18 juin 2011
RDC : Arrestation d'un candidat à la présidentielle
Le 3 juin dernier, le président du FLNC (Front de libération nationale du Congo), Elie Kapend Kanyimbu aurait été arrêté à Lufu, à la frontière angolaise. Le FLNC dénonce l'arrestation arbitraire de cet ex-général des Tigres Katangais, candidat à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC).
Selon un communiqué de la représentation européenne du FLNC, Elie Kapend Kanyimbu a été arrêté vendredi 3 juin alors qu'il voulait se rendre en Angola. Le président du Front de libération nationale du Congo devait assister au mariage de son fils aîné et avait prévenu, selon le FLNC à Bruxelles, les services de la DGM, de l'ANR (les renseignements congolais) et le conseiller sécurité du président Kabila, Pierre Lumbi. Le communiqué stipule qu'Elie Kapend Kanyimbu possédait un visa en cours de validité délivré par l'ambassade d'Angola à Kinshasa.
Selon, le site Le Climat Tempéré, Elie Kapend Kanyimbu a d'abord été transféré à Matadi (au Bas-Congo) avant d'être écroué dans les locaux de l'ANR à Kinshasa. Suite à cette arrestation, le siège du FLNC à Kinshasa "a été investi par près de 2000 militaires" le vendredi 10 juin. Le siège du parti et la résidence d'Elie Kapend Kanyimbu ont ensuite été perquisitionnés et trois cadres du FLNC ont été interpellés.
Cette arrestation, qui n'a pas encore été confirmée officiellement, intervient dans un climat de vive tension à l'approche des prochaines élections présidentielles et législatives, prévues en novembre prochain. L'opposition au président sortant, Joseph Kabila, dénonce de nombreuses pressions sur les candidats et militants.
Comme le Bundu dia Mulaya (originaire du Bas-Congo) et récemment interdit , le FLNC est une émanation des «Tigres du Katanga». Ce mouvement issu des célèbres "gendarmes katangais" s'était battu dans les années 1960 pour l'indépendance de la riche province du Katanga, avant de fuir en Angola. Les "Tigres" sont aujourd'hui connus sous le nom de Front de libération nationale du Congo (FLNC, le parti d'Elie Kapend Kanyimbu, redevenu très actif, au Bas-Congo, à la frontière de l'Angola, leur refuge depuis une quarantaine d'années.
Le représentant d'Elie Kapend Kanyimbu en Europe, Yves Nawezi, demande au ministre belge des Affaires étrangères, à l'Union européenne et aux différentes ONG internationales de "peser de tous leur poids pour obtenir la libération immédiate du président Kapend et de ses codétenus".
Christophe Rigaud
18:17 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (36)
17 juin 2011
RDC : Grande marche Paris-Bruxelles contre les viols au Congo
14 jours de marche pour 14 années de silence. Chaque jour 1152 femmes sont violées en République démocratique du Congo (RDC) dans l'indifférence générale. Pour dénoncer ce féminicide oublié des médias, une grande marche de Paris à Bruxelles tentera de sensibiliser l'opinion publique au drame des femmes congolaises. Départ de Paris, le 30 juin 2011.
"Ni violées, ni persécutées", c'est le slogan des 300 km de marche qui relieront Paris à Bruxelles entre le 30 juin et le 14 juillet pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les viols de masse commis en toute impunité en République démocratique du Congo (RDC). Les marcheurs demandent aux gouvernement français et belge de reconnaître la gravité de ces crimes. A l'arrivée à Bruxelles, une plainte sera remise à la Cour pénale internationale (CPI) afin d'engager des poursuites contre "les génocidaires congolais".
Organisée par l'Action des Journalistes de l'Espace Schengen (AJES), en partenariat avec l'association Ni Putes Ni Soumises, cette marche mondiale des Congolaise pour la justice traversera 14 villes de France et de Belgique avec pour objectif : briser un silence de 14 ans sur sur les violences sexuelles en RDC. Pour l'organisatrice, Marie Inyongo, présidente de l'AJES, "il est temps de dire stop !" Un récent rapport de The American Journal of Public Health, démontre une augmentation inquiétante des viols constatées en RDC, au rythme de 1152 femmes par jour, soit 48 femmes par heure en moyenne. Partenaire de cette marche, l'association Ni Putes Ni Soumises s'est fortement impliquée dans ce projet. Pour sa présidente, Sihem Habchi, "ces massacres sont en train de déshumaniser l'Afrique. Il est temps de se mobiliser pour ses femmes et de porter plainte en leur nom". Regardez les interviews de Marie Inyongo (AJES) et de Sihem Habchi (Ni Putes Ni Soumises) :
Interview de Marie Inyongo et Sihem Habchi par ChristopheRigaud
L'ambassadeur de France chargé des droits de l'homme, François Zimeray est venu apporter son soutien à la marche "Ni violées, Ni persécutées". L'ambassadeur a effectué plusieurs voyages "bouleversants" en RD Congo, selon ses propres propos. Pour François Zimeray, "il n'y a aucun mot pour rendre compte de la violence et de la barbarie dont sont victimes les femmes congolaises." L'ambassadeur dénonce "l'obscurité médiatique" qui entoure ces crimes et "l'absence de réponse de la société civile". Regardez l'interview de François Zimeray, toujours très ému par ce qu'il a vu en RDC :
Interview de François Zimeray ambassadeur des... par ChristopheRigaud
La marche "Ni violées, Ni persécutées" partira de Paris le 30 juin (esplanade du Trocadéro) pour arriver le 14 juillet à Bruxelles. 14 villes seront traversées : Goussainville, Senlis, Compiègne, Noyon, Tergnier, St. Quentin, Bohain en Vermandois, Solesmes, Valenciennes, Boussu, Mons, Soignies, Hal et Bruxelles.
