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09 octobre 2010

RDC : Visite du Comité politique et de sécurité de l'UE

Du 9 au 14 octobre 2010, une délégation des ambassadeurs du Comité politique et de sécurité de l'Union européenne (UE) sera en République Démocratique du Congo (RDC) pour une série de réunions de travail à Kinshasa, Goma et Bukavu. Une visite en pleine polémique autour de la mort d'Armand Tungulu, décédé dans les cellules de la Garde présidentielle à Kinshasa.

Capture d’écran 2010-10-09 à 15.59.43.pngPrésidée par l'ambassadeur Walter Stevens (Belgique), cette délégation a pour mission d'évaluer la situation politique, sécuritaire et économique actuelle de la RDC ainsi que l'étendue de la contribution de l'UE (Commission et Etats membres) en RDC en matière de paix et de sécurité et de développement socio-économique. Elle va ainsi exprimer l'engagement continu de l'UE en RDC en vue d'appuyer les efforts de stabilisation du pays et des institutions congolaises, de soutenir le développement socio-économique et la Réforme du secteur de la sécurité ainsi que d'encourager la coopération régionale.

A Kinshasa, Goma, et Bukavu les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité de l'Union européenne auront des entretiens avec les autorités nationales et provinciales. Ils rencontreront également les membres de l'Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les représentants officiels de la MONUSCO et de la société civile. Connu sous l'abréviation française « CoPS », le Comité politique et de sécurité est la structure permanente en matière de politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne.

08 octobre 2010

RDC : La Monusco veut une enquête sur la mort de Tungulu

Après Chebeya, Tungulu.  L'ONU vient de demander un enquête sur les circonstances du décès d'Armand Tungulu Mudiandambu, accusé d'avoir lancé des pierres sur le cortège du président Kabila. Une mort très étrange, puisque Tungulu était détenu au camp militaire de Kinshasa. L'affaire Tungulu arrive quelques mois après l'assassinat du défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya. Par deux fois, les autorités de Kinshasa se retrouvent donc au banc des accusés, la société civile accusant la garde présidentielle d'avoir tout simplement torturé et éliminé Tungulu.

Afrikarabia logo.pngPour les congolais, il s'agit d'une deuxième affaire Chebeya.  La Mission d'observation des Nations unies au Congo a demandé vendredi l'ouverture d'une enquête "impartiale et transparente" sur les circonstances de la mort d'un homme accusé d'avoir lancé des pierres en direction du cortège du président Joseph Kabila.

Armand Tungulu Mudiandambu est décédé dans la nuit du 1er au 2 octobre alors qu'il était détenu dans un camp militaire de Kinshasa après son arrestation 48 heures auparavant, a précisé la Monusco dans un communiqué. "La Monusco rappelle solennellement aux autorités congolaises leurs obligations relatives aux droits nationaux ainsi que leurs obligations internationales relatives aux privations de liberté".

Une affaire qui tombe très mal pour Joseph Kabila. En juin dernier, un défenseur congolais des droits de l'homme, Floribert Chebeya, avait été retrouvé mort dans des conditions suspectes à l'arrière de sa voiture. Une enquête pour meurtre avait été ouverte, qui avait débouché sur la suspension du directeur de la police nationale, John Numbi, l'homme de confiance du président Kabila.

RDC : La CPI se prononcera le 19 octobre sur le cas Bemba

Depuis 2008, l'ancien vice-président de République démocratique du Congo (RDC) attend la date de son procès. Le 19 octobre, La Cour pénale internationale (CPI) rendra sa décision en appel sur l'exception d'irrecevabilité de la procédure, soulevée par la défense de l'ex-leader congolais, Jean-Pierre Bemba qui conteste sa compétence.

