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29 mai 2011

RDC : Les députés rejettent les modifications électorales du gouvernement

Si la nouvelle loi électorale congolaise est adoptée, les principaux changements souhaités par le gouvernent ont été rejetés par les députés… opposition et majorité confondues. Une première à l'Assemblée nationale de République démocratique du Congo (RDC).

Logo Elections 2011.jpgDans la douleur, l'Assemblée nationale congolaise vient donc d'adopter la nouvelle loi électorale concernant les nombreux scrutins prévus en RD Congo entre le 28 novembre prochain et la mi-2013. Adoptée par 363 voix sur 500 élus, la nouvelle loi ne tient pas compte des différentes innovations que souhaitait apporter le gouvernement congolais. Les députés de l'opposition, mais aussi de la majorité ont notamment refusé le seuil d'inéligibilité de 10% des voix pour qu'une liste puisse obtenir un siège. Pour de nombreux députés, cette nouvelle règle éliminerait de nombreux petits partis de la représentation nationale (il y a plus de 300 partis politique en RDC). Comme pour les élections de 2006, l'élection des députés se déroulera donc au scrutin proportionnel intégral.

Comme en 2006 ensuite, les députés ont rejeté le passage de 4 à 24 communes pour la ville-province de Kinshasa. La capitale restera donc une commune à 4 circonscriptions correspondant aux quatre districts administratifs de la ville. A quelques mois de la fin du mandat du président Joseph Kabila, certains députés de la majorité présidentielle se sont donc "lâchés" pour clairement exprimer leur désaccord avec la nouvelle loi électorale proposée par le gouvernement. Une fronde sans grande conséquence, mais qui montre la certaine fébrilité qui règne dans le camp majoritaire à l'approche du scrutin.

Le projet de la nouvelle loi électorale passera ensuite devant le Sénat pour une deuxième lecture, avant sa promulgation par le président de la République.

Christophe Rigaud

25 mai 2011

RDC : Kinshasa interdit le parti Bundu dia Mayala (BDM)

Après l'interdiction du mouvement politico religieux Bundu dia Kongo (BDK) en 2008, sa vitrine politique, le Bundu dia Mayala, n'est plus autorisé à fonctionner. Le parti du député Ne Muanda Nsemi est accusé par Kinshasa d'être à l'origine des violences qui ont enflammé la province du Bas-Congo en 2007. Toute activité du BDM est désormais illégale sur l'ensemble du territoire congolais et ce, à quelques mois des prochaines élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC) prévues en novembre 2011.

Capture d’écran 2011-05-25 à 22.26.39.pngC'est à Matadi, fief du Bundu dia Mayala (BDM), que la ministre et porte-parole du gouvernement, Marie-Ludovic Manoka Nzuzi, a annoncé l'interdiction du parti politique BDM, le nouveau parti politique du député Ne Muanda Nsemi, né après l'interdiction du Bundu dia Kongo (BDK) en 2008. Le BDK est accusé par le gouvernement de Kinshasa d'avoir mis à feu et à sang la province du Bas-Congo dans des affrontements très violents avec la police. Le BDK affirme avoir été victime d'une répression féroce des autorités congolaises : au moins cent personnes sont mortes durant ces violences. Il faut dire que le BDK fait peur à Kinshasa. Le parti politico-religieux de Ne Mwanda Nsemi prône en effet la restauration de l'ex-royaume Kongo qui comprenait l'actuel Bas-Congo, une partie de l'Angola, du Congo voisin et du Gabon.

Après les insurrections de 2007 et 2008 au Bas-Congo, le BDK a été radié de la liste des partis politiques agréés par la République démocratique du Congo (RDC). Depuis, une nouvelle structure avait vu le jour : le Bundu Dia Mayala (BDM). Ce parti représentait l'aile politique du BDK de Ne Muanda Nsemi, toujours membre du Parlement national congolais.  Mais au Bas-Congo, les réunions du BDM sont interdites par le gouverneur de la province et le non-agrément du BDK par Kinshasa, place de fait les adeptes du mouvement dans une semi-clandestinité. 

