25 novembre 2012
RDC : Rendez-vous manqué à Kampala
On attendait une rencontre ce dimanche entre Joseph Kabila et la M23. Elle n'est finalement pas venue. L'entrevue s'était tenue furtivement samedi, en marge du Sommet de Kampala. Et chacun des protagonistes a campé sur ses positions. Kinshasa demande le retrait de Goma avant de négocier et le M23 exige des négociations avant tout retrait. Un Sommet pour rien ? Certainement. Les 11 chefs d'Etat de la région, réunis à Kampala pour trouver une issue au conflit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), n'ont rien pu faire pour amorcer le dialogue entre le M23 et le président Joseph Kabila. Une courte rencontre a cependant eu lieu samedi, avec la promesse de se retrouver dimanche pour entamer les négociations, et puis… plus rien. Dimanche, Joseph Kabila a rejoint Kinshasa dans l'après-midi, sans rencontrer Jean-Marie Runiga, le patron de l'aile politique de la rébellion.
Une "force neutre"… à définir
Pendant ce temps, les 11 chefs d'Etat de la région (sans Paul Kagame) ont formulé des voeux pieux dans une déclaration commune (à lire ici). Le Sommet de Kampala demande aux rebelles du M23 de stopper la guerre, de quitter Goma et de se retirer à 20 km de la ville sous 2 jours. Pour sécuriser l'aéroport de la capitale provinciale du Nord-Kivu, la déclaration de Kampala souhaite voir déployer une "force composite", comprenant les FARDC (l'armée régulière), le M23 (bonjour l'ambiance sur le tarmac) et une "force neutre" qui reste à définir… Autant dire qu'avec un tel attelage improbable, le succès de l'opération est loin d'être assuré. Pour compléter le tout, les casques bleus de la Monusco serait chargés d'occuper une sorte de "zone tampon" entre Goma et les nouvelles positions occupés par le M23. Dernier sujet d'étonnement de la déclaration de Kampala : le point numéro 9, dans lequel il est expliqué que le processus serait supervisé par les responsables de la défense du Rwanda et de l'Ouganda. Petit souci, ces deux pays sont accusés de soutenir le M23 dans le dernier rapport de l'ONU, publié il y a quelques jours seulement.
Retour à la case départ
Depuis le rendez-vous manqué de dimanche entre Kabila et Runiga, les recommandations du Sommet de Kampala paraissent bien illusoires. Kabila est retourné à Kinshasa et le M23 (toujours à Kampala) semble bien décidé à ne pas quitter Goma avant de négocier avec le président congolais. La situation paraît donc bloquée. Seule avancée, une "reconnaissance" par les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs, de certaines revendications "légitimes" du M23 (notamment les accords du 23 mars 2009). La société civile du Nord-Kivu s'est déclarée très contrariée par ces déclarations, qui ne font que "légitimer" et "brader" la souveraineté du Congo à leurs yeux.
Objectif Bukavu
Pendant de temps, la situation militaire est toujours figée autour de Goma. Le M23 tient également la ville de Sake et l'armée régulière est encore stationnée un peu plus au Sud, entre Minova et Kalehe sur la route de Bukavu. Le prochaine objectif militaire de la rébellion est clairement affiché depuis quelques jours : la prise de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. La chute de cette ville, après celle de Goma le 20 novembre dernier, pourrait sérieusement menacer le régime de Joseph Kabila que souhaite faire tomber le M23. La bataille que se livrent en ce moment les rebelles et l'armée loyaliste le long du lac Kivu est donc décisive.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
La situation à l'Est en direct sur le compte Twitter d'Afrikarabia : @afrikarabia
22:49 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (15)
RDC : Que négociera le M23 avec Kabila ?
Après 7 mois de conflits, le président Joseph Kabila a fini par accepter de négocier avec la rébellion du M23. Le président du mouvement rebelle, Jean-Marie Runiga, affirme avoir eu l'assurance de Joseph Kabila d'entamer dès dimanche 25 novembre des négociations à Kampala. Pour négocier quoi ? Voici quelques pistes."Négocier avec un groupe rebelle ? Jamais !", avait souvent répondu Joseph Kabila. Mais depuis la chute de Goma, tombée aux mains du M23 mardi 20 novembre et la prise de Sake le lendemain, le président congolais n'avait plus guère le choix. Pour se sortir de l'ornière, Joseph Kabila ne peut plus compter sur son armée, qui n'a (pour le moment) jamais été en mesure d'inquiéter les rebelles puisqu'elle fuit pratiquement sans combattre, ni compter sur les casques bleus (Monusco) qui ont assisté à la prise de Goma… les bras croisés.