Christophe Rigaud
11:40 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
14 juin 2011
RDC : La loi électorale validée par le Sénat
Sans surprise le Sénat congolais a adopté la nouvelle loi électorale en République démocratique du Congo (RDC). En vue des prochaines élections présidentielles et législatives de novembre 2011, le Sénat valide une loi électorale sans grands changements par rapport au précédent scrutin de 2006.
Les sénateurs (majorité et opposition réunis) ont approuvé, comme l'Assemblée nationale il y a quelques semaines, la nouvelle loi électorale qui régira les élections présidentielles et législatives de novembre prochain. Les deux assemblées congolaises ont rejeté les principales modifications proposées par le gouvernement : pas de seuil de 10% pour les députés (proportionnelle intégrale) et maintient des 4 circonscriptions pour la capitale, Kinshasa (contre les 24 proposées par le gouvernement). Après son approbation par l'Assemblée nationale et maintenant le Sénat, la loi électorale sera prochainement promulguée par le président Joseph Kabila.
Christophe Rigaud
22:14 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
RDC : Vers une force régionale d'intervention contre la LRA
La deuxième réunion des ministres de la Défense des pays victimes des exactions de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) vient de décider la création d'une Force Régionale d'Intervention (FRI) contre la rébellion ougandaise de Joseph Kony. L'Union africaine (UA) et la communauté internationale devront contribuer au financement et à la mise en place de cette force.
Depuis plus de 25 ans, la LRA du rebelle ougandais Joseph Kony, terrorise les populations de République démocratique du Congo (RDC), de République Centrafricaine et du Sud-Soudan. D’après le HCR, depuis décembre 2008, la LRA a tué 2000 personnes, en a enlevé plus de 2600 et a provoqué le déplacement de 400.000 habitants au Nord et à l'Est de la RDC. Depuis plusieurs mois, les ONG font pression sur l'Union africaine (UA) pour prendre enfin le problème au sérieux.
En octobre 2010, l'Union africain avait déjà convenu d'un plan sécuritaire et humanitaire de grande ampleur. Ce week-end à Addis-Abeba, la réunion des ministres de la Défense congolais, ougandais, centrafricain et du ministre de l'Intérieur du Gouvernement du Sud Soudan va plus loin en annonçant la mise en place d'une Force d'Intervention Régionale (FRI), d'un centre des opérations (COC) et d'un mécanisme conjoint de coordination (MCC) afin lutter contre la LRA.
L'Union africaine devra mobiliser des ressources financières et logistiques pour constituer cette force. Les autres besoins de la mission seront à la charge des pays
contributeurs. Si cette réunion constitue un pas de plus vers une intervention armée contre la rébellion de Joseph Kony, le temps presse : ces cinq derniers jours, des localités de Bangadi, à 40 kilomètres de Dungu, ont été victimes d’une série d’attaques attribuées aux combattants de l’Armée de résistance du seigneur. Bilan : 4 morts et de nombreux pillages.
Christophe Rigaud
14:46 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
RDC : Le conflit oublié des médias
La République démocratique du Congo (RDC) est-elle maudite ? Depuis plus de 15 ans cet immense pays d'Afrique centrale cumule les conflits et les drames humanitaires... dans l'indifférence générale. Pourquoi les médias internationaux sont-ils plus prompts à couvrir la guerre en Libye, le conflit en Irak ou en Afghanistan, que la catastrophe humanitaire en cours en RDC ? Explications sur un pays plongé dans un "trou noir médiatique".
Trop long, trop compliqué, trop loin, trop cher à couvrir pour les journalistes, le conflit oublié en République démocratique du Congo (RDC) ne mobilise pas les médias... et donc pas les opinions publiques. Pourtant ce vaste pays, grand comme 5 fois la France, en plein coeur de l'Afrique, est un concentré de catastrophes divers : plusieurs guerres à répétition, des millions de morts (2, 3 ou 4 millions ?), 1,7 million de réfugiés, le viol de masse utilisé comme arme de guerre, l'enrôlement de milliers d'enfants soldats, le pillage des ressources naturelles, un Etat défaillant dans le top 10 des pays les plus pauvres au monde... voici le rapide portrait de la situation en RDC. Pourtant, les médias ne semblent guère y prêter attention alors que 18.995 casques bleus de l'ONU sont sur place pour la plus importante opération de maintien de la paix au monde. Afrikarabia a demandé à Marcel Stoessel*, responsable de l'ONG Oxfam en RDC, de nous éclairer.