Depuis quelques jours, le BDM ne bénéficie plus de l’arrêté ministériel n°073/2010 du 15 février 2010 l'autorisant à exercer une activité politique. Une décision qui n'intervient pas n'importe quand : dans quelques mois la République démocratique du Congo (RDC) votera pour élire son président de la République. L'activisme "anti-kabila" du BDM n'était plus du goût des autorités congolaises. Son leader, Ne Muanda Nsemi, s'était notamment rapproché du principal candidat d'opposition, Etienne Tshisekedi.

Christophe Rigaud

RDC : Un responsable Interahamwe arrêté au Nord-Kivu

Bernard Munyagishari, ancien président des Interahamwe (milice extrémiste hutu) de Gisenyi (Rwanda), a été arrêté à Katchanga, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) par l'armée congolaise. Bernard Munyagishari était recherché par le Tribunal d'Arusha depuis 2005 pour génocide et crimes contre l'Humanité.

Capture d’écran 2011-05-25 à 21.47.47.pngBernard Munyagishari était l'un des dix fugitifs recherchés par la justice internationale (TPIR) pour leur implication présumée dans le génocide de 1994 au Rwanda. L' ancien président des Interahamwe de Gisenyi, dans l'Ouest du Rwanda), est soupçonné "d'avoir recruté, entraîné et dirigé les miliciens Interahamwe dans des tueries et des viols en série de femmes Tutsi à Gisenyi et au delà, entre avril et juillet 1994", selon le procureur du TPIR.

Ce présumé génocidaire a été arrêté à Kachanga dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). C'est une opération des forces armées de RDC en lien avec le tribunal d'Arusha qui a permis son arrestation à une date non confirmée par l'armée congolaise. Bernard Munyagishari est actuellement maintenu en détention dans la ville de Goma avant son transfert au TPIR d'Arusha.

Il reste encore 9 inculpés encore en fuite dont le plus recherché est Félicien Kabuga, le "financier du génocide". Rappelons que le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a fait environ 800.000 morts.

Christophe Rigaud

24 mai 2011

RDC: Troisième année de prison pour Jean-Pierre Bemba

Voici trois ans jour pour jour que le leader congolais Jean-Pierre Bemba a été arrêté à Bruxelles. Accusé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ses troupes en Centrafrique entre 2002 et 2003, l'ancien vice-président de République démocratique du Congo (RDC) réclame sa libération provisoire, alors que son procès vient tout juste de débuter. L'hypothèse d'une possible candidature du président du MLC aux prochaines élections présidentielles de novembre prochain semble s'éloigner.

Image 3.pngTrois ans après son arrestation, le procès de Jean-Pierre Bemba peine à commencer. Débuter fin 2010 après de multiples reports, la première phase des auditions est loin de s'achever : sur 800 témoins, seuls 40 ont déjà été entendus.
Autant dire qu'il paraît improbable que le leader du principal parti d'opposition institutionnel de RD Congo puisse se présenter aux élections présidentielles de novembre 2011. On se souvient que Jean-Pierre Bemba était arrivé au second tour de la présidentielle de 2006, avant de s'incliner face à Joseph Kabila.

Depuis son arrestation, que de nombreux observateurs qualifient de "procès politique" pour laisser le champ libre au président Kabila, Jean-Pierre Bemba a toujours laissé entendre qu'il se présenterait coûte que coûte au prochain scrutin... même en prison à La Haye. Il y a quelques semaines, son  propre parti volait en éclat après la "destitution" contestée du secrétaire général du MLC, François Muamba par Thomas Luhaka. Une "dispute" qui avait déjà pour sujet  la participation de Jean-Pierre Bemba au prochain scrutin.

L'impossible candidature


Depuis quelques jours, l'avenir politique de Jean-Pierre Bemba semble s'être subitement refermé avec la future loi électorale en examen à l'Assemblée nationale congolaise. Selon cette loi, tout candidat doit joindre à sa déclaration de candidature une photocopie de sa carte d’électeur. Pour obtenir sa carte d'électeur, la candidat Bemba doit être "enrôlé" dans un centre d'inscription... en République démocratique du Congo. Du fond de sa cellule, il paraît donc impossible à Jean-Pierre Bemba de se conformer à la loi électorale.