"L'obligation" de négocier
Samedi à Kampala, les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs ont tenté de trouver une solution au conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les participants du Sommet ont exigé le retrait des rebelles de Goma sous 2 jours et ont appeler le gouvernement congolais à entamer des négociations avec le M23. Les rebelles avaient prévenu qu'ils ne se retireraient pas de Goma avant d'avoir négocié avec le président Kabila. Tout convergeait donc pour que Jean-Marie Runiga, le président du M23 et Joseph Kabila se retrouvent autour d'une table.
Appliquer les accords du 23 mars
Négocier quoi ? Il est étonnement difficile d'y répondre, tant les revendications du M23 ont évolué depuis la création de la rébellion en avril 2012. Au coeur des discussions, nous trouverons évidemment les fameux accords du 23 mars 2009 (qui ont donné leur nom au M23). Dans ces accords, la rébellion de l'époque, le CNDP (dont sont issus les membres du M23), demandaient l'incorporation des rebelles dans l'armée régulière (FARDC) et l'intégration politique de leur mouvement dans les institutions congolaises. Pour les rebelles, ces deux exigences n'ont été pas été correctement respectés par Kinshasa. Ils accusent notamment le président Kabila d'avoir voulu éloigner ses soldats de leurs fiefs du Kivu et de ne pas avoir maintenu tous les officiers dans leur grade. Concernant le Kivu, le M23 a deux raisons de ne pas s'en éloigner. La première parce que la région est richement pourvue en minerais divers, or, coltan, cassitérite… qui constituent la principale source de financement de leur mouvement. La deuxième raison est ethnique. Le M23 entend défendre la communauté tutsie, souvent réprimée et menacée, notament par la milice hutue des FDLR. Côté politique, l'ex-CNDP, devenu M23, n'a jamais pu avoir accès aux institutions politiques de RDC.
Le cas Ntaganda
A la table des négociations, le M23 évoquera sans doute la situation du général Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Intégré dans l'armée régulière en 2009, Ntaganda a d'abord fait le jeu de Joseph Kabila, en se retournant d'abord contre Laurent Nkunda, le patron du CNDP, en 2009 et ensuite en assurant une forte "victoire" dans les Kivus du candidat Kabila aux élections frauduleuses de novembre 2011. Mal élu, Joseph Kabila a décidé d'arrêter Bosco Ntaganda, en avril 2012, afin de donner de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale. La fuite de Ntaganda a donné lieu à la création du M23. Il est donc fort probable que Jean-Marie Runiga veulent protéger Ntaganda de toute tentative d'arrestation.
Chasser Joseph Kabila
Loin de ces revendications "corporatistes", le M23 s'est rapidement doté d'une branche politique, affirmant des ambitions plus grandes. Un "cabinet fantôme" a été créé pour administrer les territoires occupés par la rébellion : le poste-frontière de Bunagana et la ville de Rutshuru. Très vite, le M23 a revendiqué "la vérité des urnes" à propos des élections chaotiques de novembre 2011. Le terme même de "vérité des urnes" provient du candidat malheureux à l'élection présidentielle, Etienne Tshisekedi, qui a toujours contesté la réélection de Joseph Kabila et a même déclaré sa "victoire". Le M23 pourrait-il faire alliance avec Tshisekedi ? Pour l'instant les contacts n'ont rien donné et l'UDPS est très réticente face à cette rébellion dont tout le monde sait que le Rwanda est derrière. Du côté du M23, on affiche aujourd'hui clairement la couleur : la chute du président Kabila. La rébellion en a-t-elle les moyens ? Militairement, pas complètement. Pour aller jusqu'à Kinshasa, les rebelles devront avoir l'aide direct d'un pays tiers. On voit mal, pour le moment, le Rwanda voisin ou l'Ouganda se lancer dans l'invasion de la RDC. Trop risqué diplomatiquement. Selon des observateurs, seule "une révolution de palais" pourrait débarquer le président Kabila.
Que peut lâcher Kabila ?
