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03 janvier 2012

2012 : Où va la RDC ?

En Afrique, les lendemains d'élections sont particulièrement redoutés. La République démocratique du Congo (RDC) n'échappe pas à la règle. L'année 2011 a été marquée par des élections entachées de nombreuses irrégularités, de suspicions de fraudes massives et de violences. L'opposant Etienne Tshisekedi conteste la réélection de Joseph Kabila et s'est auto-proclamé "président élu", plongeant le pays dans une crise politique profonde. L'incertitude plane donc sur l'année 2012. Nous avons demandé à Alphonse Maindo (1), professeur en sciences politiques à l'université de Kisangani, de nous éclairer sur l'année à venir.

Capture d’écran 2012-01-02 à 22.30.39.png- Afrikarabia :  Après des élections de novembre 2011 sous pression, les nombreux observateurs internationaux présents mettent en doute la crédibilité du scrutin et dénoncent le chaos logistique et les forts soupçons de fraude. Comment se présente l'année 2012 ?

- Alphonse Maindo : Cette année sera très difficile. Le président sort affaibli de ce scrutin. On est là aux antipodes de ce que devrait représenter une élection. Dans la conception moderne des élections : il s'agit d'une processus de légitimation des dirigeants politiques. Là, c'est tout le contraire : la personne élue est plus faible après le vote, qu'avant. Gouverner ne va donc pas être facile. Et Joseph Kabila ne pourra pas continuer de gouverner à coup de répression et à coup de matraque… on ne peut plus gouverner comme cela.

- Afrikarabia : Comment Joseph Kabila peut-il se sortir de cette situation ?

- Alphonse Maindo : Si le président Kabila veut acquérir une certaine légitimité et une certaine autorité, il sera obligé de composer avec l'opposition. Il n'a pas d'autre choix. Mais attention, il ne faudra pas faire dans demi-mesure. Il ne suffira pas de débaucher quelques membres de l'opposition comme sous Mobutu. Cela ne donnera pas de résultats. Pour moi, il faudrait que le prochain premier ministre soit issu de l'UDPS pour donner plus de poids et de légitimité au futur gouvernement pour les 5 années à venir.

- Afrikarabia : Comment l'UDPS peut-elle composer avec la majorité présidentielle et comment Tshisekedi pourrait devenir le Premier ministre d'un président dont il conteste l'élection ?

- Alphonse Maindo : Je pense en effet que cela sera très difficile. Mais je crois qu'Etienne Tshisekedi est assez intelligent et patriote pour pouvoir accepter de faire quelques concessions, obtenir la paix sociale et ne pas faire retomber la RDC dans le chaos et l'anarchie. Mais attention, cela dépendra aussi de la volonté de la Majorité présidentielle. Il ne faut pas oublier que dans le camp présidentiel, il y a des personnes radicales, qui ne veulent pas entendre parler de négociations ou de gouvernement d'union nationale. Ils prétendent tous avoir gagner les élections et ne veulent rien négocier.  Mais on n'a pas d'autre choix. Il faut bien voir qu'à l'heure actuelle on ne peut plus savoir qui a vraiment gagné ces élections. Des bulletins de vote et des procès-verbaux ont été perdus, détruits ou falsifiés… le recomptage des voix est aujourd'hui impossible.

- Afrikarabia : Que peut faire l'opposition dans la situation actuelle ?

- Alphonse Maindo : Si l'UDPS veut jouer un rôle important sur la scène politique congolaise, elle doit changer de stratégie. Pour l'instant la stratégie d'Etienne Tshisekedi n'a pas donné de résultats. L'opposition ne doit plus faire dans le discours, mais doit montrer sa capacité à mobiliser la rue. Si Tshisekedi se contente juste de s'auto-proclamer président et de constituer son gouvernement, on sait ce que cela à donner sous Mobutu. Ce qu'il doit faire, avec ses amis, c'est mobiliser la rue congolaise pour rendre le pays difficile à gouverner… la politique c'est un rapport de force ! Il faut donc obliger Kabila à négocier pour faire une gestion partagée et consensuelle du pouvoir jusqu'en 2016. Il me paraît est impossible d'organiser de nouvelles élections crédibles et acceptées par tous d'ici cette date. Il faut donc trouver une solution intermédiaire. Il faut également que l'opposition s'appuie sur la diaspora. La diaspora doit faire pression. Au niveau des capitales occidentales, cette diaspora peut mobiliser et faire bouger les gouvernements occidentaux. 

- Afrikarabia : L'année 2012 verra la tenue d'autres élections, notamment provinciales. Comment voyez-vous ce long électorale qui prendra fin en 2013 ?