DSC03857 copie.jpgL'ouverture du procès de Jean-Pierre Bemba, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, prévue le 14 juillet, avait été reportée maintes fois, les juges estimant dans "l'intérêt de la justice que l'exception d'irrecevabilité soulevée par la défense soit tranchée par la chambre d'appel avant le début du procès". Une fois la compétence de la Cour reconnue, le procès de Jean-Pierre Bemba pourrait se tenir début 2011… vraisemblablement trop tard pour que le leader du MLC puisse se présenter aux prochaines élections de 2011

Jean-Pierre Bemba est accusé par la CPI, d'être responsable de meurtres, viols et pillages commis entre octobre 2002 et mars 2003 par ses troupes, envoyées en Centrafrique pour venir en aide le régime du président Ange-Félix Patassé. Après avoir perdu le deuxième tour des élections présidentielles de 2006 face à Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba s'était enfui de République démocratique du Congo (RDC) en avril 2007, avant d'être arrêté en mai 2008 à Bruxelles.

Christophe Rigaud

Photo : Jean-Pierre Bemba en campagne en 2006 à Kinshasa (c) www.afrikarabia.com

06 octobre 2010

Jean-François Dupaquier : « Que les Tutsi du Rwanda aient été les cibles d’un complot organisé, c’est une évidence »

Jean-François Dupaquier, écrivain, ancien rédacteur en chef au Quotidien de Paris puis à l’Événement du Jeudi, est depuis 1972 un observateur avisé du Rwanda et du Burundi. Son dernier ouvrage « L’Agenda du génocide » apporte un éclairage nouveau sur la tragédie de 1994. Il a interrogé un témoin de premier plan, Richard Mugenzi, qui avait été recruté dès le mois d’octobre 1990 comme espion par les Forces armées rwandaises (FAR), et quis’est retrouvé au cœur de la machine politico-militaire préparant le génocide. Jean-François Dupaquier en a tiré un livre très instructif de 330 pages, publié aux éditions Karthala.


QUESTION : - Qui est Richard Mugenzi ?

Jean-François DUPAQUIER : - Au départ, j’avais remarqué l’extraordinaire déposition d’un « témoin protégé » en novembre 2002 au procès emblématique du colonel Bagosora, considéré comme « l’architecte du génocide », et de ses complices présumés. Cet homme, sous le pseudonyme « ZF »,  a mobilisé cinq journées d’audiences du Tribunal pénal international d’Arusha, en Tanzanie, où il livrait certains éléments de l’agenda du génocide des Tutsi. Il m’aura fallu sept ans pour le retrouver et le convaincre de raconter toute son histoire. Recruté comme espion radio en 1990 par ceux qui prépareront bientôt la destruction des Tutsi du Rwanda, Richard Mugenzi les côtoie jour après jour. Ce qui lui permet de raconter certains épisodes des préparatifs de l’extermination, et notamment une réunion décisive, qui se tient sous ses yeux en novembre 1992.

QUESTION : - Vous écrivez que le massacre des Tutsi aurait eu sa « conférence de Wannsee », comme la Shoah, à pratiquement 50 ans d’intervalle : 20 janvier 1942, 20 novembre 1992 ?

Jean-François DUPAQUIER : - Le témoignage de Richard Mugenzi, croisé avec d’autres, permet de localiser et de dater la réunion où les conjurés - conduits par le colonel Bagosora - lancent le compte à rebours de l’extermination des Tutsi du Rwanda : le 20 ou 21 novembre 1992. Cette réunion au sommet se tient dans un petit centre militaire secret appelé Butotori, situé près de la ville de Gisenyi qui est la commune de prédilection des extrémistes hutu. Dans mon livre, Richard Mugenzi relate certains épisodes de la réunion.

QUESTION : - Vous voulez dire que le génocide rwandais avait ses Heydrich, Eichmann, et autres criminels de premier plan ?

Jean-François DUPAQUIER : - Effectivement, le génocide, « crime des crimes », aligne ses criminels de premier plan pour appliquer des règles de propagande et d’organisation secrète intangibles - et malheureusement très efficaces. Comme l’extermination des Arméniens de Turquie et plus encore  la destruction des Juifs d’Europe, le génocide des Tutsi rwandais se décide au plus haut niveau par le biais d’organisations para étatiques préparant les assassinats massifs. Comme pour les Juifs dont l’extermination à l’échelle européenne est planifiée à la conférence de Wannsee près de Berlin en 1942, la destruction des Tutsi du Rwanda met en scène des « architectes de la solution finale » : le colonel Théoneste Bagosora, les idéologues Jean-Bosco Barayagwiza et Léon Mugesera. Ils sont en quelque sorte des « nazis tropicaux » dont le discours-programme est avéré, comme était largement connu le programme d’Hitler par Mein Kampf avant la Seconde guerre mondiale.

