement de populations à grande échelle constitue un problème non résolu depuis près de 20 ans. Le pays est aux prises avec d'énormes difficultés. C'est la raison pour laquelle nous augmentons notre aide en faveur de la RDC de dix pour cent par rapport à l'année dernière.»

Cette année, la Commission européenne fournira une aide humanitaire d'un montant de 59 millions d'euros à la RD Congo. La Commission européenne soutient aussi les perspectives de développement de la République démocratique du Congo - le 10e Fonds européen de développement a alloué à ce pays un montant d'environ 584 millions d'euros entre 2008 et 2013.

Depuis plus de 15 ans, le pays est en proie à une crise humanitaire majeure. La RDC compte 1,7 million de personnes déplacées à l'intérieur du pays et 426 000 réfugiés congolais dans les pays voisins. Selon l'UE, "les chiffres permettent de mieux comprendre l'impact considérable du conflit : chaque citoyen a, en moyenne, été contraint de quitter son territoire d'origine à trois reprises durant sa vie". Pour Kristalina Georgieva, «les besoins humanitaires sont énormes. Nous devons empêcher que le pays tout entier sombre dans une crise oubliée frappant 66 millions de personnes».

La commissaire Georgieva rencontrera à Kinshasa les organisations humanitaires partenaires et la mission des Nations unies pour la stabilisation. Dans les prochains jours, elle se rendra à Goma, où elle découvrira des projets financés par la Commission européenne.

Christophe RIGAUD

RDC : Qui succédera à Muzito ?

Sur la sortie, le Premier ministre de République démocratique du Congo (RDC), Adolphe Muzito devrait prochainement passer la main. Après des élections "chaotiques" et très contestées, le nom du futur Premier ministre est particulièrement attendu à Kinshasa. Ouverture à l'opposition ou non, le prochain Premier ministre donnera le ton de la seconde mandature Kabila. Evariste Boshab part favori, mais une surprise est toujours possible.

Capture d’écran 2012-03-05 à 23.27.32.png"Fantomatique", "transparent", les qualificatifs peu flatteurs sont nombreux pour décrire l'actuel Premier ministre congolais, Adolphe Muzito, qui a annoncé sa démission à la suite d'une série d'élections (présidentielle et législatives) en novembre 2011. Le passage d'Adolphe Muzito à la primature aura essentiellement été marqué par un immobilisme politique hors pair. Il faut dire que très rapidement après sa nomination en 2008, Muzito est soupçonné de n'être qu'un "bouc émissaire". On parle rapidement de "gouvernement parallèle" dirigé par le conseiller spécial de Joseph Kabila, Augustin Katumba Mwanke, décédé brutalement il y a quelques semaines.

Au bilan du gouvernement Muzito : peu de réalisation et beaucoup d'échecs. Côté positif : la bonne tenue du cadre macro-économique du pays, avec notamment l'atteinte du fameux "point d'achèvement de l'initiative PPTE" et l'effacement de la dette extérieure de la RD Congo. Côté négatif : son recalage constitutionnel sur le passage de 11 à 26 provinces qui ne verra jamais le jour ; l'échec de la décentralisation ; son train de vie dispendieux en période de crise et surtout l'incapacité de son gouvernement à améliorer (un minimum) la vie quotidienne des Congolais dans ses besoins prioritaires (eau, électricité, accès à la santé ou à l'éducation...).

Pour remplacer Adolphe Muzito et entamer sa mandature sous un nouveau jour, Joseph Kabila n'a que deux options : "muscler" son gouvernement avec un Premier ministre issu du PPRD, le parti présidentiel ou faire un geste d'ouverture et confier la primature à un membre de l'opposition.

Boshab en tête

Avec un Premier ministre PPRD, Kabila resterait cohérent avec les résultats "officiels" de la présidentielle et des législatives donnés par la CENI. Pour la président Congolais, le choix est simple : il a gagné la présidentielle et le PPRD est le premier parti à l'Assemblée. Le Premier ministre doit donc être issu du parti présidentiel. Cette fois-ci, Joseph Kabila ne semble plus se résoudre à devenir l'otage de ses alliés, comme ce fut le cas avec le Palu d'Antoine Gizenga et … d'Adolphe Muzito.

Au PPRD, l'avantage est donné à Evariste Boshab, le patron du parti qui sort renforcer des législatives avec 141 députés. L'ex-président de l'Assemblée nationale a l'oreille du président Kabila et le vent en poupe. Mais deux événements malheureux pourraient remettre en cause son accession à la primature : l'accident causé par son fils dans les rues de Kinshasa (5 morts !) et l'accusation de détournement des primes du personnel de l'Assemblée nationale. Sur cette dernière affaire, l'entourage de Boshab crie au complot et déclare que ces accusations sont l’œuvre d’«un syndicaliste instrumentalisé » par ses détracteurs politiques. La guerre pour la primature est donc sans merci.

Dans le camp présidentiel, deux autres personnalités pourraient disputer la primature à Evariste Boshab. Pierre Lumbi, qui est aujourd'hui, le très puissant ministre d’Etat en charge des Infrastructures et de la Reconstruction du gouvernement Gizenga  est aussi le très influent conseiller spécial du Chef de l’Etat en charge de la sécurité. Il a notamment mis en place les fameux contrats de partenariat entre la Chine et la RDC. Et avec ses 27 sièges aux législatives de novembre, Pierre Lumbi a réussi à rendre son parti, le Mouvement social pour le renouveau (MSR), incontournable à la Majorité présidentielle… et au Président Kabila.