Difficile à dire, tant la situation militaire est versatile. Tant que le président Kabila n'arrive pas à reprendre la main sur le terrain militaire (et c'est actuellement le cas), il sera dans l'obligation de faire quelques concessions sur l'application des accords du 23 mars (localisation des soldats intégrés dans les Kivus, grades, versements des soldes… ). Au niveau politique, Joseph Kabila pourrait peut-être concéder une intégration politique au niveau provincial du M23 et, pourquoi pas, un poste au gouvernement. On parle également à Kinshasa de la possibilité de former un "gouvernement d'unité nationale" qui permettrait à Joseph Kabila de pratiquer une "ouverture politique" qui lui permettrait toutefois de se maintenir à la présidence. Mais dans le jeu de poker menteur des négociations dans la région des Grands Lacs, seule la situation militaire donnera l'avantage à l'une des deux parties. Pour l'instant, l'avantage militaire tourne au M23, mais depuis samedi, des renforts de l'armée régulière sont annoncées dans la zone, notamment autour de Bukavu, la prochaine cible annoncée des rebelles.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
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23 novembre 2012
RDC : Le M23 contrôle toujours Sake et se dirige vers Bukavu
Les combats autour de la ville de Sake, ce jeudi, ont tourné à l'avantage des rebelles du M23 qui affirment ce soir à Afrikarabia "contrôler entièrement la ville". Kinshasa avait annoncé la reprise de Sake dans l'après-midi, mais selon le M23, l'armée régulière aurait été repoussée vers Minova, en direction de Bukavu. Le M23 déclare vouloir poursuivre jusqu'à Bukavu.Après la prise de Goma, mardi 20 novembre, par les rebelles du M23, c'est au tour de Sake d'être au centre de toutes les attentions ce jeudi. Cette ville de 17.000 habitants, située à 25 km de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, constitue la porte d'accès vers Bukavu. La rébellion tenait Sake depuis mercredi, après le retrait des FARDC, l'armée régulière congolaise, qui recule systématiquement devant les offensives du M23.
Jeudi, de violents combats ont opposé les rebelles à l'armée congolaise, soutenue par une milice locale, les Maï-Maï Nyatura. En fin d'après-midi, le gouvernement congolais affirmait avoir repris Sake et félicitait ses "vaillants militaires pour la bravoure dont ils font preuve". Le porte-parole du gouvernement ajoutait même : "perdre Goma, n'est pas perdre la guerre".
Dans la soirée de jeudi, la situation devenait plus confuse sur le terrain. Vers 23h15, le M23 affirmait à Afrikarabia "contrôler entièrement la ville" après avoir repoussé une attaque des "FARDC, soutenu par des FDLR et l'APLCS". Les troupes loyalistes auraient été "poussées sur la route de Minova", un axe routier stratégique qui mène à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Bukavu constitue-t-elle la prochaine cible du M23 ? A la question d'Afrikarabia de savoir si les rebelles "avançaient vers Bukavu", le colonel Jean-Paul Epenge, du M23, répondait laconiquement : "oui ! Talk and fight". Sur Twitter, la correspondante allemande du Tageszeitung, Simone Schlindwein, affirmait que les soldats congolais qui venaient de perdre la bataille de Sake étaient à Minova "complètement ivres".
Côté négociations, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga s'est rendu jeudi à Kampala rencontrer le président ougandais Museveni. Une réunion de la CIRGL devrait réunir samedi à Kampala tous les protagonistes du conflit : les présidents rwandais Kagame et Museveni, accusés tous les deux par l'ONU de soutenir le M23, et le président congolais Joseph Kabila. Avant de partir à Kampala ce jeudi, Jean-Marie Runiga avait annoncé qu'il "poursuivrait l'offensive" du M23 dans les Kivus "jusqu'à ce que le président Kabila accepte de négocier".
Informations mises en ligne vendredi 23 novembre à 01h 25.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
01:34 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
20 novembre 2012
RDC : Prise de Goma… et après ?
Joseph Kabila a perdu Goma. La capitale du Nord-Kivu est tombée mardi presque sans combats aux mains des rebelles du M23. La rébellion contrôle entièrement la ville et les postes frontières avec la ville rwandaise voisine de Gisenyi. L'armée congolaise s'est repliée vers Saké à 20 km à l'ouest de Goma. Que va faire le M23 de cette victoire ? Il y a pour l'instant plus de questions que de réponses.Goma est tombée à 11h33 ce mardi. Il aura fallu 6 jours d'offensives aux rebelles du M23 pour prendre la capitale du Nord-Kivu. La ville est tombée comme un fruit mûr, l'armée congolaise ayant préféré fuir vers l'Ouest. Le M23 a aussi pris le contrôle des 2 postes frontières avec la ville rwandaise de Gisenyi… tout un symbole, le Rwanda est accusé de soutenir le M23.