QUESTION : - Quel programme ?

Jean-François DUPAQUIER : - Léon Mugesera était  sans doute parmi ces fanatiques le plus impulsif, en tout cas le plus acharné à démontrer son zèle. Dès le 22 novembre 1992, au lendemain du « Wannsee rwandais », il multiplie les discours incendiaires dans des communes voisines de Gisenyi. Son discours est simple. En résumé, selon lui les Tutsi ne sont pas des Rwandais, mais des « étrangers » qui nuisent au Rwanda. Et il faut exterminer ces êtres nuisibles.
A l’époque, ce discours a été enregistré. On en trouve de bonnes traductions y compris sur internet. L’intérêt du témoignage de Richard Mugenzi est de montrer l’articulation entre le « Wannsee rwandais » et le discours prononcé notamment à Kabaya le lendemain ou surlendemain, ce discours du 22 novembre 1992 étant parfaitement documenté.


QUESTION : - Vous relevez dans le témoignage de Richard Mugenzi  sur le génocide à Gisenyi des analogies avec les crimes des Einsatzgruppen, ces escadrons de la mort qui ont procédé au massacre de population juive derrière le front de l’Est ?

Jean-François DUPAQUIER : - Il est peut-être anachronique de faire ces comparaisons, mais le génocide des Tutsis du Rwanda ressemble beaucoup à la « Shoah par balles » confiée par Hitler à ses Einsatzgruppen dans les territoires conquis à l’Est par la Wehrmacht. On se focalise sur Auschwitz et ses usines de mort en oubliant trop souvent qu’un quart des Juifs assassinés selon les directives d’Hitler l’ont été avec la participation de la population et au vu de tous, en Europe de l’Est. On déshabille les gens, on les conduit nus en cortège aux fosses communes, au milieu des ricanements, on redistribue les biens pillés aux délateurs, etc. Comme au Rwanda en 1994. Si la propagande distille le venin de la haine au sein de la populace, l’extermination n’est en rien le fruit d’une « colère populaire spontanée ». Elle est au contraire parfaitement organisée.

QUESTION : - Pourtant, certains qualifient encore le génocide au Rwanda de guerre interethnique. Il y a eu des morts chez les  Hutu comme chez les Tutsi ?

Jean-François DUPAQUIER : -  L’expression « guerre interethnique » a été employée très tôt par des personnes peu informées, mal intentionnées, voire carrément négationnistes. Le thème d’une « sauvagerie africaine innée » flatte les plus bas instincts d’Européens supposés « plus cultivés ». Pourtant, de véritables guerres d’extermination inter-ethniques se déroulaient dans les années 1990 à nos portes, dans l’ex-Yougoslavie.

Au Rwanda en 1994, les seuls civils qui exterminent sont des Hutu, encadrés par des miliciens et des militaires. Et les Tutsis sont les cibles. C’est comme si on qualifiait l’extermination des Juifs par Hitler de « guerre inter-ethnique » entre Juifs et Aryens !

QUESTION : - Au Rwanda, comme en Europe il y a 70 ans, l’extermination était précédée de rafles, exactions diverses, humiliations… Mais, dans votre ouvrage, vous montrez qu’elle visait plus particulièrement les femmes tutsi.

Jean-François DUPAQUIER : -  Vous avez raison de relever ce point : l’extermination des femmes et jeunes filles tutsi a largement dépassé en cruauté, en perversité, tout ce qui a été constaté lors de la « Shoah par balles ». Souvent, les pires atrocités précédaient leur mise à mort. C’est aussi le résultat d’une propagande haineuse visant particulièrement les femmes tutsi.

QUESTION : - Certains contestent avec une grande véhémence, notamment sur internet, votre analyse que le génocide des Tutsi du Rwanda avait été programmé ?