Pour l'instant, les supporters du "chairman" font valoir la présomption d'innocence de Jean-Pierre Bemba pour justifier une hypothétique candidature du leader du MLC, Jean-Pierre Bemba n'étant pas condamné. Mais visiblement la nouvelle loi électorale congolaise vient de donner un ultime coup d'arrêt à la carrière politique du sénateur Bemba.

Christophe Rigaud

Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com

23 mai 2011

RDC : 39 ONG demandent l'aide d'Obama contre la LRA

Un an après la promulgation de la loi sur le désarmement de la rébellion de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), 39 organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme demandent au gouvernement américain de tenir ses promesses. Ces associations réclament une meilleure protection des populations en désignant un émissaire spécial, en renforçant les forces de maintien de la paix et en procédant à l'arrestation des chefs rebelles. Depuis 2008, la LRA a tué 2.400 civils et en a enlevé 3.400 autres.

Capture d’écran 2011-05-23 à 22.11.45.png39 ONG internationales, dont Human Rights Watch, se rappellent au bon souvenir du président Barack Obama. En mai 2010, le président américain avait signé une loi bipartite sur le désarmement de la LRA et s'engageait à protéger les populations civiles des exactions de la rébellion de Joseph Kony. Pour cette coalition d'ONG, l'adoption de cette loi avait suscité un espoir pour toute l'Afrique centrale. « Parmi nous, beaucoup croyaient que l’engagement pris par le Président Obama de s’attaquer à la menace incarnée par la LRA contribuerait à mettre enfin un terme à notre souffrance », a expliqué l’Abbé Benoit Kinalegu de la Commission catholique Justice et Paix de Dungu, dans le Haut Uélé, au Congo. « Pourtant, un an s’est écoulé et nous continuons à vivre dans la peur, les attaques de la LRA n’ayant montré aucun signe d’affaiblissement. »

La LRA originaire d'Ouganda terrorise la République démocratique du Congo (RDC), la République Centrafricaine et le Sud-Soudan depuis plus de 25 ans. Une rébellion dirigée par Joseph Kony, Okot Odhiambo et Dominic Ongwen, tous trois recherchés par la Cour pénale internationale. La LRA sème la panique et la peur à chaque nouvelle attaque : massacres, viols, mutilations, enlèvements massifs d'enfants…

Selon Human Rights Watch (HRW), "depuis septembre 2008, la LRA a tué près de 2 400 civils et en a enlevé quelque 3 400 autres. Ces atrocités se poursuivent dans le nord de la République démocratique du Congo, dans l’est de la République centrafricaine et au Sud-Soudan. Au cours des quatre premiers mois de 2011, la LRA a mené au moins 120 attaques, tuant 81 civils et en enlevant 193 autres, dont de nombreux enfants. Sur ce total, 97 attaques ont eu lieu en RD Congo, chiffre qui représente presque la moitié du nombre total d’attaques signalé au cours de l’année 2010.  Plus de 38 000 civils congolais ont été nouvellement déplacés en 2011 en raison des attaques de la LRA, venant gonfler les rangs des centaines de milliers de personnes de la région qui avaient déjà fui de chez elles". Les armées ougandaises et congolaises n'ont jamais pu venir à bout de Joseph Kony. Human Rights Watch estime "que les autorités de Kinshasa, et dans les régions affectées par la LRA n’ont cessé de minimiser la menace posée par la LRA, provoquant des protestations publiques et des tensions entre les autorités et les populations locales". De même pour l'Ouganda qui a proclamé à plusieurs reprises la défaite de la LRA… en vain.

Pour les 39 ONG signataires de l'appel au président Barack Obama, "une priorité doit être donnée à la désignation d’un émissaire spécial, au renforcement des forces de maintien de la paix et à l’arrestation des chefs rebelles".

Christophe Rigaud