- Afrikarabia : Qu'est-ce qui explique l'absence de la RDC dans les médias malgré une situation humanitaire extrêmement préoccupante ?
- Marcel Stoessel : Tout d’abord, j’aimerais confirmer les deux affirmations que vous faites : une situation humanitaire préoccupante, et une certaine absence de la RDC dans les médias. Cette absence est assez choquante. Une recherche récente a montré qu’entre septembre 2006 et avril 2007, il y avait 1.327 articles référencés sur la RDC, 19.946 sur Israël et les territoires occupés, 29.987 sur l’Afghanistan, et 43.589 sur l’Iraq. Pour moi, il y a plusieurs raisons à cela :
Premièrement, la population qui souffre se trouve aujourd’hui, dans des zones très isolées du pays, comme en Haut Uélé, à Shabunda, ou à Fizi. Il est très difficile et coûteux pour les humanitaires ainsi que pour les médias d’y accéder. Les problèmes de sécurité et de logistique sont des barrières importantes. J’ai récemment visité un de nos projets humanitaires dans un village au Nord de Niangara, en Haut-Uélé (au Nord-Est de la RDC). Il nous a fallu plusieurs jours pour arriver à Niangara, et une fois sur place nous n’avons pas vu un seul véhicule de toute la journée. Souvent les journalistes n’ont pas les moyens financiers et le temps pour se déplacer dans ces zones reculées. Ils sont donc forcés de travailler dans les régions plus proches de Goma ou Bukavu (les principales villes de la région). Dans certaines zones il manque aussi de réseaux téléphoniques et il est donc difficile d’informer les journalistes sur la situation humanitaire.
Deuxièmement, les personnes déplacées vivent aujourd’hui principalement dans des familles d’accueil et non pas dans des camps de déplacés. En cas de crise, les familles congolaises accueillent très souvent leurs sœurs et frères réfugiés. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien entendu. Mais la souffrance des personnes vivant dans des familles d’accueil est visuellement moins impressionnante que lorsqu’il s’agit de grands camps de déplacés. Il est plus "spectaculaire" pour les journalistes de faire des photos ou de tourner des vidéos dans ces immenses camps. Aujourd’hui, les femmes, les enfants et les hommes souffrent loin des caméras, mais cela ne veut pas dire que leur souffrance soit moindre.
Troisièmement, les conflits en RDC sont compliqués. Il est plus facile d’expliquer un conflit binaire « A contre B » dans un contexte comme la Libye ou en Côte d’Ivoire que de parler de la pauvreté, de la mauvaise gouvernance, de dizaines de groupes armées, des ressources naturelles, des tensions intercommunautaires... Je pense aussi qu’il y a une certaine fatigue avec la RDC, parce que la situation ne semble pas s’améliorer significativement tout au long de ces années. Pourtant, ce n’est pas vraiment exact : il y a des solutions et la situation dans certaines zones s’est améliorée ces dix dernières années. Mais il faut une analyse approfondie et surtout, il faut de la patience.
- Afrikarabia : Que faudrait-il faire pour que ce conflit soit mieux couvert par les médias ? Faut-il adopter d'autres stratégies ?
- Marcel Stoessel : Je pense qu'il faudrait sortir des statistiques et commencer par parler des êtres humains, derrière les chiffres. Il faudrait pouvoir montrer la famille qui a accueilli chez elle cinq autres familles déplacées suite à une attaque d’un groupe armé ; la responsable d’une organisation locale qui a réussi à améliorer la sécurité du village en parlant avec le commandant local de l’armée ; le staff local d’Oxfam qui doit même réparer des pistes d’atterrissage et des ponts avant de pouvoir délivrer l’assistance, etc... Le célèbre photographe de mode Rankin est déjà venu deux fois en RDC pour raconter ces histoires très humaines, très concrètes... et nous devons continuer dans cette direction. Nous avons aussi un projet de « citoyen journaliste », qui devrait permettre à ces populations enclavées de raconter directement et sans censure leur quotidien. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ont un potentiel énorme pour mettre en contact des personnes des pays "développés" avec des Congolais. Il y a donc des solutions pour sortir du "trou noir médiatique". C’est notre devoir moral de continuer à tenter de le faire.
(*) Marcel Stoessel est le directeur d'Oxfam en République démocratique du Congo depuis 2 ans et demi. Cette ONG intervient dans l'humanitaire, mais aussi dans le développement durable et les plaidoyers auprès des décideurs politiques ou économiques. En RDC, Oxfam travaille sur l'accès à l'eau, l'assainissement, l'hygiène, la sécurité alimentaire, la protection des populations et l'éducation.
Propos recueillis par Christophe Rigaud
Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com
07:30 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)