Tenir la ville
Si la chute de Goma est un coup dur pour le président Kabila, les difficultés commencent pour les rebelles. Car après avoir pris la ville, le M23 va devoir la garder. La capitale provinciale du Nord-Kivu compte 300.000 habitants sur un territoire de 75 km2. Le M23 n'a jamais dévoilé le nombre de ses hommes, mais en comptant 2 à 3.000 soldats, quadriller la ville et en contrôler l'accès ne sera pas chose facile. La rébellion administre plusieurs territoires autour de Bunagana et Rutshuru, qui nécessite déjà une forte présence militaire.
Risques d'exactions
Deuxième élément, il faudra éviter les pillages, les règlements de comptes, sans parler des risques de provocations. Sur ce plan, le M23 a souvent fait preuve d'une certaine "discipline". Discipline toute relative si l'on écoute les ONG des droits de l'homme et l'ONU qui ont noté plusieurs cas d'exactions. Dans une note rédigé aujourd'hui, International Crisis Group s'inquiète des "risques de représailles, d'exécutions extrajudiciaires ciblée", notamment "envers les autorités et les activistes de la société civile qui ont pris position contre le M23". Il faudra donc gagner la confiance des habitants de Goma.
Vers une guerre régionale ?
Troisième inquiétude : les risques de généralisation du conflits dans la région des Grands Lacs. International Crisis Group (ICG) craint une "nouvelle guerre régionale" qui risquerait de relancer "une dynamique de guerre entre la RDC et le Rwanda" voisin. Il faut dire que depuis 1994, Kigali a déjà envahi par deux fois le Congo (1996 et 1998). Le Rwanda est également accusé par 2 rapports de l'ONU de soutenir le M23, ce qu'il récuse. Pour éviter l'embrasement régional, il faudrait, toujours selon ICG, une plus grande implication de la communauté internationale et notamment de la Monusco, la mission de l'ONU en RDC. Il y a environ 6.700 casques bleus au Nord-Kivu, qui ont assisté en simples "spectateurs" à la prise de la ville. Une situation "absurde" pour Laurent Fabius, le Ministres des Affaires étrangères français, qui a réclamé une révision du mandat des casques bleus déployés en RDC.
Kigali et Kampala
Si le problème est régional, la solution l'est aussi. On sait que l'Ouganda et le Rwanda, deux voisins 'turbulents" de la RDC, sont fortement soupçonnés d'aider militairement la rébellion. Il semblerait que le président Joseph Kabila, qui a notamment appelé la population congolaise "à se mobiliser" et à se "défendre", est déjà parti à Kampala, pour discuter avec les présidents ougandais et rwandais de la situation. Difficile de prévoir ce qui pourra en sortir. Seule indication : si Joseph Kabila, possède encore une "légitimité internationale", il sort très affaibli de sa défaite à Goma.
Trois scénarios
Que va faire le M23 de la prise de Goma ? Il est clairement trop tôt pour le dire. Mais il existe au moins trois scénarios. Le premier : pousser Joseph Kabila à négocier et à faire des concessions. Après avoir demandé la reconnaissance des accords du 23 mars, concernant l'intégration des ex-rebelles dans l'armée et à l'intégration politique de leur mouvement, le M23 a élargi ses revendications. Il parle maintenant d'un changement de gouvernement et de revenir sur les élections "truquées" de 2011. Que peut lâcher Joseph Kabila ? Sans doute pas grand chose. Deuxième scénario : le M23 poursuit son avancé et s'emparant d'autres villes… et pourquoi pas faire route sur Kinshasa. Beaucoup de rebelles ne cachent plus leur volonté de voir le président Kabila "partir". Et il ne partira que par la force. Troisième scénario : le pourrissement. Le M23 "s'enferme" dans Goma, qu'il administre pour continuer d'avoir la main sur cette région riche ressources minières. Le Nord-Kivu deviendrait alors une simple annexe du Rwanda voisin. En attendant, la situation du M23 reste "confortable" militairement. L'armée congolaise est en "débandade" à une vingtaine de km de Goma et la Monusco n'a pas opposé de résistance.
