25 novembre 2012
RDC : Que négociera le M23 avec Kabila ?
Après 7 mois de conflits, le président Joseph Kabila a fini par accepter de négocier avec la rébellion du M23. Le président du mouvement rebelle, Jean-Marie Runiga, affirme avoir eu l'assurance de Joseph Kabila d'entamer dès dimanche 25 novembre des négociations à Kampala. Pour négocier quoi ? Voici quelques pistes.
"Négocier avec un groupe rebelle ? Jamais !", avait souvent répondu Joseph Kabila. Mais depuis la chute de Goma, tombée aux mains du M23 mardi 20 novembre et la prise de Sake le lendemain, le président congolais n'avait plus guère le choix. Pour se sortir de l'ornière, Joseph Kabila ne peut plus compter sur son armée, qui n'a (pour le moment) jamais été en mesure d'inquiéter les rebelles puisqu'elle fuit pratiquement sans combattre, ni compter sur les casques bleus (Monusco) qui ont assisté à la prise de Goma… les bras croisés.
"L'obligation" de négocier
Samedi à Kampala, les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs ont tenté de trouver une solution au conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les participants du Sommet ont exigé le retrait des rebelles de Goma sous 2 jours et ont appeler le gouvernement congolais à entamer des négociations avec le M23. Les rebelles avaient prévenu qu'ils ne se retireraient pas de Goma avant d'avoir négocié avec le président Kabila. Tout convergeait donc pour que Jean-Marie Runiga, le président du M23 et Joseph Kabila se retrouvent autour d'une table.
Appliquer les accords du 23 mars
Négocier quoi ? Il est étonnement difficile d'y répondre, tant les revendications du M23 ont évolué depuis la création de la rébellion en avril 2012. Au coeur des discussions, nous trouverons évidemment les fameux accords du 23 mars 2009 (qui ont donné leur nom au M23). Dans ces accords, la rébellion de l'époque, le CNDP (dont sont issus les membres du M23), demandaient l'incorporation des rebelles dans l'armée régulière (FARDC) et l'intégration politique de leur mouvement dans les institutions congolaises. Pour les rebelles, ces deux exigences n'ont été pas été correctement respectés par Kinshasa. Ils accusent notamment le président Kabila d'avoir voulu éloigner ses soldats de leurs fiefs du Kivu et de ne pas avoir maintenu tous les officiers dans leur grade. Concernant le Kivu, le M23 a deux raisons de ne pas s'en éloigner. La première parce que la région est richement pourvue en minerais divers, or, coltan, cassitérite… qui constituent la principale source de financement de leur mouvement. La deuxième raison est ethnique. Le M23 entend défendre la communauté tutsie, souvent réprimée et menacée, notament par la milice hutue des FDLR. Côté politique, l'ex-CNDP, devenu M23, n'a jamais pu avoir accès aux institutions politiques de RDC.
Le cas Ntaganda
A la table des négociations, le M23 évoquera sans doute la situation du général Bosco Ntaganda, inculpé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Intégré dans l'armée régulière en 2009, Ntaganda a d'abord fait le jeu de Joseph Kabila, en se retournant d'abord contre Laurent Nkunda, le patron du CNDP, en 2009 et ensuite en assurant une forte "victoire" dans les Kivus du candidat Kabila aux élections frauduleuses de novembre 2011. Mal élu, Joseph Kabila a décidé d'arrêter Bosco Ntaganda, en avril 2012, afin de donner de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale. La fuite de Ntaganda a donné lieu à la création du M23. Il est donc fort probable que Jean-Marie Runiga veulent protéger Ntaganda de toute tentative d'arrestation.
Chasser Joseph Kabila
Loin de ces revendications "corporatistes", le M23 s'est rapidement doté d'une branche politique, affirmant des ambitions plus grandes. Un "cabinet fantôme" a été créé pour administrer les territoires occupés par la rébellion : le poste-frontière de Bunagana et la ville de Rutshuru. Très vite, le M23 a revendiqué "la vérité des urnes" à propos des élections chaotiques de novembre 2011. Le terme même de "vérité des urnes" provient du candidat malheureux à l'élection présidentielle, Etienne Tshisekedi, qui a toujours contesté la réélection de Joseph Kabila et a même déclaré sa "victoire". Le M23 pourrait-il faire alliance avec Tshisekedi ? Pour l'instant les contacts n'ont rien donné et l'UDPS est très réticente face à cette rébellion dont tout le monde sait que le Rwanda est derrière. Du côté du M23, on affiche aujourd'hui clairement la couleur : la chute du président Kabila. La rébellion en a-t-elle les moyens ? Militairement, pas complètement. Pour aller jusqu'à Kinshasa, les rebelles devront avoir l'aide direct d'un pays tiers. On voit mal, pour le moment, le Rwanda voisin ou l'Ouganda se lancer dans l'invasion de la RDC. Trop risqué diplomatiquement. Selon des observateurs, seule "une révolution de palais" pourrait débarquer le président Kabila.
Que peut lâcher Kabila ?