- Alphonse Maindo : Si la CENI (la Commission électorale -ndlr-) ne change pas de méthode de travail et ne prend pas le courage de se remettre en cause pour mieux gérer le processus électoral, ces élections locales, provinciales et sénatoriales, risquent d'exacerber les tensions. On sait que la République démocratique du Congo est encore très fragile. Beaucoup d'armes circulent dans ce pays et il y a encore de nombreux groupes armés incontrôlés. Il y a de forts risques pour que l'on replonge dans le chaos et la guerre. Il faut à tout prix que nos dirigeants et nos élites politiques prennent conscience de ce risque. Il faut qu'il y ait un vrai sursaut national, sinon nous irons de crise en crise.

- Afrikarabia :  D'autres risques menacent la RDC en 2012 ?

- Alphonse Maindo : Après la crise politique, la crise sociale et économique menace. Jusqu'à présent, si on regarde les indicateurs macro-économiques, le taux d'inflation reste "gérable", la monnaie ne s'est pas encore beaucoup dépréciée par rapport au dollar (1$ pour environ 900 francs congolais). Mais on est face à une situation très difficile pour le Congo. Ses principaux partenaires : les pays occidentaux, le FMI, la Banque mondiale, l'Union européenne, commencent à exprimer des doutes par rapport à la crédibilité de ces élections et à prendre leur distance. On peut craindre que le futur gouvernement congolais soit privé de moyens financiers. Il ne faut pas oublier que la RDC dépend pour moitié de ses ressources, des aides internationales. Si ces aides sont coupées, le nouveau gouvernement de Joseph Kabila va avoir beaucoup de mal à fonctionner dans les prochains mois.

- Afrikarabia : Et les Congolais dans tout ça ?

- Alphonse Maindo :  Les Congolais sont les plus grands perdants de ces élections. Ils se sont déplacés en masse pour voter et visiblement leurs voix n'ont pas été entendues. Certains s'interrogent même de savoir si cela vaut encore la peine d'aller aux urnes. La démocratie en a pris un sérieux coup avec ces élections... même si je sais que le Congo n'est toujours pas démocratique. L'échec de ces élections va laisser des traces chez les Congolais.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD

(1) Alphonse Maindo est l'auteur de "Des conflits locaux à la guerre régionale en Afrique centrale", Paris, L'Harmattan, 2007.

Photo : Alphonse Maindo à Paris en octobre 2011 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

Commentaires

Une très bonne analyse, bravo mr le professeur.
Mais, il est connu pour le president TSHISEKEDI qu'il ne peut pas travailler avec ce petit tricheur de KANAMBE.
Sa tricherie est une injure auprès de la personne de TSHISEDI et de peuple congolais. Par consequent, comme tout est connu de tous, qu'il accepte de ceder le fauteuil au gagnant et continué son bon chemin, au lieu de risquer de passer le reste de sa vi à la CPI, la juridiction de ses parrains européen.
Encore bravo , professeur ; Tshisekedi doit nous amener dans la rue nui et jour, ensemble avec les hommes en uniformes comme ce le cas à l'étranger avec la diaspora congolais.

Écrit par : peuple congolais | 03 janvier 2012

Je suis d'accord qu'il faut un seulement populaire

Écrit par : Augustin | 03 janvier 2012

Bravo professeur,
La RDC a besoin des analystes et des dirigeants comme vous. Je crois que vos étudiants doivent être fiers de vous!

Écrit par : Loueenço | 03 janvier 2012

je ne cesse de me demander l'instrumentalisation de la diasporat congolaise pour qui roule t il? Est ce parque kabila couve les oeufs qu'il n'a pas pondu?est ce dans le souci de voir ce congo au pied d'argil etre compté parmi les pays emergent? Vraiment la RDC notre pays en 2005 etait l'un des pays les plus pauvres au monde avec un PIB us 120dol,oui kabila a reconnu qlq defaience donc il doit tendre la main à l'opposition pour favoriser un climat de paix

Écrit par : joseph Tsimba Mavungu | 03 janvier 2012

Voilà quelqu'un qui voit les choses telles qu'elles sont. Mais demander à Tshisekedi de devenir premier ministre d'un Kabila illégitime est une insulte aux congolais qui ont voté massivement pour le changement. Ces élections, c'est un fiasco tant pour le Congo que pour la communauté internationale. Il est vrai que les caciques du régime ne vont pas céder d'un pouce, surtout que leurs manœuvres ont payé: ils sont en tête des élections parlementaires. A mon avis, il aurait été mieux d'annuler carrément les élections, constituer un gouvernement de transition et réorganiser les nouvelles élections dans deux ans, avec une nouvelle CENI qui inclut la société civile.
Évidemment c'est vœux pieux mais à l'allure où vont les choses, le chaos est prévisible. 2012 est opaque pour les congolais. Je me demande comment Kabila va gouverner; il sera traité de président tricheur, fraudeur, voleur. Même à côté de ses pairs africains, comment se sentira-t-il? La honte. Mais je ne le vois pas gêné; c'est le style de tout dictateur en devenir. Dans quelques années, il sera pire que ça.