Un autre nom court les couloirs du palais présidentiel. Il s'agit de l'actuel ministre des finances, Matata Ponyo. Rescapé du crash de Bukavu, le 12 février dernier, qui coûté la vie à Katumba Mwanke, le plus influent conseiller de Joseph Kabila, Matata Ponyo fait office de miraculé. Ce technocrate "bon teint", moins politique et moins controversé que les deux autres prétendants, pourrait constituer une bonne alternative pour Joseph Kabila. Une chose est sûre : le nouveau Premier ministre aura les coudées franches à la tête du nouveau gouvernement avec la disparition de Katumba Mwanke.

"Ouverture" à l'opposition ou gesticulation ?

L'autre choix de Joseph Kabila pourrait être de "faire un geste" vers l'opposition. La réélection du président Kabila est jusqu’à présent contestée par l’opposition qui estime qu’Etienne Tshisekedi est le président légitime de la République démocratique du Congo. Les missions d'observation internationale ont également émis de nombreux doutes sur la crédibilité des résultats de l'élection présidentielle, puis des législatives. La communauté internationale presse donc (timidement) le président Kabila de résoudre la crise politique qui couve à Kinshasa et de tendre la main à l'opposition. Trois noms s'offrent à Joseph Kabila : Etienne Tshisekedi, Léon Kengo et Vital Kamerhe. L'irréductible Etienne Tshisekedi a peu de chance d'accepter : il ne reconnaît pas l'élection de Kabila. Vital Kamerhe, ex -allié du président Kabila, a tout intérêt à ne pas se "salir" au pouvoir et à attendre la prochaine présidentielle de 2017, où ses chances seront plus importantes. Reste Léon Kengo qui serait le plus "Kabila-compatible" des "opposants" (Kengo à déjà été deux fois Premier ministre !). Seul hic dans cette (peu probable) "ouverture" : Joseph Kabila est persuadé d'avoir gagné les élections et n'a donc aucune envie de partager le pouvoir.

Les rumeurs proposant la primature à l'opposition ressemblent donc davantage à un "enfumage" du camp présidentiel qu'à un véritable désir d'apaiser les tensions politiques en formant un gouvernement de coalition. Kinshasa semble juste vouloir envoyer un signal à destination de ses partenaires occidentaux : "on a tout essayer"… mais le Premier ministre sera issu de la majorité.

Christophe RIGAUD

02 mars 2012

RDC : L'ambassadeur de l'UE accrédité par Kinshasa

Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a reçu ce vendredi les lettres de créances de 4 ambassadeurs nouvellement accrédités par Kinshasa. L'Union européenne sera désormais représentée par Jean-Michel Dumond. Le délicat financement des prochaines élections locales sera sans doute au coeur des prochains dossiers traités par l'Union européenne.

Image 2.pngCe vendredi, au Palais de la Nation de Kinshasa, Joseph Kabila a reçu, comme de coutume, les lettres de créances de 4 ambassadeurs représentants l'Iran, la Côte d'Ivoire, la Zambie et l'Union européenne (UE).

Jean-Michel Dumond sera le nouvel ambassadeur de l'UE en RDC. A 59 ans, ce diplômé de l’Institut d’études politiques détient une maîtrise en droit public. Il était auparavant ambassadeur au Nigéria.

Après des élections présidentielle et législatives très contestées et la réélection "embarrassante" de Joseph Kabila, les missions internationales présentes pendant le scrutin (dont celle de l'UE) ont toutes dénoncé les nombreuses irrégularités de ces élections aussi que les soupçons de fraudes massives. Une situation délicate pour la communauté internationale qui hésite entre la condamnation du processus électoral et la reconnaissance forcée de la réélection du président Kabila. Depuis, quelques semaines la communauté internationale s'oriente vers un statu quo, doublé d'une normalisation avec Kinshasa, en espérant que les prochains scrutins soient réalisés dans de meilleures conditions.

Dossier le plus épineux à venir : le financement de la suite du processus électoral par l'Union européenne(provinciales et sénatoriales). Une polémique, vite éteinte par Kinshasa, avait été lancée par le Ministre de la Communication congolais, Lambert Mende, sur l'incertitude de la tenue des élections provinciales. Kinshasa affirmait que "faute de moyens", la RDC ne pourrait pas organiser le scrutin "sans l'aide (rapide) de ses partenaires". La RDC se targuait également d'avoir financé quasiment "seule" les élections chaotiques de novembre... ce qui provoqua le tollé des différentes organisations internationales partenaires du processus électoral. L'Union européenne a précisé qu'elle avait déjà financé le processus de novembre à hauteur de 35 millions d'euros. La question est donc de savoir si l'Union va remettre la main à la poche pour les nouvelles élections à venir, alors que les dernières ont été, selon la majorité des observateurs, un "fiasco" en matière d'organisation, avec un manque total de crédibilité des résultats. Pour l'heure, aucune date n'a été avancée par Kinshasa pour l'organisation des prochaines élections provinciales, prévues en mars et des sénatoriales, prévues en juillet 2012... l'incertitude plane.

Christophe RIGAUD