Difficile à dire, tant la situation militaire est versatile. Tant que le président Kabila n'arrive pas à reprendre la main sur le terrain militaire (et c'est actuellement le cas), il sera dans l'obligation de faire quelques concessions sur l'application des accords du 23 mars (localisation des soldats intégrés dans les Kivus, grades, versements des soldes… ). Au niveau politique, Joseph Kabila pourrait peut-être concéder une intégration politique au niveau provincial du M23 et, pourquoi pas, un poste au gouvernement. On parle également à Kinshasa de la possibilité de former un "gouvernement d'unité nationale" qui permettrait à Joseph Kabila de pratiquer une "ouverture politique" qui lui permettrait toutefois de se maintenir à la présidence. Mais dans le jeu de poker menteur des négociations dans la région des Grands Lacs, seule la situation militaire donnera l'avantage à l'une des deux parties. Pour l'instant, l'avantage militaire tourne au M23, mais depuis samedi, des renforts de l'armée régulière sont annoncées dans la zone, notamment autour de Bukavu, la prochaine cible annoncée des rebelles.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
00:23 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
j'ose croire que le M23 risque de tomber dans un piège de kishansa,car se retirer de Goma sans aucun prealable risique de nouveau de declencher la guerre,car la population n'a plus confiance ni au President kabila ni à ses scouts militaires qui risquent de venir piller et semer la terreur à Goma une fois le M23 se retirait
A mon avis ce retrait est trop pressé d'autant plusque toutes les reclammations ne soient pas encores rehaussées
Merci
Écrit par : Cl | 25 novembre 2012
Des garanties doivent être données au M23, j'ose l'espérer, car tout le monde sait maintenant que les FARDC ont pillé Goma en fuyant et comme vous le dîtes ils risquent de faire de même en revenant.
Écrit par : anneet | 25 novembre 2012
Selon moi,je crois que les négociations n'aboutiront à aucune solution,car ça fait plus de combien des négociation que kinshasa sabote?
Se retiré c'est une lachette,car le fardc frapperont la population civile d'une grande violation de nos soeurs,pillage de nos biens,incendier nos village,etc...
Les gens qui sont au pouvoir à kinshasa sont les accolyttes du diable qui ne veulent jamais que la RDcongo soit respecter.
Au retour de fardc la population paiera la presence de M23.
Écrit par : jean kabongo | 25 novembre 2012
Ces négociations n'engagent que Kabila et non le peuple congolais.Car que valent des négociations qui engagent tout une nation sans une consultation du parlement , du sénat , du gouvernement? Une négociation sans la présence du ministre des affaires étrangères, ni même un membre de gouvernement. Nous disons ce sont des négociations entre rwandais et pas entre congolais.Ces négociations n'engagent que son auteur, les rwandais doivent le savoir.
Ces négociations ne sont qu'un moyen d'infiltré des rwandais dans les institutions congolaises en vue de torpiller la reconstruction du Congo.Le M23 doit savoir que la rébellion n'est pas un moyens d’accession à la nationalité.L'objectif des congolais à ce jour est de neutraliser kabila en vue de mettre fin au plan de balkanisation du Congo avec ses frères rwandais.
Écrit par : Mirindi | 25 novembre 2012
Kabila joseph doit être prident avec tel sorte de negociation ,qu'il laisse le congolais vivre en paix.
Écrit par : kabongo | 25 novembre 2012
Vous avez raison
Écrit par : JR | 25 novembre 2012
Les connections entre Kabila et ses parrains nuisent à la paix et au développement de ce grand pays qui est la RDC. Mais où est Tshisekedi et le reste de l'opposition? Voilà une occasion pour eux de rebondir et prendre leur vrai place.
A mon humble avis, Kabila doit démissionner...Etant mal élu, il ne serait pas nécessaire d'organiser de nouvelles élections mais de respecter l'ordre d'arrivée lors du dernier scrutin. Tshisekedi devra être réhabiliter et former un large gouvernement d'union nationale... En tout, le futur Président de la RDC ne devrait plus provenir de l'est, pour éviter le désordre que la RDC connaît avec la présidence de Kabila.
Écrit par : JR | 25 novembre 2012
J'avais bien dis,que cette guerre va occasionné l'entrée de la communauté Tushi dans notre territoire parce que eux cherchent là ou ils trouveront l' espace pour enfin, devenir les nationaux, de manipuler les otoctones en leurs faveurs.
Mais ,le Congo rdc appartient à nous congolais, si Mobutu avait donner la facilité au Tushi d'avoir une petite terre d'asile, ce n'etait pas pour venir nous compliqués non,c'etait pour notre hospitalité parce que le Congo rdc est un bassin ou tous doivent se laver et retourner chez lui sans condition.
Si ,aujourd'hui nous avons Kabila comme Président de ce grand pays ,il doit suivre notre ligné en ce qui concerne l'entrée des étrangers dans notre terre, il ne peut pas inventer des choses obscures pour faire accepter par la force ceux qui ne sont de la Rdcongo de l'etre non.
Nous Congolais, savons biens que cette guerre etait une mascarade pour infiltrer les tushis dans nos institutions, parce que Papa Kabila ne pas voulu de Rwandais dans notre pays.
Écrit par : masamba josé | 25 novembre 2012
Kabila doit partir et le jeux sera fini
Écrit par : mongalazoba | 26 novembre 2012
Mongalazoba a raison,kabila doit partir car il est le porte malheur de peuple congolais,qu'il part et lesser le congolais tranquil.
Écrit par : miayre | 29 novembre 2012
Mongalazoba a raison,kabila doit partir car il est le porte malheur de peuple congolais,qu'il part et lesser le congolais tranquil.
Écrit par : miayre | 29 novembre 2012
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