Écrit par : christian | 03 janvier 2012

Bonjour Professeur,
En tant qu'intellectuel de ce pays, je crois que vous devez selon moi donner la ligne à suivre au lieu de condamné l'élu car, depuis la deuxieme république nos politiciens sont toujours corrompu et travail souvent pour leurs interets en facilitant la fraude, criante faisant voir au Peuple qu'ils ne sont pas d'accord et aprés le silence sera absolu et tout passera comme rien à étè. je demande à Mr. Tshisekedi de ne plus tomber au piége de fraudeurs sinon il sera hait plus que le corrupteur. Celui qui est averti en vaut deux.

Écrit par : masamba josé | 04 janvier 2012

Une vérité nous devons apprendre à dire la vérité pour la reussite.

Écrit par : Jean de Dieu Bondo lumembele | 05 janvier 2012

Une analyse sans complaisance et objective. Si les acteurs politiques du moment peuvent entendre un conseil, ils feraient mieux de lire cet article. Les Congolais doivent aussi comprendre que l'avenir du pays dépend de leur attitude. La diaspora trouve une place de choix dans cet article, c'est d'elle que viendra le salut du Congo, cela est vrai financièrement et politiquement. Car, les décisions importantes pour le Congo, dans la situation actuelle, pourront venir de l'activité de la diaspora congolaise. Mais il faudra que le travail fait dans la diaspora le soit dans la sagesse et les Congolais ne doivent pas se tromper de cible. L'attitude de Didier Reynders et des administrateurs francophones belges envers la situation du Congo et envers les Combattants ne doivent en aucune façon justifier les slogans pro flamands. Nous avons notre propre combat, laissons le combat belgo-belge aux belges eux-mêmes qui sont habitués à leur compromis sans effusion de sang. Nous devons par contre montrer le pourquoi de la lutte contre le pouvoir à Kinshasa: pouvoir sanguinaire, et illégitime (maintenant, les votes contestés validés par une Cour Suprême de Justice qui a déçu toutes les attentes et qui est gagnée à la cause du président sortant).

Écrit par : Mudiadima | 06 janvier 2012

merci prof pour cette analyse objective et félicitation,je demande à d'autres profs congolais qui font la honte d'un métier si noble d'emboiter votre pas et encourage notre diaspora de continuer la lutte jusqu'à la victoire finale,et demande à nous congolais au pays de bannir la peur pour sortir en masse afin d'obtenir la victoire du peuple congolais

Écrit par : thierry ilunga | 06 janvier 2012

@Monsieur le professeur,

En lisant votre analyse sur cet article j´ai eu des larmes aux yeux, et je me suis dis que, dans l´intelligentsia congolaise il y a encore certains compatriotes objectifs, qui ne sont pas aveuglés par la corruption au point de perdre tout sens humains, à l´instar de ceux que nous connaissons, des soit disant professeurs d´université, monsieur, je n´ai rien à vous donner à titre de récompense pour ce travail o combien louable qui contribue à l´édification de la maison Congo, je vous dis merci, seul Dieu peut vous récompenser correctement, puisque vous contribuez tant soit peu à sauver des vies, encore une fois, merci.

Votre compatriote,
Mao Battantu.

Écrit par : Mao Battantu | 07 janvier 2012

je vous felicite mr. le professeur, que le Dieu tout puissant vous donne de la force et de l'intelligence enfin d'ouvre encore l'oeil du peuple congolais, je suis d'accord avec vous, il ya deja des strategies qui sont entrain d'etre changees et cette lutte ira jusqu'a sa fin.

Écrit par : roger mushipula | 08 janvier 2012

pour moi la soluton est ttres simple il y a les lois electoral comme cette lois a ete abuse,il faut d'abord commencais a arrete les responsable de soit dissant l'organisateur de cette election et les cohauteur de cette fraude donc le candidat en question ce luis q'ont va l'enttendre dans la justice

Écrit par : nsiala | 12 janvier 2012

merci professeur pour ses analyses combien perspicace. tous o*nous nous demandons où allons nous avec ce Congo très malade qu'auparavant? néanmoins, comme tu l'as dis dans ton interview, Etienne Tshisekedi ne doit plus rester au stade de discours, mais bien plus doit mobiliser tous ses partisans à peupler les rues de la République démocratique du congo nuit et jour, chose qui placera Monsieur KANAMBE dans un dilemme comme ce fut le cas dans d'autres pays d'Afrique.

Écrit par : Marcellin LUKONGO | 12 janvier 2012

Je suis tres content de voir des gens qui s'expriment librement. Bravo Professeur. Mashoko Mamba ne changera jamais. Ils sont habitues aux mauvais sorts. Qui ne sait que kabila a triche? Meme dans son camp, c'une histoire a ne pas nier. Ayons honte de commettre des betises. Nous savons que les 5ans avenir sans associer l'opposition sera un echec total. Bravo Prof

Écrit par : Emile | 11 avril 2012

br

Écrit par : bienfait mubalama mz | 14 novembre 2012

bravo professeur pour votre analyse le congo a des comme vous pour sa reconstruction

Écrit par : bienfait mubalama mz | 14 novembre 2012

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