100.000 réfugiés
Pour l'heure, la situation s'est "détendue" à Goma dans l'après-midi de mardi. La vie a timidement repris. Le seul bilan des combats disponible est celui noté par l'AFP sur place : 37 personnes blessées par balles, dont 12 enfants. Seul point noir, les réfugiés. Ils étaient plus de 100.000 décomptés par Médecins sans Frontières, "sans abris, sans eau et sans nourriture" et certains "porteurs du choléra". Les civils paient le prix fort de la chute de Goma.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
23:39 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (15)
RDC : La bataille de Goma a commencé
Tombera ou tombera pas ? Le sort de la ville de Goma semble désormais appartenir aux rebelles du M23 qui campent depuis 2 jours à la périphérie de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Après le refus du président Joseph Kabila de négocier avec la rébellion, le M23 affirme vouloir "repousser" l'armée congolaise "le plus loin possible" de ses positions. Goma prête à tomber aux mains de la rébellion, le scénario était prévisible. Depuis la création du M23 en avril dernier, le rapport de force ne s'est jamais inversé : les rebelles avancent et l'armée congolaise recule. A deux reprises seulement, et pour de très courtes durées, Kinshasa a pu reprendre du terrain sur l'ennemi, mais c'était sans compter l'aide des casques bleus de la Monusco, ou plutôt de leurs hélicoptères. Depuis 7 mois, le M23 mène donc la danse face à une armée fantôme, qui déserte le plus souvent ses positions. Pas étonnant de retrouver aujourd'hui le M23 dans les faubourgs de la ville de Goma, prêt à en découdre.
1996, 1998... 2012 ?
Ville symbole de toute une région, le Nord-Kivu, Goma est déjà tombée deux fois face aux rebelles. Une première fois en 1996 avec l'AFDL, soutenue par le Rwanda et une deuxième fois en 1998 avec le RCD, toujours soutenu par le Rwanda. La ville pourrait donc tomber une troisième fois... et toujours avec l'aide du Rwanda, accusé de soutenir le M23. L'ONU l'a déjà dénoncé dans plusieurs rapports d'experts, dont le dernier en date devrait sortir dans quelques jours. Le soutien rwandais constitue d'ailleurs la meilleure excuse de Kinshasa pour expliquer la déroute de ses militaires.
Infiltrés dans Goma
4 jours après l'offensive du M23, la bataille de Goma paraît inévitable. Les troupes rebelles du colonel Mukenga se tiennent depuis dimanche soir aux alentours de l'aéroport et du camp Munigi à 3 km du centre ville. Deux sources différentes nous ont confirmé que plusieurs groupes de rebelles seraient déjà infiltrés dans plusieurs quartiers. Ces mouvements de troupes ont poussé une partie de la population à fuir la zone, vers l'Est au Rwanda ou vers l'Ouest vers la ville de Saké. Une source nous indiquait que l'aéroport de Goma avait été déserté par la Garde républicaine, chargée de sa sécurité. L'information n'est pas confirmée pour l'instant. Idem sur la présence de l'armée régulière au centre ville. Beaucoup nous disent que les FARDC ont déjà quitté le centre et parlent de "déroute", alors que le gouverneur de la province, Julien Paluku, affirme le contraire. Des chars ont été vus dans Goma centre et des renforts de l'armée régulière sont attendus en provenance de Bukavu.
Prêt pour l'assaut final
Ce lundi, les rebelles ont lancé un ultimatum aux autorités congolaises, leur demandant de démilitariser la ville et d'ouvrir des négociation. Quelques heures plus tard, le gouvernement a annoncé qu'il ne négociera pas avec le M23. Après ce refus, dans l'après-midi, les rebelles semblaient prêt à lancer l'assaut final… une question d'heures nous affirmait-on. Les affrontements se sont donc poursuivis toute la journée de lundi dans plusieurs zones autour du quartier Munigi, et notamment autour de l'aéroport, qui apparaît être la prochaine cible du M23. Les rebelles, qui expliquent que leurs offensives ne sont que des "réponses" aux attaques des FARDC, ont affirmé lundi vouloir "repousser" l'armée congolaise "le plus loin possible" de ses positions. Reste la Monusco (les casques bleus). Le M23 nous a affirmé qu'elle ne faisait que "reculer". La bataille de Goma a donc bel et bien commencé.
MISE A JOUR : Lundi 19 novembre dans la soirée le M23 est brièvement entré la ville de Goma.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
00:13 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)