Jean-François DUPAQUIER : -  A travers le livre et l’expertise auxquels j’ai participé sous la direction de  l’historien Jean-Pierre Chrétien sur « Les Médias du génocide », il a été démontré que le projet génocidaire était manifeste dans le contenu des médias extrémistes. Il a même été orchestré durant le génocide par la Radio des Mille Collines (RTLM), surnommée à juste titre « Radio-machettes », fondée et dirigée par Ferdinand Nahimana avec le concours d’autres idéologues et politiciens extrémistes. J'observe que notre démonstration a focalisé l’exaspération des négationnistes et de leurs relais.

QUESTION : - Vous êtes l’objet d’attaques virulentes, ad hominem. Pourquoi ne répondez-vous pas ?

Jean-François DUPAQUIER : -  Ces négationnistes sont pour la plupart des énergumènes qui n’ont jamais mis les pieds au Rwanda, qui ne connaissent rien et ne veulent rien connaître du génocide, qui se contentent de ressasser des propos provocateurs et insignifiants, espérant consolider leurs mensonges par des injures. Pourquoi perdre du temps à polémiquer avec ces individus ? Il me paraît plus utile de continuer à enquêter sur la préparation, l’agenda et le déroulement du génocide de 1994, de montrer qu’il existe des témoignages convergents, des dates précises, des relations de réunions et d’autres indices montrant que certains individus, dans le cadre d'un plan directeur, avaient décidé d'éliminer les Tutsi du Rwanda bien avant 1994 et que les tueries ont bel et bien suivi une logique organisée. Que les Tutsi du Rwanda aient été les cibles d’un complot organisé, c’est une évidence, mais il est utile de continuer à le documenter.

QUESTION : - Vous ne craignez pas la répétition des attaques personnelles  après votre nouveau livre sur ce thème ?

Jean-François DUPAQUIER : -  Dans « Les assassins de la mémoire », l’ouvrage de référence sur le négationnisme – qu’on appelait alors « révisionnisme » - le grand intellectuel Pierre Vidal-Naquet, qui avait lui-même été la cible de basses attaques, écrivait : « On ne discute pas avec les révisionnistes ». En ajoutant : « Il m'importe peu que les « révisionnistes » soient de la variété néo-nazie, ou la variété d'ultra-gauche ; qu'ils appartiennent sur le plan psychologique à la variété perfide, à la variété perverse, à la variété paranoïaque, ou tout simplement à la variété imbécile, je n'ai rien à leur répondre et je ne leur répondrai pas. La cohérence intellectuelle est à ce prix ». Pierre Vidal-Naquet ajoutait que les attaques de certains de ces énergumènes « touchent au cocasse ». Quoi dire de plus juste ?

Jean-François Dupaquier, L’Agenda du génocide. Le témoignage de Richard Mugenzi,
ex-espion rwandais. Ed. Karthala, Paris, 2010, 29 euros.

Propos recueillis par
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Voici un extrait de l'interview que Richard Mugenzi a accordé à Jean-François Dupaquier


Rwanda, interview de Richard Mugenzi
envoyé par ChristopheRigaud. - L'actualité du moment en vidéo.

22:45 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)

RDC : Déjà plus de budget pour la Monusco ?

Les casques bleus opérationnels en République démocratique du Congo (RDC) commencent à ressentir les restrictions budgétaires consécutives à leur retrait progressif du pays. Un manque de moyens qui prive l'ONU d'un "nombre d'hélicoptères suffisant pour opérer efficacement dans l'Est du pays", selon un membre de la mission interrogé par Reuters. A plus d'un an des élections générales en RD Congo, le désengagement de l'ONU sur le terrain laisse craindre le pire.

Image 1.pngDepuis le mois de mai et sous la pression insistante du président Kabila, l'ONU effectue un retrait échelonné de sa mission en RDC  et se focalise désormais sur la reconstruction, la formation et l'aide aux populations.Et les premières coupes budgétaires se font ressentir. 73 millions de dollars ont disparu sur le budget logistique. Résultat : huit hélicoptères d'attaque ont été retirés. Des restrictions, qui rendront plus difficiles des opérations telles que celle qui a permis récemment la capture d'un chef rebelle accusé d'avoir orchestré le viol de plusieurs centaines de civils au Nord-Kivu... de quoi s'inquiéter par la sécurité dans la région.